L'école des démons acte 1

Chapitre 30 : Acte 30 : Panique a bord.

3357 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 16/01/2022 22:24

Shichiro n’aura jamais été aussi vite ! À un point tel, qu’il épuise dangereusement son énergie. Il aperçoit enfin la demeure de ses parents et se pose sans prendre la peine de ralentir. Ce qui a pour effet de créer une rafale cinglante quand il s’arrête net devant son porche. Il hurle après sa mère en remontant l’allée et se dépêche de rentrer dans la maison.

Sa mère qui l’aperçoit par la fenêtre et se presse d’aller lui ouvrir, confuse.

 

— Shichiro, que se passe-t-il ? 

— Aide là s’il te plait ! dit le démon qui tient Aérin dans ses bras.

— Toi aussi, tu es blessé ! réplique sa mère.

 

Shichiro vient de lui passer devant les pieds pour aller poser la rousse dans le divan. Il se tourne vers sa mère qui le rejoint de ce fait. Elle l’a reconnue, elle les avait accompagnés le jour de la fête des Batora. Hana observe la démone… Elle a des marques de brulures un peu partout sur son corps ainsi que des engelures et que dire de ses traces de garrot ?

 

— Shichiro, comment se fait-il qu’elle soit dans cet état ? Et, toi ? Regarde tes bras !

— Ce n’est pas grand-chose, je ne veux pas qu’elle meure aide là ! réclame l’argenté.

— Je ne vais pas la laisser mourir, réplique la démone, en se tournant sur la démone.

 

Elle dispose ses mains par-dessus Aérin et active sa magie. Hana remarque alors quand plus de ses blessures, la jeune n’est franchement pas en bonne santé ! Même si elle n’est pas d’un très haut niveau, elle peut sentir la défaillance de certains organes et une blessure profonde en son sein qui n’est pas récent. Elle a arrêté l’hémorragie et refermé ses plaies, mais elle ne peut pas faire plus. Ceux qui possèdent une magie de soin, ne font qu’activer la guérison du blessé et celle-ci puisse dans ses propres ressources. Aller trop loin pour guérir une personne peut paradoxalement entrainer sa mort.

 

— Elle porte les stigmates de plusieurs types de magie et je ne parle même de sa santé ! Que t'es-tu trouvé là pour une démone ? rétorque Hana.

— Et alors ? Elle savait le risque qu’elle encourait et malgré tout, elle s’est mise en danger pour nous ! réplique Shichiro, sèchement.

 

Elle écarquille les yeux face au ton qu’a pris Shichiro. C’est bien la première fois qu’il élève la voix ! Elle soupire tout en dévisageant la rousse. Elle le savait qu’il s’attacherait trop à cette petite. Enfin, elle est guérisseuse et elle n’a encore jamais eu affaire à un sujet pareil. Réussir à la guérir entièrement serait un risque à prendre, mais également une expérience enrichissante et après tout, elle est condamnée, donc autant tenté le tout pour le tout.

Shichiro se sert dans la culture pour se préparer de quoi apaiser ses bras qui lui font tout de même mal, puis revient s’asseoir près d’Aérin en soupirant.

Ses parents sont dans le pharmaceutique. Ils créent des remèdes et des onguents, mais en soi, ils les revendent sans réellement s’investir dans la santé de ceux qui leur font confiance. Sa mère n’aurait sans doute pas usé de sa magie pour un démon inconnu. Elle lui a juste fait plaisir.

Son téléphone vibre et il le sort en remarquant qu’il s’agit de Callego. Il s’attendait à ce qu’il lui demande où venir les rejoindre. Cependant, celui-ci le prévient juste qu’il est rentré pour s’occuper de ses propres blessures et lui demande son adresse pour lui envoyer les médicaments d’Aérin.

Hanakao reste à leurs chevets, elle surveille la température de l’enfant qui ne semble pas diminuer tout en observant son fils qui parait ailleurs.

Malgré les évènements, Shichiro se remet les évènements en tête. Il le sent, quelque chose lui échappe… Aérin remue et ouvre les yeux, peinant à se redresser. Shichiro se penche sur elle pour qu’elle reste allongée, alors qu’elle s’aperçoit qu’elle n’est pas chez elle.

Les mains tremblantes, Shichiro l’agrippe et la serre contre lui, ne parvenant plus à retenir ses larmes. Aérin ressert maladroitement l’étreinte… Elle n’a plus aucune force et se laisse plus porter par le démon qu’autre chose.

 

— J’ai eu si peur… Ne fais plus jamais ça ! Sanglote le blanc.

— Désolé, murmure la rousse à bout de souffle.

— Reste tranquille, tu es chez moi, dit-il.

 

Elle parcourt la pièce des yeux. Un intérieur modeste avec des branches et des racines au plafond qui donne à la demeure une allure de nid. Elle est moins impressionnante que la maison de Callego, mais elle est étrangement plus chaleureuse. Elle perçoit un mouvement tandis que le démon lui rend son espace personnel. Hanakao la dévisage et Aérin tente de se redresser, déployant ses ailes pour la remercier, manquant de chuter au sol.

 

— Oh là jeune fille ! Reste tranquille, tu n’es pas totalement remise. 

— Tu veux une boisson ? demande Shichiro qui court à la cuisine sans même attendre son avis.

 

Aérin le regarde partir en souriant de gêne, puis regarde Hanakao qui a suivi son fils d’un mouvement de tête. Celui-ci revient avec les tasses qu’il pose là où il le peut entre les plantes étalées sur la table, pour servir les démones.

 

— Tu aimes quoi comme thé, Aérin ? Maman, une tisane de tilleul du diable ?

— Merci, mon chéri.

 

Il repart aussi vite remplir les dés et mettre la bouilloire chauffer.

 

— Je n’ai jamais vu Shichiro aussi inquiet, il tient beaucoup à toi, commente la mère.

— Shichiro est un gentil démon, répond Aérin.

— Est-ce que tu sais ce qu’il cache sous son masque ? questionne-t-elle alors soudain.

— Oui, il m’a raconté ce qu’il s'était passé, répond Aérin.

 

Le garçon revient, dépose les capsules dans les récipients et renverse l’eau dans un tel excès de zèle, qu’il en déborde. Il tend sa tasse à sa mère et attrape celle d’Aérin pour là lui donner. Il enlève alors son masque pour prendre une gorgée de son thé, se brulant de ce fait.

 

— Tu es stressé, Shichiro ? demande Aérin.

— Plutôt nerveux, les évènements et le fait que tu sois chez moi, répond-il, en grimaçant.

 

Aérin lui sourit et rougit alors qu’il l’embrasse sur la joue, là juste devant sa mère. Hanakao les observe silencieusement, racle sa gorge histoire de lui rappeler sa présence. Cela la dérange qu’il soit amoureux d’Aérin. Non pas qu’elle ait un préjugé sur la rousse, elle vient de gagner un point dans son estime, rien que pour le fait de mettre son fils assez à l’aise pour qu’il soit naturel avec elle. Mais, là est justement ce qui la fait grimacer. Elle ne peut nier le fait qu’ils s’aiment. Elle ne connaît pas grand-chose sur la lignée des Divalis. Toutefois, il est peu probable que son clan accepte que leur fille se marie avec un démon de modeste naissance et surtout d’un clan différent au sien.

Un bruit sourd vient à faire sauter Aérin qui regarde vers la porte.

 

— Ne t’en fait pas, c’est mon père qui vient d’atterrir, dit Shichiro.

 

Le démon rentre dans la demeure. C'est vrai... Il est grand ce démon ! Il a une très longue chevelure blanche épaisse comme celle de son fils, une forte carrure, avec une expression sérieuse. Trait qu’il a en commun avec Hana, si ce n’est qu’elle soit de petite taille et plutôt fine. Le démon rejoint sa famille et regarde durement Aérin qui en déglutit de ce fait.

 

— Je te présente Ueki Balam, mon père. Ah et ma maman, c’est Hanakao.

— Nous t’avons vue à l’école, toi, réfléchit Ueki.

— Je m’appelle Aérin Divalis et c’est exact, répond la rousse.

— Soit la bienvenue, le troisième n’est pas là ? demande alors le père.

— Callego est retourné chez lui chercher les affaires d’Aérin, répond simplement Shichiro.

— Mes affaires ? demande la rousse.

— Je suppose qu’il a cru bon de t’apporter tes médicaments, dit Shichiro.

 

Aérin soulève alors un pan de sa robe pour vérifier l’état de sa prothèse, qui la tiraille un peu.

 

— Elle n’a pas été endommagée ? demande Shichiro.

— Elle n’en a pas l’air.

 

Elle s’abstient de déclarer que ses nerfs la font souffrir…

 

— Tu as une jambe artificielle ? déclare Hanakao.

— Je mets des vêtements assez longs pour que l'on ne la remarque pas. Je sais ce que c’est d’être mal à l’aise à cause d’une blessure, dit-elle en regardant doucement, Shichiro.

 

Quelqu’un frappe à la porte... C’est le domestique des Naberius, même si Shichiro aurait préféré voir Callego plutôt. Ueki est allé lui ouvrir et à présent, donne le sac à la jeune. Hana se rapproche de la démone, alors qu’elle sort les plaquettes quoiqu’en regardant Shichiro les oreilles basses. Celui-ci lui sourit tout en détournant un peu les yeux pour ne pas la gêner.

 

— Puis-je voir les médicaments que tu prends ? demande la mère.

— Heu… Oui, répond la rousse, en les lui donnant.

— Tu as la notice avec les composants ?

— Dans l’autre partie, dit-elle en lui montrant.

— Depuis combien de temps, tu le prends ?

— Presque 4 mois pour celui-là.

— Est-ce que tu sens une amélioration ?

— Un peu, j’ai moins de crises.

— Quelle est ton affinité magique ? Je vois qu’il n’y a que des plantes ordinaires ? demande Hana. 

— Ma magie me permet d’avoir une affinité avec les éléments primaires.

— Donc ce qui a causé ses blessures tout à l’heure, c’est ta propre magie, en soi ? Chéri, tu penses que tu pourrais la sceller ? demande la démone à son Mari.

— Cela risque d’être compliqué, réplique le père.

— La scellée ? Comment je fais sans magie ? panique Aérin.

— Tu t’en passeras le temps que tu guérisses ! réplique Shichiro.

— Et Seth ? râle Aérin.

— Tu compteras sur nous !

— Tu te rappelles que c’est grâce à ma magie qu'ils sont partis ! dit la rousse, vexée.

— Je me souviens de toi mourante, ça oui ! réplique durement le blanc

 

Aérin reste estomaqué, puis baisse la tête et ses oreilles, alors qu'Hana et Ueki les observent silencieux. Eux-mêmes surprit par les propos tenus par les deux et la ténacité de leur fils, face à sa compagne.

 

— Je préfère encore mourir que d’être un fardeau, dit-elle d’une voix plus basse.

— Cela ne sera pas définitif, jeune fille, répond doucement le père.

 

Le père se redresse pour aller voir les livres qu’il a dans sa bibliothèque, alors qu’Hana préfère aller soigner ses plantes. Décidément, elle ne peut pas approuver cette relation, mais interdire à son fils de la continuer se serait également le faire souffrir. Elle soupire et revient face aux jeunes.

 

— J’aimerais tout de même savoir ce qu’il s’est passé, insiste Hana.

 

Aérin se crispe, plaçant la main par réflexe sur la morsure, Hana se raidit… Elle n’y a pas fait attention avec toutes les autres lacérations.

 

— Seth fait partie de mon clan, j’ai voulu me rebeller contre nos traditions en refusant notre mariage.

— Ton clan pratique le mariage arrangé ! réagit la mère.

— En allant contre les principes de ton clan, tu risques d’être rejeté, petite, intervient Ueki.

— Ma magie est rare et convoitée, je ne le serais pas.

— Vous n’avez pas tous la même magie ? demande Ueki, surprit.

— Nous avons tous la capacité de prendre une apparence de monstre qui se lie à notre affinité magique qui, elle, est variable.

— Quoi qu’il arrive, Aérin est perdante, soupire le démon à la chevelure blanche.

— Shichiro, dit Aérin.

— Comment ça, perdante ? reprend le père.

— Ce n’est rien d’important, cela regarde mon clan, continue Aérin.

— Petite, nous avions déjà mis en garde Shichiro qu’il ne devait pas s’attacher à toi. Ce qui est trop tard de toute évidence. Alors, évitez les secrets ! Si la vie de mon fils est en jeu, je devrais vous interdire de vous fréquenter, menace Ueki.

— Papa, Aérin refusait que l’on se rapproche à cause de sa condition, alors ne t’y met pas toi non plus ! Si son clan apprend qu’elle ne peut pas transmettre Primera, elle sera plus que rejetée ! réplique Shichiro.

— Si tu ne peux pas la transmettre, cela ne jouerait pas en ta faveur ? demande Hanakao.

— Non, ce sera vu comme un déshonneur qu’il faudra laver.

— Ça m’énerve ses histoires de mariages forcés, s’irrite Hana qui s’en va de ce fait arroser ses plantes pour se calmer.

— De quel rang est Seth ?

— De rang 5.

— Si tu atteins le même rang supérieur au sien, tu pourras au minimum refuser un démon inférieur à toi, tu n’échapperas pas au mariage, mais tu repousseras l’échéance, dit Ueki.

— Si je deviens Yod est-ce que son clan sera encore en mesure de ma la refuser ? demande Shichiro.

— Oui, mais s’il y a un Yod dans son clan, il sera prioritaire, dit Ueki.

— Il me suffit d’atteindre au minimum le rang huit, personne ne dépasse le rang sept, réplique Aérin.

— C’est un bon esprit, répond Ueki en lui secouant les cheveux.

 

Celui-ci se relève et s’éloigne pour calmer Hana qui arrose un peu trop vivement ses plantes.

 

— Je transmets de tes nouvelles, Degan doit-être inquiet, intervient sèchement Shichiro qui essaie de ne pas réagir sur ce qu’elle vient de dire.

 

Shichiro saisit son téléphone, inscrit le message et l’envoie à son destinataire.

 

— Comment vont les jambes d’Azael ? demande soudain la rousse.

— Il avait du mal à marcher, Callego est resté avec tes frères pour les aider et il est retourné chez lui, après.

— Il ne t’a pas suivi ? demande la rousse.

— Il avait aussi des blessures, répond Shichiro, toujours sur le même ton.

 

Aérin grimace… Le téléphone du blanc vient à vibrer, c’est Degan qui lui a répondu. Il tend le téléphone à Aérin, pour qu’elle lise directement son message, ce qu’elle fait puis le lui rend, rassurée et surprise de savoir Zya chez eux.

Shichiro soupire et Aéon garde son visage bas. Il se penche sur elle et glisse la main contre sa joue qu’il caresse de son pouce. Aérin sursaute sur le coup, dans ses pensées et rougit d’embarras tout en gardant une posture basse.

 

— Je comprends que tu veuilles t’en sortir par tes propres moyens, mais laisse-nous aussi t’aider, murmure Shichiro.

 

Elle le regarde dans les yeux, son visage s’adoucit et elle pose le front contre celui du blanc tout en refusant d’un mouvement de tête.

 

— Quoi qu’il arrive, je ne veux plus que vous vous mêliez de cette histoire. Je ne veux plus voir de blesser. J’assumerai mes obligations si je n’arrive pas à être au-dessus de Seth.

— Aérin… soupire Shichiro en la regardant dans les yeux.

— Je vous l’avais dit que c’était une mauvaise idée, mais s’il y a une chose dont je suis certaine à présent. C'est que je suis bien amoureuse de vous, dit Aérin en lui souriant.

— Tu en doutais encore ?

 

Elle coule contre lui qui la prend dans ses bras pour la réconforter. Aérin en ferme les yeux tout en posant sa tête contre sa clavicule.

 

— Désolé, j’aimerais bien t’embrasser, mais je n’ose pas le faire avec tes parents à côtés, chuchote-t-elle.

— Moi non plus, répond Shichiro sur le même ton : et, j'ai peur de te blesser.

 

Elle remonte les yeux, sa joue mutilée, puis vient lui frôler le nez du sien dans une timidité partagée.

 

— Je vous préviens, si j’entends des bruits suspects ce soir, je rentre dans la chambre !

 

Réplique sa mère les bras croisés tout en tenant son petit arrosoir. Ueki en arrière se prend un fou rire, alors que les jeunes virent aux rouges en secouant vivement leurs têtes.

Ueki est parti voir dans ses livres après un sort qui pourrait sceller la magie d’Aérin tandis que Hanakao s’occupe du dîner, aidé par les enfants.

 

— Cela ne te change pas de tes habitudes ? dit Hana à Aérin.

— On fait régulièrement la cuisine avec mes frères, répond la rousse.

— Tu n’as que des frères ?

— Un frère aîné et mon jumeau, explique-t-elle.

— Et Degan ne lui ressemble pas du tout, dit Shichiro.

— Des faux jumeaux, Shichiro, c’est même plus courant que les vrais jumeaux, ajoute Hana.

 

Le père revient avec un livre en main, il grimace tout en le lisant.

 

— Tu trouves chéri ?

— Je pense avoir une formule, mais elle requiert le niveau 7 minimum, répond le démon.

— Ce n’est pas grave si vous ne trouvez pas, ça me touche que vous y pensiez, dit Aérin.

 

Le démon dévie les yeux sur elle, surprit. Si aidé est inhabituel pour un démon, le remercier pour son aide, l’est tout autant. Drôle de petite ! Étrangement, cela attendrit le démon, il devrait chercher encore un peu, il peut réussir le sceau, mais celui-ci sera quitte ou double pour la rousse. Il vaut mieux encore regarder et dénicher une formule qui aurait plus de chance de réussir. Ueki n’a pas envie de peiner son fils si cela échoue et cette petite démone est plutôt sympathique.

 

— Laisse-moi essayer, je dois faire bonne impression devant mon fils, réplique Ueki en souriant.

 

Elle baisse les oreilles tout en donnant le saladier de carotte à Shichiro. Ses parents se sont mariés dès qu’ils ont eu fini leurs études, ils ont grandi ensemble, fait leurs études ensemble et les ont eus. Mais… Elle ne les a jamais vus avoir des gestes tendres l’un envers l’autre, comme Ueki vient de faire avec Hanakao. Elle a ses frères, mais… Cela lui fait étrangement du bien ce temps passé avec la famille de son compagnon.

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