Le secret de Drago [Drarry]

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- Potter ! Potter ! ... Harry...

Dès qu'il était sorti des cachots, Drago avait commencé à courir pour rattraper le brun, mais celui-ci semblait s'être volatilisé. Le blond serra les dents. Il n'aurait pas dû hésiter aussi longtemps. Pourquoi avait-il hésité ? Pourquoi n'avait pas bondi après Harry lorsque qu'il s'était déclaré, au lieu de ne rien faire et rester figé comme un idiot ?!

- C'est de ma faute...

Il regarda autour de lui. Où était le Gryffondor ? Lui avait tellement couru qu'il avait fini par se perdre. Il avait un gros point de côté qui l'empêchait de respirer. Sa poitrine meurtrie s'élevait irrégulièrement. Il se stoppa tout à fait. Une envie de pleurer lui serrait le cœur. Cela ne l'étonnait pas, ce n'était pas la première fois qu'il était triste à mourir. Mais ce qui le surprit, c'est quand il sentit une grosse larme rouler sur sa joue. Il leva une main tremblante et toucha sa peau. Il pleurait. Il pleurait vraiment.

Quand il réalisa ça, quand il réalisa qu'il n'arrivait plus à garder ce masque, quand il réalisa qu'il était triste, d'autres larmes mouillèrent son visage.

Et ce fut là, pour la première fois depuis longtemps, qu'il désobéit à tous les ordres qui avaient régi sa vie depuis sa naissance.

Un Malefoy est fort. Un Malefoy n'est jamais en retard. Un Malefoy est digne.

Non. Pas à cet instant. Il y avait bien plus important.

- Potter ! Potter ! Potter...! Harry !

Les larmes coulaient désormais librement sur ses joues. Il reprit sa course, agitant vainement sa baguette.

- Accio Potter ! Accio Potter ! Accio... Potter...

Il devait lui répondre. Il devait lui répondre.

Il allait lui répondre et tout irait bien. Si Potter l'aimait vraiment... S'il aimait vraiment le Serpentard, son ennemi juré depuis la première année... Il serait le plus heureux des hommes.

Il fit volte-face pour se rendre aux jardins. Là-bas, tout était calme. Potter adorait cet endroit, et y serait sûrement.

Lui, Drago Malefoy, allait trouver Harry Potter pour lui déclarer sa flamme. Oui, pour la première fois de sa vie, il deviendrait courageux et laisserait quelqu'un atteindre son cœur fragile.

À cet instant-là, il était résolu. Malheureusement, des années d'obéissance ne disparaissent pas en un claquement de doigts. Toute la volonté du monde n'efface pas les traumatismes que certaines personnes avaient consciemment enfouis au plus profond de lui.

La cloche sonna pour le prochain cours, tel un gong annonçant sa mort prochaine. Il s'arrêta, hébété. Tout le monde allait l'entendre. Tout le monde allait le voir chercher Potter. Tout le monde allait le voir pleurer. Et sa réputation serait brisée ; son père, déçu ; lui, renié.

Il eut un hoquet douloureux et plaqua ses mains pour étouffer les sanglots qui lui secouaient le corps. Il vit un chemin entouré d'arbres et s'empressa de l'emprunter, tournant dos au château.

Il était faible. Faible. FAIBLE.

Quand il s'arrêta, à bout de souffle, un gémissement perça la barrière de ses lèvres et de ses mains. 

Il était dans une petite clairière éloignée, et le soulagement mêlé à la peur lui coupèrent la sensation de ses jambes. Il tomba à genoux et se traîna jusqu'à un arbre au tronc épais, d'où personne ne pourrait le voir. Il s'y roula en boule en sanglotant.

- Pardon Potter, pardon. Je suis faible. Pardon...pardon...

Il n'arrivait pas à s'arrêter. Un spasme douloureux lui coupa la respiration un instant et lorsqu'il leva la tête avec désespoir pour récupérer un peu d'air, il se figea en voyant la personne face à lui.

Il ouvrit la bouche, idiot. 

Ses pleurs redoublèrent. Il avait honte. Il voulait que personne ne le voie comme ça. Surtout pas lui.

- Malefoy...

Cette voix qu'il aimait tant lui donna la chair de poule, mais l'utilisation de son nom de famille lui tordit le cœur. Ça faisait mal.

Il détourna le regard.

- Malefoy... Ça va ?

Il ne répondit pas.

- Tu as raison, c'était une question idiote.

Il se passa un moment sans bruit, et le blond se demanda s'il était parti. Un mouvement à sa droite, ainsi qu'un soupir, le détrompèrent. Il arrêta un instant de pleurer, saisi. Il sentait la chaleur douce du Gryffondor, désormais assis à ses côtés. Assis à côté de lui. Assis à côté de lui...!

- Est-ce que c'est de ma faute ?

Il était trop proche. Drago sentait son souffle près de son visage, malgré sa tête tournée. Il était proche, trop proche.

- Euh, hein ?

Bravo Drago, très belles capacités d'élocution, je suis impressionné, se dit-il pour lui-même.

Mais le brun ne releva pas. Au contraire, il sembla s'affaisser encore plus.

- C'est de ma faute si tu pleures ? Je t'ai blessé en disant que je t'aimais ? Je suis désolé, ce n'était pas mon intention. Je ne voulais pas. Je...

Mais qu'est-ce qu'il racontait ? Qu'est-ce que cet idiot s'était encore imaginé ?

L'étonnement lui fit tourner brusquement la tête et il sentit aussitôt le remords serrer sa poitrine. Potter ne pleurait pas, contrairement à lui. Non, ses grands yeux verts débordaient d'inquiétude, de tristesse et de honte. C'était mille fois plus douloureux de voir ce visage décomposé par le regret, que de souffrir soi-même.

- Je suis désolé. Vraiment désolé... Je ne dirais plus rien. Tu peux me frapper, si ça te soulage. Fais tout ce que tu veux. Mais ne pleure pas Malefoy, s'il te plaît. Je suis désolé.

Le blond se tourna complètement vers lui, plongeant son regard dans le sien. Il semblait tellement fragile en cet instant... C'était pour ça qu'il l'avait suivi suite aux conseils de Hermione. Pour éviter ce terrible malentendu.

- Potter... Potter !

L'autre s'arrêta, mordant sa lèvre pour s'empêcher de parler. Elle rougissait sous l'assaut et Drago dut se forcer à éviter cette vision tentatrice et garder son calme.

- Tu ne m'as pas entendu t'appeler tout à l'heure ? Vraiment ?

Il avait encore mal à la gorge à cause de tous ses cris.

- ... Non, fit l'autre avec hésitation.

- Donc tu ne sais pas que j'ai couru dès que tu es sorti pour tenter de te rattraper ?

- ... Non, répéta-t-il.

- Donc tu ne peux pas savoir ce que je voulais te dire.

- ... Non.

Le blond eut un petit sourire en voyant le Gryffondor si timide, qui attendait chacune de ses paroles avec attention. Bien entendu, il ne se doutait pas de ce que Drago voulait lui dire. Rien ne le préparait à ça puisque les conditions n'étaient désormais plus trop réunies pour une déclaration. Au contraire, Potter pensait sûrement qu'il allait le rejeter.

- ... Tu m'as dit que je pouvais faire tout ce que je voulais, tout à l'heure, n'est-ce pas ?

Le brun chercha un instant, déstabilisé par les yeux moqueurs qui le transperçaient.

-... Oui.

- C'est bien ce que je pensais. Merci.

Harry ouvrit de grands yeux étonnés, mais l'autre ne le laissa pas le temps de réfléchir. Il prit son menton avec ses doigts fins et se rapprocha dangereusement. Son haleine mentholée fit frémir le Gryffondor tandis qu'il disait, malicieux :

- Les actes valent plus que les mots, c'est bien ça, Potter ?

Il planta ses yeux dans ceux de l'autre, heureux de voir qu'ils étaient ailleurs. Leur proximité empêchait le brun de réfléchir. Il l'avait à sa merci sans même que l'autre tente de riposter.

- Arrête-moi si ça te déplaît... Et réponds sinon.

Il franchit rapidement la distance qui les séparait, pour attaquer sauvagement les lèvres de l'autre. Il avait tellement rêvé de cette bouche sans oser la convoiter. Il pensait qu'elle resterait à jamais un rêve inatteignable. L'avoir là, pressée contre la sienne, lui faisait perdre la tête.

Et quand il sentit l'autre passer sa main derrière sa tête pour approfondir le baiser, il posa ses mains sur ses joues, caressant la peau soyeuse. Il osa sortir sa langue et titiller les dents, demandant l'accès à sa bouche, qui lui fut rapidement accordé. Il sentait son visage brûlant balayé par le vent et les cheveux noirs de l'autre. Son cœur battait irrégulièrement. La peur s'était tapie au plus profond de lui, spectatrice silencieuse du spectacle de leur amour.

Au bout de quelques secondes, ils se retirèrent à regret.

Mais Drago ne lâcha pas Harry.

- Je t'aime Potter. Je t'aime si fort que j'ai peur de le dire, peur de le penser. Ça m'effraie que tu puisses t'en rendre compte, même maintenant, car je sais que c'est anormal et que ça risque de te repousser. Seulement, je ne suis plus capable de me taire. Je serais prêt à tout pour toi, même mourir. Sans toi, je ne suis pas complet. Mais je pourrais te laisser partir, si c'est pour que tu sois heureux. Et, en même temps, je crains ce que pourrait faire mon père en apprenant mon amour. Je ne suis pas courageux comme toi et j'ai peur que ma lâcheté fasse que tu ne m'aimes plus un jour. Seulement, je, je... ne me sens pas capable d'endurer le regard des autres comme tu le fais. J'ai peur, Harry.

Aux premiers mots du Serpentard, l'autre s'était figé. Un sourire était peu à peu apparu sur ses lèvres et il résistait à l'envie d'embrasser à nouveau le blond, pour le laisser finir. Quand il eut terminé, une moue soucieuse sur le visage, Harry ne se contint plus et lui sauta aux lèvres. En même temps, il l'enveloppa d'une étreinte amoureuse.

- Mh, moi aussi, je t'aime Malefoy. Moi aussi je...

Il se coupa, occupé à martyriser la bouche de l'autre.

- Je t'aime.

Le blond rougit mais Harry soupira de bien-être suite à sa déclaration renouvelée, et se blottit dans ses bras. Il eut un sourire en entendant les battements irréguliers du cœur du Serpentard.

- Je t'aime depuis trop longtemps, impossible que je te lâche. On se connaît depuis presque dix ans et tu m'intéresses depuis le début. Meilleur ennemi, meilleur amour. Tout ce que tu as laissé paraître, je le connais.

Il se figea, inquiet de ce que l'autre pourrait penser de ses mots, qui démontraient son caractère quelque peu intrusif.

Drago rigola légèrement, étonné lui-même de ce son pur. Il se sentait bien en cet instant, détendu et en sécurité.

- Et pourtant, tu n'avais pas deviné que je t'aimais. Tu es un très mauvais espion.

- Mais tu es tellement secret. Je ne peux pas deviner ce que tu ne montres pas, ronchonna Harry.

- Et pourtant... Hermione le savait.

Le brun leva la tête.

- Pour de vrai ? Elle le savait et elle ne me l'a pas dit !? Et comment elle l'a su... Je suis sûr de t'avoir plus observé qu'elle... Elle est trop intelligente.

Il grogna, vexé.

- Je te rappelle que c'est elle qui nous a mis ensemble, mon petit lion, le taquina Drago.

Leurs deux visages devinrent rouges et Harry fit un grand sourire.

- C'est vrai, tu as raison... Chéri ~

Le Serpentard détourna le regard.

- Arrête.

L'autre ne se vexa pas en voyant sa mine embarrassée.

- Je ne savais pas que ta peau pouvait être si colorée. Moi qui aimais tant ton teint pâle, fit le Survivant avec une mine boudeuse.

- Tais-toi, dit Drago en lui reprenant ses lèvres.