Demi-sang.

Chapitre 14 : Petite sortie.

2560 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 12/03/2022 21:21

Elle mord dans la part de tarte aux fraises tout en se léchant les doigts avant de tourner la page de son ouvrage qu’elle dévore avec la même intensité que sa pâtisserie. Elle est seule depuis ce matin, Shichiro est allée chez son collège Callego. Elle ne fait que relevé les yeux, alors qu’il franchit le chambrant de porte, qu’il referme calmement derrière lui et l'a rejoint dans la cuisine. Kikai glisse son marque-page dans le livre et le referme pendant que le démon met de l’eau chauffer.

 

–Shichiro, est-ce que les démons se draguent ?

–Ils se quoi ? S’en retourne-t-il confus.

–Se courtiser, rie-t-elle.

–Ah ! Bien sûr, pourquoi ? Demande-t-il en venant s’asseoir.

–Qui fait le premier pas ? En détourne les yeux Kikai.

–Tu veux des conseils pour Sabnock ? La taquine alors Shichiro.

–Je suppose qu’il ne m’invite pas à passer la journée avec lui, ainsi, rougit-elle.

–Tu as vraiment besoin d’un conseil ? Tu te débrouilles déjà mieux que moi, rit le démon.

–C’est Aérin qui a fait le premier pas ? Ose-t-elle lui demander.

–Pas vraiment, répond le géant.

–Toi ?

–Non plus, se tasse le démon en se grattant l’arrière de la tête.

–Callego ? En rit presque la démone.

–Disons que l’on ne savait rien faire de simple, se contente de dire Shichiro.

–Je vois, je vois, rigole Kikai… Mais, alors, elle fait quoi ?

–Mais si tu veux des conseils sur la séduction, tu peux demander à Reim.

–Reim ?

–La succube que tu as vu la dernière fois dans la salle des profs. Elle donne cours de séduction, l’informe le démon.

–Vous avez ce genre de cours ? En penche-t-elle la tête.

–Cela reste aussi une arme, réplique simplement Shichiro.

–Ce ne serait pas plutôt un cours sur le comment manipuler un homme ? Réplique Kikai.

–Il est plutôt rare pour les démons d’être amoureux. C’est le désir qui nous animent avant tout. La luxure, l’envie… En général, les femelles ne regardent que les démons de hauts rangs et en particulier quand ils sont de hautes lignées.

–Donc… Sabro ne serait intéressé par moi, que parce que je suis d’un rang niveau supérieur à lui et… J'ignore si les Bahamut sont d’une bonne lignée, mais tout le monde semble les connaitre.

–Les Bahamut ont du prestige. Ce sont les seuls à pouvoir se transformer en dragon, lui explique Shichiro.

–Mais… Sabro sait que je ne le peux pas.

–Je ne pense pas que Sabro prête attention au rang et à la lignée, lui sourit Shichiro.

 

Peut-être. Elle se lève, excusant le démon d’aller se mettre autre chose sur le dos. Une fois devant sa commode, un blanc vient à s’installer, est-ce que Sabro s’intéresse uniquement à elle pour sa position ? Elle lui a dit qu’elle vivait exclue avec son père et s’il avait compris qu’elle n’a de ce fait jamais connu de mec.

 

Elle grimace, alors que son regard se perd sur ces vêtements. Elle soupire et sort une robe noire en soie qui lui arrive jusqu’au genou. Elle brosse ces cheveux en une demi-queue de cheval et enfile de longs gants mitaine en soie noire et des bas qui lui arrive sous la rotule. Peu importe ce qu’il pense, s’il compte se servir d’elle, elle en fera de même et se fera un plaisir de ne jamais lui donner ce qu’il convoite ! Shichiro relève les yeux vers la dragonne qui le rejoint. Celui-ci se redresse et comme promit, l’accompagne jusqu’à la ville et attendent près de la fontaine comme convenu, l’arrivée du blond.

 

-Ca va Kikai ? Lui demande le blanc la trouvant étrange.

–Oui, pourquoi ? Réplique la violette.

–Je te trouve étrange depuis notre discussion. Je me demande, si je ne t’aurais pas induite en erreur en te parlant du cours de séduction tout à l’heure.

–Ne t’en fais pas… Je me doute que les démons ne peuvent pas avoir les mêmes sentiments que les humains. Mais, je ne laisserai pas Sabro jouer avec moi, rétorque-t-elle.

–C’est bien ce qu’il me semblait. Kikai, tous les démons ne sont pas ainsi. Ne sois pas trop sur la défensive, ajoute Shichiro en grimaçant.

 

Il n’aurait peut-être pas dû parler de ça… Sabro lui de se poser devant eux et les rejoints. Shichiro lui confie alors sa protégée et retourne chez lui, tout en leur jetant un dernier coup d’œil.

 

Du haut de son mètre soixante, elle ne voit pas grand-chose. Heureusement Sabro dépasse d’une bonne tête les autres démons, c’est plus facile pour elle de le rejoindre qu’inversement. Il force un peu le passage, attrape le poignet de Kikai, pour se déporter de la masse. Sous les marquises des magasins où elle reprend son souffle.

 

–C’est pratique d’être grands, tout le monde s’écarte de toi.

–Tu veux que je te porte ? Plaisante Sabro.

–En robe ? Ironise la violette.

–Tu ne portes pas de culotte ? Cligne-t-il de l’œil.

–C’est fin…

–Le bar est par là, lui indique le blond.

 

Kikai saisit le poignet de Sabro qui s’en retourne de ce fait en pensant qu’elle voulait lui parler.

 

–Ne va pas si vite ! T’as de grandes pattes, dit-elle.

 

C’est une idée ou elle parait acerbe aujourd’hui ? Il ignore comment le prendre. Est-ce qu’elle se sent mal ? Serait-elle fâchée ? Il hésite puis finalement, il lui fait lâcher son poignet préfèrent emmêler ces doigts dans les siens. Le cœur de la dragonne vient de vaciller… Elle en grimace, se trouvant ridicule de se sentir ainsi alors qu’il ne l’aime peut-être pas.

 

Sabro avance, ces iris jaunes figés sur la porte d’entrée du bar, dont ils se rapprochent. Le démon se sentait moins nerveux face au dragon carmin du parc. Ils entrent dans le bar ou Sabro fait à présent passer Kikai devant lui, afin qu’elle puisse suivre le serveur et aller s’asseoir à la table qu’il leur propose. Au fond de son siège, la dragonne lit le menu et s’accorde avec le blond pour passer leur commande. Après quoi, un petit silence gênant vient à s’installer.

 

–Puis-je te poser une question sur ta famille ?

–Oui, penche-t-elle sa tête.

–Ceux qui t’ont enlevé ton père, ont-ils été capturés ?

 

Elle se raidit ce qui n’échappe pas au blond.

 

–Pardon, tu n’es pas obligée de répondre.

–Ne t’en fais pas, je dois oublier ce qu’il s’est passé.

–L’accepter, mais pas l’oublier, lui répond sobrement le démon.

–Et non, ils n’ont pas été arrêtés.

–Ils se cachent ?

–Bien sûr ! Ils ne savent que s’en prendre au plus faible.

–Tu sais qui ils sont ?

–Mes frères et sœurs aînés…

 

Le serveur apporte leur plat, ramenant leur silence.

 

–Si j’avais pu seulement l’aider, réplique Kikai.

–Monte de rang, obtient ton diplôme et entre dans la sécurité pour les envoyer au tartare.

–Est-ce vraiment faisable avec une aile en moins et une magie héréditaire inutile ?

–Tu sais te défendre et il doit y avoir des magies qui devraient pallier ton aile manquante. C’est déjà ce que tu fais avec ton familier.

 

Elle enfourne le morceau de viande en regardent le charbon crépiter sous la grille. Sabro regarde en direction du karaoké. Plusieurs démons chantent les tubes de Kuromu.

 

–C’est elle que Kerori adore ?

–Ouais… Réponds Sabro, sa fourchette en bouche.

–Elle a l’air d’avoir du succès.

–Mouais, répond-il sur le même ton.

–Tu n’es pas fan ?

–Pas vraiment. Enfin, elle fait son taf, quoi.

 

La dragonne lui sourit, elle ne connaissait bien évidemment pas les diablodols, ni leurs rôles dans ce monde. Du moins jusqu’à ce que Kerori le lui en parle après avoir visiblement été vexée. Les diablodols ont pour rôle de faire évacuer le stress des démons. Le cycle du mal est un sujet qui revient souvent. Son père le lui en avait parlé. Elle n’a jamais cédé à son cycle, mais, comme elle n’est que demi démone, elle n'en est sûrement pas sujette.

 

–Tu as déjà cédé à ton cycle du mal ? Demande alors Kikai à Sabro.

–Comme tout le monde… Lui répond le blond en levant les yeux vers elle.

–Je n’ai jamais vu mon père y céder. Et, moi non plus.

–Ah bon ? S’étonne Sabro.

–Tu sembles surpris ? Penche-t-elle la tête.

–Pas mal de situations peuvent nous y conduire. Moi-même qui ait pourtant une bonne maîtrise de soi ait déjà posé un problème avec. Je suis étonné que tu n’y aies pas cédé, avec ce que tu sembles avoir vécu… Note qu’Iruma est le premier démon, à ma connaissance, à être resté non violent, alors qu’il était dans son cycle du mal, réfléchi Sabro a voix haute.

–Comment ça ? *Iruma y eu le droit ? Mais il est humain ? *

–Bah, il était juste plus sûr de lui, arrogant je dirais… En y réfléchissant, cela ressemblait plus à un changement de personnalité, qu’à un cycle du mal.

-Je vois, souris Kikai. *Sullivan a peut-être imité un comportement similaire au cycle du mal avec un sort pour aider Iruma dans son adaptation parmi les démons ? *

 

Elle aspire son milkshake en feuilletant la liste des chansons proposées, sous le regard du démon qui attend qu’elle se décide.

 

–Tu as choisi ? Demande Sabro.

–Je ne connais pas celles qui sont proposées.

–Les paroles s’affichent sur l’écran, au pire.

–Ou je fais de l’improvisation, rit Kai.

–Ou tu peux faire ça, ricane le blond.

 

Visiblement, son ton amer est passé et elle parait de meilleure humeur. . C'est même avec surprise qu’elle s’est complètement lâchée au karaoké. Elle a détourné les paroles puisqu’elle ne les connaissait pas et cela a fortement amusé la galerie. Elle danse et joue avec Sabro comme s’ils avaient toujours fait cela. Elle est si souriante et dynamique une fois qu’elle ne pense pas à son passé.

 

La dragonne hausse la voix quand elle fourche sur les mots ou qu’elle n’en invente carrément. Elle frappe des pattes sur le sol et se déhanche en serrant volontairement Sabro, l’invitant dans son euphorie. Le blond se prête au jeu. Il la fait tournoyer sur elle-même ou la retient quand elle repart en arrière. Il leur suffit d’un regard et c’est comme s’ils savaient exactement ce qu’il y a dans la tête de l’autre. Ils n’ont pas vu le temps passé, ils ont bien rigolé, mais toute bonne chose a une fin.

 

La foule n’est plus et le ciel orange est chatoyant. Elle s’apprête à appeler son gecko, du moins jusqu’à ce que Sabro se retourne sur elle en lui tendant sa main.

 

–Tu sais que j’ai un familier ?

–Je le sais… Au fait, tu n’as pas de difficulté à le faire venir ?

–Non ? J’ai toujours réussi à l’invoquer, s’en rend-elle compte.

–Sans doute parce que le sceau ne permet pas à la magie que tu injectes de faire demi-tour. Tu devrais utiliser un objet qui t’aide à stocker ta magie ou qui empêche son retour, lui suggère le blond.

–Shichiro y pensait lui aussi, lui sourit-elle.

 

Sabro a toujours le bras vers elle, elle prend sa main et le laisse la portée à lui. Elle agrippe son cou au moment où il décolle, jurant intérieurement. Ce n’est pas plus terrible que de voler sur le gecko. Sabro l’observe en souriant, faisant râler la dragonne qui se sent vexée.

 

A la pension et ils se posent sur le rebord de la baie vitrée où il laisse Kikai retrouver ces aises.

 

–Merci pour cette journée, c’était agréable, lui sourit-elle.

–Tu m’envoies ravis. Si tu as envie d’en faire d’autres, ce que tu veux. N’hésite pas à me le dire, en rougit Sabro.

–Tu vas finir par te lasser de ma présence, plaisante Kikai.

 

Il se penche alors sur elle, qui se raidit de surprise tandis qu'il l’embrasse maladroitement.

 

–J’en doute, lui sourit-il narquois.

 

Kikai vient de friser l’arrêt cardiaque, elle est rouge comme une tomate et Sabro continue de sourire avec arrogance pour cacher sa propre nervosité. Il se redresse et en remontant les yeux vers l'intérieur de la demeure, aperçoit Shichiro et Callego qui bien sûr, le dévisage.

 

–Heu… Bonne soirée, balbutie-t-il.

 

Kikai se retourne vers le salon, sans trop comprendre son départ anticipé alors qu’il parait moins timide qu’elle. Elle se met à jouer avec ces doigts, devenant plus écarlate encore, pendant qu'elle rejoint les démons.

 

–Visiblement, cela s’est bien passé, plaisante Shichiro.

 

Elle cache son visage dans ces mains, réalisant seulement, Sabro vient de l’embrasser ! Est-ce que cela veut dire qu’ils sont ensemble ? Elle secoue sa tête et se fait une scène seule dans son coin, sous le regard des adultes qui eux, n’ont pas bougé de leurs places.

 

–Je crois qu’elle vient de dysfonctionner, se marre Callego.

–Ça va Kikai ? Lui demande le blanc.

–Non, oui, je ne sais pas. Enfin oui, mais non et… Ah ! Bonjour Monsieur Callego, se rend-elle compte en s’inclinant. *Mince.*

–Il en faut peu pour te dérouter, ricane le brun

–Je dois te rappeler comment tu réagissais toi ? Lui répond Shichiro en soulevant un sourcil.

–Non, crache ce dernier.

 

Elle observe les démons. Son père lui manque, mais elle ne peut pas dire qu’elle se sente seule. Shichiro veille sur elle comme le ferait son père. Même Callego, à vrai dire. Et, même si elle a douté de Sabro, elle ne nie pas qu’elle se sent vraiment bien à ces côtés.


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