L'Ecole des Hautes Etudes Ministérielles

Chapitre 7

2360 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 15/02/2022 13:35

Le lundi matin, Hermione était prête à confronter Drago avec ses mensonges, ou plutôt ses non-dits. En entrant dans l'École, elle pressa le pas vers l'amphithéâtre où leur promotion devait avoir son premier cours de la journée. Comme souvent, elle trouva Malefoy au fond de la salle, et elle avança d'un pas décidé vers lui.


- Malefoy ! s'exclama-t-elle.


Tous les étudiants qui s'installaient dans l'amphithéâtre tournèrent la tête dans leur direction. Drago, quant à lui, ne répondit rien, et regarda étonné la jeune femme.


- Je sais pour l'appartement ! Comment as tu pu me mentir à ce sujet ! cracha Hermione, d'un ton qui laissait chaque personne l'entendre d'un bout à l'autre de la salle.


Elle s'apprêtait à continuer sa tirade lorsque Drago se leva et lui prit brusquement le bras pour la guider hors de l'amphithéâtre, sous les yeux de toute leur promotion, intriguée. Hermione ressentit un courant électrique la parcourir lorsqu'il posa la main sur elle, et elle tenta de se dégager violemment. En vain, puisqu'il lui lâcha le bras une fois seuls dans le couloir.


- Ça va pas la tête ! l'agressa-t-elle. Non seulement tu te permets de me traîner où tu veux, mais en plus de ça tu me pièges pour que je vive dans un appartement que je sous paye ! Je ne veux pas t'être redevable Malefoy ! Tu te rends compte de la différence de loyer entre ce que je paye et ce que les autres locataires paient !? C'est injuste, je n'ai rien à faire dans ce quartier ni dans ce logement, tu aurais du me dire ce que tu préparais, je t'aurais évidemment dit non !


Drago la regardait intensément, calme. En déversant toute sa colère, Hermione s'était beaucoup rapprochée de lui, et il devait baisser la tête pour la regarder, ce qui laissait tomber ses cheveux devant ses yeux. Il attendit qu'elle soit à bout de souffle pour la regarder dans les yeux, ce qui eut pour résultat de rendre la jeune femme mutique.


- Dans un premier temps, je me suis trouvé dans l'obligation de te sortir de cette salle, puisque tu te donnais en spectacle. Avec la presse attentive à nos moindres faits et gestes, j'ai trouvé ça plutôt idiot de nous afficher ainsi devant des dizaines de témoins. Ensuite, pour l'appartement... Oui. J'ai organisé tout ça. Je peux concevoir que tu te sentes humiliée ou redevable mais quand on y réfléchit bien... J'ai fait ça dans un tout autre but. En fait, je voulais simplement t'aider. Cela me paraissait être un juste retour des choses, si on considère... le passé. Disons certains événements durant la guerre, si tu préfères.


Ses yeux se perdirent quelques instants dans des souvenirs difficiles, et Hermione se remémora le Manoir Malefoy, avant de fermer les yeux pour qu'il disparaisse de son esprit.


- Mais... Malefoy, je ne peux pas continuer à vivre dans cet appartement, maintenant que je sais la vérité, insista Hermione, résolument apaisée et quelque peu mal à l'aise de l'explication du jeune homme. Ou alors je dois te rembourser, je dois pouvoir faire quelque chose pour arranger ça … Je suis mortifiée à l'idée de vivre à tes crochets, je vais devoir chercher un autre appartement.


- C'est dommage, répondit-il simplement. Je sais qu'il correspondait parfaitement à ce que tu recherchais. Je ne peux pas t'obliger à y rester, mais garde le, le temps de trouver autre chose, ou plutôt le temps du projet de recherches, il est très bien placé.


- J'avais remarqué...


Elle n'acquiesça pas à la proposition de Drago, mais au fond d'elle, elle n'avait pas déjà envie de partir de cet appartement, elle y était tellement bien... Il lui faudrait pourtant reprendre ses recherches, mais rien ne pressait.


Ils entrèrent tous les deux dans l'amphithéâtre.


- Merci de nous faire part de votre présence Miss Granger et Mr Malefoy ! ironisa le professeur, en les regardant s'asseoir et sortir leurs affaires.




Les deux étudiants firent profil bas toute la journée, même si personne ne les voyait l'un sans l'autre entre les cours. Comme tous les soirs, ils allèrent la Bibliothèque. Leur projet avançait doucement. La théorie des sortilèges leur avait permis de se faire une très bonne idée de comment les sortilèges fonctionnaient, mais dans la plupart des ouvrages à ce sujet, il s'agissait toujours de magie dite blanche, c'est à dire des sortilèges qui invoquaient des actions plutôt positives. Hermione et Drago avaient donc commencé à s'interroger sur ce qu'il se passait lorsque des sortilèges de magie noire étaient invoqués ou inventés. Cela posait d'ailleurs une autre problématique, comment contrôler les nouveaux sortilèges, comment les détecter comme bons ou mauvais ? C'était là leur angle de recherche, mais pour cela, il était nécessaire qu'ils aient accès à des ouvrages sur les sortilèges des Forces du Mal. Mais les livres sur le sujet étaient très rares ou non répertoriés, car cet axe de recherche avait pendant longtemps été contrôlé par le Ministère.


- Je pense que je pourrai trouver des ouvrages qui pourraient nous être utiles, se hasarda Drago, en descendant l'escalier principal de la Bibliothèque.


- Mais ? demanda Hermione sentant une hésitation dans son intonation.


- Mais ce sont des livres qui appartiennent à la bibliothèque du Manoir … répondit doucement le jeune homme, sans oser lever les yeux vers la brune.


A ces mots, Hermione eut à nouveau des souvenirs horrifiques de son passage au Manoir Malefoy, et elle s'entendit hurler de douleur lorsque Bellatrix l'avait torturé. Elle en eut des frissons. Elle fit mine de les mettre sur le froid de cette nuit de novembre en sortant de la Bibliothèque.


- J'espère ne jamais revoir cet endroit, commenta-t-elle dans un souffle.


- J'ai vécu les pires moments de ma vie dans ce Manoir, acquiesça-t-il en guise de réponse.


Les deux étudiants se jaugèrent du regard.


- A la différence que je n'avais pas fait le choix d'y être, répondit Hermione, plus sèchement qu'elle ne l'aurait voulu.


En prononçant ces mots sans réfléchir, la jeune femme vit Drago se fermer et soupirer. Dans le regard qu'il lui lança, elle détecta de la colère mais aussi de la fatigue et de la déception ? Il se détourna alors, et commença à s'éloigner. Il se retourna une dernière fois.


- Si c'est ce que tu penses Granger, alors tu n'es certainement pas la sorcière la plus brillante de notre génération.


Elle ne sut dire pourquoi, mais ces mots la touchèrent énormément. Elle se sentit honteuse. En marchant jusqu'à chez elle, elle sut qu'elle avait fait une erreur. Il était évident que Malefoy n'avait pas demandé à naître dans cette famille, ni à ce qu'on lui inculque toutes ces idées malfaisantes. Même lorsque Voldemort était revenu, il n'était qu'un adolescent, et avait suivit les allégeances de son père. Et pourtant... Elle ne pouvait s'empêcher de penser que eux, Harry, Ron , elle, ils avaient fait le choix de ne pas accepter tout ça. Ils avaient résisté, ils s'étaient battus, quitte à perdre des amis.



A nouveau, Drago ignora la jeune femme les jours suivants, faisant mine de ne pas la voir à l'École. Il ne venait plus à la Bibliothèque, ce qui accentuait la culpabilité d'Hermione. Elle n'avait pas eu besoin de plus de quelques heures pour la ressentir, sachant que les mots qu'elle avait prononcé étaient irréfléchis. Malefoy n'avait pas choisi sa famille, et la crainte pour lui et sa famille que devait inspirer Voldemort semblait une pression terrible, pensa Hermione, avec le recul.


Depuis trois jours, elle n'avait donc plus aucune nouvelle de Drago, ni même pour leur projet de recherches. Elle avait beau essayer de se dire qu'il s'agissait surtout de l'anxiété face à un partenaire de recherche qui ne participait pas, en réalité, la jeune femme avait conscience que Drago Malefoy lui manquait. A cette pensée, Hermione se morigéna. Cela n'avait aucun sens. Et pourtant... Avec qui passait-elle tout son temps libre ? Comme Harry l'avait suggéré, c'était avec son ancien ennemi. Elle lui parlait tous les jours, du projet, de l'école, ou de sa rupture avec Ron... Ils étaient devenus... Amis ? Et elle devait aussi admettre qu'il était brillant lorsqu'il s'exprimait sur le projet de recherches. Elle devait se faire à cette idée. Il lui manquait.


Elle prit alors son courage à deux mains. Une plume dans la main, elle se mit à écrire.


Malefoy, je suis vraiment désolée pour mes propos. Vraiment...

J'ai peur que nos recherches en pâtissent. J'espère que nous pourrons aller de l'avant.

Bonne soirée

Hermione Granger


Elle relu sa courte missive, mal à l'aise. Elle n'avait jamais écrit à Malefoy, c'était tellement... bizarre. Sa chouette hulula sur le rebord de la fenêtre, contente d'avoir du travail. La missive attachée, l'oiseau s'envola au dessus des toits de Londres. Hermione regrettait déjà d'avoir écrit ce mot. Elle referma la fenêtre, frigorifiée, et alla s'installer pour lire. A peine eut-elle le temps de tourner une page que Amelda grattait avec son bec à sa fenêtre. Comment était-ce possible qu'elle soit déjà de retour ?


Un parchemin était attaché à sa patte, à la grande surprise d'Hermione. Cela faisait à peine 10 minutes que sa chouette était partie... Elle appréhendait la réponse de Drago, et n'en fut que plus écœurée... Aucun mot personnel, simplement l'avancement de ses travaux au sujet du projet. La déception était grande... Elle voulait que tout redevienne comme avant...Une idée germa alors dans sa tête. Il fallait qu'ils puissent tirer ça au clair !


Elle écrit rapidement une réponse au dos de ses notes et renvoya Amelda une nouvelle fois, contente d'elle.


Drago poussa un soupir lorsqu'il entendit à nouveau la chouette de Hermione. Il se leva du canapé et détacha la missive.


Retrouve moi samedi matin à 10h au Park Coffee pour discuter du projet.


Rien d'autre. Il en fut étonné.


- Alors, qu'est ce qu'elle dit ? demanda Blaise, un verre à la main, assis dans un fauteuil non loin du blond.


Pour toute réponse, il lui donna le morceau de parchemin.


- Pourquoi allez dans un café alors que vous pourriez allez à la bibliothèque ?


- Je ne sais pas Blaise, ça n'a pas beaucoup de sens en effet... Peut être parce que dès qu'on discute un peu trop, les bibliothécaires nous intiment de nous taire.


- Tu vas y aller ?


- Je pense que oui... le projet doit avancer, je ne peux pas rater cette année tu le sais bien. Même si la situation n'est pas idéale...


- Pas idéale ? La seule chose qui a changé depuis la rentrée c'est que tu es en froid avec Granger, se moqua Blaise.


- Ce qui fait que je n'adresse plus la parole à personne dans la promo, Blaise, essaye de suivre.


- Elle te manque, en résumé, continua Blaise, hilare de la tournure de cette conversation.


Drago ne répondit pas et posa son regard sur son verre de Whisky Pur Feu. Il n'avait pas formulé la situation en ces termes, mais effectivement, cela ne relevait pas de l'absurde. C'était tout à fait étrange pour lui.


- Peut être bien, avoua-t-il a mi voix.


- Rien de bien grave alors. Après tout, vous êtes le couple le plus en vue du monde des sorciers en ce moment, ironisa le brun.


- Hilarant, vraiment Blaise... En réalité, toute cette « relation » nouvelle avec Granger, je ne sais pas. Je n'arrive pas à toujours savoir comment elle va réagir. Un jour elle m'accepte, je me dis qu'elle a compris que j'ai évolué, et le lendemain elle me rejette toutes les choses indignes que j'ai pu faire pendant la guerre. Et ça me met en colère, je ne peux pas faire grand chose de plus, si elle ne voit pas le chemin parcouru jusqu'à aujourd'hui, je ne vois pas l'intérêt de continuer à lui parler, se livra Drago.


- Et bien... Cette histoire t'embête bien plus que ce que je pensais ! Elle te plairait pas un peu, Granger ? s'amusa Blaise en servant à nouveau son ami et lui même.


- Oh je t'en prie, ça n'arrivera jamais, assura le jeune homme.


- Parce que tu n'en as aucune envie, ou parce que tu penses qu'elle ne voudrait pas de toi ? continua Blaise, narquois.


- D'une part, je n'ai jamais rencontré une seule femme avec qui j'avais décidé de coucher qui m'ait repoussé, d'autre part, je ne dis pas que son physique me laisse indifférent, mais enfin Blaise c'est Granger. C'est Granger.


- Et donc ? La guerre est finie, vous avez tous les deux grandit, elle vient de se faire larguer par le Weasley numéro je ne sais combien, tu te comportes comme un parfait gentleman, tu lui as même trouvé un appart à deux pas de chez toi... Et la presse prépare déjà les esprits pour une éventuelle réelle relation, rigola-t-il. Alors pas de fausses excuses.


- Je n'ai pas à trouver des excuses pour quelque chose qui ne m'intéresse pas, d'ailleurs tu ne la connais même pas, je n'ai pas envie que tout ça devienne un jeu ou un pari, répliqua Drago, pour mettre fin à cette conversation.


- D'accord, d'accord, très bien... Mais tu ne viendras pas te plaindre le jour où je me vanterai en te disant « je te l'avais bien dit » ! abdiqua son ami.


- Au fait, tu restes combien de temps déjà ? ajouta Drago.


Blaise lui répondit par un éclat de rire, et pris davantage ses aises sur le canapé de son meilleur ami.

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