Secrets de Serpentard (II) : Le Pensionnat Wimbley

Chapitre 20 : De nos jours

869 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 12/07/2023 09:15

De nos jours



Dans son manoir en ruines, en haut de sa tourelle baignée de courants d'air, Drago contemple avec amertume les documents que sa mère a si précieusement conservés. Le journal est toujours intact, et la tâche d'encre est toujours nette. Coincés entre les pages, le mot d'Alastor Maugrey et les articles de La Gazette du Sorcier sont là, eux aussi. Le papier est si fragile et si vieilli qu'il paraît sur le point de se volatiliser.

Drago pousse un long soupir. Son père lui a tellement rabâché le récit de cette nuit que, même des années après, il pourrait le réciter par cœur. Il se souvient de la manière dont son père se targuait d'avoir bravé tous les dangers, d'avoir affronté cette femme et de l'avoir vaincue, afin de s'attirer les faveurs de Lord Voldemort... Il se souvient de l'ardeur avec laquelle lui-même a voulu l'imiter, lorsqu'on lui a donné la mission périlleuse de tuer Dumbledore...

Ah, s'il avait su ce qu'il s'était réellement passé, derrière les murs de pierre blanche du pensionnat, entre son père, Eleanor Wimbley et Rascus Crabbe, sans doute aurait-il mis un peu moins de cœur à l'ouvrage !

Drago se redresse, s'accoude à son bureau encombré de vieux journaux et de parchemins noircis par son écriture penchée, et contemple, lui aussi, le mur qui lui fait face. Il regarde sans le voir un grand portrait, recouvert par un drap épais pour faire taire l'ancêtre qui s'y trouvait autrefois. Il s'étire et bâille longuement, sans se soucier d'être entendu.

La nuit est tombée depuis longtemps, et Drago a sommeil. Et pourtant, tout comme sa mère, il ne parvient pas à se résoudre à aller se coucher. Il sait bien que s'il retourne s'allonger sur son matelas humide, l'image du pensionnat Wimbley en flammes restera imprimée sur ses paupières closes et le maintiendra éveillé jusqu'au petit matin.

Machinalement, il se lève, prend une chandelle et sort de la pièce. Sans faire attention au délabrement avancé de tout ce qui l'entoure, aux carreaux cassés et aux taches de moisissure qui s'élargissent sur les murs, Drago descend l'escalier de la tourelle Est et parcourt quelques couloirs plongés dans l'obscurité. Autour de lui, le manoir entier semble pétrifié, endormi pour l'éternité.

Enfin, il atteint l'aile Nord et pénètre dans les anciens quartiers de son grand-père paternel, Abraxas Malefoy. Il passe devant une pièce immense, autrefois consacrée à la confection de potions : malgré la pénombre, on distingue les ombres menaçantes d'alambics rouillés et de chaudrons vides. Sur les étagères, d'innombrables fioles s'alignent sur des petits socles poussiéreux, remplis de liquides sombres et épais, où flottent parfois des branches épineuses ou des griffes acérées. Sur le sol, des flacons sont brisés en morceaux : leur contenu a brûlé le tapis et marqué le sol de pierre, laissant là le souvenir de la dernière personne qui est entrée dans cette pièce sinistre.

Drago ne compte pas s'attarder ici : il poursuit son chemin et entre dans la pièce où se trouve la Pensine de son grand-père. Ici, dans la petite pièce nue, les fioles sont tout aussi nombreuses, mais leur contenu argenté, ni liquide ni gazeux, est bien plus agréable à regarder.

Sur une étagère un peu à part, les souvenirs de Remus Lupin diffusent une douce lueur. Drago s'en approche, comme aimanté : ces souvenirs-là l'aideront peut-être à se changer les idées. Il examine les flacons avec d'infinies précautions et trouve celui qu'il cherchait, daté de quelques jours après la destruction du pensionnat Wimbley. À nouveau, l'étiquette humide est difficile à déchiffrer. Drago ne parvient à distinguer que les trois premiers mots : La Carte du... Le quatrième mot commence par la lettre M ; le reste est brouillé, illisible.

Furtivement, Drago repense à celui qui a été son professeur de Défense contre les Forces du Mal au cours de sa troisième année d'études à Poudlard. Un homme discret et humble, sans aucune rancœur mal placée, malgré toutes les épreuves qu'il avait traversées. Si Drago avait su qu'il se plongerait dans ces souvenirs avec autant de reconnaissance, il se serait probablement moins moqué de son air perpétuellement épuisé et de ses vêtements toujours miteux...

Vraiment, c'était à en mourir de honte.

Avant de verser le souvenir dans la Pensine, il s'interrompt, songeur. Une partie de ses pensées continue de tournoyer autour du pensionnat Wimbley et de ses ruines fumantes. Afin d'apaiser le sentiment de culpabilité qui s'agrippe à lui, il se rappelle que l'histoire du pensionnat ne s'est pas terminée cette nuit-là, comme tous le croyaient alors. Il repense à tout ce qu'il a découvert récemment, et à la discussion surprenante qu'il a eue avec l'un des membres de la famille Goyle, quelques mois auparavant ; et finalement, il sourit en songeant que, même disparue, Eleanor Wimbley est bien loin d’avoir dit son dernier mot...


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