Quand Merlin s'en mèle

Chapitre 1

Catégorie: G

Dernière mise à jour 10/11/2016 02:03

 Cette année ne s’annonçait décidément pas de tout repos. Il en avait eu la certitude fin juin, lorsque Harry lui avait annoncé cette terrible catastrophe : le retour de celui que tous considéraient comme mort et disparu à jamais, mais que lui savait toujours caché quelque part, à peine vivant. Mais à présent, plus qu’une certitude, il s’agissait d’une réalité. Cette année n’allait pas être une année calme. Oh oui ! L’avenir qu’il entrevoyait s’annonçait sombre et pour le moment brumeux, sur le long comme sur le court terme. Et alors qu’il lisait cette lettre, envoyée par le ministre, il soupira. De fatigue et de lassitude. Par cette lettre, il lui annonçait une très mauvaise nouvelle.

        « Comme si le retour de Voldemort ne suffisait pas ! grogna le directeur.
        _ Pardon ? lui demanda le professeur Rogue en s’approchant de lui. Que disiez-vous Albus ?
Albus Dumbledore, le plus grand sorcier de tous les temps, Ordre de Merlin première classe… etc., soupira de nouveau. Et examina son Maître de potions.
        _ Rien… Fudge ne me simplifie pas la vie, c’est tout.
        _ L’a-t-elle déjà été ?
Un sourire énigmatique lui répondit. Dumbledore se leva, suivi de son professeur. Ils quittèrent le bureau directorial. Le château désert à cette époque de l’année ressemblait plus à un musée ou un vieux manoir qu’à une école, qui d’ici quelques semaines, résonnerait des cris, des bavardages des élèves. Ils croisèrent Miss Teigne, dans le couloir du septième étage. Perdu dans ses pensées, le directeur n’y prit pas garde, mais le Maître des Potions ne put s’empêcher de lui faire peur pour qu’elle s’enfuie.
        _ Severus, gronda Albus. Laissez-la tranquille.
        _ Je n’ai pas pu résister, désolé, fit ce dernier.
Ils arrivèrent dans la salle des professeurs. Tous les y attendaient. Assis autour de la table, des feuillets devant eux, ils bavardaient. Mais le directeur remarqua l’air sombre des professeurs McGonagall, Flitwick et Chourave. Les deux hommes s’installèrent et la réunion commença. Après avoir parlé de divers sujets comme l’établissement des emplois du temps, les dates des différents matchs de Quidditch et autres, Dumbledore attaqua un sujet moins plaisant.
        _ Je dois également vous prévenir de quelque chose. Le Ministère a décidé de nous choisir un professeur de Défense contre les Forces du Mal. Ce qui veut dire que…
        _ Fudge veut mettre son nez dans les affaires de l’école, coupa le professeur Chourave, le visage fermé, comme ses collègues d’ailleurs. Qui nous ont-ils imposé, Albus ?
        _ Dolores Ombrage, la sous-secrétaire d’état au ministre. Elle arrivera trois jours avant la rentrée. Je vous recommande à tous la plus grande prudence, fit Albus en les regardant, ses yeux clairs s’attardant sur ceux de Rogue. J’ignore comment sera cette femme, et sa manière d’agir.
        _ Je dirais, dit McGonagall d’un ton léger, quoique ses yeux brillaient d’une colère contenue. Qu’elle veut épier l’école. Mais ne vous en faites pas Albus, nous ne nous laisserons pas faire.
        _ Nous protègerons nos élèves Albus, assura le professeur Flitwick. Comme cette école.
        _ Il ne s’agit pas d’une guerre, Filius, riposta Dumbledore. Le moindre geste de travers peut vous valoir beaucoup. Merci à tous d’être venu. Bonne journée à vous. »
Albus retint McGonagall juste avant qu’elle ne quitte la pièce. Il ferma la porte.
        _ Minerva, j’ai un service à vous demander… C’est au sujet de Harry. Vous savez comme moi qu’il a été convoqué devant le Magenmagot
        _ Tout un tribunal pénal pour un sorcier de premier cycle, murmura Minerva en secouant la tête désabusée.
        _ Oui, comme vous dites. J’ai peur qu’il s’emporte devant Dolores Ombrage. Le ministère ne nous croit pas quand nous leur disons que Voldemort (à ses mots, la directrice-adjointe grimaça.) est de retour. Et vous connaissez Harry, il dira ce qu’il pense à ce sujet…
        _ Vous voulez que je me charge de le calmer en cas de problèmes ? termina Minerva.
Ils échangèrent un sourire. Depuis des années qu’ils travaillaient ensemble, une solide amitié s’était tissée entre eux, et faisait qu’ils se comprenaient à demi-mot.
        _ Merci Minerva. Je dois y aller. Fudge veut me voir… »
 
Le reste des vacances se passa en préparatif divers. Trois jours avant la rentrée, Dolores Ombrage arriva à Poudlard, en même temps que le professeur Gobe-Planche, remplaçante de Hagrid. Sur demande du directeur, tous les professeurs
l’attendaient dans le hall. Même Mme Bibine et le professeur Trelawney avaient quitté leurs occupations. Tous semblaient peu amènes à jouer les comités d’accueil. Le directeur la reçut à la porte du château, et fit les présentations. Quoique cette dernière connaisse quelques-uns un des membres de l’équipe enseignante. Pendant, le reste de la journée, le professeur McGonagall se chargea de mettre sa nouvelle collègue au parfum.
        _ Où se trouve le professeur Dumbledore en ce moment ? la coupa Ombrage, en plein milieu des horaires de travail.
Les sourcils de Minerva grimpèrent à l’assaut de son front.
        _ Je l’ignore. Je n’ai pas l’agenda du directeur sur moi, Dolores.
        _ Mais vous êtes la directrice-adjointe. Une directrice-adjointe ne sait-elle pas tout ce qui touche au directeur ?
        _ En ce qui concerne l’école oui. Pour le reste non. Autre chose ?
        _ Non, merci, Minerva.
        _ Dans ce cas, je pense que vous retrouverez sans peine vos appartements. Bonne journée Dolores ! »
Plantant là sa collègue, le professeur McGonagall disparut dans un tourbillon de robe écossaise. Un regard étrange la suivit de loin.
 
Le repas eut lieu dans une atmosphère glaciale. Dumbledore absent, aucun des professeurs ne faisaient de réels efforts pour faire la conversation. Rogue se leva et quitta le premier la tablée, suivi de prés par le professeur Flitwick, juste avant le dessert. Les autres restèrent mais s’éclipsèrent dès la fin du dîner. Sans se consulter, ils se retrouvèrent au sommet de la Tour d’astronomie, plus tard dans la soirée.
        «  Cette année risque de ne pas être de tout repos, fit Chourave, le regard fixé sur la Forêt Interdite.
        _ Sans rire ? fit Rogue ironique.
        _ Cette vieille harpie ! gronda McGonagall irritée. On ne peut pas la laisser faire !
        _ Elle n’a encore rien fait, remarqua Flitwick.
        _ Pas encore. Mais cela viendra.
        _ Ce n’est pas après nous qu’ils en ont, mais après Albus, remarqua le professeur Sinistra. Ils l’ont obligé à démissionner de son poste de président du Magenmagot, vous pouvez être sûrs que d’ici au mois de juin, ils l’auront fait démissionner de Poudlard !
        _ Et nous avec, ajouta Flitwick. Ils ne voudront pas garder des professeurs partageant l’avis de leur directeur. Ce serait trop dangereux. Nous ne pouvons pas nous laisser faire ! Parce que qui mettront-ils quand ils auront fait démissionner Albus ? Sûrement pas Minerva. Vous êtes trop proche du directeur. Il faut réagir !
        _ Attendons, suggéra Chourave. Nous verrons bien.
        _ Attendre… Pomona a raison, nous ne pouvons pas faire autre chose… pour le moment, fit Rogue.
        _ Bien un discours de préparateur de potions ! riposta Sinistra. On ne peut pas attendre. Pour nos élèves Severus !
        _ Chut ! fit Minerva. J’ai entendu des bruits de pas dans l’escalier. Peut-être est-ce Albus…
        _ Je n’attendrai pas pour le savoir. Vite !
Le professeur Sinistra les fit entrer dans une cage d’escalier et les poussa. Elle ferma précipitamment la porte, avant d’avoir eu le temps de faire partir le professeur Flitwick. Ombrage apparut dans l’escalier. Un sourire mielleux s’étala sur ses lèvres quand elle les vit seuls.
        _ Professeurs ! fit-elle. Mais que faites-vous donc ici à cette heure ?
        _ Je ne sais pas si vous le savez, fit le professeur Sinistra, son ton ironique à peine déguisé. Mais l’astronomie s’étudie la nuit.
        _ Et ça vous prend souvent de vouloir regarder les étoiles ?
        _ Assez souvent, oui. Je suis astronome, voyez-vous. J’ai invité Filius à venir regarder les étoiles avec moi. Nous avons une excellente vue d’ici.
        _ Je suis un passionné d’étoile. Mais ce n’est pas un crime d’être debout à cette heure ? Nous serions dans Gringotts, je vous comprendrais, mais là, nous sommes à Poudlard.
        _ Vous êtes seuls ?
        _ Est-ce un crime ? riposta Sinistra. Nous voulions un peu de tranquillité.
Elle jeta un coup d’œil dans son télescope avant de se tourner vers son compagnon.
        _ Les étoiles se sont voilées. Venez, nous ne verrons rien ce soir. »
Elle rangea son matériel d’un coup de baguette et entraîna l’enchanteur. Le professeur Sinistra fulminait. Ils entrèrent dans les appartements de cette dernière, où les attendaient les trois autres professeurs.
        _ Elle nous espionne, fit simplement l’enchanteur. Méfions-nous. Il nous faut faire attention.
        _ Séparons-nous, appuya Severus. Chacun retourne dans ses appartements. Pas un mot à Albus, inutile de l’inquiéter. Il l’est suffisamment comme ça. »
 
Le lendemain, les professeurs ne quittèrent guère leurs appartements. Sauf au moment des repas, ils ne se croisèrent pas, mais reçurent chacun la visite de leur nouvelle collègue. Rogue s’absenta pour une raison connue de lui seul et de Dumbledore. Après le repas, McGonagall se rendit à la bibliothèque, sans se préoccuper de la bibliothécaire, qui nettoyait ses précieux ouvrages. Elle se rendit dans la Réserve, espérant trouver celui qu’elle cherchait. Au bout d’une heure de recherche, elle poussa un léger cri de joie. L’ouvrage qu’elle cherchait se trouvait devant ses yeux. Elle le prit et s’installa à un pupitre. Le silence irréel de la bibliothèque lui fit perdre la notion du temps. Elle sursauta quand une main se posa sur son épaule. Elle leva les yeux et rencontra le regard bleu de Dumbledore.
        « Intéressante lecture ?
        _ Euh… oui. Que faites-vous ici, Albus ?
        _ J’étais venu voir Mme Pince…
        _ Elle ? coupa brusquement Minerva.
        _ Oui, elle… fit Dumbledore, lui caressant la joue. Pour raison professionnelle. J’étais venu lui donner des livres que j’ai retrouvés au fond de ma bibliothèque. Je voulais les mettre dans la bibliothèque de l’école.
Il se sentait étrangement obligé de justifier sa visite à la revêche bibliothécaire. Des pas se firent entendre. Il retira sa main.
        _ Que lisez-vous ? lui demanda-t-il précipitamment.
        _ Je… vous… balbutia son interlocutrice. Un traité de… Ce n’est pas important, ni très intéressant.
Elle rangea son livre et en prit un autre qu’elle posa sur le pupitre.
        _ Minerva… vous lisez votre livre à l’envers, lui fit doucement remarquer le directeur.
Il prit l’ouvrage et le mit dans le bon sens, au moment même où Ombrage apparaissait.
        _ Professeur McGonagall ! Professeur Dumbledore ! Vous ici !
        _ Oui, nous, fit aimablement Dumbledore. Que pouvons-nous pour vous ?
        _ Que lisez-vous Minerva ?
        _ Rien qui vous intéresse. Cela ne parle pas du tout-puissant Cornelius Fudge !
Les lèvres pincées, sans doute très vexée, Ombrage scruta le couple devant elle, et remarqua la main de Dumbledore posée sur livre et recouvrant à moitié celle de sa collègue.
        _ Dumbledore, Cornelius veut vous voir. Il est ici.
        _ Je viens, fit Minerva, fermant le livre d’un coup sec.
        _ Non, restez ici terminer votre livre, Minerva, lui fit doucement Albus. Inutile de venir. Bonne lecture. »
 
Le lendemain soir, tous les professeurs se retrouvèrent dans les appartements de la directrice-adjointe. Laquelle avait enchanté les lieux pour prévenir toutes intrusions.
        _ Nous ne pouvons pas attendre ! fit Minerva. Cette femme me…
        _ Nous comprenons, fit le professeur Chourave. Mais que faire ? Minerva a raison. Elle est venue me voir aujourd’hui, pour parler soi-disant.
        _ Qu’avez-vous fait ? lui demanda son éternel complice.
        _ Je suis entrée dans la serre numéro 6. La plus dangereuse de toute. Elle ne m’a pas suivie. Il faut dire que la plante carnivore que j’ai mise à l’entrée dissuadera un troll !
Un rire secoua les cinq enseignants.
        _ Elle n’arrête pas de fouiner dans le château ! A chaque croisement, je tombe sur elle, appuya le professeur Flitwick. Il faut nous en débarrasser.
        _ Le poison est un excellent moyen, approuva Rogue, un sourire cynique sur les lèvres. Il doit m’en rester une ou deux fioles…
        _ Inutile ! coupa Minerva. Albus aura plus d’ennui. Et je ne suis pas pour le meurtre.
        _ Nous devons trouver un moyen ! Quelque chose qui la fasse partir du château.
        _ Oui c’est ça ! approuva la botaniste. Mais il faut protéger nos élèves. Elle ne doit pas s’en prendre à eux !
        _ En gros, fit Rogue. Il faut lui pourrir la vie. J’adore ça ! ajouta-t-il avec sourire carnassier. C’est ce que je fais le mieux, avec les potions !
        _ Vous approuvez alors ? lui demanda Minerva.
        _ Je n’approuve pas, je bénis, fut la réponse du Maître des potions, unanimement approuvé par les trois autres.
        _ J’ai trouvé un livre, dans la Réserve, cet après-midi, fit Minerva. Je le lisais quand Albus est arrivé. Il disait que les Fondateurs de Poudlard pouvait revenir, s’ils jugeaient l’école en danger. Vous croyez que nous pourrions les appeler. A nous cinq, nous sommes assez puissants.
        _ Minerva, fit Chourave. C’est une bonne idée. Seulement, jugeront-ils Poudlard suffisamment en danger pour qu’ils daignent nous aider ?
        _ Si nous avions le Seigneur des Ténèbres aux portes de Poudlard, ce serait une excellente idée, mais, ce n’est pas le cas. Les Fondateurs ne vont pas venir simplement parce que le ministère est rempli de cornichons décérébrés au crétinisme congénital, objecta le directeur des Serpentard.
La directrice des Gryffondor approuva, se rangeant aux arguments de son confrère. Ils bavardèrent encore. Au moment de se quitter, une décision avait été prise.
        _ Nous revenons donc à notre idée de départ, fit Sinistra, en guise de conclusion.
        _ Oui, fit Rogue, avec un sourire sadique, que tous jugèrent inquiétant. Nous allons faire regretter à Fudge de mettre son nez de batracien dans les affaires de l’école.
        _ Et rendre la vie d’Ombrage insupportable ! ajouta joyeusement le professeur Flitwick.
        _ Dans ce cas, je peux vous aider, fit une voix. »

 

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