R.A.B

Chapitre 43

1285 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 07/08/2022 21:52

Régulus hésita longuement, regardant son frère avec attention, méfiant. Ce frère qui ne ressemblait plus vraiment au Sirius qu’il connaissait autrefois, qui avait vieilli et qui semblait avoir souffert. Ce frère qui l’avait abandonné autrefois, mais qui semblait déterminé à se racheter.

Il jeta un œil sur Harry qui dormait comme un enfant, accroché à lui, l’air paisible malgré ses cernes et il passa la main dans ses cheveux avec tendresse. Harry faisait confiance à Sirius, visiblement. Alors il soupira et prit la fiole. Il la but en fixant son frère, mais ce dernier lui adressa un léger sourire pour le rassurer. Sirius semblait presque heureux de le revoir et c’était terriblement déstabilisant.


Le jeune homme se sentit soudain cotonneux et il se blottit contre Harry, papillonnant des yeux. Il lutta quelques instants contre le sommeil avant de se laisser sombrer.




*


Lorsque son frère fut enfin endormi, Sirius se passa la main dans les cheveux et jura soudain, prenant conscience de la situation. À ses côtés, Severus ricana, moqueur.

   — Je n’aurais pas mieux dit.


Ils restèrent quelques instants silencieux, observant les deux adolescents et Sirius se frotta le visage, perdu.

   — Ils semblent si jeunes, tous les deux…

   — Ils sont jeunes, Black. Ce sont des enfants encore.


Après un silence, Sirius reprit, murmurant, sans oser regarder son ancien camarade d’école.

   — Reg m’a dit que… c’était de ma faute, de notre faute, que tu étais devenu Mangemort. Que sans nos… idioties, tu n’aurais jamais…


Severus cligna des yeux, surpris de la douleur dans la voix de son ennemi de toujours. Il hésita brièvement, avec l’impression que la vengeance était à portée de main. Il pourrait probablement détruire moralement l’homme avec quelques mots choisis, le rendre responsable de sa vie de misère. Cependant, Harry Potter avait besoin de son parrain et malgré ce qu’il pensait, Severus n’avait plus vraiment envie de vengeance. Il était juste fatigué de se battre, d’être un espion. Il voulait la paix, enfin. Une vie de tranquillité, où il pourrait panser ses blessures et oublier le passé.

Aussi, il haussa les épaules.

   — Qu’importe ? J’ai juste fait de mauvais choix.


Sirius laissa échapper un rire incrédule en secouant la tête.

   — Ne te sens pas obligé de me préserver, Rogue. Reg a été clair… et crois-moi, je n’avais jamais pensé… pour moi c’était des plaisanteries, rien de grave…


Severus leva un sourcil moqueur, avant de jeter un coup d’œil sur les deux garçons qui dormaient profondément. Ils pourraient hurler au-dessus eux sans les réveiller, mais ils chuchotaient machinalement, comme pour ne pas les déranger. Puis, il secoua la tête.

   — Et quand as-tu compris que… ce n’était pas drôle ?



Sirius se détourna.

   — Probablement lorsque j’ai appris comment Harry était traité. Ou quand il a découvert… comment on était et qu’il… Rogue, je sais que tu ne l’aimes pas, mais quand il a regardé dans ta pensine, il s’est identifié à toi et… il m’a hurlé dessus. Tout comme il aurait hurlé sur James.

   — Ne sois pas stupide ! Il n’aurait…

   — Il a refusé de me parler pendant un moment. Il m’a dit que j’étais comme son cousin. Je lui ai juré que j’avais changé, mais même encore maintenant, j’ai peur de le perdre pour de bon. J’ai vu comment il… m’a regardé, la déception dans ses yeux. Je sais parfaitement que si je lui demandais de choisir entre mon frère et moi… il partirait avec Régulus.


Severus grogna.

   — Stupide cabot ! Ce gosse a lancé un sort noir et hautement illégal pour te sauver toi. Tu veux quoi de plus ?

   — Pour ce que ça vaut, je suis réellement désolé. Je n’aurais jamais pensé… que ça aurait de telles conséquences. J’étais un idiot.

Le maître des potions leva un sourcil moqueur.

   — Et bien, pour une fois, nous sommes d’accord !



Après une hésitation, Sirius laissa échapper un rire amusé et secoua la tête. Puis, il murmura sans regarder celui qu’il avait autrefois harcelé.

   — Tu devrais rester ici, Rogue. Au moins, tu serais en sécurité. Cette maison est sinistre, mais les protections sont puissantes et personne ne peut nous y débusquer. Harry… il t’estime énormément, quoi que tu puisses penser de lui. J’aimerais qu’un jour il m’admire de cette façon…



Severus eut un mouvement de recul. Il serra les poings, mais sa voix était mal assurée lorsqu’il prit la parole.

   — Si c’est une plaisanterie…

Sirius se redressa et le fixa droit dans les yeux.

   — C’est loin d’en être une. Quand il a appris que tu étais un espion depuis toutes ces années… il a cessé de t’en vouloir pour ta façon de le traiter. D’autant plus quand il a su pourquoi tu le haïssais réellement. Harry… Harry voit le meilleur en chacun. Il m’a ramené mon petit frère… Je n’avais jamais vu Reg si… épanoui. Si souriant. Je me souviens d’un adolescent effacé et renfrogné…

   — Je ne peux pas rester et… tout abandonner. Ils attendent la première occasion pour me jeter à Azkaban.



Sirius eut un sourire typiquement maraudeur et croisa les bras sur sa poitrine.

   — À ce sujet… Nous pouvons peut-être trouver une solution. Après tout, il faudra bien une nouvelle identité à mon frère, pour légitimer sa présence. Qu’est-ce qui t’empêche de faire la même chose ? Tu pourrais… changer de vie, prendre un nouveau départ ?


Severus soupira.

   — Un espion qui ne sert à rien ? Je dois continuer, tenter de rapporter plus d’informations encore. Je… je ne sais pas combien de temps ça va durer, combien de temps je peux encore remplir ce rôle, mais c’est peut-être ce qui sauvera ce gosse.

   — Non, Severus. Tu te trompes. Tu espionnes depuis des années et s’il y avait eu la moindre chose à savoir… peu importe. Ce dont Harry a besoin, c’est de ne pas être seul. D’être entouré. Tu l’as entendu ? Il m’a vu mourir et… il pense que c’est de sa faute ! Comment crois-tu qu’il vivra la chose s’il t’arrive quelque chose ?


Cette fois, le maître des potions baissa la tête, se souvenant des paroles du jeune homme.

   — Il m’a vu mourir aussi. Et il pensait également qu’il aurait dû intervenir.


Sirius chancela, et agrippa le poignet de Severus.

   — Ne sois pas stupide. Tu n’es pas suicidaire ! Ne m’oblige pas à te supplier de… de te battre, ça ne serait agréable ni pour l’un, ni pour l’autre…


Severus pinça les lèvres, hésitant visiblement. Finalement, il abdiqua à demi.


— Soit. Je reste jusqu’à leur réveil. On verra à ce moment, suivant… suivant ce dont ils auront besoin.



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