La mort dans l'âme

Chapitre 3 : Vilain cauchemar

1458 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 19/06/2017 10:07

Deux corps étaient allongés l'un à côté de l'autre. Placés sur le dos dans l'herbe humide, les yeux ouverts, ils fixaient les étoiles. L'un portait des lunettes par-dessus des yeux noisette. Ses cheveux noirs étaient ébouriffés et de nombreux épis en dépassaient. L'autre était une femme aux yeux d'un vert brillant. Son beau visage était en partie caché par des mèches de son épaisse chevelure rousse. Leurs expressions étaient figées. Ils semblaient presque paisibles sous la lune d'automne. On aurait pu croire qu'ils observaient les constellations en rêvant d'une existence douce. Mais ce n'était pas ce genre de scène, car plus aucune flamme n'illuminait leurs regards. Ils étaient vides de toute émotion. Ce n'était pas des corps allongés sur l'herbe verte, c'était des cadavres gisant sous la voûte céleste. La vie les avait quittés.


Sirius s'en approcha craintivement, il crut à un mirage. Mais les rayons lunaires venaient éclairer leurs peaux pâles et froides. Alors il sut que ce qu'il voyait était la vérité. Il tomba à genoux aux pieds de ceux qu'il avait tant aimé. Tout son corps était secoué par des spasmes. Il n'avait jamais autant pleuré qu'en cet instant. Il venait de perdre sa famille. Soudain, les cadavres se relevèrent d'un bond. Les yeux toujours vides, ils fixèrent le sorcier.


« Où étais-tu Sirius ? commença l'homme.


- Pourquoi n'étais-tu pas près de nous Sirius ? continua la femme.


- Tu aurais pu nous sauver, lança-t-il.


- Mais tu nous as abandonnés, poursuivit-elle.


- Pourquoi nous as-tu abandonné Sirius ? demanda-t-il.


- Où te cachais-tu Sirius ? » termina-t-elle.


Désemparé, le jeune homme les observa sans rien pouvoir répondre. Le spectacle de James et Lily Potter ressuscitant du royaume des morts l'avait pétrifié.


« Tu ne réponds pas Sirius ? murmura Lily.


- Je… je…, tenta-t-il de répondre.


- Où est Harry, Sirius ? le questionna James. Prends-tu soin de lui comme nous te l'avions demandé ? Aimes-tu ton filleul autant que nous aurions dû aimer notre fils ?


- Je… je…


- Le protèges-tu comme nous l'avons protégé ? enchaina la jeune femme. Le préserves-tu des malheurs de ce monde ?


- Pardonnez-moi, murmura Sirius. J'ai failli à la mission que vous m'aviez confiée. »


Brusquement, un vent glacial se leva. Les yeux de James et Lily devinrent entièrement noirs et ils s'élevèrent dans le ciel. Comme une tornade, ils se mirent à tourner autour du jeune homme en le fixant mauvaisement.


« Cela ne t'a pas suffi de nous abandonner ? gronda James. Tu as aussi abandonné Harry !


- Non ! Non, ce n'est pas vrai !


- Tu nous as tués Sirius ! cria Lily. Si notre fils grandit sans amour c'est de ta faute.


- Non, Lily, je t'en prie !


- Regarde-toi et regarde-nous. Qui de nous mérite la place qui est la sienne ? Tu aurais dû mourir ce soir-là, en protégeant tes amis ! l'accusa James.


- Mais tu n'étais pas là Sirius ! poursuivit Lily.


- Tu-n'étais-pas-là ! », hurlèrent-ils en chœur.


Dans un cri, le prisonnier ouvrit les yeux et se redressa. La respiration haletante, les cheveux dégoulinant de sueur, il ne savait plus où il se trouvait. Il ferma les yeux et tenta de retrouver un semblant de calme. La nuit enveloppait toujours le ciel et le temps ne semblait pas avoir passé.


« On a fait un vilain cauchemar ? demanda Bellatrix à travers le mur.


- Combien de temps j'ai dormi ? la questionna-t-il.


- Tu n'as pas dormi Sirius. Tout au plus tu as fait une sieste, lui répondit-elle dans un petit rire sarcastique.


- Peu importe. Oublie-moi tu veux.


- Oh, le petit Sirius est vexé, il a décidé de bouder. Ce n'est pas très gentil d'ignorer sa cousine.


- Tu n'es rien pour moi Bella. Aussitôt que je sortirais d'ici, je vais…


- Aussitôt que tu sortiras d'ici ? l'interrompit la prisonnière. Tu rêves tout éveillé mon pauvre chien. Personne ne sort d'ici.


- Ils finiront par s'apercevoir de mon innocence. Là, dehors, quelqu'un m'attend.


- Même si un jour les crétins du Ministère remarquent leur erreur, la folie se sera emparée de ton corps depuis longtemps et ton esprit n'existera plus. Si jamais tu frôles l'herbe et que tu observes le ciel en te croyant libre, saches que ton âme ne quittera jamais cette forteresse. Je te l'ai dit Sirius, personne ne sort d'ici. »


Le jeune homme grimaça. Peut-être que sa cousine détraquée n'était pas si folle que ça. Derrière son masque immonde de Mangemort, peut-être était-elle plus lucide que la plupart des sorciers. Peut-être même était-elle plus lucide que lui. Une chanson enfantine s'éleva dans le cachot de Bellatrix. Les claquements de ses pieds sur le sol de pierre résonnèrent. Sirius secoua la tête d'exaspération. Non, elle était définitivement folle à lier. Mais elle avait raison sur un point, il y avait peu de chance que les Aurors se rendent compte de leur erreur avant qu'il ait perdu la tête. Il lui fallait un autre plan. Il ne pouvait pas rester ici à se morfondre sur la disparition de ses amis. Il n'y avait plus rien à faire pour les morts, il lui fallait s'occuper des vivants. Harry était seul et abandonné dans une famille qui ne voulait pas de lui. Il avait sûrement peur le soir comme Sirius avait peur en regardant le ciel.


Le sorcier frissonna. Il était décidé à ne pas rester pourrir dans cette prison. La forteresse d'Azkaban ne serait pas sa dernière demeure, il en faisait le serment. Le seul problème était de savoir comment s'évader. Les barreaux étaient trop rapprochés pour pouvoir passer à travers. Les immondes gardiens qui protégeaient les cellules étaient intouchables sans baguette magique, et de toute façon il était trop faible pour tenter une confrontation avec les Détraqueurs. Il soupira. En réalité, il n'avait pas la moindre idée pour s'échapper de cet enfer. Il n'avait même pas le début du fil d'une idée. Sa volonté de retrouver Harry n'était pas suffisante, pas cette fois. Mais il n'abandonnerait pas, pas avant d'avoir étudié toutes les possibilités. L'une d'elle se trouvait dans la geôle voisine de la sienne.


Bellatrix était vicieuse et diaboliquement intelligente, si quelqu'un avait une idée c'était sûrement elle. Sirius grimaça de dégoût. Demander de l'aide à sa cousine détraquée le révulsait, mais il n'avait pas vraiment le choix. C'était un mal pour un bien, un prêter pour un rendu.


« Bella, commença-t-il, est-ce que je peux te demander un service ? »


Dans la cellule attenante, le silence se fit brusquement. La prisonnière avait arrêté de danser, elle avait arrêté de chanter. A la place, elle riait, encore. C'était un rire moqueur, pas un rire fou comme à son habitude.


« Sirius Black me demande mon aide ! s'exclama-t-elle. Mes amis, ce jour est à marquer d'une pierre noire !


- C'est bon, ça va Bellatrix. Ecoute plutôt ce que j'ai à te dire, s'impatienta le prisonnier.


- Mais je suis tout ouïe très cher cousin, s'amusa-t-elle.


- Aide moi à m'évader. »


La sorcière ne fit plus un bruit. Sa respiration sifflante était le seul son qui émanait de son corps. Elle ne riait plus, bien au contraire. Après d'interminables minutes de silence, elle répondit enfin.


« D'accord.


- Non c'est vrai ? s'étonna Sirius.


- Je ne te demande qu'une seule chose en retour, je veux être libre moi aussi.


- Très bien, enchaina le jeune homme sans réfléchir.


- Merveilleux ! Merveilleux ! s'enthousiasma la prisonnière.


- As-tu un plan ?


- Arrête de manger.


- Je te demande pardon ? Je veux vivre, pas mourir. T'as pas bien saisi le concept de l'évasion toi, si ?


- Ne sois pas bête Sirius. Si tu arrêtes de manger, tu seras suffisamment maigre pour passer à travers les barreaux.


- Je crois que tu sous-estimes la taille de mon corps Bella.


- Pas sous ta forme humaine, sous ta forme de chien.


- C'est… très ingénieux, s'étonna le sorcier. Le seul problème c'est que je ne sais pas me transformer en Animagus sans baguette magique.


- Etais-tu toujours aussi faible d'esprit Sirius ? s'agaça Bellatrix. Je t'apprendrai à te transformer à volonté.


- J'ignorais que tu étais si savante. Mais comment vas-tu t'évader toi ? demanda le jeune homme.


- Par magie. », chuchota-t-elle à travers le trou dans la pierre.

Laisser un commentaire ?