étrange convalescence

Cette fanfiction participe au défi d’écriture du forum Fanfictions. fr : Mots et maux estivaux — (juillet août 2022).

—————————

   — La vie est une garce.

La tête dans le coton, Harry Potter grimaça avant d’ouvrir péniblement les yeux. Il cilla, mal à l’aise avant de grogner d’un ton boudeur.

   — J’ai l’impression d’avoir des pâtés de sable dans les yeux…

Il entendit un ricanement moqueur, et il sourit malgré lui. Il sentit une poche de glace être posée sur son front et il soupira de bonheur à la sensation. La voix familière se justifia presque immédiatement.

   — Tu as encore de la température.

Après un temps de retard, il identifia enfin la voix et il se redressa brusquement, un peu perdu, papillonnant des yeux.

   — Malefoy ? Mais… qu’est-ce que tu fais là ?

Le blondinet lui lança un regard torve et il haussa les épaules avec un soupir résigné.

   — Tu veux dire qu’est ce que je fais ici en pleine période estivale, au lieu de profiter des bikinis et des paillotes ?

Harry cligna des yeux, essayant de comprendre de quoi parlait Drago Malefoy. Il abandonna l’idée de comprendre et hocha la tête approximativement, fixant le jeune homme du regard.

Le blondinet gloussa.

   — Pas de festival pour moi, cher sauveur. Puisque j’étais du mauvais côté, je suis privé de joli transat, de sandales et de palmier offrant une ombre agréable. Je suis puni et si je ne veux pas être enfermé jusqu’à la fin de mes jours, je dois… être un bon citoyen selon le ministre de la Magie. Ce qui correspond à supporter les dents sales et le mauvais transit des patients de cet endroit…

Harry ferma les yeux et les rouvrit, dépité de constater que rien n’avait changé. Il murmura, inquiet.

   — Je ne me souviens de rien.

Drago passa la main dans les cheveux en bataille de Harry, avec une douceur étrange surtout s’il prenait en compte le tempérament du Serpentard. Harry crut qu’il n’aurait pas de réponse, ou d’autres paroles incompréhensibles, mais après avoir regardé rapidement autour d’eux, Drago se pencha et baissa la voix, le fixant intensément.

   — Tu as gagné, Potter. Tu l’as tué. Le seigneur des ténèbres.

Harry resta muet de stupeur, se demandant s’il était réellement éveillé ou s’il faisait un rêve étrange. Parfois, les évènements de sa vie lui donnaient l’impression d’être fou, mais cette fois, il semblait réellement avoir passé un palier dans la folie. C’était juste surréaliste.

Drago caressa une fois de plus les cheveux de Harry et il secoua la tête.

   — Tu devrais arrêter de… te prendre la tête Potter. Tu n’es pas fou et je te suis redevable. Il allait me tuer, tu sais ? Pour tous mes échecs. Ce n’était qu’une question de temps. Toi… tu m’as sauvé la vie. Tu te souviens ? Le feudeymon ?

Harry déglutit et passa la langue sur ses lèvres sèches. Il regarda autour de lui et fronça les sourcils en voyant une collection de coquillages à son chevet.

   — Si je ne suis pas fou, pourquoi y a-t-il des coquillages ici ?

Drago eut un rire moqueur et il aida Harry à se redresser avant de lui présenter un verre d’eau.

   — Lovegood. Elle a insisté pour les laisser, elle disait que tu comprendrais pourquoi elle les avait amenés. Au moins, j’ai réussi à la dissuader de te mettre des papillotes dans les cheveux. Elle pensait que… tu serais heureux de les discipliner de cette façon.

Harry eut un rire nerveux. Les actes de Luna semblaient dangereusement logiques au milieu de toute cette folie. Il dévisagea Drago, essayant de déterminer s’il était comme avant ou s’il avait subitement changé.

   — Donc tu es puni et tu es obligé de t’occuper de moi ?

Drago eut un geste vague de la main.

   — Ce n’est pas si terrible, je t’assure.

Harry hocha lentement la tête. Il réfléchit quelques instants, le regard dans le vague, avant de murmurer, rêveur.

   — J’ai envie d’un pique-nique. Profiter du soleil et du vent sur ma peau. C’est bête, hein ?

Drago lui passa une fois de plus la main dans les cheveux, avec un demi-sourire illisible.

   — Et bien, je sais de source sûre qu’il y a des coquillettes au menu ce soir. Apparemment, c’est facile à manger pour toi et c’est pour te remettre un peu sur pieds. Mais, peut-être que je pourrais tenter de négocier un goûter sur le balcon ? Tu auras le soleil et l’air frais, avec un peu de tarte à la mélasse si tu es sage…

Harry cligna des yeux, avant de laisser échapper un rire surpris.

   — De la tarte à la mélasse ? Celle avec la pâte sablée ?

Drago eut l’air outré.

   — Bien évidemment ! C’est la seule recette qui vaille la peine ! N’imagine même pas demander autre chose…

Harry rit une fois encore et avança la main pour attraper la main de Drago. Il la serra et lui sourit.

   — Merci.

Une ombre passa dans le regard gris et Harry comprit que quelque chose n’allait pas. Il connaissait bien trop Drago Malefoy pour que ce dernier puisse lui cacher des choses. Sa gentillesse, ce ton léger… tout ça masquait forcément une nouvelle désagréable.

Son sourire vacilla et il serra un peu plus la main de Drago.

   — Dis-moi.

Drago ferma les yeux un instant et il grimaça.

   — Je ne suis pas censé…

   — S’il te plaît, Malefoy. Je préfère que ce soit toi. Je sais que tu me diras la vérité et que tu n’essaieras pas de me rassurer stupidement.

Ils se fixèrent longuement, perdus dans leurs souvenirs communs. Puis Drago s’approcha pour s’assoir près de Harry.

   — Tu as reçu beaucoup de sorts, Potter. Des sorts noirs, qui ont abimé ton corps. Tu as survécu, mais… il est possible que tu ne puisses plus marcher.

Harry déglutit et regarda ses jambes inertes. Il cligna des yeux rapidement pour s’empêcher de verser des larmes et il soupira.

   — Je suppose que ça résout la question de savoir si je vais vraiment postuler pour devenir Auror ou non. Ou joueur de Quidditch. J’aurais probablement dû chercher une idée de métier moins… physique.

Drago grogna.

   — Par pitié Potter ! Il y a une semaine, les médecins se disputaient pour savoir si tu allais ouvrir les yeux ou non. Certains pensaient que ton cerveau était touché. Personnellement, je savais que c’était impossible, il n’y a rien à détruire, n’est-ce pas ? Je parie que d’ici peu tu gambaderas sur tes deux jambes pour les faire mentir…

Harry se mit à rire et attira Drago plus près de lui. Il l’enlaça et le serra aussi fort qu’il le pouvait, fermant les yeux pour s’empêcher de pleurer.

   — Merci d’être là Malefoy. Même si tu es obligé de faire ça… j’apprécie vraiment.

Après une hésitation, Drago lui rendit son étreinte. Puis, il murmura.

   — Comme je te l’ai dit, je te dois beaucoup. Ce n’est pas une punition si terrible par rapport à mes crimes.

Harry hocha la tête, et il se laissa tomber sur les oreillers, évitant de regarder en direction de ses jambes, masquées par le drap fin. Pensivement, il demanda.

   — Est-ce que tu m’en voudrais si je demandais à ce que tu sois mon infirmier personnel ? J’ai vraiment envie de ce pique-nique avec toi. Et de parler aussi du genre de bikinis que tu voulais porter plutôt que de t’occuper de malades…

Drago sourit et lui adressa un clin d’œil.

   — Si je t’en voudrais ? Bon sang, Potter, c’est bien plus agréable de parler avec toi que d’être insulté à longueur de journée par les autres. Pourquoi penses-tu que je passe autant de temps dans ta chambre ?

Harry sourit en se rendant compte qu’il avait gardé la main de Drago dans la sienne et il hocha la tête, soudain empli d’un espoir insensé.

   — Parfait. Alors en tant que sauveur je devrais pouvoir choisir mon infirmier, non ? Donc… je te choisis, toi, pour satisfaire tous mes caprices.

Drago leva un sourcil moqueur, mais l’amusement brillait dans ses yeux gris. Harry se sentit soudain léger, avec la pensée que sa convalescence serait peut-être bien plus agréable qu’il ne l’avait pensé au premier abord.