La guerre des bonbons
Chapitre 1 : Le secret de Bertie Crochue
Catégorie: G
Dernière mise à jour 03/11/2010 23:31
Réponse à un défi, dont le sujet était d'écrire un OS avec dix mots obligatoires : monstre, vampire, Halloween, bonbon, citrouille, verrue, sang, loup-garou, fête, spectre, sucreries.
LA GUERRE DES BONBONS
ou
Le secret de Bertie Crochue
Luna se réveilla en hurlant. Une nouvelle conviction était née en elle. Il fallait qu’elle prévienne le monde entier. La Guerre était proche.Elle se leva en toute hâte, légèrement désorientée. Après avoir heurté l’angle de sa table de chevet, elle se résigna à enlever ses lorgnoscopes. Puis elle descendit les escaliers qui menaient à la Salle Commune des Serdaigle, sans prendre la peine de s’habiller. Certains rirent de son allure, avec son pyjama trois fois trop grand pour elle qu’elle devait retenir par la taille pour ne pas qu’il tombe, alors que l’imprimé s’animait pour laisser voir un lapin blanc vêtu d’un gilet agiter sans cesse une montre à gousset. Mais elle n’en avait cure ; l’enjeu était trop important pour s’attarder à de telles futilités.
C’était presque trop tard. En ce matin d’Halloween, les élèves du château entier avaient déjà Fauté. Mais peut être pouvait-elle encore agir, pour le Moindre Mal, si ce n’était pour le Plus Grand Bien.
Assise tranquillement dans un fauteuil de la Salle Commune, Cho Chang ouvrait précautionneusement un sachet de nids de cafards envoyé par sa tante. Elle plongea délicatement la main dans le sachet, en retira une petite bestiole de réglisse qui agitait avec panique ses antennes, alors que son bourreau décidait de son sort inéluctable. Lentement, elle le porta à sa bouche. Elle n’eut pas le temps de se rendre seulement compte…
- Noooooooooooooooooooon ! Hurla Luna.
Dans un élan désespéré, un fauve en pyjama bondit. Le fauteuil de velours se renversa lourdement sur les deux adolescentes.
***
- Vite, les amis, c’est le moment !
Très loin (ou pas) des scènes d’une rare violence qui se déroulaient dans la Salle Commune des Serdaigle, dans le dortoir des garçons de cinquième année de Gryffondor, le couvercle d’une valise se souleva légèrement. Au-dessus, dans le lit à baldaquin, un jeune homme roux ronflait paisiblement.
- Maman, j’arrive pas à sortir !
- Tu as essayé de grimper ? Utilise tes griffes !
- Elles ont fondu ! répondit totalement paniquée la petite voix couinante.
‘, drame. La maman paniquée courut en tous sens, menaçant de réveiller les jeunes sorciers étendus dans leur lit. De toutes parts, des protestations s’élevèrent.
- Chut, vous allez nous faire repérer ! Vous allez tout faire rater, enfin !
- Mon fils ! Nous ne pouvons pas l’abandonner ! Si nous le laissons, il mourra !
L’heure était grave. Allaient-ils mettre en péril la mission, et la vie de tous les rescapés, pour sauver cet enfant perdu ? Le Grand Chef prit quelques instants pour réfléchir, puis prit sa décision. La mère ne se tairait jamais, et elle causerait leur perte. Il lui fallait faire vite.
- Ok, on envoie les Fizwibiz !
***
- Harry ! Harry réveille-toi, il s’est passé quelque chose d’affreux !
- Hmmm ?
Une touffe de cheveux en bataille dépassait de la couette de plumes jetée sur le lit du Survivant. Sans égard pour son illustre personne, Ron arracha ladite couette, soutirant des grognements indignés du grand Harry Potter.
- Qu’est-ce qu’il y a, Ron ? Tu as vu l’heure qu’il…
Il s’interrompit en voyant le réveil sorcier posé sur sa table de chevet qui affichait
11h30
Lève-toi, petit feignant !
- Ca va, c’est samedi, protesta le garçon. Bon, tu me racontes ce qu’il t’arrive ou je vais devoir te tirer les vers du nez ?- Les bonbons ! On m’a volé tous mes bonbons !
La scène sembla se figer un instant, alors que les deux adolescents échangeaient un regard catastrophé. Puis Ron tomba à genoux, et un gémissement inhumain s’échappa de sa gorge tandis que des torrents de larmes commençaient à couler.
Il y avait des voleurs de bonbons dans la Tour.
Ronald Weasley venait de perdre sa naïveté à tout jamais.
***
Severus Rogue détestait la journée d’Halloween. Chaque année, il se forçait à faire acte de présence à Poudlard, car se rendre sur la tombe de son aimée le jour de sa mort aurait été du pur suicide. Il aurait mieux fait de porter un écriteau avec écrit « Je suis un traitre ». Alors, il s’amusait chaque année à fabriquer lui-même des bonbons à l’aide de potions aux goutsimmondes, qu’il déposait ensuite dans les saladiers de bonbons préparés par les elfes de maison, en cuisine. Ensuite, il attendait patiemment le banquet, et se délectait des têtes dégoutées de ses élèves qui avaient la malchance de tomber sur des bonbons trafiqués.
Quelque part, c’était leur rendre service que de les dégouter d’un aliment si mauvais pour la santé. Oui, Severus Rogue prenait soin de ses élèves.
Il termina sa fournée de gnomes au poivre trafiqués aux crottes de cafard, qu’il disposa sur un plateau sur sa table de travail. Puis, empreint de conscience professionnelle, il tourna le dos au plateau pour nettoyer son chaudron d’un coup de baguette.
Il ne vit pas le miracle qui se déroulait derrière lui. D’un même mouvement, une centaine de minuscules gnomes au poivre se leva comme un seul homme, brandissant de petites massues gélatineuses.
Dans le couloir des cachots, deux jeunes Serpentard qui se dirigeaient vers la Grande Salle entendirent un cri effroyable provenant des appartements de leur directeur de maison.
- Tu crois qu’on doit appeler à l’aide ? demanda le premier.
- Non, surtout pas ! Je devais avoir une retenue avec lui cet après-midi, avec un peu de chance il ne pourra pas venir !
Dans le sombre laboratoire du maitre de potions, de petits cris de victoire retentissaient.
***
- Chef, les Dragées Surprise de Bertie Crochue remettent ça !
- Oh non, pas encore !
La Plume en Sucre se redressa de toute sa hauteur pour impressionner les jeunes recrues désobéissante. Elle se courba en deux pour avancer dans le couloir malgré le courant d’air, et atteignit enfin le groupe de retardataire qui semblait se disputer.
- Non, c’est moi le Caramel !
- Non, toi tu es Crotte-de-Nez !
- Toi-même, Morve-de-Troll !
- Ce n’est pas bientôt fini, oui ?! hurla la Plume de toutes ses forces. Si notre plan réussit, votre véritable goût importera peu, puisque personne ne vous mangera !
Les dragées se concertèrent à mi-voix, puis se mirent au garde-à-vous devant la Plume.
- Chef, oui Chef ! firent-elles en cœur.
- Et si nous sommes prises, nous auront l’ultime orgueil de rendre les humains malades !
Car oui, les Dragées connaissaient malgré leurs disputes le terrible secret de Bertie Crochue : il n’y avait pas de parfum Caramel dans les sachets. Il n’y avait que des Crotte-de-Nez.
***
- Comment ça ce n’est pas une raison suffisante pour prévenir le ministre ? rugit Dumbledore, perdant son calme pour la première fois depuis des décennies.
Depuis que Honeydukes lui avait offert une carte de fidélité donnant droit à des réductions sur tous leurs produits.
- Mais enfin, tous les bonbons ont disparu ! hurla-t-il à Dolores Ombrage au travers du conduit de cheminée. Un jour d’Halloween ! Pas de fête sans sucreries !
- Tentative d’intimidation ! couina le professeur de Défense Contre Les Forces Du Mal. Je préviendrais le ministre que vous avez tenté de m’avoir avec vos théories à dormir debout, tout ça dans le but de renverser le gouvernement !
Albus serra ses mains sur le manteau de la cheminée, tandis que des tremblements le saisissaient. Surement le manque. Et cette sensation ne ferait que s’intensifier si rien n’était fait.
- Vous ne pouvez plus le nier ! IL est revenu ! Un tel stratagème ne peut être que son œuvre ! Voldemort est derrière tout ça, j’en suis sûr !
***
La Plume en Sucre observait depuis son poste d’observatoire, depuis le haut de la Tour d’Astronomie, ses recrues qui se mettaient en place.
D’abord, les sucettes parfumées au sang se positionnèrent à l’orée de la forêt interdite. Elles devaient être en place, lorsque le soleil se coucherait enfin et que la pleine lune se lèverait.
A proximité, les Chocogrenouilles faisaient des allers-retours constants pour transmettre les ordres aux recrues. D’un bout à l’autre du château, elles musclaient leurs cuisses si savoureuses…
Le piège était presque prêt. L’Ennemi Numéro 1 allait bientôt être maitrisé.
***
- Miss Lovegood, vous devez nous dire ce que vous savez, tentait de raisonner le professeur Flitwick. C’est la débandade, là-haut ! Les élèves courent dans tout le château, appelant sans cesse leurs pauvres bonbons perdus !
- Je ne vous dirai rien, répondit la jeune fille, assise face au bureau de son directeur de maison.
Le seul éclairage de la pièce provenait d’une torche accrochée au mur derrière son professeur, qui crachotait comme si elle était enrhumée. Luna avait presque envie de lui donner de la pimentine.
Le professeur Dumbledore faisait les cent pas dans la petite pièce fermée à clef le temps de l’interrogatoire, la main crispée sur sa baguette d’où s’échappaient des volutes de fumée nauséabonde.
- Miss Chang nous a tout raconté, intervint-il. Elle nous a dit ce que vous avez fait. Vous êtes surement au courant de quelque chose Elle dit que c’est à cause de vous que les cafards se sont enfuis.
- C’est trop tard, de toute façon.
- C’est trop tard pour quoi, miss Lovegood ? Que va-t-il se passer ?
- Trop tard. ILS arrivent.
Dans un ultime crachotement, la torche s’éteignit.
Des hurlements retentirent dans le bureau. Rusard, qui passait dans le couloir, essaya frénétiquement d’ouvrir, mais en vain : la pièce était verrouillée de l’intérieur.
***
- Je les sens ! Harry, viens, ils sont passés par là !
Ron trempa son doigt dans une tâche gluante sur le sol, puis le porta à sa bouche et gouta dubitativement.
- C’est surement une Bulle Baveuse qui a éclaté ici ! s’écria-t-il, surexcité.
- Euh, non, Ron, répondit Harry d’une voix gênée. C’est Dean qui a craché par terre.
Un rire bref et métallique retentit dans le mur, et le Baron Sanglant, le fantôme d’habitude impassible des Serpentard, apparut devant eux. Le teint de Ron vira au rouge, si bien qu’il ressembla en un instant à une citrouille sur pattes.
- Savez-vous quelque chose, Baron ? demanda Harry avec politesse alors que le spectre s’éloignait.
- A propos de quoi, je vous prie ?... Je n’ai aucun intérêt à vos affaires humaines, rétorqua-t-il.
Alors que Ron reniflait d’un air méprisant, le Baron se retourna toutefois.
- Si j’étais vous, j’irai voir du côté de la Forêt Interdite.
Puis il disparut dans le néant.
- Allez dans la Forêt Interdite, mais bien sûr monsieur le Serpentard ! se moqua Ron. Il croit vraiment qu’on va tomber dans le piège ?
- Réfléchis, Ron ! C’est notre seule chance d’en apprendre plus, argua le Survivant.
- Mais Harry, ce soir c’est la pleine lune ! Il y a des loups-garous, dans la Forêt !
- Alors dépêchons-nous d’y aller avant la nuit !
Les deux acolytes échangèrent un regard lourd de sens, puis Harry sortit de la poche de sa robe sa cape d’invisibilité, soigneusement pliée, avant de les en recouvrir.
Le soleil descendait de plus en plus à l’horizon…
***
- Un monstre ! Un monstre dans les couloirs !
Le cri sembla se propager, et tous les élèves qui se dirigeaient vers la Grande Salle pour le banquet furent pris de panique.
Leur réflexe fut de converger vers la Grande Salle, où des professeurs se trouveraient surement, prêts à les protéger au péril de leur vie. Mais une seule était présente pour le moment : Dumbledore, Flitwick et Rogue n’étaient toujours pas arrivés, et tous doutaient de la capacité que pouvait avoir le professeur Ombrage à les protéger.
Celle-ci s’efforçait d’ailleurs de maintenir un semblant d’ordre dans cette école de déments, avant d’appeler les aurors en renfort…
- Taisez-vous ! Asseyez-vous tous dans le calme ! Dix points en moins pour Gryffondor, Londubat, on ne hurle pas dans la Grande Salle ! Une retenue, Stebbins ! Vous…
Elle s’interrompit brusquement, et tous l’imitèrent, sous le choc de la vision d’horreur qui se déroulait sous leurs yeux.
Un monstre venait de pénétrer dans la Grande Salle.
Grand, de forme vaguement humanoïde, de multiples verrues gélatineuses à base de gomme de limaces semblaient avoir fusionné avec sa longue barbe blanche.
ILS avaient eu Albus Dumbledore.
A la table des Gryffondor, Neville Londubat fut le premier à retrouver la parole.
- Aaaaaaaaaaaaaaaaaaahhhhhhhh !
***
- Un vampire ! Un soir de pleine lune, on aurait pu s’attendre à trouver des loups-garous dans la Forêt, mais un vampire ! Je crois que j’aurais préféré revoir Aragog ! bougonna Ron en décollant une sucette parfumée au sang qui s’était collée à sa robe.
Lorsqu’il les avait vues, attroupées en lisière de la Forêt Interdite, il avait su qu’il s’approchait de son but. Les bonbons avaient été cachés dans la Forêt par un être malfaisant, surement un Serpentard. Mais heureusement, grâce à ses talents de détective, il avait déjoué le plan machiavélique.
Alors qu’il se penchait pour attraper son butin, il avait entendu Harry hurler. Se retournant, il avait vu son ami en proie à un vampire qui le maintenait fermement, ses crocs découverts se dirigeant vers sa gorge.
Ron n’avait pas hésité un seul instant : brandissant les sucettes comme un javelot collant, il les avait lancées en direction du monstre. Ce dernier avait redressé la tête avec surprise, réflexe de trop : une sucette s’était coincée dans sa gorge, et Harry en avait profité pour se dégager. Les deux Gryffondor avaient alors couru vers le château, où ils pourraient se réfugier.
Personne n’aurait pu imaginer la suite de l’histoire. (sauf l’auteur bien sûr)
Les deux jeunes gens couraient à toutes jambes, essayant d’échapper au vampire qui ne les poursuivait pas. Alors qu’ils allaient passer la porte du château, ils s’étalèrent lourdement, terrassés par les fils dentaires à la menthe tendus entre les deux battants de la porte.
- C’est le moment les gars ! A l’attaque !
Aussitôt, les Bulles Baveuses intervinrent, éclatant dans les yeux de nos deux victimes, les aveuglant. Dans la foulée, les souris glacées, parmi lesquelles le souriceau sauvé par les Fizwibiz au début de mon histoire, qui l’avaient vaillamment fait léviter jusqu’à l’extérieur de la valise, passèrent à l’attaque. Sous les hurlements des humains, elles coururent sur leur corps, les recouvrant totalement avec leurs centaines de petites pattes collantes.
Ainsi disparurent Harry Potter et Ron Weasley.
***
Les aurors commençaient à s’impatienter. Ils avaient reçu des ordres totalement surréalistes de Dolores Ombrage, parmi lesquels ils n’avaient entendu que « bonbons » et « guerre civile ». Ils avaient commencé à se douter que la Grande Inquisitrice avait perdu l’esprit. Aussi attendaient-ils que le ministre les autorise à aller voir de quoi il en retournait. Ils devraient surement la mettre hors d’état de nuire et s’y préparaient mentalement.
- Messieurs, je n’ai plus de réponse de Dolores depuis plusieurs minutes, fit Fudge, tenant dans ses mains un petit miroir de poche dont il se servait pour communiquer avec le professeur Ombrage. Vous pouvez passer à l’attaque.
Les aurors prirent le portoloin que leur tendait le ministre d’un air résolu, serrant leurs mains sur leurs baguettes magiques, et disparurent dans un tourbillon bleu.
***
Dans la Grande Salle, la situation était critique. Les élèves s’étaient réfugiés sous les tables, tandis que de toutes parts, des bonbons explosifs explosaient, roussissant les sourcils des plus téméraires qui tentaient de combattre ou de s’enfuir. La plupart étaient recroquevillés en boules, appelant leur mère. Un jeune Poufsouffle était appuyé contre le mur, se balançant d’avant en arrière, répétant « je vais me réveiller, je vais me réveiller, ce n’est qu’un rêve ! », les yeux révulsés.
Des pates à la menthe en forme de crapaud sautaient dans toute la salle, dissuadant quiconque de se lever. Des Fizwibiz lévitaient autour de la salle, criant des ordres, prévenant leur Chef de tentatives de fuite. Les Chocogrenouilles, quant à eux, avaient fait une pyramide batracienne devant la porte et bloquaient ainsi la sortie. La plume en sucre, quant à elle, contemplait son reflet dans le petit miroir de poche qu’elle avait subtilisé à Dolores Ombrage. Elle se tourna soudain face à elle.
- Ouvrez-nous la grille du château et nous libèrerons les enfants.
- J’en ai rien à faire, des enfants ! Hurla l’employée du ministère d’une voix stridente. Dites-leur de partir !
La Plume la regarda se tordre au sol, tandis que des centaines de cafards en réglisse couraient sous ses vêtements, déclenchant tour à tour des vagues de fou rire et de sanglots chez leur victime.
- Alors ouvrez-nous la grille, et je dirai aux cafards de sortir.
Il restait peu de temps. Dans quelques minutes, ce serait trop tard. Il fallait qu’elle craque.
Et elle craquerait, la Plume s’en faisait la promesse.
- Où sont les Boites-à-Flemme ?
- Elles n’ont pas voulu sortir de la valise, Chef ! répondit un gnome au poivre. Elles dormaient quand on a commencé à fuir !
- Ces flemmardes… Très bien, vous l’aurez voulu, humaine ! Faites venir les dragées surprise de Bertie Crochue !
Les dragées Crotte-de-Nez s’avancèrent vers la bouche mugissante, prêtes à donner leur vie pour dégouter Dolores Ombrage.
***
Les aurors eurent l’impression de pénétrer dans un champ de bataille. Ils contemplèrent avec horreur le Hall d’entrée, avec les deux silhouettes humanoïdes recouvertes de souris glacées qui s’agitaient frénétiquement. Le plus jeune du groupe, un ancien Serpentard, fit demi-tour et disparut dans la Forêt, sans demander son reste. Les autres se dirigèrent prudemment vers la Grande Salle, où des explosions se faisaient entendre.
Tout à coup, l’horloge géante retentit, figeant les hommes dans leur élan. Au douzième coup, ils ouvrirent la porte en grand, lançant un protego dans la foulée.
- Aurors ! Personne ne bouge !
Mais au lieu d’être assaillis par une horde de bonbons vivants, ils se retrouvèrent face à une salle emplie d’élèves qui se regardaient avec stupeur, tandis que les bonbons tombaient à terre, terrassés par un mal invisible. Ils pénétrèrent dans la pièce, pataugeant dans une marre collante et brunâtre de Chocogrenouilles écrasés.
L’appel d’air créé par la porte fit voler une Plume en Sucre, qui atterrit dans la bouche bée du Lieutenant Dawlish, auror responsable de l’opération, où elle fondit doucement.
- On est sauvés ! cria quelqu’un.
- Hourra ! hurlèrent les enfants.
Plus tard, au QG des aurors, le lieutenant Dawlish froissait son troisième rouleau de parchemin. Comment expliquer l’horreur qu’il avait vue là-bas ? Comment décrire la désincarcération du professeur Rogue, qu’ils avaient retrouvé coincé dans son chaudron, sous des monceaux de Gnomes au Poivre ? Comme expliquer que le professeur Flitwick eut été retrouvé gémissant sous une pile de livres qui lui avaient apparemment servi à se protéger de l’assaut de Chocogrenouilles ? La Grande Salle était méconnaissable, recouverte de dépôts sucrés et visqueux, et beaucoup d’enfants avaient été trop choqués pour être interrogés. Mais tous s’accordaient à dire que l’horreur qu’ils avaient vue là bas était indicible.
Quant au Survivant, il avait bien failli y passer… Il avait été conduit avec le fils Weasley à Sainte Mangouste, où des médicomages les avaient pris en charge, mais ils ne cessaient de voir des souris partout.
Le vétéran songea en roulant son parchemin que c’était le rapport le plus bizarre qu’il aurait rendu de sa carrière.
***
- Alors comme ça, Miss Lovegood, les bonbons étaient maudits ? demanda le professeur Dumbledore.
- Oui, mais vous avez tout fait rater !
Il observait sa jeune élève en train de ramasser par poignées entières les bonbons éparpillés au sol avant de les fourrer dans un grand seau qu’on lui avait fourni. Autour d’elle, de nombreux élèves œuvraient de même à ramasser les dégâts du combat d’Halloween.
- Comment ça ?
- S’ils avaient pu quitter le château avant minuit, expliqua Luna, ils auraient pu rester vivants pour toujours ! C'était écrit dans les mémoires de Bertie Crochue qu'un jour, les bonbons de Poudlard se rebelleraient contre leurs maîtres et prendraient le pouvoir! Elle a jeté un sort lorsqu'elle était élève ici, après qu'une de ses camarades de dortoir lui ait piqué tous ses bonbons! Le sort devait se déclencher un soir d'Halloween, mais elle n'a jamais précisé lequel. Mais vous les avez trop ralentis, alors ils ont du prendre les élèves en otage dans la Grande Salle !
- Quiconque ayant un tant soit peu de réflexion aurait su qu’une prise d’otage ne se termine jamais bien pour les forcenés, intervint le professeur Rogue, exceptionnellement habillé d’une cape de velours mauve.
En effet, sa cape habituelle était encore entre les mains des elfes de maison, qui essayaient d’en décoller les gnomes au poivre. Le professeur Dumbledore avait pareillement souffert : sans ses longs cheveux gris ni sa barbe, sa peau plissée lui donnait l’air d’un vieux haricot greffé sur un corps d’homme. Les raser avait été un déchirement, mais il n’y avait plus rien à faire.
- Je vous ai vu, Crabbe ! Interdiction de manger ces bonbons ! rugit l’attentif directeur des Serpentard.
Le professeur soupira bruyamment, avant d’échanger un regard avec son directeur, dans les yeux duquel une lueur venait de s’allumer.
- D’un autre côté, qu’allons-nous en faire, de toutes ces sucreries ? demanda Albus d’un ton songeur.
Ce soir-là, le château était propre. Mais ce fut la première fois que des médicomages de Sainte Mangouste durent venir en masse… pour cause de crise de foie généralisée.
Seule Luna n’était pas malade. Non, Luna était dans le parc de Poudlard, à l’orée de la Forêt Interdite, où elle enterrait les restes de bâtonnets de sucettes parfumées au sang que les vampires avaient laissés.
Une guerre fait toujours des martyrs.
***
Luna se réveilla en hurlant. Des souvenirs diffus passaient et repassaient devant ses yeux. Elle courut dans la Salle Commune, indifférente aux rires de ses camarades lorsqu’elle trébucha sur le bas de son pyjama immense. Elle quitta la Tour des Serdaigle et courut dans la Grande Salle. Face à elle, le directeur prenait son petit déjeuner, des miettes se prenant dans sa grande barbe blanche. Il lui fit un clin d’œil et glissa un bonbon au citron dans sa bouche.
Sur les tables, des citrouilles lui adressaient des sourires grimaçants.
Elle soupira de soulagement. Halloween n’était pas encore passé, tout ceci n’était que le fruit de son imagination.
- Miss Lovegood ! rugit une voix suraigüe dans son dos. Comment osez-vous vous promener dans le château dans un tel accoutrement ? Cinquante points en moins pour Serdaigle, remontez vous habiller, petite souillon !
Luna partit en courant dans les couloirs, retenant son pantalon trop grand, fuyant Ombrage avant qu’elle ne décide d’alourdir la punition, peu désireuse d’avoir à lui expliquer la situation.
Une fois dans la sécurité du dortoir, elle respira profondément, puis caressa du bout des doigts le Chocogrenouille entamé sur sa table de chevet. Plus jamais elle ne mangerait un chocolat qui la regardait avec autant de désespoir ! Après, elle ne pouvait s’empêcher de culpabiliser !
Quelque part au septième étage, dans une valise marquée au nom de Ron Weasley, une Plume en Sucre donnait ses instructions à une armée de bonbons.
***
A la mémoire d’une Plume en Sucre dont le seul crime fut d’y croire…