L'Ecole des Hautes Etudes Ministérielles

Chapitre 2

2686 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 11/01/2022 15:16

Sans surprise, deux semaines plus tard, un hibou venait gratter à la fenêtre de leur petit appartement. Hermione s'empressa de lui ouvrir et de lui donner une friandise avant de le laisser repartir, malgré l'état d'angoisse dans lequel elle se trouvait.

Fébrile, elle décacheta l'enveloppe qui lui était adressée.



Mlle Granger,


c'est avec grand plaisir que nous vous informons de votre réussite au concours de l'École des Hautes Études Ministérielles. Nous serons ravis de vous compter parmi la nouvelle promotion, et ce, dès le 1er septembre à 8h.


Avant cette rentrée, nous vous conseillons de vous préparer. Vous trouverez ci-joint une liste d'ouvrages à lire dans ce but.



Bravo à vous.

Cordialement


Liberius Cooledge, directeur de l'EHEM.



Admise, elle était admise ! Elle n'en croyait pas ses yeux ! Ce soir, quand Ron rentrerait de se formation, elle se ferait une joie de lui faire un dîner fait maison pour fêter cela ! Elle se hâta d'envoyer un hibou à Harry et Ginny pour les y convier également, euphorique.


Ayant passée l'après midi à cuisiner, ce qui n'était pas son fort, Hermione relu encore une fois la lettre d'admission. Elle se voyait déjà, arpentant les couloirs de l'École, discuter avec les autres étudiants des sujets les plus intéressants à propos de la législation internationale... Des coups à la porte mirent fin à sa rêverie.


Harry et Ginny faisaient leur apparition, un grand sourire aux lèvres.


- Bonsoir Hermione ! Alors, laisse moi deviner, tu vas à l'EHEM en septembre ? annonça la rousse, taquine.


- Mais comment tu le sais !? s'exclama Hermione, presque déçue de ne pas l'annoncer elle même.


Harry rigola doucement en secouant la tête.


- Hermione, si toi, tu n'étais pas admise à ce concours, qui aurait pu l'être ?


Les trois amis s'amusèrent de cette réflexion et du manque de confiance en elle d'Hermione lorsqu'il s'agissait de ses résultats scolaires.


- D'ailleurs, j'ai cru rêver, mais vous savez qui a passé le concours ? leur raconta Hermione. Malefoy !


- Vraiment... fit Harry, pensif. Ça ne m'étonne pas plus que ça. J'ai entendu dire qu'il se faisait discret dernièrement, il devait préparer le concours j'imagine.


- Il est vrai que les magazines l'avaient un peu lâché cette année, reprit Ginny. J'en viendrais presque à le plaindre, quand je lisais toutes les histoires inventées sur lui et sa famille par Rita Skeeter, cette horrible mégère …


Drago Malefoy n'avait en effet été que peu épargné par l'opinion public depuis la guerre. Lorsque les Mangemorts furent jugés pour crime contre la communauté sorcière, violence, assassinat, tortures et autres chefs d'accusations, la plupart écopèrent de peines de prisons à vie. Les cas de Narcissa et Drago Malefoy échappèrent à cette règle.


Harry s'était juré de témoigner à leurs procès. Il refusait que Narcissa, à qui il devait leur victoire le jour de la bataille de Poudlard, croupisse tout le reste de sa vie en prison, même s'il n'appréciait aucunement cette femme. Mais il l'avait vu être capable d'amour pour son fils, il ne pouvait passer outre ce sentiment. Quant à Drago, l'avoir vu hésiter et refuser de tuer Dumbledore, et le fait qu'il n'ait pas confirmé leur identité lors de leur passage au Manoir Malefoy durant leur chasse aux Horcruxes avait confirmé à Harry sa lâcheté, certes, mais également sa terreur et l'emprise qu'exerçait son père et Voldemort sur lui, un adolescent. L'Élu avait donc demandé à être témoin.


Le juge condamna Narcissa à 2 ans de prison ferme et 3 ans de prison avec sursis, et Drago Malefoy fut condamné à 8 mois de prison ferme et 1 an de prison avec sursis à la grande surprise de la communauté sorcière qui s'insurgea rapidement contre cette sentence, qu'elle trouvait trop légère.


Tout le temps de son incarcération et plus d'un an après, la presse sorcière se déchaîna sur le jeune homme, épiant ses faits et gestes, l'accusant de violence envers ses diverses relations, de complot contre le Ministère, … Rien de tout cela n'était vrai, mais à la grande surprise de Harry et Hermione, le Serpentard ne répondit à aucune accusation, fit profil bas, et devint ainsi de moins en moins intéressant pour la presse à scandale.


- Enfin, en tout cas, j'ai hâte de voir ce que tu vas faire lorsque tu te retrouveras à devoir travailler avec Malefoy à la rentrée ! se moqua Ginny.


- Qui te dit qu'il a réussi le concours ? répondit Hermione, hilare.


- Je pense qu'il y a des chances, si l'anonymat lors de la correction a été correctement conservé, réfléchit Harry à haute voix.


- Imagine la tête de Ron quand tu lui diras que tu dois aller réviser avec Malefoy, continua Ginny.


- D'ailleurs, qu'est ce qu'il fabrique ? s'étonna Harry. Nous avons quitté la salle d'entraînement en même temps, je ne comprends pas pourquoi il n'est pas déjà là ?


- Vous quittez si tôt d'habitude ? demanda Hermione, étonnée. Il ne rentre jamais avant 18 ou 19h, c'est très rare.


Harry et Ginny se jetèrent un regard surpris et éloquent. Cela n'échappa pas à Hermione qui s'inquiéta de plus en plus.


- Qu'est ce que vous me cachez ? paniqua-t-elle.


- Justement, rien du tout, je pensais qu'il rentrait en même temps que moi, se défendit Harry. Ça m'étonne beaucoup de lui. Ça va entre vous en ce moment ? Si ce n'est pas trop indiscret ?


A ces mots, Hermione devint livide. Elle regarda Harry et Ginny tour à tour, ne sachant que faire. La voyant si mal à l'aise, Ginny posa sa main sur son bras, en signe de soutien.


Alors Hermione leur raconta tout, les mois à se disputer, les façons qu'il avait de lui parler et de lui reprocher de travailler, ses plaintes incessantes sur sa formation, et ses sentiments qui s'étiolaient de plus en plus avec le temps.


Le brun était abasourdi. Comment avait-il pu manquer tout cela ? Et comment Ron pouvait traiter Hermione de cette manière. Ginny, quant à elle, semblait en colère.


- Ce petit idiot ! Oui oui je sais, c'est mon frère, mais il ne mérite même pas que je lui adresse la parole ! Quel enfant gâté ! Pour qui se prend-il !? La plus brillante sorcière de tous les temps tombe amoureuse de lui, et qu'est ce qu'il trouve à faire !? Se plaindre que tu étudies, se plaindre que tu veuilles entrer dans une école qui te permettra de changer les fichues lois de ce pays ! Oh je vais le massacrer !


- Non Ginny, s'il te plaît ! Ne lui dites rien ! Je ne voulais pas vous en parler, je ne voulais pas que vous preniez parti pour l'un ou l'autre... J'espère seulement que tout va s'arranger, j'aurais bien sûr du travail avec l'École, mais ça ne devrait pas être aussi lourd à gérer que les révisions du concours...


Une fois encore, le couple échangea un regard lourd de sens. Aucun ne pensa que le couple de Hermione et Ron ne durerait encore très longtemps.




Lorsque ce dernier daigna arriver, vers 19h30, il fut étonné de trouver Harry et sa sœur chez lui. Il fronça les sourcils mais tenta de faire bonne figure.


- Tu étais où ? siffla Hermione, allant le rejoindre près de l'entrée.


- Au département des Aurors, où veux tu que je sois.


- Ne te moque pas de moi Ron ! Harry m'a dit que vous aviez quitté le bâtiment en même temps, il y a plus de deux heures de ça !


Ron parut en colère et surpris à la fois, mais retrouva son visage maussade et haussa les épaules. Il dépassa Hermione la bousculant presque, et alla saluer les invités. Hermione tenta de se calmer, les larmes lui montaient aux yeux. Elle prit quelques minutes avant de revenir dans le salon.

Ginny ne fut pas dupe en la voyant arriver, mais ne dit pas un mot.


En revanche, Harry n'eut pas cette délicatesse.



- Tu sens l'alcool Ron, dit il simplement.


Le jeune homme rougit fortement et ne sut quoi faire. Il prétexta un hibou à envoyer rapidement, et s'éloigna du salon. Il revint quelques minutes plus tard, l'air de rien. Il ne participa que très peu à la conversation. Lors du repas, il demanda soudain :


- Mais au fait, qu'est ce qu'on fête ?


Harry lui jeta un regard noir, et Ginny prit la parole, sèchement :


- Tu n'as pas une petite idée Ronald ? Je ne sais pas moi, qu'est ce qui devait arriver aujourd'hui, que l'on attendait depuis deux semaines.


Même si Ron sembla surpris du ton qu'employait sa sœur, il n'avait aucune idée de ce dont elle parlait. Il haussa une nouvelle fois les épaules, ce qui blessa profondément Hermione.


- Mon concours, dit-elle à voix basse, sans oser le regarder.


- De quoi ? Parle plus fort j'entends rien, la sermonna presque Ron.


C'en était trop pour Hermione. Elle se mit debout et le montra du doigt, furieuse.


- MON CONCOURS ! Tu sais, celui que je prépare nuit et jour depuis presque un an ! Celui qui m'empêchait de te préparer à manger tous les soirs comme une bonne épouse du siècle dernier ! CE CONCOURS ! explosa-t-elle, ne retenant pas ses larmes cette fois.


Ron était plus rouge que ses cheveux. Harry et Ginny préférèrent s'éclipser et saluèrent Hermione en partant, les laissant ainsi seuls.


- Tu ne vas rien dire ? Continua Hermione, à bout.


- Qu'est ce que tu veux que je dise, tant mieux pour toi, maugréa Ron, évitant son regard.



Et ce jour qui aurait dû être joyeux, et porté sur le futur fut tout simplement ruiné par ces quelques mots pour Hermione. Il n'en avait visiblement rien à faire de son entrée à l'EHEM, rien... Elle éclata en sanglot devant lui, et cacha son visage dans ses bras, accablée de cette vérité qui venait de la frapper. Ron continua de manger, mal à l'aise, et ne fit pas un geste pour la consoler. Il la laissa là, dans la cuisine, tandis qu'il allait se coucher. La jeune femme pleura de longues heures, et s'endormit sur le canapé, éprouvée de fatigue et de tristesse.






Les semaines passèrent, Hermione occupaient ses journées à flâner dans les parcs, à s'arrêter pour lire les ouvrages de la liste sur des bancs, au soleil, pour profiter le plus possible de la lumière et de la chaleur. L'été battait son plein, les enfants couraient et s'arrosaient avec des pistolets à eau, les couples se promenaient main dans la main, s'enlaçant, les jeunes mamans promenaient leurs bébés dans leurs poussettes en leur montrant un brin d'herbe, un insecte, tout ce qui se trouvait sur le chemin.



Hermione soupira une fois encore. Les cours à l'École des Hautes Études Ministérielles commençaient le lendemain. L'été touchait à sa fin dans les rues de Londres. Elle avait hâte, tellement hâte d'apprendre de nouvelles choses, de découvrir ses professeurs, les autres reçus au concours, mais elle angoissait énormément.




L'été n'avait pas arrangé les problèmes entre elle et Ron. Cela faisait des semaines qu'ils se croisaient dans leur propre appartement. Aucun d'eux ne prenait la décision qui s'imposait. C'était trop difficile. Trop incertain aussi. Que deviendraient-ils ? En l'état, Hermione ne le considérait même plus comme un de ses meilleurs amis. Elle soupira encore une fois. Il fallait rentrer. Préparer ses affaires, relire quelques passages pour être prête pour cette rentrée. Préparer son sac pour emmener ses affaires de cours. Ses nouvelles plumes, ses nouveaux parchemins. Et affronter Ron, une fois encore. Lui qui passait ses journées de libre chez sa mère, et ne revenait que tard le soir. Lui qui avait échoué à ses examens pour devenir Auror. Recalé, dans l'obligation de refaire une année de formation. La jeune femme jeta un dernier regard sur les personnes autour d'elle, qui respiraient le bonheur, et se décida enfin à avancer, et les laisser derrière elle.



Son sac prêt, déposé sur sa chaise de bureau, Hermione décida de trouver de quoi grignoter, n'ayant pas envie de cuisinier ce soir là. Ron ne rentrerait que plus tard de toute façon. Ses notes à la main, elle se plongea dans sa lecture tandis qu'elle grignotait de l'autre, sur son canapé. Elle s'assoupit probablement, puisqu'elle fut réveillée par un claquement de porte. Elle leva les yeux aux ciel, Ron venait visiblement de rentrer. L'ignorer sembla la meilleure solution. Elle vit dans son champ de vision qu'il passa près du salon et se dirigea tout droit vers la cuisine. Ce qui était attendu. En revanche, Hermione ne s'attendait certainement pas à ce qu'il balance des ustensiles de cuisine. Elle se leva précipitamment.



- Encore rien de préparer pour ce soir ! Évidemment ! Madame rentre dans son école de lèche cul du ministère, elle n'a pas le temps pour ça ! s'écria-t-il.


Hermione fut surprise de sa véhémence, elle qui ne l'avait pas croisé de la journée, ni même du week-end. Elle ne savait même plus comment réagir à tout ça. Lassée, elle soupira bruyamment et retourna dans son canapé. Ce qui n'était probablement pas la meilleure solution, compte tenu de la réaction du roux. Ron déboula dans le salon, et recommença à hurler.


- Et tu n'as rien à dire pour t'excuser !


Hermione sentit des effluves d'alcool émaner de son fiancé.


- M'excuser de ? Entrer dans l'école la plus prestigieuse de notre pays ? Ou de ne pas avoir préparer à mon fiancé de quoi manger parce que je n'avais pas faim et que je ne savais pas qu'il rentrerait si tôt ? répondit-elle, très calme et tranchante.


- Arrête de te foutre de moi ! Tu ne fais que parler de cette foutue école, tout le monde d'ailleurs ! Même ma mère n'a pas arrêté de parler de ça aujourd'hui ! Et moi ! Moi dans tout ça ! Qui s'en soucie que je refasse une année de formation, alors que je mérite d'être Auror ! Je le mérite ! hurla-t-il plus fort.


- Je t'arrête tout de suite, dit elle, les yeux plantés dans les siens. Je m'en suis souciée, pendant deux ans. Malgré tes plaintes, malgré tes difficultés, malgré ton aigreur et ta jalousie. Donc ne va pas t'étonner qu'effectivement, maintenant, j'ai d'autres choses à penser.



Elle se détourna de lui et alla ranger le paquet de biscuits entamé. Elle sentit Ron arriver violemment derrière elle et lui attraper le bras, le serrant de toutes ses forces, fou de rage.


- TU AS DIT QUOI ? D'autres choses à penser ?! Tu vois quelqu'un d'autre c'est ça !?


Hermione était sous le choc. Jamais encore il n'avait osé la violenter physiquement. Elle pu sortir sa baguette et lui lança un sort informulé qui l'expulsa à quelques mètres d'elle, où il retomba mollement.


- Ron, dit la jeune femme, la voix tremblotante, tu te rends compte de ce que tu viens de faire ?


Elle s'effondra sur le sol, ses jambes ne la tenant plus. Elle commença à trembler. Non pas de peur, mais le choc psychologique provoqua ces réactions. Ron l'avait violenté. Il avait posé la main sur elle. Il pensait qu'elle le trompait. Il ne supportait pas qu'elle rentre dans cette école. Qu'elle réussisse. Toutes ses pensées se mélangèrent, provoquèrent de lourds sanglots.


Ron se redressa, assistant à la scène. Il fut pris de remord, mais il ne pouvait plus être là. Il sortit précipitamment de l'appartement, la laissant seule, une fois encore.

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