Epouse Malefoy
Rien n'aurait pu aller mieux.
Debout devant le grand miroir qui ornait la chambre des Malefoy, Drago finissait de nouer sa cravate. Allongée sur le grand lit, ses yeux marron fixés sur son mari, Hermione lui décrivait leur nouveau voisin. Le soleil venait à peine de se lever, le jeune homme s’apprêtait à partir au ministère, c’était une journée normale qui se préparait.
Un elfe de maison grisâtre entrouvrit la porte et, sur un signe de sa maîtresse, se décida à entrer. Sans lever la tête, il déposa sur une chaise à haut dossier une robe de sorcier noire puis s’empressa de quitter la pièce en prenant soin de ne pas jeter un regard en arrière.
Drago la saisit et enfila rapidement l’étoffe. Il saisit sa baguette restée sur une commode et s’approcha de sa femme qui se redressa. Au moment où le jeune homme allait se baisser pour lui dire au revoir, elle le stoppa d’un geste.
- Il vient de bouger ! s’exclama-t-elle. Donne-moi ta main !
Cela faisait en effet sept mois qu’elle était enceinte et, régulièrement, son enfant se faisait sentir en donnant quelques coups de pied. Mais, étrangement, cela n’était jamais arrivé lorsque Drago était présent. Si bien que celui-ci avait finit par en concevoir une certaine rancœur contre son héritier qui refusait de faire sentir sa présence.
Le jeune homme lui tendit donc sa main, d’un air un peu inquiet. Et si l’enfant arrêtait net de bouger dès qu’il sentirait sa main sur le ventre de la jeune femme ? Mais Hermione ne semblait pas comprendre les inquiétudes du futur père et prit sa main qu’elle posa, presque de force sur son ventre maintenant bien distendu.
Un sourire béat apparut alors sur les lèvres de Drago au moment où il sentait une légère secousse sous sa main. Sans dire un mot, Hermione vint poser ses mains sur celle de son époux qu’elle serra doucement. Elle comprenait parfaitement ce qui se passait dans l’esprit de l’ancien Serpentard et ses pensées s’orientèrent d’elles-mêmes vers un souvenir semblable, mais bien plus ancien.
Non, elle ne devait pas y penser. Pas si près du but. Elle allait avoir un autre enfant. Surtout ne pas penser à celui qu’elle avait porté il y a trois ans.
- Vas-y mon chéri, tu vas être en retard. Tu as une réunion importante aujourd’hui, lança-t-elle d’une voix qu’elle voulait ferme.
Heureusement, l’instinct Malefoy, pas encore tout à fait disparu réagit à sa remarque. Un Malefoy n’arrivait jamais en retard au travail. Drago se redressa donc et saisit sa mallette d’une main avant de se baisser une nouvelle fois vers sa femme pour déposer un léger baiser sur ses lèvres. Il se dirigea ensuite vers la porte et, avant de sortir, se tourna une nouvelle fois pour l’admirer. Hermione lui souriait, ses deux mains posées sur son ventre. Là où leur héritier préparait activement son entrée en scène.
- A ce soir Hermione ! Je t’aime.
Et Drago referma la porte. Plongé dans ses pensées, il dévala les escaliers en se hâtant vers la grille de fer forgé qui clôturait leur domaine. Repassant dans sa tête les souvenirs de ce matin, le jeune homme sentait que quelque chose clochait. Ce n’est qu’enfin sortit de la maison qu’il se souvint. « A ce soir Hermione ! Je t’aime. » Immédiatement, il stoppa sa course et s’immobilisa près d’un bosquet. Il lui avait dit « Je t’aime ». Pour la première fois.
C’étaient des mots que l’on entendait jamais dans la bouche d’un Malefoy et encore moins adressés à une Gryffondor et Sang-De-Bourbe de surcroît. Le pire, c’était que ces deux mots, tous simples en apparence, lui avaient échappé. Totalement obnubilé par ce qui venait de se passer, Drago avait laissé son cœur parler. Et ce que son cœur venait de lui dire était inquiétant.
Drago Malefoy était tombé amoureux d’Hermione Granger.
Car il avait compris il y a quelques semaines qu’Hermione n’avait de Malefoy que le nom. Elle avait ses idées propres, des idées que Drago ne comprenait pas avant. Mais auxquelles il avait fini par adhérer. Drago était plus Granger que l’inverse.
Mais cela, il refusait de se l’avouer. Pas encore. C’était beaucoup trop tôt. Pour l’instant, seul comptait le fait qu’il venait de dire « Je t’aime » à sa femme. Et qu’il le pensait vraiment.
Et puis, après tout, pourquoi s’inquiétait-il ? Tout allait bien. Il allait avoir un bébé avec la femme qu’il aimait. Rien n’aurait pu aller mieux.
Satisfait, Drago reprit son chemin plus lentement en savourant le vent sur sa peau et les fleurs qui ornaient le chemin. Le grand portail franchit, il disparut dans un claquement sonore.