Les Lumières dans les Ténèbres : La Réalité de la Fée Noire

Chapitre 6 : Cyclone du Châtiment (Lydia)

7399 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 28/05/2021 01:04

Thomas avait disparu.

 

J'étais toute seule sur le stade.

 

Le vent passait dans mes cheveux pendant que je fixais l'endroit où était cette fichue sphère qui avait emporté mon ami quelques instants plus tôt.

 

Je suis tombée à genoux.

- C'est... C'est pas possible...

 

Je ne pouvais pas croire ce qu'il venait de se passer. Je ne pouvais pas croire que mon ami avait disparu. Je devais être dans un rêve... Oui, c'était forcément ça. Ça devait être ça !

Je me suis pincée. Rien n’a changé. J'étais toujours au même endroit, les genoux contre le béton froid et mouillé.

J'ai recommencé. Encore et encore. Toujours rien.

J'ai éclaté en sanglots. Je ne savais plus quoi faire. Je me fichais de ces monstres ou de quoi que ce soit d'autres, je voulais juste... Le revoir.

 

C'est alors que j'ai pensé à quelque chose. Ou plutôt, à quelqu'un : Maxwell. Il fallait que je m'assure qu'il allait bien. Et puis, je devais le prévenir. Il avait toujours su quoi faire, peu importe la situation alors peut-être que là...

J'ai perçu une légère lueur d'espoir. Rien n'était certain, mais c'était tout ce que j'avais.

 

C'est avec cette pensée que je me suis rendue au dortoir des garçons.

 

 

Une fois devant le bâtiment, j'ai monté les escaliers quatre à quatre. Plus j'avançais, plus mon cœur battait fort. Tellement fort que j'ai cru qu'il allait sortir de ma poitrine.

Lorsque je suis arrivée à l'étage des troisième année, plongé dans la pénombre à cette heure-là, j'ai distingué dans l'obscurité du couloir une silhouette humaine à une dizaine de mètre à peine sur ma gauche. N'étant pas sûre de ce que je voyais, j'ai choisi de m'approcher tout doucement. Après les évènements que je venais de vivre, je préférais rester sur mes gardes. Une fois à un mètre de la silhouette, elle s'est retournée brusquement. Laissant apparaitre des longs cheveux bruns en bataille et des yeux verts fatigués.

- Maxwell ?

- Lydia ? 

 

Mon meilleur ami m'a pris dans ses bras. J'ai été soulagée de savoir que lui au moins n'avait rien. Après quelques secondes, il s'est détaché de moi puis avant de m'examiner, soucieux :

- Tu vas bien ? M'a-t-il demandé. Tu as l'air toute chamboulée.

 

En effet, je l'étais. Je voulais tout lui dire mais je n'ai pu que baisser la tête. Puis j'ai fondu en larmes une nouvelle fois. Je n'arrivais à peine à parler, ma voix s'étouffant à chaque mot.

- Tom... Il... Il a...

 

Ma voix n'a plus voulu sortir de ma gorge. Mes sanglots resonnaient dans tout le dortoir des garçons. Maxwell a mis sa main sur mon épaule. J'ai relevé la tête. Il me regardait, comme il avait l'habitude de le faire, une expression calme au visage. Maxwell était quelqu'un de vraiment particulier. Il avait cette habitude de pouvoir calmer tout le monde d'un simple regard, sans avoir besoin de parler. Depuis tout petit, c'était toujours lui qui apaisait Thomas quand celui-ci faisait des accès de colère - il était vraiment belliqueux à l'époque - quand ses parents adoptifs ne pouvaient pas.

Tout de suite, je me suis sentie un peu mieux. J'étais capable d'articuler des mots.

- Parfait, a fait mon ami. Maintenant, je t'écoute.

 

J'ai entrepris de tout lui raconter, dans les moindres détails. Pendant que je parlais, il me regardait toujours, avec cette même expression au visage, sans manifester la moindre surprise et ce, même quand j'ai parlé des créatures et de la mystérieuse épée de Thomas. Ce n'est que quand je suis parvenue à la partie du géant, qu'il a écarquillé les yeux. Une fois mon récit terminé, il prit un air grave. Je m'attendais à ce qu'il s'énerve, crie, pleure... Quelque chose, quoi !

- Ça n'a pas l'air de te surprendre tant que ça...

 

Maxwell a pris un certain temps pour me répondre. Comme s'il choisissait ses mots.

- C'est... compliqué.

- Alors explique-moi ! 

 

Il a fui mon regard, troublé. Sans doute en partie parce que je n’avais pas l’habitude de me comporter comme ça. J'ai commencé à voir rouge. Je sentais qu'il savait quelque chose. Alors pourquoi ne rien dire ? Pourquoi nous cacher ça ?

- Maxwell, dis-moi ce qu'il se passe !

- Qu'est ce qui te fait croire que je sais quelque chose ?!

- Parce que ton ami a disparu et que tu...

- TU CROIS VRAIMENT QUE JE NE SUIS PAS INQUIET ?!

 

D’ordinaire, Maxwell n'élevait jamais la voix. Il ne perdait jamais son sang-froid. Mais là, la situation devait vraiment être grave pour qu'il s'énerve. Je me suis sentie coupable. 

Un silence pesant s'est installé. Au bout d'un moment, Maxwell a soupiré.

- Écoute, je comprends que tu te fasses du soucis pour Thomas. Moi aussi, je m'en fais. Crois-moi. 

- Mais... Tu es au courant de quelque chose, non ? 

Il a hoché la tête.

- C'est possible, oui. Mais je n'en suis pas encore sûr.

- Ah...

- Mais si c'est ce que je pense, on devrait pouvoir le retrouver.

 

Tout n'était donc pas perdu ! Mon visage a du s'éclaircir car après m'avoir jeté un regard, il s'est mis à sourire.

- On va le retrouver, a-t-il corrigé.

 

Sur ces paroles, je me suis sentie beaucoup mieux. J'avais les idées un peu plus claires à présent.

J'ai pris une grande inspiration.

- Alors, que faisons-nous ? ai-je demandé.

 

Maxwell a regardé autour de lui, puis il a tendu l'oreille. Comme s'il s'attendait à ce que quelqu'un se manifeste. Sans surprise, ça a été le silence absolu.

- Tu as eu une dure soirée, a dit Maxwell. Je te propose de passer la nuit, ici. Dès que tu seras levée, on partira chercher Thomas.

- Pourquoi pas tout de suite ? 

- Je connais quelqu'un qui a sûrement dû le trouver à l'heure qu'il est. Il est en sécurité.

 

Maxwell avait dit ça avec tellement d'assurance que je n'ai pas pu m'empêcher de le croire. 

Les faibles lumières qui brillaient encore faiblement ont commencé à clignoter, menaçant de s'éteindre. Il s'agissait peut être de mon imagination, mais il m'a semblé que le couloir était de plus en plus plongé dans l'obscurité.

- Bon, d'accord, ai-je fini par dire.

 

Maxwell a paru se détendre un peu.

- Dans ce cas, tu peux te reposer dans cette chambre, m'a-t-il dit en montrant du doigt une porte à proximité. Elle est vide. 

 

Je suis entrée dans la chambre, qui laissait entrer par la fenêtre une lueur blafarde provenant de la lune. Cette chambre était vide en effet. Elle devait faire une vingtaine de mètres carré environ et était équipée d'un lavabo, d'une table en bois pour deux personnes contre le mur, d'une armoire et de deux lits superposés. La chambre n'ayant visiblement pas de propriétaire, les lits ne disposaient pas de couverture ou d'oreillers, mais juste d'un matelas gris. Maxwell a dû le remarquer car il est parti en courant avant de revenir, quelques minutes plus tard, avec un oreiller et une couette dans les mains.

- Et voilà.

- Merci.

 

Une fois que je les ai pris, il a ajouté : 

- Je vais faire un peu le tour, histoire de voir si quelqu'un s'est réveillé.

 

Je ne voulais pas rester seule. Pas après ce qu'il venait de se passer.

- Mais...

- Je ne serai pas long, m'a-t-il assuré. Toi, tu dors. Je te promets qu'il ne t’arrivera rien. Je ne dormirai pas de la nuit s'il le faut.

 

Il avait l'air déterminé. Cependant, si une autre créature apparaissait, comment pourrait-il me protéger ? Ni lui, ni moi n'avions d'armes. J'allais lui poser la question mais il y a répondu, comme s'il lisait dans mes pensées :

- Ne t'inquiète pas pour ça. Tu peux me faire confiance quand même, depuis le temps ! s'est-il exclamé, un sourire aux lèvres. Je ne suis pas fatigué de toute façon. Et puis... (Son visage s'est assombri.) J'ai déjà assez dormi comme ça.

 

Je ne voyais pas ce qu'il voulait dire par là mais je n'ai rien ajouté. Au lieu de quoi, je me suis allongée sur le lit du bas. Ensuite, Maxwell a allumé la lumière. Il a vu mon regard interrogateur.

- Ça va te sembler bizarre, mais c'est pour ta sécurité. Alors, s'il te plaît, n'éteins surtout pas, d'accord ?

Je ne voyais pas en quoi la lumière pouvait me protéger mais, j'ai décidé de lui faire confiance.

- Très bien...

 

Après s'être assuré que j'étais bien installée, Maxwell quitta la chambre avec un "Bonne nuit.". Il a fermé la porte dernière lui. J'ai regardé par la fenêtre. C'est là que je me suis aperçue d'une autre chose étrange. L'orage avait disparu. Plus aucun nuage dans le ciel. Plus de pluie. C'était comme si... Cela n'avait jamais eu lieu. Avais-je imaginé tout ceci ? Peut-être allais-je me réveiller dans ma chambre... Non. Ces monstres, ce géant et la disparition de mon ami étaient bien réels.

Je me suis recroquevillée sous la couette.

Je ne voulais pas dormir mais la fatigue me gagnait petit à petit. Pour finir, j'ai fermé les yeux.

 

 

Tommy... Que t'est-il arrivé ?

 

 

Je ne me rappelle pas m'être endormie, mais je me souviens du rêve. Il m'a semblé que j'étais dans l'océan. J'avais les yeux fermés mais je sentais que j'étais sous l'eau. Le plus étrange, c'était que je pouvais respirer. En plus, je n'étais même pas mouillée. Il me semblait aussi que je m'enfonçais, tête la première, vers le fond de l'océan. Au bout d'un moment, petit à petit, l'eau a laissé place à de l'air.

J'ai ouvert les yeux.

J'ai vu un immense vitrail circulaire. Il y avait peu de couleur : les contours du vitrail étaient violets et celui-ci était bleu ciel. Et... j'y étais représentée. Je n'avais pas la moindre idée de ce que cela voulait dire. Mais il s'agissait bien de moi : je reconnaissais mon visage bien qu'il soit de profil, mes cheveux blonds et... Une étrange arme à la main. Je n'ai pas pu en voir plus : je fonçais beaucoup trop vite vers le vitrail.

C'est là que j'ai pris conscience d'un problème : comment allais-je atterrir ? Prise de panique, j'ai mis mes bras devant mes yeux et me suis préparée au choc. Au lieu de ça, je me suis sentie ralentir encore et encore. Après un certain temps, je tombais tellement lentement que j'ai pu en profiter pour tout doucement poser mes pieds sur le vitrail. Une fois au sol, soulagée, j'ai jeté un œil autour de moi. Le problème, c'était qu'il n'y avait rien à voir. J'étais toute seule sur le vitrail et, en plus, à l'extérieur de celui-ci, tout était noir. Comme au fond de l'océan. C'était tellement obscur que la seule raison pour laquelle j'arrivais à voir quoique ce soit, c'était parce que le vitrail était… lumineux ?

En effet, en regardant le vitrail de plus près, il me semblait qu'il brillait. Ou plutôt, on aurait qu'il était éclairé par quelque chose en-dessous du verre. De plus, je sentais quelque chose de chaud, d'accueillant et d'étrangement familier. Cela me faisait penser à un foyer. Je m'apprêtais à me balader un peu pour mieux observer ce curieux vitrail quand une voix a retenti : 

" Tu te trouves sur le Palier de l'Éveil."

 

Prise de court, j'ai eu un sursaut. Je me suis mise à regarder frénétiquement autour de moi, cherchant mon interlocuteur. Mais personne. J'étais seule.

" Ton cœur est confus, a continué la voix. Tu cherches des réponses et un moyen pour les protéger... Comme ils l'ont fait pour toi il y a longtemps. "

 

C'est alors que j'ai compris : la voix résonnait dans mon esprit. On dirait dit... Qu'elle était féminine. Difficile à dire. Aujourd'hui encore, j'ai du mal à m'en souvenir.

" Tu possèdes déjà cette force, au plus profond de toi. "

 

Une telle puissance en moi...

Vraiment ? Toute ma vie, j'avais été faible, incapable faire ou de réussir quoi que ce soit alors... pourquoi ?

Je ne savais pas de quoi cette voix ne parlait ni même si c'était vrai mais j'étais sûre d'une chose : je voulais cette force. Oui, je la voulais. Pour protéger ceux auxquels je tenais. J'en étais certaine.

" Mais... La mérites-tu ? "

 

Tout à coup, le décor a changé. Je me trouvais sur un immense rocher, et pas n’importe lequel. Ce dernier se situait à l’exacte limite entre la ville d’un côté et la plage de l’autre, nous faisant grâce d’une excellente vue sur ces deux choses, mais aussi le ciel. Toujours le ciel. C’était le truc de Thomas, ça.  La « Frontière » - c’est comme ça que nous nommions le rocher – était notre endroit à Maxwell, Thomas et moi. Nous nous y rendions souvent pour profiter du paysage, admirer le crépuscule, ou pour tout simplement s'isoler. On pouvait remercier Thomas qui l’avait découvert un peu par hasard lors d’une de ses innombrables explorations. Je me trouvais à quelques mètres de l'extrémité du rocher, aussi je pouvais presque voir sans problème la ville en éveil à ma gauche tout en écoutant le clapotis mélodieux des vagues à ma droite. Comme je disais, presque, car devant moi il y avait trois personnes. Trois personnes que j’ai immédiatement reconnues : Maxwell, Thomas et... Moi. Nous étions de dos mais j'en étais parfaitement sûre. Thomas et moi étions assis sur le bord du rocher, les pieds dans le vide tandis que Maxwell se tenait debout, bras croisés, comme d’habitude.

Soudain, mon double s'est retourné avant de me parler. Elle avait ma voix, mais celle-ci était éteinte, comme si cette Lydia n'avait aucune émotion. Même son regard semblait vide. Thomas et Maxwell, eux, fixaient toujours l'horizon.

- De quoi as-tu peur ? M'a demandé mon autre moi.

 

Cette question m'a totalement prise de court. Était-ce une sorte de test pour cette "force" ? Je n'en avais aucune idée mais j'ai décidé de jouer la sécurité. Quelque chose me disait que j'avais intérêt à répondre sincèrement. J'ai commencé à réfléchir. Étrangement, je pouvais le faire aussi clairement que si cela avait été la réalité. J'ai pensé au combat de Thomas, quelques heures plus tôt. J'aurais pu aller chercher de l'aide ou faire n'importe quoi d'autre mais j'étais restée plantée là.

- D'hésiter, ai-je répondu.

 

Sur ces mots, l'image de mon double s'est brouillée et a disparu. Littéralement. Les autres n'avaient pas l'air perturbé le moins du monde. 

Tout à coup, Maxwell s'est retourné puis, comme à son habitude, il a gardé les bras croisés, adossé contre le muret. Il m'a demandé, d'une voix sans vie lui aussi :

- Quel est ton rêve ?

 

Je n'avais jamais eu de rêve particulier, ni même d'objectif. Je me contentais d'aller où mon cœur me disait d'aller. Mais après ce soir, les choses ont commencé à devenir différentes. Cette nuit, je ne pouvais pas me battre. Je ne pouvais que regarder mon ami se battre au péril de sa vie. Lui au moins avait la force de l'affronter... Moi, j'étais si faible. Et puis, il n'y avait pas que ça. Surtout depuis que nous était petits...

- Devenir forte, ai-je répondu d'une voix ferme.

 

Comme mon double, Maxwell a disparu à son tour. Ça a été au tour de "Thomas" de faire volte-face. Je sais, il s'agissait d'un rêve. Pourtant, je n'ai pas pu m'empêcher de ressentir un pincement au cœur quand nos regards se sont croisés. Malgré le fait qu'il ne s'agissait pas du vrai, j'ai dû faire appel à toute ma volonté pour ne pas courir le prendre dans mes bras.

Il s'est mis à parler, d'une voix absente :

- À quoi est-ce que tu tiens le plus ? 

 

Je n'ai pas réfléchi une seule seconde.

- L'amitié.

 

À ma grande surprise, "Thomas" a souri, avant de disparaître lui aussi.

Pendant quelques instant, je suis restée seule. Me demandant à quoi rimait ce test, au juste. Puis le décor a de nouveau changé : j'étais de retour sur le vitrail. Je n'ai même pas eu le temps de me demander comment est-ce que j'étais revenue : la voix a repris, résonnant de nouveau dans mon esprit :

" Ton cœur est sincère. Tu as répondu sans mentir. Tu es digne de cette force."

 

Je ne voyais toujours pas de quoi elle parlait. Cette "force" était-elle une arme ? Une habileté ? Et même si je l'obtenais ici, comment allais-je m'en servir dans le monde réel ? Tant de questions qui demeuraient sans réponses.

- " Voici... La Keyblade !

La Key... Quoi ? 

 

Soudain, une tornade suivie d'une colonne de lumière est apparue au centre du vitrail. Une fois la tornade dissipée, j'ai pu distinguer une clé dans la colonne de lumière. Une clé géante de quatre-vingts bon centimètres de long, je dirais. Et elle flottait toute seule.

Plus je m'approchais de la clé, plus je la trouvais étrange. Sa taille n'était pas la seule chose de bizarre. Sa forme aussi valait le coup d'œil. Une fois devant la colonne de lumière, j'ai pu mieux l'observer. On aurait dit une épée mais il s'agissait bel et bien d'une clé. Pas de doute. L'épée - ou la clef ? - était entièrement de couleur turquoise. Elle avait une garde, de forme ovale, et sa lame se composait deux tiges de longueurs différentes qui se recourbaient en spirale à l'extrémité.

J'ai voulu saisir la clef par la garde : il y avait une petite tige en métal à ce niveau. Sans doute l'endroit où on devait tenir l'arme. Dès l’instant où ma peau est entrée en contact avec la garde, un élan d’énergie comme je n’avais jamais ressenti auparavant m’a traversé. J’étais… plus forte.

Elle était étonnamment bien équilibrée : ni trop lourde, ni trop légère. Elle m'allait comme un gant. C'était comme si... j'étais destinée à la manier. Elle me faisait un peu penser à l'arme de Thomas. Cette épée bizarre qu'il avait obtenue... Était-elle une Keyblade aussi ?

- Bien, reprit la voix. Connais-tu son nom ?

- Cyclone du Châtiment

 

Je ne savais absolument pas d'où je tenais cette information mais j'en étais sûre. C'était comme ça qu'elle s'appelait.

- La Keyblade est une arme puissante, a continué la voix. Elle te fournit des pouvoirs particuliers et te permets d'éradiquer les Ténèbres. Tu as été choisie. À présent, tu as le pouvoir que tu désirais... mais ton voyage ne fait que commencer.

 

Dès qu'elle a fini sa phrase, mon ombre a commencé à grandir... Grandir... Jusqu'à se détacher de moi.

- De nombreux ennemis convoitent ton pouvoir et chercheront à s'en emparer.

 

L'ombre avait d'abord ma forme, puis elle s'est transformée en une masse indescriptible, des plus ténébreuses. La masse obscure s'est mise à grossir jusqu'à faire cinq ou six fois ma taille avant de se modeler plus précisément. Cette chose a acquis une forme humanoïde, avec une tête, des mains et des pieds. Mais à la place des jambes, des bras et du cou, il avait des... Tornades. Sa tête était une simple forme circulaire avec deux yeux jaunes qui brillaient d'envie de me détruire.

- Pour les vaincre, tu devras survivre, devenir plus forte et détruire les peurs enfouies au plus profond de ton être.

 

Quant à son torse, on pouvait y voir un gros trou en forme de cœur. Mon sang s'est glacé dans mes veines. Comment étais-je censée affronter une chose pareille ?

 

Avant même que le géant ne pensa à bouger, j'ai pris mes jambes à mon cou. Je devais m'en aller. Le plus loin possible de cette créature. Le problème, c'est qu'il n'y avait aucun moyen de fuir. Une fois arrivée à l'extrémité du vitrail, j'ai failli tomber dans... Rien du tout, en fait. C'était le néant. Je me retournée, face au monstre, silencieux.

 

J'étais piégée.

 

" Tu en es capable. "

 

Moi ? C'était impossible ! Je devais affronter un géant de huit mètres de haut avec une petite épée. De son point de vue, mon arme devait avoir l'air aussi menaçante qu'une brindille. J'étais pétrifiée et je ne savais pas quoi faire. C'est à peine si je parvenais à tenir ma nouvelle arme sans trembler. Quant au monstre, il n'avait pas l'air pressé de me mettre en pièces. Comment allais-je me débarrasser de cette créature ? Si je mourrais ici, allais-je mourir dans la réalité ? Ce rêve avait l'air si... Réel. Quoi qu'il en soit, je ne voulais pas échouer. C'est alors que je me suis mise à penser à Thomas. Lui aussi a été confronté à un terrible danger. Il avait sans doute dû ressentir la même chose que moi à cet instant mais lui, il n'avait pas fui. Il aurait pu abandonner, mais il ne l'avait pas fait. Il voulait me protéger. Alors la moindre des choses que je pouvais faire pour lui rendre la pareille, c'était de rester en vie. Les paroles de la voix me sont revenues à l'esprit. J'ai senti un courage puissant monter en moi. Un sentiment que je n'avais presque jamais ressenti depuis ma naissance. Puis j'ai regardé Cyclone du Châtiment. Si je ne pouvais pas fuir, alors autant me battre. Je n'avais pas le droit de mourir. J'ai chargé...

Avant de m'arrêter net.

 

Thomas se trouvait avec moi. Ce n'était pas le Thomas bizarre de quelques instants plus tôt mais bien celui que je connaissais. Pourtant, il n'était pas le seul à être apparu. Maxwell aussi était là aux côtés de ma tante ainsi que... mes parents. S'il y avait bien des gens que je ne voulais pas voir, c'était bien eux.

Mon père et ma mère m'ont regardé avec la même expression de profond dégoût dont j'avais l'habitude depuis des années. Je n'ai eu aucune réaction. Qu'aurait-il fallu que je fasse ? Je ne comprenais déjà pas ce que je fichais dans ce rêve, mais eux...

Tante Lysanna, Thomas et Maxwell m'ont regardé à leur tour mais, contrairement à leur habitude, c'était avec... La même expression que mes parents.

- Qu... Qu'est-ce que vous avez ? leur ai-je demandé.

 

J'ai tenté de m'approcher de ma tante mais elle a reculé d'un pas. Maxwell, à proximité, en a fait de même. Je me suis dirigée vers Thomas. L'arme qu'il avait utilisée contre le géant est apparue dans ses mains et il l'a pointée droit sur moi.

- Ne m'approche pas.

 

Je l'ai regardé sans comprendre. Ses yeux brûlaient de rage. Comme ceux de ma tante, de Maxwell et de mes parents. Pour ces deux-là, je n'étais pas surprise mais pourquoi est-ce que les autres me dévisageaient comme ça ?

 

- Je n'aurais jamais dû te protéger depuis toutes ces années, a ajouté Thomas d'un ton glacial.

 

Ces mots m'ont fait l'effet d'un coup de poignard. J'avais mal. Le regard des autres n'arrangeait pas les choses. Si même ceux que j'aimais le plus au monde pensaient ça, alors, cela voudrait dire qu'ils avaient raison depuis le début ?

 

Au loin, le monstre a commencé à bouger. Une fois non loin de nous, il a tendu le poing au-dessus de Thomas. J'ai tenté de l'avertir, mais il ne m'a pas écouté. Le poing s'est écrasé sur lui, le réduisant en poussières blanches. J'ai regardé ses restes atterrir à mes pieds.

Une partie de moi savait que ce n'était qu'un rêve, que de toute façon ce n'était pas possible, mais j'avais abandonné toute raison. J'étais au bord des larmes.

- Maxwell, tante Lysanna... je vous en supplie, écoutez-moi.

 

Maxwell n'a même pas daigné me regarder.

- Plutôt mourir.

 

Et il a lui aussi été détruit. Ma tatie, juste à côté, n'a même pas réagi. Elle s'est juste contentée de me regarder avec dédain avant d'ajouter :

- Il faut croire que ma sœur avait raison depuis tout ce temps.

 

Puis, elle a subi le même sort que Thomas et Maxwell.

 

- Une incapable depuis toujours, a dit ma mère.

- Elle n'aurait jamais dû exister, a ajouté mon père.

 

Je n'ai pas su quoi répondre, ni quoi faire. Je n'ai même pas réagi quand le géant a détruit mes parents à leur tour. L'ombre de son poing a plané au-dessus de moi et je restais là. J'attendais.

Peut-être qu'ils avaient raison. Peut-être qu'il valait mieux que je disparaisse.

Mon regard s'est posé sur ma nouvelle arme.

 

"Tu as été choisie." Avait dit la voix. J'ai eu l'impression qu'une décharge électrique m'a traversé le corps.

J'avais maintenant la force de protéger les miens. Aussi, ces derniers ne m'auraient jamais dit des choses pareilles. Pas après toutes les choses qu'on avait vécus. C'était impossible. Ce devait sans doute être un genre de test alors j'allais réussir et rejoindre les miens !

 

J'ai fait une roulade sur le côté au moment où le poing s'abattait sur le vitrail.

J'ai regardé le monstre. Il était toujours aussi effrayant, mais j'étais déterminée, cette fois. J'avais le désir ardent de faire mes preuves. Comme si je voulais me prouver à moi-même que j'étais digne de rester en vie, contrairement à ce que mes parents pensaient. Que j'étais digne de cette arme.

Cyclone du Châtiment, hein ? ai-je pensé. Voyons voir si tu portes bien ton nom.

 

Tout en faisant un immense effort pour ignorer la voix dans ma tête qui me disait que je n’étais pas de taille, je me suis à nouveau précipitée vers le monstre. Peu importe les choses que j'allais voir, il était hors de question que je m'arrête.

Je ne savais pas trop ce que je voulais faire mais j'étais presque sûre que je devais tenter de reproduire ce que Thomas avait fait contre l'autre géant. Il fallait que je m'occupe de ses membres un par un. J'ai couru aussi vite que j'ai pu pour finalement arriver devant son pied gauche. Le géant a eu l'air surpris que je sois arrivée aussi vite, car il a reculé. Puis il s'est ressaisi et a littéralement plongé sa main - qui devait bien faire ma taille au moins - dans le vitrail. Vous avez bien lu. Je m'attendais à ce que le verre de brise mais rien. La main du géant a traversé le sol comme si c'était de l'eau et un trou noir est apparu à cet endroit. Je n'ai pas réfléchi plus longtemps : j'en ai profité pour donner un coup sec de Keyblade au poignet. Puis j'ai bondi en arrière. Je n'étais pas très rapide ou agile, mais ma vitesse actuelle était suffisante pour le prendre de court. J'ai attendu que la main se désintègre. Mais non. Elle était restée intacte.

Cela n'allait pas être facile... Est-ce que ça allait même être possible ? Je suis de nouveau passée à l'attaque quand une petite créature est sortie du trou noir pour m'attaquer. Un petit monstre entièrement noir avec une tête parfaitement sphérique, deux petites antennes sur le haut du crâne des pattes aux griffes acérées. C'était une des créatures que Thomas et moi avions rencontré. Par réflexe, je l'ai tranché d'un bon coup de Keyblade. Le monstre s'est désintégré. Ne laissant derrière lui qu'une trainée sombre. Je m'apprêtais à reporter mon attention sur le géant quand j'ai vu d'autres Ombres apparaître autour de la main. Décidément, je n'étais pas au bout de mes surprises. En plus d'être géant, il pouvait invoquer des camarades de jeux.

 

Je ne savais pas de quoi m'occuper en premier. Des petits monstres pour éviter qu'ils ne me taillent en pièce ? Ou de la main afin de l'empêcher d'invoquer d'autres créatures ? Plus je tentais de réfléchir, plus mon courage m'abandonnait. Petit à petit, je perdais mon sang-froid. Je n'étais pas Maxwell. Soudain, ça a fait tilt dans ma tête. La priorité, c'était le géant. J'espérais qu'il agirait comme un vaisseau mère : si je le détruisais, les petits allaient disparaître. Mais celles-ci n'allaient pas me laisser tranquillement m'occuper de leur chef. Comment faire ? C'est alors que la voix a retenti de nouveau en moi : 

- La Keyblade est ton guide.

 

Je n'étais pas sûre de comprendre.

Je me suis mise alors à la fixer. C'était moi, ou alors elle semblait scintiller ? Je ne savais pas trop pourquoi, mais j'avais le sentiment que cette arme allait me sortir de cette situation, d'une façon ou d'une autre. Je devais suivre mon instinct. J'ai entrepris alors de courir de nouveau vers la main, toujours au sol, faisant apparaître de plus en plus de créatures. À quelques mètres devant celle-ci, je donné un coup d'épée dans le vide. Soudain, un bruit de vent se fait entendre. Un rafale de vent a surgi de nulle part après mon attaque et est venue percuter de plein fouet les petit créatures, les détruisant sur le coup. Je suis restée immobile, stupéfaite. Je ne savais pas comment j'avais fait. Mais je l'avais fait. Voilà tout. Ou peut-être... Ma Keyblade l'avait fait ? J'ai arrêté de me poser des questions. Je n'en avais pas le temps. J'ai décidé de m'attaquer à la main de nouveau. Je n'étais pas sûre de ce que je faisais, mais je savais que je devais m'en débarrasser. Je me suis mise à trancher... Trancher... Après un certain moment, la main s'est désintégrée. Le monstre a reculé jusqu'à l'extrémité du vitrail. J'étais sur le point de m'attaquer à sa jambe mais il s'est ressaisi d'un coup. Il s'est redressé puis une sphère grise qui devait faire vingt fois la taille d'un ballon est apparue devant son trou en forme de cœur.

De l'air comprimé.

 

Inutile d’être très intelligente pour comprendre que se faire toucher par de l'air comprimé pouvait faire très mal. Alors se faire percuter par de l'air comprimé de cette taille... Mon intuition me criait de bouger. De ne pas rester bêtement devant lui. Et pourtant, mes jambes refusaient de d'obéir. Si je me faisais toucher... Eh bien, je vous laisse deviner. Je n'avais pas franchement envie de me transformer en bouillie. C'est alors qu'il a envoyé la sphère dans ma direction. Elle fonçait à vive allure.

Tout s'est passé très vite. En moins d'une seconde, en fait. J'ai vu ma Keyblade du coin de l'œil. Puis j'ai senti une force me traverser. De ma tête jusqu'à mes jambes, des frissons m'ont parcouru. Au moment où la sphère n'était plus qu'à quelques centimètres de moi, j'ai bondi sur le côté. Je pensais atterrir un ou deux mètres plus loin, mais en sautant, je me suis rendue compte que je me trouvais déjà au bord du vitrail. Et pourtant, je me trouvais à une dizaine de mètre quelques instants plus tôt. Comment étais-je arrivée là aussi vite ? Je n'avais pas le temps d'y réfléchir. Le géant m'a de nouveau envoyé une boule de sa main droite. J'ai pu l'esquiver de nouveau d'un bond sur la gauche. Et j'ai atterri encore une fois plus loin que ce que j'avais prévu. Mais cela ne m'a pas perturbé. Je devais rester concentrée. Ni une, ni deux. Je me suis ruée vers le pied droit du monstre. Le truc, c'est que j'étais bien plus rapide que d'habitude. Beaucoup trop d'ailleurs. J'avais l'impression d'avoir du vent dans le dos, qui me poussait comme ce n'était pas permis. Quoi qu'il en soit, j'allais à une vitesse hallucinante. Tellement vite que, une fois devant le géant, je donnai un coup de Keyblade dans le pied de celui-ci. L'élan que j'avais accumulé dans ma course m'avait permis d'obtenir la force nécessaire pour faire tituber le monstre. Mauvaise nouvelle : son pied est presque resté intact. Bonne nouvelle : il est tombé (mais pas dans le vide). Je pouvais viser sa tête. Elle était au sol. Tout à fait sans défense. Je me précipitais vers le monstre avec ma nouvelle super-vitesse mais, soudain, des petits monstres comme tout à l'heure sont apparus près de lui. Ils ont bondi dans ma direction, dardant leurs griffes aiguisées. Je n'avais pas le temps d'esquiver. Les créatures ont failli m'atteindre... Puis elles se sont faites balayer par une rafale de vent sortie de nulle part. J'ai continué sur ma lancée vers le géant et je suis parvenue à freiner de justesse pour arriver juste devant sa tête. Quant aux petites créatures derrière moi, elle se sont reprises et accouraient dans ma direction. Sans réfléchir, j'ai commencé à rouer de coups de ma lame la tête du monstre. C'était désordonné, certes. Il n'empêche que cela avait l'air de marcher. Après un certain moment qu'il m'a semblé durer une éternité, le géant s'est finalement réduit petit à petit en cendres noires avant de disparaitre totalement. J'ai immédiatement fait volte-face avant de pousser un soupir de soulagement. Les autres avaient disparus, eux aussi.

Tout mon corps s'est détendu. J'avais des égratignures partout. Mon corps entier me faisait mal et j'étais exténuée. Difficile de croire qu'il s'agissait d'un simple rêve. Un silence total est tombé. Je m'attendais à me réveiller mais rien ne s'est passé. Je restais là, hébétée en contemplant mon épée. Plusieurs minutes sont passées. Je suis parvenue tout juste à me tirer de mon admiration quand un disque sombre s'est formé à mes pieds. J'ai tenté de partir mais impossible de bouger, mes pieds étaient comme collés au sol. Petit à petit, je m'enfonçais dans le vitrail, comme dans des sables mouvants. Je bougeais dans tous les sens comme une furie, mais je restais prisonnière. J'aurais voulu hurler, appeler à l'aide, mais ma voix ne voulait pas sortir de ma gorge. Je m'enfonçais de plus en plus. Seule ma tête était encore à l'air libre. Je ne pouvais même plus sentir le reste de mon corps.

Je disparaissais dans les Ténèbres. Tout était perdu.

C'est alors qu'une colonne de lumière a jailli autour de moi avec un cyclone. Mais ce vent n'était pas normal. En effet, je voyais presque l'air m'entourer comme un cocon, dissipant l'obscurité qui m'envahissait. Quelques secondes après, je me trouvais sans danger, à genoux et avec la Keyblade devant moi.

 

" Bravo à toi, élue de l'Essence du Vent. "

 

 

 

Je me suis réveillée brutalement, en sueur. Maxwell, qui venait d'entrer dans la chambre, en a failli lâcher le plateau qu'il tenait. 

- Ouah ! A-t-il fait. Doucement !

- Désolée... ai-je bredouillé.

 

La lumière vive qui entrait dans la chambre laissait deviner qu'il faisait déjà bien jour. Maxwell se tenait sur le pas de la porte avec un plateau chargés de croissants et de pains au chocolat. La vue de cette nourriture m'a fait me rendre compte que je mourais de faim. Après avoir déposé le petit-déjeuner sur le lit, il s'est assis sur la table. Il avait vraiment l'air fatigué. Des cernes étaient apparus sous ses yeux, ses paupières semblaient ne plus lui obéir, il avait le regard absent et il marchait lentement, comme s'il faisait tous les efforts du monde pour ne pas s'écrouler. Devant mon regard interrogateur, il m'a expliqué qu'il avait passé la nuit à faire le tour de la ville pour chercher de l'aide. Tout le monde était inconscient. Maxwell a ajouté qu'il n'avait pas rencontré de monstres de toute son escapade.

- Mange donc, m'a-t-il conseillé.

 

J'étais encore bouleversée et déconcertée. J'ai regardé Maxwell. J'avais encore un doute.

- Est-ce que tu es bien... Toi ?

 

Manifestement surpris par cette question, il a mis plusieurs secondes avant de me répondre.

- Bah euh, oui. C'est ce bon vieux Max. Pourquoi ?

- C'est juste que, j'ai fait un rêve plutôt bizarre...

 

Je lui ai alors tout raconté en mangeant un morceau de temps en temps. À la fin de mon monologue, une fois de plus, il n'a pas eu la réaction à laquelle je m'attendais. 

- Tu... Tu me crois ?

 

Il a fait oui de la tête.

Incroyable. Déjà qu'il m'avait cru avec une facilité déconcertante pour les monstres, le géant et la disparition de Thomas. Maintenant, il recommençait. 

- Mais bon, me suis-je empressée de rajouter, ce n'est qu'un rêve, pas vrai ?

 

Il n'a pas répondu.

C'est alors que, comme pour me contredire, ma Keyblade est apparue dans ma main dans une rafale de vent faisant presque renverser mon plateau. J'étais muette de stupéfaction.

- Non, a fini par dire Maxwell, ce n'était pas un simple rêve.

 

Alors ce rêve était bien réel. Je n'étais pas complètement surprise, mais il n'empêche qu'un frisson m'a parcouru l'échine. Si j'avais perdu face au monstre... D'elle-même, la Keyblade a disparu. Maxwell a été témoin la scène comme si tout ça était parfaitement normal. J'ai regardé Maxwell.

- Plus tard, les explications, a-t-il dit. Il faut qu'on parte vite d'ici.

- Comment ça, "partir" ? Pourquoi ? Pour aller où ? On ne connaît que cette ville. Au-delà...

 

Au-delà de notre ville, on ne savait pas ce qu'il y avait. Notre ville était isolée du reste du monde. Étrangement, personne ne connaissait autre chose que cet endroit. Personne n'en avait envie en fait, sauf Thomas. Il avait toujours été incroyablement curieux. Mais voilà, tout le monde était évanoui. Tout ce que nous pouvions faire, c'était d'aller chercher de l'aide à l'extérieur. Peut-être allions nous prendre une voiture - même si aucun de nous deux ne savait conduire mais, à ce stade, ce n'était plus qu'un détail - et rouler jusqu'à la prochaine ville. Mais où aller ?

- Je sais où est ce qu'on peut se rendre, a dit Maxwell. Normalement, Thomas y sera. Je te conseille d'aller chercher des affaires de rechange, je ne sais pas quand est-ce qu'on reviendra. Rejoins-moi sur le stade quand tu auras fini. 

 

Sans me donner plus d'explications, il est sorti de la chambre. 

Enthousiasmée par l'idée de retrouver mon ami, j'ai couru vers le bâtiment des filles. J'ai pris un grand sac et quelques affaires de toilette que j'ai fourrées dedans pêle-mêle. Puis je me suis dirigée aussi vite que possible vers le stade.

 

- T'as été rapide ! fit Maxwell en me voyant arriver. (Il a froncé les sourcils) Ça va ?

J'étais en sueur, j'avais du mal à respirer et j'avais mal aux jambes. Mais à part ça, tout allait bien. Nous étions devant une des faces latérales du stade. À la lisière d'une forêt relativement dense séparée de nous par un grillage vert haut de deux mètres.

- Tu es prête ? m'a demandé mon ami.

- Prête, ai-je répondu. Mais, euh, comment...

 

Maxwell ne m'a pas laissé finir ma phrase. Il a réussi à créer une ouverture dans le grillage d'un coup de pied bien placé - il faut dire qu'elle n'était plus toute jeune - et m'a emmené dans la forêt. Après un long moment de marche, nous sommes arrivés dans une grande clairière. Des oiseaux chantaient à la cime des arbres et l'air frais du matin a parcouru mes narines, transportant des effluves de fleurs et d'écorces d'arbres. Ce qui était étrange, c'était que l'herbe semblait aplatie. Comme si quelque chose était dessus. Mais je ne voyais rien. 

Maxwell a mis la main dans la poche et en a sorti une petite télécommande. Il a appuyé sur quelques boutons. Et je n'en ai pas cru mes yeux : un genre de vaisseau spatial est apparu comme s'il avait toujours été là. Attention, je ne parle pas d'un de ses vaisseaux spatiaux hyper futuristes qu'on peut voir dans les films, mais d'un qui ressemblait à un jouet grandeur nature. Il semblait avoir l'air de sortir tout droit d'un jeu de construction pour enfants. Il était constitué de quatre petits ailerons verts sur les côtés, de deux fusées qui devait servir de moteur, d'un cockpit vert tout juste assez grand pour contenir deux personnes et d'un amas désordonné de blocs noirs gros comme des rochers qui se terminait en pointe - pour l'aérodynamisme, peut-être. Comme si un bébé géant s'était amusé à construire un vaisseau spatial en assemblant les pièces n'importe comment. 

Maxwell a fait volte-face.

- Voici notre moyen de locomotion. Ne fais pas attention au look, je n'y suis pour rien. On retrouvera Thomas en un clin d'œil s'il n'y a pas de, euh, perturbations.

J'ai une nouvelle fois fixé Maxwell.

 

- Mais qui es-tu au juste ? 

- Le même, ne t'en fais pas, a répondu mon ami sur un ton qui se voulait rassurant. Je suis toujours ce cher Max ! C'est juste que... Il y a pas mal de choses que je ne vous aie pas dites, à Thomas et à toi. 

J'allais lui poser plus de questions mais il m'a interrompu.

 

- Montons à bord, a-t-il dit-il en montrant le vaisseau. On ne doit vraiment pas rester ici plus longtemps. Mon ami doit déjà avoir trouvé Tom à l'heure qu'il est. 

- Maxwell. Cet "ami" dont tu parles, qui est-il ? Tu es sûr que Thomas est en sécurité avec lui ?

 

Maxwell a de nouveau appuyé sur les boutons de la télécommande et le cockpit s'est ouvert, laissant se déplier un long escalier pour nous permettre de monter. Ceci fait, il a reporté son attention sur moi avant de me sourire.

 

- À deux cents pour cent ! C'est quelqu'un d'incroyablement fort et... Je le connais depuis très longtemps. Il s'appelle Mickey.


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