L'Ecole des Hautes Etudes Ministérielles

Le réveil fut un peu rude pour Hermione. Sa tête la faisait souffrir terriblement lorsqu'elle tentait d'ouvrir les yeux pour arrêter son réveil. Quelle idée avait-elle eu de le programmer après la soirée de rentrée ! A force de grands efforts, la jeune femme réussit à se lever pour se faire un thé bien chaud. Elle émergeait péniblement, lorsque le souvenir de la fin de soirée avec Malefoy revint à son esprit. Même si ce n'était en rien sa faute, elle ne pouvait s'empêcher de s'en vouloir. Sa réaction, incontrôlée, certes, semblait inappropriée. Après tout, Drago Malefoy avait payé pour ses fautes, son emprisonnement en était la preuve. Cependant, la Marque des Ténèbres rappelait tellement de mauvais moments à Hermione … Elle s'excuserait malgré tout, lorsqu'elle le verrait à la Bibliothèque plus tard dans la journée, comme il en était l'habitude le samedi depuis leur rentrée.

En entrant dans la salle de recherches, elle se dirigea rapidement dans leur coin favori, un peu à l'écart des autres tables. Quelle ne fut pas sa surprise, ou sa déception, lorsqu'elle se rendit compte que personne n'y était installé ! Malefoy n'était pas là... Etait-il en retard ? Une idée s'insinua alors dans ses pensées. Il était possible qu'il ne soit pas là à cause de sa réaction à la soirée de rentrée... La culpabilité ne la quitta pas de la journée, et l'empêcha même par moment de se concentrer convenablement.

Hermione ne retrouva pas la bonne humeur le lendemain non plus, Malefoy n'étant toujours pas revenu à la Bibliothèque. Elle se sentait de plus en plus coupable.

Le lundi matin, elle le fixa de longues minutes lors du premier cours, mais pas une fois il ne tourna pas le visage vers elle. Elle semblait ne plus exister. La culpabilité laissait de plus en plus de place à la colère. Rien ne méritait qu'il l'ignore royalement. A chaque fin de cours, elle se hâtait dans le but de se retrouver nez à nez avec lui et engager un dialogue, mais rien n'y faisait ! Il excellait dans l'art de se faufiler et de disparaître, un vrai Serpentard !

Mais sans en être responsable, Hermione eut bientôt la possibilité d'enfin lui adresser la parole. Le vendredi après midi, lors du dernier cours de l'après midi, celui de Magie Expérimentale, le professeur Clemence se trouvait plus guilleret qu'à son habitude. Cela intrigua les étudiants.

- Avant de vous laisser partir, je voulais vous annoncer que ça y est, avec le corps professoral, nous nous sommes mis d'accord sur les projets de recherches que vous aurez à présenter cette année ! A l'évidence, vous êtes en première année, et donc des débutants, si je puis dire, c'est pourquoi nous avons prévu de vous faire travailler en binôme ! N'est ce pas tout à fait excitant !? déclama-t-il, visiblement au comble de l'ironie.

Les élèves se regardèrent tous, étonnés et inquiets quant à la révélation de leur partenaire de recherches.

- Je vous préviens dès à présent, aucun changement ne sera accepté à propos de votre groupe, ou bien même du sujet de recherches, ils ont été décidés par tous les professeurs en toute connaissance de cause. Je ne tolérerai aucune plainte. Alors ouvrez bien vos oreilles pendant que je lis les groupes et leur sujet !

Le professeur Clemence commença donc à énoncer des groupes et des sujets de recherches qui semblaient passionnants aux yeux d'Hermione. En revanche, elle était inquiète, elle avait toujours trouvé les travaux de groupes déséquilibrés et compliqués, les autres élèves étant en général moins rigoureux et moins impliqués qu'elle. Avec qui allait-elle pouvoir tomber ? …

- Et enfin, le dernier binôme, évidemment, Mr Malefoy et Miss Granger, qui traiteront de la théorie de l'énergie des sortilèges. Vous trouverez sur cette table des bibliographies pour vous orienter dans vos recherches, venez récupérer la votre en sortant de classe. Bon week-end à tous, et bonnes recherches !

La tirade du professeur terminée, Hermione fut abasourdie. Elle allait devoir non seulement travailler sur un sujet qui de prime abord ne l'intéressait pas vraiment, et qui plus est, avec Drago Malefoy. Certes, elle voulait une occasion de pouvoir s'excuser pour la soirée de rentrée, mais de là à devoir travailler avec lui tout le reste de l'année sur le plus gros devoir à rendre ! Elle prit la tête dans ses mains, dépitée, tandis que les autres étudiants rangeaient leurs affaires. Deux mains vinrent se poser sur sa table, et elle releva le visage.

- Sache que ça ne me fait pas plus plaisir qu'à toi Granger, commença Drago, mais tu as entendu Clemence, aucune plainte... Donc...

- Donc nous allons devoir rester professionnels et s'organiser, le coupa Hermione, plus brutalement qu'elle ne l'avait voulu.

Il ne releva pas et opina simplement. En sortant, ils prirent tous les deux la bibliographie nécessaire et se dirigèrent vers la sortie.

- Je voulais m'excuser, déclara Hermione, mal à l'aise. Au sujet de vendredi dernier. Enfin, c'était mon intention première, mais ton comportement de cette semaine me fait hésiter.

- Je ne voyais pas en quoi t'imposer ma présence, qui te terrifie, était une bonne chose, répondit le jeune homme, sèchement.

- Malefoy, la... la Marque m'a surprise, je ne pensais pas la revoir un jour, ce n'est pas évident de la remarquer et ne de pas se souvenir de tout ce qu'elle impliquait. Je veux bien m'excuser pour ne pas avoir contrôlé mes pensées, mais ça sera tout.

Drago resta silencieux, tandis qu'ils marchaient tous les deux vers la Bibliothèque, sans s'être même concertés à ce sujet. Ils restèrent silencieux et allèrent s'installer dans leur salle de travail habituelle.

- Bon, je pense qu'on devrait commencer à lire les ouvrages au sujet de la théorie sur les sortilèges, que l'on puisse travailler sur de bonnes bases, et ne pas s'éparpiller, tu ne crois pas ? Nous avons le temps de toute façon d'avancer, puisque nous en avons pour le reste de l'année … proposa Hermione, songeuse, les yeux rivés sur la cinquantaine de titres de la bibliographie.

- Je pense aussi. Disons que je prends ceux là, répondit Drago, sortant de son mutisme, et toi ceux là ? On pourra faire un point une fois qu'on les aura lu.

- Ça me va.

Les deux étudiants filèrent donc dans les rayons de la grande bibliothèque a la recherche des ouvrages tant convoités, et revinrent s'asseoir, cette fois à la même table de travail, les livres éparpillés autour d'eux. Aucun des deux ne parla plus pendant les heures qui suivirent, plongés dans les ouvrages théoriques. La concentration était de mise. Juste avant la fermeture, épuisés, ils rentrèrent chez eux.

Ils travaillèrent tout le week-end à la bibliothèque, reprenant leurs habitudes. Cela convenait à Hermione. Ils se motivaient mutuellement sans même discuter.

Les jours suivants, l'ambiance semblait s'être apaisée entre eux. A l'école, leurs regards se croisaient parfois, et ils partaient toujours ensemble le soir pour aller étudier.

Il était déjà tard lorsqu'Hermione rentra dans son appartement le vendredi soir. Sa tête bourdonnait de tant de nouvelles connaissances et théories. Quelques lettres étaient arrivées ce jour là, et elle les ouvrit sans réaliser ce qu'elle avait sous les yeux. Une des lettres était l'échéance de son loyer... Le prix lui paraissait largement dans ses moyens lorsque Ron partageait sa vie, mais il lui semblait à présent exorbitant ! Comment allait-elle pouvoir payer avec uniquement sa bourse de l'EHEM !? Une recherche d'appartement s'imposait ! Elle allait devoir partir d'ici, et retourner vivre dans un studio, ou en tout cas, dans quelque chose de plus abordable... Elle regarda rapidement les annonces de logements sur la Gazette du Sorcier, mais rien ne semblait convenir... Tant pis, elle s'y mettrait sérieusement les prochains jours, cela devenait urgent.

Le lendemain, elle se dépêcha de rejoindre Drago à la Bibliothèque, elle avait raté son réveil ! Lorsqu'elle s'approcha de leur table commune, elle ne put s'empêcher de remarquer le sourire goguenard du jeune homme.

- Oh d'avance, s'il te plaît, ne dis rien ! soupira t-elle en s'installant bruyamment sur la table, ce qui lui valut quelques regards mauvais des autres occupants de cette salle.

- Qu'est ce qui t'es arrivé Granger ? Tu as l'air d'avoir couru dans tout Londres, se moqua-t-il, tout sourire.

Exaspérée, Hermione qui n'avait encore pas pris le temps de s'asseoir, leva les yeux au ciel, souriant à son tour.

- Presque, figure toi ! J'ai complètement oublié de me réveiller, je n'ai pas vraiment dormi, j'ai tellement angoissé sur la recherche d'un autre logement que j'en ai fait des insomnies, raconta-t-elle en ouvrant un livre à la bonne page devant elle, sa plume prête à l'emploi pour prendre des notes.

- Dis plutôt que tu voulais faire une grasse matinée... Enfin, ce n'est pas comme si je t'attendais depuis, ah oui, presque deux heures, fit-il ironique, en regardant sa montre.

Ils se regardèrent en souriant, l'une épuisée, l'autre hilare de cette rare situation.

Au même moment, un homme entra dans leur salle de recherche et posa les yeux sur eux.

- Hermione ! s'exclama une voix forte, brisant le silence de a bibliothèque.

La jeune femme releva le visage, surprise d'entendre cette voix dans ce lieu. Elle se leva derechef, angoissée.

- Ron ! Qu'est ce que tu fais là ? chuchota-t-elle, dans l'espoir de le faire baisser la voix.

- Ce que je fais là ! Et bien je voulais m'excuser, et comme tu n'étais pas à l'appartement, j'ai pensé que tu serais ici, mais visiblement tu n'as pas besoin de mes excuses ! Regardez ça ! cria-t-il, interpellant les autres visiteurs du lieu, Hermione Granger m'a déjà remplacé par Malefoy ! Malefoy ! Tu me dégoûtes ! cracha-t-il en sa direction, fou de rage.

Il repartit à grand pas, en tapant du poing sur une table et disparut du champ de vision d'Hermione. Elle était sous le choc. Tout le monde la regardait, certains souriaient, d'autres ne savaient visiblement pas à quoi ils venaient d'assister, et quelques personnes firent mine de n'avoir rien entendu. Elle sentit soudain une main sur son bras, ce qui la fit remarquer qu'elle tremblait.

- Granger ? dit doucement Drago.

Lorsqu'elle fut capable d'assembler les événements qui venaient de se dérouler, les larmes lui montèrent aux yeux et elle fit précipitamment ses affaires. Il fallait qu'elle sorte d'ici, elle sentait la honte l'envahir. Les larmes se déversèrent sur son visage bien plus tôt que prévu, et elle rangea son livre d'un geste rageur avant de laisser Malefoy en plan, sans un mot. Avant même qu'elle ne puisse sortir de la salle, une main lui attrapa le bras et la guida vers une toute petite salle presque oubliée de la grande Bibliothèque, à l'abri des regards.

Elle s'effondra derrière une étagère de livres, ses derniers efforts pour se contenir s'affaissant avec elle. Les sanglots la firent hoqueter, puis peu à peu, elle parut se calmer. Durant toute cette scène, Drago était resté debout, les bras croisés, adossé au mur, songeur.

- C'est bon Granger, tu peux parler ? C'était quoi, tout ça ? demanda-t-il calmement.

- Je... Excuse moi, je suis dans un sale état. Ce... Je n'en reviens pas qu'il m'ait fait ça.

- Mais aux dernières nouvelles, tu ne filais pas le parfait amour avec Weasmoche ? ne put se retenir Drago.

- Et bien … nous avons rompu il y a quelques semaines. Notre relation était devenue invivable, dirons nous. Mais qu'il ose me faire une scène pareille, je me sens presque plus blessée maintenant que je ne l'étais de notre rupture. Et qu'il ose penser que …. avec toi... bégaya Hermione, visiblement outrée à cette idée.

- Je te remercie Granger, c'est toujours agréable ! ironisa Drago, faussement vexé.

La jeune femme esquissa un sourire, et tenta de sécher ses larmes.

- Qu'est ce que tu veux faire ? Rentrer chez toi pour ressasser ce mauvais moment ? Ou te plonger dans un bon bouquin théorique pour penser à autre chose ?

- C'est sûr que vu comme ça, répliqua Hermione, de mauvaise foi, en se relevant.

- Bien, alors Miss-je-sais-tout, au travail ! Et dans cette petite salle si tu préfères... ajouta-t-il devant le regard hésitant de la jeune femme.

Le soir venu, les jeunes gens rangèrent leurs affaires et prirent le chemin de la sortie. Ils sortirent doucement du bâtiment et Hermione s'arrêta, réfléchissant à ce qu'elle voulait dire. Drago se retourna vers elle.

- Quoi encore Granger ?

- Oh, je voulais juste te dire merci d'être resté avec moi aujourd'hui après … après la scène de ce matin, mais si ça t'embête, je ne vais pas te le dire... répondit-elle, souriant doucement de sa répartie.

Il lui répondit par un sourire, qui s'effaça rapidement lorsqu'il regarda devant lui. Elle suivit son regard et fut abasourdie. Une dizaine de journalistes et photographes se rua vers eux, les interpellant bruyamment.

- Mr Malefoy ! Pensez vous pouvoir vous racheter aux yeux de la société en vous mettant en couple avec une héroïne de guerre ?

- Miss Granger, on connaît votre penchant pour les personnalités connues, Drago Malefoy paraît être un numéro de plus dans votre liste ?

Les questions irrespectueuses fusaient rapidement, et les deux jeunes gens furent obligés de repousser les assaillants pour continuer à avancer.

- Mais ce n'est pas vrai ! s'exclama Hermione, outrée par ces pseudos affirmations.

Drago Malefoy lui prit le bras brusquement et lui fit signe de se taire, et il transplana, ne lui laissant pas le temps de se préparer. Lorsqu'ils réapparurent dans une petite ruelle, Hermione tomba par terre, ses jambes ne la soutenant plus. Elle prit sans s'en rendre compte le bras que Drago lui tendait.

- Il ne faut jamais répondre aux journalistes Granger, expliqua-t-il doucement. Ça ira pour transplaner jusqu'à chez toi ?

Elle hocha la tête, et reprit doucement ses esprits.

- Je ne pense pas qu'il soit sage de se retrouver à la Bibliothèque demain, ils seront encore là, de toute façon, on a quelques livres chacun sur lesquels travailler d'ici lundi, on mettra en commun nos notes en sortant de l'école lundi soir, ça te va ? lui demanda-t-il, pragmatique.

Elle plongea son regard dans le sien, toujours vaseuse, et acquiesça. Elle se concentra suffisamment pour transplaner non loin de son appartement, et ce n'est qu'une fois chez elle qu'elle put s'effondrer enfin. Le canapé avait disparu. Ainsi que la table du salon, mais pas les chaises... Comprenant pourquoi, elle ne put qu'étouffer un sanglot. Ron était venu chercher les meubles qu'il avait payé. Cette fois, le changement d'appartement n'en devenait que plus urgent...