Le Corbeau. Saison 1

Chapitre 95 : XII Prise de Pouvoir

2749 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 10/11/2016 02:09

           CHAPITRE XII : PRISE DE POUVOIR

 

           Suzanne Janis ignorait où trouver Jonas Marus et Franck Vinol. L’analyste de la IRIA vivait seul et n’était pas chez lui. Quand à l’agent de la section Spéciale, sa femme se trouvait chez ses parents sans savoir où se trouvait son mari. Janis se dit que les deux hommes devaient chercher activement Pierrick Chaldo. C’est ce qu’avait sous entendu Maldieu. Mais où pouvaient-ils le chercher ?

           Elle alla voir Luc Fabre. Mais ce dernier ne put lui donner plus d’information. Ils continuèrent à discuter jusqu’au moment où Georges Nide arriva.

« Nous sommes tous les trois demander dans le bureau de Maldieu, annonça t-il.

-Il est revenu ! fit Janis. J’espère qu’il a renoncé à la retraite. »

Mais ils eurent une désagréable surprise en entrant dans le bureau directorial. Ce n’était pas Charles Maldieu qui se trouvait là. C’était :

« Dakus, cracha Nide. Que fais-tu là ?

-Je viens prendre mes nouvelles fonctions, répondit le Bouffeur de cadavre avec un sourire carnassier.

-Comment ça ?

-Maldieu a présenté sa demande de mise à la retraite au Ministre. Et celui-ci l’a accepté et m’a nommé au poste de directeur du Département des Chasseurs.

-C’est quoi cette blague ? Charles voulait que ce soit Suzanne qui le remplace. Il m’en avait parlé il y a un moment déjà.

-Oui, c’est ce qu’il a dit aussi au Ministre. Mais ce n’est pas le directeur sortant qui choisi son successeur. Vous savez sûrement que le Ministre a décidé de mener un remaniement de l’administration. Le départ de Maldieu lui a permis de commencer par les Chasseurs et la Police Magique.

-Tu te souviens de la dernière fois que le Sanglier a voulu te mettre à ce poste ? Tous les Chasseurs ont menacé de démissionner.

-Je ne retiendrais pas ceux qui ne seront pas contents. La moindre désobéissance se soldera par un renvoi. Je ne suis pas Maldieu. Et d’ailleurs Georges, je te prierais d’arrêter tes familiarités envers moi. Appelle-moi : monsieur le directeur.

-Tu peux toujours rêver. Tu n’es qu’une merde pour moi. Charles mérite le respect lui. Toi non.

-Un mot de plus et je devrais te renvoyer.

-Et bien vas-y parce que je ne me tairais pas. Et tu le sais très bien. Tu n’as rien à foutre dans ce bureau. La seule chose que signifie ta présence ici est que le Ministère est aux mains des mages noirs.

-Il n’y a plus de mages noirs depuis la mort de Malgéus.

-Si, ton patron.

-Georges, ce que tu dis est passible d’emprisonnement pour sédition. Je pourrais te faire arrêter.

-Viens m’arrêter, invita Nide en sortant sa baguette. »

           Dakus ne bougea pas. Il savait que trop que fasse à un guerrier tel que Georges Nide, il n’avait aucune chance.

« Tu dépasses les bornes Georges, dit Dakus. Tu es renvoyé.

-Avec plaisir, sourit Nide en jetant sa carte de chasseur sur le bureau.

-Monsieur, fit Janis une fois Nide sortit. Laissez-moi tenter de le raisonner.

-Nous n’avons pas besoin de lui. Mais je vous autorise à lui dire au revoir. »

           Suzanne Janis rattrapa Nide dans le couloir, non loin du bureau d’accueil d’Andreo Filipelli.

« Georges, interpela t-elle. Tu ne peux pas partir.

-Il le faut, fit-il. Je ne pourrais pas supporter de travailler avec des mages noirs.

-On va avoir besoin de toi.

-Suzanne, je pense deviner ce que t’as demandé Charles. Tu vas devoir jouer la comédie. Luc le fera aussi. Mais dans mon cas, ça aurait été impossible. Dakus me connait trop. Il aurait compris tout de suite. Je suis un vieux singe qu’on ne peut pas changer. Une période sombre s’approche de nouveau. Des batailles vont être de nouveaux menés.

-Sans toi ça risque d’être dur.

-Je ne serais jamais loin. Lorsqu’on foutra la pâté à ces mages noirs, je serais là.

-On reste en contact.

-Bien sûr. Je ne compte pas me reposer. Je vais fouiner. Fais attention à toi. Je pense qu’ils vont te soupçonner de faire semblant un moment.

-Et pour Charles ?

-Charles et François sont sûrement morts. Mais grâce à eux, on sait qui est l’ennemi.

-Le Sanglier.

-Tu as déjà entendu parler de Janus ?

-Oui, par Garde. Ce serait lui.

-Il est du genre patient. Mais maintenant, la voie est ouverte à ses ambitions. A bientôt. »

           Georges Nide descendit l’escalier sans se retourner. Suzanne le regarda s’éloigner puis ses yeux se posèrent sur Andreo Filipelli qui lisait distraitement son journal.

« Qu’est-ce que vous en pensez Filipelli ? questionna t-elle.

-Georges n’est pas du genre à rester sur la touche, dit-il. Et ici, tout le monde a confiance en vous. Si vous ne partez pas, ils comprendront que vous avez un plan et resteront aussi même s’ils ne savent rien.

-Vous aussi ?

-Moi, j’ai vu beaucoup de choses en cinquante ans. J’en ais fait aussi pas mal. Mais ce n’est pas pour ça que je resterais en arrière. »

Suzanne sourit légèrement.

           Lorsqu’elle retourna dans le bureau de Dakus, elle vit que durant son absence, il avait fait appelé le second de la section AI : William Urdi.

« Bien, commença Dakus. Maintenant que vous êtes tous là, je vais vous dire quels vont être les changements sous mon commandement.

-Nos méthodes ont prouvé leur efficacité, avança Janis.

-Je ne suis pas d’accord. Et le Ministre non-plus. N’oubliez pas que vous n’avez pas pu empêcher Malgéus d’enlever Hans Friedrich et de le torturer.

-Malgéus a tout de même été éliminé.

-C’est vrai. Mais par une action isolée et totalement irresponsable de ce Pierrick Chaldo. Vous me l’amènerez après, que je puisse le sanctionner.

-Il est actuellement en voyage. En vacances.

-Et bien rappelez-le. En ce qui concerne les changements, comme je l’ais dit, la moindre désobéissance, la moindre parole à l’encontre de la politique du Ministre sera passible d’un renvoi immédiat et voir même d’une inculpation pour sédition.

-Cela signifie que la Liberté est morte.

-Faîtes attention à ce que vous dîtes Suzanne. Ces mesures s’appliquent à tous. Nous sommes au service du Ministre. Sa parole est force de loi.

-Ne sommes-nous pas plutôt au service du peuple ?

-Ne jouez pas sur les mots. Nous appliquerons à la lettre les directives du Ministre. Fini le temps où vous étiez faibles face aux mages noirs. Dans un premier temps, nous allons poursuivre les derniers mangemorts. En particulier les quelques restes des fidèles de Malgéus. Aucune pitié. Fortran est déjà bien de trop peuplée. Le Ministre ne veut plus de prisonnier.

-Quoi ! s’exclama William Urdi.

-Nous avons ordre de tous les éliminer.

-Nous ne sommes pas des assassins !

-Vous avez déjà tué des mages noirs, n’est-ce pas ?

-Quand la situation n’autorisait aucune autre solution. Nous avons toujours cherché à les arrêter vivants de sorte qu’ils soient jugés par une cour de Justice. Ce n’est pas à nous de décider.

-C’est vrai, ce n’est pas à nous. Le Ministre l’a décidé. Je vous charge d’en parler à vos hommes. Si l’un d’eux refuse d’appliquer cet ordre, cela sera considéré comme un acte de sédition. »

           Suzanne, William et Luc sortirent du bureau. D’un signe discret, le chef de la section IRIA invita les deux autres à le suivre dans son bureau. Une fois dedans, il insonorisa la pièce.

« Ce n’est pas possible ! s’écria William. Nous ne pouvons pas faire ça ! Nous ne sommes pas des assassins.

-Nous non, Dakus oui, dit Suzanne. Charles voulait qu’on joue le jeu de l’ennemi jusqu’à que l’occasion de le renverser se présente. Je ne sais pas si je le supporterais longtemps.

-Où est Maldieu ?

-Sûrement mort, dit Luc. Dakus n’aurait jamais pu atteindre ce poste avec lui vivant. Le pire, c’est qu’il nous manque trois hommes précieux.

-Marus et Vinol doivent chercher Chaldo en ce moment, dit Suzanne. Mais il faut qu’ils sachent quelle est la situation. J’ai peut-être une idée pour les retrouver. S’ils cherchent Chaldo, ils doivent avoir contactés une vieille amie pour avoir des infos au cas où Chaldo réapparaîtrait. Je vais lui rendre visite. En attendant, donnez le change. Pour les AI, tant qu’il n’y a pas d’opération, ça devrait aller.

-S’il y en a une, mes hommes refuseront d’éliminer systématiquement les mages noirs.

-Je sais. Luc, tes hommes peuvent-ils ralentir les recherches ?

-Bien sûr, acquiesça Luc. Trouve-les. Je ferais le maximum ici. »

 

           Franck et Jonas n’avaient encore rien trouvé. Cela faisait des heures qu’ils n’avaient pas pris de repos. Ils décidèrent donc de retourner au bar d’Emilie Chaldo. Ainsi, ils pourraient aussi prendre des nouvelles de Chun. La jeune femme avait dormi une bonne partie de la journée. Emilie avait été obligée de la sortir du lit pour qu’elle mange correctement selon les directives du médicomage. Pour éviter les arrivés impromptues de clients, Emilie avait fermé le bar en prétextant un congé annuel. Les employés furent mis en vacances. Seul Tom refusait de partir.

           Emilie offrit un repas à Franck et Jonas. Alors qu’ils mangeaient, Jacques arriva aussi. Ils discutaient tous ensemble quand quelqu’un frappa à la porte. Tom ouvrit la lucarne.

« Le bar est fermé, dit-il. Vous ne savez pas lire ?

-Si, répondit une femme dehors. Mais je vous conseille d’ouvrir si vous ne voulez pas que je défonce la porte et vous avec. Je veux voir Emilie Chaldo. »

Emilie, qui avait entendu l’échange, se leva et vint à la porte. Elle regarda par la lucarne et ordonna à Tom d’ouvrir.

« Je me disais bien que j’avais reconnu ta voix, fit Emilie. Comment vas-tu Suzanne ?

-Ça pourrait aller mieux, répondit Suzanne. Je suis venu te demander quelque chose. Sais-tu où se trouvent Franck Vinol et Jonas Marus ?

-C’est possible.

-Je dois leur parler au plus vite. C’est important.

-C’est en rapport avec mon neveu ?

-Non, pas directement. L’ont-ils trouvé ?

-Demande-leur, dit Emilie en désignant la porte menant à la salle arrière du bar. »

           Lorsque Suzanne Janis entra, Franck et Jonas se turent d’un coup.

« Mademoiselle Janis, dit Jonas. Que venez-vous faire ici ?

-Je dois vous parler, dit-elle.

-Assis-toi donc, invita Emilie. Tu veux du café ?

-Volontiers. La situation est grave. Je n’en ais pas confirmation, mais Maldieu et Garde doivent être morts. »

Les yeux de Franck s’écarquillèrent de surprise. Jonas parvint à rester neutre.

« Et alors ? fit-il intraitable. Après ce qu’ils ont fait à Pierrick, ils le méritaient.

-J’ignore de quoi vous parlez, continua Janis. Mais quoiqu’il en soit, la mort de Maldieu ne nous arrange pas. Le Sanglier a mis Dakus à sa place.

-Quoi ! Ce Bouffeur de cadavre !

-De plus, il a annoncé une réorganisation du Ministère. Parmi les différents futurs dirigeants, beaucoup sont d’anciens mages noirs arrêtés ou soupçonnés.

-Qu’est-ce que fous Riliam ? Il veut donner le Ministère aux mages noirs ?

-Je pense que Riliam est un mage noir. Il doit être Janus.

-Janus, répéta Franck. Je vois. Ça collerait avec sa façon de faire. Tout en douceur et attendant le bon moment. Malgéus est mort et les survivants de son groupe sont dispersés. Pour beaucoup, il n’y a plus de mages noirs en France. Il a le champ libre. Avec Maldieu en moins, il peut prendre le contrôle des Chasseurs via Dakus. Surtout que Pierrick n’est plus là. La pire menace au sein des Chasseurs pour lui.

-Vous ne l’avez pas retrouvé alors ?

-Non. Nous ignorons toujours où il est. Il n’est peut-être même pas en France. Nous devons le retrouver surtout pour Chun. Elle attend un enfant de lui.

-Je vois. C’est triste pour mademoiselle Yang-Li mais vous ne pouvez le chercher plus longtemps. Vu la situation je vais avoir besoin de vous. Georges Nide a quitté les Chasseurs mais se tient prêt à agir. Nous allons devoir jouer sur du velours pour empêcher Janus de faire ce qu’il veut. Pour l’instant, nous ne pouvons que faire semblant d’être avec eux.

-Vous oubliez un détail, nous ne sommes plus chasseurs, rappela Jonas.

-Maldieu m’a donné ça pour vous, avant de disparaître. »

Janis posa sur la table les deux cartes des Chasseurs.

« Et pour Pierrick ? questionna Marus.

-Vous ne l’avez pas trouvé et vous savez aussi bien que moi qu’il est assez doué pour disparaître, dit-elle. Nous ne pouvons qu’attendre qu’il revienne.

-Vous n’allez pas abandonner Chun ! s’insurgea Jacques.

-Qui êtes-vous ?

-Je suis un ami de Chun.

-Vous êtes moldu.

-Et alors ? Vous allez m’effacer la mémoire ?

-Je ne suis pas oubliator. Et vous avez l’air d’aimer assez mademoiselle Yang-Li pour ne pas la rendre malheureuse. Ce que vous feriez en dévoilant l’existence de notre monde.

-Elle est déjà bien de trop malheureuse à cause de l’absence de Chaldo. Ils doivent le retrouver.

-Vous ne comprenez pas. Il y a plus important.

-Ah oui !

-Jacques, interpela Chun en entrant. Si elle le dit, c’est que c’est vrai. Pierrick reviendra peut-être. Ils doivent protéger leur monde. C’est leur devoir. Et ce faisant, ils protègent le notre aussi. »

           Jonas parut encore réfléchir. Ses yeux se posèrent sur la carte représentant une baguette et une épée croisée autour desquelles tournoyait un dragon noir. Il tendit la main pour s’en saisir et la glisser dans sa poche. Franck fit de même avec celle comportant un dragon rouge.

« Nous sommes avec vous, dit Jonas. Janus va regretter d’être sorti de la naphtaline.

-Que doit-on faire ? questionna Franck.

-Pour vous Vinol, retournez à la section IRIA pour voir Luc. Jonas, je vous mets en attente pour le moment. Mais au cas où, vous serez chargé d’aller quérir Georges. J’ignore quand, mais une bataille se profile à l’horizon. »

           Les trois chasseurs se levèrent pour partir. Suzanne se tourna une dernière fois vers Chun.

« Mademoiselle Yang-Li, j’espère que Chaldo reviendra vite. S’il vient à vous en première, dîtes-lui de me contacter discrètement. Je compte sur vous pour lui expliquer la situation.

-Chun, excuse-nous, fit Franck. Nous ne pourrons pas tenir notre promesse pour le moment.

-Je comprends, rassura Chun. Faîtes attention à vous. »

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