Le Chameau

Chapitre 2 : II

Catégorie: G

Dernière mise à jour 09/11/2016 13:50

Le Chameau

Disclaimer : Harry Potter, noms et lieux sont la propriété de J. K. Rowling et Warner Bros Corp. en leurs titres respectifs.

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II

« Les circonstances de la disparition de celui dont on sait maintenant que le vrai nom était Tom Elvis Jédusor sont encore aujourd’hui très floues. Qu’en sait-on réellement ? Beaucoup de rumeurs circulent, mais les faits avérés sont aussi rares que les informations sûres.  Le Ministère de la Magie britannique s’en tient aveuglément à sa version officielle et politiquement correcte – mais on pourrait compter sur les doigts d’une seule main les naïfs qui continuent à y croire.

Nos investigations, que vous découvrirez dans le présent livre, ont été fortement entravées par la mauvaise volonté totale des autorités anglaises. Les ingérences étrangères dans ce que le Ministère de ce pays considère comme sa chasse gardée le rendent très irritable. D’autres enquêteurs s’y sont cassé les dents, à coup de "confidentiel", "respect de la vie privée", voire même "secret d’Etat" !

Cependant, il nous semble en réalité après force recherches, investigations et conversations volées, que ces mystères s’efforcent de dissimuler une réalité incroyable : personne –  pas même le Ministre de la Magie en exercice – ne sait. Et c’est la raison pour laquelle le Ministère anglais – aussi respectable soit-il – maintient ce silence : révéler son ignorance le mettrait dans une très inconfortable position d’apparente déficience. Que dirait-on en effet d’une institution incapable de régler les problèmes qui sont la raison même de son existence ?

Le seul secret que le Ministère détient bel et bien est le lieu de domicile d’un personnage central dans la lutte contre Voldemort, celui qui aurait pu nous éviter bien des chemins hasardeux et bien des suppositions : Harry Potter, dit ²le survivant². Nous sommes cependant parvenus, par des biais longs et fortuits, à le localiser. Mais ce succès, vous le découvrirez dans ce livre, ne nous aura malheureusement pas permis de combler entièrement les lacunes innombrables de la version officielle. Nous ne pouvons donc pas encore, il nous faut bien l’avouer par honnêteté, nous dispenser de nombreuses hypothèses. Et cette aura de mystère qui entoure l’affaire V. ne semble pas près de s’étioler, pas plus que celle qui entoure Harry James Potter. »

BÛCHERON (G.), Qui a tué Voldemort ? – L’enquête, Editions Chaudronnis, Paris, 2004, p. 2.

- - -

 

De nombreux jours étaient passés depuis la première tentative infructueuse. D’autres essais s’étaient avérés tout aussi vains, mais ils avaient néanmoins le mérite, aux yeux d’Harry de l’avoir aidé à circonscrire l’énigmatique animal. Un matin, il se réveillait avec une idée bien précise, sûr de sa réussite, puis venaient les doutes, et les sarcasmes de son hôte achevaient de ranger l’idée dans la catégorie des plans inaboutis.

 

Son hôte lui était d’une piètre utilité, et ses moqueries étaient infiniment plus nombreuses que ses conseils. Ces derniers, rares, allaient souvent à l'opposé de ses propres pensées, et, au lieu de l’aider, le plongeaient dans une confusion encore plus grande. Ne sachant plus qui croire et que penser, il avait même interrogé Phinéas Nigellus, qui avait été un ancêtre de Sirius avant d’être relégué au rang de portrait parlant, et celui-ci n’avait pas été beaucoup plus aimable que son hôte, même s’il avait conservé sa caractéristique courtoisie cynique. Nigellus n’avait eu aucune indication constructive, et Harry en venait à se demander si c’était dû à une réelle impuissance ou si le portrait refusait simplement de lui apporter ses lumières. En effet, ce dernier ne l’avait jamais beaucoup aimé, et tenait apparemment à sa réputation d’ancien directeur le moins aimé de l’histoire de Poudlard.

 

L’entretien avec le portrait avait ravivé en Harry le souvenir d’une conversation qui avait eu lieu trois mois auparavant :

 

« Impossible ?

 

- Je le crains fort, Monsieur Potter. »

 

Harry se trouvait face à une femme âgée, habillée avec distinction, aux hauts sourcils habilement épilés et aux joues artificiellement rosées.

 

« Je suis prêt à payer le prix fort. Dites-moi un chiffre, je vous en prie. Vous avez dû lire dans la presse que je suis capable de débourser…

 

- Monsieur Potter, interrompit la vieille dame. Vous m’avez mal comprise. Ce n’est pas une question d’argent. Notre agence vous offrira des services irréprochables à tous points de vue, mais ce que vous me demandez est tout simplement irréalisable.

 

- Mais… Et Phinéas Nigellus ? Je vous ai montré cette toile ! Vous avez constaté vous-même qu’elle était excellente… et je puis vous affirmer que sa personnalité est la copie conforme de l’original.

 

- Je crains que les peintres de la trempe de l’auteur de cette toile soient devenus rares. Avec l’apparition de la photographie animée, les commandes se font plus rares, la profession attire apparemment moins qu’auparavant. »

 

Harry eut un nouveau soupir. La femme sembla s’apitoyer, passa un bras au-dessus de son comptoir en bois foncé et posa doucement sa main sur celle de Harry.

 

« Je n’ai pas l’habitude de confier cela à des clients potentiels, dit-elle. Cependant, vous avez vous-même pointé le problème lorsque vous évoquiez Phinéas Nigellus en parlant de “copie conforme” : quand bien même auriez-vous à votre disposition le plus talentueux et le plus dévoué des peintres-enchanteurs ne parviendriez-vous qu’à obtenir une copie conforme de la personne. Or, un individu, quel qu’il soit, évolue, change. Le changement est inscrit dans la personnalité d’un homme, et cela, vous ne le retrouveriez pas même dans le plus exact des portraits. Vous serez immanquablement déçu. Vous m’en voyez désolée. »

 

Il y eut un long silence. Harry jouait avec la petite sonnette de cuivre fixée sur le comptoir en étouffant le son de l’autre main.

 

« C’est donc définitivement impossible ? finit-il par demander.

 

- Oui, répondit la vieille dame – puis elle ajouta après un instant de silence : Mais…

 

- Mais ? intervint Harry dans un brusque afflux d’espoir.

 

- Mais nous pouvons toujours vous offrir nos meilleurs services, ajouta-t-elle placidement, bien qu’ils ne soient pas à la hauteur de ce que vous auriez pu espérer.

 

-Oh, fit Harry, déçu. Oui… Eh bien… Faites, alors. On verra bien ce que cela donnera. »

 

La femme sembla satisfaite d’être revenu dans des considérations plus techniques, et Harry soupçonna que la réputation de son portefeuille n’y était pas étrangère.

 

« Nous allons vous donner ce qui se fait de meilleur. Notre meilleur peintre – c’est un Moldu, nous lui commandons des portraits et nous les enchantons par la suite, les meilleures couleurs, une toile de premier choix. Décors à votre goût. Qui voulez-vous peindre ?

 

- Oh… euh… Dumbledore… Albus Dumbledore, répondit Harry après un instant d’hésitation, légèrement gêné.

 

- Mais il est mort ! s’exclama la femme d’un ton presque effaré.

 

- Je sais, dit douloureusement Harry. J’ai collecté plusieurs photographies, si vous voulez…

 

- Non, non, non, ce ne sera pas nécessaire, nous avons ce qu’il faut. Habituellement, cependant, les portraits se font d’après un modèle…disons… vivant… Ce sera plus difficile, je le crains.

 

- Mais possible ?

 

- Oui… Certainement, dit la femme, soucieuse et s’emparant de son carnet de commande, dans lequel elle griffonna quelques caractères illisibles. Mais j’ai bien peur que le rendu final en pâtisse à nouveau.

 

- Bien, fit Harry, résigné.

 

- Alors, où envoyons-nous la facture ? »

 

La conversation s’était achevée sur des considérations plus mercantiles.

 

Harry était à présent assis confortablement dans un grand fauteuil à l’armature de bois sombre frappé à plusieurs endroits de l’écusson des Black. La pièce était sombre et richement meublée. Ses yeux étaient parfaitement habitués à l’obscurité à présent. Il repensait à l’animagus. La dernière idée qui lui était venu ne lui plaisait pas du tout, mais elle était parfaitement claire dans son esprit. Il n’avait pas voulu en parler avec son hôte, de crainte que celui-ci ne rejette à nouveau son idée et ne le plonge dans la confusion une fois de plus. Elle s’était imposée à lui naturellement, comme une illumination, et il s’était mis au travail. La lumière du jour avait baissé, et il était tellement absorbé par la potion qu’il achevait qu’il n’avait pas pensé à allumer des chandelles supplémentaires.

 

Dans le fond de lui, il devait bien reconnaître qu’il avait espéré quelque chose de plus prestigieux : un animal puissant aux crocs acérés, ou ailé, ou tout au moins remarquable par sa prestance, sa force. Mais l’animal qu’il avait en tête n’était pas de ceux-là. Il avait encore l’espoir que ce ne serait pas le bon. Mais d’où alors lui venait cette quasi-certitude ? Qu’avait-il dit, l’autre ? Abnégation, labeur, endurance ? Il n’aimait pas à se reconnaître dans ces adjectifs, mais il devait bien admettre qu’ils collaient assez bien à la réalité, ainsi qu’à… l’animal.

 

« Kréattur ! gueula-t-il, sachant qu’avec la mauvaise volonté dont faisait preuve le petit être, il mettrait au moins une bonne dizaine de minute à arriver. »

 

En effet, il eut le temps de réduire en poudre deux grosses racines de mandragore et de distiller la sève ainsi obtenue avant de voir se pointer la vilaine tête de son serviteur.

 

« Kréattur, dit-il, aussi aimablement que le retard de son elfe le lui permettait, il me semble t’avoir ordonné de venir rapidement quand je t’appelais ?

 

- Kréattur n’avait pas entendu, maître, Kréattur était à la cave.

 

- Et qu’est ce que tu faisais à la cave ?, demanda Harry dans une exclamation incrédule. Ne me dis pas que tu essayes encore de retrouver le portrait de cette vieille harpie ?

 

- Kréattur ne cherchait pas, maître, non, non, non !

 

- Et que faisais-tu à la cave ?

 

- Kréattur nettoyait, maître. Il y a plein de petites bestioles noires dans la cave, maître, des gros cafards et des méchants Doxies… Et des objets, maître, des objets qui ont appartenu à la famille Black, de grande valeur.

 

- J’ai déjà inspecté la cave, Kréattur. Il n’y a rien d’intéressant. Je t’interdis d’y aller sans mon autorisation.

 

- Maître… supplia le petit être à mi-voix, sachant qu’il ne pourrait pas contourner un ordre aussi direct.

 

- Je mangerai ici, Kréattur, dit Harry d’une voix ferme. Et inutile de vider la salière dans le jus de citrouille comme la dernière fois. Quant à notre hôte, tu connais tes instructions : la trappe. »

 

L’elfe émit un grognement – qu’Harry préféra interpréter comme approbateur – et sortit en marmonnant des insultes inaudibles à l’égard des Potter, des sang-mêlé, et en invoquant le souvenir de sa chère et défunte maîtresse.

 

Harry secoua la tête, et retourna à sa potion, qui avait pris une teinte verte suspecte. Il s’efforça de la rattraper en ajoutant des écailles de poisson-tigre, et, voyant que la teinte redevenait normale, se pencha à nouveau sur son livre de potions. Kréattur se présenta avec un plat vaguement mangeable lorsque Harry eut terminé la confection de sa potion.

 

Son repas terminé, Harry prit sa veste, qui était un savant mélange de la robe sorcière et de la veste classique moldue, et la ferma hermétiquement jusqu’au menton. Lorsqu’il quitta le Douze en silence, seule la neige fraîche d’octobre crissa légèrement sous son pas. Le ciel était obscur, mais c’était l’heure qu’Harry préférait, où l’inconnu rencontre l’inconnu. Dans cet environnement moldu, il pouvait jouir de l’anonymat, même si ses voisins directs commençaient à connaître ses habitudes vespérales. Dans la nuit brumeuse, vaguement neigeuse, on ne distinguait des passants que leurs contours clairs, le reste demeurait dans l’obscurité. On ne pouvait isoler leurs traits qu’à condition de s’approcher à quelques mètres, si du moins ils n’étaient pas emmitouflés dans des larges écharpes ou dans de lourds manteaux aux hauts cols fourrés. Harry s’égara dans un quartier qu’il ne connaissait pas, loin du centre touristique et bariolé, et finit par se perdre dans un secteur industriel déclassé, dont les maisons de briques rouges se ressemblaient toutes – encore davantage dans l’obscurité. Cela lui rappela le lugubre souvenir de la traque qui avait eu lieu presque un an plus tôt, lorsqu’on avait découvert dans les noirs registres du Seigneur des Ténèbres la cache de Severus Rogue qui s’était achevée par sa fuite et son évasion. Actuellement, le fugitif était toujours recherché activement par une brigade extraordinaire du Département des Aurors, mais toujours sans résultat. Personne ne savait où l’ancien professeur, assassin de feu Albus Dumbledore, se terrait.

 

Les hypothèses étaient légion : les plus rationnels prétendaient qu’il était mort – car comment aurait-il pu quitter le pays dont toutes les issues étaient étroitement surveillées, ou survivre seul et sans aide dans une cache secrète durant un an ? – mais d’autres, plus nombreux, contribuaient à accroître la légende qui commençait à se créer autour du maître déchu. Des histoires abracadabrantes circulaient impunément dans les chaumières, et surtout dans les couloirs de Poudlard – où certains parmi les plus anciens l’avaient encore eu comme enseignant. Certaines révélaient comment le vieil alchimiste avait lui-même enfermé son âme noire dans un flacon de potion magique, dissimulé dans les tréfonds de Poudlard en attendant que l’orage des Aurors passe, dans l’espoir que quelqu’un finisse par découvrir la fiole et le fasse revenir parmi les vivants afin qu’il terrorise à nouveau la communauté magique de Grande-Bretagne, d’autres disaient qu’il s’était transformé en chauve-souris et vivait sereinement en compagnie des hiboux et des chouettes dans la volière de Poudlard, etc.

 

En rentrant au Douze, Harry était toujours hanté par le visage au teint cireux de Severus Rogue, encadré de ses longs cheveux gras, et il se sentait épié par son regard noir et insondable.

 

« Eh bien eh bien, mon très cher Harry, ma compagnie te déplaît-elle tant que cela, ou est-ce le plaisant tête-à-tête de Kréattur qui ne te suffit plus ? »

 

La voix de l’hôte était comme du miel entouré de frelons.

 

« Vous savez bien que votre conversation comble toute les velléités de sociabilité que je pourrais avoir avec d’autres, mon cher ami, répondit Harry avec lassitude, en déposant le plat garni de nourriture qu’il était venu apporter sur la table. »

 

Harry espérait filer en douce directement après sa réponse – une conversation avec son hôte était la dernière chose qui lui fallait dans son état –, mais son interlocuteur le priva de cet espoir :

 

« C’est parce que vois-tu, je m’étais laissé dire que tu avais récemment passé une commande chez Loadsson et fils – portraits animés sur commande – que…

 

- Comment savez-vous cela ? dit Harry, fermant brusquement et instinctivement son esprit. Kréattur vous l’a dit ? »

 

Il eut soudain la vision fugitive de sa main se refermant sur la gorge étroite de l’ignoble elfe. Ainsi, Kréattur n’avait pas utilisé la trappe. Lui désobéissait-il sciemment, ou avait-il encore profité d’un ordre imprécis ?

 

- Voyons Harry, ne te mets pas en colère contre ce petit elfe de maison, qui, après tout, ne fait que répondre à tes ordres.

 

- Mes ordres ? Vous voulez rire ? Il s’arrange toujours pour les interpréter de manière à les retourner contre moi. Il m’avait pourtant semblé lui avoir interdit d’entrer en communication de quelque manière que ce soit avec vous.

 

- Que dirait ta charmante amie Sang-de-Bourbe si elle t’entendait tenir des propos pareils ? D’ailleurs… ce n’est pas réellement lui qui est rentré en communication avec moi…

 

- Vous avez utilisé la légilimancie, fit Harry d’un ton las. Au travers du mur ? Je n’avais pas songé à cela. J’imagine qu’il n’a pas manifesté trop de difficultés à vous laisser lire dans son esprit étriqué.

 

- Tout juste Harry ! Je n’en attendais pas moins de toi. Je crains fort qu’il va te falloir désormais de passer de Kréattur et désormais venir par toi-même m’apporter ma pitance, si tu ne veux pas que tes petits secrets soient ébruités. Tu me dois bien cela, n’est-ce pas ? Mais, puisque tu es là, réponds-moi : pourquoi veux-tu faire faire le tableau de ce vieux farfelu de Dumbledore ? »

 

Il prononçait toujours le nom de Dumbledore avec une intonation particulière, comme s’il voulait évoquer quelque chose. Et ce quelque chose, Harry savait bien de quoi il s’agissait.

 

« Vous ne pourriez pas comprendre. »

 

L’homme regarda Harry avec insistance pendant un moment et ce dernier finit par dire, de mauvaise grâce :

 

« Quelque chose qu’il devait me dire… avant de mourir. Qu’il n’a pas eu le temps.

 

- Oh ! fit l’autre. Je vois… De quoi s’agit-il ? »

 

Harry allait prendre la parole pour annoncer qu’il n’avait aucune intention de dire quoi que ce soit, quand l’autre l’interrompit :

 

« Non… Laisse-moi deviner… Tu voudrais savoir pourquoi... »

 

Il laissa sa phrase en suspens, tandis que Harry, qui avait fini pas s’asseoir, se crispait sur son fauteuil. Il poursuivit :

 

« … pourquoi Dumbledore a accordé sa confiance à Severus Rogue ! Mais voyons, fiston, pourquoi te donner tant de mal et te lancer dans des voies hasardeuses ? Un portrait ! Voyons, mais c’est totalement absurde ! Alors que tu abrites chez toi, à l’insu de tous, la seule personne qui pourrait te renseigner à ce sujet ?

 

- Je ne veux pas entendre vos explications, fit Harry, les lèvres pincées.

 

- Il était une fois, commença l’autre sans tenir compte de l’intervention de Harry, – ce devait être aux alentours de… 1978, ça fait un bail ! – un jeune homme très doué et un vieux sorcier malfaisant qui se faisait appeler Lord Voldemort. Le jeune homme très doué, mal-aimé à l’école et bien peu par ses parents, finit par trouver refuge et reconnaissance au sein de la communauté qu’avait créé le mauvais sorcier. Le jeune homme avait tant de prédispositions et de talent cachés – notamment en Occlumencie – que le vieux sorcier démoniaque lui confia les missions les plus délicates. Ce fut lui qui avertit son maître de la prophétie qui le concernait et qui annonçait sa chute. Il ignorait alors qu’elle concernait James et Lily Potter, et – c’est le plus drôle dans cette histoire – lorsque ces derniers furent assassinés par Lord Voldemort, il se rendit chez le chef de ses ennemis. Il fit alors semblant d’avouer tout, d’éprouver le plus grand remord. Il était rusé, et parvint à faire croire à son débonnaire ennemi qu’il se repentait. L’homme bienveillant à qui il parlait – qui s’appelait, devine ?

 

- Je connais cette histoire, marmonna Harry.

 

- Bonne réponse ! Qui s’appelait Albus Dumbledore accepta alors l’adroite offre du jeune homme… qui s’appelait… ? Bravo ! Severus Rogue, deux points ! : pour se repentir, Rogue allait espionner les troupes de Lord Voldemort. Et il le fit. Mais toutes les informations qu’il transmit à Dumbledore avaient auparavant soigneusement été triées par les soins du mage diabolique. Nous approchons de la fin de cette tragique histoire. Le mauvais sorcier fut provisoirement vaincu par un bébé d’à peine un an – Harry Potter. Severus Rogue n’eut d’autres choix que de se tenir à carreau pendant de nombreuses années, mais lorsque son Maître revint à la vie, il reprit son ancien travail et lui communiqua tout ce qu’il put, jusqu’au jour de l’attaque finale lorsque les troupes de Lord Voldemort envahirent l’école Poudlard. Ironie du sort, ce fut Severus qui mit fin à la vie de celui qui avait été le seul à lui accorder sa confiance. Cette histoire pourrait s’achever sur ce splendide Happy End, car en effet quel triomphe pour Severus Rogue, n’est-ce pas ? Quel juste retour des choses, tu ne trouves pas ? Malheureusement, le jeune garçon dont j’ai parlé plus tôt, Harry Potter, qui n’était plus un bébé mais un jeune homme fort et rusé, était toujours en vie, quoique très affecté par la disparition de Dumbledore, qui avait été son mentor. Il défit, au terme d’un combat épique, Lord Voldemort et une bonne partie de ses adeptes. Severus Rogue fut un des seuls à s’enfuir, et jamais plus personne n’entendit parler de lui. Quelle belle histoire, quoiqu’un peu tragique, n’est-ce pas ?

 

- C’est vous qui le dites, fit Harry à voix basse. Vous feriez un merveilleux conteur, vous savez ? J’ai particulièrement aimé le passage où Harry Potter "défait les troupes de Lord Voldemort et une bonne partie de ses adeptes au cours d’un combat épique"…

 

- Oui, n’est-ce pas ?, s’exclama Voldemort, avant d’ajouter d’un ton démesurément et artificiellement admiratif : Quel personnage merveilleux, ce Harry Potter ! Oh, comme j’aurais aimé le rencontrer un jour et lui dire à quel point je l’adore ! D’ailleurs, je collectionne toutes les cartes de Chocogrenouille où il apparaît. J’aime particulièrement celle où sa veste est déchirée à la suite de son combat contre les treize dragons de Tu-Sais-Qui ! Dis donc, tu savais qu’il était aussi musclé, toi, Harry Potter ? Et cette aura sombre qui l’entoure à chaque fois qu’il combat contre le mal ! C’est terriblement excitant, tu ne trouves pas ? Et j’ai d’ailleurs entendu dire, de source sûre, que c’était une bête du…

 

- Ca suffit, s’écria Harry, debout, dont les yeux étincelaient de colère. Décidément, vous devenez chaque jour plus taré ! Vous me croyez donc à ce point vaniteux ? C’est bien mal me connaître. Je ne veux rien savoir des rumeurs qui circulent dans mon dos, mais sachez qu’aucune carte de Chocogrenouille ne me présente torse nu à la suite de je ne sais quel combat ! »

 

Il s’efforça de se calmer avant d’ajouter avec un petit sourire :

 

« Quant à mes prouesses au lit : je vous prie de ne pas parler de ce que vous ne connaissez pas, et que vous n’avez jamais connu. »

 

La colère qui avait siégé dans les yeux de Harry apparut dans ceux de son interlocuteur, mais Harry ne lui laissa pas le temps de parler. Il ajouta d’un ton léger :

 

« Je crois qu’il va falloir que je résilie l’abonnement à la Gazette du Sorcier que j’avais eu la bonté de vous accorder. »

 

Puis, sans attendre la réaction de son hôte, il quitta la pièce, et se dirigea vers son bureau, bien décidé à prendre sa potion le soir même. Les pensées qui l’accompagnaient tandis qu’il marchait le poursuivirent dans la pièce sombre où les livres s’entassaient dans le plus grand désordre.

 

Note de l’auteur : Chapitre enfin terminé. L’inspiration m’est revenue au terme d’une longue et attente. Je suis navré de vous avoir fait patienter autant, et le pire est que je ne puis vous promettre un meilleur délai pour la parution du troisième chapitre. J’ai appris me défier de mon inspiration qui, comme dirait Claude François, « s’en va et revient », sans que je puisse la contrôler. Merci à tous les reviewers !

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