L'école des démons acte 1

Chapitre 12 : Abel

2201 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 10/12/2021 23:25

La soirée est plus calme, les adultes restent entre eux à parler de choses et d’autres. La fratrie préfère entrainer la bande avec eux dans leur salle pour aller manger. Elle regroupe les instruments de musique de Degan, deux télévisions, des consoles de jeux et un lecteur DVD en plus d’un grand canapé assez large pour que les six puissent s’asseoir sans se gêner. Ils discutent de la danse des jumeaux, se moquant un peu d’Azael alors qu’il s’imagine le démon en faire de même. Puis, on vient à frapper à leur porte et un démon entre pour interpeller Aérin. La rousse grimace et se redresse, s’excusant de son départ. Degan et Azael se regardent dans un silence qui veut en dire long.

 

— Ça m’étonnait de le voir ici aujourd’hui, celui-là, râle Degan.

— Vous venez d’avoir 15 ans, il fallait sans douter, soupire Azael.

— Il y a un problème avec ce gars ? demande Opéra, prêt à en découdre.

— Ce vieux pervers à des vues sur elle, dit alors le rouge énervé.

— On n’y peut rien Degan, notre famille fonctionne de cette façon.

 

Shichiro se penche vers Callego :

 

— C’est encore autorisé les mariages forcés ?

— Maître Sullivan peut défendre Aérin, dit Opéra.

— Sullivan peut intervenir ? demande Degan en se tournant sur le félin.

— Ce sont des accords entre les membres de notre clan, je doute vraiment que Sullivan puisse avoir son mot à dire, si ce n’est pour son propre intérêt, intervient Azael.

 

Les parents s’arrangent bien avant la naissance de leurs enfants sur les possibles unions à venir. L'année dernière, Azael s'est vu présenter sa future compagne. Degan devrait se voir offrir la sienne également cette année. Ils détestent cette tradition familiale à laquelle ils ne peuvent pas déroger au risque d’être rejeté, pour ne pas dire, éliminer par le clan.

Aérin suit Abel jusque dans le salon, son regard se dirigeant vers ces parents. Ceux-ci sont près de la tonnelle et la regardent en lui souriant. Bande d’hypocrite, se dit-elle. Son grand-oncle, l’invite à s’asseoir et il en fait de même.

 

— Aérin, tu viens d’avoir quinze ans, tu sais ce que cela signifie ? demande le démon.

— Mes parents m’ont parlé de Seth, réplique la jeune, d’un ton sec.

— Il a trois ans de plus que toi, il est de rang He. Le pacte ne se fera pas avant ta dernière année d’école, ça vous laisse du temps pour apprendre à vous connaître, lui dit, le démon.

— Oui…

— J’ai remarqué que vous aviez trois invités qui ne sont pas de notre lignée ?

— Ce sont des camarades de classe, dit simplement, la démone.

— J’espère qu’ils ne sont que cela. Aérin, j’aimerais que tu viennes un peu à la maison pendant les jours de la fin, déclare l’oncle.

— Quoi ? Mais, je n’ai jamais quitté mes frères !

— Voyons, tu ne vas pas mourir parce que tu te sépares d’eux, intervient Abel.

 

Abel pose sa main sur son épaule, encrant ces yeux dans ceux de la démone qui se raidit d’un coup.

 

— Tu vas venir à la maison n’est-ce pas ?

— Je préfère rencontrer Seth en terrain neutre dans un premier temps, dit-elle en détournant les yeux.

— Si tu y tiens, vous devriez vous croiser au bal, ce sera l’occasion de faire connaissance.

 

La rousse dévie les yeux et acquiesce, de toute manière, elle n'en a pas le choix.

 

— Tu es mignonne, Seth a du caractère, il prendra soin de toi et de vos enfants.

— Je n’en veux pas, murmure Aérin.

— Tu dis ça aujourd’hui, mais dans six ans, cela sera différent et de toute façon. Tu dois donner au moins un héritier au clan, surtout toi qui portes primera et Seth n’a pas forcément besoin de ton consentement, conclu Abel.

 

Aérin n'ajoute rien quant à cette dernière réplique qui pourtant lui donne envie de hurler ! Le démon se relève et retourne auprès des adultes. Les parents de la rousse viennent la rejoindre en apercevant son regard apeuré.

 

— Ça va ma chérie ? Demande Itak.

 

Aérin s’en va, préférant les ignorer. Ils la suivent alors qu’elle retourne vers les garçons. Cependant, son père la rattrape avant qu’elle ne se glisse entièrement dans la pièce, soulevant l’attention du groupe.

 

— Qu'y a-t-il Aérin ?

 

La rousse se défend, énervée et soupire en déviant son visage tout en regardant dans le vide, refoulant un peu de cette colère qui la ronge.

 

— Je connais mes obligations, j’ai juste besoin de digérer la nouvelle, dit-elle, en maitrisant son ton.

 

Lucien soupire et sa femme derrière lui, le tir par la manche, lui disant de le laisser pour ce soir. Elle claque la porte et vient s’asseoir entre Degan et Azael. À présent, elle comprend ce qu’a pu ressentir son aîné, l’année passée.

 

— C'est difficile, dit Azael.

— Abel veut que je vienne chez eux pendant les jours de la fin pour à prendre à connaître Seth, dit-elle en apostrophant le mot, connaître.

— Rien ne t’y oblige, mais tu accepteras peut-être plus facilement le mariage si tu apprenais à le connaitre, tente de la rationaliser, Degan.

— J’en doute… Avec ce qu’a dit Abel, il est hors de question que j'aie chez lui, réplique Aérin.

 

Callego, Shichiro et Opéra sont restés silencieux. Cela ne les regarde pas et de toute façon, ils ne pourraient rien faire de leurs côtés. En revanche, la réplique qu’Aérin vient de dire, les faits tous froncer des sourcils.

 

— Comment ça ? demande Degan.

— Il m’a plus ou moins menacée, explique la rousse.

— Que t'a-t-il dit ? répète Azael plus sèchement.

— Je lui ai dit que je ne désirais pas d'enfants pour voir sa réaction, dit-elle à voix basse.

 

Ses frères se figent, ils connaissent les obligations du pacte et donc le problème d’Aérin à ce niveau.

 

— Garde-le pour toi ! Si le clan apprend que tu ne peux pas… coupe Azael, en regardant en direction de la porte.

— Elle ne peut pas quoi ? Demande alors Opéra.

— Je n’ai pas que perdu la jambe durant l’accident, mes organes ont aussi été touchés, explique la démone.

 

Pas besoin d’en dire plus, ils ont compris l’allusion.

 

— Que t'a-t-il répondu ? Continue Azael.

— Que Seth n’avait pas forcément besoin… De mon consentement, dit-elle d’une voix serrée.

 

Degan vient à frapper le poing contre le sol, il se lève rattrapé par Azael qui le maintien sur place.

 

— Que comptes-tu faire ?

— Mettre mon poing dans sa sale gueule ! Crache le démon.

— Tu vas mettre de l’huile sur le feu ! Ce sont les mots d’Abel, pas de son fils ! Évite les jugements hâtifs ! tempère Azael.

— Il est son fils, tu le crois différent ? affirme le rouge.

— Et moi ? Tu te souviens de mon comportement avec Zya ? continue Azael.

 

Degan se calme sur le champ, oui, ils s’en souviennent.

 

— Nous n’avons pas le choix, il vous reste six ans pour vous y faire, soupire le bicolore.

— Pourquoi six ans ? demande Shichiro d’une voix basse.

— On ne se marie qu’une fois nos études finies, explique Azael plus posément.

 

Le silence est revenu. Shichiro observe Aérin sans trop savoir que penser. Le démon a toujours cette pointe en lui quand il la regarde qu’il ne comprenait pas. Maintenant qu’il sait qu’elle va être mariée de force. Le blanc en ressent une étrange colère. Il refuse de la laisser à ce démon. Callego baisse les yeux sur Shichiro qui en serre les poings et tremble. Le brun les dévie, son regard rencontrant celui de Degan qui le soutient étrangement. Par ailleurs, il ne peut pas déchiffrer ce sentiment qui le parcourt. Pourquoi il se sent en colère alors que lui-même est tenu à des obligations familiales ? Mieux que Shichiro, il peut la comprendre. Pourtant, il ressent de l’injustice pour le cas des Divalis. Sans doute parce que si c’était lui qui était dans cette posture, il n’en serait pas ravi non plus ! Dans la chambre, Aérin s’assied sur le matelas et s’allonge sur son frère. Les autres en font de même, Degan essaie de lui parler, mais elle a juste envie d’oublier.

 

— Callego, Shichiro, vous pouvez prendre la salle de bain ici, Opéra, je vais te préparer ce qu’il faut dans la mienne, rompt le silence Azael qui invite le félidé à le suivre.

 

Le rouge imite son aîné en proposant à Callego d’y aller en premier. Shichiro reste donc avec Aérin le temps que Degan sorte ce qu’il faut. Il se glisse près de la rousse et lui caresse la tête. La démone baisse les oreilles, se blottissant un peu contre lui, ce qui le met dans un certain émoi.

Si elle n’était pas aussi épuisée, elle s'apercevrait que les doigts qui se glissent dans sa chevelure sont plus fins que d’habitude. Degan a laissé le brun pour revenir vers Shichiro. Il regarde le démon avec un léger sourire.

 

— Elle pensait que c’était toi, rit Shichiro.

— Et tu le fais quand même ? réplique le rouge.

— Ça ne me dérange pas, répond-il simplement.

— Ça doit même te ravir, dit-il d’un clin d’œil.

 

Shichiro penche la tête, sans comprendre l'allusion de Degan.

 

— Je suis sûr ne pas me tromper en pensant que tu as un faible pour elle, dit-il un peu narquois.

— Non, c’est que… Elle est gentille, chuchote le démon.

 

Callego est revenu et laisse la place au blanc qui invite son camarade à le remplacer dans sa tâche. Ce qui bien évidemment ne plait pas au démon colérique. Degan s’excuse de vouloir parler à son père et s’en va. Callego s’est assis où était Shichiro qui vient de rentrer dans la salle d’eau. Aérin se redresse alors sur ces bras et lui marmonne une chose qu’il ne comprend pas. Est-il qu’elle ait vraiment tenté de dire des mots intelligibles ? La démone le regarde d’un air perdu, puis se plaint d’avoir froid et se couche contre lui, tête sur ses jambes qu’il tenait en tailleur et qui sont maintenant pliées. Il a relevé ces mains en se figeant, le regard assombri.

 

— Tu dors réellement toi ?

 

Non… Mais avec cette nouvelle, elle se sent perdue. Callego ou Shichiro, elle sollicite seulement du réconfort. Le brun est raide et racle sa gorge, il glisse les doigts entre ces mèches, ses sourcils se fronçant de plus en plus. Le feu lui monte aux joues et une nouvelle fois, s’énerve contre lui-même. La porte s’ouvre sur Azael et Opéra qui reviennent près d’eux, Callego s’est jeté visage contre le drap, soulevant l’interrogation des deux autres.

 

— Oi Callego, tu profites des filles dans leurs sommeils, ricane le bicolore.

— Elle s’est collée à moi parce qu’elle avait froid, vous me prenez pourquoi !

 

Degan était bien énergique, cette fois, il a envie de dormir. Il aide Callego en tirant sa sœur, qui change de sens et agrippe son frère comme un koala. Shichiro s’est mis à coté du brun, Opéra est à l’autre bout du lit à côté d’Azael. Callego sera le seul à ne pas réussir à trouver le sommeil. Degan bouge énormément, néanmoins ce n’est pas lui qui le perturbe. Les jambes d’Aérin viennent dans les siens quand elle se recroqueville. Elle est déplacée par son frère, quand lui-même modifie sa position. Et, que dire de Shichiro qui est agglutiné à lui. Le brun n’ose pas se retourner, sinon ce sera le visage de la rousse qu’il aura en face du sien. Azael dort avec les bras croisés au-dessus de sa tête, la bouche grande ouverte et Opéra… Dors sur le ventre et le cul en l’air.

 

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