R.A.B

Chapitre 13

1621 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 08/07/2022 21:45

Lorsqu’il revint dans la pièce, faisant presque sursauter Régulus, Harry était de nouveau calme et maître de ses émotions, au moins en apparences. Il afficha un bref sourire penaud.

   — Il faudrait faire appel à ton elfe pour manger, mieux vaut que personne ne se doute que nous sommes cachés ici. Attirer l’attention sur un inconnu qui se balade aussi près de Poudlard n’est pas vraiment une idée géniale en temps de guerre.



Régulus hocha la tête sans un mot, dévisageant soigneusement le jeune homme aux yeux verts sans faire le moindre commentaire. À la place, il appela Kreattur qui apparut presque immédiatement, son faciès disgracieux contracté en une grimace suspicieuse.

   — Que peut Kreattur pour le petit Maître ?


Les deux garçons échangèrent un regard, puis Régulus soupira.

   — Apporte de quoi manger. Et également le grimoire de la bibliothèque du Square dont Harry va te dire le titre.





L’elfe dévisagea avec attention le jeune homme aux cheveux en bataille, mais il hocha sèchement la tête. Il ne pouvait pas rejeter le jeune homme, pas après qu’il ait sauvé son maître adoré, pas plus qu’il ne pouvait désobéir à un ordre direct. Cependant, il ne comptait pas obéir aveuglément à un inconnu qui n’était pas membre de la famille qu’il servait.

À son grand soulagement, le nouvel ami de son maître ne tenta pas d’engager un duel de volontés avec lui. Il lui offrit juste un sourire amical tranquille et l’elfe se détendit légèrement, attendant les instructions.


   — « Le temps de l’esprit ». Si sa place est toujours la même, il est sur la plus haute étagère de la bibliothèque.


Kreattur pencha la tête, et renifla, avec une grimace supérieure.

   — Kreattur va trouver.


Régulus lui sourit, ignorant l’air revêche de la petite créature. Kreattur ne lui avait jamais fait défaut jusqu’à ce jour, il avait pleinement confiance en lui, et il savait qu’il serait d’une aide précieuse. Bien évidemment, son elfe avait un sacré caractère, mais il appréciait assez sa façon de se rebeller et de protester.


Le jeune Black reporta son attention sur l’étrange garçon venu du futur. La méfiance initiale envers son sauveur s’estompait et il commençait à apprécier presque malgré lui ce garçon plein de mystères, bien qu’il soit le fils de James Potter et visiblement proche de son frère Sirius.



Ses révélations tournaient dans son esprit, mais il avait besoin d’en savoir un peu plus encore. Heureusement, le jeune homme semblait décidé à ne rien lui cacher… Sa confiance était étonnante, mais il n’allait certainement pas s’en plaindre. Pas alors qu’il était concerné d’aussi près.

Calmement, Régulus relança la conversation brutalement interrompue, prenant soin de ne pas mentionner son frère.


   — Tu m’as parlé de ton enfance brièvement, et j’ai bien compris qu’elle avait été plutôt… malheureuse. Mais ensuite, tu as été à Poudlard, n’est-ce pas ? Ton histoire était plutôt décousue et j’aimerais bien savoir le reste.


Harry eut un sourire amusé, et hocha la tête sans montrer la moindre réticence à parler de son histoire.

   — Je suis donc arrivé à Poudlard, ignorant de tout. Je… Je ne connaissais rien de la magie, et pourtant, tout le monde me connaissait. J’ai découvert qu’il y avait des tas de livres sur moi, sur mon enfance — tous faux bien évidemment — et que tout le monde s’était fait une opinion sur moi sans me connaître. Mais… j’étais émerveillé de tout ça, de ce nouveau monde qui me semblait plein de promesses.


Régulus haussa les épaules.

   — Oui, Poudlard peut sembler merveilleux au premier abord…

Harry eut un rire amusé, se perdant dans ses pensées.

   — Pas seulement Poudlard. Crois-moi, le chemin de Traverse a été une expérience… renversante. La Magie… j’adorais la ressentir. Ma première année a été… je ne sais pas trop. J’y ai eu mes premiers amis, j’ai découvert plein de choses. Mais j’ai du faire face à un Troll, à un foutu cerbère et j’y ai rencontré l’esprit de Voldemort. Il possédait l’un de mes professeurs, que j’ai tué accidentellement en le touchant.



Régulus cligna des yeux, et secoua lentement la tête en regardant le jeune homme face à lui se perdre dans ses pensées, revivant visiblement des souvenirs douloureux. Il n’osait pas imaginer la suite de sa scolarité si déjà la première année s’était soldée par la mort de l’un de ses professeurs, de sa propre main…

Il soupira, maudissant Dumbledore. Il était évident que le directeur de l’école de magie avait échoué dans son rôle si l’un de ses élèves avait risqué sa vie de cette façon !

   — Comment un Troll a pu entrer dans Poudlard ? Bon sang… comment le seigneur des ténèbres a pu posséder un professeur et entrer à Poudlard sans que personne ne s’en rende compte hormis un garçon de onze ans ?


Harry lui adressa un vague rictus étrange, et haussa les épaules, désabusé.

   — Tu es la première personne à te poser ces questions, je crois. Le Troll a été introduit par le professeur possédé, bien évidemment… Pour le reste… je crois que j’ai tellement l’habitude à être désigné comme celui qui devra se battre pour le monde magique que personne ne s’est étonné que je sois mis en danger si tôt dans ma scolarité.


Régulus vit le brun regarder ses mains d’un air étrange, et il se douta qu’il revivait les évènements traumatisants qui s’étaient produits autour de lui. Il murmura, essayant de ne pas montrer qu’il était horrifié de ce que Harry avait vécu, sans que personne apparemment ne prenne la peine de le défendre ou de se poser les bonnes questions.

   — Tu l’as juste touché ? C’est… une réaction de protection de ta magie peut-être ? Une façon de te garder en vie ?


Cette fois, Harry laissa échapper un ricanement amer.

   — Selon Dumbledore, c’est l’amour qui l’a tué. L’amour de ma mère. Le résultat de son sacrifice lorsqu’elle a donné sa vie pour moi. Parce que, entre nous, si je devais me défendre avec l’amour que j’ai reçu pendant mon enfance, ça serait bien maigre… Je serais probablement mort depuis longtemps !


Régulus serra les poings et grogna, agacé.

   — Conneries. Ce vieux fou n’a pas changé à ton époque visiblement ! Je n’ai jamais compris pourquoi il laissait ton père et mon frère mettre Poudlard à feu et à sang en les favorisant outrageusement… Il les protégeait toujours, les laissant… jouer les gros bras sans jamais les réprimander.

Le brun baissa la tête, fermant douloureusement les yeux, visiblement mal à l’aise, et se passa une main dans les cheveux, avant de souffler, hésitant.

   — C’était si mauvais que ça ?


Régulus hésita un bref instant, mais il décida d’être totalement honnête. Ce Harry semblait différent de James Potter, mais il ne voyait pas l’intérêt de le ménager inutilement : la vérité semblerait probablement plus honnête envers son sauveur et il n’était pas coupable des imbécilités commises par son père.

   — Pire encore que tu l’imagines. Ce qu’ils appelaient blagues n’étaient que des plaisanteries cruelles visant à humilier leurs victimes. J’y ai eu droit quelques fois, mais je pense que Sirius craignait les réactions de nos parents tant qu’il était mineur. D’autres ont eu moins de chance.


Harry soupira, les épaules basses.   

   — Je croyais qu’ils s’en prenaient essentiellement à Severus Rogue ? Qu’ils l’avaient poussé à prendre la marque par leur harcèlement constant ?


Régulus hésita un bref instant. L’image du jeune homme solitaire à Poudlard lui revint, et il voulut demander ce qu’il devenait, mais il avait bien trop peur de la réponse. Il ne voulait pas découvrir que Severus était devenu un monstre comme Bellatrix, il préférait imaginer qu’il s’était rendu compte à temps qu’il faisait fausse route, tout comme lui.

Finalement, il répondit doucement, les yeux dans le vague.

   — Severus était leur principale victime, oui. Je n’ai jamais compris la haine de mon frère envers lui. Les maraudeurs ne lui laissaient jamais un moment de répit, et… enfin. Peu importe, je suppose que c’est du passé. Mais n’importe qui pouvait être victime de leurs plaisanteries. N’importe quelle maison, même si les Serpentard étaient les plus touchés. Les plus humiliés.


Harry hocha la tête, l’air sombre.

   — Je pensais déjà qu’ils étaient de terribles idiots étant adolescents, mais… je vois une fois encore que personne n’avait osé me dire toute la vérité.



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