L'école des démons acte 1

Chapitre 23 : Rien que nous.

2421 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 13/12/2021 15:23

Cela lui fait presque étrange de se retrouver seule avec son frère, mais elle n’est pas mécontente de retrouver son jumeau pour autant. Elle est en train de se brosser les dents et lui se change derrière elle, dos au miroir.

 

— Alors ? Pas trop déçue de retrouver ton frère ? dit le rouge narquois.

— Hum… J’aurais aimé qu’ils restent encore un peu, c’est que cela me fait des vacances, dit la rousse, en regardant son reflet dans le miroir.

— Charogne !

— C’est toi qui cherches, répond-elle, en lui tirant la langue.

— Tu me sembles de bien bonne humeur dis-moi ! Tu te rends compte que j’ai dû coller Azael pour pallier ton absence ?

— Ça va, tu n’avais pas l’air si malheureux, plaisante-t-elle.

— S’il pouvait juste changer sa méthode de réveil.

 

Aérin crache le dentifrice et se rince la douche, sursautant en se redressant alors qu’elle aperçoit le reflet du visage de son frère juste à côté d’elle.

 

— Tu es dangereux, j’aurais pu te mettre un coup de tête !

— Mes neurones s’en remettront ! Sinon… Cela fait quoi de dormir dans les bras de Shichiro ?

— Degan…

— Ne sois pas timide sœurette ou je fais des déductions hasardeuses, dit-il avec un regard mesquin.

— Alors, j’avais chaud et il a tendance à trop serrer et Callego grince des dents, réplique la rousse en essuyant son visage.

— Il grince des dents ? rigole Degan.

— C’est toujours mieux que toi qui discutes et je ne parle pas même de tes fou-rires, explique la rousse.

— Que veux-tu ? Je suis un phénomène ! annonce Degan, plein de fierté.

— À qui le dis-tu !

 

Degan passe alors sa main dans sa chevelure hirsute, redevant sérieux.

 

— J’aimerais bien t’aider, mais je t’avoue que je sèche. Je ne trouve pas aussi facilement mes mots qu’Azael peut le faire, dit le rouge.

— De quoi parles-tu ? demande-t-elle.

— Ce donc vous avez parlé, le fait que tu doutes de vos sentiments, tout ça, si tu as besoin de parler, je suis là, déclare le démon d’une voix douce.

— Vous devez me prendre pour une folle, soupire la démone.

— Une fille qui se pose trop de question, oui, une folle, non, répond Degan.

 

Ils se rendent dans leurs chambres ou ils se couchent. Degan se colle à sa sœur qui bougonne… Comment ça il parle en dormant ? 

Pour une fois, Aérin est seule à la maison, Degan et Azael sont de sortie. Heureusement, Saphir et Blase, lui tiennent compagnie. Les œufs de la wyverne ont presque tous grossis, elle a vraiment hâte de voir les petits pointers le bout de leur museau, mais il va falloir user de patiente. Allongée contre le ventre de la créature et soulevée au rythme de sa respiration. La démone discute depuis quelques instants avec ses… Petits copains.

 

Shichiro 10:02

Je vous proposerais bien de venir à la maison, cependant on va voir de la famille, on revient seulement demain.

Aérin 10:03

Ce n’est pas grave, profite des tiens.

Callego 10:03

Mon oncle va me rendre fou ! Si tu veux, je peux venir te tenir compagnie.

Aérin 10:04

Je ne dirais pas non. Je ne suis pas tranquille quand je suis seule.

 

Shichiro est allongé dans ses branches, il vient de mettre fin à la discussion de son côté et ferme son téléphone tout en grimaçant. Lui aussi aurait bien aimé aller la rejoindre. Callego va l’avoir pour lui seul. Ça y est, la jalousie refait surface. Il descend de son nid et rejoint ces parents dans le salon, sa valise en main. Sa mère se retourne et lui sourit doucement.

 

— Dis-moi Shichiro, tu ne nous cacherais pas quelque chose ? dit-elle, soudain.

— Pourquoi tu lui poses ce genre de question ? demande son père tout en se retournant sur eux, surprit par la question de sa compagne.

— Que voudrais-tu que je te cache ? dit le démon.

— Chéri, est-ce que tu viens de mentir ? répond sa mère avec un sourire amusé.

 

La magie héréditaire des Balam leur permet de savoir quand on leur ment. Il n’est donc pas utile pour Shichiro de tenter de le faire. De ce fait, il n’en a jamais réellement pris la manie et ne sait simplement pas le faire lorsqu’il le tente. Le garçon rougit soudainement, devenant nerveux. Son père, étonné par la réaction de son fils, vient vers eux intrigué.

 

— Si je vous le dis, vous allez rire, dit le jeune devenu rouge.

— Tu es amoureux ? dit sa mère en lui pinçant la joue.

— C’est personnel ! répond-il, en secouant les mains devant lui.

— C’est cette démone dont tu nous as déjà parlé ? demande son père.

— Tu lui as avoué ? demande sa mère.

— Maman !

— Shichiro, tu le sais que les démons se marient par espèce ? réplique alors sa mère.

— Je le sais, grommelle-t-il.

 

Ses parents ne sont pas au courant des traditions des Divalis, en revanche, ils connaissent bien leur fils. Ils savent que cela ne sera pas qu’une amourette de jeunesse, pour lui. Shichiro, quant à lui, a pour idée qu'en atteignant le rang le plus élevé, ils auront le droit de réclamer Aérin à son clan ! Enfin, la petite famille vient de quitter le nid.

Callego est arrivé, il rentre directement dans la grange, comme la jeune lui a dit s’y trouver. Bien sûr, il porte de simples vêtements quand il n’est pas en cours, c'est-à-dire une chemise noire et un jeans noir, comme Aérin, porte une simple robe à longue manche rouge qui descend sous ses genoux. Aérin se lève tout en calmant la wyverne qui fait vibrer ses écailles à la vue du démon. Elle le rejoint et cela recommence, elle se sent nerveuse avec lui.

L’un se penche et l’autre se porte sur la pointe de ses pieds pour que leurs lèvres se rencontrent dans un échange bref et maladroit. Ils s’évitent du regard dans un embarras réciproque tandis qu’ils reprennent leurs distances. Callego se racle la gorge et passe sa main dans sa frange pour dégager les yeux et rompre le silence qui s’installe.

 

— Tu veux faire quelque chose ?

— Je t’attendais pour aller faire un tour avec Blase, si ça ne te dérange pas, demande la rousse.

— Non, répond simplement le démon.

 

Le renard couché sur les ballots de paille saute pour les rejoindre en entendant son nom. Il continue d'ignorer le brun, ce qui amuse Aérin, bien qu’elle ne comprenne pas pourquoi il le fait encore. Serait-ce à cause de son familier ?

Ils s'éloignent de la maison et se dirigent progressivement vers le lac où elle se glisse entre les fourrer et descend le morceau de crête qui donne sur l’affluent de ce dernier. Callego était sceptique de la voir marcher parmi la broussaille, bien qu'il ne lui ait rien dit, mais là, elle part carrément en hors-piste et vient de disparaître !

 

— Oi, Aérin, où vas-tu ? demande ce dernier, alors qu’il tente de ne pas rester accroché dans les ronces.

 

Il s’y glisse à son tour dans la cavité en partie ouverte ou l’eau s’engouffre en formant un petit bassin peu profond. L’eau cristalline reflète les quartz ancrés dans les murs, émettant une lueur magique donnant quelque chose de fantasque à l’endroit. La rousse s’assied et Callego l'a rejoint sans l’imiter, toutefois, tandis qu’il évalue l’endroit.

 

— C’est particulier, dit-il.

— Je me réfugie souvent ici quand j’ai besoin de tranquillité, explique-t-elle.

 

Le regard du brun se perd sur les gobies qui se rapprochent par curiosités d’eux et passe la main sur sa nuque en se la tordant de gêne.

Aérin bascule en arrière pour s’allonger sur le dos tandis que Callego se décide enfin à s’asseoir. Sa nervosité ne passe pas, elle remonte les mains contre sa poitrine alors qu’elle déglutit. Elle a les yeux rivés sur les cristaux et elle se concentre sur sa respiration pour se calmer. Les iris sombres du démon viennent sur elle, puis se reperdent sur l’eau.

Il sent son cœur accélérer et cette boule dans son estomac est revenue. Attend-elle quelque chose de lui ? Doit-il y voir un message au fait qu’elle se soit allongée ? Elle lui avait dit ne pas être sûr de vouloir faire ce genre de chose. Est-ce qu’il se méprendrait ? Pourquoi s’isolerait-elle avec lui dans ce cas ?

Une nouvelle fois son regard se porte sur la jeune et il déglutit d’anxiété… Le plus simple serait de demander, mais il craint de paraitre idiot, si son geste est bien une invitation à de l’intimité.

Il serre les dents et son visage devient chaud comme son corps qui lui paraît traître. Un démon de son rang et de sa lignée qui n’ose pas être entreprenant ? Il y a de quoi rire !

Il inspire un bon coup, se tourne sur elle et là surplombe, son regard froid fixé sur le sien. Aérin se tend nerveusement contre lui, surprise par son geste. Elle le regarde avec les yeux écarquillés.

Callego sent son cœur battre fort et un frisson le parcourt alors qu’il vient abruptement l'embrasser. Aérin s’affole et s’accroche à sa tunique, refermant les jambes par réflexe. Il rétablit les distances, son bras tendu à côté de la tête de la démone. Elle tressaille peu sereine face à la tournure des évènements. Il ne sort pas ses ailes ? C’est une demande ou non ? Elle n’a aucune idée de comment elle devrait réagir pour le coup et il en est de même pour Callego, qui prit dans son propre stress, ne porte pas attention au sien. Il effleure toutefois sa joue d’une main tremblante et comble l’espace entre leurs lèvres. Aérin y répond avec autant de maladresse que lui. Paniqué, Callego glisse la main entre les jambes de sa compagne, qui cette fois se redresse d’un coup, occasionnant une rencontre fracassante entre leurs fronts ! Elle retombe en arrière, Callego se portant sur elle tout en se tenant la tête.

 

— Mais fait gaffe, tu as le crâne dur, putain ! crie-t-il.

— C’est ta faute ! Qu’est-ce que tu vas mettre ta main là-bas ! Réplique la rousse en se tenant la tête.

— Bah… Heu… Enfin ! Balbutie-t-il.

 

Elle se redresse tandis qu’il lui rend son espace, les deux croissants leurs bras au-dessus de leurs genoux. Pourquoi se sent-il si nerveux en sa présence ? C’est comme s’il ne contrôlait plus rien. Son cœur accélère et cela l’agace, il n’aime pas cette sensation qu’il ressent. Il serre les dents et les poings pour que ses mains arrêtent de trembler. Est-ce qu’elle s’est aperçue qu’il n’a aucune expérience ? Callego écarquille les yeux alors qu’un détail, lui vient seulement en tête, hormis le fait qu’il ait sauté des étapes. Il n’y a pas que lui qui n’y connaisse rien !

 

— Excuse-moi… je suis parti du principe que tu avais de l’expérience, mais je fais erreur ?

 

Aérin baisse la tête, honteuse…

 

— Non… Cela te gêne peut-être ?

— Pas du tout.

 

Elle l’a sans doute induit en erreur en s’allongeant, mais pourquoi n’a-t-il pas sorti ses ailes ? Est-ce que les couples ne le font pas ? Elle dévie les yeux vers Callego qui semble tout aussi troublé. Callego valse entre nervosité et énervement, il regarde les poissons toujours aussi curieux, refoulant les sentiments qui l’ont traversé. Il tourne ses yeux vers Aérin, qui en baisse ses oreilles de ce fait. Il grimace, s’apercevant de son malaise. Elle lui avait dit qu’elle n’était pas intéressée ! La rousse prend une inspiration et glisse la main contre celle de Callego, entremêlant les doigts dans les siens. Celui-ci en sursaute, alors qu’elle vient contre lui en se cachant dans son cou. Le brun en a un geste de recul bien qu’il ne la repousse pas pour autant, mais il ignore que faire de ses bras ! Et, surtout, pourquoi elle fait ça ?

 

— Je…

 

Il baisse son visage sur elle, pensant avoir la suite de ce début de phrase.

 

— Tu ? Appuie-t-il.

 

De nouveau le silence. Le démon l’observe en maitrisant le peu de patience qui l’habite. Prêt à se plaindre pour qu’elle se décide à parler, du moins, jusqu’à ce qu’il remarque ses tremblements discrets. Il inspire alors un bon coup et se décide enfin a refermé ses bras dans le dos de sa compagne, pour la blottir contre lui… C'est bien comme cela que fait Shichiro ?

 

— Ne t’en fais pas, j’ai agi sur un coup de tête, dit-il en posant son menton sur le haut de sa tête.

— Callego… Ma santé me bloque… Dans mes sentiments et pour le reste, explique-t-elle.

— Nous avons notre temps... Enfin… Ne te mets pas la pression.

— Mais… Cela ne vous impliquait pas sentimentalement.

— Ne me dis pas que tu espères que nous t’oublierons vite où je te noie !

 

Elle rit, se lovant un peu plus contre lui, Callego détourne les yeux alors qu’il sent ses joues prendre feu.

 

— On rentre ? Je commence d'avoir froid, dit Callego d'un ton calme.

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