Demi-sang.

Chapitre 15 : Dérrapage

2054 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 27/03/2022 21:49

Le cas de Kikai leur est inconnu, ils ont discuté de sa magie et du problème qu’elle rencontre. Le prochain examen de rang aura lieu peu de temps après les jours de la fin. Qu'elle puisse se servir de sa magie sera cruciale. Ils vont placer les élèves en duo et les confier à des professeurs qui sauront les aider en fonctions de leurs aptitudes. Le choix des mentors est déjà tout trouvé pour certains. Kikai avait demandé à Shichiro de l’entrainer, elle aussi, mais il se chargera de deux autres démons qui ont déjà une très bonne maitrise de leurs magies. Callego s’occupera du cas d’un élève particulier de sa classe, prendre Kikai en duo ne sera en rien gênant pour leur apprentissage.

 

Il reste quelques jours avant la reprise des cours, comprendre la magie de Kikai serait déjà un bon point de départ pour qu’il puisse uniquement se concentrer sur une bonne utilisation de leurs aptitudes. Il a donc demandé à Shichiro de lui envoyer la jeune dès le lendemain.

 

Les yeux sur les épines qui garnissent ces différents cactus. Il vient à se retourner et à avancer vers la porte d’entrée alors qu’il entend le bruit reconnaissable d’une personne qui y frappe. Il pensait qu’elle viendrait plus tard puisqu’ils sont en congé et que les jeunes sont en général fainéants et lève tard. Il ouvre à la violette et la laisse entrer.

 

Kikai s’incline et s’en excuse aussi vite, maudissant ce vieux réflexe. Il tique et monte les yeux au plafond, l’invitant à s’asseoir tout en lui proposant un thé. Elle suit le professeur, en observant un peu son appartement. Elle pensait qu’il y ferait sombre. Bon, à côté des murs de Shichiro envahi par les plantes, toute autre demeure parait normale. Elle se demande même s’il dort dans un nid ou un lit ? Callego qui lui sert son thé dont elle saisit la tasse en montant les yeux vers lui, tout en esquissant un petit sourire narquois.

 

–Quoi ?

–Désolé, vous paraissez si froid que je ne m’attendais pas à de la courtoisie de votre part.

–Tu me prends pourquoi ? J’ai dû savoir vivre, réfute-t-il presque vexer.

–Vous avez une idée pour ma magie ?

–Shichiro m’a expliqué de quoi elle en retourne, mais j’aimerais que tu me la décrives toi. Comment l'actives-tu, quel es ton ressenti ?

 

Kikai cligne d’abord des yeux. Son ressenti ? Comment ça ? Elle observe le prof attendant une explication supplémentaire, cependant celui-ci ne fait que la dévisager sans rien dire. Elle regarde alors ces mains songeuses.

 

–Je ressens les émotions des autres et a un certain niveau, les manipuler. Enfin, ce n’est pas un contrôle pur. Comment expliquer… Si une personne est en colère, je peux influencer son humeur pour qu’il se calme, mais il me faut, pour que cela fonctionne, qu’il me laisse faire. Ça fonctionne mieux sur une personne dont je suis proche. Un inconnu placera des barrières naturelles face à moi, si vous me comprenez ?

–Je pense comprendre ce que tu veux dire. Est-ce que tu te rappelles ce que tu as fait au parc avant de perdre conscience ?

–Pas vraiment. Je me souviens que j’étais en colère. Sabro a dit que j’étais couverte d’écailles noires.

–C’est exact, tu allais lancer une attaque.

–Mais une attaque de quoi ? Je ne connais aucun sort offensif ?

–Ta magie est issue d’un mélange génétique.

 

Kikai se tend soudainement. Callego en fronce les sourcils, néanmoins continue son explication.

 

–Les démons se marient et se reproduisent entre clan. La magie héréditaire est identique à un clan et pour éviter des mutations, ils évitent le métissage. C’est ce que tu es, il y a donc forte chance pour que la magie héréditaire de tes parents se soit croisée pour donner une magie qui t’est propre. En gros, tu es une aberration génétique.

–C’est sympa de me traiter d’aberration ! Se vexe la dragonne.

–Je ne dis pas cela dans le mauvais sens, cela veut juste dire qu’il ne faut pas te référer à la magie de tes parents.

 

Kikai soupire. Elle est un mutant plus qu’il ne le pense. Les douleurs dans son ventre sont toujours là, elle serre les dents, mais depuis ce matin, cela empire.

 

–Tu dois te concentrer pour ressentir les émotions des autres ?

–Pas spécialement, je suis plus attentive aux émotions négatives. Je ressentirais plus vite quand une personne cache sa souffrance, dit-elle en figeant son regard sur celui du démon.

 

Callego en fronce une nouvelle fois les sourcils, coudes sur ces genoux, mains jointes et index posé contre son menton, il réfléchit.

 

–En général, je ne peux pas immédiatement ressentir les émotions. Cela met un peu de temps et plus, je côtoie la personne, plus, j'arrive à lire en lui. Par exemple… Je sais que Shichiro souffre en silence.

 

Le brun se redresse et boit une gorgée de son thé. Kikai baisse la tête et détourne le regard. Son regard parcourt les meubles de la pièce et s’arrête sur une photo de groupe de six élèves. Cinq garçons et une fille. Callego est reconnaissable et elle reconnaît Shichiro à son masque. Il était petit quand il était jeune ! Attends… Sabro va encore grandir ?

 

–J’espère que je vais encore grandir, se dit-elle pour elle-même.

 

Callego se tourne vers la photo, puis revient sur la démone tout en esquissant un petit sourire narquois.

 

–Peut-être pas autant que Shichiro. Pour en revenir à ta magie, tu as les racines sur toi ?

–Oui.

–Bien, crée ton arme.

–La dernière fois, j’ai réussi parce que Shichiro à injecter sa propre magie dedans.

–Je veux voir comment elle réagit.

 

D’accord… Elle sort le rameau de sa poche et se concentre dessus tout en citant la formule. Un courant la traverse et revient en suite en elle. Elle regarde alors Callego affligée. Il lui demande de le refaire et Kikai s’y attèle plusieurs fois avec le même effet jusqu’à ce que le démon lui demande d’arrêter.

 

–Comment tu te sens ?

–Énervée !

–Ta fatigue, je veux dire.

–Je ne suis pas épuisée.

–Ta magie s’accumule en toi. Ton corps agit comme un accumulateur.

–Si je l’accumule, je dois également pouvoir la libérer ? Ma magie aurait besoin de se stocker avant d’être utilisée ? Essaie-t-elle de comprendre.

–La plupart des magies fonctionnent comme cela. Appeler vos familiers vous demande une concentration magique. Le déclencheur doit venir de tes émotions, ces écailles qui t’ont recouverte, doivent être la manifestation de la libération de ton pouvoir.

–J’étais en colère. Est-ce que cela fonctionnerait avec toutes les émotions ou seulement les négatives ?

–En principe, je dirais que tu peux activer ton pouvoir sur n’importe laquelle.

 

Ces sentiments sont le déclencheur. Mais pourquoi les écailles ? Quelle serait la forme offensive de sa magie ? Tant qu'elle ne peut pas se la représenter. Elle n’arrivera pas à l’activer. Elle remonte les yeux vers Callego, c’est comme avec Shichiro, plus elle le côtoie, plus elle arrive à le ressentir.

 

–Vous aussi, vous souffrez.

–Évite de lire en moi, Bahamut, rétorque froidement le démon.

–Désolé… Vous savez. Je sais ce que cela fait de ressentir le vide laissé par une personne.

 –Soit.

 

Le brun se raidit tout en fronçant les sourcils, il regarde froidement Kikai qui en vient à se tendre elle-même. Il n’est pas comme Shichiro. Il se vexe et montre les crocs que d’avouer avoir mal. Un peu comme elle.

 

–Shichiro m’a un peu parlé de cette démone. Je n’arrive pas à me souvenir du visage de ma mère et j’ai peur d’oublier celui de mon père.

–On n’oublie jamais réellement ceux à qui l'on tient, soupire le brun.

 

Elle relève la tête, étonnée par ce ton calme qu’elle lui entend pour la première fois.

 

–Mon père était tout pour moi. Je ne cherche pas à le remplacer, mais j'aimerais montrer ma reconnaissance à Shichiro, rougi Kikai en dégageant les mèches de ces yeux.

–Continue de te défendre comme tu le fais. Shichiro est fière de toi, rétorque simplement le démon.

 

Kikai lui sourit alors et le démon en fait de même, avant de reprendre une gorgée de son thé. Il va devoir être prudent à ce que l’on ne lui reproche pas de faire du favoritisme avec la fille de Shichiro.

 

 

Kikai imite le professeur tout en regardant sa brindille entre ces doigts. Elle avait réussi à transformer l’autre rameau par coup de colère. Elle fronce les sourcils, faisant abstraction de la douleur qui s’éveille en elle. Puis se tord alors qu’elle devient plus intense au point de lui en faire serrer les dents et se plier en se tenant le ventre. Callego posant sa tasse en se penchant sur elle, confus.

 

–Un problème Bahamut ?

–J’ai mal au ventre, grince-t-elle des dents.

 

Son cœur accélère d’un coup alors que la sueur glisse le long de sa colonne. Elle se sent étrange et c’est là qu’elle comprend ! Elle se raidit, devenant blanche tandis qu'elle regarde Callego inquiète tout en serrant ces jambes.

 

Callego, surprit par sa réaction, se redresse, s’apercevant de la soudaine odeur de sang, pensant Kikai blessé. Par réflexe, il regarde vers ces anciennes blessures, bien qu’il se dise que cela soit peu probable que se rouvre maintenant et sans qu’elle n'ait rien fait pour. Peut-être le contre effet d’avoir tenté d’user de sa magie ?

 

–Tu es blessée ? Lui demande-t-il.

 

Il veut se lever pour venir vers elle, geste qui fait grandement panique Kikai, qui s’éloigne de ce fait du divan. En baissant les yeux, il remarque la tâche qu’à laisser la jeune sur le tissu. Son attention se reporte sur le jeune qui mine de rien se dirige vers la porte. Callego ne comprend pas sa fuite et une nouvelle fois lui demande :

 

–Bahamut, tu es blessée ?

 

Son rythme cardiaque s’affole. Ces muscles se crispent et se figent quant à cette pulsion qui vient à le traverser. Putain ! Mais, que se passe-t-il avec cette gamine ? Il hésite à avancer davantage et vient même à reculer de deux pas en regardant Kikai avec étonnement.

 

Un dragon serpentiforme de couleur verte menace Callego de ces crocs. Kikai regarde la créature dubitative… Il émane d’elle ? Elle baisse les yeux sur ces bras et couverts d’écailles vertes comme la manifestation qui tient à distance le professeur. Confuse, elle regarde le dragon qui a présence perd de sa substance et se volatilise alors que son corps revient à la normale.

 

–Bahamut... Retourne chez toi, lui souffle Callego.

 

Elle se jette vers la porte sans attendre alors que le démon la regarde s’en aller et une fois la porte fermée, celui-ci se crispe et se mord le bras de frustration. Bordel ! Que vient-il de se passer ? Cette attraction ressentie était primitive et bien trop envahissante pour lui ! Comment s’est-elle blessée ? Il a déjà senti l’effluve de son sang, elle n’est pas commune, mais il l’a vite oublié. Shichiro ! Il ne devrait pas les laisser seuls !


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