Je suis un Monstre
Chapitre 2
— Il lui ressemble encore plus quand il dort...
Hermione regarda son fils endormi sur la banquette, roulé en boule sous la cape de sa mère. Elle avança alors sa main et murmura quelque chose. Un voile irisé recouvrit l'enfant.
— Plus il grandira plus il lui ressemblera, dit-elle en souriant.
— Lewis est au courant ?
— Bien entendu, nous sommes mariés depuis huit ans, je vous rappelle... Jason avait trois ans et même si le petit n'avait que huit mois quand j'ai quitté Severus, Lewis sait parfaitement qui est son père et que lui ne l'est pas. De plus, ils ne se ressemblent pas tant que ça si on regarde bien...
McGonagall hocha la tête puis elle pinça les lèvres.
— Severus voudra vous voir demain, je pense, dit-elle doucement.
— J'avais l'intention d'aller le voir de toute façon. Il sait qu'il doit entrer à Poudlard cette année. Si tout se passe bien ce soir, je ferais les présentations demain...
— Si vous le souhaitez, je peux me charger de lui révéler ses origines... dit McGonagall.
— Ce serait tentant, mais je suis sa mère, c'est à moi de le faire, répondit Hermione avec un sourire.
— Vous avez passé plusieurs années avec Severus, dit la Directrice en pinçant la bouche. Je n'ai jamais compris pourquoi vous vous êtes séparés juste après la naissance de Jason...
Hermione pinça les lèvres.
— Quand Mrs Pomfresh m'a donné Jason, juste après sa naissance, j'ai remarqué une chose qui n'avait pas lieu d'être sur sa peau... dit-elle en fronçant les sourcils, comme les souvenirs refaisaient surface après tant d'années.
McGonagall haussa aussitôt les sourcils.
— Oh ! Non, ne me dit es pas que...
— Il a la Marque, si, dit Hermione en fermant les yeux.
— Merlin, je l'ignorais ! Sait-il ce qu'elle représente ?
— Non, nous n'avons jamais parlé de Voldemort depuis que j'habite avec Lewis. Il sait bien entendu qu'un terrible sorcier a terrorisé le monde magique pendant des années, mais il ne connaît pas son symbole. Quand il était plus jeune, quand il la voyait, dans la Gazette ou un autre journal, je m'empressais de la retirer de sa mémoire. Il pense que c'est une tache de naissance particulièrement vilaine et il m'a demandé plusieurs fois si j'envisageai de la lui faire enlever un jour.
— Alors, vous avez quitté Severus pour cela ? demanda McGonagall en plissant le nez. Ce n'était pas un peu... excessif ?
Hermione fronça les sourcils et secoua la tête lentement.
— Il m'avait assuré que jamais le petit n'aurait cette affreuse marque, dit-elle. Jusqu'au bout je l'ai cru. Quand je l'ai vue, ça m'a fichu un vilain coup et j'ai eu l'impression d'avoir été trahie. J'ai cette marque et tout ce qui se rapporte de près ou de loin à Voldemort, en horreur.
— Vous êtes sortie avec Severus pourtant...
— Mais ce n'était pas pareil, c'était un de mes collègues, et puis nous nous entendons toujours très bien du reste. Mais cette marque... Je la vois dans mes cauchemars, elle a fait tant de mal... A Ron, à Harry, à Drago...
— Vous avez eu des nouvelles d'eux récemment, d'ailleurs ? demanda soudain McGonagall. Parce que moi, leur vieille Directrice, il semblerait qu'ils m'aient oubliée...
— Ron a eu une fille il y a environ un an... J'ai vu Drago sur le Chemin de Traverse il y a un mois environ, quand j'achetais les affaires pour Jason... il a un grand fils et une petite fille...
— Et Potter ?
Hermione secoua la tête et soupira.
— Rien du tout depuis plus de vingt ans... Je ne sais pas où il est, j'ai fait toutes les recherches possibles et inimaginables. À l'époque, j'avais même envoyé Ron et Drago parcourir le monde pour le chercher, ils sont revenus bredouilles à chaque fois... Et puis, le temps passant, je me suis éloignée d'eux deux, j'ai mis Harry de côté, j'ai fait ma vie, fondé ma famille...
— Si l'on vous donnait l'opportunité de rechercher une nouvelle fois Potter, que feriez-vous ? demanda la Directrice en penchant la tête.
— Je sauterai dessus, évidemment. Pourquoi, vous avez des informations ?
McGonagall secoua la tête et Hermione soupira.
— Je me disais aussi...
Elle regarda son fils et soudain, le train ralentit. Il y eut une secousse quand il passa un passage à niveau et Hermione tourna la tête vers la fenêtre.
— Combien y a-t-il de premières années ce soir ? demanda-t-elle.
— Cent quatre-vingt-deux, dit McGonagall avec un petit sourire. C'est un tiers de plus que l'année passée.
— C'est bien, les sorciers refont confiance à Poudlard.
— Il faut. Depuis qu'il est arrivé ce drame à Durmstrang, nous avons récupéré pas mal d'élèves du Nord de l'Europe...
— Rappelez-moi ce drame ?
McGonagall fronça les sourcils.
— Ses professeurs étaient tous des Mangemorts et ils enseignaient les sortilèges interdits aux élèves, même les plus jeunes, puis les recrutaient dans les rangs de Voldemort, comme vous le savez. Mais un jour, l'un des professeurs a « pété un câble » et il a tué une douzaine d'élèves et trois autres professeurs. Le Conseil de l'École a songé à fermer l'établissement mais le Directeur a maintenu que ses professeurs allaient tous passer des tests mentaux très poussés et que ceux qui n'y résisteraient pas seraient évincés.
Hermione secoua la tête. Elle s'en souvenait à présent. Cette histoire remontait à une dizaine d'années mais elle restait gravée dans les mémoires. La jeune femme pinça les lèvres. Jason remua dans son sommeil et la brunette tourna la tête vers la fenêtre. Comme chaque année depuis plus de vingt ans, c'était la pluie qui accompagnait les élèves vers Poudlard, certains pour leur première année, d'autres pour la dernière.
— Bonjour !
Rogue leva la tête des parchemins qu'il étudiait. Son visage grave, à peine marqué par les ans malgré ses soixante-trois ans bien sonnés, se dérida brusquement quand il découvrit Hermione dans l'ouverture de la porte de sa salle de classe.
— Je me demandais quand est-ce que vous alliez venir me saluer, professeur Granger, dit l'homme avec un sourire qu'il avait du mal à refréner.
Hermione sourit à son tour. Elle s'avança dans la salle vide aux pupitres bien alignés et, d'un geste de la main, elle referma la lourde porte de bois.
— Tu es content de me voir au moins ? demanda-t-elle.
— Quelle question, dit l'homme en se levant.
Hermione soupira discrètement. Elle traversa l'allée et l'homme descendit de son estrade pour l'enlacer tendrement, comme de très proches amis.
Quand elle recula, il posa ses mains sur son ventre.
— Tu n'aurais pas dû faire cette rentrée, il fallait te reposer... dit -il sur un léger ton de reproche.
— Je suis coriace, tu me connais, dit la jeune femme en s'éloignant vers les hautes fenêtres entourées de rideaux noirs. Et toi comment va-tu ? Le temps n'a décidément pas d'emprise sur toi. Tu as toujours le même visage, année après année...
— Oh non, crois-moi, j'ai bien vieilli. Mais j'ai une santé de fer, merci pour moi, ajouta-t-il en se frappant le torse du poing.
Hermione sourit. Elle s'appuya contre un pupitre en soupirant.
— Il te pèse ? demanda Rogue.
— Plus que jamais, j'ai hâte, si tu savais...
— En parlant de ça... Jason est ici, n'est-ce pas ?
Hermione hocha la tête.
— Il sait ? demanda Rogue.
— Non, je ne lui ai rien dit.
— Tu aurais dû.
— C'est prévu pour ce soir. Après la Cérémonie de la Répartition et le dîner, je vais le prendre à part un moment et tout lui dire. Je ne voudrai pas qu'il le découvre par lui-même ni surtout qu'il s'imprègne des dires que les élèves plus âgés colportent sur toi et ton mauvais caractère.
Rogue grimaça.
— Sage idée. Quand me le présenteras-tu ?
— Demain si tout se passe bien. J'ignore comment il va réagir en apprenant que Lewis n'est pas son père. Il l'aime tellement...
— Contrairement à ce que tu penses, j'aime aussi ce gamin, même si la dernière fois que je l'ai vu en vrai, il avait trois ans... Sur les photos, on a du mal à se rendre compte de l'évolution d'un enfant...
Hermione se mordit la lèvre.
— Je ne voulais pas l'éloigner de toi, tu le sais, mais en épousant Lewis, je n'avais pas d'autre choix que de l'emmener avec moi chez lui.
Rogue balaya la phrase de la main.
— Ne t'inquiète pas, je ne t'en veux absolument pas, tu es sa mère, tu fais ce qui te semble juste pour ton fils. Et sinon, comment vont tes filles ?
— Très bien, elles ont hâte de venir à Poudlard elles aussi, mais il leur reste encore cinq ans et peut-être que je n'y serai alors plus.
Rogue eut un petit rire discret. Hermione sourit puis dit :
— Et si nous allions dîner ? La Cérémonie doit être terminée.
— Après toi, dit Rogue en tendant le bras vers la porte.
Dans la Grande Salle, cependant, Jason cherchait sa mère des yeux. Il la vit alors entrer au fond de la salle, par une petite porte, en compagnie d'un grand homme au teint blafard et aux cheveux noirs, et de deux autres professeurs, dont une femme grande aux yeux maquillés de noir avec un peu d'excès. L'autre professeur était un homme bedonnant dont les boutons du veston devaient souffrir quelque peu...
— Mes chers élèves ! s'exclama soudain McGonagall, derrière son pupitre en forme de chouette aux ailes ouvertes. Je suis heureuse de vous accueillir une nouvelle fois au sein de la plus grande école de Sorcellerie, Poudlard ! Vous allez y passer, pour les nouveaux élèves, sept années durant lesquelles vous aller connaître les moindres secrets de la magie, les sortilèges, les potions, les créatures, sous la direction de professeurs aussi différents les uns des autres mais qui, chacun et chacune, excelle dans son domaine !
Des chuchotements montèrent de la salle puis McGonagall reprit :
— Cette année, et malgré une grossesse fort avancée, j'ai le plaisir d'accueillir une nouvelle fois le professeur Granger, qui vous enseignera la Magie Vive, son domaine de prédilection. En une autre matière principale mais néanmoins bien différente, le professeur Rogue vous enseignera l'Art des Potions. Le professeur Hagrid vous dira tout ce que vous voudrez savoir sur toutes les créatures qui peuplent le monde magique, quant aux professeurs Flitwick et moi-même, nous vous enseigneront respectivement les Sortilèges et la Métamorphose.
Au fur et à mesure que la vieille sorcière faisait les présentations des professeurs, ceux-ci se levaient à l'annonce de leur matière. Quand ce petit rituel fut terminé, les élèves applaudirent bruyamment puis McGonagall ordonna que l'on serve le dîner. Aussitôt des plats d'or et d'argent apparurent sur les quatre longues tables, remplis de mets tous plus succulents les uns que les autres.
Quand les élèves quittèrent la Grande Salle après dîner, on sépara les premières années des autres allant vaquer à leurs occupations de soirées.
Le Professeur McGonagall expliqua une dernière fois quelques menues choses aux petits sorciers pas très à l'aise puis elle les reconduisit personnellement dans chacun des quatre dortoirs, accompagnée des deux Préfets de la maison concernée. Hermione garda Jason près d'elle en disant à McGonagall qu'elle le ramènerait à son dortoir après.
Quand la Salle des Trophées fut vide, Hermione s'assit sur les marches d'une des colonnades et Jason s'approcha.
— Alors mon cœur, comme ça va ? Pas trop stressé ?
— Plus maintenant... Tu sais dans quelle maison j'ai atterri ? demanda le jeune garçon avec un sourire.
— Non...
— Serpentard.
— Hum, pas étonnant, dit la brunette en hochant la tête.
— Comment ça ? Tu es de Gryffondor et papa aussi non ?
Hermione déglutit. Elle prit les mains du garçon debout devant elle et serra les doigts.
— Justement, au sujet de papa...
— Ne te fatigues pas maman...
La brunette regarda son fils avec surprise.
— Hein ? Pourquoi tu dis ça ?
— Papa n'est pas mon papa, hein ? C'est ça ?
— Mais que... ?
Sous le choc, Hermione ne savait plus quoi dire. Elle regarda autour d'elle puisse reprit.
— Ok, dit-elle alors. C'est vrai. Celui que tu appelles « papa » depuis que tu sais parler n'est pas ton vrai papa, avoua-t-elle alors. Ton vrai papa, c'est un collègue de travail avec qui j'ai vécu pendant un peu plus de six ans. Il vit ici et il ne t'a pas vu depuis que tu avais trois ans...
Jason se redressa et haussa les sourcils.
— C'est qui ? Je peux le voir ?
Hermione hésita.
— Tu veux vraiment le rencontrer ? Maintenant ?
— C'est possible ?
— Cela le devrait... Mais avant, dis-moi depuis quand tu sais que Lewis n'est pas ton vrai papa...
— Depuis pas longtemps, quelques semaines... En cherchant quelque chose dans ton bureau, à la maison, j'ai trouvé des photos de papa et toi, tu m'avais dans les bras, mais j'avais déjà trois ans je pense. J'ai regardé d'autres photos mais je n'ai pas trouvé une seule photo où j'étais tout bébé, rien de ma naissance, comme pour Karen et Emy, à l'hôpital... Et puis ce matin, tu m'as dit que j'étais né à Poudlard...
— Et tu as compris... soupira Hermione. Je suis bête...
Jason hocha la tête.
— Et puis, avec mon grand nez et mes cheveux noirs, je ne ressemble pas à papa... dit-il.
Hermione eut un sourire puis elle prit l'enfant dans ses bras et il fourra son visage dans son cou.
— Je ne t'en veux pas maman, tu avais sûrement une bonne raison pour ne pas me dire qui est mon vrai papa... dit-il doucement.
Hermione repoussa son fils. Les larmes aux yeux elle lui caressa le visage puis elle l'embrassa et Jason passa ses mains sur ses joues.
— Tu m'emmène le rencontrer ? demanda-t-il.
— Ce soir, tu es sûr ?
L'enfant hocha la tête.
— Très bien, dit la brunette en se levant.
Jason glissa sa main dans la sienne puis tous deux prirent la direction des cachots.
— Attends-moi deux minutes, je vais voir s'il est là, dit Hermione quand ils furent devant la porte des appartements de Rogue.
L'enfant hocha la tête et Hermione frappa. Elle entra sans attendre la réponse et la porte se referma sur elle, plongeant le couloir dans une semi obscurité qui dit frémit Jason.
— Severus ?
— Je suis dans la chambre...
— Tu peux venir, s'il te plait ?
Hermione entendit un soupir puis Rogue apparut, les sourcils froncés.
— Qu'y a-t-il ? demanda-t-il à la Gryffondor. J'étais occupé, Hermione...
— Jason est dans le couloir, dit-elle simplement.
— Pardon ?
— Jason est dans le couloir, il veut te rencontrer, répéta la jeune femme.
— Tu lui as dit ?
— Il l'a deviné.
— Comment ?
— Je t'expliquerai plus tard, tu veux bien ? Est-ce que je peux aller le chercher ?
Rogue hocha lentement la tête, silencieux. Il passa une main dans ses cheveux noirs puis Hermione lui fit un signe de tête et alla ouvrir la porte à l'enfant qui entra en plissant les yeux sous l'assaut de la luminosité.
— Jason... Entre, chéri...
— Maman ?
Hermione posa une main sur son épaule puis elle le poussa vers Rogue qui se baissa devant lui en s'asseyant sur une chaise.
— Jason, je te présente Severus Rogue... Ton vrai père... dit-elle dans un souffle.
Le père et le fils se regardèrent un moment, cherchant peut-être les traits de l'autre dans leurs visages respectifs et soudain, Jason prit la parole.
— Vous êtes mon père alors ?
— Eh bien, il semblerait que oui, dit Rogue. J'ai cet honneur.
— Il me ressemble beaucoup, dit le garçon en se tordant le cou vers sa mère. J'ai l'impression de me regarder dans le miroir...
— Avec quelques années de plus, dit Rogue avec un sourire. Mais j'ai la même impression... fils.
— Ça fait bizarre, dit Jason en regardant de nouveau Rogue.
Celui-ci se releva et le garçon ajouta :
— Je vais être aussi grand que toi ?
Hermione se mit à rire. Elle porta une main à sa bouche et son rire se mua en sanglots.
— Maman, pourquoi tu pleures ? demanda Jason, surpris.
Au milieu des sanglots, Hermione sourit et prit le garçon dans ses bras.
— Je pleure parce que je suis contente, dit-elle. Je suis contente que tu n'aies pas mal prit le fait que Lewis ne soit pas ton vrai père.
— Pleure pas maman, dit alors le garçon en l'embrassant sur la joue.
La jeune femme l'embrassa sur les deux joues puis elle se redressa et appela un Elfe de Maison.
— Mery, raccompagne Jason jusqu'à Serpentard, tu veux bien ?
— Oui, professeur Granger, dit l'Elfe en s'inclinant. Venez Jason Gaspard, suivez Mery. Venez...
— Bonne nuit maman, bonne nuit... Maman ? Comment est-ce que je dois l'appeler ?
Rogue eut un sourire.
— Appelle-moi Severus, fit-il. Mais uniquement quand il n'y a personne d'autre, d'accord ? Autrement, ce sera professeur Rogue et quand tu seras prêt, je serais honoré que tu m'appelles « Père ».
— Pareil pour moi, pas de « maman » en classe, dit Hermione. Allez, file te coucher, il est tard.
Jason hocha la tête puis il suivit Mery dans les couloirs du château. Quand il fut loin, Hermione soupira.
— Tout va bien ? s'inquiéta Rogue.
— Oui... Cela ne s'est pas tout à fait passé comme je l'avais prévu, mais bon...
— L'essentiel c'est que Jason sache la vérité. Maintenant que c'est fait, il faut qu'il l'accepte, même si j'ai l'impression qu'il y a pas mal de temps qu'il s'est fait à l'idée de ne pas être le fils de Lewis...
— On dirait, dit la brunette en pinçant les lèvres.
— Tu devrais aller te reposer maintenant... Je vais te raccompagner chez toi.
Hermione hocha la tête brièvement et Rogue endossa une cape. Les quelques centaines de mètres qu'ils firent côte à côte furent silencieuses, chacun songea au tournant que venait de prendre leur existence.
— Hermione ?
— Oui ?
Rogue pinça les lèvres. Il dit alors :
— Est-ce... Est-ce que tu as toujours une dent contre moi malgré les années ?
La jeune femme baissa la tête. Elle s'arrêta de marcher et Rogue se tourna vers elle.
— Non, dit-elle. Je n'ai pas le droit de t'en vouloir pour quoi ce soit, tu es le père de mon fils, Severus, et ça, quoi que je fasse, je ne pourrais jamais le changer.
— Tu le voudrais ?
— Non, jamais. Malgré la différence d'âge qu'il y avait entre nous, je t'ai aimé plus que la vie elle-même et je me voyais finir mes jours à tes côtés. La vie n'a pas été aussi clémente, elle nous a séparés pour un différend qu'au fond de moi je savais arriver.
— Tu savais alors que Jason risquait d'avoir la marque ? Et tu m'as quitté quand même ?
— Je ne l'ai réalisé que bien des années après et j'étais déjà mariée avec Lewis.
— Si tu avais l'opportunité de recommencer, tu le ferais ?
— Recommencer quoi Severus ? Nous nous sommes séparés en bons termes, nous nous entendons bien, ton fils te reconnaît et je ne vais pas l'empêcher de te voir quand il le voudra. Par ailleurs, j'aime Lewis, je vais lui donner un autre enfant sous peu, j'ai tourné la page et tu devrais en faire autant.
— Je l'ai fait, rassure-toi, je posais simplement la question, dit Rogue.
Hermione hocha la tête puis elle dit :
— Pourquoi avons-nous cette conversation alors que nous nous sommes vus chaque jour pendant dix ans depuis notre séparation ?
Rogue esquissa un sourire.
— Je l'ignore... Peut-être pour meubler le silence pesant de ces couloirs.
Hermione sourit.
— Nous sommes arrivés, dit-elle en tournant le dos à une porte où miroitait une plaque en or gravée à son nom. Je te souhaite une bonne nuit, Severus.
— À toi aussi, Hermione, dit l'homme avec un signe de tête.
Il l'embrassa sur la joue puis tourna les talons et sa cape virevolta dans les ombres du couloir.
Hermione s'adossa à sa porte. Elle secoua la tête avec un soupir puis rentra dans son appartement et alla se préparer pour la nuit.
Les dernières semaines de sa grossesse passèrent si vite qu'Hermione fut surprise de sentir, un jour en plein cours, précisément le trente-et-un septembre, les premières contractions.
— Professeur ? dit une fille de Pouffsouffle en se levant lentement, regardant la jeune femme appuyée sur son bureau, une main crispée sur le côté de son ventre. Professeur, tout va bien ?
Hermione secoua la tête.
— Oui, dit-elle ensuite. Tout va bien, mais je vais couper le cours ici...
— C'est votre bébé, professeur, hein ? Vous allez avoir votre bébé ?
— J'ai encore quelques heures, mais oui, dit Hermione en souriant. Allez, retournez dans vos dortoirs jusqu'à la sonnerie, et dites à Mrs Pomfresh de me rejoindre chez moi.
La fille hocha la tête puis les élèves sortirent lentement, se demandant s'ils devaient ou non laisser leur professeur toute seule. Finalement, deux filles restèrent et elles aidèrent Hermione à retourner dans ses appartements et restèrent près d'elle jusqu'à l'arrivée de l'Infirmière.
— Miss Granger ! gronda la femme en entrant chez Hermione.
— Ah non ! répliqua la jeune femme. Vous n'allez pas m'engueuler si ?
— Mais ? Hum, filez de là vous deux, dit ensuite l'infirmière en agitant une main vers les deux jeunes filles. Elle a besoin de calme.
Après un regard en direction d'Hermione qui hocha la tête, les deux filles partirent et Pomfresh examina aussitôt Hermione.
— Ça va, vous êtes au début, mais restez couchée à partir de maintenant. Quand avez-vous perdu les eaux ? demanda-t-elle.
— Ce matin en me levant.
— Quoi ?? croassa l'infirmière. Et vous n'avez rien dit ?
— Eh quoi, je ne vais pas crier au meurtre simplement parce que j'ai perdu les eaux, il y a deux heures, Poppy ! répliqua Hermione en serrant les dents comme une contraction la faisait souffrir. J'ai eu deux grossesses avant dont une gémellaire, je sais parfaitement que je ne vais pas poser le bébé dès la perte des eaux, encore heureux !
— Vous aller me rendre chèvre, dit l'infirmière en soupirant. Allez, prenez ceci, et reposez-vous, je reviendrais dans une demi-heure voir où vous en êtes.
Hermione prit le gobelet que lui tendait la femme, le but puis soupira en hochant la tête.
— Vous m'avez donné quoi ? demanda-t-elle.
— Un calmant pour la douleur, vous ne l'avez jamais très bien supportée...
Hermione hocha la tête. On frappa soudain à a porte de la chambre et Jason apparut, suivit de Rogue et McGonagall.
— Alors miss Granger, vous nous faites des frayeurs ? demanda la sorcière.
— C'est-à-dire ? demanda la jeune femme. Je vais très bien...
— Maman, je vais envoyer un message à papa, d'accord ? dit Jason en s'approchant du lit.
— D'accord, mais dis-lui de laisser les filles chez la voisine s'il vient me voir, dit la Gryffondor en souriant à son fils.
Jason hocha la tête puis il se détourna et Rogue posa une main sur sa tête quand l'enfant passa près de lui. Celui-ci lui décocha un sourire et Rogue dit :
— Cette situation me ramène onze ans dans le passé, Hermione, tu sais ?
— Et moi donc, dit la jeune femme, allongée sur son lit, sur le flanc.
McGonagall eut un faible sourire et elle demanda :
— Vous savez ce que c'est au fait ?
— Non... Surprise.
Une contraction crispa les traits de la jeune femme et la porte de la chambre se rouvrit soudain sur Pomfresh qui chassa les deux professeurs de la chambre sans ménagement.
A suivre...