Un rêve magique

Chapitre 1 : un rêve magique

Chapitre final

2374 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 16/05/2022 10:02

Cette fanfiction participe au Défi d’écriture du forum Fanfictions .fr : Retour en enfance - (mai juin 2022).




Harry n’était pas étonné d’avoir une fois de plus échoué à rendre une potion correcte à Rogue. Quels que soient les efforts qu’il fournissait, il y avait toujours un moment où les choses n’allaient pas.

Il soupçonnait fortement l’un des Serpentard d’avoir jeté un ingrédient quelconque, mais bien entendu, sans preuve, Rogue le pulvériserait pour oser prétendre que ses échecs étaient dus à ses précieux Serpentard.


Le jeune homme se renfrogna un peu plus en voyant sa potion, d’un riche pourpre. Celle de Hermione — parfaite comme toujours — était d’un bleu pâle délicat, bien loin de la couleur vibrante qu’il avait obtenue…


Boudeur, il croisa les bras sur sa poitrine et attendit le passage de Rogue, prêt à recevoir une fois de plus une retenue pour son… « incompétence ».


En arrivant à sa table, Rogue leva un sourcil moqueur et Harry serra les poings. Il pensa que le professeur savait, et cette idée le rendit furieux. Ses yeux verts étincelèrent et il lui fallut tout son contrôle pour ne pas hurler ce qu’il avait sur le cœur.


Il ignora avec soin le regard narquois de Rogue, puis sursauta quand celui-ci claqua des doigts devant lui.

   — Je vous ai dit de tester votre potion, Potter. Si vous avez réellement suivi la recette, alors il n’y a rien de mortel…


Harry écarquilla les yeux, puis comprit que Rogue attendait un refus pour le coller et lui retirer des points. Dans un élan purement Gryffondorien, il prit une louche et avala une grosse gorgée de la potion inconnue.

Au moins, il eut le plaisir de voir le professeur se tendre et écarquiller légèrement les yeux.


Fixant le regard noir de Rogue, il se concentra sur son corps, essayant de déterminer les effets de la potion mystère. Lorsqu’au bout de cinq minutes rien ne s’était encore produit, il s’autorisa à se détendre légèrement et il haussa les épaules.

Rogue renifla, puis afficha un sourire mauvais.

   — Et bien. Vous viendrez en retenue ce soir pour ne pas avoir pu suivre des consignes simples. Une simple potion calmante devrait être à la portée d’un élève de première année, alors…


Harry ne répondit pas, commençant à ranger ses affaires d’un air maussade. Au moins, il n’avait pas terminé à l’infirmerie en se tordant de douleur. Cependant, une petite voix lui murmurait que la journée n’était pas terminée…



En sortant de potions, Harry ignora soigneusement ses amis. Il voyait les coups d’œil inquiets de Hermione et il ne voulait certainement pas être sous surveillance à cause de cette fichue potion ratée. En détournant son attention assez fort, peut-être qu’elle le laisserait en paix avec ça, bien que ce soit un vœu pieux. Hermione n’oubliait jamais rien.


Le jeune homme se traîna en silence jusqu’à la Grande Salle et il plissa le nez en entrant. L’odeur de la nourriture l’enveloppa et lui fit tourner la tête, inexplicablement. Sous le regard suspicieux de son amie, il fit demi-tour, prétextant avoir oublié quelque chose dans le dortoir, avec un regard qu’il espérait innocent.

Harry passa dans les cuisines pour y récupérer un sandwich et se rendit directement devant la salle de son prochain cours, se perdant dans ses pensées en attendant ses amis.


Harry fut assez occupé dans l’après-midi pour ne pas penser à la potion qu’il avait ingérée. Sans compter qu’il allait parfaitement bien et qu’il n’y avait pas la moindre raison de s’alarmer. Même Hermione finit par l’admettre, du bout des lèvres.


À l’heure de sa retenue, Harry roula des yeux, résigné à devoir supporter son professeur honni pendant près de deux heures. Il avait oublié la potion et ses effets potentiels, puisqu’il se sentait en pleine forme.

Il se rendit dans les cachots en traînant des pieds sans le moindre enthousiasme.


Bien évidemment, Rogue l’accueillit sèchement, comme toujours. Il lui désigna le réduit poussiéreux qui contenait les ingrédients pour les potions — à peine plus grand qu’un placard — et lui ordonna de les ranger correctement, par ordre alphabétique. Certaines étiquettes étant décollées, il devrait identifier les ingrédients et prouver ainsi qu’il n’était pas totalement un cancre dans cette matière.


Harry serra les poings et se dirigea vers le placard pour commencer sa tâche. En entrant, l’obscurité et l’odeur de poussière le frappèrent et il vacilla, son esprit le ramenant dans le placard de son enfance chez les Dursley.

Le jeune homme haleta et ferma les yeux un instant, pris dans un tourbillon de souvenirs amers. Il se frotta les yeux puis se tourna avant de se figer, stupéfait.


Il était de retour dans son placard d’enfance. Le minuscule placard qui l’avait vu grandir, sous les marches, au quatre, Privet Drive.

C’était impossible… et pourtant… Les cachots de Poudlard avaient disparu comme si son souvenir avait pris vie.


En voyant une petite silhouette sombre devant lui, Harry déglutit et secoua la tête, un peu effrayé. C’était un terrible retour en arrière, parce qu’il était certain que l’enfant roulé en boule devant lui, sur le mince matelas, n’était nul autre que Harry Potter. Un Harry Potter bien plus jeune, cinq ou six ans, minuscule et affreusement maigre, son visage mangé par d’immenses lunettes rondes.


Le gamin — lui — se redressa, méfiant, mais curieux, et il jeta un regard inquiet en direction de la porte. C’était un réflexe que Harry avait acquis très tôt : ne pas faire de bruit pour ne pas attirer l’oncle Vernon. Il devait être le plus invisible possible et il était plutôt doué la plupart du temps.

Finalement, le petit murmura, les yeux plissés.

   — T’es qui toi ?


Harry se passa nerveusement la main dans les cheveux et s’agenouilla, se demandant s’il avait vraiment été aussi minuscule. Il haussa les épaules et murmura avec douceur.

   — Je ne te ferais pas de mal.


Il n’était pas certain de pouvoir donner son nom, Dumbledore les avait alertés sur les dangers des voyages dans le temps, lors de leur troisième année. Il avait été particulièrement insistant sur l’impossibilité de se rencontrer soi-même.

Harry n’avait pas vraiment écouté les raisons — il était trop inquiet pour Sirius à ce moment et il avait laissé Hermione gérer les détails techniques — et par la suite, il ne s’était pas vraiment inquiété de devoir à nouveau voyager dans le temps.


Cependant, le petit Harry avait les sourcils froncés et le détaillait avec attention, se focalisant sur son visage. Puis il croisa les bras sur sa poitrine avec un air têtu.

   — T’as la même cicatrice que moi. Et t’as les yeux de ma maman.


Le cœur de Harry se serra, alors qu’il se souvenait qu’à cette époque, il ne connaissait pas le visage de ses parents. Il avait juste entendu tante Pétunia dire une fois qu’il avait les yeux de Lily et il avait deviné que sa mère s’appelait Lily et avait les yeux verts.


Le Harry adolescent hocha la tête doucement, puis envoya au diable la prudence.

   — Tu me croirais si je te disais que je suis toi, mais plus grand ?

Le petit Harry se tendit et jeta un nouveau regard nerveux vers la porte. La peur de tout évènement inhabituel était fermement ancrée en lui, pourtant, il y avait cette curiosité, cette avidité d’en savoir plus.


Le petit souffla, les yeux brillants.

   — C’est comment quand on est grand ?

Harry ne put pas résister à l’espoir dans la voix du garçon, et il sourit.

   — On a des amis, de vrais amis déjà. Et une super école, loin d’ici.


Petit Harry eut un large sourire, les yeux brillants comme des émeraudes.   

   — Pour de vrai ?

Harry ne put s’empêcher de glousser doucement, en hochant la tête.

   — Pour de vrai.



Le petit garçon resta silencieux un moment pendant que Harry regardait autour de lui, chaque détail du placard étant douloureusement familier. Puis, le petit se mordilla la lèvre et se pencha vers lui.

   — Et pour les trucs… bizarres ? Tu sais quand… enfin, tu vois ? Les trucs de monstres…


Harry hocha la tête en pinçant les lèvres et sortit sa baguette de sa poche, puis il murmura « wingardium leviosa » et fit flotter un dessin devant les yeux du petit Harry.

Profitant du choc du petit, il haussa les épaules et lui donna une explication.

   — Je… enfin, tous les deux on est un sorcier. L’école où tu vas aller t’apprendra la magie.

   — Mais j’vais être puni ! Oncle Vernon il aime pas les trucs bizarres ! Il voudra jamais que j’aille dans une école comme ça !


Harry gloussa doucement et ébouriffa les cheveux du petit Harry.

   — Il n’aura pas le choix. Tu n’es pas tout seul, tu sais ? Maman et Papa ont tout préparé, ne t’en fais pas.


Le petit s’apaisa sans le quitter des yeux, tête penchée, essayant d’assimiler toutes ces informations données brutalement. Puis, il hocha la tête.

   — D’accord.


Harry regarda autour de lui une fois de plus, et il nota l’absence du dessin représentant ses parents. Pris d’une inspiration subite, il sortit de la poche arrière de son pantalon la photo un peu froissée de ses parents et la tendit au petit Harry. Celui-ci caressa l’image, fasciné de voir le couple représenter danser sous ses yeux. Harry murmura, les larmes aux yeux.

   — C’est papa et maman.

Le petit écarquilla les yeux et battit des cils avant de répondre, dans un chuchotement.

   — Ils bougent pour de vrai ?


Harry gloussa doucement.

   — C’est une photo sorcière. C’est étrange au début, mais on s’habitue vite, tu verras quand tu seras plus grand.


Le petit garçon lui sauta au cou et Harry le réceptionna maladroitement, l’enlaçant avec tendresse. L’enfant murmura.

   — Merci. C’est mieux qu’un rêve. Dis… Tu reviendras un jour ?


Harry haussa les épaules.

   — Je ne sais pas. C’était en quelques sortes un accident, mais je suis content de t’avoir vu. Surtout, garde espoir, tu verras, les choses iront mieux un jour.


Le petit garçon — celui qu’il avait été des années plus tôt — recula d’un pas et il sembla dubitatif. Minuscule dans ses vêtements trop grands et usés, il haussa les épaules.

   — Si la magie c’est bien, pourquoi elle vient pas me chercher maintenant ?


L’adolescent secoua la tête, avec un soupir triste.

   — Je ne sais pas.

Le petit garçon s’installa sur son matelas au sol, recroquevillé, puis il murmura tristement.

   — C’est un joli rêve, je crois. Bien mieux que la lumière verte et les cris.


Harry ferma les yeux et vacilla à l’évocation du cauchemar habituel. Celui où il entendait sa mère mourir. Il aurait aimé consoler le petit Harry, le prendre dans ses bras et le cajoler un peu, ou lui promettre qu’un jour les choses iraient mieux.

Mais en ouvrant les yeux, il était de retour à Poudlard, dans la réserve des cachots, allongé au sol alors que Rogue le surplombait, les sourcils froncés, une vague lueur inquiète dans ses yeux sombres.


Harry regarda autour de lui, un peu perdu.

   — Monsieur ?

Le professeur renifla et secoua la tête.

   — Vous auriez dû manger quelque chose avant de venir, Potter ! Ou me dire que vous vous sentiez mal…

Le jeune homme cligna furieusement des yeux, perplexe, retenant l’envie de répondre à l’homme que ce dernier n’aurait pas accepté la moindre excuse. Il hocha juste la tête en silence et il se releva, les jambes un peu tremblantes. Il regardait toujours autour de lui, désorienté et il finit par demander.

   — Que s’est-il passé, monsieur ?

Rogue hésita puis grogna.

   — Vous êtes entré dans la réserve, vous avez eu l’air perturbé un instant, puis vous avez perdu connaissance.


L’adolescent hocha la tête, hésitant. Puis, il finit pas esquisser un léger sourire, le regard dans le vague.

   — J’étais probablement un peu fatigué. Je me sens mieux maintenant.


Sous le regard suspicieux de son professeur, il se mit au travail, triant les bocaux tranquillement en les rangeant avec soin. Cependant, son esprit était ailleurs, bien loin de cet endroit.

Son esprit était retourné dans le passé, lorsqu’il était petit et qu’il avait rêvé de ses parents avec assez de précisions pour les dessiner malhabilement. Il ne se souvenait plus du rêve en détail, mais lorsqu’il s’était réveillé, le petit Harry qu’il était avait le cœur empli d’espoir, assez pour traverser sans dommage son enfance compliquée.

L’adolescent était désormais persuadé qu’il venait de vivre le rêve de son enfance, grâce à une potion loupée que le professeur Rogue l’avait fait tester…

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