Hellish Story (Tome 2)

On dit que l'eau purifie.

Mais moi, l'eau m'a toujours noyé.

Elle ne m'a jamais lavé de mes fautes, seulement imprégné de souvenirs que je n'ai jamais réussi à effacer. L'eau est une mémoire. Froide. Tranchante. Impitoyable. Elle ne pardonne rien. Elle conserve les cris, les silences, les adieux qu'on n'a jamais eu le temps de prononcer.

Je connais cette sensation. Le corps qui s'abandonne. Le souffle qui se raccourcit. L'esprit qui finit par se dire : à quoi bon ?

Je l'ai vécue deux fois.

La première fois, j'étais un enfant. Un corps trop frêle, un cœur trop plein, et des bras paternels qui auraient dû être un refuge.

La deuxième fois, j'étais déjà tombé. Déchu, brisé, mais amoureux.

Et c'est lui qui a plongé.

Alastor.

Il n'a pas hésité.

Il ne m'a pas posé de question. Il ne m'a pas jugé.

Il m'a ramené. À la vie. À lui.

Sans savoir qu'en le faisant... il venait de signer sa propre fin.

Parce que moi, quand tout s'est inversé... je n'ai pas sauté. Je n'ai pas couru. Je n'ai pas crié. Je suis resté figé. Comme si je pouvais réécrire la scène rien qu'en y pensant très fort.

Mais on ne réécrit pas la mort.

On la subit.

J'aurais préféré le haïr. Tout cela aurait été tellement plus simple. Cracher son nom, casser ses souvenirs, prétendre que tout ça n'était qu'un mensonge.

Mais je l'aimais.

Éperdument.

Et je l'aime encore. Au point de détester chaque battement de mon propre cœur depuis que le sien s'est arrêté.

Je vis avec son sang sur les mains.

Je vis avec cette absence dans les draps, dans mes gestes, dans mes silences, dans mes absences.

Et je vis avec ce qu'il a laissé en moi.

Quelque chose de fragile. Quelque chose qui pousse sans bruit. Quelque chose qui n'a pas encore de nom.

Peut-être une vie. Peut-être juste un rappel.

Un poids ?

Un espoir ?

Je ne sais pas.

Je me lève chaque matin sans savoir si je souhaite qu'il survive. Je n'ai pas la force de l'aimer. Mais je n'ai pas le droit de le haïr.

Parce qu'il est lui.

C'est une partie de lui qui a réussi à survivre malgré tout.

Et qu'il n'y a jamais eu un seul instant où Alastor méritait de mourir.

Pas lui.

Moi, peut-être.

Mais pas lui.