L'odeur de l'amour

Chapitre 1 : L'odeur de l'amour

Chapitre final

7947 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 07/01/2022 11:31

Depuis la débâcle du Ministère, Harry broyait du noir. La mort de Sirius l’avait privé de tout espoir, et il se débattait dans un cauchemar sans fin.

Il n’avait pas eu le temps de faire son deuil. À peine rapatrié à Poudlard, où il avait découvert que ses amis étaient à l’infirmerie - quoi qu’ils puissent en penser - il avait fait face à Dumbledore et détruit son bureau. Ensuite, les deux jours restants s’étaient déroulés dans une sorte d’apathie hébétée. Il suivait les autres, se rendait aux repas, mais il ne parlait à personne et mangeait à peine.

Personne ne semblait pouvoir le tirer de son silence ou de son tourment. Dumbledore assura qu’un été de vacances l’aiderait à se remettre, et Harry fut renvoyé chez les Dursley.

En temps normal, les séjours dans le monde moldu n’étaient pas vraiment une partie de plaisir pour le jeune homme.

Cette fois, il était écrit que tout serait pire encore, comme pour le priver de tout sentiment positif.

Arthur Weasley voulant l’aider suggéra gentiment à Vernon de se montrer doux avec Harry qui venait de voir mourir son parrain. Apprenant que le repris de justice avec lequel son infernal neveu le menaçait n’était plus, le gros moldu durcit le ton et bouscula le garçon résigné pour l’enfermer dans sa chambre. Il était évident qu’il n’aurait pas de repas le soir même…

Sans aucun moyen de pression l’été serait dur à supporter, Harry le savait. Mais en un sens, la situation lui convenait. Après tout, il avait provoqué la mort de Sirius, et il devait être puni.

Chaque insulte, chaque coup reçu venant de son oncle l’enfonçait un peu plus dans sa dépression, et le confortait dans ses idées : il était coupable, il devait payer. Il n’était pas suffisamment fort pour faire face à Voldemort, il savait qu’il allait mourir face au Monstre qui terrorisait le monde magique.

Chaque once d’espoir était tirée hors de lui, ne laissant plus qu’une coquille vide.

 

Durant ses nuits d’insomnies, alors qu’il s’empêchait de dormir pour ne pas faire de cauchemars - et ainsi réveiller sa famille - il décida qu’il allait s’éloigner de ses amis. Il ne voulait pas les entraîner à sa suite dans la mort.

Harry décida également de ne plus faire confiance à Dumbledore. L’homme était peut être bon, mais il lui avait caché bien trop de choses. Désormais, Harry ferait les choses à sa manière.

 

Il se reprocha longuement d’avoir provoqué Rogue, d’avoir fouillé ses souvenirs ce qui avait mis fin aux leçons d’occlumentie. S’il avait été plus assidu, comme le lui répétait le professeur de potions, Sirius serait peut être encore en vie. Mais il s’était accroché à son ressentiment envers le professeur qui le malmenait depuis la première année, et il avait manqué la chance de pouvoir se protéger de Voldemort.

Ainsi, seul dans sa chambre moldue, Harry appliqua à la lettre les conseils donnés par l’homme désagréable, ordonnant ses pensées, tentant de fermer son esprit. Dès qu’il en avait l’occasion, il plongeait dans une profonde méditation, et s’imaginait transformer chaque souvenir, chaque élément de son esprit en forteresse imprenable. Et il décida qu’il irait voir son professeur une fois de retour à Poudlard, qu’il ferait profil bas et qu’il le supplierait de le tester.

Rogue n’était pas homme à s’attendrir, mais il ne résisterait probablement pas à la possibilité de piller son esprit…

 

Il ne répondit à aucune lettre de ses amis. Il n’ouvrit même pas ses cadeaux d’anniversaire. Après tout, il ne le méritait pas. Il rangea juste les paquets avec soin au fond de sa malle, en compagnie des courriers qu’il n’avait même pas ouverts. Il hésita en voyant les lettres de Remus, mais il se souvenait des hurlements déchirants de l’ancien Maraudeur lorsque Sirius était tombé, et il ne pouvait pas faire face à son chagrin. Le loup-garou devait lui en vouloir terriblement, pour ses erreurs. Après tout, il avait tué son ami…

 

Lorsque l’Ordre vint le chercher chez les Dursley, il répondit poliment aux questions posées, mais il évita avec soin le regard blessé de ses proches. Il fit également en sorte de ne pas se retrouver seul avec Remus.

Lorsque Dumbledore lui indiqua sur un ton plein d’excuses qu’il l’avait laissé plus longtemps chez les moldus pour ne pas lui imposer de vivre Square Grimmaud, et Harry haussa les épaules, assurant qu’il comprenait, sans pour autant le regarder directement dans les yeux. Il se doutait bien que le vieux Directeur suivait ses plans et ne se préoccupait pas vraiment de ses sentiments.

 

Il suivit le groupe sur le chemin de Traverse sans un mot à l’attention de ses amis lorsque la sortie fut organisée, et réunit ses fournitures de son côté, choisissant volontairement de ne pas aller dans les mêmes boutiques que Ron et Hermione. Il avait suivi Fol’Oeil - qui il en était certain n’engagerait pas la conversation avec lui - et le vieil Auror l’avait conduit à un rythme d’enfer de boutique en boutique sans lui laisser le temps de flâner. Chez Fleury et Bott, après une légère hésitation, il ajouta quelques livres à la liste déjà longue - sur l’occlumentie, sur la défense, sur l’art du duel. Il ne s’embarrassa pas de manuel de potions même si la discipline était nécessaire pour devenir Auror. Le métier qu’il avait choisi sur un coup de tête plus jeune ne lui correspondait plus vraiment et il savait qu’il ne survivrait pas à la guerre.

 

Durant le reste des vacances, il se montra aussi silencieux et apathique. Il s’isola volontairement, ignorant les sollicitations de ses amis et les regards emplis de pitié et d’inquiétude de Molly Weasley. Toute maternelle qu’elle soit, elle n’était pas sa mère, et Harry ne voulait pas de sa tendresse. Il voulait juste qu’on le laisse seul, qu’on l’oublie un peu. Il aspirait à la paix.

Personne ne semblait vouloir lui parler de son comportement, hésitant visiblement à le bousculer. Ron boudait, ne digérant pas d’être ignoré et de voir Harry être au centre de l’attention - une fois de plus. Hermione le regardait comme s’il était une espèce d’insecte étrange, lèvres pincées, hésitant entre le prendre dans ses bras ou lui hurler dessus.

 

Le jour de la rentrée, ils arrivèrent ensemble à King’s Cross pour prendre le Poudlard express, cependant, il y avait une fracture visible entre eux. Harry se tenait légèrement à l’écart, silencieux, détaché. Ron ne pouvait empêcher ses regards furieux vers son ami, ne digérant visiblement pas d’avoir été repoussé.

Ils reçurent des regards curieux de leurs camarades mais personne ne s’approcha d’eux. Alors que Harry allait s’engouffrer dans un compartiment, il se trouva face à Drago Malefoy. Autour d’eux tout le monde se figea, attendant la confrontation.

Le regard acier du blond se durcit mais le regard vert le dévisagea juste avec indifférence, et Harry l’ignora, entrant dans le compartiment, sans se soucier des hoquets stupéfaits.

Drago Malefoy fronça les sourcils, perplexe, après avoir noté le léger sourire désolé du brun à son intention, et il rejoignit son propre compartiment en silence, comme si tout était normal. Cependant, il resta pensif, regardant le paysage défiler, réfléchissant visiblement.

A peine installé, Harry sortit un livre, ignorant Ron et Hermione. Bien que ces deux derniers bouillaient de confronter leur ami sur son comportement inhabituel, le passage incessants d’autres étudiants les obligea à différer la conversation compliquée qu’ils attendaient. Ils ne tenaient pas à provoquer un scandale devant un public nombreux et avide de ragots…

Luna fut la seul à tirer un sourire de Harry et elle déposa un léger baiser sur sa joue, lui murmurant quelques mots à l’oreille. Pour la première fois depuis longtemps, le regard émeraude brilla brièvement, sous le regard noir de Ron et Ginny.

Luna avait toujours été celle qui pouvait briser sa carapace, malgré lui.

Harry se replongea dans son livre, ne levant le nez qu’au moment de passer l’uniforme de l’école. Il nota la colère de ses amis, et même s’il se sentait mal, il s’accrochait à sa décision de les éloigner de lui. Sa détermination de les protéger n’avait pas faibli, bien au contraire. Il les aimait trop pour les exposer davantage et s’il avait fait la même chose avec Sirius, son parrain serait encore en vie.

 

Durant le premier mois de cours, tout le monde put constater le changement spectaculaire dans la personnalité de Harry Potter. Il restait à l’écart, et était devenu bien plus assidu qu’auparavant. S’il restait avec Ron et Hermione en apparences, il y avait désormais un fossé entre eux, et ils ne se parlaient plus vraiment.

Il disparaissait des heures, seul, refusant d’avouer qu’il s’entraînait autant que possible pour se battre dans la salle sur demande. Il travaillait aussi l’occlumentie discrètement, attendant d’être prêt avant d’aller voir le professeur Rogue.

*

Un jour, alors qu’il retournait à la tour Gryffondor, épuisé après une de ses séances d’entraînement solitaire, le Serdaigle Terry Boot l’attira à l’écart, en regardant nerveusement autour de lui.

- Potter…

Harry tressaillit, avec la sensation que quelque chose n’allait pas, sans pouvoir définir quoi, mais le ton pressé de Boot et ses révélations lui firent oublier le sentiment de malaise.

- Potter, j’ai surpris une conversation, dans un couloir. Je… Enfin. Il va y avoir une attaque de Mangemorts.

Soudain pleinement attentif Harry le fixa dans les yeux, se penchant vers lui.

- Quand ? Dis-moi tout ?

- Tu vas pouvoir l’empêcher ? Faire quelque chose ?

- Je sais qui prévenir, ne t’en fais pas. Je ferais tout ce que je peux.

Le serdaigle soupira, l’air soulagé, et hocha lentement la tête.

- Vendredi vers quinze heures. Ils veulent enlever Ollivander. Ils seront sur le chemin de Traverse. Je… n’ai pas d’autres détails.

L’esprit déjà occupé pour prévenir l’Ordre, Harry manqua le sourire satisfait de son camarade. Le voyant distrait, Terry Boot hésita et l’agrippa par la manche.

- Je ne veux pas être lié à ça Potter. Dis que c’est toi qui l’a entendu, ou ce que tu veux mais… si tu m’en reparles, je nierais être au courant. Je… Ma famille…

Harry lui offrit un sourire lumineux, loin des sourires tristes qu’il avait depuis la mort de son parrain. Le Gryffondor était reconnaissant au Serdaigle d’avoir eu le courage de venir le trouver et il lui devait bien de le protéger.

- Ne t’en fais pas. Je comprends.

 

Plutôt que prévenir Dumbledore, Harry avait choisi d’aller voir Rogue. C’était un pari risqué, surtout compte tenu de leur passif, mais il avait l’étrange sensation que l’homme ne le trahirait pas. Malgré toute sa colère, il s’était souvenu durant l’été que son professeur avait essayé de l’avertir que les visions du Ministère étaient un piège, mais il avait choisi de ne pas le croire en se basant sur ses disputes passées avec les Maraudeurs.

Le Maître des potions n’était pas au courant de l’attaque prévue, mais il semblait avoir retenu la leçon de la débâcle du Ministère puisqu’il crut Harry sans hésitation et le lui dit clairement.

Avec un regard étrange, l’homme assura qu’il ferait le nécessaire et Harry hocha la tête, avant de le remercier sincèrement.

Au moment de passer la porte, Severus Rogue le rappela.

- Monsieur Potter. J’ose espérer que vous n’irez pas vous jeter dans la mêlée pour essayer de… d’intervenir.

 

Harry retint un sanglot et se crispa. Il ne montra aucune émotion en répondant calmement, bien trop poliment au goût de son professeur habitué à son insolence.

- J’ai retenu la leçon Monsieur. Je suis venu vous voir en espérant que vous… ferez le nécessaire.

Severus soupira en comprenant qu’il avait la primeur des informations et que le gosse ne s’était pas remis de la mort de son parrain. Il laissa le Gryffondor partir, songeur, avant de se rendre dans le bureau de Dumbledore pour le convaincre d’intervenir.

 

Le samedi suivant, la Gazette titrait au sujet d’une bataille acharnée chemin de Traverse où un groupe de Mangemorts avait attaqué et était tombé sur un détachement d’Aurors décidés à en découdre. Quelques mangemorts avaient été arrêtés, dont les frères Lestrange, et fort heureusement, les dégâts avaient été minimes. Aucune victime civile n’avait été à déplorer. La même Gazette annonçait que la boutique de Garrick Ollivander fermait provisoirement et que le vieil homme, fatigué, était parti se reposer quelques temps dans sa famille.

Soulagé, Harry chercha le regard de Rogue et inclina lentement la tête, pour le remercier. Il n’avait pas besoin de demander des précisions pour deviner que Ollivander avait été mis sous protection grâce aux informations qu’il avait donné à Rogue… Puis il tourna la tête vers la table des Serdaigle, mais Terry Bott l’ignorait totalement, ne faisant même pas attention à l’agitation causée par les gros titres de la Gazette.

 

Quelques jours plus tard, ce fut Susan Bones, Poufsouffle, qui l’interpella d’une voix douce, à la sortie de la Grande Salle, rougissante. Elle l’invita à faire quelques pas dans le parc et lui révéla avec hésitation qu’elle avait entendu des rumeurs au sujet d’une attaque de mangemorts à venir à Pré-au-Lard.

Incrédule, Harry se figea, la dévisageant avec attention. Elle rougit encore plus, baissant la tête, et tortillant ses doigts.

- Susan, comment as-tu pu entendre ce genre de rumeurs ?

Elle haussa les épaules, en détournant les yeux, gênée.

- Je suis préfète, tu sais. Mais comme je suis une Poufsouffle, en général personne ne fait vraiment attention à moi. On nous considère comme la maison des faibles la plupart du temps, je ne t’apprends rien. Alors, quand je vais dans les cachots… il m’arrive d’entendre des conversations parce qu’en général ils font moins attention quand je passe.

Harry laissa échapper un gloussement amusé.

- Mettre en échec les Mangemorts parce que leurs enfants auront été incapables de parler discrètement, je dois avouer que c’est… inédit.

Susan lui offrit un sourire doux, et haussa les épaules.

- Et bien je suppose que tu verras que tu as plus de soutiens que tu ne le pense. Je suis certaine que n’importe qui de ma maison serait venu te le dire, tu sais.

Harry lui sourit et lui posa une main sur l’épaule, accentuant son rougissement.

- Merci Susan. Tu ne te rends peut être pas compte mais cette information est particulièrement précieuse.

 

Une fois encore, Harry alla directement voir son professeur de potions, et ne chercha même pas à justifier comment il avait obtenu l’information. Il annonça l’attaque de Pré-au-Lard, et Severus hocha la tête. Il ne fit pas l’insulte au Gryffondor de lui demander s’il était sûr de lui.

Là encore, les Mangemorts se trouvèrent face à une troupe d’Aurors. Officiellement “par hasard”. Et toujours par hasard, le week end de sortie des élèves de Poudlard avait été reporté, Dumbledore prétextant avoir pris du retard dans la vérification des autorisations de sortie…

 

La troisième fois, lorsque Colin Crivey lui fit signe près des serres de botanique, Harry ne s’étonna même pas. Il le rejoignit à grands pas, notant distraitement qu’il n’avait pas son éternel appareil photo autour du cou.

Le petit Gryffondor était bien moins agité qu’à son habitude et regardait autour d’eux avec nervosité.

- Colin ? Tu vas bien ?

- Po… Harry. Tu ne devineras jamais ce que j’ai entendu !

Harry écarquilla un bref instant les yeux, avant d’attirer le garçon un peu à l’écart.

- Je t’écoute.

- Je n’ai pas reconnu les voix, mais c’était deux garçons. Apparemment les parents de l’un des deux sont Mangemorts parce qu’ils parlaient d’une attaque ! Tu te rends compte ?

Le brun n’était pas surpris, et il hocha la tête, encourageant le garçon à continuer son récit.

- Ils veulent tenter de prendre le Ministère ! J’ai entendu parler des deux autres attaques, mais là, ils disaient qu’ils étaient sûrs d’eux, qu’ils connaissaient l’emploi du temps du Ministre et que Aurors ou pas, ils l’auront…

Harry lui posa une main sur l’épaule, faisant sursauter le petit blond, et il le remercia gravement. Colin rougit brusquement, et eut un large sourire.

- Si je peux aider, je serais content !

Harry écarquilla les yeux, le souvenir de Sirius lui revenant en force. Il secoua vivement la tête, horrifié à l’idée de Colin faisant face à un Mangemort.

- Non ! Tu dois rester à l’écart et en sécurité Colin ! Promets moi !

- Mais…

- S’il te plaît ! Je ne veux pas causer d’autres morts… Reste loin de moi, c’est mieux.

Harry partit à grand pas sans voir le regard triste de Colin, les poings crispés, priant pour qu’aucun de ses camarades n’essaie de se placer à ses côtés pour l’aider.

 

En le voyant arriver dans son bureau, Severus leva un sourcil étonné en voyant l’agitation du Gryffondor. En découvrant que ce dernier était au courant de l’attaque prévue contre le Ministre de la Magie, il fronça les sourcils.

Lui était déjà au courant, de par sa position auprès de Voldemort. Et il était parfaitement bien placé pour savoir que seuls les plus proches du mage noir avaient été informés.

Ainsi, il se demanda longuement comment Harry Potter, l’impétueux Gryffondor, avait pu entrer en possession d’une telle information, si secrète.

Il se contenta de hocher la tête et de lui dire qu’il tenterait de faire de son mieux.

Cette fois pourtant, Harry resta sur place, hésitant.

- S’ils prennent le Ministre ça sera pour le remplacer n’est-ce-pas ? Par exemple en plaçant quelqu’un sous polynectar à sa place comme Croupton l’avait fait ?

Severus haussa un sourcil, et soupira.

- Ça, je l’ignore. L’ordre a été donné de prendre le Ministère et de garder pour l’instant le Ministre en vie. Ils pourraient aussi décider d’utiliser l’Imperium.

Harry se passa la main sur le visage, l’air soudain très jeune et très vulnérable. Soudain le garçon se redressa, avec visiblement une question en tête.

- Monsieur ? Si un Mangemort prenait du polynectar… est-ce que la marque des Ténèbres disparaîtrait ?

Le maître des potions haussa un sourcil moqueur, et hocha la tête avec approbation.

- Remarque très pertinente, Monsieur Potter. Vous devriez réfléchir un peu plus lors des cours de cette façon et vous auriez de bien meilleurs résultats. La Marque est un sortilège de magie noire. Elle est indélébile. Il n’y a aucun moyen de la faire disparaître et même avec polynectar, elle apparaîtrait. Ainsi… Si je prenais votre apparence, votre bras aurait cette marque.

Harry sourit brièvement au compliment détourné, puis pinça les lèvres un instant.

- Si… Enfin… Quand il sera mort, vous serez libéré de la Marque ?

Severus dévisagea le garçon avec surprise puis détourna les yeux.

- Je l’ignore, Monsieur Potter. Quand il a… disparu momentanément elle n’était plus qu’une trace à peine perceptible mais elle était toujours là.

Profitant de la première conversation civilisée qu’ils avaient depuis qu’ils se connaissaient, Harry se risqua à poser la question qui lui trottait dans la tête.

- Monsieur. J’ai continué à travailler l’occlumentie comme vous me l’avez montré, mais… Est-ce que vous seriez d’accord pour vérifier où j’en suis ? Je veux dire… Je suis réellement désolé, je n’aurais jamais du regarder dans votre pensine, et…

Severus leva la main, visage fermé, et Harry se tut aussitôt, rouge et gêné, n’osant pas regarder son professeur dans les yeux. Finalement, le professeur soupira.

- Je suppose que c’est réalisable. Cependant je ne tolérerais plus le moindre manquement aux règles élémentaires de politesse, ce qui inclut ne pas fouiller mes affaires.

La rougeur s’intensifia et Harry hocha la tête.

- Oui Monsieur. Je vous assure, je ne recommencerai pas. Je suis réellement désolé.

Il y eut un long silence, puis Severus soupira.

- Ce soir. Vingt heures. Ne soyez pas en retard.

 

*

Bien qu’effrayé de la façon dont allait se dérouler la séance d’occlumentie avec Severus Rogue, Harry fut devant la porte de son bureau quelques minutes avant vingt heures, décidé.

Le Maître des potions ne fit pas la moindre réflexion, se contentant de l’observer d’un air indéchiffrable, notant le corps trop mince, les yeux cernés et fuyants et la nervosité de l’adolescent.

Le jeune homme se plaça face à lui et ferma les yeux, puis hocha doucement la tête. Sans la moindre hésitation, Severus lança le “Legilimens” et entra dans l’esprit de Potter.

Le premier constat qu’il fit, fut que le garçon avait organisé ses pensées, c’était bien moins désordonné que lors de leur dernière séance. Il eut le temps de voir quelques images de son été - un été de désolation - avant d’être expulsé de l’esprit du garçon.

Il hocha la tête, et étira ses lèvres en un mince sourire.

- Vous avez fait des progrès, Monsieur Potter.

Les épaules du gamin se relâchèrent comme s’il était soulagé de l’approbation de son professeur. Severus pinça les lèvres.

- Continuez à travailler de cette façon, et de temps en temps, je testerais votre esprit. J’ai l’impression qu’il vous est impossible de vous fermer hermétiquement, cependant vous pourrez expulser quiconque essaiera de lire vos pensées.

*

Pendant un mois, le monde magique fut désespérément calme. L’attaque du Ministère avait été un fiasco pour les forces des Ténèbres, les Mangemorts n’avaient pas pu pénétrer l’institution.

Suite à cela, Harry n’avait plus vu de camarade ayant surpris une conversation suspecte. Peut être les enfants de Mangemorts étaient plus prudents. Ou peut être que les conversations étaient entendues par des élèves ne souhaitant pas se mêler de la guerre en cours.

Au début, il s’en était inquiété craignant ne plus avoir de moyen de contrer les attaques de Voldemort. Cependant, puisqu’il n’y avait aucune attaque, aucun raid, il comprit que les échecs successifs avaient refroidi l’ambition des Mangemorts.

Il n’avait aucun doute que Voldemort finirait par ordonner de nouvelles actions, mais il profitait du calme relatif pour s’entraîner encore plus durement. Ron et Hermione avaient fini par baisser les bras et ne plus chercher à le convaincre de revenir vers eux, et il y avait un fossé presque insurmontable au sein du trio autrefois si soudé. Ils ne se parlaient plus, s’asseyant ensemble à table que par habitude.

Harry était seul, ainsi qu’il l’avait décidé. Il avait la sensation que bientôt il devrait faire face à Voldemort, et il espérait qu’il serait prêt. Aussi prêt que possible. Mais savoir qu’il n’entraînerait personne dans sa chute le rassurait et lui faisait aborder l’avenir avec un peu plus de sérénité.

 

Pendant un week end de sortie à Pré-au-Lard, Harry était resté à Poudlard, errant dans les couloirs. Il n’avait pas eu envie d’aller s’amuser alors qu’il avait l’impression que quelque chose allait se produire. Il avait regardé ses amis - anciens amis - se préparer et partir joyeusement, regrettant un instant de ne pas être avec eux. Quoi qu’ils puissent penser de lui, ils manquaient sincèrement à Harry. Il regrettait ses longues conversations avec Hermione, les plaisanteries échangées avec Ron. Il regrettait leur complicité, la façon qu’ils avaient de le faire se sentir apprécié.

Alors qu’il arrivait au septième étage dans l’idée d’utiliser la salle sur demande, il croisa Ginny, qui l’arrêta avec un large sourire. Il se rembrunit aussitôt, ne souhaitant pas se disputer une fois de plus avec la cadette Weasley.

- Ginny ? Mais tu ne devais pas aller à Pré-au-Lard ?

La petite soeur de Ron haussa les épaules.

- Oui mais je voulais te parler.

Harry soupira. Ce n’était pas la première fois que Ginny essayait de lui parler pour le décider à s’excuser auprès de Ron, pour réparer leur amitié brisée. Aussi il se détourna, prêt à laisser la jeune fille sur place avec un grognement agacé.

- Je t’a déjà dit que je n’ai pas l’intention de revenir vers Ron ou Hermione. Cesse d’insister avec ça. Ça ne te regarde pas !

Ginny fit un geste agacé de la main et insista, sourcils froncés, donnant un aperçu de son caractère bien trempé.

- Je ne comptais pas te parler de ça, Harry. Il faut vraiment que nous discutions. C’est important !

Intrigué, Harry la dévisagea, puis croisa les bras sur sa poitrine, méfiant. Il avait fini par comprendre ce que Ginny espérait de lui, et il n’était pas prêt à lui retourner ses sentiments - s’il était prêt un jour. Elle était une petite soeur, une amie. Rien de plus.

- Bien. Je t’écoute.

La rouquine lui offrit un sourire enjôleur, effleurant son bras d’un geste hésitant qui aurait pu paraître enjôleur sans l’inquiétude dans ses grands yeux bruns. Puis, elle soupira.

- Il va y avoir une attaque à Azkaban. Qui-tu-sais a… Apparemment décidé de libérer ses Mangemorts enfermés, et il semblerait qu’il ait réussi à rallier les Détraqueurs à lui.

Soupçonneux, Harry fronça les sourcils, observant la rouquine avec attention.

- Ginny… Comment sais-tu ça ?

Elle gloussa doucement et lui adressa un clin d’oeil complice.

- Il suffit d’écouter discrètement certaines conversations. J’ai eu la chance de tomber au bon moment je crois. Je sais me faire discrète…

Harry allait protester, lui dire de rester à l’écart et de ne pas se mettre en danger, quand Ginny l’attira à elle avec un air décidé et pressa ses lèvres sur les siennes. Ce n’était qu’une pression appuyée, même pas un vrai baiser, mais c’était suffisant pour réduire Harry au silence.

Le jeune homme cligna des yeux, perplexe, et porta la main à sa bouche d’un air surpris. Ginny avait les joues rouges mais le regardait avec défi, et ne semblait pas gênée de son geste soudain.

Elle s’éloigna brusquement comme si elle venait de prendre conscience de son geste, mais Harry trouva le courage de la rappeler, juste avant qu’elle ne disparaisse à l’angle du couloir.

- Ginny ! Rejoins-moi ce soir dans la salle sur demande. Je t’attendrai !

Elle eut un moment d’hésitation, visiblement en plein débat intérieur, puis sourit, avant de hocher la tête et de s’en aller à pas pressés.

Avec un sourire satisfait, Harry hocha la tête à son tour, avant de porter à nouveau la main à ses lèvres, légèrement rêveur.

Bien que distrait, il s’empressa d’aller communiquer l’information à Severus, bien que cette fois il ne savait pas comment ils pourraient empêcher les Détraqueurs de se retourner contre le monde magique.

Le Maître des potions fronça les sourcils en dévisageant Harry.

- J’ignore comment vous avez eu cette information, Monsieur Potter. Seuls les Mangemorts les plus proches du Seigneur des Ténèbres ont eu la primeur de cette petite victoire. Malheureusement, Dumbledore a déjà été mis au courant, et il est impossible de faire quoi que ce soit.

Harry se passa une main dans les cheveux nerveusement.

- Et il n’y a pas les moyens d’envoyer les Mangemorts enfermés ailleurs ? Dans une autre prison ?

Severus émit une exclamation méprisante, et grogna.

- Nous pensions que Scrimgeour serait un meilleur Ministre que cet idiot de Fudge, mais il refuse de croire que la prison sorcière réputée inviolable puisse tomber aux mains de l’ennemi. Il a trop confiance en… des créatures noires, j’en ai bien peur.

 

Le jeune Gryffondor s’agita, nerveux.

- Mais il n’y a pas la moindre façon de faire quelque chose ?

Rogue haussa un sourcil surpris en dévisageant le garçon devant lui. Il semblait plongé dans ses pensées, réfléchissant probablement furieusement à une action désespérée pour contrer Voldemort. Cependant, cette fois, Severus savait que rien ne pourrait être fait. Pas sans de lourdes pertes pour leur camp.

Finalement, le petit brun baissa la tête, résigné, comprenant que l’Ordre ne bougerait pas face au silence de Rogue.

- Il n’y a vraiment rien à faire ?

- Pas cette fois, Monsieur Potter. C’est aussi ça la guerre : apprendre à choisir ses batailles. Mieux vaut garder nos forces pour défendre Poudlard ou le Ministère, même si la présence des Détraqueurs risque de compliquer les choses.

 

Harry avait finalement quitté les cachots, perdu dans ses pensées. De façon surprenante, Rogue s’était employé à le rassurer, avant de l’inviter à aller se reposer un peu. Obéissant, il s’était retranché dans son dortoir, et avait passé le temps à réfléchir jusqu’à l’heure de son rendez-vous avec Ginny.

Finalement, il s’était détendu, ayant pris une décision. Il se leva et quitta la maison Gryffondor sans faire attention à ses camarades, et ignora la Grande Salle pour rejoindre le septième étage. Il était presque impatient, désormais, se demandant s’ils échangeraient un autre baiser. En tout cas, il était fermement décidé à retenté l’expérience s’il en avait l’occasion.

 

Il s’installa dans la salle sur demande, devenue un petit salon confortable - comme une salle commune mais sans les couleurs de sa maison - et laissa la porte entrouverte pour en autoriser l’accès. Puis il attendit, impatient.

 

Lorsque enfin Ginny passa la porte, il l’accueillit avec un grand sourire et les yeux brillants comme jamais. Le rouquine hésita un instant, et sembla se rembrunir un instant. Cependant elle entra, et Harry lui fit signe de prendre place près de lui.

Il lança un sort de fermeture sur la porte et gloussa doucement.

- Ça serait dommage que nous soyons dérangés…

Ginny s’empourpra, et resta silencieuse, ne comprenant visiblement le changement d’humeur soudain de Harry. Le Gryffondor dépressif de ces derniers mois semblait s’être métamorphosé, devenant soudainement détendu et souriant.

- J’ai été surpris que tu viennes me voir plutôt que de tout dire à ton frère. Je pensais que tu m’en voulais encore pour cet été…

Elle cligna des yeux, perplexe, et Harry se laissa aller en arrière dans le fauteuil.

- Tu ne sais absolument pas de quoi je parle, n’est-ce-pas ?

La jeune fille perdit toutes couleurs et eut un mouvement de recul, prête à fuir. Mais Harry l’attrapa par le poignet, l’obligeant à rester près de lui, la dévisageant avec attention.

- Harry… Je devrais y aller peut être. Je ne suis pas sûre…

Sans lâcher le poignet fin, il secoua la tête.

- Je crois au contraire que c’est le moment parfait pour avoir une conversation.

Ils se défièrent du regard, puis Ginny finit par se réinstaller, boudeuse, dégageant brusquement son poignet de la prise du brun, croisant les bras sur sa poitrine.

Sans la quitter des yeux, Harry annonça gravement.

- Azkaban va tomber. On ne peut rien y faire. Il faut s’attendre à ce que les Mangemorts emprisonnés soient… bientôt libérés.

Il nota l’expression fugace de peur qui passa sur son visage, et il poursuivit, comme s’il n’avait rien remarqué.

- Je peux te réexpliquer comment créer un patronus, si tu veux. Pour pouvoir te défendre face aux Détraqueurs. Tu t’en sortais bien avec ce sort, n’est-ce-pas ?

Ginny se mordilla la lèvre, mal à l’aise.

- Je ne suis pas sûre…

 

Harry soupira, puis décida de jouer cartes sur table, cessant la petite comédie qu’il menait depuis le début.

- Je sais qui tu es.

La rouquine sursauta avant de blêmir, et elle se leva brusquement, comme si elle avait été frappée. Elle se précipita vers la porte mais elle était verrouillée. Sous le regard narquois de Harry elle sortit sa baguette et lança un alohomora paniqué sans le moindre résultat.

Le brun ricana.

- C’est un sort de fermeture signé Maraudeurs. Mon parrain m’a appris quelques trucs tu sais.

- Laisse-moi partir.

- Oh non. Pas avant d’avoir eu une conversation sérieuse avec toi.

Ginny soupira et se redressa fièrement menton en avant.

- Comment as-tu su ?

Harry gloussa, les yeux brillants, semblant soudain revenu à la vie sous le regard fasciné de la jeune fille.

- Je te le dis à condition que tu me dises pourquoi tu as fait ça.

Ginny restant silencieuse, Harry se pencha et lui adressa un clin d’oeil.

- Il te reste combien de temps ?

La jeune fille roula des yeux et haussa les épaules, rageusement.

- Une dizaine de minutes je pense.

- Et moi je n’ai rien de prévu. Personne ne m’attend.

 

Il y eut un silence, et la bataille de deux volontés. Finalement, Ginny s’avança et se laissa tomber à ses côté sur le sofa, prenant garde à ne pas le toucher.

- Très bien Potter. Tu as gagné. Tu m’as… percé à jour. Ça te va ?

- Pas vraiment. Je ne compte pas ouvrir cette porte tant que je ne sais pas pourquoi tu as fait ça.

Harry désormais totalement détendu se laissa aller en arrière, patientant calmement. Lorsque Ginny porta une main à son visage, il se redressa, la détaillant avec attention. Il nota chaque changement, se souvenant de sa propre expérience avec le polynectar, et sourit face à la personne qui lui faisait face.

- Drago Malefoy. Dans un uniforme féminin de Gryffondor. Je crois que je garderais très précieusement ce souvenir, toute ma vie.

Drago grogna mais ses joues prirent une teinte carmin, et il se tortilla mal à l’aise. Harry soupira.

- Je ne vais pas t’humilier si c’est ce que tu crains.

- Tu veux savoir pourquoi ? J’étais furieux que mon père soit à Azkaban, mais… je ne veux pas que… Qu’il gagne. Je n’ai jamais voulu…

Harry le fixa.

- Tu n’as jamais voulu prendre la marque n’est-ce pas ?

Drago sursauta et se frotta nerveusement le bras, grattant à travers le chemisier désormais un peu trop serré. Sans réfléchir, Harry attrapa sa main, l’empêchant de se blesser, et les deux garçons évitèrent le regard de l’autre avec gêne. Cependant, le Gryffondor ne relâcha pas sa prise. Drago déglutit, et observa les doigts de Potter emprisonnant les siens.

- Non. Je n’avais pas compris. Je croyais… que c’était ce qui était bien. Que… Et il m’a forcé à recevoir cet ignoble tatouage. J’ai compris que même si je n’aime pas Dumbledore, il est pire. Bien pire. Mais… c’était ça ou voir mes parents mourir.

Harry lui adressa un sourire hésitant.

- Et tu m’as aidé. Mais pourquoi le polynectar ? Pourquoi venir sous plusieurs identités différentes ?

 

Drago grogna, et roula des yeux.

- Oh sérieusement Potter ! Tu m’aurais écouté si j’étais venu te voir en personne ? Si c’était moi qui t’avais rapporté ce que j’avais entendu ?

- Je…

- Ne réponds pas ! Tu aurais pensé que c’était un piège, et tu aurais eu raison. Nous avons un passif plutôt chargé tous les deux.

Harry sourit tristement, et hocha la tête.

- Tu as sauvé beaucoup de monde, tu sais.

- Non. Je t’ai donné des informations et toi tu as fait ce qu’il fallait.

Harry ferma les yeux, ne se rendant même pas compte qu’il n’avait pas lâché la main du Serpentard. Drago lui jeta un long regard et soupira.

- A ton tour, Potter. Comment as-tu su ? Je pensais pourtant n’avoir fait aucune erreur !

Le brun eut un sourire en coin alors que ses joues rougissaient de gêne. Il évita le regard gris pour répondre en chuchotant presque.

- Quand tu m’as… embrassé. J’ai… Enfin j’ai reconnu ton parfum. Ton odeur. Je savais que c’était toi.

Drago cligna des yeux lentement.

- Et tu voulais quand même me voir ? Tu aurais pu me dénoncer, ou…

 

Harry se tourna vers lui, l’air décidé bien qu’écarlate de gêne et le fit taire en plaquant ses lèvres sur les siennes.

Drago le dévisagea les yeux écarquillés, n’osant plus bouger.

Harry prit une grande inspiration, sans croiser les yeux gris, et commença à parler d’une voix monocorde.

- Je ne vais pas survivre. Je veux dire… Je n’ai aucune chance face à lui, mais visiblement Dumbledore pense que c’est le seul moyen.

Drago hoqueta et Harry eut un sourire triste, l’empêchant d’intervenir en reprenant rapidement la parole.

- Peu importe. De toutes façons… après la mort de Sirius…

Le Gryffondor laissa échapper un rire triste, fermant les yeux.

- Soyons francs, nous savons tous les deux que je n’ai pas la moindre chance. Mais si je peux sauver ne serait-ce qu’une seule personne…

Drago le dévisageait, estomaqué. Il déglutit, et chuchota, incertain.

- Conneries.

Harry sursauta, et leva les yeux vers lui, perplexe.

- Quoi ?

Le blond reprit, un peu plus fort, avec un peu plus d’assurance.

- C’est des conneries Potter. Tu vas lui botter le derrière et tu pourras faire la fête avec tes potes après, acclamé comme un héros. Tu vas encore une fois défier les règles de la magie, tu vas accomplir l’impossible parce que tu es Harry foutu Potter, et que tu ne fais jamais rien comme les autres.

Le brun haussa les épaules, se rembrunissant.

- Je ne suis pas exceptionnel, Malefoy. J’ai eu de la chance probablement, mais je ne peux pas compter là-dessus pour tout.

Drago l’agrippa par les épaules, le fixant avec intensité, grimpant presque sur ses genoux pour lui faire face, oubliant tout ce qui n’était pas son camarade.

- Bien sûr que si ! Regarde ce que tu me fais faire ! Je trahis ma famille pour toi. Je risque ma vie, sans même hésiter. Et pire encore, je suis habillé en jupe ! En foutu Gryffondor.

Un sourire tendre éclaira le visage de l’Élu, et il dévisagea Drago, avant de poser la paume brûlante de sa main sur sa joue.

- Malefoy… je t’ai toujours trouvé fascinant tu sais. Je savais que tu ne pouvais pas être totalement mauvais, j’avais confiance en toi pour ne pas… le suivre aveuglément. Tu es bien trop malin pour ça…

- Stupide idiot trop confiant…

Ils échangèrent un sourire un peu hésitant, indécis l’un et l’autre. Cette fois, ce fut Drago qui embrassa Harry, malhabile mais décidé, implacable. Harry laissa échapper un soupir ravi, en l’attirant contre lui, plus proche, comme s’il voulait se fondre en lui.

Lorsqu’ils se séparèrent, le nez enfoui dans les cheveux si clairs, il soupira.

- Je vais te mettre à l’abri. Je trouverais un moyen pour que la marque que tu as sur le bras ne soit jamais un problème pour toi, Malefoy. Je te le promet.

 

Le Serpentard ferma les yeux en serrant le brun, et grogna, essayant de masquer son trouble et son émotion.

- Ce n’était pas pour ça que…

Le brun l’interrompit en gloussant.

- Ce n’est pas ce que j’ai cru. Mais c’est ce que moi je veux. Je suppose que le monde magique peut bien me faire confiance au sujet de ton innocence puisqu’ils vont m’envoyer en première ligne.

Drago allait répondre mais il se figea, sourcils froncés, dévisageant attentivement Harry. Il plissa les yeux.

- Attends une seconde. C’est si important pour toi que je sois libre ?

Le Gryffondor cligna des yeux, perplexe.

- Évidemment ! Tu mérites de… vivre heureux. Après tout ça. Tu mérites d’être libre. Je veux que tu sois libre.

- Autant que toi tu le mérites, Potter.

Harry détourna les yeux, avec un grognement. Drago eut un sourire malicieux en l’observant, malgré la gravité de leur conversation. Il prit l’air aussi innocent que possible et se plaqua un peu plus contre Harry, fermement agrippé à ses épaules, ivre de la chaleur de son corps.

- De toutes façons, sans toi… A l’instant où tu ne seras plus présent pour… parler pour moi, je serais envoyé à Azkaban. Je sais parfaitement que mon comportement ne m’a pas… enfin, je ne me suis pas vraiment fait d’amis fidèles ces dernières années.

Harry fronça les sourcils, ses yeux verts prenant une teinte plus foncée alors que la colère l’envahissait.

- Je trouverais un moyen ! Je ferais ce qu’il faut !

Drago haussa les épaules, avec un rictus amusé au coin des lèvres, provoquant sans vergogne le brun, comme il l’avait toujours fait.

- Tu sais au fond de toi qu’ils ignoreront tout ce que tu pourras imaginer pour me balancer en prison et jeter la clé.

Drago frissonna presque en sentant la magie de Harry s’agiter autour d’eux sous la colère du jeune homme. Il n’avait pas peur de lui cependant, il trouvait sa puissance grisante. Attirante. Intoxicante. Le rendant presque ivre, lui donnant l’envie de se rapprocher encore et de se fondre en lui. Lui donnant envie de se frotter contre son corps brûlant, comme pour assouvir un besoin qu’il ignorait avoir.

Il se colla un peu plus contre lui, les pupilles totalement dilatées, se mordillant la lèvre, réprimant un sourire satisfait. Il se pencha vers son oreille pour chuchoter, d’une voix rendue rauque par le désir.

- Tu vas être obligé de rester près de moi, Potter. Pour t’assurer que je sois vraiment libre. Pour me surveiller de près.

Harry haleta, et répliqua, avec un sourire en coin.

- Tu fais exprès pour me mettre en colère…

Le blond ne chercha même pas à nier. Bien au contraire. Il ricana, moqueur.

- Et ça fonctionne. Mais si tu y restes, je te préviens, je les laisserais m’enfermer sans même protester. Sans me défendre. J’irais me livrer même. Je dirais que c’est de ma faute.

 

Harry laissa échapper un léger gémissement, l’esprit en déroute, perturbé par la situation, par la proximité du corps chaud et par le comportement de Drago Malefoy puis il ferma les yeux, essayant de reprendre ses esprits.

- Foutu serpent… C’est du chantage.

- Exactement Potter. Mais tu vas être le parfait héros et rester en vie. Pour moi. Juste pour moi.

D’une main tremblante, Harry lissa doucement la jupe d’uniforme que portait Drago sur une cuisse ferme, les faisant rougir tous les deux et décuplant leur excitation. Il afficha un rictus moqueur, les yeux brillants comme jamais, sa magie les entourant d’une chaleur presque insupportable mais pourtant si agréable. Ses doigts agiles commencèrent à jouer avec l’ourlet de la jupe, rendant Drago presque fou.

- Et toi tu vas être ma princesse en détresse ?

Ils ricanèrent ensemble, leurs yeux s’accrochant un long moment, haletants, pris au piège de leur petit jeu de séduction. Puis Drago redevint subitement grave, sans détourner les yeux.

- Je serais tout ce que tu veux tant que tu fais en sorte de rester en vie.

 

Une larme roula soudain sur la joue de Harry, alors que son coeur se gonflait d’un sentiment qu’il découvrait tout juste. L’insistance de Drago à le garder en vie, pour eux uniquement et non pas pour le monde magique, le touchait bien plus qu’il ne l’aurait pensé. Et il se surprenait à espérer un avenir avec celui qui le faisait se sentir vivant, plus que n’importe qui.

Oubliant tout ce qui n’était pas lui, il se laissa attirer dans un baiser renversant, le coeur empli d’espoir et d’amour.

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