Contre tout espoir

Chapitre 7 : L'arrivée du futur mage noir

Catégorie: T

Dernière mise à jour 10/11/2016 00:44

Dès lors, les jours passèrent un peu plus calmement au château, avec un Harry qui se débrouillait toujours pour obtenir l’aide de Slughorn dans l’apprentissage des potions, et qui allait ensuite montrer à Snape ses améliorations dans la matière. Lequel n’était pas dupe, soyons honnêtes, mais qui préférait un élève qui s’améliorait à une larve incapable. Il ne doutait pas un instant de ses piètres qualités en tant que professeur, mais ne s’en souciait pas le moins du monde. Il n’avait après tout accepté ce poste que pour être sous la protection de Dumbledore, et en même temps sous sa constante surveillance, et jamais ses talents de pédagogue n’avaient été évoqués dans un contrat. Du moins s’en était-il convaincu au fil des années, alors que des légions d’élèves abandonnaient chaque année sa matière après les BUSES.

Par contre, Harry dut reconnaitre qu’il progressait énormément en duel, mais n’était-ce pas tout simplement le résultat de sa propre facilité dans cette matière couplée à l’envie de prouver sa valeur à son professeur ? Une certaine routine s’installa entre eux, Harry étudiant comme il n’avait jamais étudié, sans même se rendre compte que Séverus le faisait travailler seulement pour le détourner du plan principal, tandis que le maître de potions s’occupait des choses sérieuses : apprendre à connaître le mage noir au travers des mémoires de Dumbledore.

Pourtant, un beau jour d’août, le livre refusa de s’ouvrir. Il eut beau faire, les mémoires restèrent clos. Il fut contraint de se rendre à l’évidence : il n’était pas prêt à lire la suite, il en savait suffisamment pour le moment. Mais mis à part la création d’horcruxes par Voldemort, ce qu’il savait déjà, rien ne permettait d’avancer dans son projet. Il dut se résoudre à « épauler » P… Non, Harry dans son travail, afin que le garçon puisse survivr… Non, afin que le garçon puisse servir ses intérêts et débarrasser le monde d’un danger en puissance.

Vers la fin du mois d’août, pourtant, leur routine fut interrompue par le départ de Dumbledore du château. Depuis son entrevue avec Séverus au sujet de l’horcruxe, le directeur était resté distant, apparemment plongé dans ses propres recherches. Séverus se souvenait très bien du jour où il avait fait une entrée fracassante dans le bureau de Dumbledore, exigeant la restitution de l’horcruxe.

Flash Back**********

- Bonjour, Séverus.

- Professeur. Vous avez quelque chose qui m’appartient, et il me semble pourtant avoir envoyé mon apprenti le chercher. Etrangement, il est revenu les mains vides.

- Peut être aurait-il fallu qu’il vienne directement me trouver au lieu d’employer un moyen aussi grossier qu’une cape d’invisibilité, vous ne croyez pas ?

- Eh bien mes excuses pour son manque d’éducation, je m’efforcerai de corriger cela. Je vous le demande donc civilement : pourriez-vous me restituer le médaillon, monsieur ?

- Votre ton détrompe vos paroles, malheureusement, il n’a rien de civil. Ne vous inquiétez pas, l’objet ne sera pas utilisé à mauvais escient. J’ai l’intention de l’étudier, car je n’ai jamais vu cette forme de magie, puis de le détruire afin qu’il ne puisse pas causer de tort, à qui que ce soit.

- Je peux m’en charger moi-même.

- Je ne crois pas, hélas. D’après mes recherches, il faut un moyen suffisamment destructeur pour en venir à bout, et nous ne possédons hélas, ni vous, ni moi, les capacités pour maîtriser un feudeymon. Il va donc falloir attendre que les circonstances se prêtent à sa destruction.

- Vous n’allez pas me faire croire qu’un génie tel que vous est incapable de maîtriser un feudeymon.

- Vous y risqueriez-vous, Séverus ?

Il y eut un silence au cours duquel les deux hommes s’affrontèrent du regard.

- Je ne vais pas vous faire l’offense de vous demander comment vous êtes entré en possession de cet objet, Séverus, étant donné que j’ai déjà eu la version des faits de votre apprenti, mais sachez que vous n’êtes pas seul.

Fin Flash Back***********

Séverus n’avait cessé de se demander ce qu’Albus entendait par « vous n’êtes pas seul », et espérait qu’il se doutait seulement que l’homme baignait dans les problèmes. Même s’il n’en connaissait pas la nature exacte. Par contre, le fait de mentionner le feudeymon laissait envisager qu’Albus avait découvert la nature du médaillon. C’était à celui qui tiendrait le plus longtemps sans avouer qu’il savait tout.

Et là, le professeur venait de quitter le château pour quelques jours afin d’informer les enfants issus de famille moldues de leur nature. Ce qui signifiait que Dumbledore allait parler à Jedusor. Le soir même, Snape tenta l’air de rien de soutirer à Dumbledore des impressions concernant les enfants à qui il avait rendu visite dans la journée. Mais ce dernier répliqua qu’il n’était pas pour les préjugés et qu’il attendrait de voir les enfants à l’œuvre dans leur monde pour s’en faire une opinion.

Il fut également décidé cette semaine-là qu’Harry avait suffisamment progressé pour être l’assistant du professeur Prince à la rentrée, en DCFM, et qu’il toucherait un salaire symbolique afin de subvenir à ses dépenses tierces. Le jeune homme se réjouissait de ce premier emploi qui lui permettrait de rentrer enfin dans la vie active, du moins en apparence. Il redoutait néanmoins l’arrivée des nouveaux élèves et en particulier de la première génération de mangemorts.

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Quelques semaines plus tars, Harry venait d’être présenté aux élèves, en même temps que le professeur Prince/Snape. Il regardait d’un air attentif les élèves attablés, en essayant de reconnaître certains traits caractéristiques de familles dont il avait connu les descendants dans le futur. Ainsi, il reconnut un rouquin de toute évidence d’origine Weasley, dont le professeur Dumbledore lui fit une description tout à fait rocambolesque : un personnage fantasque, tout à fait comparable à Luna Lovegood, en plus jovial peut être, ou qui avait plus de facilités à s’intégrer : un certain Bilius Weasley. Au souvenir de l’homme connu pour être mort deux jours après avoir vu un sinistros, Harry ne put s’empêcher de songer que c’était peut être un ronflac cornu qui viendrait chercher Luna quand l’heure serait venue.

Il tourna son regard vers une jeune Gryffondor qui jaugeait les autres d’un œil sévère, avec un port de tête inébranlable. Ses soupçons se trouvèrent confirmés lorsque Dumbledore lui présenta sa meilleure élève, la jeune Minerva. McGonagall, bien évidemment. Troisième année, toujours première de sa classe en métamorphose et sortilèges, seule la botanique semblait lui résister. Les plantes ne semblaient en effet pas à l’aise à ses côtés, l’herbe à chat se cachait sous le terreau lorsqu’elle entrait dans la serre. Il faut dire que déjà à treize ans, Minerva avait déjà les caractéristiques d’un chat. Harry se demanda si elle avait déjà réussi à devenir animagus.

A la table des Serpentards, il reconnut également Rodolphus Lestrange, de part sa brève rencontre avec lui dans les souvenirs de Slughorn. Il interrompit son tour de salle lorsque le professeur Adalbert Waffling, directeur de Serdaigle enseignant les sortilèges, arriva avec le choixpeau.

Quelques minutes plus tard…

- SERPENTARD !

Ce n’était pas comme si on avait pu s’attendre à ce que le futur Seigneur des Ténèbres soit réparti à Poufsouffle, mais Harry ne put retenir un soupir, partagé avec Albus qui regardait le jeune Tom Jedusor avec circonspection.

Le soir même, Séverus et Harry se retrouvèrent dans leurs appartements, assis l’un en face de l’autre dans le salon. Harry sur le sofa, Séverus dans le fauteuil qui lui faisait face. L’homme relisait les cours qu’il avait préparés pour toutes les classes.

- Vous m’aiderez dans la partie pratique avant tout, Harry, expliqua-t-il.

L’habitude d’appeler le garçon Harry commençait à devenir systématique, et le jeune homme s’était même laissé aller à appeler son professeur « Séverus » une ou deux fois. Bien que le plus âgé n’ait pas tardé à lui en faire le reproche, Harry trouvait cela plus normal d’être un peu moins formel avec son « colocataire » ainsi que collègue de travail.

- Et bien sûr, vous corrigerez les copies.

Séverus avait dit ça avec le ton d’un enfant ayant hâte d’essayer un nouveau jouet. Les plaisirs du boulot de professeur (traumatiser les élèves, leur faire perdre leurs moyens) sans les mauvais côtés.

- Dans ce cas je veux la moitié de votre salaire.

La réponse était sortie toute seule et Snape se retrouva un peu démuni.

- Vraiment, monsieur Potter ?

- Anderson.

- Dois-je comprendre que monsieur Anderson est un Gryffondor à tendances Serpentardes ?

- Tout de suite les grands mots !

- Qui fait du chantage au pauvre homme qui l’a pris en charge à la mort de sa mère ?

- Du chantage ! Je ne fais que réclamer ce qui m’est dû, professeur !

- Et comme c’est justement moi votre professeur, c’est moi qui décide de votre salaire. Vous ferez ce que je vous dis sans discuter de votre rétribution. Me suis-je bien fait comprendre ?

- Pas de prime, pas de correction de copies.

Snape soupira.

- On verra ça. Demain cours avec les Serpentards et les Gryffondors de première année. Il va nous falloir un peu de courage pour éviter que cela ne finisse en un bain de sang.

Et sous le regard stupéfait d’Harry, il sortit de sa chambre une bouteille de bourbon et deux verres.

- Allons, ne faites pas cette tête, Harry, vous n’êtes plus un enfant, à 17 ans vous pouvez passer du jus de citrouille au bourbon, non ?

Il lui servit un fond de verre, et fit de même avec le sien. Puis il alla ranger la bouteille.

- Pas plus, après sinon vous aurez mal de tête et vous serez d’une humeur massacrante.

- Ah, c’est donc ça, votre secret, Snape ? La gueule de bois vous permet de maintenir votre réputation de monstre des cachots !

- Monstre des cachots ? Et c’est l’Elu, Celui-Qui-A-Survécu, Celui-dont-la-tête-a-tellement-enflé-que-son-balais-ne-vole-plus qui me dit ça ?

Le jeune homme réprima un sourire. Avec le recul, toutes ces insultes qui lui paraissaient blessantes lorsqu’il était élève l’amusaient à présent. Il prit une gorgée de bourbon dans sa bouche et manqua s’étrangler avec. C’était vraiment plus fort que la bière-au-beurre. A la fin de son verre, il se sentait légèrement somnolent. Il se leva maladroitement et se dirigea vers sa chambre.

- Déjà ? Et moi qui croyais que les Gryffondors étaient tous des fêtards qui apprenaient le goût du whisky pur feu avant même d’avoir gouté la bière-au-beurre !

- Vous pensiez mal, encore une fois.

Harry lui ferma la porte au nez et la verrouilla, pensant que l’homme commençait à déteindre sur lui. Il s’allongea sur le lit, essayant de ne pas trop ressentir la brulure de son estomac. Comment pouvait-on boire ça juste avant de se coucher ? Il s’endormit en essayant de trouver un moyen de refuser poliment, la prochaine fois.

*********************

Le lendemain, Snape eut un sourire affecté lorsqu’Harry se leva, déjà habillé dans une robe froissée, les cheveux en bataille, de grands cernes sous les yeux.

- Vous ne tenez pas absolument pas l’alcool, Harry.

- De toute évidence.

Snape fronça le sourcil. Comment le jeune homme pouvait-il lui piquer sa réplique la plus courante ? Il décida de laisser couler pour le moment : il aurait tout le temps de le malmener pendant le cours du matin, et le mal de tête que ressentait le jeune homme ne serait que de l’incitation à le torturer.

Ils descendirent prendre leur petit déjeuner, Séverus dans ses habituelles robes noires, Harry ayant commandé un peu plus tôt dans l’été des robes de travail un peu moins rébarbatives, bien que suffisamment sobres pour cadrer avec son rôle. Les élèves les regardèrent entrer avec une légère curiosité : cette année, le professeur de DCFM était deux. Séverus se retourna et enleva dix points à l’hauteur de cette remarque idiote, qui était bien sûr Bilius Weasley, qui les regarda avec l’air d’une baleine échouée au pays imaginaire.

Ils prirent place au milieu du corps enseignant, chaleureusement accueillis par Horace qui se félicitait intérieurement que Gryffondor ait déjà perdu des points le premier jour de cours, permettant ainsi à Serpentard de prendre l’avantage. En revanche, Albus, qui dirigeait la maison de Gryffondor, tourna un regard légèrement accusateur vers Séverus, non sans essayer de cacher le demi-sourire sur ses lèvres.

A 7h45, Harry et Séverus se dirigèrent vers la salle de cours. En haut des escaliers, un seul élève attendait déjà, en tournant lentement sa baguette entre ses mains. Harry frissonna. Il revoyait dans ses rêves cette même baguette lancer des éclairs verts, et des gens tomber en arrière, le regard vide, désormais indifférent au sort du monde.

Séverus passa sans un regard devant Jedusor, qui le fixa avec des yeux scrutateurs, comme s’il attendait quelque chose. Harry, quelque peu intimidé, resta planté devant l’entrée qu’obstruait partiellement le garçon. Celui-ci se tourna vers lui, sa baguette en if à la main. Harry eut l’impression que sa cicatrice essayait de sortir de sa tête et se concentra pour ne pas laisser paraitre sa douleur. Le garçon eut un demi-sourire, comme s’il saluait une ancienne connaissance. Harry sentit quelque chose en lui qui essayait de le lui rendre, mais là…

- ANDERSON ! Ici, tout de suite ! Je ne vous paye pas pour rêvasser !

Harry redescendit brutalement sur terre et se précipita à l’intérieur. Il vit Séverus en train de séparer les tables côte à côte du bout de sa baguette.

- Collez les images posées sur mon bureau sur les murs.

Harry se dirigea vers le bureau en question. Il reconnut des images semblables à celles dont Snape avait décoré les murs lors de sa sixième année, lorsqu’il avait enfin obtenu le poste de professeur de DCFM. Des images de gens souffrant le martyre, torturés, victimes de sorts plus horrifiants les uns que les autres. Il soupira et se tourna vers Séverus, les lèvres serrées, les images légèrement froissées entre ses mains.

- Arrêtez d’abîmes les images et dépêchez-vous de faire ce que je vous dis.

Peu désireux de perdre la crédibilité de ses élèves qui commençaient à arriver, Harry garda ses objections pour plus tard, et colla d’un sort les images aux murs. Un coup de baguette plus tard, Séverus ferma tous les rideaux. Les Gryffondors qui discutaient joyeusement devant la porte se turent d’un coup et commencèrent à parler à mi-voix, se demandant si leur nouveau professeur était un vampire. Agacé, Séverus se décida à rétablir l’ordre des choses.

- SILENCE !

Son souhait fut aussitôt exaucé.

- Entrez, chuchota Séverus.

Les élèves pénétrèrent dans le nouveau donjon du château, là où il n’y avait autrefois qu’une tour éclairée par la lumière matinale. Un pauvre Gryffondor eut l’audace de s’asseoir avant la permission du professeur.

- Vous ! Votre nom ?

- Moi, professeur ?

Séverus fondit sur lui comme Harry l’avait déjà vu faire des dizaines de fois. Sauf que pour une fois, il n’était pas la victime mais un témoin involontaire, et son courage de Gryffondor lui criait de porter secours à l’élève. Avant de se rappeler que Snape n’avait jamais tué d’élève et qu’il allait se contenter de lui faire très peur afin qu’il se rappelle de la leçon. Séverus agrippa le gamin par le col. Autour d’eux, tout le monde retenait son souffle.

- Votre. Nom. Etes-vous trop bête pour comprendre une question aussi élémentaire ? Gryffondor a rarement connu plus stupide.

Ce disant, il se tourna néanmoins vers Harry qui lui adressa un sourire grimaçant, malheureusement assez mal interprété par ses élèves qui le considérèrent à partir de ce moment comme le deuxième monstre de la tour.

- Albert Pinkstone, monsieur.

- Eh bien, monsieur Pinkstone, vous venez de faire perdre dix points à Gryffondors pour avoir cru que vous pouviez manquer de respect à votre professeur.

- Quoi ?

- Apparemment cela ne vous a pas suffit. Cinq points de moins.

- Pardon, monsieur, mais je ne comprends pas en quoi je vous ai manqué de respect, objecta le jeune homme, ingénument.

- Vous ai-je donné l’autorisation de vous asseoir avant moi, monsieur Pinkstone ?

Le garçon sauta de sa chaise comme si elle l’avait brûlé. Séverus en profita pour la prendre et la poussa contre le mur, sous le regard médusé du Gryffondor qui comprenait qu’il était parti pour passer une heure debout. Puis il se dirigea vers son propre bureau et s’assit. Regardant la masse des élèves qui n’osait plus bouger un muscle, il s’exclama d’une voix agacée.

- Qu’est-ce que vous attendez ? Asseyez-vous !

Tout le monde s’exécuta, et Harry se tourna vers Snape avec un regard interrogateur. Lequel le lui rendit. Harry comprit. Snape allait se venger de sa présence indésirée en le laissant poireauter debout pensant ses cours. Il soupira tandis que Snape commençait son discours habituel.

- Vous êtes ici pour apprendre à vous défendre contre les forces du mal. Les forces du mal sont nombreuses, mouvantes, toujours changeantes et éternelles.

En attendant que Snape allait leur ressortir exactement le même discours que celui de sa sixième année, Harry étouffa un ricanement dans une quinte de toux. Snape s’interrompit et lui adressa son regard le plus glacial. Harry se reprit avec un regard d’excuse et Séverus continua son discours.

- Les combattre, c’est comme combattre un monstre aux multiples têtes. Chaque fois qu’on en tranche une, une autre repousse à sa place, encore plus dangereuse. Vous devrez affronter ce qui est mouvant, indestructible. Ceci bien sûr si vous êtes autre chose que ces cornichons auxquels je dispense habituellement mes cours.

Et ceci en dévisageant Harry qui prit son air le plus digne. De l’autre côté de la classe, Tom trépignait sur sa chaise, apparemment subjugué par ce que lui disait Séverus, enthousiaste à l’idée de prouver sa valeur. Sentant le regard de l’assistant du professeur sur lui, le garçon recomposa son visage.

- Aujourd’hui, nous allons faire une rapide introduction à la matière, apprendre la différence en ce que nous appelons la magie noire et la magie blanche, ainsi que voir le programme de cette année, qui est tellement élémentaire qu’il devrait même être à la portée d’un idiot comme vous, Pinkstone.

Le garçon garda la tête baissée, toujours debout derrière son pupitre. Harry regarda le visage de Tom, qui était de nouveau fermé.

Le cours se passa dans une atmosphère hautement pesante, les élèves écrivant le plus vite possible alors que Séverus leur dictait le cours le moins intéressant de l’année, essayant de ne pas trembler en entendant les pas du professeur se rapprocher de leur pupitre. Tom écrivait si vite qu’il finit par renverser son encrier sur son parchemin. Snape fondit aussitôt sur lui.

- Une retenue ce soir, Jedusor. 20h, dans mon bureau.

Le garçon eut alors un rictus qui donna des frissons dans le dos à Harry. Il lui sembla soudain que Lord Voldemort existait déjà et se préparait à le massacrer. Mais Séverus ne recula pas et le garçon ferma de nouveau son visage, épongeant comme il pouvait l’encre renversée. Séverus attendit qu’il ait fini puis repris sa dictée.

La fin du cours arriva bien assez tôt et élèves comme professeurs se sentirent soulagés en entendant la cloche retentir.

- Hors de ma vue.

Les élèves ne se le firent pas dire deux fois et prirent la fuite. Les troisièmes années qui attendaient devant la porte eurent l’air trop intimidé pour entrer, et Séverus y mit bon ordre. Encore des Gryffondors/Serpentards, il était maudis. En plus ceux-là étaient en troisième année, donc ils avaient eu le temps d’apprendre à se détester. Il reconnut avec intérêt une Minerva McGonnagall de treize ans qui regardait un élève de Serpentard avec désapprobation, alors que celui-ci essayait de verser une sorte de poudre sur les cheveux roux de Bilius Weasley en rigolant comme une baleine. Harry vit le drame arriver : Séverus fondit sur le garçon et lui attrapa l’oreille entre son index et son pouce. Le garçon fit tomber la poudre sur ses chaussures et se mit aussitôt à danser sur place en poussant de petits gémissements. C’était de la poudre à gratter.

Séverus lui retira quinze points et l’envoya à l’infirmerie, boitillant avec douleur. Bilius Weasley, quant à lui, était si occupé à conjurer une rose à moitié fanée qu’il contemplait avec une moue dubitative qu’il ne remarqua même pas qu’il était passé près de la catastrophe. Il regarda avec des yeux ébahis Séverus lui arracher sa rose des mains et suivis les autres élèves dans la salle. Harry commençait à comprendre pourquoi dans le futur les cours de DCFM ne regroupaient pas les élèves de différentes maisons. Ils se seraient entretués lors des exercices pratiques.

Ce cours fut un peu plus intéressant pour Harry. Ils étudièrent en effet le charme du bouclier et Harry s’occupa de la première moitié de la classe, les plus chanceux, tandis que les autres durent supporter Séverus pendant une heure.

Ainsi, à la fin de la matinée, Harry et Séverus arrivèrent profondément soulagés dans la Grande Salle, épuisés par les efforts fournis, surtout pendant le cours de première année Serdaigle/Poufsouffle, où Harry avait dû conduire à l’infirmerie une élève qui avait éclaté en sanglots à la suite d’une remarque de Séverus sur son intelligence tellement discrète qu’on se demandait si elle existait. Heureusement, ils n’avaient pas cours de l’après-midi. Malheureusement, Séverus avait prévu une séance d’entrainement.

**************************

- Alors comme ça vous voulez avoir la possibilité de vous asseoir pendant les cours, Harry ?

- En effet, si vous avez une chaise, je ne vois pas pourquoi je n’en aurais pas une.

- Peut être parce que je suis le plus âgé, le plus méritant…

- Ca suffit, Snape, vous savez très bien que j’obtiendrai gain de cause de toute façon.

- Arrêtez de m’appeler Snape, je suis censée m’appeler Prince, je vous rappelle.

- Je n’arriverai jamais à m’en souvenir. Ca ne me parait pas assez naturel.

- Alors, appelez-moi « maître », ce sera plus réaliste.

Harry rit franchement. Il pouvait toujours rêver.

- D’accord pour « Séverus », dans ce cas.

- Je ne vous ai jamais donné mon accord.

- Ah bon ? J’aurais cru pourtant.

- Bon, ça suffit, on se remet au travail.

Sur ces dernières paroles, Séverus se mit en garde puis commença le duel, prêt à faire regretter à Harry sa familiarité.

Le soir venu, Jedusor frappa discrètement à la porte du bureau de Snape, passant sans un regard devant Harry qui étudiait le livre de potion que lui avait donné Séverus dans la pièce en bas. Au bout d’une demi-heure, Séverus sortit de la pièce, seul. Il descendit les escaliers et murmura à Harry qu’il revenait dans un quart d’heure. Quelques minutes plus tard, Harry sentit un profond sentiment d’urgence l’envahir. Il se précipita dans le bureau de DCFM pour voir qu’une épaisse fumée l’envahissait, et que Jedusor était immobile sur le sol.

S’appliquant à lui-même un sortilège de têtembulle, il tira le garçon par le bras et referma la porte derrière lui. Puis il le transporta dans ses bras jusqu’à l’infirmerie, répondit aux questions de l’infirmier qu’il avait trouvé l’enfant inanimé et qu’il ne savait pas ce qu’il s’était passé, avant d’aller rejoindre Séverus dans leurs appartements, ulcéré. Comment avait-il pu être aussi bête ? Jamais Séverus n’aurait laissé un enfant en retenue seul. Surtout pas un première année. Surtout pas Tom Jedusor. La seule explication était que l’accident n’en était pas un.

- QU’EST-CE QUE VOUS AVEZ FAIT ?!

- Un problème, monsieur Anderson ?

- NE JOUEZ PAS AU PLUS MALIN AVEC MOI, SNAPE ! QU’EST-CE QUE VOUS LUI AVEZ FAIT ?

Séverus se leva avec agacement du sofa et insonorisa la pièce, avant de se rasseoir, lassé.

- Criez plus fort, je suis sûr qu’on ne vous a pas entendu, dans la tour de Gryffondor.

Harry tremblait de rage.

- Il ne pouvait même pas se défendre ! C’était une exécution, une tentative d’assassinat !

- Une tentative… ? chuchota Séverus.

- OUI ! Parce que je suis arrivé à temps et que je l’ai emmené à l’infirmerie ! hurla victorieusement Harry.

Snape se releva, un éclat meurtrier dans les yeux, un rictus de haine sur le visage.

- VOUS AVEZ TROUVE LE MOYEN DE FAIRE RATER NOTRE SEULE POSSIBILITE DE TUER ENFIN VOLDEMORT ? Et moi qui croyait que vous aviez muri, que vous aviez évolué depuis l’adolescent prétentieux et incapable que vous étiez ! De toute évidence, je me suis trompé. Vous n’êtes qu’un bon à rien, Potter, et j’aurais dû vous jeter à la mer quand j’en avais l’occasion. HORS DE MA VUE !

Stupéfait, Harry recula instinctivement. Snape s’avança menaçant vers lui, et le jeune homme fit demi-tour, des larmes s’écoulant déjà sur son visage. Il prit la fuite dans le couloir, en larmes, indifférents aux regards étranges que lui jetaient les élèves sur son passage. Tant pis pour sa crédibilité, de toute façon, il ne serait plus jamais assistant du professeur de DCFM. Il n’était qu’un bon à rien, en effet, et il avait perdu le peu de respect qu’il avait réussi à obtenir de la part de la seule personne qui savait qui il était. Il avait eu besoin de sa reconnaissance, de savoir qu’il restait quelqu'un d’important, mais à présent, était-ce vraiment utile ? La prophétie avait été faite bien des années après l’ascension du Seigneur des Ténèbres. N’importe qui pouvait tuer Tom en 1939. Du moins essaya-t-il de s’en convaincre, alors qu’il se dirigeait vers le lac. Il passa prendre un balai dans les vestiaires du terrain de Quidditch. Il lui suffirait de le traverser, et il serait au Quai du Poudlard Express. Hors de la zone anti-transplanage. Et il pourrait transplaner et s’enfuir, et aller… Où ?

Il s’assit au bord du lac, vaincu. Et éclata en sanglots.

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