Le Corbeau. Saison 1

Chapitre 54 : IV Florence Nana

2767 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 10/11/2016 00:58

           CHAPITRE IV : FLORENCE NANA

 

           Franck Vinol avait commencé ses recherches dans les ouvrages de références de la bibliothèque ministérielle. Il cherchait la signification de ce symbole. Il était sûr de l’avoir déjà vu quelque part il n’y a pas si longtemps. Mais où ? Il n’arrivait pas à ce souvenir. Un trait vertical, semble t-il, et deux paires de chevrons s’opposant. Quelle pouvait en être le sens ? Etait-ce un symbole ésotérique ? Ou le sceau d’une famille comme le suggérait la conversation entendue avant l’arrestation des mangemorts ? La seule certitude, c’était qu’il ne s’agissait pas une rune classique. Il savait lire les runes comme l’alphabet international.

           Pendant ce temps, Jonas Marus commençait les interrogatoires avec un autre agent de la section IRIA, une métisse africaine arborant une gourmande couleur chocolat et des tresses. Elle s’appelait Florence Nana. Si en dehors du travail, elle était du genre assez déluré et bonne vivante, elle devenait intraitable lors des interrogatoires et méticuleuse lors des analyses. Beaucoup la considéraient comme la seconde de la section après Franck.

« Hubert Varin, fit-elle. Né le 12 octobre 1953 à Marseille. De bons résultats à Beauxbâtons. Mais devient mangemort à peine sortit de l’Académie. N’a jamais été arrêté. Jusqu’à aujourd’hui. Alors dîtes-moi, monsieur Varin : qu’est-ce que vous faisiez dans cette maison isolée ?

-J’étais en vacance avec des amis, répondit Varin avec hargne.

-Ce n’est pas vraiment dans votre intérêt de ne pas répondre. Vous êtes recherché pour plusieurs crimes contre la communauté magique française dont plusieurs meurtres. Vous serez sûrement condamné à recevoir le baiser du détraqueur. Si vous parlez, cette peine pourra être commuée en emprisonnement à vie. Ce n’est pas beaucoup mieux mais au moins, vous serez en vie.

-La belle affaire. Je serais libre dés que mon maître prendra le pouvoir. Alors je reviendrais pour vous tuer.

-Parce que Malgéus compte prendre le pouvoir ?

-Comme si vous ne le saviez pas. Et vous vous débattez inutilement contre sa puissance. Il sera bientôt votre maître.

-Nos hommes ont épié une de vos conversations. Vous disiez chercher une famille avec pour seul indice cette rune, fit-elle en montrant une reproduction de l’indice trouvé dans la maison. Pourquoi ? Qu’est-ce que représente cette rune ? Une famille ? Autre chose ?

-Vous me prenez vraiment pour un imbécile si vous croyez que je vais vous le dire. Notre maître nous a confiés une mission très importante. Vous nous avez arrêtés mais d’autres prendront la relève.

-Qui ? Kylian Névris ? Je trouve étrange que pour une mission de cette importance, Malgéus n’ait pas envoyé son plus fidèle servant. Surtout que lui n’aurait pas été pris aussi facilement.

-Le seigneur Névris a sûrement une autre mission. »

           Nana pesta intérieurement sans rien démontrer. Névris était le moins aimé des lieutenants de Malgéus parmi les mangemorts. La malchance avait fait qu’ils avaient arrêté un des rares à le respecter avec quasiment autant de dévotion que leur maître. Heureusement, il en restait deux autres.

« Très bien, finit-elle par dire. Si vous ne parlez pas, tant pis pour vous. Vos amis seront sûrement plus loquaces.

-N’y comptez pas.

-Sinon, nous userons de d’autres moyens, fit Marus.

-Quoi ? Le doloris ? Vous êtes bien trop lâche pour ça.

-Il reste la légilimancie. Et sinon, nous devons tester cette nouvelle potion : le véritasérum. Elle n’est pas totalement au point et vide le cerveau de celui qui en boit en même temps qu’il parle à ce qu’il paraît. Mais bon, on se fout de vous amener devant un jury si nous savons ce que vous cherchez. Protéger cette famille de vos desseins est notre priorité. Mais avant d’en arriver là, nous allons parler à vos amis. »

           Jonas Marus et Florence Nana se levèrent et sortirent, laissant Varin seul à réfléchir à son sort. Quand ils furent dans le couloir, la métisse fit un de ses magnifiques sourires dont elle avait le secret à son collègue de la section S.

« Bien joué, félicita t-elle. Ça va le forcer à réfléchir. Recevoir le baiser du détraqueur est une chose horrible mais il ne pourrait rien nous dire. Alors que là, il va croire qu’il va finir dans le même état en nous disant tout.

-Heureusement qu’il ignorait la véritable avancée des travaux sur le véritasérum. Le Département Secret n’a toujours pas réussi à stabiliser le mélange. On fait une pause avant de s’attaquer au deuxième ?

-Oui. Il faut que je revoie son dossier. On se retrouve ici dans une demi-heure.

-D’accord. Je vais voir où en est Franck. »

 

           Thomas et Laura se matérialisèrent sur la place du village sorcier de Toutalair. Une carriole les attendait non-loin. Le cocher les salua chaleureusement. Il s’agissait de Bruno Hidalgo, le concierge. Il aida Thomas à charger les bagages.

« Nous devons encore attendre un peu, dit Hidalgo. Les professeurs Garde et Itulgo devraient arriver d’ici quelques instants. »

           Le temps était encore chaud. Thomas proposa à sa sœur de prendre un rafraîchissement à la terrasse d’un café de la place. Ils étaient tranquillement installés depuis cinq minutes qu’un homme d’une soixantaine d’années arborant une longue chevelure de jais s’approcha. Après les salutations d’usage, il s’installa et commanda une bière bien fraîche.

           François Garde était professeur d’Histoire de la Magie à l’Académie. Mais avant tout, il était un ancien chasseur de la section spéciale. Il quitta le service ministériel quinze ans auparavant pour des raisons personnelles. Il fut le partenaire de Maldieu par le passé. Et aujourd’hui encore, il semble partager avec le chef du Département des Chasseurs un secret terrible.

           « Avez-vous revu votre ami Chaldo ? demanda t-il.

-Oui, répondit Thomas. Chun s’est installée chez lui depuis hier. Ça n’a pas changé grand-chose car elle n’a pas passé une nuit chez elle depuis l’affaire des vampires.

-Maldieu m’en a parlé. Il a fait équipe avec un auror : Alastor Moody.

-Et Chun s’est liée d’amitié avec la vampire Assya. Elles s’écrivent régulièrement.

-Il n’a pas changé ?

-Que voulez-vous dire ?

-N’a-t-il pas eu d’excès de violence ?

-Non. Il a l’air de plus apprécié la vie que lorsque je l’ais revu. Je ne vois pas ce qui pourrait vous dire qu’il soit sujet à des sautes d’humeur.

-Non, c’est vrai. Je ne sais pas pourquoi j’ai dit ça. Et vous mademoiselle Jiraud, ne devriez-vous pas être dans le train avec vos camarades ?

-Euh…je…balbutia t-elle en rougissant.

-Je plaisante, sourit Garde. C’est pratique d’avoir un frère professeur, n’est-ce pas ? »

Laura ne répondit que par un sourire.

           Anne Itulgo, le professeur de métamorphose, arriva et ils purent monter dans la carriole pour se rendre à l’Académie de Magie Beauxbâtons. La carriole les déposa dans le hall. Le concierge promit de s’occuper de leurs bagages. Les trois professeurs et l’élève de cinquième année pénétrèrent dans le hall de l’école. Plusieurs dizaine d’élèves s’y trouvaient par groupe. Les discussions avaient l’air animé. Ils devaient se raconter leurs vacances. Les plus jeunes, les nouveaux entrant en première année restaient timidement dans leur coin. Laura dit à son frère qu’elle devait chercher Hans.

           La jeune fille le trouva près d’une des colonnes soutenant le haut plafond décoré de nuages et d’anges voletant au dessus des élèves. Il était entrain de discuter avec d’autres de ses condisciples. En voyant sa petite amie approcher, il s’excusa auprès d’eux pour aller à sa rencontre. Elle voulut le prendre dans ses bras et l’embrasser mais le jeune homme l’arrêta.

« J’ai cru que tu avais raté le train, dit-il. Je me suis inquiété et j’allais t’envoyer une lettre.

-Je suis désolée, rougit-elle. J’ai oublié de te dire que Thomas avais proposé de m’emmener en transplanant. Je m’en suis rappelée seulement ce matin. Tu n’es pas fâché ?

-Un peu.

-Qu’est-ce que je peux faire pour te calmer ?

-Je ne sais pas, fit-il en souriant à demi.

-Je vais essayer quelque chose. »

L’adolescente approcha son visage de celui du jeune homme et l’embrassa amoureusement. Loin de résister, Hans passa ses bras dans le dos de Laura.

« Je suis un tout petit peu moins fâché, dit-il quand elle rompit le baiser. »

Laura sourit avant de reposer ses lèvres sur les siennes.

 

           Franck Vinol continuait ses recherches sur la rune. Pour le moment, il n’avait rien trouvé qui pouvait le guider vers la solution. Il s’était autorisé une pause quand Jonas Marus était venu voir ses avancés. Jonas était reparti vingt minutes plus tard et lui, s’était replongé dans les grimoires et les traités sur les runes.

           Le deuxième interrogatoire n’apporta rien de plus que le premier. Florence Nana voulait savoir le plus vite possible et décida de commencer à questionner le dernier. Elle avait déjà commencé à le travailler en lui rendant visite dans sa cellule, lui faisant peur avec des menaces de baiser de détraqueur et en disant que si son maître était aussi attentif à ses fidèles, il serait déjà venu les libérer. Ces petites phrases et le temps de réflexion avait-elle fait leur effet ? Il semblait que oui à la vue de l’air apeuré qu’arborait le mangemort en voyant les deux chasseurs s’installer en face de lui.

           Pour lui mettre encore un peu de pression, Florence Nana ne dit rien durant plusieurs minutes. Elle ne le regarda même pas, se contentant de tourner les pages d’un dossier où le mangemort pu voir une photo de lui, diverses dates et des annotations. Le dossier comportait un nombre assez important de feuillets. Comment les Chasseurs en savaient-ils autant sur lui ?

           « Francis Ferré, né le 31 aout 1962, dit-elle d’une voix dure et froide. Vous venez tout juste d’avoir vingt ans donc. Elève plutôt moyen moins à Beauxbâtons, avec quand même une mention spéciale en études des Runes et en Histoire de la Magie. Vos parents tiennent une boutique sur le Boulevard Merlin. Ils vous ont renié en apprenant votre choix de rejoindre les rangs du Seigneur des Ténèbres.

-Je… souffla Ferré.

-Vous êtes recherché pour avoir participé à la torture et au meurtre de la famille Gaviani l’an dernier en Limousin.

-Je n’y ais pas participé, se défendit-il blême. Je n’ai torturé personne et je n’ai tué personne.

-Mais vous y étiez, n’est-ce pas ?

-Oui mais…

-Et vous n’avez rien fait pour empêcher vos « amis » d’agir ? N’est-ce pas ?

-Non mais…

-Donc, quoi que vous disiez, vous êtes complice et passible de la même peine.

-Je…

-Cette affaire vous condamne à recevoir le baiser du détraqueur. Vous savez ce que cela signifie ?

-…

-Votre âme aspirée par un monstre maléfique puant le cadavre. La dernière vision que vous aurez sera son visage son œil et sa peau couverte de croutes de putréfaction s’approchant de votre visage. Ses lèvres pourries se refermant sur les votre. Pour le reste, je ne sais pas ce que vous ressentirez quand votre âme quittera votre corps. On vit mais on n’existe plus après. Ni vivant, ni mort. »

Francis Ferré était blafard. La peur se lisait dans ses yeux. Il ne voulait pas finir comme ça.

« Je peux peut-être arrangé ça, annonça Florence, allumant une étincelle d’espoir dans les yeux du mangemort. Si vous répondez à nos questions, je pourrais parler au directeur du Département de la Justice Magique et commuer votre peine en prison. En plus, si vous maintenez que vous n’avez pas participé à cette torture et ses meurtres, vous avez de bonne chance de ne pas passer votre vie enfermée.

-Que… que voulez-vous savoir ?

-Que cherchiez-vous ?

-Une famille. Maître Malgéus voulait qu’on retrouve une famille descendante des druides germains et qui se serait réfugié en France il y a une trentaine d’années. Mais pour seul indice, il nous a donné ce symbole. C’est une ancienne rune druidique. Elle représente cette famille. Seulement, les familles druidiques ont déjà changé de nom au moment de l’inquisition il y a quatre siècles. Et après, elles se sont dispersées de par le monde lorsque le Ministère allemand de la Magie les a recherchées pour les mettre, soi-disant, hors de porté du Seigneur des Ténèbres qui s’intéressait à leur savoir. C’était une mission impossible.

-Et pourquoi Malgéus voulait retrouver cette famille ?

-Leurs ancêtres auraient créé un rituel permettant d’acquérir une énorme puissance. Avec cette puissance, mon maître deviendrait le maître du monde de la Magie et de celui des Moldus. Je ne sais rien de plus. 

-Même pas où se cache Malgéus ?

-Non, il a changé d’endroit quand nous avons commencé la mission. C’est toujours Névris qui nous contactait pour savoir où nous en étions. »

           Florence Nana et Jonas Marus se levèrent et s’apprêtèrent à sortir. Le mangemort leva vers eux un regard suppliant.

« Je ne vais pas recevoir le baiser ? demanda t-il.

-Bien sûr que si, fit Florence sans pitié. Vous n’êtes pas au courant ? Le ministre Erwan Riliam a décrété que tout mangemort devrait recevoir le baiser du détraqueur quelque soit leurs méfaits.

-Vous m’avez menti !

-Tous les coups sont permis. Nous sommes en guerre contre les mangemorts. »

           Plantant le jeune mangemort avec ses illusions détruites, les deux chasseurs sortirent.

« Tu es terrifiante quand tu t’y mets, dit Jonas.

-Merci, sourit Florence. Tu as tout ce que tu voulais savoir ?

-Oui. Cette affaire en rejoint une autre datant de quelques mois. Merci de nous avoir aidé.

-Pas de problème. »

           Jonas quitta Florence pour retourner voir Franck. Ce dernier cherchait toujours. Lorsque Marus lui expliqua les résultats de l’interrogatoire, Franck quitta la bibliothèque pour se rendre dans la salle des archives du Département des Chasseurs.

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