Le Revers de L'Infini - Tome 1 : Découverte
Chapitre 13 : Comme si rien n’avait brûlé
1855 mots, Catégorie: T
Dernière mise à jour 04/10/2025 20:14
Le tunnel encore fumant se referme derrière eux. Les murs, calcinés, gardent l’empreinte de la bataille récente. Mais des pas lourds résonnent dans le silence suspendu.
Derrière eux, alors qu’ils franchissent les premières marches hors du métro, une voix familière surgit du noir, éclatante, théâtrale :
— ALLEEEEZ ! CE SOIR, ON SE FAIT UN PIQUE-NIQUE !
Gojo, adossé à une poutre métallique, agite les bras comme s’il saluait une foule invisible. Le couloir lui renvoie un écho lointain.
— À toute à l’heure, les enfants ! Profitez du trajet, la bouffe arrive en bonus !
Nanami secoue la tête, le regard déjà fatigué.
— À plus, Satoru…
Il pousse un long soupir en levant les yeux au ciel avant de regarder les élèves.
— En voiture. Rin, Sho, Aya, bougez. Et pas de commentaire sur ce dérapage de scénariste...
Sho et Rin aident Aya à grimper dans la voiture. Elle tient toujours son livre contre elle comme un talisman fébrile. Sho grimace en s’asseyant, Rin croise les bras en s'enfonçant sur la banquette arrière. Nanami prend le volant, visage impassible, mais le regard fixé sur le rétroviseur intérieur.
— Je vous dois des excuses, commence-t-il sans tourner la tête. Ce cours n’aurait jamais dû prendre une telle tournure. Ce n’était pas censé arriver... C’était un exercice, pas un piège.
Un silence suit. Sho rompt le calme avec un rire nerveux.
— Arrêtez, Nanami-sensei ! C'était le meilleur cours de ma vie !
Il se tourne vers Rin, l'air encore électrisé.
— C'était fou ! Vous avez vu monsieur Gojo ? Il était incroyable. Impressionnant, mais genre... vraiment !
Nanami soupire, mains crispées sur le volant.
— Il ne vous a montré qu'un échantillon. Croyez-moi.
— Vraiment ?!
Sho rêve tout haut, le regard perdu dans le paysage qui défile. Rin lève les yeux au ciel.
— Lui dis pas trop fort que t’es fan. Il se la pète déjà assez comme ça...
Aya garde le silence, son regard perdu dans la vitre. Elle serre son livre contre elle, comme si la pression ne voulait pas se dissiper.
Rin, plus douce, se penche vers elle.
— Ça va ?
Aya hausse les épaules.
— Un truc super dangereux veut s’en prendre à moi, et j’ai une pile électrique dans la tête qui n’attend qu’à se bastonner... Alors... Peut-être ?
Rin esquisse un demi-sourire, son ton plus solide que moqueur.
— T'as le droit d'avoir peur, mais t'as surtout tenu debout face à une classe S. Pas tout le monde peut en dire autant. Garde cette pile. C'est rare, ce que t'as. Faut juste apprendre à pas te cramer avec.
Petit silence.
— Et si un jour tu vrilles, je te collerai une bonne droite. C'est mon contrat moral.
Aya réprime un rictus.
— Si c'est Cindy que tu vois... elle se laissera pas faire.
Rin plisse les yeux.
— Cindy ? C'est qui, celle-là ? Une nouvelle ?
Aya tapote sa tempe.
— C'est elle. Mon pouvoir. Gojo a dit qu'elle méritait un nom... Il a dit Cindy.
Rin éclate d'un petit rire.
— Comme Bob et Kevin, les mannequins, j'imagine ?
— Oui. Et Cindy a réduit Bob en cendres ce matin.
Sho les écoute, hilare.
— Une personne dans ta tête... Ça fait pas flipper du tout, tiens !
Il se tourne vers elle, faussement sérieux.
— Tu lui diras qu'on est sympas, au cas où. Et qu'on partage les mochis !
Nanami s'arrête devant l'école. Le moteur s'éteint. Il les regarde dans le rétro.
— On est arrivés. Descendez, je vais garer la voiture.
Aya murmure, sans lever les yeux :
— Merci... d'être là.
Rin saute du véhicule avec un clin d'œil.
— Normal, Aya ! Merci pour les frissons, Nanami-sensei !
Sho suit, toujours plein d'énergie.
Aya descend en silence, sa main toujours crispée sur la couverture de son livre. Elle prend la direction de sa chambre sans un mot.
Rin, la suivant des yeux, commente en croisant les bras.
— Dire que Gojo s’est fait engueuler pour moins dangereux…
Sho ricane.
— Après, Nanami est resté avec nous, LUI.
Il secoue la tête, l’air mi-amusé, mi-inquiet.
— Gojo il fait toujours ça. Il arrive, il règle le problème, il balance une vanne et il repart…
Rin soupire.
— Ce type est un crétin, mais faut avouer qu’il en impose. Son domaine… wow ! C’est une chance d’avoir vu ça…
Une seconde de silence.
— Attends... il avait pas dit "pique-nique" ?
Sho se redresse d'un bond.
— OUAIS J'AI FAIM !!
Jun-Ho débarque à ce moment précis, ajustant ses cheveux comme une starlette.
— La chance de voir quoi ?
— Le domaine de monsieur Gojo, dit Sho, tout fier.
— La sphère de l’espace infini. On parle de ça, ajoute Rin.
Jun-Ho écarquille les yeux.
— Attendez… Vous l’avez VU ?? Vraiment ? C’est dingue ! Il s’est passé quoi pour qu’il sorte l'arsenal ?
— Un cours un peu musclé, répond Sho avec une grimace amusée.
— Un cours de Nanami qui a mal tourné, complète Rin. On était juste censés tester la formation terrain. Deux rangs B. Un couloir de métro. Et là… BAM. Rang S intelligent… qui parle, puis Gojo en renfort ! Tout s’est passé assez vite finalement…
Souta, dans l’ombre, les rejoint les mains dans les poches. Il entend “rang S” et s’arrête net. — Où ça ?
— Dans le métro, Zenin, répond Rin.
Jun-Ho fronce les sourcils.
— C’est pas bon ça…
Souta approuve en silence.
Sho, remarquant l’arrivée de Souta, lance :
— Yo Zenin ! Vous avez déjà vu des rangs S comme ça vous les secondes année ?
Souta n’a pas le temps de répondre. Gojo (depuis l’entrée de la cour, hurle) :
— C’EST MOOOOI QUI RAMÈNE LA BOUFFE, BANDE DE PETITS STRESSÉS !
Il déboule, une boîte à pique-nique bariolée dans les bras, sac à dos claqué au sol. Il fait une petite danse ridicule, ouvre tout avec fierté.
— Mochis, sandwichs, bonbons, bubble tea… Fiesta du dîner pour les jeunes héros !
Rin, exaspérée :
— Monsieur… vous êtes gênant, des fois… La petite danse était franchement pas obligatoire…
Sho, le ventre grondant, se précipite pour se servir :
—Trop cool ! Merci monsieur Gojo !
Jun-Ho, affichant un sourire charmeur :
— Bonjour monsieur Gojo…
Gojo, faussement offusqué par la remarque de Rin :
— Gênant ? Moi ? Jamais ! C’est ça qui fait mon charme, Rinette, ricane Gojo en attrapant un sandwich à l’aveugle.
— RINETTE ?! gémit-elle, horrifiée.
Gojo rit et lance :
— Détendez-vous ! C’est la fiesta du dîner ! Mangez avant que je vous nourrisse moi-même !
Jun-Ho penche la tête vers Rin.
— Au fait… votre copine est partie se reposer ? Elle a l’air si faible… Le moindre cours la met K.O ? Tsss Ridicule…
Sho s’arrête de mâcher et fronce les sourcils.
— Dis pas ça. T’étais pas là. Elle s’est battue. Elle a tenu debout contre un rang S.
Gojo, qui mange tout en écoutant, sourit en coin et regarde Souta qui est trop silencieux et sérieux à son goût.
— Elle te manque, ta coéquipière, mon petit Souta ?
Souta hausse un sourcil, stoïque.
— C’est quoi cette allusion, monsieur Gojo ?
Gojo ricane.
— Allusion ? Non non. Illusion. Je suis illusionniste. D’ailleurs, j’ai fait de la magie devant vos copains les premières années !
Sho rit.
— Elle a filé direct dans sa chambre. Elle avait pas l’air bien.
— Allez, court la voir, chevalier Soutaaa~ Ta princesse t’attend ! lance Gojo avec un grand sourire moqueur.
Souta soupire profondément, se levant sans répondre.
— Vous êtes fatigant, monsieur…
Sho ricane :
— Chevalier Souta…
Jun-Ho, en croquant dans son sandwich :
— T’es bizarrement sociable avec elle, Zenin…
Souta hausse les épaules d’un air détaché et s’éloigne.
Gojo le regarde partir plus serieux quelques secondes il crie :
— Il faudra que je te parle de tes progressions mon petit Zenin ! ça sent le changement de Rang !
Rin sourit en coin :
— C’est vrai qu’avec elle il parle, il grogne pas… Zenin… le package de l’ennui : excellence, pureté, héritage
Gojo sourit en coin et termine son sandwich.
— Parfait. Tout est en place…
Le temps s’écoule, rythmé par des discussions de lycéens presque insouciants…
Le soleil commence à décliner sur la cour de Jujutsu Tech baignant les toits d'une lumière tiède et orangée. Quelques papiers d'emballage volent dans la brise légère pendant que la plupart des élèves se dispersent, repus et plus ou moins déboussolés.
Rin termine son mochi, bras croisés, en observant les derniers rayons du soleil qui s’étirent sur le gravier.
— Bon ben moi, je vais aller bosser un peu, annonce-t-elle en s’étirant.
Sho, qui léchait distraitement les miettes sucrées de ses doigts, hoche la tête en souriant.
— Dac ! À plus tard, Rinette !
Rin pivote, lève les yeux au ciel sans se retourner.
— Ouais, à plus ! Rinette… Tss … On dirait que tu parles d’une petite grenouille…
Elle râle puis s’éloigne en sifflotant, mains croisées derrière la tête. Sho la suit du regard un instant, puis attrape un dernier mochi dans la boîte encore ouverte. Il le fait tourner entre ses doigts, pensif, avant de le gober sans hésiter.
Il murmure, plus pour lui-même que pour le vent :
— Petite et mignonne, ouais...
Un sourire en coin étire ses lèvres. Il pousse un long soupir, récupère ses affaires d’un geste nonchalant, puis se dirige vers le bâtiment principal, le pas traînant mais l’esprit visiblement ailleurs.
Depuis un banc à l’ombre, Gojo observe la scène, les bras croisés et un sourire presque attendri sur le visage. Il ajuste lentement ses lunettes, penche la tête.
— Ah, la jeunesse… ça me rappelle des souvenirs…
Il se lève avec l’énergie soudaine d’un gosse en vacances.
— Bon, et moi, j’ai rendez-vous avec un sermon de Yaga. Faudra penser à installer un confessionnal à l’entrée de son bureau… ça va être drôle de voir Nanami prendre aussi une rafale tient…
Il disparaît, sourire en coin dans un bruissement de pas, laissant derrière lui une cour balayée de vent, les restes d’un pique-nique improvisé... et une atmosphère plus légère, pour un temps…
Les rires s’étaient tus, les emballages de mochis s’étaient envolés. Mais derrière la fenêtre close de sa chambre, Aya ne bougeait plus. Elle avait survécu à son premier vrai combat. Mais elle n’était plus tout à fait la même…
Fin du Tome 1...
Rendez-vous lundi soir entre 20h et 21h30 pour la publication des deux premiers chapitres du tome 2...