Aut vincere, aut mori

Chapitre 18 : Blessures

3057 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 25/10/2020 14:13

Severus Rogue s’attachait depuis une vingtaine de minutes à la préparation de la potion d’œil vif, habilement secondé par la nouvelle venue de Gryffondor. Il avait été étonné qu’elle s’asseye à côté de lui lors du premier cours, et ébahi lorsqu’il avait constaté qu’elle ne comptait pas changer de place, malgré les avertissements certains de ses amis chez les lions. Il devait avouer qu’il ne trouvait pas sa présence horripilante, elle était d’une intelligence vive et se révélait être une partenaire efficace. Et surtout, elle ne l’embêtait pas avec une conversation superflue. Il réduisit en poudre les dards séchés de Billywig avant de les mettre dans le chaudron et remua cinq fois dans les sens inverse des aiguilles d’une montre. La potion prit une teinte violacée. Parfait. Il se tourna vers Hermione qui préparait l’aconit, et fut surpris de la voir perdue dans ses pensées, la plante pendant entre ses doigts fins.

- Tout va bien ?

Il se maudit immédiatement d’avoir posé cette question. Depuis quand se souciait-il des états d’âme des personnes de cette école, hormis de Regulus, qu’il avait pris sous son aile ? Pourtant la jeune femme sourit et réagit en reprenant sa préparation.

           

- Excuse-moi, Severus, j’étais perdue dans mes pensées. Je peux ajouter le napel ?

           

Il acquiesça et elle s’exécuta, faisant tourner la potion au rose. Mais alors qu’ils allaient faire mijoter la potion, ils virent un élément inconnu plonger dans leur préparation, la faisant bouillonner dangereusement. Réagissant au quart de tour, elle écarta Rogue du bras droit et se protégea en levant le gauche vivement. Une sensation de brûlure intense lui fit émettre un cri et monter les larmes aux yeux, alors qu’elle réalisa que sa manche avait fondu et que la préparation avait atteint sa chair, maintenant à vif. Elle vit l’air horrifié de Rogue, qui s’empressa de la soutenir et d’expliquer la situation au professeur Slughorn, qui s’était approché en entendant son cri de douleur.

           

- Lâche-la, Snivellus, je m’occupe d’elle.

           

Sirius avait délaissé sa paillasse et s’était approché, regardant d’un air farouche le serpentard, lequel étonnamment ne se démonta pas.

           

- Hors de question, Black.

           

- Arrêtez ce combat de coqs, c’est ridicule. Severus, tu veux bien m’emmener à l’infirmerie ? Sirius, je te retrouve plus tard.

           

- Accompagnez-la, Monsieur Rogue. Pour le reste d’entre vous, le cours se poursuit, dépêchez-vous de terminer votre potion !

           

Hermione s’en alla, Rogue à ses côtés. Le chemin vers l’infirmerie se fit dans le silence le plus complet, et ce fut la voix familière de Mme Pomfresh qui brisa ce moment inconfortable.

           

- Mais enfin, que vous est-il arrivé ? Un accident en Potions ? Venez vite, installez-vous, je vais examiner cette vilaine blessure. Oh, et elle est sur ce bras-là… Eh bien, nous allons nous en occuper rapidement. Monsieur Rogue, je vous remercie, vous pouvez retourner en cours.

           

Ce dernier hocha la tête et quitta l’infirmerie non sans avoir lancé un dernier regard à Hermione. De quoi voulait parler l’infirmière lorsqu’elle avait soulevé que la blessure était sur son bras gauche ? Sa manche en lambeaux dévoilait sa blessure, mais il remarqua une cicatrice plus ancienne, du côté intérieur. Il interrogerait la gryffondor plus tard à ce propos. Lorsqu’il fut parti, Pomfresh se dépêcha d’examiner le bras de sa patiente, et finit par grimacer.

           

- Sachant que je ne connais pas la composition exacte du mélange qui vous a brûlée, je vais devoir y aller progressivement. Je vais vous appliquer de l’essence de dictame mais diluée, pour que les composants ne nous fassent pas de mauvaise surprise. Venez me voir chaque jour, je vous en mettrai une dose. Malheureusement, il va falloir environ une semaine pour que vous récupériez complètement.

           

Hermione grimaça à ce verdict. Elle partait dans quatre jours à Little Hangleton ; elle devrait faire avec. Remerciant l’infirmière, elle dut redescendre dans les cachots pour récupérer ses affaires, mais elle rencontra Lily, qui les lui avait récupérées. Cette dernière s’enquit de son état, mais elle eut vite fait de la rassurer.

           

La semaine se passa dans le plus grand des calmes, et l’absence d’autres drames fit du bien à Hermione. Elle eut tout le loisir d’embrasser Sirius à volonté, mais ils n‘eurent jamais l’occasion d’être réellement tranquilles. A chaque fois qu’ils voulaient passer à la vitesse supérieure, ils étaient interrompus et devaient se séparer brusquement, et les cours étaient tellement prenants qu’il ne leur traversait même pas l’esprit de se retrouver au beau milieu de la nuit, au vu de la fatigue qu’ils éprouvaient. Sirius avait compris qui avait voulu la blesser avec la potion, et avait réuni les Maraudeurs pour une vengeance bien méritée. L’ancienne conquête du brun, qui s’était vue délaissée au profit de la nouvelle, avait jeté en passant près de la table un peu de corne d’éruptif dans le chaudron d’Hermione et Rogue, et avait malheureusement réussi son méfait. Les garçons avaient donc vengé leur nouvelle amie en envoyant un Sirius charmeur verser discrètement une potion inconnue dans le jus de citrouille de cette pimbêche, la condamnant à recevoir une décharge électrique à chaque fois qu’elle proférerait une insulte. De plus, cette décoction était une création originale : la durée de l’effet était encore indéterminée et tiendrait au moins un mois.

           

Ce fut donc avec soulagement et appréhension qu’elle vit la journée de samedi arriver : elle allait enfin progresser, mais craignait que sa fatigue lui porte préjudice, d’autant plus que son avant-bras la faisait encore souffrir. La jeune femme emprunta le passage vers Honeydukes, et après s’être discrètement échappée de la boutique transplana à l’écart, dans une ruelle.

           

Little Hangleton. Le village où elle avait atterri correspondait à l’image qu’elle avait pu s’en faire : un coin retiré, où ne restaient que quelques vieux habitants dans les bâtisses délabrées. Elle n’eut cependant point le temps de s’épandre sur le bourg alors qu’elle aperçut le vieux cottage des Gaunt en haut d’une colline plus à l’écart. En s’approchant, elle put constater que la nature avait repris ses droits dans cette partie-là du village, après la mort de ses anciens propriétaires suivie de décennies d’inoccupation. Elle devait pour accéder à la maison traverser une portion de la forêt, et se prit à envier ses balades dans la forêt interdite en plein nuit. Les ronces barraient son chemin, et il régnait une ambiance sinistre, presque maléfique. Peut-être Voldemort avait lancé des sorts de répulsion, mais Hermione sachant ce qu’elle devait trouver ne devait pas être concernée. Elle finit par arriver au bas de la colline et débuta son ascension, prudemment. Si pour le moment ses principaux adversaires avaient été quelques ronces, il ne faisait nul doute que quelque chose de bien plus féroce l’attendrait dans la dernière demeure de la famille Gaunt. Demeure dont elle ouvrit la porte d’un alohomora informulé, comme par peur de troubler les lieux.

           

Sans aucune surprise, l’entrée était plongée dans une obscurité si dense que la lumière provenant de la porte n’éclairait pas plus loin qu’un ou deux mètres. Hermione avança pas à pas, baguette levée. Il fallait qu’elle repère sans tarder l’horcruxe mais ne détectait rien pour le moment. Soudain, elle fut plongée dans l’obscurité totale, ses yeux ne semblaient plus voir et l’angoisse la prit à la gorge. Elle tenta un lumos sans effet, alors qu’elle tournait sur elle-même en une tentative vaine de repousser une potentielle attaque à l’aveugle. Puis des formes argentées apparurent devant ses yeux. Harry, la méprisant du regard, une large cicatrice lui barrant le visage. Ron, à ses côtés, ensanglanté.

           

- Tu nous as abandonnés. Tu es partie lâchement pour te réfugier dans une autre époque. Adieu, Hermione.

           

- Harry, Ron, non ! Je le fais pour vous, pour tous ceux qui ont péri !

           

- Tu m’as regardé mourir, tu m’as laissé sur le champ de bataille, seul.

           

- Ron, non… Je regrette tellement…

           

Ils lui tournèrent le dos, la laissant de nouveau seule dans l’obscurité. Et à sa grande horreur, les Maraudeurs et Lily la toisaient maintenant d’un regard froid. Leur voix était également inexpressive lorsqu’ils lui assénèrent ces mots.

           

- Tu n’as pas ta place parmi nous. Tu n’es rien. Personne ne te regrette là-bas, et personne ne te veut ici.

           

- Abandonne.

           

- Je ne sais pas comment j’ai pu me lier d’amitié avec toi, poursuivit Lily. Tu es si faible !

           

- Si pathétique. Comment pourrais-je m’abaisser à t’aimer. Ton corps mérite à peine d’être touché, asséna Sirius.

           

- Non… murmura-t-elle.

           

- Tu n’as pas ta place à Poudlard.

           

-  Sang de bourbe.

           

- Tu es une honte pour Gryffondor. Quel courage ! Laisser ses amis à une fin atroce pour se réfugier ici.

           

- NON !

           

Hermione se débattait déjà depuis trop de temps, lorsqu’elle laissa sa colère éclater, lui redonnant un éclair de lucidité. Un épouvantard. Ce n’était qu’un épouvantard.

           

- Riddikulus !

           

Son sort secoua à peine la créature maléfique, qui continua d’absorber les peurs d’Hermione.

           

- Minable petite…

           

- RIDDIKULUS !

           

Cette fois le sortilège agit, sans pour autant transformer ses visions en scène comique. Elle avait puisé dans ses ressources pour le strict minimum : repousser la créature. Elle n’avait pas de temps à perdre avec des futilités stylistiques. Hermione secoua la tête et examina rapidement la pièce, reprenant son souffle. La demeure vétuste en était divisée en trois espaces attenants. Elle se trouvait actuellement dans la pièce à vivre.           

           

- Revelio.

           

Comme elle l’avait prévu, le sort ne fonctionna pas. Elle aurait essayé. La lionne commença à fouiller tous les recoins de la maison, esquivant les doxys qui s’échappaient des différents placards qu’elle ouvrait. Elle inspecta tous les recoins, soulevant des objets indéfinissables et poussiéreux. Sa patiente commença à s’amenuiser lorsqu’à la fin des trois pièces fouillées, elle restait les mains vides. S’était-elle trompée d’emplacement ? Mais dans ce cas, comment allait-elle retrouver l’horcruxe ? Furieuse, elle envoya un sort à la masure, droit sur une étagère qui poussa son dernier souffle en s’écroulant sur le sol. Le buffet subit le même sort, tout comme le lit, l’évier et la table. Quant au plancher, il fut réduit en miettes, les copeaux de bois atteignant les jambes de la jeune femme qui ne s’en souciait guère, absorbée dans son œuvre de destruction. Malheureusement, ils atteignirent également son bras gauche, ravivant la blessure qui la fit crier de douleur. Mais ce rappel violent à la raison lui permit de réaliser qu’elle avait d’autres atouts dans sa manche.

           

- Comment ai-je pu être aussi stupide ?!

           

Se calmant immédiatement, elle prit de grandes inspirations et laissa sa magie se diffuser, son bâ s’exprimer. Trouve le. Son pouvoir se répandit dans la pièce, scannant le moindre recoin pour détecter des traces de magie noire, jusqu’à se concentrer en un point précis, sous le plancher détruit. Se ruant à l’endroit indiqué, elle dégagea d’un sort les débris et découvrit enfin la chevalière maudite. La pierre de résurrection. Elle fut tentée d’approcher sa main, mais se gifla mentalement pour son instant d’inconscience. Dumbledore avait négligé les dangers de cet horcruxe et en avait payé le prix fort. Si ce n’était pas l’artefact qui l’avait achevé, il l’avait néanmoins dévoré à petit feu, le rongeant sans merci pendant presque un an avant que Rogue n’abrège ses souffrances. Elle métamorphosa un tas de feuilles en mouchoir, avant de se pencher et de ramasser la bague, le tenant devant ses yeux. La noirceur de la pierre l’appelait, la tentait pour qu’elle la glisse à son doigt, mais Hermione s’arracha à sa contemplation pour la mettre dans sa poche, dans une boîte prévue à cet effet, et installa des sortilèges de protection autour du réceptacle. Elle avait bien retenu la leçon dans la chambre des Secrets, et ne comptait pas retomber sous l’influence de l’objet noir. Elle ressortit de la cabane et transplana sans attendre, quittant enfin cet endroit maléfique.

           

Elle atterrit à Pré-au-Lard. Le soir tombait déjà ; elle devait rentrer au château rapidement avant qu’on ne lui reproche son absence. Heureusement, sa cape cachait son uniforme de Poudlard ou elle aurait vite été repérée par les commerçants du village. Elle fut soulagée en arrivant à la grille du château et se hâta de remonter les escaliers du grand hall, avant de se rendre au deuxième étage, dans les toilettes de Mimi. Cette fois, elle redoubla de prudence, vérifia plusieurs fois ses arrières et jeta un hominum revelio avant de siffler le mot de passe. Avant d’arriver à la salle centrale, elle prit soin par précaution de signaler sa présence au basilic, qui arriva les yeux fermés comme convenu.

           

- J’en ai retrouvé un autre, siffla-t-elle. Jedusor avait mis fin à ses ancêtres avant de cacher un fragment de son âme dans leur demeure.

           

- Très bien, fille d’Isis. Remets-le-moi.

           

Obéissant, elle plaça l’horcruxe à l’emplacement de la dernière fois. Le premier qu’elle avait détruit gisait à quelques mètres, vidé de toute magie. Hermione se demanda si Helena, la Dame grise, avait perçu sa destruction et la fin de la magie de sa mère. Elle reporta son attention sur le basilic qui répéta son action et détruisit l’objet infâme d’un coup de crocs. Plus que trois.

-----------------------

Bonjour bonjour !


Hermione progresse ! Plus que trois horcruxes...


Vous aimeriez que je vous tease le prochain chapitre à chaque fois ou vous préférez avoir la surprise ?

Halloween approche, et je vais faire en sorte de publier le chapitre de la soirée des Gryffondor le même soir... Un bonus cette semaine ?


Merci pour toutes vos lectures !


Au plaisir de vous lire en commentaires,


Cassiopeia Von Black

Laisser un commentaire ?