L'école des démons acte 1

Chapitre 36 : Sous sceller partie 1

2796 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 18/04/2023 21:04

Les minutes leur paraissent être une éternité, aucun mot n’est prononcé, juste de temps à autre un regard vers l’autre, puis de nouveau, ils se perdent dans leurs lectures. Callego n’a rien vu qui ferait penser à une salle d’entraînement, est-ce que Shichiro le fait seulement ? Il doit quotidiennement le faire et encore, il n’a plus vraiment l’impression de progresser. Être Daleth dès la première est rare, mais il n’est pas spécialement plus aisé de prendre du grade pour cette raison. L’acquisition d’un rang devient même plus difficile, car on attend d’eux, plus d’efforts. Il reste deux examens de rang et il espère bien atteindre le rang He d'ici à la fin de l’année.

C’est la troisième fois que Shichiro relit sa page sans retenir son contenu. Ne serait-il pas plus simple de demander à maître Sullivan de sceller la magie d’Aérin ? Ce n’est pas, qu’il n’a pas confiance en son père, mais si ce n’est qu’une histoire de rang, Sullivan devrait être en mesure de remédier à son problème, non ?

L’incantation est difficile, l’interrompre pourrait-être fatal pour Aérin, c’est pour cela qu’Hana reste en retrait et qu’elle s’assure que rien ne dérange son mari. Cela aura été épuisant, mais le sceau est actif ! Le démon s’assied aussi abattu que soulagé d’avoir réussi. La faiblesse d’Aérin pouvait à tout instant rendre le sort dangereux pour elle. C’est aussi pour cela que ses parents n’ont pas osé tenter le coup, Itak étant Daleth et Lucien He. Hanakao vient de sortir de la serre, les garçons se lèvent, le regard incertain alors qu’elle s’approche.

 

— Ton père a réussi à lui imposer le sceau, maintenant, il lui faut du repos.

— Tu penses qu’il y a de l’espoir pour elle ? demande Shichiro.

— Je ne serais pas m’avancer, tout dépend de sa volonté.

 

Ueki sort à son tour de la serre et rejoint sa famille et Callego.

 

— Le sceau fonctionne, mais je n’ai pas pu sceller toute sa magie au complet, cela demande un niveau supérieur, explique le démon.

— Ça ne va pas poser de problème ? demande Callego.

— Non, il est compliqué de sceller un pouvoir héréditaire, alors je n’ai fait que bloquer son affinité avec certains éléments.

— Je suppose que vous avez bloqué les éléments contraires ? Demande Callego.

— Bonne déduction, petit.

— Elle va s’en sortir ? demande Hana.

— Elle a une volonté de fer, laissons-lui le temps de se reposer.

 

Il se lève et titube, Hana se dépêche d’aller le soutenir, Ueki a tout donné pour aider cette petite qu’affectionne son fils.

Shichiro et Callego se dévisagent sans savoir comment prendre la nouvelle. Le brun se charge d’informer Azael de la réussite du sceau…

Suite à quoi, Shichiro emmène Callego dans sa chambre, le temps que la jeune ce réveil. En entrant dans la pièce, Callego fixe son regard sur son lit, perplexe de le voir suspendu dans le lierre.

 

— Tu ne tombes jamais ?

 

Shichiro rit et Callego en fronce les sourcils.

 

— Aérin m’a posé la même question. Non, je ne suis jamais tombé.

— Je ne serais pas à l’aise de dormir en hauteur, grimace Callego.

— Il est soulevé par les plantes, je peux aussi faire ça.

 

Il baisse la main et les lianes qui s’entortillent autour de l’armature reviennent au sol. Callego observe le reste de la chambre. Shichiro a plus de livres que lui, sans compter ceux qu’ils créent.

 

— Je peux ? demande-t-il en saisissant un de ses ouvrages.

— Bien sûr, répond le démon.

 

Il n’est pas spécialiste des animaux, il se sert souvent des notes du démon pâle pour les cours de botanique et de biodiversité depuis le début de l’année.

 

— Si tu t’amuses à faire un glossaire pour toutes les créatures du monde, tu vas devoir partir en voyage, non ?

— C’est ce que je compte faire quand j’aurai fini mes études, dit Shichiro.

 

Callego lui sourit et continue de feuilleter le reste du livre.

 

— Narnia travaille aux patrouilles frontalières, il t'aidera dans tes déplacements, annonce le brun.

 

Shichiro sourit en guise de réponse, il pense dans un premier temps crée des livres pour assister les élèves dans leurs études, comme il le fait déjà avec eux. À compter que les élèves acceptent de lires puisqu’ils en ont peur. Shichiro n’a toujours pas compris que ce n’est pas son masque, ni ses crocs, mais son comportement tactile qu’ils fuient.

Le soir, ils descendent aider Hanakao à préparer le repas, le père est retourné travailler, il sera donc absent. Contrairement aux Divalis, Callego n’a pas l’habitude d’assister aux tâches ménagères et encore moins en cuisine, ce sont les domestiques qui s’occupent de tout. Les parents d’Aérin paraissaient sympas, mais il peut comprendre la peine qu’à cette dernière en leurs absences. Shichiro lui est fusionnelle avec les siens. Callego ne peut pas déclarer que ses parents ne s'occupent pas de lui, il a tout ce qu’il faut. Toutefois, comme Aérin, ils ne sont jamais là et les rares fois où il peut les voir, leurs interactions sont froides.

Le plat mijote et le service de table est mis. Les garçons se sont assis dans le canapé et Shichiro a allumé la télévision.

 

— Votre famille est spécialisée dans la guérison ? demande soudain Callego.

— Plutôt dans la pharmaceutique, mes parents y travaillent tous les deux, répond Shichiro.

— Et d’où te vient cette manie de te pendre à l’envers ?

— C’est une habitude, dit Shichiro en se grattant la joue.

— Que fait-on si elle ne se réveille pas d’ici demain ? demande Callego, changeant brusquement de sujet.

— Il serait mieux de la ramener à ses frères, tu ne penses pas ?

 

Callego acquiesce d’un mouvement de tête, avant que les deux ne se redressent à l’appel d’Hanakao pour le souper. La complicité entre les garçons et leurs différences de caractère amuse fortement la démone !

De son côté, Aérin revient à elle. Quel étrange sensation, elle a l’impression d’être étreinte par une corde invisible ! Que se passe-t-il, où est-elle ? Est-elle toujours vivante ? La douleur est bien plus supportable.

Aérin n’entend aucune voix, que s’est-il passé ? Où sont ses frères ? La rousse ouvre les yeux, son mal de tête l’en fait perdre l’équilibre, alors qu’elle se redresse. Elle ne reconnaît pas l’endroit. La démone descend de la table ou un pentagramme et des bougies éteintes sont placées autour d’elle. La démone balaye la pièce fournie en plantes d’un mouvement de tête et se dirige vers la porte. En ouvrant celle-ci, elle vient à sursauter en apercevant les personnes qui l’observent. Où sont Degan et Azael ? Elle ne sait pas comment réagir face aux démons qui s’approchent d’elle en lui demandant comment elle se sent ?

 

— J’ai la tête qui tourne... Ou sont mes frères ? demande doucement la rousse, confuse.

— Aérin, tu es toujours chez moi ? répond Shichiro, penaud.

— D’accord, mais… Qui êtes-vous ?

 

Les garçons écarquillent les yeux, Aérin est amnésique ? Le sceau n'a pas fonctionné ? Hanakao les rejoint tout en donnant un thé à la jeune et l’invite à s’asseoir.

 

— Ta confusion est normale ma chérie. Tes souvenirs te reviendront, tu as subi de lourds dégâts et nous avons scellé une partie de ta magie pour t’aider à guérir. Ne vous en faites pas, ce n’est qu’une perte de mémoire temporaire, dit Hanakao aux garçons.

 

Aérin observe le démon pâle et le démon sombre, ils paraissent si tristes. Est-ce qu'ils se connaissent ? Elle ne s'en souvient pas et comment a-t-elle pu avoir de nouveau dégâts ? Elle se souvient juste de l’incident, de ses frères et de rien d’autre.

 

— Je suis navrée, je ne me rappelle plus de vous… D’où nous nous connaissons ? demande la rousse aux garçons.

— Nous sommes camarades de classe, je m’appelle Shichiro, répond le démon, en contenant sa crainte qu’elle ne puisse jamais se souvenir de lui.

 

Aérin secoue lentement la tête en le regardant embarrassé, puis se tourne vers le brun.


— Je m’appelle Callego, ne t’en fais pas, tes souvenirs reviendront, dit-il, doucement.

— Callego, tu peux parler posément, réplique Shichiro.

— Je sais me maitriser, proteste le brun à ce dernier.

 

Aérin les dévisage chacun à leur tour et se met à sourire doucement :

 

— Ça m’est étrangement familier.

— Tes frères sont chez un autre camarade, Azael a été blessé, ils y sont le temps qu’il se remette. Est-ce que tu veux aller les rejoindre ? demande Shichiro.

— Rester loin d'Opéra, ça me plait bien, réplique Callego.

— Opéra ? demande alors la rousse.

— Le camarade en question, dit Shichiro.

— Si cela ne vous dérange pas, je préfère rejoindre mes frères.

 

Le démon pâle lui a donné ses affaires et la voici à accompagner les deux dans les airs. Donc… Elle serait proche de ses deux, là ? La démone ne se souvient pas de ses jours à l’école, ni même de comment elle les a rencontrés. C’est vraiment étrange ce regard qu’ils ont et cette familiarité qu’elle ressent en leur présence. Le manoir s’élève devant ses yeux. Azael et Degan sont dans un tel bâtiment ?

 

— Attendez, ce n’est pas le seigneur Sullivan qui vit ici ? Dit soudain Aérin.

— Tu t’en souviens ? demande Shichiro.

— Tout le monde connaît le manoir, mais pourquoi ici ? demande la rousse.

— Opéra est le majordome du directeur, il est dans la même classe qu’Azael, explique Shichiro.

— Azael s’entend avec un démon ? dit-elle, étonnée.

 

Les démons se posent et frappe à la porte, Opéra venan à leur rencontre, levant un sourcil en voyant Aérin le saluer, sobrement.

La rousse dévisage Opéra, il ne lui dit rien. Elle accompagne les démons à l'intérieur et court rejoindre ses frères une fois qu’elle les aperçoit et saute dans les bras de Degan, puis se retourne sur Azael, remarquant seulement Zya.

 

— Zya ? J’ai perdu la mémoire, mais je suis franchement surprise de te voir auprès de mes frères !

— Comment ça, tu as perdu la mémoire ? demande Degan.

— Elle ne se souvient plus de nous, dit Callego.

— C’est une réaction normale après le sceau qu’a pratiqué le père de Balam. Ta mémoire va te revenir, ne t’en fais pas, ma chère, intervient Sullivan. 

— Tu te souviens de quoi ? demande Degan.

— C'est vague, quel est mon lien avec vous ? demande-t-elle en se tournant vers Callego, Shichiro et Opéra.

— Tu es en couple avec eux, répond Opéra, sans tact.

 

Aérin le dévisage, puis se tourne vers les deux autres, devenant rouge comme une pivoine !

 

— Comment ça, avec vous deux ? dit-elle, étonnée.

— Merci Opéra, râle Callego.

— Opéra t’entraine au combat, rajoute Azael.

— Vraiment, répond-elle, toujours plus surprise.

 

Aérin se souvient que cela lui avait été interdit, elle s’assoit, la confusion lui redonne mal à la tête. Zya est avec eux et tranquille au côté de son frère qui l’a pourtant envoyé chier l’an passé.

 

— Je me souviens du bal ou tu as été impolis avec elle, cela fait bien un an ? demande la rousse.

— C’est exact, donc c'est le début de cette année que tu as oubliée ? intervient Degan.

— J’en ai l’impression. Je me souviens que je refusais de porter cette tenue quand maman nous les a fait faire pour la rentrée, dit-elle en regardant sa robe.

— Ce n’est pas grand-chose d’oublié finalement, ajoute Opéra.

— Parle pour toi, rétorque Callego.

— Cela reste une période importante pour eux, réplique Azael.

 

Que faire ? Elle ne se souvient pas de ce qu’elle a bien pu échanger avec les garçons. Elle préfère, de ce fait, subsister avec Degan. Shichiro et Callego sont assis l’un à côté de l’autre. Le duo n’a aucune idée de quoi faire ou que dire pour éveiller ses souvenirs.

Degan essaie à sa manière en étant lui-même. Shichiro lui montre ses livres en espérant l’aider. Callego lui se contente de lire ses notes et encore une fois serre les dents de ne rien avoir de plus pour tenter de faire revenir ça mémoire. La soirée passe et le soir venu, Callego et Shichiro retournent chez eux. Les Divalis eux restent au manoir ou Aérin retrouve ses vieilles habitudes et se couche avec Degan.

 

— Ça faisait longtemps, ça me manquait presque de ne plus dormir avec toi ! ricane le rouge.

— Comment ça ? On ne dort plus ensemble ? demande Aérin.

— Pas ses derniers jours en tout cas. Tu es allé chez Callego et ensuite chez Shichiro, vous êtes resté ensemble cinq jours, explique le jumeau.

— Donc, je suis réellement en couple avec eux ?

— Tu ne te souviens pas de Seth et du bal ?

— Non, dit-elle en secouant la tête.

— Seth t’a agressée et Callego t’a protégé, il t’a proposé d’aller chez lui pour te changer les idées.

— Il parait pourtant si froid, dit la jeune.

— Il est renfrogné, mais il veille sur toi tout autant que Shichiro, réplique Degan.

— Je suis certaine que je ne voulais pas de copain et me voilà avec deux mecs, dit Aérin, penaude.

— Ça n’a pas été facile pour toi au début.

— Et si… Mes souvenirs ne revenaient pas ? Je ne sais pas comment me comporter avec eux. Si j’ai été amoureuse, je devrais pouvoir l’être de nouveau ?

— Ils ne te mettront pas de pression, laisse le temps au temps, répond simplement son frère.

— Depuis quand tu es aussi sage toi ? réplique la rousse, en souriant.

— Depuis cette année, tire-t-il la langue.

 

Au moins une chose qui n’a pas changé… Ils s’allongent et s’endorment à l’inverse des deux autres Divalis. Azael caresse l'épaule de Zya assise à ses côtés, la tête posée contre lui, le bras du bicolore logé dans le dos de la démone.

 

— Il ne faut pas qu’elle évite les garçons, ajoute doucement Zya.

— C’est déjà ce qu’elle fait. Combien de temps cela va prendre pour que ses souvenirs reviennent ? soupire Azael.

— Cela dépend d’elle. Si elle veut retrouver la mémoire, cela ira plus vite, mais si elle doute, ça va être compliqué, discute l’albinos.

 

Il soupire une nouvelle fois en fermant les yeux. Décidément, Aérin enchaine les malheurs. Azael a machinalement posé sa tête contre celle de Zya et inhale depuis quelques minutes son parfum…

 

— Tu veux dormir seule ou tu restes avec moi ? demande soudain le démon.

— Je crois… Que j’aime bien dormir avec toi, rougit-elle.

 

Il penche la tête vers elle et lui sourit, se retournant pour la prendre dans ses bras, soulevant le cœur de cette dernière, qui se love timidement contre lui pour s’allonger sur le matelas. Il glisse les doigts dans sa chevelure nacrée, pour calmer sa propre nervosité, souriant en baissant les yeux sur le visage souriant de Zya.

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