Évidence, Sébastian Jones. Saison 1

Chapitre 47 : Comment j'en suis arrivé la.

2964 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 08/07/2021 01:03

Chapitre 47: Comment j’en suis arrivé là. 

 

 

Ce chapitre est du point de vue de Sebastian Jones.  

 


Ce matin le réveil fut difficile, je n’arrive pas à me la sortir de la tête, je repense à ses dernières paroles avant de partir en furie chez ses vampires : “t’embrasses beaucoup de tes étudiantes toi ?” Si j’avais écouté mon cœur je lui aurais dit : “ non Annabella, seulement toi parce que tu m’attire, parce depuis que je t’ai vu pour la première fois mes pensées sont toutes tournées vers toi, parce qu’à chaque fois que je suis près de toi je suis à deux doigts d’oublier mon rôle de professeur pour te prendre dans mes bras et t’embrasser follement, jusqu’à ce que nos deux bouches en deviennent douloureuses de plaisir. Mais au lieu de ça j’ai écouté ma tête qui me disait de ne pas aller plus loin, et je me suis muré dans le silence. 

 Toujours allongé dans mon lit, je passe la main sur mon visage en repensant a cette scène, a la détresse et a l’incompréhension que j’ai lu sur son visage.  


Je n’aime pas savoir qu’elle est malheureuse à cause de moi, mais je dois me convaincre que c’était la bonne décision pour nous deux. Je ne sais même pas comment j’en suis arrivé là, comment j’en suis venu à avoir des sentiments pour mon étudiante ? En presque dix ans de carrière ça ne m'était jamais arrivé. Et pourtant j’en ai vu passer des femmes intelligentes, belle, drôle. Mais elle, elle est spéciale. Elle a ce petit je ne sais quoi qui la rend irrésistible, et Dieu sait à quel point j’ai tenté de lui résister, elle n’a même pas eu besoin de faire quoi que ce soit pour que je tombe tête la première dans ses filets. Je repense à la première fois que je l’ai vu devant l’université, quand nos yeux se sont croisés c’est comme si le temps s’était arrêté, comme s’il ne restait qu’elle et moi dans l’univers, je ne voyais qu’elle. Cet instant était magique et c’est la première fois que j’ai ressenti quelque chose d’aussi intense avec une parfaite inconnue. Il a fallu que ce satané vampire l’arrache à ma vue. J’avoue que ça m’a immédiatement inquiété de la voir auprès des deux plus jeunes Bartholy. Je me suis demandé ce que cette humaine faisait avec deux vampires, était-elle au courant de leur condition ? Plus tard j’ai découvert qu’elle faisait partie de mes étudiants, lors de la première heure de cours de l’année, je l’ai immédiatement repéré, j’ai aussi remarqué en un cours seulement à quel point elle avait l’air intéressée par mon cours, elle était curieuse et n’hésitait pas à poser des questions ou à répondre au mienne avec des réponses très pertinentes certaine fois. Ça l’a rendue encore plus spéciale à mes yeux et chaque semaine je n’avais qu’une hâte, la revoir. Même si c’était dans un contexte scolaire et sans qu’il ne se passe quoi que ce soit entre nous, le simple fait de la voir et de pouvoir échanger un peu à la fin de mes cours me rendait heureux, à l’époque je ne me posais pas vraiment de question, je me suis voilé la face en pensant que c’était logique que je sympathise plus avec l’élève la plus brillante de mon cours, et je ne me suis pas rendu compte que j’étais sur le point de franchir la ligne, cette barrière qu’il doit y avoir entre un professeur et son élève. Le pire c’est que c’est moi qui ai fait ça, pas elle. Elle n’a jamais eu d’attitude déplacée envers moi, elle n’a jamais tenté de me séduire et pourtant sans m’en rendre compte, je fonçais vers elle tête baissée, sans penser aux conséquences. Comme cette fois lors du week-end d’intégration ou elle est rentrée par erreur dans les douches pour hommes, j’aurai du aller me cacher immédiatement, ou lui hurler de partir. Au lieu de quoi, je suis resté planté la devant elle pendant les 30 secondes qu’a duré la scène, je me suis contenté de couvrir ma partie intime et de l’observer dans son petit maillot qui était clairement trop petit pour sa poitrine généreuse. La voir comme ça, si peu habillée et si proche de moi, il m’a fallu un énorme self-control pour ne pas céder à mes instincts les plus primaires.

Notre relation a pris un tournant après cet évènement, premièrement c’est à ce moment que je l’ai remarqué, cet air gêné quand je lui ai rendue le maillot qu’elle avait fait tomber dans les douches, quand nos mains se sont frôlées, les fois où nous n’étions plus que tous les deux dans l’amphi, c’est là que j’ai remarqué qu’elle était aussi troublée par moi que je le suis par elle. Deuxièmement, je suis devenu beaucoup plus familier avec elle, je n’ai jamais agi en étant conscient de tout cela, je le réalise seulement maintenant après coup, mais ce que je pensais faire pour rendre service à une étudiante assidue était enfait une manière de me rapprocher d’elle.  Je lui ai donné mon numéro, je l’ai invitée chez moi … Et la tout a dégénéré en l’espace d’une soirée. J’avais vraiment passé un très bon moment ce soir-là, et je pensais déjà à la prochaine occasion que j’aurai de l’inviter à nouveau, mais tout a changé après les révélations de Drogo.  


Rien que d’y penser je sens la tension gagner tout mon corps, je me lève et vais dans ma cuisine me servir un café tout en repensant au moment où tout a changé pour moi. 

 

Quand Drogo a lâché la bombe et qu’il m'a révélé ce qu’Anna avait vécu par ma faute, j’ai sincèrement cru que mon cœur avait cessé de battre, je ne le sentais plus dans ma poitrine, je ne sentais que la rage gagner peu à peu chacun de mes muscles, il m’a fallu un effort surhumain pour ne pas rendre son coup à Drogo, au final ce n’était pas contre lui que j’étais en colère mais contre Loan, contre moi qui n’avais pas eu le bon sens de la raccompagner jusqu’a chez elle. Contre moi qui n’avais pas été là pour la protéger face à ce monstre qui a osé profiter d’elle. J’ai ressenti un profond soulagement quand j’ai appris qu’il quittait la ville, même si je ne suis pas ravi que ce soit les Bartholy qui en sont à l’origine et pas moi, en tout cas d’après ce que j’ai cru comprendre de la conversation de Sarah et Anna pendant mon cours.  

Au moment où j’ai entendu Drogo prononcer ces mots, quand j’ai lu sur le visage d’Anna que c’était vrai, quelque chose s’est brisé en moi, je n’ai jamais cessé de ressentir tous ces sentiments à son égard, mais j’ai tout de suite senti qu’il fallait que je m’éloigne avant de la faire souffrir encore plus. Si je n’avais pas franchi cette barrière et que j’étais resté à ma place de professeur elle n’aurait jamais été dehors ce soir-là, ce n’est peut-être pas moi qui l’ai agressé mais j’ai une grande part de responsabilité dans ce qui s’est passé. C’était nécessaire pour moi de remettre les pendules à l’heure, de rester à ma place justement. De me donner l’impression qu’à partir de maintenant j’allais faire les choses bien, pour elle et pour moi. Si on s’était rencontrés dans un autre contexte on aurait surement pu vivre une belle histoire. Mais bon, la vie est ainsi faite. 

 

Je sirote mon café, assis dans ma cuisine tout en laissant mon esprit voguer d’un souvenir à l’autre. 

 

Après avoir pris ma résolution de ne plus jamais être familier avec elle et de la traiter comme mes autres élèves, inconsciemment et surement pour ne pas craquer, je suis devenu froid et distant à son égard. Comme la fois ou elle m'a rendu mes livres, j’avais tellement honte de l’avoir pressée à ce sujet que je n’ai même pas daigné lever la tête de mes copies. Une fois dos à moi je me suis permis de jeter un œil dans sa direction, le cœur meurtri de cette distance que je devais instaurer. J’ai commencé à faire n’importe quoi, j’ai enchainé les conquêtes à la recherche de cette chose si spéciale qu’elle avait et qui m’attirait, mais je ne l’ai jamais retrouvé chez quelqu’un d’autre. Il m’est arrivé plusieurs fois de croiser Anna alors que j’étais avec ces femmes d’un soir, d’un côté j’étais content qu’elle me voie avec quelqu’un d’autre car je pensais qu’elle verrait à quel point j’étais sérieux dans ma décision de couper les ponts avec elle, mais de l’autre j’arrivais à sentir sa tristesse et je n’arrive pas à me pardonner de lui avoir infligé autant de peine.

D’ailleurs elle ne s’est pas gênée de me faire comprendre qu’elle tentait de passer à autre chose aussi, je l’imagine encore parfaitement danser avec cet inconnu au pub, je n’entendais même plus ce que me disait ma compagne d’un soir car toute mon attention était focalisée sur elle et cet homme beaucoup trop proche d’elle. J’imaginais déjà cent façons de le tuer à petit feu pour avoir le privilège de faire ce que je ne pouvais pas. Il fallait que je reste loin d’elle, le seul écart que je continuais de m’autoriser c’était lorsque j’étais sous ma forme lupine, chaque soir de pleine lune j’allais me promener vers chez elle et je savais qu’elle me rejoindrait car je l’intrigue, ou plutôt, le loup l’intrigue.  

Elle restait certaine fois des heures près de moi à me caresser et à me parler de sa vie. D’ailleurs même si Anna n’était pas mon étudiante, comment aurait-je puis lui annoncer cela ? Que l’homme qui se tient devant elle est maudit et qu’il se change en loup les soirs de pleine lune et sous l’effet de la colère notamment ? Ça n’aurait jamais marché.  

Ces soir-là étaient les seuls moments où je pouvais profiter d’elle car elle ne savait pas qu’il s’agissait de moi, je culpabilisais souvent de faire ça, si elle savait qu’il s’agissait de moi elle ne viendrait plus. Mais c’était un des seuls moyens que j’avais de me tenir informé de sa vie et de m’assurer qu’elle allait bien, surtout du fait qu’elle vive chez des vampires. L’éventualité qu’ils puissent lui faire du mal me rendais fou, j’aurai aimé qu’elle ne vive pas avec eux. J’ai finalement trouvé un moyen de m’assurer qu’Anna n’était pas en danger là-bas, et ce moyen c’était Sarah. Le soir ou je l’ai croisé au pub je lui ai laissé mon numéro afin qu’elle m’informe du moindre problème qu’Anna pourrait rencontrer avec les Bartholy. Je suis toujours aux aguets avec eux car les vampires sont des êtres fourbes et imprévisibles. Malgré ces stratagèmes pour garder un contact indirect avec elle, que ce soit grâce à ma malédiction ou grâce à Sarah, le manque que je ressentais devenait de plus en plus grand et était impossible à combler, seule elle pouvait le faire.  

C’est pour ça que j’ai craqué ce jour-là. Après mon dernier cours je me suis rendu à la BU déposer un bouquin quand je l’ai vue, perchée en haut de son échelle a tenter d’attraper je ne sais quel livre lorsque son pied rate le barreau. Je n’ai même pas eu le temps de réfléchir, tous mes muscles se sont contractés instantanément et je me suis propulsé vers elle le plus rapidement possible pour la rattraper. Quand elle a atterri dans mes bras j’avais l’impression de ressentir la même chose que le jour où je l’ai rencontrée, il n’y avait plus qu’elle et moi sur Terre. Sa beauté m’a frappé encore plus et j’ai été pris d’une irrésistible envie de l’embrasser, finalement c’est ce que j’ai fini par faire. C’était doux et sensuel, j’aurais pu aller beaucoup plus loin si ces voix ne s’étaient pas interposées entre nous. Quand mes lèvres ont quitté les siennes je me suis rendu compte de mon erreur et je l’ai laissé sans un au revoir. Je m’en suis immédiatement voulu d’avoir fait cela, comment lui expliquer après coup que je n’avais toujours pas changé d’avis et que je comptais bien rester loin d’elle.

C’est ce que j’ai essayé de faire en l’invitant à nouveau chez moi mais je pense qu’elle est partie avec plus de questions que de réponses. J’ai essayé de ne rien laissé transparaitre, de lui faire croire qu’il s’agissait d’une erreur et que ça ne devait plus arriver. Elle n’avait pas besoin de parler pour que je vois qu’elle n’arrivait plus à me suivre, elle doit surement se dire que je joue avec elle. Elle s’est mise en colère et m’a reproché d’utiliser son agression comme prétexte pour m’éloigner d’elle et ne pas avoir à assumer que j’ai des sentiments pour elle. Elle a du mal à imaginer à quel point je me sens coupable mais oui, d’une certaine manière elle n’a pas tort quand elle dit que je ne veux pas assumer, car il n’y a rien à assumer, je ne peux pas et c’est tout, parce que c’est mon étudiante, parce qu’elle a souffert par ma faute, parce que je ne peux pas lui parler de ma malédiction, parce qu’elle vit avec des vampires. Et c’est pour cela que je lui ai menti en lui disant que, non, je ne ressentais rien pour elle, a cela elle répond “t’embrasses beaucoup de tes étudiantes toi ?” 

 

Je termine mon café et retourne dans mon lit, aujourd’hui je ne travaille pas car je suis en vacances, j’ai déjà bien avancé sur le travail que je devais faire pendant ces deux semaines et je peux enfin profiter d’un moment de répit. Décidemment cette situation avec Anna me plombe le moral, depuis mon réveil je ne pense qu’à ça. Même ma sœur Isabella a remarqué que quelque chose n’allait pas quand je l’ai vue le soir de Noel, je ne sais pas ce qu’elle pense de cette situation mais ça m’a fait du bien de pouvoir lui en parler. Bon, aller, assez rêvassé, il est temps que j’aille prendre une bonne douche pour attaquer cette nouvelle journée, il ne me reste plus que 3 jours de vacances et j’ai l‘intention de bien en profiter. Mais c’était sans compter sur le message que j’ai reçu en fin d’après-midi de la part de Sarah. 

“Je crois qu’on a un problème, désolée de ne pas vous avoir contacté plus tôt j’étais en voyage avec elle. Il faut que je vous dise, Anna a couché avec Drogo.” 

 

J’ai relu le message une bonne vingtaine de fois avant de bien saisir chaque mot qu’elle a écrit, mes mains deviennent moites et mon poult s’accélère de manière incontrôlable, ce minable a osé la toucher ? Je ne pensais pas qu’ils lui avaient lavé le cerveau à ce point, au point de se laisser faire par l’uns d’entre eux. Rien que d’imaginer cette scène me donne des hauts le cœur, dans un accès de rage j’attrape le premier objet venu et je le balance contre mon mur avant de m’habiller en quatrième vitesse. Aujourd’hui je vais régler mes comptes avec ce salaud de Drogo. 

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