L'Ecole des Hautes Etudes Ministérielles

Chapitre 22

2106 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 31/05/2022 20:31

- C'est parti pour une deuxième année ! lança Chloé en accourant vers Hermione, devant le parvis de l'École.


- Oui, je suis contente, je vais enfin pouvoir penser à autre chose... que... tu sais bien...


Les deux jeunes femmes entrèrent dans le bâtiment à la recherche de l'amphithéâtre où la réunion de rentrée aurait lieu.


- Oui, pleinnn de nouvelles connaissances ! Et puis tu peux compter sur moi pour te sortir le plus possible, sans que tes études en pâtissent, je sais Hermione ! se moqua la française.


- Est ce que tu crois que je dois lui parler ? Enfin je ne sais pas ? Le féliciter ? marmonna-t-elle.


- Comme tu le sens, je ne te dirai pas quoi faire, tu le sais bien !


Pas sereine du tout, Hermione les fit passer par les escaliers pour éviter la cohue aux ascenseurs, et éviter de croiser trop vite l'ancien Serpentard. Lorsqu'elles purent entrer dans la salle, l'amphithéâtre semblait bien moins rempli que l'année précédente. Tous n'avaient visiblement pas obtenu leur année. Les deux jeunes femmes s'installèrent au centre, concession qu'avaient fait Chloé et Hermione, la blonde préférant le fond, et Hermione le premier rang. Elles firent un geste pour saluer Padma en souriant.


Le professeur entra rapidement, et la brune se fit violence pour ne pas regarder derrière elle si Malefoy était arrivé.


- A présent, je vous souhaite une bonne deuxième année à tous, et je vous revois dès cet après midi pour votre premier cours de Droit Sorcier cette année ! lança le professeur pour les libérer, quelques instants plus tard.



Hermione prit tout son temps pour ranger ses affaires.


- Je te rejoins dehors pour aller manger en ville, je dois saluer quelques amis ! lui lança Chloé, qui se rua vers un groupe de jeunes hommes visiblement déjà très concentrés par ce que professeur avait raconté.


Hermione se retrouva bientôt une des dernières élèves dans la salle, et sortit lentement. Elle décida de prendre une fois encore les escaliers, pour se faire discrète et descendit lentement l'étage. Avant qu'elle puisse empoigner la porte pour rejoindre le hall, celle-ci s'ouvrit brusquement et son regard rencontra des yeux gris acier. La jeune femme se figea, ne sachant comment réagir. Drago repris vite contenance, malgré la main qu'il passa dans ses cheveux, sa mèche tombant toujours devant ses yeux. Il regarda la jeune femme de sa hauteur. Après quelques instants pendant lesquels aucun des deux ne réussit à articuler un mot, Drago brisa le silence.


- Granger, dit-il simplement, en la saluant d'un signe de tête.


La porte se referma derrière lui, les laissant seuls dans la cage d'escalier. La jeune femme recula d'un pas.


- Malefoy... Félicitations ? se hasarda-t-elle, cherchant confirmation de son bon vouloir dans cette histoire.


Un éclair de regret traversa son regard mais il lui présenta ensuite son masque impassible. Il hocha la tête et s'éloigna d'elle, la laissant seule et désorientée. Le cœur d'Hermione battait la chamade. Elle n'avait pas prévu de se retrouver face à lui si vite, et encore moins toute seule ! Au moins, cela était fait. Elle inspira une bonne fois pour toute et rejoignit Chloé sur le parvis, fébrile, mais sûre d'elle. Il fallait qu'elle avance. Qu'elle voit plus loin que lui. Après tout, ils n'avaient partagé qu'une très courte aventure, même si son amitié lui manquait. Elle devait avancer. Et passer à autre chose, ce qui la frappa. Elle n'avait pas réalisé qu'elle n'avait pas réellement prévu de le faire jusqu'ici.



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- Tu as vu à quelle heure tu rentres ? lança une voix froide provenant de son salon.


Merlin. Il avait pensé qu'elle dormirait déjà à cette heure... Blaise l'avait invité à une soirée dans un bar, et évidemment, il n'avait pu résister à boire quelques verres de trop. C'était une façon de fuir sa nouvelle réalité, probablement. Il soupira, s'attendant aux remontrances. Comme il l'avait prévu, son regard se posa sur une jeune femme brune, assise sur le fauteuil. Elle ne pouvait pas se tenir plus droite encore, se dit Drago, agacé par le regard qu'elle lui lançait.


- En quoi ça t'importe ? répondit-il en s'installant sur son canapé.


- Je te rappelle que nous sommes mariés. Cela m'importe que tu rentres à cette heure-ci car je ne supporterai pas que ma réputation et celle de ma famille soit souillée parce que mon mari n'est pas capable de se tenir, déballa-t-elle, plus sèchement encore.


Il la regarda en souriant, sans une once de gentillesse sur son visage.


- Et moi je te rappelle que NOUS étions d'accord sur le fait qu'il était hors de question que je renonce à mes escapades nocturnes. Et je te ferai également remarqué que je suis rentré. J''aurai tout aussi bien pu rentrer demain matin, après une soirée chez n'importe quelle jeune femme.


Il vit pendant quelques instants la honte sous les traits froid d'Astoria. Elle tentait de se contenir.


- J'ai accepté ces termes parce que tu ne m'en as pas laissé le choix. Qui plus est, il me semble que pour le moment, tu n'as pas commencé à respecter ta part du marché, répliqua la brune, en détournant les yeux.


Il ricana et se leva difficilement, la laissant là, alors qu'il se dirigeait vers sa chambre. Ce stupide marché... Sa mère avait été inflexible : il se marierait pour assurer la pure lignée Malefoy... Ensuite, libre à lui de faire ce qu'il voulait, Narcissa ne lui demandait « que » ça. Un héritier. Quant à Astoria, il ne lui avait pas laissé le choix. Il se refusait à la considérer comme sa femme, et visiblement, l'un comme l'autre ne ressentait aucune attirance. Mais comme elle le lui avait rappelé ce soir, il devrait bien commencer un jour à s'approcher d'elle. L'héritier n'allait pas se faire tout seul. Finalement, il rebroussa chemin, et retrouva la jeune femme, très jeune femme dans le salon. Il se servit un verre, puis deux, puis trois, de Whisky Pur Feu, sans dire un mot, lançant par moment des regards à sa nouvelle femme. Celle-ci l'observait, suspicieuse. Son cerveau devenait de plus en plus embrumé. Il se leva, titubant presque, et la regarda.


- Viens dans la chambre, lâcha-t-il, sans la regarder.


Il comptait sur les effets de l'alcool pour approcher Astoria. Il fallait bien commencer quelque part.





Plus les semaines passaient, et plus une routine s'installait entre Drago et sa femme. Il se rendait à l'École, travaillait d'arrache pied tandis qu'Astoria passait son temps en événements mondains et dégustation de thé dans les plus prestigieux salons de Grande Bretagne. Une fois le week-end arrivé, le jeune homme rejoignait Blaise pour une soirée bien trop alcoolisée. Les deux amis préféraient profiter de l'appartement de Blaise plutôt que les bars pour éviter toute frasque. Drago se forçait à chaque fois à rentrer chez lui, pour retrouver son épouse et tenter de concevoir cet héritier. L'alcool l'aidait beaucoup.



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Cette nuit là, Drago rentra passablement éméché et tituba devant la porte de son logement. Il sortit sa baguette pour ouvrir la porte, mais celle-ci s'ouvrit avant qu'il ait le temps de réagir. Il croisa instantanément le regard sombre d'Astoria, froid, dur. Elle s'écarta pour le laisser entrer, sans un mot. Il obtempéra, résigné et se dirigea vers le salon sans un coup d'œil en arrière. Il se servit rapidement un verre de Whisky Pur Feu, et le but d'une traite, tout en regardant la jeune femme. Celle ci se tenait droite, digne, dans un coin du salon, les mains liées devant elle, patiente. Drago ricana et posa son verre d'un geste brusque sur la table basse à coté de lui.


- Allons-y, s'entendit-il prononcer, la voix pleine de dégoût.


Il se dirigea vers sa chambre, d'un pas mal assuré, et il entendit Astoria marcher derrière lui. Ils entrèrent dans la pièce et il se déshabilla laborieusement, tandis que sa femme faisait de même. Encore une fois, Drago entra dans ce lit, et rejoignit le corps froid et tendu de la brune, qui attendait une action de sa part. Aucun mot ne fut prononcé, aucun baiser ne fut partagé. Il s'agissait d'un acte purement mécanique. Drago s'écroula finalement sur la jeune femme et reprit son souffle. Le jeune homme s'affala disgracieusement à coté d'Astoria qui n'avait pas bougé. Après un long soupir, il se releva, et sortit de la pièce, la laissant seule. Comme à chaque fois, il rejoignait une chambre inoccupée, refusant de partager une once d'intimité avec son épouse. L'alcool aidant, il s'endormit presque aussitôt.




La luminosité de ce matin d'hiver lui fit ouvrir un œil, qu'il referma rapidement, en fronçant les sourcils. Sa tête le faisait souffrir et une barre douloureuse semblait s'être installée au dessus de ses yeux. Il mis plusieurs minutes à réaliser qu'une fois encore, il avait trop bu, et qu'une fois encore, son dimanche serait un enfer. D'une part, il devait travailler sur ses cours, et d'autre part, Astoria n'était que rarement invité le dimanche, ce qui signifiait qu'ils devaient cohabiter plus que d'ordinaire. Des souvenirs de sa soirée lui revinrent, jusqu'aux moments avec Astoria. Et le dégoût reprit sa place. Il se dégoûtait. Depuis qu'il était marié, il se sentait sale. Honteux. Il était faible. Lâche. Il avait cédé à sa mère pour être encore accepté par la société des Sangs Purs... Il s'était marié, pensant qu'il suffirait de quelques semaines pour que sa femme tombe enceinte. Pensant que peut être, il était possible que ce mariage fonctionne. Mais avait-il réellement essayé ? Il savait que non. Drago n'arrivait pas à se résigner. Astoria était une femme magnifique, mais sa froideur, son air de mépris affiché constamment sur ce visage, ses regards durs, ses manières aristocratiques, …



Il ne la supportait pas. C'était une gamine. Une gamine, qui jouait à la femme. Pitoyable.


Drago se leva enfin, et se traîna jusque dans sa cuisine et alluma la cafetière moldue qu'il savait à présent faire fonctionner. Il ne put que remarquer le regard méprisant que lui lança Astoria, assise, droite, avec une tasse de thé à la main. Il soupira.


- Bonjour à toi aussi, déclara la jeune femme, pincée.


- Mmh … répondit Drago, maussade.


- Je vois que nous allons passer une journée des plus agréables... répondit aussitôt Astoria, acerbe.


Il ne se donna pas la peine de répondre. Il prit son café et alla s'enfermer dans son bureau, comme tous les dimanches.





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Drago faisait les cents pas devant la porte de la Médicomage. Il passait inlassablement la main dans ses cheveux, ne sachant que faire d'autre. L'École lui avait délivré une autorisation spéciale pour se rendre à ce rendez-vous, Il entendit la poignée de la porte s'enclencher et leva le regard vers Astoria. Celle-ci souriait, ce qui perturba presque le jeune homme, qui n'était plus habitué à cette expression chez elle.


- Félicitation Mr Malefoy, annonça le Médicomage, un vieil homme moustachu, en s'avançant pour lui serrer la main. Vous allez avoir un enfant.



Drago n'intégra pas immédiatement cette information. Son regard passa de son interlocuteur, âgé, sérieux, à sa femme, qui se tenait le ventre. Un enfant. Un héritier. Enfin. Trois longues années à attendre. Il ne savait comment réagir. Il avait attendu ce moment, imaginé ce moment, où enfin, il serait libre de faire comme bon lui chante. De ne plus approcher Astoria.


Le médicomage lui présenta une étrange photographie, où une masse informe bougeait lentement. Cette masse informe... ou son enfant ? Une vague d'émotion le prit par surprise et il ferma les yeux quelques instants pour en comprendre la signification. De la fierté ? De la joie ? De la peur ? C'était un peu de tout cela à la fois. Il allait être père. Contre toute attente, un sourire sincère se plaqua sur son visage. Oui, il allait être père, et il comptait le faire bien. Il ne ferait pas les mêmes erreurs que le sien.

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