Le Corbeau. Saison 1

Chapitre 84 : I Gardevie

2731 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 09/12/2011 04:47

PREFACE : Toute chose a une fin. Toute aventure doit un jour se conclure. Après beaucoup de mystères, de combats et de violences, voici le dernier épisode du « Corbeau ». Vous allez enfin tout savoir. Ou presque car après celui là, il y aura quand même un épisode 0 pour dévoiler tout ce que cet épisode ne montre pas. Je n’ai qu’une chose à dire : bonne lecture !

 

LE

CORBEAU

 

LIVRE VI

 

Au-delà du Crépuscule

 

           CHAPITRE I : GARDEVIE

 

           Chun Yang-Li se réveilla. Le soleil filtrait à travers les rideaux. Elle ne se souvenait pas être rentrée. Quelqu’un avait dû la ramener. Ses yeux la piquaient, comme-ci elle avait pleuré toute la nuit. Elle se souvint pourquoi. Elle revoyait un jeune homme grand, les cheveux et les yeux noirs. Son regard qui pouvait être si doux, si aimant était froid et inexpressif. Et surtout, il y avait ces mots qu’il avait dit.

« Tu dois m’oublier, avait-il dit. Je ne suis pas celui que tu aimes. Celui que tu aimes n’a jamais existé. Il n’était qu’une illusion. Né d’un mensonge. Vivant dans le mensonge. Il n’a pas le droit d’exister. Considère-le comme mort. »

Les larmes revinrent inonder ses yeux. Elle se souvint clairement de la veille. Il était parti. Peut-être était-il mort ? Non, il ne pouvait pas mourir aussi brutalement. Mais il était parti. Parti loin d’elle. Quelque soit le lieu. Il était parti loin d’elle.

           Elle se leva. Plus par habitude, elle alla à la salle de bain. Mais une nausée monta. Elle se rua aux toilettes pour y vomir. Depuis quelques temps, elle avait ces nausées tous les matins et parfois même durant la journée. Elle se doutait que cela était dû au stress qu’elle subissait ces derniers jours. Elle se rendit à la cuisine. Durant l’espace d’un instant, elle cru voir Pierrick assis à la table, feuilletant son journal comme tous les matins. Mais ce n’était qu’une illusion. Il n’y avait rien sinon, le dit journal plié sur la table. Le hibou avait déjà fait sa livraison.

           Chun le déplia d’un geste fébrile. Parlait-il de Pierrick dedans ? L’article de la une n’attira qu’à demi son attention. Il rapportait un communiqué du Ministère de la Magie : « MALGEUS EST MORT ». Elle parcourut l’article en y cherchant le moindre indice indiquant que Pierrick avait participé à l’opération et y avait survécu.

 

           « Cette nuit, une opération de grande envergure a été mené avec succès par le Département des Chasseurs. Sur la base des résultats d’une enquête ayant impliqué l’ensemble des effectifs des sections IRIA (recherche documentaire, analyse et interrogatoire) et S (section spéciale, agents de terrain faisant du renseignement humain dans la profondeur). Certains de ces agents de la section S ont ensuite accompagné, les hommes de la section AI (intervention) pour l’attaque de la planque où se trouvaient Malgéus avec quasiment l’ensemble de ses fidèles.

           L’attaque mené avec tactique et à grande vitesse surprit les mangemorts qui furent tous tués ou arrêtés. Le maître des mangemorts français fut lui-même éliminé dans l’assaut. Le Ministre Erwan Riliam a félicité Charles Maldieu et ses hommes pour leur professionnalisme et la rapidité de leur action ayant permis de « débarrasser notre communauté d’une menace terrible ». Les otages qu’avaient fait les mangemorts durant les jours précédents ont été libérés à l’exception de un, madame Elsa Tiller, qui avait été exécuté par ses ravisseurs avant l’opération. Les deux autres otages, Frida Tiller et Hans Friedrich sont à Gardevie où ils reçoivent des soins. Parmi les Chasseurs, aucune perte n’ait à déplorer. Seul un agent de la section S a été blessé mais ses jours ne sont pas en danger et il devrait être rapidement sur pied.

           Le directeur du Département des Chasseurs n’a pas encore divulgué les noms des mangemorts éliminés, blessés ou disparus.

« Mes hommes travaillent encore à l’identification des corps. Il faudra peut-être plusieurs jours pour avoir une liste complète des mages noirs morts durant cette opération. Après, nous comparerons cette liste avec celle des mangemorts connus pour évaluer le nombre encore en liberté. »

           Cette opération et son résultat meurtrier a quand même été largement critiqué par des dignitaires français et étrangers de la Communauté Magique Internationale car les Chasseurs avaient toujours essayé de faire le moins de victime possible durant leurs actions.

« Le nombre de morts démontrent que Charles Maldieu, qui a toujours voulu se démarquer de la politique anti-mangemort d’Erwan Riliam, s’est maintenant totalement rangé de son côté, nous dit monsieur Jules Sarzeau, juge à la Haute Cour de Justice Magique française. C’est dommage car cela signifie que la Justice a encore perdu un de ses défenseurs. »

Charles Maldieu n’a pas voulu répondre à ces propos à son encontre, estimant qu’il le pourrait le faire quand il aurait moins de travail.

 

           Rien. Pas un mot sur Pierrick. D’ailleurs, Charles Maldieu était le seul chasseur cité. Chun prit peur en pensant que le blessé pouvait être Pierrick. Elle devait en être sûre. Elle oublia totalement son petit-déjeuner et descendit l’immeuble. Elle monta dans sa voiture et roula en direction de l’hôpital Gardevie.

           L’hôpital Gardevie était caché, comme tous les lieux dévolus à la communauté sorcière. A l’instar du Ministère de la Magie, il était situé dans un immeuble laissé à l’abandon avec une pancarte le désignant comme en travaux. Aucun moldu ne s’en inquiétait car ce n’était pas la première fois que des travaux commencés sur le papier ne se faisaient pas. Pour y entrer par la voie normale, il suffisait de s’appuyer contre une bâche condamnant une ancienne porte. Comme au Ministère, un homme vérifiait que les gens passant cette entrée étaient bien des sorciers ou des moldus autorisés à connaître l’existence des sorciers. Chun n’eut qu’à montrer la carte d’une quincaillerie pour pouvoir aller plus loin.

           L’intérieur de l’hôpital ressemblait à ceux des moldus. Seuls les malades différaient. La première fois qu’elle était venue ici, c’était pour une morsure de vampire faîte par son amie Assya. Elle y avait vu des blessures et des maladies bizarres. Encore aujourd’hui, il y avait un homme avec des marguerites lui sortant des oreilles, un autre affublé d’une longue chevelure verte fluo et avec des bulles fluorescentes lui sortant de la bouches, une femme lévitait à un mètre du sol retenue par un homme qui devait être son mari. Il n’y avait pas que des humains. Chun vit, allongé sur un lit, une créature emmitouflée dans des couvertures mais qui devait être une harpie.

           Son tour vint enfin après un quart d’heure d’attente.

« Bonjour, fit-elle. Un chasseur a été emmené ici. Pourrais-je savoir s’il s’agit de Pierrick Chaldo ?

-Etes-vous journaliste ? demanda l’infirmière.

-Non, je suis sa compagne et comme je n’ai pas eu de nouvelles de lui depuis hier, je voulais savoir si c’était lui.

-Je suis désolé, je ne peux pas vous donner ce genre d’information à moins que vous ne soyez de la famille.

-Je vis avec lui.

-Etes-vous mariés ?

-Non mais…

-Alors je ne peux rien pour vous. Suivant.

-Dîtes-moi je vous en prie ! se mit à crier en pleurant Chun.

-Madame, veuillez partir, vous perturbez l’hôpital.

-Je veux savoir.

-Partez ou j’appelle la sécurité.

-Dîtes-moi !

-Sécurité ! »

Des sorciers en robe bleue arrivèrent. Ils saisirent Chun par les bras et la tirèrent en arrière. Mais Chun se débattait. L’un des sorciers de sécurité sortit sa baguette mais il fut désarmé par un Experlliarmus venant de sa droite.

           Franck Vinol se tenait la baguette à la main. Il sortit sa carte du Département des Chasseurs.

« On se calme, ordonna t-il. Cette femme est avec moi. Lâchez-la. »

Les sorciers de sécurité s’exécutèrent et s’éloignèrent. Franck s’approcha de Chun. La jeune femme se tourna vers lui, ses yeux toujours humides.

« Ça va Chun ? fit-il.

-Comment veux-tu que ça aille, répondit-elle. Je voulais juste savoir si le blessé était Pierrick.

-Ce n’est pas lui. C’est Jonas. Mais il va bien. Il est réveillé. Viens, ça va lui faire plaisir de te voir. Thomas est là aussi, il est resté avec Hans Friedrich et la petite Frida Tiller.

-Comment vont-ils ?

-Pour Frida Tiller, ça peut aller. Physiquement du moins. Elle a quand même perdu ses parents. Pour Hans Friedrich, les médicomages ont bossé toute la nuit pour réparer les dégâts fait par Névris. Il l’a soigné après l’avoir torturé mais en s’y prenant vraiment très mal. Malheureusement, il boitera toute sa vie et gardera des cicatrices. Mais au moins il est vivant. La première chose qu’il a demandé en se réveillant ce matin c’est de voir un juriste pour devenir le tuteur légal de Frida Tiller. Il semble que la mère de la petite lui ait demandé avant de mourir. C’est un gars bien. J’ai pris sa déposition. Il a essayé de résister jusqu’au bout. Il n’a lâché l’information que voulait Malgéus que quand ils ont torturé la fillette. Je n’aurai jamais résisté autant. Je te passe les détails de ce qu’il a subi. C’est ici. »

           Tout en parlant, ils avaient marché dans les couloirs de l’hôpital. Franck ouvrit la porte de la chambre comportant le non de Jonas. A l’intérieur, Jonas était assis sur son lit. A ses côtés sur une chaise, se tenait une belle femme d’une trentaine d’années, les cheveux châtains coupés au carré et les yeux marrons. Son ventre était arrondi, elle devait être enceinte d’environ quatre mois. Chun reconnut Eliane, la femme de Jonas. Les deux femmes se firent la bise. Puis Chun fit de même avec Jonas.

« Tu vas bien ? demanda la chinoise.

-Si il n’y avait pas ces médecins, je serais déjà sorti, répondit Jonas. Je suis guéri mais ils veulent me garder encore quelques heures.

-Tu vas sortir aujourd’hui, arrête de te plaindre, fit Eliane.

-J’ai quelque chose d’important à faire. Je dois retrouver Pierrick.

-Que lui est-il arrivé ?

-Lorsqu’on est arrivé là-bas, il faisait face à Malgéus, raconta Jonas. Après je ne sais pas, on est parti pour entrer dans le manoir par derrière pour aller libérer les otages. C’est en entrant dans la cuisine par la porte de service que j’ai été mordu par Julie Arak qui était sous sa forme d’araignée. Franck a agit assez rapidement pour que je sois sain et sauf. Mais je suis resté inconscient et je me suis réveillé ici. Le reste, Franck est le seul qui peut te le dire. »

Chun se tourna vers le chasseur de la IRIA. Ce dernier avait l’air mal à l’aise.

« Il n’était plus là, mentit-il. Quand je suis revenu avec les AI, Pierrick n’était plus là. Il n’y avait que le cadavre de Malgéus et les mangemorts tombés ou assommés. Je suis désolé Chun. »

           Chun resta silencieuse, elle se contenta de remuer la tête pour faire comprendre qu’elle avait compris. Elle sentit de nouveau la nausée monter en elle. Elle plaqua une main sur sa bouche. Eliane la prit par les épaules et l’emmena vers la salle de bain de la chambre. Les deux hommes n’entendirent que le bruit de la jeune femme vomissant.

« Pourquoi lui as-tu menti ? questionna Jonas.

-Tu me connais trop, sourit Franck à demi. Je ne veux pas qu’elle souffre plus. Sitôt que tu es sorti, nous allons chercher Pierrick.

-Je vais me dépêcher.

-Repose-toi quand même un peu.

-Depuis quand n’as-tu pas dormi ?

-Je ne sais plus.

-Alors ne me dis pas de me reposer. Dés que Chun et Eliane sont parties, tu vas tout me raconter. »

           Les deux femmes ressortirent de la salle de bains. Jonas demanda à sa femme si elle pouvait ramener Chun chez elle pour qu’elle puisse se reposer. Chun ne se défendit même pas. Une fois qu’elles furent parties, Franck raconta tout ce qui s’était passé dans le moindre détail.

 

           Dans les couloirs, Chun demanda à Eliane si elle pouvait quand même allé voir Hans Friedrich avant de rentrer. Elles allèrent vers sa chambre et trouvèrent Thomas Zimong assis sur une chaise à côté de la porte. Il se leva en voyant Chun approcher.

« Comment va-t-il ? questionna t-elle.

-Les médicomages lui ont donné une potion pour qu’il dorme encore quelques heures, expliqua Thomas. Il pourra sortir aujourd’hui. Dés que possible, je l’emmène chez Laura. Hermione est déjà d’accord pour qu’il s’installe chez elle.

-Et la petite ?

-Frida ? Elle est avec lui. Elle refuse de le laisser. Il a dix-sept ans demain et il va déjà devoir jouer au père. Ça n’a pas l’air de lui faire peur. Du moins, il ne le montre pas. Cette expérience l’a encore fait mûrir. Il n’est plus un enfant.

-Je comprends. Certaines choses font grandir.

-Et toi ça va ?

-Oui, je crois. Ce n’est pas ma première rupture. C’est la première avec un sorcier.

-Il reviendra. On le retrouvera et on te le ramènera. Ce n’est pas ton Pierrick que l’on a vu hier. C’est un autre en proie au doute.

-C’est ce qu’il a dit. Lui aussi. Je vais rentrer. Embrasse Laura et Hans de ma part. »

           Thomas regarda la jeune femme s’éloigner avec Eliane Marus. Pour l’instant, il devait s’occuper de Hans, le ramener à Laura comme il l’avait promis. Mais après, il se mettrait à la recherche de son ami Pierrick. Il lui demanderait des explications et le ramènerait à Chun. Il se le jura. Et jamais il ne renierait une parole.

Laisser un commentaire ?