GRINGOTTS
Cette fanfiction participe au Défi d’écriture du forum de Fanfictions.fr. « Du sang, des larmes et de la sueur» septembre-octobre 2025
« Plaie d'argent n'est pas mortelle, sauf pour ceux qui en meurent parce qu'ils sont totalement démunis. » (Pierre Dac “L’os à moelle”)
En l'an de grâce 1474 selon le calendrier chrétien, Gringott – qui n'était ni chrétien ni même païen, mais un authentique gobelin – s'installa confortablement à sa table. Il s'apprêtait à savourer avec délectation l'exquis pâté en croûte préparé par sa tendre épouse Guingotta.
Soudain, la porte s'ouvrit avec fracas, d'une façon totalement étrangère aux habitudes de sa femme. Dans l'embrasure se tenait un gobelin en armure complète, d'une taille impressionnante pour son espèce, presque aussi grand qu'un homme de stature moyenne. Sa main droite brandissait un cimeterre menaçant tandis que sa gauche tenait un objet étrange, semblable à un ballon. Cette chose mystérieuse – dont seul le GG (Grand Gobelin) pouvait connaître la véritable nature – était couverte de poils hirsutes, par lesquels il la maintenait, et dégoulinait abondamment de sang frais. Le nouveau venu, sans saluer le maître des lieux, s'approcha de la table et balança dessus l'objet, qui roula presque jusqu'au Gringott en répandant l'humeur rouge et visqueuse sur toute la surface.
— Tropzurd ! Qu'est-ce que c'est que cette grnrougs de rgound ? (Gobelbabil - intraduisible, dans la version pour les moins de 18 ans pourrait être remplacé par Bip-Bip), s'écria Gringott en pointant du doigt la table.
— Le sang, énonça l'évidence ledit Tropzurd.
Gringott tapota des doigts le bord encore exempt de sang de la table, se gratta le menton et s'exprima avec une tranquillité retrouvée, se souvenant que chez les représentants de sa race, chaque individu ne pouvait exceller que dans un unique domaine. Dans le cas du guerrier Tropzurd, c'était sans conteste sa stature impressionnante qui s'était développée jusqu'à l'excellence, au détriment du cerveau.
— Je vois bien que c'est du sang, mais j'aimerais savoir pourquoi il se trouve sur ma table et à qui appartient cette tête que tu as eu la gentillesse de placer juste devant moi ?
Tropzurd leva son cimeterre encore plus haut et hurla :
— C'est la tête de ce traître, ce fils de gnrourr (Bip), cet avorton Bierrks ! Il ne m'a pas écouté et a eu l'audace de perdre contre ces gnourkinginks (Bip) de sorciers ! Alors j'ai tranché sa stupide tête et je te l'apporte pour que tu en fasses une coupe !
— Trop d'honneur, marmonna Gringott en traçant distraitement des arabesques dans le sang répandu devant lui, un pot de chambre tout au plus !
Puis il releva la tête et interrogea Tropzurd, sans vraiment espérer une réponse sensée.
— Et qu'en est-il des passages entre notre monde, Legoblinstan, et celui des humains ?
— Presque tous fermés, il n'en reste qu'une dizaine et les sorciers menacent de les condamner si on refuse de signer ce torchon ! grogna le guerrier en jetant dans la flaque de sang sur la table un parchemin qui s'imbiba rapidement. Ces chiens, ces zourbourkrrr (Bip) nous donnent trois mois ! Un ultimatum ! À nous les Gobelins !
Comme épuisé par cet accès de colère, le puissant guerrier abaissa son arme et ajouta d'une voix plaintive, presque murmurée :
— Et si tous les passages sont fermés, comment pourrons-nous servir l'homme ?
Gringott lui tapota l'épaule d'un geste rassurant, bien qu'il dût se dresser sur la pointe des pieds pour y parvenir, et déclara :
— Allons, allons ! Les humains, nous les servirons comme d'habitude, soit en ragoût avec des pommes de terre, soit en pâté en croûte.
Gringott se rassit, souleva le parchemin dégoulinant de noble sang des gobelins et ajouta :
— Néanmoins, je dois réfléchir à ce que nous ferons de ce... comment l'as-tu déjà qualifié ? De ce torchon.
Il se redressa sur sa chaise et déclara avec emphase, tout en regrettant intérieurement de ne pas pouvoir déguster tranquillement le pâté en croûte préparé par sa tendre Guingotta :
— En tant que Chef civil de tous les gobelins, élu à l'unanimité, « ceux qui n'étaient pas unanimes servent désormais d'engrais dans nos plantations » songea-t-il furtivement, je t'ordonne de faire venir Maître Gleasagz, l'artefacteur, pour qu'il s'empare de cet objet - il désigna la tête du pauvre Bierrks - afin d'en créer un pot de chambre enchanté, ainsi que Maître Proxgrr, diplômé en psychologie sorcière et ayant obtenue PsyMage mention très bien. Ensuite, tu pourras te retirer pour prendre un repos bien mérité après ton exploit !
***
Le très jeune Maître Proxgrr - seul GG (Grand Gobelin) connaissait comment il avait réussi à obtenir son diplôme en PsyMage à l'âge extraordinairement précoce de cent ans à peine - se tenait maintenant face à Gringott, et était parcouru d'un frémissement d'émotion imperceptible. Dans son esprit, les pensées tourbillonnaient en une danse frénétique et désordonnée.
Son regard hésitait, ne sachant où se poser : sur Le Chef ? « Non-non ! Et s'il interprétait cela comme une provocation ? ». Sur la table ornée d'arabesques sanglantes ? « Quelle abomination insoutenable ! ». Ou peut-être sur ses propres pieds ? « Quelle marque flagrante d'irrespect ! ». Déchiré par cette indécision paralysante, il finit par fixer le parchemin luisant de vermeil - « Non-non ! Ne t'aventure pas à imaginer l'origine de cette substance ! » - fermement maintenu entre les griffes acérées de son supérieur hiérarchique.
— Proxgrr, commença ce dernier avec emphase, je sais que tu possèdes Le PsyMage avec mention. Jusqu'à présent, cette qualification ne t'a servi à rien et tu occupais le poste de sixième adjoint du dixième clerc dans mon administration - autant dire que tu n'accomplissais rien d'important. Mais aujourd'hui, en ce jour que tu devrais bénir pour le restant de ta misérable existence, tu pourras enfin mettre tes connaissances à profit !
— Je suis là pour servir ! répondit le jeune Maître par la phrase rituelle, ragaillardi, avant d'ajouter avec une pompe égale à celle de son supérieur : Dussé-je y laisser ma vie, je le ferais quand même !
— Oh ! Mais je n'en demande pas tant, honorable Maître en PsyMage. Conte-moi juste les points faibles des sorciers, leurs goûts, leurs aversions, des petites choses comme ça...
— Ils aiment pratiquer la magie...
— C'est évident. Autre chose... ?
Le très jeune Proxgrr commença à transpirer abondamment, la sueur ruisselant le long de son dos alors que son visage s'empourpra, devenant aussi écarlate que le manuscrit ensanglanté que tenait Gringott. Il s'agita gauchement, ses doigts luttant pour esquisser des signes intelligibles : des cercles, des cœurs, des pointes, avant de bredouiller :
— Ils aiment, vous voyez..., comment l'exprimer plus convenablement..., je n'oserai jamais... Ils apprécient l'acte de reproduction ! conclut-il triomphalement, satisfait d'avoir trouvé une formulation décente, bien éloignée de celle qu'il aurait utilisée en bavardant avec ses amis autour d'une bière à la taverne.
— Ah ! Cet acte de reproduction ! Comme tous les êtres vivants en somme. Cette information ne me sert pas à grand-chose ! Rien d'autre ?
— Ils adorent l'Or ! s'écria Proxgrr avant d'ajouter précipitamment, anticipant la remarque du Chef qui s'apprêtait à dire « Comme nous tous ! ». Ils l'adorent mais sont incapables de le gérer avec sagesse. Au lieu de le faire fructifier, ils le dissimulent dans une vieille chaussette sous leur matelas ou, quand ils font preuve d'un peu plus de discernement, dans les profondeurs de leur cave ! Et ils le dilapident sans la moindre retenue ! conclut-il avec une horreur quasi mystique face à une telle manifestation d'insouciance et de prodigalité.
Gringott frotta ses mains avec satisfaction :
— C'est déjà un bon début ! Par traité, nous pourrions proposer aux sorciers notre expertise en or et services bancaires, contre le droit de résider dans leur monde. Mais la question demeure : accepteront-ils de confier la gestion de leurs richesses, de l'argent qui est le nerf de la guerre, à leurs ennemis ? Personnellement, je n'aurais jamais pris un tel risque !
Le Maître en PsyMage, constatant que la menace d'être réduit à servir d'engrais dans les plantations pour son incapacité à être utile autrement s'estompait et tendait à disparaître à l'horizon, se risqua à formuler une proposition :
— Offrez-leur des rendements exceptionnels et ils succomberont inévitablement ! Les magiciens sont avides et manquent cruellement de discernement, incapables de raisonner avec logique. La légende ne raconte-t-elle pas que lors de la distribution des talents par le Grand Gobelin, les sorciers sont arrivés en retard : ils n'ont hérité que de la magie, l'intelligence ayant déjà été réclamée par nos aïeux ! Reste toutefois cette question pratique : comment allons-nous rassembler suffisamment d'or pour tenir nos promesses ?
— Oh ! Mais comment aurais-je fait sans tes sages suggestions ? lança Gringott avec ironie. C'était une question rhétorique ! J'espère que tu sais ce que ça signifie ! Quant à l'or, ne t'en préoccupe pas, je sais parfaitement où le trouver ! Toi, tu peux partir !
L'expert en PsyMage, essuyant les larmes de soulagement de s'en tirer à si bon compte, se dirigea vers la sortie, mais avant qu'il n'atteigne la porte, la voix de Chef Gringott le rattrapa :
— Au fait, à partir de cet instant, tu n'es plus le sixième adjoint du dixième clerc...
Le malchanceux s'arrêta, se couvrant de sueur d'effroi, n'osant pas se retourner et songeant : « Ma dernière heure est arrivée ! »
— ... Je te nomme Grand Responsable des Relations Magiques ! termina Gringott avec un sourire malicieux, savourant pleinement le spectacle des émotions contradictoires qui traversaient son subordonné - d'abord la peur viscérale qui l'avait paralysé, puis cette vague de soulagement qui détendait maintenant ses traits crispés.
***
Les négociations battaient leur plein, les deux parties éminentes se tenaient face à face, délibérant sur une question grave, voire vitale pour les représentants de ces deux peuples. Et véritablement, quoi de plus crucial, tant pour les gobelins que pour les gnomes, que l'or ?
Gringott, émissaire des gobelins, agitait devant le visage de Tiholkac, l'ambassadeur des gnomes, un parchemin couvert d'étranges caractères bruns évoquant des arabesques de sang desséché. Ses longs doigts griffus froissaient légèrement le document tandis que son regard noir et perçant ne quittait pas celui de son interlocuteur.
— Vous savez ce que c'est ? Non vous ne pouvez le savoir ! grognait Gringott
— Je ne vois vraiment pas pourquoi je devrais le savoir ! gronda le gnome, sauf si cela nous promet de rapporter des bénéfices !
— Cela ne fait pas que promettre, ce sont les bénéfices à l'état pur ! On peut même parler d'un véritable cadeau !
Tiholkac se gratta le nez, particulièrement proéminent d'ailleurs, ébouriffa sa barbe déjà très hirsute, plissa le front sous l'effort de réflexion et livra le fruit de ses pensées :
— Je ne vois qu'un bout de chiffon sale... Sans la moindre trace d'or !
— C'est bien plus que de l'or ! s'exclama Gringott. C'est un écrit tracé avec du sang par l'illustre ancêtre de notre race, le Grand, le Magnifique, le Munificent, le Sage Lorcrach ! Ce document, que j'ai retrouvé après d'intenses et longues recherches, nous révèle l'emplacement presque exact de son Trésor ! Pas un simple trésor, mais l'immense, l'inimaginable TRÉSOR !
— Presque ? releva immédiatement le gnome, identifiant avec précision le point faible dans le discours enthousiaste de son interlocuteur.
— Une superficie d'à peine une centaine de kilomètres à explorer et à creuser, ce qui est négligeable, surtout pour d'excellents mineurs comme les gnomes, ajouta Gringott, jugeant utile d'accompagner ses paroles d'une légère flatterie.
— Cela va vous coûter, voyons voir... feignit de calculer Tiholkac.
— Je vous ai dit que cela sera comme un cadeau ! Je vous propose le quart de tout ce que vous trouverez en paiement de vos services ! l'interrompit le gobelin.
Le gnome esquissa un sourire, se délectant intérieurement à la perspective d'un profit considérable, puis s'engagea avec passion dans la négociation. Comme nul n'ignore, les gnomes apprécient l'art du marchandage presque autant que l'or - passion que partagent également les gobelins.
— Un quart ! Vous voulez nous faire travailler pour rien ! Si j'accepte, mes ancêtres se retourneront dans leurs tombeaux de pierre ! Mes descendants se moqueront de moi ! Trois quarts, pas moins !
— Trois quarts ! Vous m'égorgez sans couteau ! Mes compatriotes vont m'écarteler en place publique, ma femme mangera à la soupe populaire, mes enfants ploieront sous la honte ! Un tiers, pas plus ! annonça le gobelin.
— Un tiers ! Mais vous vous moquez de moi ! Mon nom sera maudit pour l'éternité, on rira de ma naïveté ! Un tiers ne couvrira même pas les investissements en matériel ! Les pelles et les pioches coûtent une fortune de nos jours ! La moitié, je ne descendrai pas plus bas !
Gringott soupira si profondément que les flammes des bougies vacillèrent et tendit la main à Tiholkac :
— Vous êtes impitoyable en négociation ! Une vraie sangsue, pire qu'un vampire ! Cela me brise le cœur, mais va pour la moitié à une seule condition : vous terminerez l'ouvrage en deux mois et demi !
Le gnome serra sa main en répondant :
— Ha ! Deux mois et demi pour une simple, une minuscule, une négligeable centaine de kilomètres carrés ! En deux mois et demi, nous creuserons tellement que nous transformerons le sol en taupinière. Rien ne nous arrête, ni la roche, ni les eaux souterraines !
***
Gringott s'apprêtait à savourer le ragoût, dont nous passerons sous silence la composition, aux côtés de son épouse lorsque la porte s'ouvrit brutalement. Gringott grimaça, « cela devient vraiment une habitude, à chaque fois que je m'installe pour apprécier la cuisine de ma tendre Guingotta, un importun vient troubler mon repas. » En cela, le Chef des gobelins manquait quelque peu d'objectivité et de franchise, car la dernière interruption durant son repas remontait précisément à deux mois et demi, causée par le militaire rustre Tropzurd.
Cette fois-ci, l'intrus n'était ni un guerrier, ni même un gobelin, mais un gnome crasseux, échevelé et malodorant : Maître Tiholkac en personne. Sans la moindre formule de politesse ni introduction, il projeta une truelle usée directement dans l'assiette de Gringott, la faisant atterrir entre les pommes de terre et la viande, éclaboussant au passage les deux convives, puis déclara :
— Deux mois et demi se sont écoulés ! Nous avons creusé d'innombrables galeries, nous avons asséché des fleuves souterrains entiers, nous avons ouvert les passages, nous avons excavé des montagnes de terre. Nous avons sué l'eau et le sang, nous avons pleuré les larmes de sang. Pourtant, malgré tous ces efforts acharnés, le trésor demeure introuvable ! Tu t'es planté en beauté, que les trolls te bouffent. Ton torchis avec ses écrits sanglants ne vaut rien ! En voilà assez ! Nous jetons l'éponge, que dis-je, nous jetons la truelle !
Et sur ces paroles cinglantes, le gnome quitta précipitamment la pièce en faisant claquer violemment la porte, sans attendre une quelconque réaction.
— Voilà qui est absolument parfait ! prononça Gringott en s'épongeant le jus de ragoût sur le visage.
Sa femme, sa chère Guingotta le contempla avec une certaine perplexité :
— Et qu'y a-t-il donc de parfait dans le fait que les gnomes renoncent à leur quête de notre trésor ? Sans parler de cette truelle répugnante dans mon ragoût, de ce gnome malodorant, et de ces magiciens avec leur ultimatum ! Il existe véritablement des moments où ton raisonnement m'échappe totalement !
Le Chef des Gobelins, élu à l'unanimité, esquissa un sourire, s'adossa confortablement contre le dossier de sa chaise, écarta l'assiette où la truelle s'imprégnait de sauce et prononça :
— Je vais tout t'expliquer, le diamant de mon âme, l'or de mon cœur, ma perspicace, ma tendre Guingotta ! Ce qui est parfait dans cette situation réside dans le fait que ces gnomes crédules ont excavé et préparé des kilomètres entiers de tunnels sans la moindre compensation financière de notre part. Notre tâche se limite désormais à l'installation dedans des coffres-forts, après quoi l'institution bancaire destinée à ces sorciers benêts sera pleinement fonctionnelle. Cette étape franchie, nous pourrons enfin entamer les discussions diplomatiques concernant le traité !
— Et l'écrit du Sage Lorcrach, alors ? Et son trésor ?
— Mais il n'y a jamais eu le moindre trésor ! Et si tu parles de ce brûlot couvert de sang séché, il n'est nullement l'œuvre de l'honorable Lorcrach, que le GG garde son âme ! C’est la proposition de traité des sorciers que l'imbécile Tropzurd a baigné dans le sang du non moins imbécile Bierrks, ce lâche a au moins servi à quelque chose ! Le manuscrit ainsi traité a pris l'air très authentique et très ancien. Non ? Et tu sais ce qui est la cerise sur le gâteau, le solitaire dans la bague, la pépite dans la boue ? Les tunnels se trouvent dans notre monde, donc les coffres seront installés dans notre dimension, au Legoblinstan, et les sorciers y accéderont uniquement via les portails transunivers situés chez eux. Nous construirons même d'imposants édifices à ces emplacements, arborant fièrement l'enseigne : La Banque des Sorciers...
— Pourquoi pas tout simplement Gringotts ? Tu le mérites amplement ! l'interrompit Guingotta au milieu de son discours passionné.
— Gringotts - Quelle bonne idée ! Bref, les magiciens, n'y verront que du feu. Les sorciers comptent trop sur leurs pouvoirs magiques au détriment de la logique et même du simple bon sens. Ils ne trouveront rien d'anormal à l'existence de galeries aussi vastes sous les cités des moldus, bien que cela soit matériellement impossible. Ils demeureront dans l'ignorance du fait que toutes leurs richesses sont gardées dans notre univers, jusqu'au jour où NOUS en interdirons l'accès ! Et sois certaine que nous le ferons à la moindre tentative, voire au moindre soupçon de tentative de leur part pour nous asservir !
Guingotta, qui était réellement perspicace, sourit de toutes ses dents bien pointues et aiguisées comme des rasoirs et conclut :
— Donc tout bénef ! Les galeries gratuites, l'accès au monde des humains que nous contrôlerons, et tout l'or des sorciers en prime ! Et tout cela en échange de seulement quelques gouttes de sang d'un de nos compatriotes - stupide certes, mais un compatriote quand même - sur un parchemin. Tu es un vrai génie !
EPILOGUE
Ainsi naquit Gringotts, forgée dans le sang des gobelins et la sueur des gnomes, cette institution qui, un jour, pourrait faire verser d'amères larmes à la communauté des sorciers.
Post-scriptum
Et les gnomes dans tout cela ? Il fallait bien lire le contrat, même ce qui était écrit en toutes petites lettres ! La moitié d’un rien ne représente ni plus ni moins qu’un rien. Si les gnomes avaient fait preuve d’une telle candeur au point de parapher des documents sans les examiner minutieusement, ils devraient alors s’estimer chanceux que les gobelins n’en aient pas profité pour leur retirer également deux jours fériés !