L'Ecole des Hautes Etudes Ministérielles

- Qui fut la première personnalité du monde magique à vouloir donner des droits aux créatures magiques ? demanda la professeur de Législation Magique, d'une voix forte dans la classe.

Sans surprise pour les autres étudiants, Hermione leva la main à toute vitesse.

- Miss Granger, je vous écoute.

- Il s'agit de Elfrida Clagg, au 14e siècle, mais cela a échoué, répondit Hermione à toute vitesse.

- Tout à fait, acquiesça le professeur, elle avait proposé ces réformes alors qu'elle venait de prendre la tête du Conseil des Sorciers à cette époque. Elle était très en avance sur son temps ; d'ailleurs, …

Hermione écrivait consciencieusement les paroles de sa professeur, ravie d'avoir pu intervenir. Rien ne la déconcentrerait, et surtout pas Drago Malefoy, à la table voisine, qui soupirait à chaque bonne réponse de la jeune femme. Quand elle croisait son regard, il arborait son célèbre sourire en coin, moqueur. Levant les yeux au ciel, Hermione souriait de ces réactions. Pour la première fois de leur scolarité, il agissait ainsi non pas par haine, mais par amitié, sans arrière pensée négative. Elle se rendit compte que c'était tout à fait plaisant.

Le professeur les libéra enfin de ce premier jour de la semaine. Lorsqu'elle sortit enfin de l'école, Hermione remarqua que Drago l'attendait sur le perron, allumant sa cigarette et la regardant arriver vers lui.

- Bibliothèque ? Demanda-t-il simplement.

Hermione acquiesça et respira, soulagée. Au moins, il n'avait pas fait d'allusion à son comportement de la veille. Il agissait comme si tout était normal, et qu'elle n'avait pas été vérifier qu'il allait bien. Ils travaillèrent environ deux heures sur leur projet de recherche, très sérieusement.

- Messieurs dames, je vous invite à prendre la direction de la sortie, entendirent-ils, penchés sur leurs notes.

- Mince, je n'ai pas vu l'heure ! s'exclama Hermione, en rangeant ses affaires.

Sans un mot, ils sortirent du grand bâtiment et s'éloignèrent en direction de leurs appartements. Au moment de se séparer pour regagner leurs logements respectifs, dans cette soirée d'hiver pluvieuse, Hermione sortit une main de ses poches, et salua brièvement le blond.

- Bonsoir Malefoy, à demain.

- A demain Granger... Je vais dîner avec ma mère ce soir. Tu veux que je t'envoie un hibou pour que tu saches que je vais bien ? ironisa-t-il, tout sourire.

- Oh ça va, ce n'était pas la peine d'en reparler, soupira Hermione en rougissant.

- C'est vrai, dit-il en se rapprochant de la jeune femme. Au fait Granger, tu devrais vraiment te débarrasser de l'immondice qui te sert de pyjama...

Hermione le dévisagea abasourdie. Elle ne put répondre, qu'il reprenait déjà.

- Il est sans doute à Weasmoche non ? Aucune raison de le garder alors... Excepté s'il te manque, souffla-t-il, moqueur, en commençant à s'éloigner.

- Cet immondice, comme tu dis, me sert de pyjama depuis très longtemps, mais il ne me semblait pas que tu avais ton mot à dire sur ma façon de m'habiller pour dormir. Et si tu tiens vraiment à le savoir, non, Ron ne me manque pas, mais il te suffisait de le demander normalement pour le savoir, répliqua-t-elle, à la fois vexée et outrée des insinuations du blond.

Pour toute réponse, Drago la fixa intensément et sourit. Il opina, et s'éloigna tranquillement dans la nuit, laissant Hermione songeuse devant son appartement. Songeuse mais souriante, se rendit-elle compte. Elle soupira en montant les escaliers de son immeuble, ne comprenant plus rien à ses émotions. En revanche, elle se questionna sur Ron... Lui manquait-il ? Non. Il ne lui manquait plus. Elle l'avait beaucoup aimé, mais l'amour s'était estompé depuis un moment déjà, plus vite qu'elle ne l'aurait pensé. Mais elle se dit que malgré tout cela, elle se sentait enfin libre. Libre, et adulte. Elle s'installa à son bureau pour relire ses cours, toujours souriante.

La semaine se déroula sans événement notoire. Les étudiants suivaient les cours à l'EHEM, et partaient ensuite travailler à la Bibliothèque. Drago mangeait plusieurs fois par semaine avec sa mère, mais ne racontait jamais à Hermione comment la réinsertion se passait. Elle n'osait pas lui poser de question, se sentant déjà beaucoup trop curieuse.

Le vendredi, alors que les étudiants attendaient devant l'amphithéâtre que la salle s'ouvre, Drago s'adossa au mur près d'Hermione.

- Le Ministère m'a indiqué que je peux récupérer les livres du Manoir, dit-il simplement. Je vais les chercher demain midi. On ferait mieux de se les partager rapidement pour attaquer les recherches dès lundi non ?

- Je suis d'accord, autant prendre de l'avance ce week-end.

- Je ne peux pas venir à la Bibliothèque samedi après midi, je dois retrouver ma mère et elle veut m'inviter au restaurant le soir...

- Oh, et bien dimanche ça serait possible ? Il suffit juste de se partager les livres, ça ne prendra pas beaucoup de temps, tu peux passer chez moi, ou je peux venir, comme cela t'arrange ? proposa Hermione, à voix basse, pour que personne n'entende cette discussion et n'en tire de fausses conclusions.

- D'accord Granger, dimanche matin, 10h chez toi, pour que tu puisses commencer à les lire dans la journée alors.

Les étudiants se séparèrent donc le samedi en fin de matinée. Drago prit la direction du Ministère pour aller récupérer ses livres et Hermione flâna dans les rues autour de chez elle. Il ne neigeait pas encore, mais le temps était froid et sec. Pour une fois, le ciel de décembre était bleu et le soleil lumineux.

La jeune femme profita de son après midi pour s'avancer à tous les devoirs et lectures à rendre pour la semaine. Contente d'elle, le soir venu, elle s'installa confortablement pour regarder un film moldu sur son ordinateur portable, et s'endormit rapidement, fatiguée d'avoir ingurgité tant de savoir.

Le lendemain matin, Hermione se prépara pour être prête à travailler sur les livres que devaient lui apporter Drago. Il était déjà 10h et elle attendait de pied ferme, avide de connaissance. Qu'allait-elle découvrir sur la matière des sortilèges de magie noire dans ces ouvrages ? Mais le temps passa, et bientôt, Hermione remarqua qu'il était déjà presque 11 heures du matin. Elle avait bien quelques lectures pour s'occuper, mais elle angoissait de plus en plus quant à leur projet de recherches, il fallait qu'ils respectent le planning qu'ils s'étaient imposés ! Cela faisait une heure que sa colère montait. Se pouvait-il qu'il ait oublié ? Non, d'ordinaire, le sérieux du blond quand à l'EHEM était tout à fait important. Pouvait-elle vraiment lui faire confiance ? Pourquoi n'était-il pas là ? Et si le Ministère ne lui avait pas rendu les livres ? Qu'allaient-ils faire ? Ils avaient besoin du savoir que refermaient ces livres ! Onze heure et trente minutes ! Se moquait-il d'elle ? Plus d'une heure à ruminer et à angoisser de prendre du retard sur le programme de recherches persuada Hermione de se rendre directement chez lui récupérer ces fichus livres ! Au moins, elle arrêterait de tourner en rond, furieuse, dans son salon. Elle devait profiter du temps qu'elle avait pour travailler !

En quelques minutes, elle fut devant son immeuble, et là encore, la chance lui sourit puisqu'une jeune femme qui partait faire du sport lui ouvrit la porte. Elle se hâta de monter les marches jusqu'au dernier étage, et cette fois, elle ne réfléchit pas avant de toquer. Aucune réponse. Elle toqua alors plus fort. Les rideaux de ses fenêtres étaient tirés, comme ils l'étaient quand le jeune homme était chez lui, c'est en tout cas ce qu'avait remarqué Hermione qui avait pris l'habitude de regarder par sa fenêtre si celui ci était chez lui. Elle avait évidemment jeté un coup d'œil en se dirigeant à grands pas vers son immeuble. Elle était donc persuadée qu'il était là. Mais que fabriquait-il bon sang !

Elle toqua une troisième fois, ne retenant pas sa colère. Cette perte de temps ! N'entendant pas un son, elle enclencha la poignée … La porte n'était pas verrouillée !

- Malefoy ? appela-t-elle, en entrant doucement chez lui. T'es là ? Ça fait plus d'une heure que j'attends les livres ! s'exclama-t-elle pour se faire entendre.

Elle n'osait pas avancer car l'appartement était plongé dans la pénombre. Quand soudain, Hermione entendit des bruits un peu plus loin. Ce logement était immense, se dit-elle en regardant le long couloir en face d'elle. Tout était très moderne, mais très impersonnel aussi. Peu de décoration, et les tons gris blancs et noir rendaient le tout très froid.

- Malefoy ? cria-t-elle un peu plus fort.

Cette fois-ci, une porte s'ouvrit un peu plus loin et une silhouette s'avança vers elle. Il ne s'agissait pas de Drago, mais d'une jeune femme, visiblement mal réveillée, et qui émanait encore les effluves de l'alcool probablement ingurgitée à la soirée à laquelle elle s'était rendue. Elle portait une robe très courte et portait ses chaussures à hauts talons dans sa main.

- Tu devrais parler moins fort, il a mal à la tête, et il essaye de dormir, lui murmura la jeune inconnue en remettant ses chaussures.

Hermione ne répondit pas, choquée. Elle se contenta d'observer la jeune femme, très belle, qui lui fit un salut de la main en sortant de l'appartement. Sans qu'elle ne l'explique, Hermione sentit la colère l'envahir. Elle attendait ses livres et lui était... entrain de quoi ? Cuver sa soirée, qu'il avait passé en compagnie de cette … Oh il allait l'entendre !

Elle se dirigea d'un pas assuré dans le couloir tout en appelant de plus en plus bruyamment Drago pour trouver sa chambre.

-Malefoy ! Malefoy !

Elle s'arrêta devant une porte entrouverte, d'où des effluves d'alcool s'échappaient. La pièce était plongée dans l'obscurité, aussi ne se gêna-t-elle pas pour trouver l'interrupteur.

- Malefoy, tu te fous de moi ! Qu'est ce que tu foutais...

Elle s'interrompit, soudain muette et honteuse de se trouver là. Le jeune homme s'était redressé et cachait son visage pour éviter de se faire mal aux yeux à cause de la lumière. En se redressant, le drap était retombé, dévoilant son torse nu. Hermione ne put s'empêcher de passer les yeux sur son corps, et compris qu'elle avait dépassé les limites. Il était probablement nu sous ses draps, et elle se trouvait dans sa chambre, où il avait très probablement couché avec cette jeune femme. Elle n'avait rien à faire ici.

- Sors.

Hermione se trouva pétrifiée. Drago se réveillait doucement. Elle ne sut quoi faire, elle n'arrivait pas à bouger, perturbée par ses émotions contradictoires.

- Sors d'ici et va m'attendre dans le salon, répéta-t-il sèchement.

Au ton employé, Hermione se réveilla de sa torpeur et s'enfuit rapidement dans le couloir, à la recherche du salon, qui se trouvait non loin de l'entrée. Que devait-elle faire ? Partir tout de suite ? Malefoy savait de toute évidence où elle vivait, cela ne servirait à rien de repousser la confrontation. Elle l'avait méritée. Elle décida de s'asseoir sur le canapé, très mal à l'aise. Qu'allait-il lui dire ?

Elle entendit une douche se mettre en marche, et attendit, la tête dans ses mains, anxieuse. Quelques minutes plus tard, Drago apparut enfin. Ses cheveux encore mouillés gouttaient sur le col de sa chemise blanche ouverte. Il avait remonté ses manches et avait enfilé un jean. Lorsque la jeune femme osa remonter son regard jusqu'à son visage, elle vit tout de suite qu'il avait l'air de très mauvaise humeur... Et qui pouvait l'en blâmer ? Elle se leva et s'apprêta à s'excuser, mais à peine avait-elle ouvert la bouche que Drago la stoppa d'un geste agacé, levant le doigt pour lui intimer le silence. Hermione le suivit du regard lorsqu'il sortit de la pièce, et se rassit, entendant le bruit d'une cafetière. Une tasse de café dans une main, il revint et s'installa doucement dans le fauteuil en face d'elle.

- Malefoy, je, .. je suis désolée mais, enfin, les livres ! Plus d'une heure, jamais venu.. . Pas de perte de temps possible ! Donc je suis venue les chercher moi-même ! s'expliqua Hermione, d'abord balbutiante, puis plus assurée, la colère refaisant surface. Sauf que je suis tombée sur … sur ce qui t'a probablement tenu éloigné de tes engagements, sur cette... fille facile ! J'ai donc attendu pendant que tu prenais du bon temps, gaspillant le mien ! conclut-elle, à bout de souffle et malgré tout anxieuse.

Drago fronça les sourcils, posa la tasse de café sur la table basse à coté de lui, et posa ses coudes sur ses cuisses. Il se frotta le visage doucement et se réinstalla au fond de son fauteuil.

- J'ai une très grosse gueule de bois Granger, alors je vais te le dire calmement : ne parle pas si fort. Il se trouve qu'effectivement, j'ai oublié cette histoire de bouquins, mais j'avais d'autres choses en tête.

- Oui, visiblement tu as été très occupé ! répliqua-t-elle sèchement, en croisant les bras pour se donner une contenance.

Drago la dévisagea, et un éclair d'étonnement traversa son visage.

- Très bien. D'abord, je tiens à m'excuser pour les livres et pour t'avoir fait perdre ton temps. Comme je l'ai dit, certains événements m'ont mis en colère et j'ai décidé d'aller boire un verre en ville pour me calmer. Alors soit, je suis rentré bourré, avec une fille moldue ramassée dans un bar. En revanche, je ne te permets pas de la traiter de fille facile. Que je sache, une femme qui aime le sexe a le choix de faire ce qu'elle veut, et j'ajouterai que contrairement à toi, certaines femmes savent lâcher prise et profiter de ce qu'elles aiment.

Le ton de Drago était ferme et froid, ce qui glaça le sang d'Hermione. Elle ne réagit pas, et laissa le blond continuer.

- Ensuite, je n'ai pas à me justifier d'avoir des aventures envers toi, en tout cas, à ce qu'il me semblait, je n'ai pas de comptes à te rendre à ce sujet Granger. Ou alors, s'il y en a, j'aurais besoin d'être au courant, puisqu'à t'entendre, nous sommes tout au mieux des connaissances, des collègues, à défaut d'être autre chose. Enfin, je tiens à préciser que si cet état de notre relation n'est pas ce que tu souhaites, il est toujours en ton pouvoir de dire quelque chose pour obtenir ce que tu veux.

Il se leva tout aussi calmement à la fin de sa tirade, et revint avec quelques livres, qu'il tendit à la jeune femme, encore tétanisée par ses propos.

- Je ne te retiens pas, tu sais visiblement où est la sortie, finit-il par dire, en s'éloignant dans son appartement.

Hermione ne se fit pas prier, et se dirigea rapidement vers la porte, les livres dans les bras. Sur le chemin du retour, elle refoula ses larmes. Jamais elle ne s'était sentie si humiliée ! Une fois la porte de son appartement refermée, elle laissa enfin couler ses larmes. Mais comment s'est elle permise d'entrer chez lui, de violer son intimité et en plus de lui faire la leçon !? Une fois ses larmes séchées, Hermione s'installa dans son canapé, vidée par tant d'émotions. Elle ne pouvait le nier, il s'agissait de jalousie, ce sentiment, qu'elle avait ressenti en apercevant la jeune moldue. Mais cela n'avait aucun sens, en effet, elle n'avait aucun droit quant aux relations qu'entretenaient Malefoy avec d'autres femmes. Comme il lui avait dit, ils n'étaient que collègues …

Elle méritait tout autant ses réflexions à son sujet car elle n'avait pas à traiter de fille facile cette jeune femme. C'était très petit de sa part. L'animosité qu'elle avait ressenti envers elle était dûe au fait qu'elle même, n'était pas capable de se comporter de cette façon. Elle n'aurait jamais assez confiance en elle pour se rendre dans un bar et rentrer avec un homme inconnu. Et encore moins coucher avec un homme qu'elle ne connaissait pas, juste parce qu'elle en avait envie. Elle était probablement... coincée, tout le monde devait d'ailleurs dire cela à son sujet. Quant au sexe... la réflexion de Malefoy à ce sujet l'embêtait... Aimait-elle le sexe . Elle n'en était pas sûre... Avec Ron, ces moments étaient plutôt agréables, mais elle n'avait jamais vraiment compris pourquoi tout le monde tournait autour de cette activité.

Secouant vigoureusement la tête pour chasser toutes ces pensées, Hermione se mit au travail et commença à lire un des ouvrages de Drago. Son dimanche était déjà un désastre jusqu'ici, elle ne voulait pas en plus ne pas travailler du tout.

Elle se coucha très tard, anxieuse du comportement de Drago en cours le lendemain.