R.A.B

Drago fronça les sourcils et intervint brusquement en se tournant vers sa mère.

   — Une seconde, tu le connais ?

Narcissa ne pouvait quitter Régulus des yeux, fascinée. Elle répondit d’une voix distraite, perturbée par ce fantôme du passé.

   — C’est mon cousin. Régulus.

Lucius laissa échapper un grognement agacé et claqua sèchement sa canne sur le sol.

   — Régulus Black, porté disparu et présumé décédé fin 1979. Avant la naissance de monsieur Potter ici-présent, donc.

Harry eut un léger sourire et haussa les épaules en rougissant légèrement.

   — Ce n’était pas prévu initialement… Disons que c’est un heureux accident.

Drago laissa échapper un gloussement moqueur.

   — Un accident ? Potter… Trébucher sur ses lacets, c’est un accident. Par contre, ramener un mort à la vie, c’est loin d’entrer dans la même catégorie.

Harry tourna les yeux vers Régulus et laissa échapper un rire amusé, alors qu’il repensait à la façon dont sa vie avait basculé.

   — Je n’ai pas ramené Reg à la vie. Il… Il n’est jamais mort en fait. Il m’a juste suivi quand je suis… revenu.

Lucius plissa les yeux et se pencha vers les deux jeunes hommes, les fixant d’un air glacial.

   — Revenu d’où exactement, monsieur Potter ?

Harry rougit et détourna le regard, restant muet un instant. Régulus secoua la tête.

   — Du passé évidemment.

Il y eut un lourd silence, rapidement brisé par le rire tonitruant de Sirius.

   — Et l’impossible devient possible.

Lucius pinça les lèvres et ses yeux lancèrent des éclairs, mais il resta silencieux. Narcissa eut un sourire hésitant, sans pouvoir quitter son cousin perdu des yeux et demanda doucement.

   — Qu’est-ce qui a changé ? Les… voyages dans le temps ont des conséquences, n’est-ce pas ?

Severus intervint, sèchement.

   — Évidemment. Cependant, les choses ont l’air de tourner plutôt en notre faveur. Je suppose que tu préfères que ton fils ne soit pas impliqué dans ce… bazar ?

Lucius secoua la tête.

   — C’est un sacré coup de poker.

Harry intervint, les joues toujours rouges, d’une voix morne.

   — Disons que je n’avais plus vraiment d’espoir ou de solution. J’ai… fait ce que j’ai pu.

Narcissa hocha la tête, lui souriant doucement.

   — Personne ne vous reproche rien, monsieur Potter. Vous avez ramené mon cousin, même si je n’aurais jamais imaginé le revoir alors qu’il a l’âge de mon propre fils.

Drago dévisageait Régulus, les yeux froncés.

   — Tu parles de ton cousin mangemort, mère ?

Loin de se vexer, Régulus gloussa et remonta tranquillement sa manche, révélant la peau intacte de ses avant-bras.

Lucius jura sourdement.

   — C’est impossible. J’étais présent le jour où tu as pris la marque !

Narcissa pour sa part semblait émerveillée. Elle adressa un sourire lumineux à Harry.

   — Monsieur Potter ? Vous avez sauvé Régulus avant qu’il ne soit marqué ?

Harry ouvrit la bouche pour répondre, mais Régulus eut un rire satisfait.

   — Absolument pas. Il a ôté la marque.

Il y eut un lourd silence que Drago brisa d’un reniflement moqueur.

   — Évidemment. Saint Potter ne pouvait pas s’empêcher de faire parler de lui !

Narcissa donna un coup de coude à son fils, tandis que Régulus le dévisageait, les sourcils froncés, mais Harry se mit à rire, soulagé de retrouver un élément familier dans le monde étrange qu’il avait rejoint.

Lorsqu’il se calma, Harry murmura tranquillement.

   — Je peux tenter d’ôter votre marque, monsieur Malefoy. Au moins quand tout ça sera… terminé. J’avoue que je ne suis pas certain de savoir exactement comment j’ai fait.

Severus renifla d’un air moqueur alors que Lucius le regardait comme s’il était une espèce intéressante d’insecte. Drago soupira puis marmonna.

   — Comment tu as pu faire ça sans t’en rendre compte ? C’est la chose la plus stupide que j’ai jamais entendue !

Harry prit une couleur carmin qui fit rire Sirius et Régulus, tandis que Lucius levait un sourcil surpris.

      — C’était… juste sous le coup de l’émotion. Je ne suis pas certain… enfin, j’ai une idée de la méthode bien sûr, mais… il faudra peut-être plusieurs essais. Enfin… je pense.

Face à son malaise, Régulus l’attira dans ses bras et déposa un léger baiser sur ses lèvres. Harry souffla et se laissa aller contre lui.

   — Nous devrions nous asseoir. Je suppose que vous attendez quelques explications.

Drago les fixait, les sourcils froncés. Il grogna.

   — Effectivement, Potter. Quelques explications ne seraient pas de trop.

Alors qu’ils s’installaient, Kreattur apparut soudainement pour servir le thé. Harry échangea un regard complice avec Régulus, comprenant que l’elfe avait écouté toute la conversation.

Avec Sirius d’un côté et Régulus de l’autre, ce dernier ayant enlacé leurs doigts, sans compter Severus près d’eux, soutien silencieux, Harry retrouva son assurance et il soupira.

   — Je vais devoir commencer en parlant de… ma vie dans une autre réalité. Enfin. De ce que je me souviens.

Il marqua une pause, fermant les yeux, se concentrant sur la main chaude de Régulus. Puis, il hocha la tête.

   — Là d’où je viens, Sirius est mort. Il… est mort en me sauvant la vie, alors que je faisais face à un groupe de Mangemorts. Vous étiez présent, monsieur Malefoy, et c’est Bellatrix Lestrange qui l’a tué.

Narcissa haleta, mais resta silencieuse, tandis que Lucius fronçait les sourcils. Harry ignorant leurs réactions, les yeux dans le vague, poursuivit.

   — Voldemort… voulait une prophétie nous concernant. Dumbledore la connaissait et il… il me l’avait caché. Cependant, la prophétie a été détruite lorsqu’il y a eu cet affrontement au département des Mystères. Dumbledore est arrivé et… il a affronté brièvement Voldemort. Le ministre et un groupe d’Aurors sont arrivés… Vous avez été arrêté et envoyé à Azkaban, monsieur Malefoy.

Lucius blêmit, imaginant probablement ce qu’il aurait pu vivre, aux côtés des Détraqueurs. Drago était penché en avant, fixant Harry sans ciller, écoutant avidement. Narcissa pour sa part tenait le bras de son époux, mais ne montrait aucune émotion.

Harry cligna des yeux, essayant de repousser le souvenir de Sirius qui tombait au travers de l’arche alors que Bellatrix riait d’un air hystérique. Le jeune homme soupira, se laissant aller contre Régulus, et murmura.

   — Pendant que vous étiez emprisonné, Voldemort s’est installé chez vous, dans votre manoir.

Cette fois, Narcissa émit une exclamation horrifiée. Elle secoua la tête, visiblement secouée.

   — C’est impossible, nous n’aurions jamais permis ça !

Harry lui adressa un sourire triste et haussa les épaules.

   — Je pense que vous n’avez pas vraiment eu de voix au chapitre, madame. Entre votre mari en prison et votre sœur… totalement dévouée, il s’est imposé.

Drago intervint, calmement.

   — Il y a plus, n’est-ce pas ?