Une patience infinie

Chapitre 2

4613 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 28/09/2017 05:46

Après ces aurevoirs, Ginny et Hermione transplanèrent jusqu’à Pré-au-Lard, puisque comme Hermione n’avait cessé de le rappeler à ses deux amis au cours de leurs années d’étude, ce type de téléportation n’est pas permis dans l’enceinte de Poudlard. L’absence de leur amoureux se fit aussitôt ressentir. Elles savaient toutes les deux qu’elles ne pourraient pas les revoir d’ici la fin de l’année scolaire et elles avaient une boule à l’estomac juste à l’idée. Elles marchèrent jusqu’à l’école, puis jusqu’à leur dortoir sans échanger un seul mot. Après s’être préparées pour aller se coucher, Hermione s’assit dans son lit avec un manuel sur ses genoux et commença à lire à la lumière de sa baguette magique malgré l’heure tardive. Elle n’avait pas pu avancer dans ses devoirs de la journée et elle ne voulait surtout pas prendre du retard. Si elle n’aimait pas Ron à ce point, elle serait restée à Poudlard étudier pour ses A.S.P.I.C. Cependant, Ginny s’installa face à elle, les genoux serrés contre son torse, en dérangeant sa lecture. Hermione leva les yeux vers sa meilleure amie et ferma aussitôt son bouquin en voyant son air inquiet.


- Je ne veux surtout pas me montrer indiscrète, mais est-ce que Ron et toi, ça a pris du temps avant que vous ayez des rapprochements ? Je veux dire, après que vous vous êtes avoué que vous vous aimiez l’un l’autre ?


Hermione ouvrit la bouche par surprise, jamais on ne lui avait demandé comment se passait son intimité avec Ron et c’était d’autant plus étonnant venant de la petite sœur de son copain. Les oreilles de Ginny prirent une teinte rouge dès qu’elle réalisa que c’était de son frère dont elle avait fait illusion et elle se reprit immédiatement pour dévoiler ses véritables soucis. Elle ne voulait surtout pas s’imaginer son idiot de grand frère faire quoi que ce soit avec une fille.


- En fait je ne veux pas vraiment le savoir… C’est juste que… Harry et moi…, dit-elle d’un ton saccadé, ignorant comment aborder le sujet.


- Vous traversez une période difficile tous les deux ?, demanda soudain Hermione avec les sourcils froncés. C’est étrange, ça ne paraissait pas du tout aujourd’hui, vous aviez l’air parfaitement heureux ensemble ! Bon, c’est vrai qu’en fin de soirée, vous aviez un peu un air d’enterrement, mais je croyais que c’était à cause de votre séparation imminente…


- Oui, bien évidemment, nous sommes heureux ensemble. J’ai juste l’impression qu’il n’y a pas beaucoup d’évolution entre Harry et moi lorsqu’il est question de nos relations intimes, si tu vois ce que je veux dire… On se voit si rarement et il est si peu passionné, j’ai l’impression qu’il ne me désire pas…


- Oh Ginny, il faut vraiment que tu sois aveugle pour penser cela ! Jamais il n’a regardé une personne comme il ne te regarde toi. Ça rendrait n’importe quelle fille jalouse !, avoua honnêtement Hermione en caressa amicalement son bras pour la rassurer.


- Alors pourquoi se contente-t-il de simplement m’embrasser ? Nous ne sommes plus des adolescents ! Ça fait huit ans que je fantasme sur Harry et il ne s’est toujours rien passé entre nous, c’est frustrant après tout ce temps…


- Harry a toujours été timide pour approcher les filles, tu le sais, et encore plus lorsque c’est toi. Je pense simplement qu’il te respecte et qu’il a peur de te brusquer si jamais il ose la moindre approche. Il s’est toujours oublié pour faire plaisir aux autres, donc s’il croit que tu n’es pas prête, il ne va probablement pas te faire d’avances même s’il en a envie.


- Ce… Ce soir j’ai tenté quelque chose, mais il a tout arrêté subitement. Tu ne peux pas savoir à quel point c’est douloureux de se faire rejeter ainsi par la personne que tu aimes, surtout dans une situation aussi embarrassante !, murmura Ginny, gênée de raconter cette histoire qui l’offusquait toujours.


- T’inquiètes, je sais ce que ça fait !, ajouta Hermione d’un ton las en repensant à toutes les difficultés que Ron et elle avait eues avant de se mettre finalement ensemble. Ce n’est sûrement pas ce que tu voulais entendre, mais la meilleure personne avec qui en parlé, c’est Harry. Il a toujours renfermé pleins de mystères que lui seul connaît, tu n’as qu’à lui poser des questions si tu as des craintes.


Ginny enfouit son visage dans ses bras, laissant ainsi tomber sa crinière rousse tout autour d’elle. Elle était de plus en plus désespérée, sans parlé de sa frustration sexuelle qui augmentait de jour en jour. Cependant, elle aimait beaucoup trop Harry pour abandonner et elle savait pertinemment qu’un petit problème comme celui-ci n’allait pas réussir à les séparer.


- Tu as raison, concéda finalement Ginny en reprenant place dans son lit. Mais j’ai raté ma chance, ce n’est pas le genre de conversation que je veux échanger par courrier hibou. Je vais devoir attendre la fin de l’année scolaire.


- Tu peux toujours lui faire comprendre ce qu’il manque dans tes lettres sans avoir à lui révéler tes craintes. Comme ça, il va appréhender ton retour, s’imaginer toutes sortes de scénarios et quand tu le retrouveras enfin, il ne pourra que te sauter dessus, proposa fièrement Hermione en chuchotant pour ne pas que les autres filles du dortoir se réveillent.


Ginny pensa alors tout ce qu’elle pourrait écrire dans ses messages afin d’exciter un peu son compagnon et un sourire quelque peu narquois apparut sur ses lèvres. S’il voulait jouer à ce jeu, elle voulait au moins s’assurer de gagner.


- Voilà, je te retrouve enfin, dit Hermione en remarquant avec satisfaction son changement d’attitude.

 

Pendant ce temps, Harry était couché dans son lit à fixer obstinément le plafond. C’était comme s’il n’avait jamais quitté sa maison, car il se sentait toujours aussi vide qu’auparavant. Il s’en voulait d’avoir repoussé les avances de Ginny, mais il n’aurait pas été capable de supporter le fait de passer certaines étapes de leur couple alors qu’elle repartait une heure plus tard à l’école et qu’il ne la reverrait pas pendant presque deux mois. Ça lui aurait été trop pénible. Lorsqu’ils passeraient le stade, Harry voulait que ce soit parce qu’elle était là pour rester. Il ne voulait pas faire quoi que ce soit si ce n’était pas pour se réveiller à ses côtés le lendemain matin. Il était peut-être plus sentimental que la majorité des garçons, ça avait toujours été sa faiblesse, mais surtout sa force. Ginny était tout pour lui et il ne voulait pas tout gâcher en brusquant les choses. Hermione et Ron s’étaient courus après pendant des années avant d’enfin accepter leurs sentiments et ils ne les avaient jamais vus aussi heureux qu’aujourd’hui. Rien ne justifiait le fait de précipiter les choses, pas même son corps qui le suppliait de se laisser aller à la tentation.


Il imagina alors la situation s’il avait laissé Ginny se dévêtir et il était convaincu qu’il se serait senti encore plus vide qu’en ce moment-même, simplement parce que son absence se serait faite d’autant plus ressentir. Son esprit se laissa tout de même évader sur cet instant et il tenta fortement de visualiser dans son esprit de quoi avait l’air ses seins, lesquels il aurait pu avoir la chance de découvrir. Lui qui appréciait tellement l’allure de sa peau, il ne pouvait que les adorer tout autant. Harry grogna en pensant qu’il aurait pu les prendre dans ses mains et les admirer se mouvoir grâce à sa respiration rapide. Cependant, dès qu’il pensa à la manière dont il se serait pris pour la toucher, il redescendit de ses grands chevaux et retrouva sa mauvaise humeur.


Sa relation à distance n’était pas le seul motif qui le poussait à refuser les avances de sa copine. En effet, le fait qu’il n’avait aucune connaissance sur la sexualité lui faisait honte et il avait affreusement peur de tenter l’expérience si c’était pour se ridiculiser. La famille de moldus qui l’avait élevé n’avait jamais pris en considération qu’Harry aurait besoin, à un stade de sa vie, un peu d’éducation sexuelle. Ce n’était malheureusement pas à Poudlard que les adolescents pouvaient apprendre ce genre de sujet et, où il était rendu dans sa relation avec Ginny, un petit débriefing sur la chose lui aurait été affreusement utile. Les seuls informations qu’il avait consistaient aux quelques conversations qu’il avait eu avec ses amis de Gryffondor dans leur dortoir, ce qui était loin d’être suffisant, surtout qu’à cette époque, le retour de Voldemort était souvent plus important que les filles.


Se battre à chaque jour contre les forces du mal ? Pas de problème, ça ne lui faisait pas peur. Approfondir ses relations intimes avec sa petite-amie ? Ça, ça lui foutait les jetons ! Il ria d’un rire jaune en s’enfouissant le visage dans un oreiller devant le ridicule de la situation.


Ce qui était le pire dans tout cela, c’est que Ginny le voyait comme un garçon rempli de talents, presque dénué de défauts et il ne voulait certainement pas la décevoir en lui prouvant qu’il était incapable de répondre à toutes les attentes qu’elle se faisait à son propos. La sexualité était l’une des bases d’un couple, il le savait bien, et Harry ne pouvait évidemment pas subvenir aux besoins de Ginny avec ce qu’il avait accumulé de connaissance au fil des années. Déjà qu’il lui avait promis que la prochaine fois allait être différente… Cela ne faisait que lui donner encore plus de pression.


Malheureusement, il n’avait pas beaucoup d’options afin d’améliorer sa condition. Il ne pouvait pas parler de son problème à son meilleur ami pour la simple et unique raison que sa petite-amie s’avérait être sa petite sœur. Il aurait peut-être eu le courage d’en parler à Sirius s’il avait encore été en vie, mais ce n’était malencontreusement pas le cas. D’ailleurs, la seule pensée de son parrain fit augmenter sa tristesse et son désespoir d’un cran. Il ne restait plus qu’Hermione, mais puisqu’elle était la meilleure amie de Ginny, il aurait bien trop peur qu’elle décide de lui parler de ses inquiétudes. De toute façon, la conversation aurait probablement été des plus gênantes et il n’aurait pas eu le courage de lui poser la moindre question. Harry restait donc dans un brouillard complet qui le laissait tout à fait désemparé.


Il ne réussit qu’à avoir deux heures de sommeil avant d’aller travailler et il sut pertinemment qu’il ne serait pas au sommet de sa forme en cette journée maussade. Cette nuit-là, Ginny fit elle aussi de l’insomnie, car elle ne cessait de penser à Harry et aux techniques à aborder afin d’accentuer son désir pour elle. Bien entendu, celle-ci ignorait ce qui pouvait se passer dans la tête de son copain et son approche n’était peut-être pas la meilleure vu les circonstances, mais c’était tout ce qu’elle avait trouvé d’ici la fin des classes.


Par contre, sa journée à Poudlard passait à une lenteur épuisante et elle n’avait qu’une envie : se rendre dans le dortoir afin de rédiger sa première lettre. D’ailleurs, pendant la récréation de l’après-midi, elle prit le temps d’imaginer ce qu’elle allait bien pouvoir écrire en réfléchissant à toutes les possibilités. Bien entendu, elle voulait avoir de la classe, elle refusait qu’Harry pense que seul le sexe lui importait et que sa relation avec lui ne tournait qu’autour de cela.


- Comment va Harry ?, demanda soudainement Luna, ce qui fit aussitôt sortir Ginny de ses pensées. Excuse-moi, je n’avais pas remarqué que tu étais en pleine contemplation intérieure. Je te laisse à tes pensées.


- Non, ça va Luna. Et pour répondre à ta question, Harry va beaucoup mieux. Il est Auror maintenant, tu sais. Il combat le mal et tout ça, répondit-elle vaguement en remarquant que plusieurs têtes s’étaient tournées vers elle à l’entente du nom du sauveur.


- J’espère que le département des Aurors n’a pas trop de problème avec les Héliopathes. Ils causent beaucoup de ravage depuis la démission de Cornelius Fudge d’il y a quelques années... Papa ne cesse de faire des articles là-dessus.

 

- Je suis sûre qu’il va bien s’en sortir avec eux, dit gentiment Ginny malgré le fait qu’elle savait que ces supposés esprits du feu n’existaient pas. 


En fin de journée, elle s’empressa de retourner à son dortoir en mettant sur ses cuisses un grand livre afin d’apposer son parchemin. Elle trempa sa plume dans l’encre, mais dès que celle-ci s’approcha du bout de papier, toutes les possibilités qu’elle avait imaginées au fil de la journée disparurent aussitôt. Chaque idée qu’elle trouvait lui semblait ridicule et après une heure passée devant son parchemin vide, elle dut s’avouer vaincue. Elle ouvrit alors à regret son livre de potions pour terminer le devoir qu’elle devait remettre le lendemain. Une fois sa tâche finie, Ginny décida de se coucher malgré qu’il fût encore trop tôt pour cela. Elle avait mal dormi la veille et elle espérait que cette nuit, elle pourrait avoir un sommeil un peu plus réparateur. Malgré ses problèmes avec Harry, qui la tourmentait bien plus qu’elle ne l’aurait désiré, elle devait penser à ses A.S.P.I.C. qui arrivaient à une vitesse fulgurante. Peut-être devait-elle se concentrer sur l’école plutôt que sur sa relation amoureuse, car se préoccuper des deux en même temps ne ferait que la stresser davantage. De toute façon, il ne restait plus que deux mois et elle rentrerait enfin chez elle. Il fallait simplement donner un dernier effort.


Trois semaines plus tard, Harry n’avait toujours pas de nouvelles de Ginny et il commençait à réellement s’inquiéter de l’avenir de leur couple. Il se sentait affreusement coupable de l’avoir repoussé ce soir-là et plus il y pensait, plus il se sentait stupide. Quel autre garçon aurait refusé de voir sa petite-amie se dévêtir volontairement ? Après un moment pénible de questionnements incessants, il se décida finalement à composer lui-même une lettre pour savoir comment elle allait et si son silence était de sa faute.


Chère Ginny,


Cela fait déjà un moment que je n’ai pas eu de tes nouvelles et je veux que tu saches que je me fais beaucoup de soucis pour toi. Depuis qu’on s’est quitté, j’ai sans cesse repensé à cette nuit et j’en suis encore désolé. J’espère que ce n’est pas pour cette raison que tu refuses de m’écrire, car il ne fallait surtout pas que tu prennes ma réaction personnellement. Je vais t’expliquer pourquoi j’ai réagis comme je l’ai fait dès que tu rentreras à la maison, je te le promets.

Ps- Fais attention à toi, tu me manques horriblement.

Avec amour, Harry


Il relut sa lettre une dizaine de fois avant d’enfin se convaincre de l’envoyer. Pendant un moment, il songea à aller voir Hedwidge avant de réaliser avec grand peine qu’elle était morte il y avait maintenant deux ans de cela. C’était la deuxième fois depuis les dernières semaines qu’il songeait à se référer à des êtres qui s’étaient faits tués pour la cause et il eut une extrême difficulté à se ressaisir. Il chancela légèrement et dut s’assoir sur la chaise la plus proche pour reprendre ses esprits. Après un long moment, la tête déposée entre ses mains moites, il se leva avec une détermination nouvelle en direction de la boutique de farces et attrapes de George pour demander à Ron d’emprunter son hibou. Il transplana au chaudron baveur en ignorant tous les regards curieux qui se posèrent sur sa cicatrice et lui, puis prit la direction du chemin de traverse la tête basse. Il n’avait plus vraiment l’habitude de sortir ainsi en public depuis la fin de la guerre, c’était d’ailleurs la première fois qu’il retournait au chemin de traverse depuis que ses amis et lui avait entré illégalement dans le coffre-fort de Bellatrix Lestrange et en étaient ressortis sur le dos d’un immense dragon. Lorsque Ron et lui sortaient prendre un verre, ils choisissaient toujours l’endroit où ils avaient le moins de chances de se faire remarquer. Malencontreusement, le chemin de traverse était le lieu où tous les sorciers se réunissaient et Harry ne passait évidemment pas inaperçu. Toutes les têtes se tournaient sur son passage et parfois, certains le remerciaient pour son courage exemplaire et pour sa victoire contre Voldemort, ce qu’il répondait par un simple signe respectueux de la tête.


Une fois face à la boutique, il y entra rapidement et fut soulagé d’être loin de la foule. Heureusement, il y avait tant de choses à regarder dans ce lieu que personne ne lui accordait grande attention. Malgré le fait qu’il était venu pour une raison, il ne put s’empêcher d’admirer à quel point la boutique était encore plus belle qu’à sa dernière visite, si c’était même possible. Il y avait une tonne de nouveaux produits et Harry se douta immédiatement que tout l’effort que George mettait dans la conception de ces nouveautés le permettait de ne pas trop penser à son jumeau. Il trouva Ron après un court moment en train de disposer des fioles de potions d’amour sur leur présentoir et il alla alors à sa rencontre.


- Hey Harry, qu’est-ce qui t’emmène ici ? Certainement pas ces potions d’amour, pas vrai ?, lui demanda Ron à la rigolade, quoiqu’avec les joues légèrement rosées.


- Je t’avoue que j’en aurais bien besoin ces temps-ci, mais je ne…


- Quoi ? Ça ne va pas bien avec Ginny ? Pourtant vous aviez l’air si… euh… amoureux, le coupa-t-il avec une drôle de mine.


- C’est une longue histoire. En fait, c’est pour elle que je suis ici, je voulais t’emprunter Coq pour lui envoyer une lettre, si ça ne te pose aucun problème.


- Bien sûr que non. Il doit être au Terrier, si ça ne te dérange pas de faire le chemin pour aller le chercher.


- Merci Ron.


- Hey attends !, cria ce dernier alors qu’Harry était en train de quitter l’endroit. J’espère que tu ne lui as fait aucun mal. Tu as beau être mon meilleur ami, mais c’est ma sœur, tu comprends… Je ne voudrais pas que…


- Ne t’inquiète pas, c’est juste un petit malentendu, le coupa Harry à son tour, en espérant sincèrement qu’il avait raison.


Ron hocha la tête, bien qu’il n’avait pas l’air très rassuré, tandis qu’Harry prit la direction du Terrier. Il fut presqu’immédiatement accueilli par Mrs. Weasley, qui savait où il se trouvait grâce à la nouvelle aiguille qui le représentait sur l’horloge des Weasley, considérant qu’il faisait réellement parti de la famille maintenant.


- Harry ! Que me vaut l’honneur de ta visite ? J’espère que ce n’est rien de grave ?, demanda-t-elle en faisant disparaître pendant un court moment le sourire chaleureux de son visage rond.


- Bonjour Mrs. Weasley. Et non, je suis seulement venu emprunter Coquecigrue. Je viens d’aller voir Ron pour le lui demander.


- Ah ! Tu m’as fait un peu peur, allez, entre ! Tu veux une tasse de thé ?, lui proposa-t-elle gentiment en essuyant ses mains sur son tablier fleuri rempli de farine.


- Oui, avec plaisir, si cela ne vous pose aucun problème, accepta Harry avec joie, lui qui se sentait si seul ces derniers temps.


- Ne sois pas ridicule, tu es chez toi ici.


Elle revint quelques instants plus tard avec deux tasses de thé disparates en l’invitant à prendre place sur le canapé du salon. Pour ne pas froisser sa lettre qui se trouvait dans sa poche de pantalon, il la retira et la déposa sur la table basse. Aussitôt, Mrs. Weasley remarqua le nom de sa fille écrit sur l’emballage.


- Que vous êtes mignons tous les deux ! Je n’aurais jamais pu être plus fière de ma fille de t’avoir choisi comme compagnon de vie et de t’avoir comme beau-fils ! Elle t’aime tellement, tu le sais pas vrai ? Quand elle se met à parler de toi, elle ne peut plus s’arrêter, c’est ainsi depuis qu’elle a 11 ans.


- Je l’aime beaucoup moi aussi, avoua honnêtement Harry en sentant le rouge monter.


À la surprise d’Harry, des larmes se formèrent dans les yeux de Mrs. Weasley, qui s’empressa de s’essuyer avec ses manches pour ne pas montrer ce signe de faiblesse devant son beau-fils.


- Vous allez bien ?, la questionna-t-il d’un ton inquiet en posant sa main sur son épaule.


- Oh oui… Je suis juste touchée que ma merveilleuse fille ait la chance d’avoir un garçon comme toi.


- Vous savez, je ne suis pas si exceptionnel, avoua Harry en rougissant encore plus.


- Si tu l’es, cesses de te rabaisser Harry, dit-elle d’un ton à la fois autoritaire et plein de douceur.


- D’accord…


Elle renifla bruyamment en séchant ses dernières traces de larmes. D’après Ron, sa mère pleurait beaucoup plus souvent depuis la mort de Fred, un rien la mettait dans tous ses états et Harry en avait la preuve juste devant lui.


Le lendemain matin, à l’heure du petit-déjeuner, Ginny remarqua rapidement le petit hibou de son frère, qui se démarquait des autres dû à sa petite taille. Elle supposa aussitôt que c’était sa mère qui voulait prendre de ses nouvelles. Lorsque la lettre fut déposée à côté de son assiette par Coq qui voletait joyeusement autour d’elle, elle reconnut l’écriture d’Harry avec le cœur serré, nerveuse de découvrir ce qui l’attendait. Hermione la regarda avec les sourcils levés et l’encouragea à ouvrir la lettre au plus vite, ce qu’elle fit avec les mains légèrement tremblantes. Étrangement, elle avait peur qu’il lui dise qu’il en avait assez d’elle et qu’il avait suffisamment attendu avant d’avoir de ses nouvelles. Maintenant, elle regrettait amèrement de l’avoir fait poireauter aussi longuement. À quoi avait-elle pensé ? En finissant la lecture de la dernière ligne, elle put à nouveau respirer convenablement face au soulagement qu’elle ressentait. Il n’était pas du tout fâché contre elle, même qu’il s’inquiétait de son état et tentait de la rassurer quant au fait qu’elle croyait probablement que c’était à cause d’elle qu’il l’avait repoussé. Ginny tendit la lettre à Hermione pour qu’elle la lise et lorsque ce fut fait, celle-ci leva les yeux vers son amie d’un air réprobateur.


- Tu ne lui as pas écrit depuis notre dernière visite, c’est ça ?


- Peut-être bien ?, chuchota Ginny en fixant ses œufs brouillés dans son assiette, soudain honteuse de son attitude.


- Ginny… Il a dû se faire du mauvais sang pour toi, tu aurais dû au moins lui dire que tu n’étais pas en colère contre lui. Il a assez de soucis comme ça avec le travail et avec tout le poids des dernières années…, déclara Hermione d’un ton solennel.


- Je le sais, mais je ne pouvais me résoudre à être la première à craquer !


- Ce n’est vraiment pas un jeu à jouer, regardes Ron et moi ! Ça a été une vraie catastrophe, nous avions tous les deux trop d’égo pour s’avouer que nous nous aimions. Harry ne mérite pas ça. Tu l’aimes à la folie et lui aussi. C’est déjà une très bonne base. Vous pouvez tout accomplir ensemble si vous vous laissez une chance.


- Bien entendu, tu as raison… Je vais répondre à sa lettre et je verrai ensuite ce qui se passera.


Elle se leva de table en invitant Coquecigrue à s’agripper sur son bras et monta dans son dortoir pour écrire un mot sans les coups d’œil curieux de ses voisins Gryffondor. Évidemment, dès qu’Hermione et elle parlaient d’Harry, les autres se mettaient à écouter leur conversation afin de retirer des informations et cela l’énervait à chaque fois. Une fois installée dans son lit, elle trempa sa plume dans l’encrier et débuta sa lettre sans réfléchir, les mots s’inscrivant presque tout seuls sur le parchemin.


Cher Harry,


Je m’excuse d’avoir pris tout ce temps avant de t’écrire. Je ne veux pas que tu croies que je t’en veux pour cette nuit-là. J’ai surtout eu honte sur le coup de m’être faite rejeter de la sorte, mais tu avais sûrement une bonne raison et j’ai hâte de la connaître. En ce moment, je suis très occupée à préparer mes A.S.P.I.C., mais je te promets que lorsque j’aurais du temps libre, je t’écrirai un petit mot.


Ps- Botte le plus de culs possible avant mon retour.


Je t’aime,

Ginny


En la relisant une ou deux fois, elle fut satisfaite du résultat et s’empressa de la donner à Coq afin qu’il l’emmène à bon port. Après que ce fut fait, elle se prépara pour son cours de métamorphose qui commençait dans une quinzaine de minutes, la tête plus légère que depuis les dernières semaines.


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