Le Corbeau. Saison 1

Chapitre 70 : III Un Fantôme à Beauxbâtons

4464 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 10/11/2016 05:41

           CHAPITRE III : UN FANTÔME A BEAUXBÂTONS

 

           En découvrant l’article dans le journal Sorcier-Matin, Laura s’était effondrée. Elle avait beau être dans la Grande Salle, entourée de tous ses condisciples, professeurs et amis, sa peine était trop forte pour qu’elle retienne ses larmes. Mais personnes ne se moqua. Au contraire, tous compatissaient. Ses amis essayaient de la consoler. Mais ce fut quand deux bras puissants vinrent l’étreindre qu’elle se laissa le plus aller, sachant instinctivement qu’elle pouvait laisser tomber sa garde totalement. Lorsqu’elle rouvrit ses yeux embués de larmes, elle remarqua qu’elle n’était plus dans la Grande Salle mais de nouveau dans l’appartement de fonction de Thomas. Elle ne s’était même pas sentie soulevée et emmenée. Elle regarda autour d’elle. Elle sursauta en repérant une autre personne dans le salon. Ce n’était pas son frère. C’était une jeune fille à peine plus âgée qu’elle, au teint blafard et aux grands yeux d’un blanc laiteux. Ses cheveux étaient noirs et auraient eu besoin d’être coiffés. Ils tombaient sauvagement sur ses épaules graciles. Elle était habillée d’un drapé immaculé intensifiant l’impression d’être devant un fantôme.

           Laura allait lui demander qui elle était quand son frère sortit de la cuisine avec un plateau chargé de trois tasses, d’une théière et de biscuits. Il le posa sur la table et s’assit.

« Tu vas mieux ? demanda t-il à Laura en servant le thé.

-Oui, je crois, répondit timidement l’adolescente. Ça m’a fait un choc en découvrant l’article dans Sorcier-Matin. J’ai totalement oublié que ton ami Pierrick veillait sur Hans. »

Thomas ne dit rien. Il ne valait mieux pas l’inquiéter outre mesure. Si elle savait que Hans avait finalement été enlevé par Malgéus, elle s’effondrerait pour de bon.

« Au fait, qui est-ce ? questionna Laura en désignant la jeune fille fantomatique.

-Ah, fit Thomas. Assis-toi donc Marion. Prend une tasse de thé. »

La dénommée Marion s’approcha avec une grâce et une légèreté irréelle. Elle s’assit et prit la tasse que lui tendait Thomas. D’un geste discret, elle porta la tasse à ses lèvres pour en boire une petite gorgée. Laura l’observait attentivement. Cette fille lui semblait bizarre. Aucune émotion ne marquait son visage. Comme-ci elle était vide.

« Elle s’appelle Marion Locca, présenta Thomas. Marion, je te présente ma sœur Laura Jiraud. »

Marion ne fit que lever ses yeux inexpressifs vers Laura. Malgré l’étrange impression que lui faisait cette nouvelle venue, Laura lui sourit. Mais aucune réponse ne fut donnée à ce sourire.

« Marion va rester avec moi, annonça Thomas. Elle a connu des moments difficiles et n’a jamais vraiment eu de vie jusqu’à maintenant. Elle est extrêmement timide et ne démontre que très rarement ses émotions et ses sentiments. Sois gentille avec elle. D’accord ?

-Ce n’est pas mon genre d’être méchante, se défendit Laura. Tu veux que je lui fasse faire le tour du palais et du domaine ? Comme ça elle pourra se mêler aux autres et peut-être que sa timidité s’effacera.

-Peut-être. Mais il vaut mieux y aller doucement. Ne pas la brusquer. Tu ne peux pas imaginer par quoi elle est passée.

-Tu es allée à quelle école ? »

Marion ne répondit pas, se contentant de fixer l’adolescente de son regard vide.

           Ce regard gênait Laura. Thomas le devina et décida d’intervenir.

« Elle n’est pas allée à l’école, expliqua t-il. Elle possède un flux magique car elle est sorcière, mais elle n’a jamais appris à s’en servir. Elle n’a pas de baguette. Elle n’est pas la seule dans ce cas si j’ai bien compris. Je vais en parler au professeur Tréveune. Tu peux rester avec elle ?

-C’est que, j’ai mes cours.

-Je préviendrais tes professeurs. Je ne veux pas que Marion reste seule.

-D’accord. De toute façon, je n’avais pas très envi d’y aller.

-Si tu la voie disparaître et réapparaître quelques fois, rassure-toi, c’est normal. De même si elle passe à travers les murs et les portes ou se met à flotter au dessus du sol ou dans le vide.

-C’est quoi ta copine ? fit Laura surprise.

-C’est juste une jeune fille qui a beaucoup souffert. »

           Thomas se leva. Avant de partir, il se tourna vers Marion.

« Je reviendrai bientôt, assura t-il. En attendant, tu vas rester avec Laura, d’accord ? Elle va bien s’occuper de toi. »

Thomas passa derrière Marion pour se diriger vers la porte mais une main fine et pâle le retint par le poignet. Le bras de Marion était passé au travers du canapé, arrachant une exclamation de surprise à Laura. Marion leva ses yeux vides vers le jeune professeur. Ce dernier essayait de lire la moindre trace d’émotion dans son regard blanc. Il sourit et s’accroupit pour se mettre à sa hauteur, posant sa tête sur le dossier du canapé.

« Je vais faire vite, promit-il. Je ne te laisserai pas seule. Plus jamais tu ne seras seule. »

Les lèvres de Marion s’ouvrirent légèrement comme-ci elle allait dire quelque chose. Mais elle se ravisa et les referma. Elle lâcha le poignet de Thomas. Ce dernier passa une main dans ses cheveux d’un geste affectueux en souriant. Il se releva et sortit.

           Marion avait suivi le professeur des yeux et même lorsque la porte s’était refermée, elle continuait à déplacer son regard. Arrivait-elle à voir à travers les murs ? Finalement, au bout de quelques instants, elle se tourna de nouveau vers Laura. Cette dernière resta silencieuse un moment, se contentant de porter sa tasse de thé à ses lèvres pour en ingurgiter le contenu. Celui-ci avait perdu tout son goût. Laura se força à sourire.

« Si on allait se promener ? fit-elle. »

Pour toute réponse, Marion se leva. Laura se dépêcha de lui ouvrir la porte pour ne pas qu’elle se mette à la traverser.

 

           Thomas avait prévenu les professeurs de Laura de son absence pour aujourd’hui. Les professeurs connaissant la situation de la jeune fille ne posèrent aucune question. Le professeur de défense contre les forces du mal passa à sa salle de classe en s’excusant de son retard. Il donna du travail à faire à ses élèves sous la responsabilité du chef de classe et sortit en disant devoir aller voir le directeur.

           Janine Clave, la secrétaire du directeur de l’Académie Beauxbâtons, Zabulon Tréveune, l’annonça. Le directeur invita Thomas à s’asseoir. Avant toute chose, Tréveune demanda des nouvelles de Friedrich.

« Il était sous la protection de Pierrick Chaldo jusqu’à cette nuit, expliqua Thomas Zimong. Par un rituel dragoniar, j’ai pu le voir. Craignant pour lui, j’y suis allé. Je m’étais trompé, il n’était pas en danger. Mais finalement, les mangemorts sont arrivés. Il y eut un combat et ce Malgéus réussit à l’enlever. C’est ma faute. Si je n’y étais pas allé, il n’aurait pas eu à faire de magie, et la Trace n’aurait pas permis de le repérer. Ça, je n’ai pas osé le dire à Laura.

-Ce n’est pas votre faute Thomas, rassura Tréveune. Tout le monde fait des erreurs de jugement. Vous avez cru bien faire et vous connaissant, ce n’était pas irréfléchi. Pourquoi y êtes-vous allé précisément ?

-C’est justement une des raisons de ma visite. Lors de ce rituel me permettant de quitter mon enveloppe charnelle, j’ai repéré une présence si diffuse que je ne pouvais pas la voir. Craignait qu’il s’agisse d’un ennemi, je me suis précipité là-bas car Pierrick et son ami n’étaient pas proche de Hans. J’ai trouvé Hans avec une jeune fille lui faisant face. Je n’ai même pas remarqué ses larmes et j’ai attaqué. Au bout de quelques secondes, pour m’arrêter, Hans m’a désarmé. C’est ce sortilège qui fut repéré par la Trace. Il y a un espion à la solde de Malgéus au Ministère, voir plusieurs. Les mangemorts sont apparus quelques minutes plus tard. Malgéus lui-même était présent. Il a réussi à immobiliser Pierrick et à emmener Hans.

-Je vois. Et vous veniez pour me parler de cette jeune fille je suppose.

-Oui. Je l’ai ramenée ici. Elle n’a nulle-part où aller. Je ne sais pas si elle a de la famille quelque part. Tout ce que je sais, c’est qu’elle a beaucoup souffert. Elle a besoin d’affection.

-Pour ça, je vous fais confiance. Elle peut rester ici aussi longtemps qu’elle le souhaite. Mais j’ai comme l’impression que vous voulez ajouter quelque chose.

-Elle est née sorcière mais n’a jamais appris à se servir de ses pouvoirs. Elle n’a jamais tenu une baguette. Ses pouvoirs ont pris une orientation spécifique. Elle est capable de disparaître, de passer à travers les murs, d’effacer totalement sa présence.

-C’est étrange. Comment s’appelle t-elle ?

-Marion Locca.

-Je ne me souviens pas de ce nom. Attendez. »

           Tréveune agita sa baguette pour faire venir à lui un parchemin en double rouleau. Il le fit se dérouler entre pour le parcourir. Au bout de quelques secondes, le parchemin reprit sa forme d’origine et alla se ranger à sa place.

« Elle n’apparait pas sur les listes des sorciers nés-moldu de France, dit-il.

-C’est de cela que je voulais vous entretenir. Marion est la deuxième personne que je rencontre de ce cas. L’autre est un homme d’environ vingt-cinq ans. J’ai l’impression que le charme permettant de repérer les enfants sorciers nés-moldu n’est pas aussi efficace qu’il parait. Certains passent au travers. Et vous savez très bien que lorsqu’un flux magique n’est pas domestiqué, la plupart du temps, il rend malade l’enfant par un trop plein de magie. Hors, dans leur cas, ce trop plein a réussi à s’exprimer d’une façon où d’une autre. Mais dans le cas de Marion, cela à aussi atteint son esprit. Elle peut effacer toute présence d’elle-même et passer à travers n’importe quel obstacle. Mais elle se comporte comme un fantôme, inconsciente du monde qui l’entoure, n’exprimant aucune émotion ni aucun sentiment. Même son corps en subit les conséquences : ses yeux sont entièrement blancs, et sa peau d’une pâleur cadavérique.

-Je vois. Elle a dû souffrir horriblement de ne pouvoir se servir de ses dons autrement. De même, je sens que son histoire personnelle est d’une horreur inimaginable. Mais heureusement pour elle, tout ceci est fini. Nous allons tout faire pour l’aider. Après tout, n’est-ce pas la mission d’une école d’apprendre aux enfants ? Pour ce qui est du côté affectif, je vous laisse vous en occuper. J’ai l’impression que vous vous êtes déjà attaché à elle.

-C’est vrai. Je ne peux pas l’abandonner.

-Et bien voilà qui règle un point. Quand à ce problème de charme défectueux, je vais écrire au Département d’Enregistrement Citoyen pour leur signaler et qu’ils fassent en sorte de le régler au plus vite. Malheureusement, pour ceux déjà nés.

-Je crois avoir une idée pour en repérer certains. Mais je ne peux rien dire. Je vous demande juste de me faire confiance une fois de plus.

-Vous êtes un homme d’honneur. Je vous fais entièrement confiance. Faîtes ce qu’il faut. Mais dîtes-moi, où est cette jeune fille ?

-Je l’ai confiée à ma sœur. Laura n’allait pas très bien ce matin à cause de l’article dans le journal. Ainsi, elle pensera à autre chose. J’espère. Je me suis permis de la dispenser de cours.

-Ce n’est pas en ratant quelques heures qu’elle ratera ses examens. »

           Thomas sourit et sortit du bureau. Zabulon Tréveune était vraiment quelqu’un de bien. Pour lui, l’intérêt des enfants passait avant tout. On n’aurait jamais trouvé meilleur professeur à la tête de Beauxbâtons.

 

           Laura avait emmené Marion au jardin intérieur du palais. Le mois de septembre ensoleillé permettait de se balader à loisir. Les buissons étaient d’un vert éclatant et les fleurs colorées embaumaient l’air d’un cocktail parfumé. Malgré cela, Marion gardait son visage inexpressif. Laura ne savait pas vraiment comment se comporter avec elle. Depuis qu’elles avaient quitté l’appartement de Thomas, aucun mot ne fut prononcé. Laura se demandait même si la jeune fille fantôme savait parler.

           Un banc de pierre attira le regard de Laura. C’était le banc sur lequel elle se retrouvait souvent avec Hans. Où ils passaient des heures tendres, à ne rien faire d’autre que discuter de sujets légers, s’embrasser, sentir la présence de l’autre. Des larmes montèrent à ses yeux sans qu’elle ne puisse rien n’y faire. Pourront-ils un jour repasser des moments comme ceux-là ?

« Il te manque. »

La voix était plus légère qu’un soupir. Elle parvint tout de même à faire sursauter Laura. Elle se retourna pour voir qui lui avait parlé et tomba sur les yeux vides de Marion.

« Tu as dit quelque chose ? demanda Laura.

-Il te manque, répéta Marion.

-De qui tu parles ?

-Du garçon à qui tu pensais. Hans.

-Tu le connais ?

-Je l’ai vu cette nuit.

-Où ? Comment va-t-il ?

-Loin d’ici. Il a été enlevé.

-Non. Il est protégé par un chasseur.

-Plus maintenant. Il a été enlevé sans que le chasseur ne puisse le protéger. »

La main de Laura vint cingler la joue de Marion. Le ton dénué de sentiment avec lequel Marion disait cela avait énervé Laura au plus haut point. Elle savait que ce n’était pas un mensonge. Cette fille ne savait peut-être même pas ce qu’était mentir. Marion n’avait pas réagi à la claque. Elle continuait de fixer Laura sans aucune émotion dans les yeux.

           L’adolescente laissa toute sa peine surgir. Elle s’assit sur le banc de pierre, prenant sa tête entre ses mains et éclata en sanglots. Marion se contenta de la regarder sans bouger. Une cloche retentit. Laura n’y réagit pas. Mais quelques secondes après, des élèves apparurent dans le parc. Un groupe de garçons accompagnés de quelques filles repérèrent immédiatement la pleureuse. Ils s’approchèrent.

« Encore entrain de pleurer Jiraud, fit un garçon. »

Laura leva des yeux rouges vers la bande qui lui faisait face. Elle regarda autour d’elle mais ne vit plus de trace de Marion. Où était-elle ? Son frère l’avait prévenue qu’elle avait tendance à disparaître. Elle aurait dû se montrer plus attentive.

           « Qu’est-ce que tu cherches ? Ton petit copain ? demanda moqueusement un des garçons. »

Laura reporta son attention sur la petite bande. Elle les connaissait bien. C’était une bande de cancre souhaitant plus s’amuser au dépend des autres que travailler. Ils étaient souvent mêlés à des bagarres qu’ils avaient provoquées la plupart du temps. Ils s’en prenaient aux plus jeunes, les rackettant. Hans s’opposait souvent à eux. Mais jamais il n’avait eu à décocher le moindre coup ou maléfice contre eux. Du moins à la connaissance de Laura. Les filles les accompagnants n’étaient que des pouffes plus impressionné par l’apparence que par ce que contenait réellement les crânes de leurs copains. Laura avait entendu parler de véritables orgies les impliquant. Elles n’étaient pas comme la bande à Angelina Armose. Cette dernière avait quand même le bon sens de choisir de partenaires valant le coup. Pas des minables.

« Alors ce minable de Friedrich s’est fait prendre par les mangemorts, fit celui qui semblait être le leader de la bande.

-La ferme Bakaro, j’suis pas d’humeur, répliqua Laura.

-Oh arrête, je tremble de peur quand tu me dis ça. Tu devrais en profiter pour le jeter ce gus. Viens donc t’amuser avec nous.

-Vous allez faire quoi ? Un scrabble ? Les partis ne doivent pas durer longtemps avec que des mots monosyllabiques.

-Qu’est-ce que tu dis ?

-Excuse-moi, j’ai utilisé des mots de plus de deux syllabes. C’est vrai que toi et ta bande de singes vous avez du mal à comprendre.

-Tu nous traites d’imbécile.

-Attend, je retire ce que j’ai dis. Tu connais un mot de quatre syllabes. Un véritable exploit ! Tu as mis combien d’années à en comprendre le sens ?

-Espèce de petite salope ! Tu vas voir. »

Bakaro s’approcha de Laura. Cette dernière sortit sa baguette mais un des acolytes de Bakaro veillait et la désarma d’un experlliarmus. Bakaro ne sortit pas sa baguette et prit la jeune fille par le col de sa robe.

« Je vais t’apprendre ce qu’il en coûte de te moquer de moi, dit-il. Mais peut-être que tu vas aimer ça ?

-Faut pas rêver sale macaque. »

Bakaro la gifla pour la faire taire. Puis il la plaqua contre le mur du jardin. Il posa une de ses mains sur sa poitrine.

« T’as de bons nichons. Voyons le reste. Je suis sûr que tu es du genre à t’épiler totalement la chatte. Tu es une sainte-nitouche à l’extérieur, mais une vraie chaudasse à l’intérieur, hein ?

-Ne me touche pas avec tes mains sales.

-Tu ne diras pas la même chose dans quelques minutes. Tu me supplieras de te prendre immédiatement. Ici, dans ce jardin. »

La main du délinquant descendait le long de corps de la jeune fille. Il caressa son entrejambe à travers le tissu un instant puis commença à remonter la robe pour y accéder sans obstacle. La robe n’avait même pas dévoilé la moitié des cuisses blanches de Laura que Bakaro la lâcha en se tordant de douleur. Il se plia en deux en lâchant la jeune fille, son bras formant un angle inquiétant dans son dos, comme ci quelqu’un lui faisait une clé de bras. Bakaro fut poussé en avant. Il se releva vivement en cherchant celui qui lui avait fait ça. Il resta médusé quand il vit apparaître de nulle part devant lui Marion.

           Durant quelques secondes, tous restèrent figés d’effroi devant ses yeux blancs. Puis Bakaro cria :

« Qu’est-ce que vous foutez ? Attaquez-cette pute.

-Baisse-toi, murmura Marion à l’attention de Laura. »

L’adolescente se jeta au sol au dernier moment. Un des acolytes de Bakaro avait sorti sa baguette.

« Tarantallegra ! hurla t-il. »

L’éclair surgissant du bout de sa baguette traversa Marion sans avoir le moindre effet. L’éclair vint s’écraser contre le mur juste au dessus de Laura. Après ça, plus personne n’osa lancer le moindre maléfice. Bakaro s’était relevé et fonça sur la fille fantôme pour lui asséner une gauche. Mais il passa au travers. Une fois qu’il fut passé, Marion lui saisit le bras à la volée, et sans effort apparent, le projeta à l’aide d’une torsion du poignet. Marion disparut de nouveau pour réapparaître juste derrière la petite bande. Les garçons et les filles, tous terrifiés, la regardèrent une seconde avant de s’enfuir en courant.

« Elle est trop flippante ! lança un des types. Je me casse !

-Revenez bande de lâcheurs ! s’écria Bakaro. »

Il se tut en voyant Marion apparaître tel un spectre juste devant lui, plongeant ses yeux vides dans les siens apeurés.

« Excuse-toi, souffla t-elle.

-Quoi ? fit Bakaro comme-ci il n’avait pas entendu.

-Excuse-toi.

-Ça ira Marion, dit Laura. Ce n’est qu’un petit branleur. »

Bakaro ne demanda pas son reste et partit.

           Marion se tourna vers Laura. Cette dernière lui sourit et la prit dans ses bras. Marion ne réagit toujours pas mais Laura ne s’en formalisa pas.

« Merci, fit-elle. Et désolé de t’avoir giflée.

-Tu es triste. Ce n’est pas grave.

-Viens, continuons la visite. »

Laura l’emmena voir ses amis. Marion fut reçu comme une des leurs. Ils voulaient tous savoir qui elle était et d’où elle venait. Laura dut intervenir.

« Du calme tout le monde ! Elle est très timide. Laissez-lui le temps de s’habituer. Elle n’est pas habituée à être entourée de tant de monde.

-Elle est un peu bizarre, fit un ami de Laura. Mais elle a l’air cool.

-Tu aurais dû la voir tout à l’heure quand elle a envoyé paître Bakaro et ses potes.

-Ils sont venus te faire chier ? demanda une fille. Les enfoirés. Je vais les allumés à coup de maléfices.

-C’est bon, je ne crois pas qu’ils reviennent. Marion leur a fait une belle frousse. »

Ils étaient dans un couloir d’un des étages. Le couloir était ouvert sur l’extérieur. Le regard de Marion fut attiré par une forme sombre dans le ciel. C’était une sorte de cheval ailé mais à l’allure plus reptilienne qu’équidé. Marion resta fixé sur cet étrange animal qu’elle n’avait jamais vu. Lorsqu’il disparut à l’horizon, elle se tourna de nouveau vers Laura et ses amis. Ceux-ci la regardaient avec des yeux ronds. Les autres élèves passant dans le couloir s’étaient arrêtés pour la regarder aussi. Marion flottait au-delà du muret du couloir. Le sol se trouvait à au moins dix mètres sous ses pieds. En dessous, dans le jardin intérieur, les élèves la pointaient du doigt, éberlués. Laura, saisit également par la surprise, se ressaisit.

« Marion, reviens s’il te plait, invita t-elle. Ce n’est pas le moment de flotter dans les airs. »

Marion obéit et reprit pied sur le dallage. Tous continuaient à la regarder comme une extra-terrestre.

           « Qu’est-ce qui se passe ? lança une voix plus grave. »

Thomas venait d’arriver. Il n’avait pas vu l’exploit de Marion mais à l’air surpris et curieux des élèves, il devina qu’elle avait utilisé ses étranges capacités. Il se tourna vers Laura.

« Ce n’est rien professeur, fit-elle. Marion a juste un peu flotté au dessus du sol.

-Tu appelles ton frère « professeur » ? fit un des garçons.

-Un problème Gagneuil ? fit le professeur.

-Non monsieur.

-Il n’y a pas eu d’autres soucis avec elle ? questionna Thomas en se tournant vers Laura.

-Aucun, répondit Laura.

-Marion ?

-Elle m’a fait visiter et m’a présenté ses amis, dit simplement Marion. »

Thomas scruta les yeux vides de Marion sans rien y déceler. Puis il regarda de nouveau sa sœur.

« Je vais devoir m’absenter aujourd’hui, annonça t-il. Juste quelques heures. Je te la confie. Prend soin d’elle.

-T’inquiète, on est déjà inséparable, assura Laura. »

Thomas lui sourit et se tourna une dernière fois vers Marion.

« Tu restes avec Laura d’accord ?

-Oui. »

Thomas allait s’en aller quand Marion lui attrapa le bras. Le dragoniar la regarda.

« Reviens vite, souffla t-elle. »

Thomas lui sourit en lui prenant la main pour y déposer un léger baiser. Puis il s’éloigna. Marion ne le quitta pas des yeux.

           « Elle serait pas un peu amoureuse de ton frère ? fit une des amies de Laura.

-Arrête, dit Laura. C’est juste qu’il est la première personne a prendre soin d’elle depuis des années. Et puis, elle a dix-sept ans.

-Et ton frère en a vingt-quatre. Il est encore jeune. D’ici deux ans, leur différence d’âge ne signifiera plus rien.

-Je ne pense pas que Thomas voit ça ainsi.

-Maintenant peut-être. Mais attend quelques temps. C’est un homme avant tout. Et Marion est loin d’être moche. »

 

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