Is it or is it not ?

Chapitre 3 : 23:23

5437 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 12/11/2018 00:02

      Helena Meyer, 21 ans, paumée… -Oups, je l’ai déjà dit ça ! Pardonnez-moi, où en étions-nous déjà ? Ah oui, Nicolae… Lorie… Sang… Vampires… Pas contents… Vouloir manger moi, tout ça tout ça ! Et bien non ! Il semblerait que je sois toujours en vie puisque nous voilà quelques jours plus tard, et je suis en route pour rejoindre Sarah à la fac ! …Quoi ? Comment ça « tout vous raconter, maintenant » ? Oui, bon, du calme !

Vous vous rappelez sûrement que Nicolae m’a posé une question lorsqu’il m’a vu dans l’ouverture de la porte :


« Tu as tout entendu n’est-ce pas ? »


Et bien, comme la bonne poire que je suis, je lui ai dit que oui,… et que non seulement j’avais entendu toute la conversation, mais que j’avais déjà des doutes à leurs sujets. Mon cerveau était incapable de fonctionner correctement, alors mentir semblait impossible. De plus, je ne pense guère que Nicolae eut été si naïf pour me croire si je lui avais dit « mais non voyons, je n’ai rien entendu bon SANG de bois ». Je ne voyais pas comment me sortir de cette situation, alors je m’étais préparée à me faire sucer le sang, ou jeter dans les bois et dévorer par des bêtes féroces. Néanmoins, Nicolae n’en fit rien. Et c’est suite à mes aveux que Nicolae s’est calmé, et m’a expliqué pourquoi il s’était comporté de manière si brusque. Il semblait s’infliger une grande pression pour maintenir la cohésion familiale, supporter la pression de ses pairs, et le poids du lourd secret de leur identité. Il m’a confié être réellement rassuré de ne pas me voir déguerpir, et le fait d’avoir confié que j’avais des doutes mais que je n’ai pas pris la fuite pour autant l’a tellement rassuré, qu’il semblait réellement soulagé. De plus, il m’a avoué être familier avec certaines de mes aptitudes, et m’a dit qu’il voulait que je reste à leur côté. Nous nous sommes donc réunis près du feu de la cheminé, Nicolae m’a raconté leur histoire familiale dans les grandes lignes, Drogo et Peter nous avait rejoint. Ils ne m’ont pas raconté les détails de leur histoire personnelle, mais le fait qu’ils ne m’aient pas dévoré est une marque de confiance suffisante (en tout cas, je m’en contente parfaitement… à moi le Pérou !). Je partage donc maintenant un secret avec la famille qui m’héberge ! Mais Nicolae s’est gardé le privilège de garder mon secret aux autres membres de la famille. Cela ne me dérange pas, je préfère que ça ne se sache pas, et je lui fais confiance maintenant, pour une raison que j’ignore finalement.

De retour dans le présent où je retrouve Sarah, qui comme tous les jours, m’attends près du portail de la fac. Nous nous dépêchons une fois de plus vers l’amphithéâtre. Une fois à l’intérieur nous nous installons, et profitons de quelques minutes avant le début des cours pour discuter :


« Tu n’as pas répondu à mon message ce week-end, je me suis inquiétée ! » Me sermonne Sarah.

Je réfléchis à ce que je vais lui dire,… devrais-je lui avouer la nouvelle au sujet des Bartholy ? Serait-elle étonnée ? Connaissant mon amie, elle s’en ferait pour ma sécurité et insisterait pour que je les quitte sans plus tarder. Sarah est une amie réellement précieuse, une fille simple mais tellement compréhensive et qui ne juge pas. C’est difficile de ne pas tout lui avouer, pour mes pouvoirs, pour les Bartholy, pour mes parents… Mais je crois que le cadre actuel ne nous permet pas d’avoir de conversation aussi sérieuse. C’est pourquoi, plutôt que de raconter mes récentes aventures, je la rassure avec une semi-vérité :


« Désolée, je devais m’occuper de Lorie, et je bossais sur ma thèse »


Ce n’est pas mentir, en vérité j’omets juste certains détails des deux derniers jours (Si tant est que vivre avec des vampires est un détail…). Je remarque que Sarah n’est jamais très enchantée à l’idée que je réside au Manoir. Peut importe le nombre de fois où je mentionne le nom de l’un des membres de la famille Bartholy, que ce soit Peter, Drogo (bien que pour lui, c’est compréhensible) ou Lorie, elle semble toujours désappointée. Soudain, cette idée ne s’échappe pas de ma tête, je veux en savoir plus sur eux. Nicolae m’avait avoué que leur famille était dépréciée dans la région. En voir les réactions dès que l’un d’eux se trouve dans les parages, pour une étrangère à toutes leurs histoires, j’aimerai savoir pourquoi les gens ne les aime pas –même si je doute que ça soit à cause du fait que ce sont des vampires…-.


« Dis moi, je vois bien que ça te perturbe que je vive chez eux, mais nous n’en parlons jamais. Tu crois que tu pourrais m’expliquer cette aversion pour les Bartholy ? » Lui dis-je.


Houlà, je m’attendais à tout sauf à cette expression. J’ai l’impression de l’avoir offusquée. Je ne sais pas ce que j’ai provoqué comme réaction, mais cette dernière ne présage rien de bon. 


« Personne ne s’approche d’eux, et c’est mieux ainsi. Tu devrais toi aussi garder tes distances le plus possible, bien que tu habites chez eux… » Me répond-t-elle.


Elle se braque immédiatement lorsque j’insiste sur le sujet. Je décide donc de ne pas envenimer les choses, et de faire diversion.


« Mais au fait, tu devais voir ta grand-mère, elle ne t’a pas trop remonté les bretelles ? »


Je vois bien qu’elle n’a toujours pas digérer mon insensibilité de toute à l’heure. Mais elle détend ses traits, qui étaient plus tendus il y a quelques secondes, et me répond d’un ton las :


« Ah si tu savais ! Dans la famille, on met une grande pression sur les héritiers… Heureusement, elle me laisse profiter de ma vie étudiante ! » Me répond-t-elle, d’un ton moqueur.


Je la sens se détendre. Bien qu’elle aussi, vive une vie de famille avec des hauts et des bas. J’ai toujours sentie une grande complicité entre elle et moi. Sarah m’a accepté dans son entourage sans difficulté, et nous nous considérons avec beaucoup d’amitié. J’ai beaucoup de chance. Étant nouvelle ici, je pensais que ma nature de boulet n’allait jamais s’affilié avec qui que ce soit. J’apprécie notre conversation lorsque nous sommes interrompues par une fille aux cheveux blonds, et aux yeux azurs.


« Tiens, tiens, mais ça ne serait pas les fayottes ? »


Samantha et sa douce voix nous berce de propos forts plaisants. Comme à son habitude, son passe temps favori est de nous dénigrer mon amie et moi. Son club de suiveuses l’applaudit presque, approuvant chacune de ses répliques par des gloussements dignes des plus belles dindes du conté (On fête bientôt Thanksgiving, j’espère…). Elle nous regarde de haut, avec un sourire satisfait de sa dernière attaque. Sarah réplique d’un ton cinglant :


« Fais attention la chaudière, ton fond de teint dégouline sur le parquet ! »


J’aime quand elle l’a remet à sa place, bien que j’ai connue une Sarah plus patiente, je dois l’avouer. Il semblerait qu’elle ne soit pas d’humeur à supporter la présence de Samantha aujourd’hui. Ça tombe bien car moi non plus ! Je regarde les deux filles se lancer des éclairs dans un duel de regard. Un sourire mesquin se dessine sur les lèvres de Samantha.


« Une traînée chez les Bartholy, et une fêlée chez les Osborne : qui se ressemble, s’assemble dit-on ! »


Sur cette phrase, toutes les pouffes éclatent d’un rire tout aussi strident que insupportable. Je n’ai jamais compris comment on pouvait inférer autant de pouvoir à une personne aussi infecte. Je m’apprête à répliquer, mais Sarah se lève précipitamment pour faire face à la Cheerleadeuse aux cheveux d’or. J’aimerai intervenir, mais l’on ne m’en laisse pas le temps. Au moment où Sarah s’apprête à répondre, Mr Jones fait son entrée dans la salle. Il s’arrête sur l’estrade lorsqu’il s’aperçoit de la tension environnante. Son regard fait des allez et retours entre les deux filles qui n’ont pas arrêté de se jeter des regards meurtriers. Il semble réellement inquiet mais pas assez fou pour se mêler à un conflit entre filles. Il me regarde, comme pour solliciter mon opinion, je lui souris, embarrassée par la situation. Il semble avoir compris sans que j’aie besoin de lui expliquer avec des mots. Pendant ce temps, la tension est palpable entre les deux étudiantes : 


« Tu ferais mieux d’aller t’asseoir avec ta clique, ou je te préviens que ton père aura vent de tes petits secrets, ma petite. » dit Sarah, déterminée.


Je n’entends pas très bien ce que dit mon amie, puisqu’elle la menace à voix basse. Une chose est sûre, cette dernière réplique a eut l’effet d’un calmant pour notre Blonde qui ne manifeste plus la même confiance que tout à l’heure. Ses épaules sont baissées, et elle reste bouche bée pendant une fraction de seconde avant de s’en rendre compte.

Un raclement de gorge de Mr Jones nous remet les pieds sur Terre. Samantha nous dévisage une dernière fois et marmonne quelques mots inaudibles avant de rejoindre sa bande. Sarah soupire longuement, me regarde embarrassée et puis viens se rasseoir à mes côtés.


« Je suis désolée pour ‘’ l’épisode Samantha’’ de la semaine, je deviens de moins en moins patiente avec elle… » S’excuse-t-elle.


« Oui j’ai pu le constater, ‘’ma petite ‘’ » dit-je, accompagné d’un clin d’œil moqueur.


Mon amie rigole à cette petite pique bienveillante. Elle semble détendue, enfin. Bien que cette altercation ne se soit pas conclue sur une note positive pour autant… cela ne présage rien de bon pour la suite. Mr Jones attendait que ses étudiants soient tous installés avant de commencer son cours. Comme il l’avait mentionné lors de notre rencontre à la Bibliothèque l’autre jour, le cours portera bien sur les vampires (décidément, tout a une suite logique).


« Avant toute chose, pourriez-vous me dire lequel de ces deux êtres ressemble le plus à un vampire ? »


Mr Jones appuie sur sa télécommande et enchaine avec une diapositive sur laquelle sont positionnées deux images : dans la première on peut clairement discerner un homme attirant, aux yeux rouges. Elle semble être une illustration d’un livre ancien. Et à sa droite, une photo de Edward Cullen (L’un des protagonistes du film Twilight) : sur cette photo, il nous montre son torse étincelant de milles et une paillettes (pire qu’une Boule à facettes). Sarah et moi ne pouvons nous empêcher de rire lorsque nous voyons cette dernière image.


« Comme vous vous en doutez bien, on trouve beaucoup d’histoires et de témoignages différents qui dépeignent ce mythe du vampire. Bien que la plupart des témoignages, détaillants leur apparence notamment, aient été retrouvés datant du moyen âge. L’un d’entre vous voudrait nous éclairer sur la nature de ces êtres ? Oui, mademoiselle Osborne ? »


Il porte son attention sur la réponse de mon amie qui avait levé la main pour prendre la parole. Sa réponse de ne se fait pas attendre et elle réplique d’un ton confiant et intellectuel :


« Ils font partis de la catégorie des revenants, ou des morts vivants ! Selon le folklore Haïtien, on parle même de zombie. »


Le professeur remercie Sarah, et la félicite pour sa participation très détaillée. Son regard passe de mon amie à moi. Il prend quelque secondes pour m’observer. Puis, après un raclement de gorge, il reprend son cours. Je ne sais pas pourquoi mais ce simple contact visuel crée une sensation de légèreté dans le bas de mon ventre. Le cours sur les vampires est très intéressant, et le professeur ne se contente pas de démonter les théories et les fausses informations sur le sujet, mais il dit des choses très pertinentes : tellement pertinentes que je me souviens que mes patrons sont des êtres surnaturels (à vrai dire c’est difficile de l’oublier). D’ailleurs toutes ses informations cumulées, m’en apprennent un peu plus sur les fondements des origines des vampires. Mr Jones déblatère avec beaucoup d’assurance, c’est comme si il donnait vie à ces créatures : y croit-il ? Sait t-il qu’ils existent ? Et qu’ils étudient aussi dans cette fac ? Sarah continue de répondre aux questions de notre professeur, j’aime voir le cours aussi animé. Mais comme si la température chutait dans l’amphithéâtre, je me sens frissonner. La paume de mes mains me brûle, et je sens mon pouvoir s’éveiller. J’essaie de le contenir en croisant les bras sur ma poitrine. Des picotements remontent le long de mes doigts, et je sens une tension se propager dans toute ma colonne vertébrale. Ses sensations toutes plus désagréables les unes que les autres, j’espère seulement que personne ne me voit. La fièvre me monte aux joues, et très vite je suis essoufflée par tant d’efforts pour retenir cette force qui tente de prendre le dessus sur moi. J’essaie de me concentrer sur la voix du professeur, et je sens mon mal se dissiper. Le soulagement de voir que personne ne me regardait à ce moment là. Même Sarah est trop absorbée par le cours et n’a pas remarqué la loque que je suis devenue pendant ce court laps de temps. Je relève la tête et remarque le regard inquiet de Mr Jones qui m’observe. Une étudiante lui parle, mais il me regarde… ne me dites pas qu’il m’a vu comme ça ? Il détourne son attention de moi pour répondre à l’étudiante. Et je me morfonds pendant le restant du cours. Essayant de me rassurer « il ne m’a pas vu … il doit penser que je suis peut être malade au pire,… ». Le cours se termine, nous nous levons et je me dépêche de ranger mes affaires avant de précipiter Sarah vers la sortie. Mr Jones me retient avant mon départ.


« Mademoiselle Meyer, venez s’il vous plaît… »


Je regarde Sarah avec un air de chien battu. Elle glousse en voyant mon air déconfit, et me fait un clin d’œil complice et évocateur. Elle me pousse délicatement avec son coude, comme pour me dépêcher vers lui avant de me saluer de la main. Sarah me laisse seule en présence de mon professeur. Je m’approche de l’estrade. Mr Jones me fixe de ses yeux ambrés. Je reconnais son air inquiet de toute à l’heure. S’interrogerait-il quant à moi ? Il ne me laisse pas le temps de m’inquiéter puisqu’il brise le silence qui s’était installé.

« Vous n’aviez pas l’air bien tout à l’heure, et… je dois vous avouer que ça m’inquiète de perdre ma meilleure élève… »

Il ponctue sa dernière phrase d’un rire embarrassé. Je ne dois pas avoir l’air très intelligente à le regarde bouche bée comme ça. Alors… Il m’a vu en pleine canalisation de mon pouvoir…. Mon rythme cardiaque s’accélère. Le rouge me monte aux joues. Il me fixe toujours en attendant ma réponse. J’essaie de retrouver mon calme et de lui répondre avec une excuse bateau :


« Désolée, j’ai travaillé très tard ce week-end… Je ne voulais pas donner l’impression que votre cours ne m’intéressait pas, au contraire, je suis toujours très attentive pendant votre cours et-… »


Je m‘interromps lorsque je me rends compte de mes paroles pourraient le gêner. Et je n’ai surtout pas envie de passer pour la groupie de service, ça ne me ressemble pas.


« Hum… je veux dire que… en ce moment je me met beaucoup la pression pour ma thèse… »


« Tenez… »


Il me tend un bout de papier avec son mail et son numéro de téléphone.


« Je ne partage pas cela avec mes étudiants en temps normal, mais vous êtes spéciale… » dit-il en me mettant le memo dans la main avant d’ajouter « Vous vous impliqué réellement dans mon cours, et ça me fait très plaisir. Je remarque tous vos efforts, Mademoiselle. Alors, si vous avez besoin d’aide dans vos recherches, je veux bien vous superviser. Bien sûr, ce n’est pas grand-chose, alors ne vous formaliser pas »


J’admire sa modestie : il m’offre son temps si précieux, et il fait passer cela pour une petite chose. Ca veut dire beaucoup pour moi : quelque part, je me sens privilégiée, même s’il me dit de ne pas m’en formaliser. Je le remercie en baissant les yeux sur le bout de papier. Nous nous saluons puis je quitte l’amphithéâtre. J’avance dans les couloirs et constate qu’il n’y a personne. Je me cale contre le mur, près des casiers, et me remet de ce cours. Je ne sais pas pourquoi, mais à chaque fois qu’il me regarde, tout un tas de sensation me submergent. Je ressens du respect, énormément d’admiration pour lui… j’ai l’impression qu’il peut lire en moi, et ça me gêne d’être aussi prévisible ! 

Soudain je sens deux mains se poser sur le mur près de mon visage. Je relève la tête et rouvre mes yeux. Je tombe nez à nez avec Loan, qui est beaucoup trop proche de moi. Beaucoup trop proche, et pourtant j’ai l’impression qu’il fait tout son possible pour diminuer la distance entre nous. Je réagis en le repoussant avec mes mains. Mais il ne bouge pas, bien déterminé à me caler contre le mur.


« Lâches-moi, Loan ! Retournes donc voir Samantha ! »


« Mais c’est pas elle que je veux voir, c’est toi. » me répond t-il.


Houlà, ça sent le roussi. J’ai beau essayé de me dégager de son emprise, il ne semble pas décidé à bouger.


« J’aimerai qu’on se rapproche toi et moi… qu’on devienne de très bons amis… » Dit Loan.


Alors que son visage s’approche, j’hésite réellement à me dégager par la manière forte. Mais j’ai trop peur que mon pouvoir resurgisse au pire moment, et qu’il me soit impossible de le contrôler. Je suis bloquée contre le mur, et de chaque côté. Je ferme les yeux pour ne pas voir ce qu’il m’arrive.


« Allons, Samantha n’est pas là, et puis tu es beaucoup plus intéressante… »


Ses yeux luisent d’une lueur provocatrice. Il est finalement complètement collé contre moi, et ses lèvres effleurent les miennes. Lorsque sa présence disparaît brusquement, je rouvre les yeux et aperçois deux silhouettes sur le sol. Je reconnais celle de Drogo et de Loan. Puis je remarque la présence de Peter qui me rejoint, alors que je glisse le long du mur pour me retrouver à terre aussi.

Je vois Drogo maintenir Loan sur le carrelage du couloir, avant de le relever par le col et le jeter au loin. Je sais qu’il se retient, connaissant sa force vampirique. Loan s’enfuit en courant comme terrifié. Je suis rassurée de voir qu’ils sont là, mais tout ce qui se passe va beaucoup trop vite pour mon cerveau encore sous le choc. Peter part chercher du secours, puis je regarde Drogo serrer ses poings en regardant Loan fuir. Puis il se retourne vers moi :


« Ça va, petite chose ? »


Peter revient avec une personne qui n’est autre que Mr Jones. Ils prennent chacun un de mes bras pour m’aider à me relever. Je les remercie, encore sous le choc. Peter et Drogo explique la situation à notre professeur. Je ne les entends pas, je me sens vidée de toute énergie lorsque je m’effondre.


Comateuse, je me réveille allongée sur un divan. Il est tard, je vois qu’il est écrit 20h30 sur une horloge. Je panique, ne reconnaissant pas l’endroit, et me lève précipitamment, avant de me cogner la tête contre mon genou.


« Aïe ! »


Et oui, ça fait mal d’être douée. Je relève la tête, j’entends la voix de mon professeur qui rit de ma maladresse. Je le regarde, attendant une explication de sa part. Il me regarde dans les yeux, je déchiffre une réelle inquiétude dans ses yeux.


« Les frères Bartholy m’ont expliqués. Je vais dire deux mots à ce Loan quand je le croiserai. » Me dit-il, la mâchoire contractée.


« Non, s’il vous plaît, c’est moi qui n’ai pas su réagir à ses avances. J’aurais dû le repousser plus fort… J’ai… Je suis nulle… »


Son regard s’emplit de compassion. Il pose une main sur mon épaule, ce qui me fait sursauter. Je n’aurais peut être pas dû réagir aussi brusquement puisqu’il se retire. Il a du s’imaginer me faire du mal, car il me pose la question suivante :


« Il ne vous a pas forcé à quoi que soit ? » me demande t-il d’un ton inquiet.


Je remue la tête sur la négative. Il expire, visiblement rassuré par ma réponse.


« J’étais vraiment inquiet… »


Je peux voir qu’il a l’air très concerné à mon propos. Il semble vraiment tenir à ses élèves. Mais je ne peux pas m’empêcher de me sentir… spéciale pour lui ? Pourquoi est-il aussi inquiet pour une étudiante comme moi ?


« Je suis désolée de vous avoir fait peur en m’évanouissant… et je vous remercie de m’avoir portée jusqu’ici. Mais d’ailleurs dites-moi, où sommes-nous ? »


« Dans mon Bureau ! » s’exclame t-il d’un ton fier. « J’aurais aimé vous invité à y venir dans un autre contexte… mais je suis heureux d’avoir pu vous aider. » ajoute t-il.


Je suis tellement reconnaissante envers lui. Je n’ai pas oublié Drogo et Peter bien sûr. D’ailleurs pourquoi ne sont-ils pas là ?


« J’ai renvoyé les deux frères, ils avaient cours, et puis ils sont rentrés prévenir leur grand frère. De ce qu’ils m’ont dit vous vivez chez eux ? »


« Oui » répondis-je.


« Et bien, il se fait tard, je pense qu’il ne faut pas que vous tardiez de trop. » dépêche t-il.


Il tend sa main vers moi pour m’aider à me relever. Il ne lâche pas immédiatement ma main, ce qui a le dont de me perturber. Puis il me tend mon sac, que je prends. Finalement il me raccompagne vers la sortie puis fais une partie du chemin de retour avec moi avant de me demander de le contacter une fois arrivée. Une fois rentrée au Manoir, je suis accueillie par les trois frères.


« Helena ! Tout va bien ? » Accourt Nicolae.


« Oui, désolée de vous avoir inquiété.. » je les rassure.


« Alors petite chose, on se remet de ses émotions ? » rétorque Drogo.


« Merci à tout les deux, sans vous je ne sais pas ce qu’il me serrait arrivé... » Je leur dis en regardant Peter qui se fait discret. « Je vais beaucoup mieux en tout cas, grâce à vous ! » je m’empresse de les rassurer.


Nous discutons quelques minutes avant que Nicolae ne me congédie dans ma chambre pour que je me repose. A ma grande surprise, je ne suis pas du tout fatiguée… Je décide de prendre un bain pour me relaxer, et de me mettre une nuisette en soie –c’est une matière très confortable, et soyeuse, qui me détend-, mais rien n’y fait je n’arrive pas à dormir. J’envoie un message à mon professeur pour lui signaler que je suis rentrée. Cet acte me surprend de moi-même : je réfléchis pendant plusieurs minutes avant de rédiger une réponse que je juge suffisamment bien. Puis lui envoie ceci :


« Bonsoir professeur, Je suis bien rentrée au Manoir. Je voulais vous remercier encore une fois pour ce que vous avez fait, pour votre patience à mon égard. J’espère ne pas vous avoir retenu à d’autres obligations. En vous souhaitant une agréable nuit. Au revoir. »


Puis je pose mon portable sur ma table de chevet. Il est 23h23. N’arrivant toujours pas m’endormir, je décide de faire une promenade nocturne pour me changer les idées. Je veux vraiment oublier ce qu’il s’est passé avec Loan, et arrêter de me poser des questions sur Mr Jones. Je n’arrive pas à m’empêcher de penser que je suis peut être plus qu’une simple étudiante à ses yeux : sinon pourquoi m’aurait-il donné ses contacts ? Pourquoi m’aurait-il porté et emmené dans son bureau ? Pourquoi se sentirai t-il tellement concerné par moi ? Pourquoi, pourquoi et encore pourquoi ? Je continue de me poser tout un tas de questions du même genre alors que je fais les cent pas sur la terrasse arrière du Manoir Bartholy. Soudain mon questionnement sans fin est interrompu par un cri de loup dans les bois. Mon attention est immédiatement tournée vers les bois, où j’aperçois une magnifique chouette blanche sur une branche. Celle-ci hulule en me voyant. Je décide de me rapprocher de l’entrée du bois, pour l’admirer de plus près. Elle est magnifique, et arbore un plumage aussi blanc et lumineux que la pleine lune de ce soir.


Elle me fixe à son tour, et hulule derechef. Cette fois, j’ai l’impression qu’elle s’adresse à moi. Il y a quelque chose de différent d’un animal sauvage puisqu’elle ne sauve pas malgré notre proximité. Elle tourne la tête comme pour me montrer l’intérieur du bois, et m’y invite. Je décide de pénétrer dans les bois. Je m’engouffre entre les arbres de l’immense forêt. J’entends le battement d’aile de la chouette me suivre et me guider à travers les différents chemins que m’offrent ces bois. Soudain elle se pose sur une branche suffisamment haute pour la confondre avec l’éclat de la lune derrière elle. J’entends un craquement près de moi. Et oui, j’avais oublié qu’il y avait peut être des bêtes sauvages un peu moins sympathiques dans le coin.

Je me retourne et tombe nez-à-nez avec un énorme Loup. Il aussi grand que majestueux, son pelage noir ébène reflète la noirceur de la nuit. Je suis tétanisée devant ce spectacle de la nature, et en même temps je me pétrifie de peur. Si je ne finis pas par être le casse-croûte des vampires, je serais celui des loups ! Il me regarde, je le regarde, nous nous regardons (je suis très perspicace, en effet). Sa présence dégage quelque chose de très humain, et en même temps de mystique. Il s’approche de moi, et réduit la distance que j’avais pris soin de créer au cas où il me sautera à la gorge. Il s’assoie près de moi, et continue de me regarder. Je m’accroupis posant ma main sur mon genou et l’autre je la garde serrée contre ma poitrine. Je tente un rapprochement, il ne tente pas de s’éloigner, au contraire son regard est comme… bienveillant. Je détends mon bras et caresse le menton du loup dans un geste mesuré et calme (on n’est pas à l’abri d’un changement d’humeur). Il répond à mon geste en fermant les yeux : on dirait qu’il trouve cela agréable. Je continu mes caresses sur son pelage soyeux. Il enfouit sa tête dans mon cou ce qui a le don de me surprendre. Je ne bouge pas, profitant de cette étreinte spectaculaire avec un loup sauvage. C’est vrai, qui peut se vanter d’avoir jamais embrassé un loup ?


« Qui es-tu ? »


Cette question sort toute seule de ma bouche. Je pense qu’inconsciemment je lui accorde un côté plus humain que certain. Au vu des événements aujourd’hui, ça peut se comprendre. Le loup se dégage de moi, et me fixe. Il grogne calmement comme pour attirer mon attention.


« C’est comme si tu savais ce que je pensais ! » j’ironise.


C’est comme s’il savait ce que je pensais, et qu’il voulait m’empêcher de me morfondre. Je lui souris, et j’ai l’impression qu’il me répond, ses iris dorées ont une lueur magnifique. La chouette interrompt ce moment magique d’un hululement. Le loup s’éloigne de moi, et se retourne une dernière fois vers moi – comme pour me saluer-, et disparaît dans les ténèbres de la forêt. J’entends ensuite des bruits de pas derrière moi, et me retourne presque immédiatement :


« Qui est là ?! » crie-je.


L’ombre d’une silhouette sort de derrière deux buissons sauvages et se rapproche dangereusement de moi. Je reconnais un humain, mais qui est-ce ?!...





[Désolée pour l’attente, vous aurez remarqué que les chapitres sont plus longs à chaque fois, c’est juste qu’une fois que je commence, je sais par quoi je veux terminer mon chapitre (D’ailleurs,j’aime aussi bien finir avec toujours le même genre de Cliffhanger, haha). J’espère que vous avez appréciés les deux derniers chapitres.

Oui l’histoire suit globalement l’intrigue du jeu, à ceci-près qu’on accélère les choses ici. Et que j’ajoute quelques événements. Je vais commencer par changer quelques trucs plus importants au fur et à mesure, mais je ne spoil rien. Si vous avez des réclamations, n’hésitez pas. Bonne lecture ! ♥]


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