Bye Bye Tonight

Chapitre 9 : Laka

Catégorie: G

Dernière mise à jour 08/11/2016 22:01

Un rayon de soleil vint effleurer ses cils ; comme une sensation de chatouille, à la fois agréable et dérangeante. Elle battit des paupières, et durant un instant elle se crut retournée chez elle : l'incroyable sensation de bien être, blottie au creux des bras d'un homme. Le Terrier, Ron ? Harry ? Elle se retourna pour ne pas le réveiller, et leva les yeux vers le visage du Prince, profondément endormi. Elle se figea, puis se souvint de ce qui s'était passé. Elle se soutira à la pression des bras de Caspian, et le regarda dormir, un peu adoucit par la vision de cet être adorable, aux traits emplis d'une grande douceur, mêlée à ce charisme qu'ont les vrais rois. Elle s'offrit un sourire, remit correctement la couverture sur lui - * Mon dieu, j'ai l'impression d'être Molly ! * - et sortit de la tente, les cheveux en pagaille et ses vêtements froissés. Mais elle n'avait pas aussi bien dormi depuis bien longtemps. Elle se sentait totalement réveillée, et pleinement confiante : que la Sorcière vienne s'y frotter si elle osait !

Elle alla chercher à manger dans le garde-nourriture. Elle croisa Serra, qui l'observa de ses petits yeux perçants, et Hermione rougit, avec la sensation que la naine arrivait à lire en elle.

« Vous avez bien dormi, petite ? »

Hermione se trouva un instant assez amusée qu'une naine la surnomme Petite, mais elle avait affaire à une dame au caractère fort, et elle haussa les épaules, détournant le regard, les joues empourprées.

« Ca a été, merci. »
« J'imagine que tenter d'assassiner le Prince, ca fatigue.»

Hermione sursauta et abaissa le visage vers Serra, qui lui fit un sourire sans joie, de sous sa barbe tressée.

« Vous devriez faire attention : le Prince vous a faites Narnienne, mais certains d'entre nous ne sont pas vos amis. »
« Et vous, Serra ? » risqua Hermione, mais la naine eut un grognement rauque, comme si elle avait expulsé tout l'air de ses poumons par le nez, et elle s'en alla sans répondre. Hermione resta un instant immobile, puis haussa les épaules : qu'y pouvait-elle ? Expliquer à tous ce qui s'était passé hier soir ne ferait qu'embrouiller tout le monde. Si on avait des comptes à lui rendre, qu'on vienne la voir. Elle était sûre que Suzanne viendrait. Les autres Pevensie aussi. Elle prit un bout de pain et deux pommes, ainsi qu'un verre de cidre, et s'éloigna pour s'asseoir autour d'un feu à moitié éteint. Beaucoup de petits feus étaient éparpillés dans le camp, pour chauffer les gardes. Un centaure était là, debout sur ses quatre membres. Il baissa les yeux vers Hermione : il était jeune, sa robe et ses poils - cheveux, sourcils ... - étaient blancs, d'un joli blanc pur. Tandis que d'autres créatures s'éloignaient en voyant Hermione s'asseoir là, lui ne bougea pas.

« Bonjour ! » claironna t-il d'une voix chantante. Hermione lui fit un sourire, et lui tendit une pomme qu'il accepta, s'approchant lentement d'elle.
« Je fais fuir tout le monde » remarqua doucement Hermione.
« Ils restent méfiants. Nous, les Narniens, avons tellement été victimes d'êtres humains comme vous ...Nous ne pouvons nous empêcher d'être méfiant à votre égard. Au fait, je suis Laka, le chef de la garde des Centaures. »

Il avait une conversation agréable, et ses intonations étaient douces. Hermione se présenta, et Laka sourit. Il ne cessait de piaffer, impatient apparemment. Sa longue queue blanche claqua dans l'air, et Hermione regarda ses crins qui ressemblaient à de l'argent liquide et fluide. Elle se leva quand ils eurent fini de manger leurs pommes.

« Puis-je vous montrer quelque chose ? Je vous prierai de monter sur mon dos. »
« Dans mon monde, il y a des Centaures, mais la plupart d'entre eux n'accepteraient pas qu'un humain monte sur leur dos. Question de principe. La fierté, tout ça. »
« C'est idiot. Ici, nous ne sommes pas à ce point superficiels, mais il est vrai que ma race comporte des individus qui se sentent supérieurs à vous : nous sommes plus rapides, plus forts ... Trêve de bavardages inutiles : montez donc. »

Hermione ne se fit pas prier, et monta sur le dos de Laka. Elle sentait ses muscles se crisper sous ses cuisses. Des muscles si puissants ! Elle était à cru, sur un centaure, et il y avait quelque d'excitant dans la sensation de liberté qui s'empara d'elle quand il se mit à trotter, lui intima de s'attacher à la lanière de cuir qu'il avait autour du torse, et se mit à galoper à travers le camp.

Elle avait les cheveux qui flottaient au vent, et l'air glacé lui fouettait le visage, le rougissant. Mais elle se sentait extrêmement bien, malgré ses fesses qui n'étaient pas habituées à montrer sur le dos d'un centaure. Quand ils s'arrêtèrent un instant, elle crut qu'elle ne serait plus capable de marcher. Elle crispa les mâchoires, et sourit en entendant le rire léger de Laka.

« On s'habitue vite. Tu vas devoir, de toute façon : nous voyageons à cheval, enfin toi et les Rois, Reines et le Prince voyagent sur des Centaures. »
« Mais vous avez un haut grade, vous n'êtes pas un peu jeune ? »

Rire chevalin, comme un hennissement. Il secoua ses longs cheveux blancs, et planta des yeux de glace, entre le bleu et le gris, dans ceux d'Hermione, qui sourit face à cet air franc et bon enfant.

« Détrompe-toi, je suis vieux. Certes, je suis jeune comparé à certains des miens, mais je suis le fils de l'ancien ... » Il se tut, puis reprit. « Mon père était le chef des Centaures. »
« Je suis navrée ... »
« Ce n'est pas grave. Je t'aime bien : tu es quelqu'un de spontanée. Et de très gentille. Si les autres prenaient le temps de te parler, ils verraient que tu es incapable de nous trahir et de nous faire du mal. Je sens en toi une grande bonté. »

Hermione rougit, mais elle n'eut pas le temps de répondre : Laka l'avait prise par la taille, et assise sur son dos, avant de se mettre à galoper rapidement. Elle se laissa de nouveau bercer par les roulements des muscles et le vent. Laka avait raison : elle avait un peu moins mal à son postérieur, mais ce n'était pas encore ça. Ils s'arrêtèrent après avoir traversé une forêt, dont de nombreux arbres avaient été abattus, ce qui donnait un aspect de terrain militaire, et de champ de mort. Hermione se laissa tomber à terre, et voulut parler, mais la main de Laka se posa sur ses lèvres, il lui fit signe de ne pas faire de bruit, et il lui fit signe de s'approcher du bord de la corniche, où se finissait les sous-bois. Hermione s'approcha, timidement, et s'accroupit même, essayant de ne pas salir ses chaussures déjà passablement mises à l'épreuve. Elle retint un hoquet de surprise : des centaines, des milliers de créatures, la plupart étaient des ogres et des êtres tout aussi repoussants ; toute cette masse maléfique oeuvraient sur une sorte de catapulte. Et là-bas, sur un trône de glace éternelle, la Sorcière. Elle commandait à ces créatures. Des loups allaient et venaient, énormes, monstrueux. Hermione se recula, ne sachant que dire devant ce spectacle.

Ils s'éloignèrent, et une fois assez éloignés, elle se serra contre le centaure, qui tapota sa tête de façon affectueuse.

« Ils veulent nous attaquer. Nous avons eu de la chance qu'ils ne nous aient pas vu, mais je voulais te montrer et t'expliquer : Aslan est le Fondateur. La Sorcière est celle qui veut le tuer et prendre sa place en tant que Déesse de ce monde. Elle a des pouvoirs, mais ne peut rien contre Aslan. Alors elle essaye de faire appel à de vieilles lois : si un roi ou une reine est tuée, celui qui l'a tué prends sa place. Elle tente de reprendre le contrôle des terres Narniennes, et de tuer les Rois et Reines Suprêmes, dans l'espoir de monter en grade et d'avoir plus de pouvoir, toujours plus, jusqu'au jour où elle en aura assez pour tuer Aslan. »
« Pourquoi ? Pourquoi tu me dis ça ? »
« Pour que tu t'en souviennes le moment venu. Il y a toujours des choix : le jour où tu auras le tien à faire, repense à ce que je viens de te dire. Et ensuite, fais-le, en tout état de conscience. »

C'est sur ces paroles que Hermione et Laka repartirent au camp. Ce soir là, elle resta fort longtemps autour du feu, répondant peu aux questions. Elle ne croisa pas le Prince, ni les Pevensie, mais Trompillon la surveilla toute la soirée. Personne ne lui demanda sa version des faits sur la soirée d'avant, mais elle sentait dans la tension dans l'air qu'il y avait eu des rumeurs. Elle se demanda si Serra avait dit quelque chose sur elle ; elle s'en fichait. Elle se leva et au lieu d'aller chercher du réconfort auprès de Lucy ou Caspian, elle s'en garda bien, et alla se coucher. Mais le sommeil la fuyait, et quand Suzanne et Lucy vinrent se coucher, elle ne dormait pas, mais fit semblant. Elle ne dormit pas de la nuit, repensant à ce qu'elle avait vu : cette scène d'apocalypse, ces créatures qui avaient du être vomis des Enfers, et leur Reine de Glace, froide et sans coeur. Elle dut s'endormir, car elle fit un cauchemar. Elle était endormie, et gémissait doucement, quand Peter et Edmund, suivis de Caspian, vinrent voir si elles dormaient. Ils observèrent Hermione qui sanglotait presque, dans un état de sommeil profond. Ils se reculèrent et retournèrent vers leur tente, sans rien commenter. Mais Caspian devinait que quelqu'un capable de pleurer ainsi, et d'avoir peur, ne pouvait pas faire de mal à ses amis. Hermione était incapable de leur faire du mal, elle était de leur côté. Il regretta de ne pouvoir la consoler de nouveau. Il rentra dans sa tente après avoir laissé Edmund et Peter, et retourna sur sa carte, travailler, la tête emplie d'angoisse quant à la Sorcière Blanche.

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