Le poids des Apparences

Chapitre 4 : Plus d'alcool que de raison

2141 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 24/04/2020 18:42

Merci beaucoup à ceux qui me lisent, n'hésitez pas à m'écrire un commentaire, c'est toujours constructif d'avoir un retour =)


Bonne lecture !


Erwin ne buvait jamais plus d'alcool que de raison. Il ne pouvait concevoir de perdre le contrôle. Un homme tel que lui se devait de toujours être maitre de lui-même, et l'idée de se donner en spectacle lui était inconcevable ; surtout devant ses hommes. La seule personne qui l'avait vu titubant, incohérent : au bout du rouleau, était Livaï. Il l'avait aidé ce soir-là à rejoindre ses appartements, et n'en avait jamais fait mention par la suite. Il se demandait souvent ce qu'il avait bien pu dire ou faire, mais n'osait pas revenir sur le sujet. L'important était que son attitude n'avait pas changé, et à choisir, il valait mieux que cela tombe sur le jeune capitaine qu'Hanji par exemple, qui se serait fait un plaisir de le charrier jusqu'à sa mort.


- Ça va Erwin ? Ne me dis pas que tu as déjà trop bu... Lui demanda la fameuse Hanji, un large sourire aux lèvres.


Il laissa échapper un petit rire. Cela ne risquait pas... Montrer ses faiblesses à sa collègue relevait du suicide social... Il jeta un œil aux autres et nota que comme Hanji, Mike était bien rincé, tandis que Livaï commençait à piquer du nez. Il chercha alors la jeune Duchesse du regard et l'aperçu, toujours au comptoir, en plein fou rire avec la belle courtisane. Ce que les deux amies se racontaient devait vraiment valoir le coup car une audience s'était formée autour d'elles, et Liam semblait extrêmement mal à l'aise. Même en état d'ébriété, la jolie brune gardait une certaine prestance, ce qui l'amusa en contraste avec Hanji, qui était quasiment allongée sur la table, et riait par vague, seule, la bouche grande ouverte.


Le Commandant proposa alors à ses collègues de rentrer, et comme on pouvait s'y attendre d'un leader, ils se levèrent sans discuter et se dirigèrent immédiatement vers la sortie du bar. Le beau blond se retourna une dernière fois pour saluer Liam au loin et se retrouva nez à nez avec Lilith.

La jeune noble avait surgi de nulle part et il se demanda comment elle avait traversé le bar aussi rapidement. Il crut d'abord qu'elle essayait sortir et se décala légèrement pour lui ouvrir le passage. Mais elle ne bougea pas, son regard planté dans le sien. Elle arborait un sourire très suspect, et l'alcool lui avait légèrement rosi les joues. Quant à son chignon, il n'avait plus aucune tenue, et une bonne partie de sa chevelure s'en était détaché. Mais malgré tout ça, il devait bien admettre qu'elle n'en demeurait pas moins séduisante.


- Vous allez bien ? Finit-il par lui demander face à son silence.


Lilith ne répondit pas, mais elle s'avança davantage vers lui, toujours ce sourire malicieux aux lèvres. Erwin se demanda un instant si elle n'allait pas le coincer contre le mur pour l'embrasser, mais au vu du personnage, cela lui sembla invraisemblable. La situation était cependant, incontestablement étrange. Il se refusa à reculer tandis que la belle brune tendait sa main vers son visage. Elle effleura ses cheveux un instant et stoppa son geste, surprise.


- Tu ne me repousse pas ? S'étonna-t-elle sans retirer sa main.

- Je devrais ?


Elle adoucit son regard et laissa glisser ses doigts le long de sa joue.


- Tu es beau.


Là on nageait en plein délire. Même sa voix ne lui sembla pas comme d'habitude. Il pria intérieurement que ses collègues ne soient pas en train d'assister à la scène, mais il ne put se résoudre à la quitter des yeux. Elle le regardait avec une intensité qui lui était étrangère, mais tellement agréable. Il ne sut dire si elle avait conscience de son geste et préféra rester immobile. Face à son absence totale de réaction, elle esquissa un sourire, descendit sa main jusqu'à son torse puis se recula progressivement.


- C'est peine perdue hein... Lui dit-elle tout en faisant volte-face.

- Qu'est-ce-qui est perdu ?

- Bonne nuit, Erwin Smith. Lui murmura-t-elle.


Il n'eut pas l'impression qu'elle était déçue de par le ton de sa voix, mais la situation indiquait clairement qu'il avait manqué quelque chose. Il se sentit dépassé. Elle rejoignit la belle blonde, qui ne semblait même pas avoir remarqué son absence et elles reprirent leurs discussions comme si de rien n'était. Au bout de quelques secondes, Erwin se résolut à vérifier si ces camarades étaient derrière ou non et soupira de soulagement en remarquant que la ruelle était vide. Il reprit son souffle, quelque peu décontenancé et se mit en marche jusqu'à ses quartiers.

Mais que s'était-il passé ? Lilith était trop de personnes à la fois pour qu'il ne la cerne correctement. Il ne lui jetait pas la pierre mais la jeune femme semblait adapter son attitude et sa personnalité selon les personnes qu'elle avait en face et ce qu'elle en voulait. C'était extrêmement perturbant de la voir osciller entre une puissante noble intouchable, une jeune femme impressionnable, innocente et joviale, et cette personne bien plus sympathique et accessible lorsque Liam et elle se retrouvaient entre eux. Quant à lui, il avait clairement sous-estimé l'attraction qu'il éprouvait à son égard. Passée la surprise, il avait ressenti une nette satisfaction de son intérêt soudain.


D'ailleurs il allait falloir qu'il éclaircisse ce point car rien ne justifiait cette étrange atmosphère qu'elle avait planté en l'espace de quelques secondes. Elle avait osé lui caresser les cheveux, comme ça, au gré de ses envies... Il fallait remettre les choses dans son contexte, Erwin était quand même à la tête du Bataillon d'Exploration, mesurait plus d'1m80 et possédait une carrure et une prestance qui imposaient le respect.


Il laissa échapper un sourire tout en se disant qu'il aurait vraiment dû oser lui toucher les siens en retour. Il se souvint des nombreuses remarques qu'il avait entendu à son égard lors de la soirée de donation. Mademoiselle était connue pour ses magnifiques cheveux ébènes cuivrés, qu'elle entretenait sans faille, pour un résultat unanime : lui non plus n'avait jamais vu des cheveux aussi beaux. D'ailleurs c'était bien la première fois qu'il s'attardait sur un détail aussi futile. Il arriva rapidement à sa chambre et s'écroula sur le lit, vidé.

Se souviendrait-elle de cela demain ? Cette soirée avait rajouté du piquant à la possibilité qu'elle les rejoigne pour leur expédition.

Il soupira. Ce regard... il aurait voulu l'immortaliser. Entre l'alcool et son ressenti, ses souvenirs devenaient déjà flous et il n'arrivait plus à les reconstituer correctement. Il essaya de se souvenir de ce qu'il avait ressentit à ce moment là, mais en résultante, il se mit même à douter que tout cela ait bien eut lieu.

« Elle va faire comme si de rien n'était c'est sûr » marmonna-t-il avant de s'endormir.


Cette fois-ci, Erwin ne ressentit pas les bienfaits d'un sommeil réparateur en se réveillant aux aurores. Il était ennuyé. Sans même mentionner tous les rêves plus farfelus les uns que les autres faits au cours de la nuit, il n'arrivait pas à surmonter sa frustration de la veille. Trop d'interrogations, d'incertitudes, et il était intimement persuadé qu'il ne pourrait jamais savoir ce qui s'était passé dans la tête de la Duchesse pour agir de la sorte. Et s'il y avait bien quelque chose qu'Erwin Smith avait en horreur, c'était de ne pouvoir trouver les réponses à ses questions. Il s'était imaginé mille fois cette scène prévisible dans laquelle Lilith le saluerait tout naturellement, et n'aborderait jamais le sujet. Et puis pourquoi fallait-il que cela le préoccupe autant ? Ce n'était plus un adolescent en rut, cela l'irritait aussi de voir avec quelle facilité elle avait réussi à le perturber.


Il fut surpris de la découvrir dans le hall, assise à son bureau, sage et studieuse, et en prime : seule. Le soleil venait à peine de se lever et étant donné qu'il était dimanche, il y avait peu de chance de voir des membres de la Brigade Spéciale... Son équipe non plus n'était pas là.


Elle ne remarqua même pas sa présence. Erwin sentit sa contrariété s'envoler au fur et à mesure qu'il se rapprochait d'elle.


- Un café ? Demanda-t-il suffisamment fort pour que son écho l'atteigne à l'autre bout de la pièce.


Elle sursauta avant de le remercier, et le rejoignit d'un pas énergique. Il put alors se rendre compte qu'elle possédait une technique entre la marche et la course, diaboliquement efficace et silencieuse. En un rien de temps, elle avait traversé l'entièreté du hall et se trouvait face à lui. Comme la veille, elle planta son regard dans le sien, mais cette fois-ci, elle se hâta de courber la tête.


- Je suis désolée. Honnêtement je ne me souviens pas clairement de la fin de ma soirée mais j'ai le souvenir d'être venue vers vous alors si j'ai fais ou dis quelque chose de déplacé je suis vraiment désolée.


Il lui tendit sa tasse de café tout en se demandant s'il devait lui dire ou non. Elle avait relevé la tête et scrutait sa réaction, comme pour jauger de la gravité de la situation. Elle semblait inoffensive, pour une fois.


- Je ne comprends plus... On se tutoie ou on se vouvoie alors ? Lui fit-il sous le ton de la moquerie.


Elle se décomposa tandis qu'il goûtait la situation, clairement à son avantage. Il avait repris le dessus, et ce n'était pas pour lui déplaire.


- Vous caressez souvent les cheveux des gens comme ça en fin de soirée ? Continua-t-il, tout sourire.

- J'ai... j'ai fais ça...? Balbutia-t-elle, de plus en plus mal à l'aise.

- Vous m'avez aussi dit que j'étais beau, mais ça, ça m'arrive tous les jours, j'ai l'habitude... Plaisanta-t-il tandis qu'elle se mit à fermer les yeux, rouge de honte.

- Je ne sais pas quoi vous répondre... Que voulez-vous que je fasse...Finit-elle par dire d'une toute petite voix.

- Je demande réparation. Je ne me souviens pas vous avoir donné l'autorisation de me toucher les cheveux...


Elle le regarda incrédule, avant de comprendre où il voulait en venir lorsqu'il avança délicatement sa main vers elle. Elle regretta d'avoir laissé ses cheveux détaché car il lui fut facile de passer sa main au travers et de laisser lentement glisser ses mèches le long de ses doigts. Elle réalisa alors à cet instant combien ses cheveux étaient longs. Elle donna tout ce qu'elle avait pour ne pas laisser paraitre le feu d'artifice qui explosait dans sa tête, mais au moment où il retira sa main, un frisson la trahit.


- Je ne sais pas ce que vous avez tous avec mes cheveux. Souffla-t-elle en espérant qu'il n'ait pas remarqué son sursaut.

- Mais je vous rappelle que c'est vous qui avez commencé...


Elle sourit faiblement tout en baissant le regard, vaincue. Elle voulait disparaitre. La situation était déjà compliqué, et elle voyait bien combien Erwin s'amusait à l'embarrasser. Et encore, en son fort intérieur, elle se félicitait de ne rien avoir tenté de pire la veille...


- Alors comme ça vous connaissez Jen... Enchaina le Commandant, enjoué.

- Vous aussi à ce que je vois... les blonds s'attirent ? Le charria Lilith.

- Non, je ne fais pas ce genre de choses se défendit-il.

- Je trouve aussi que ça serait dommage. Renchérit la brunette.

- De ?


Lilith aperçu Livaï au loin et décida de battre en retraite. Elle arbora un superbe sourire.


- De payer pour ça ! S'exclama-t-elle avant de le saluer et tourner les talons.


Erwin la regarda récupérer ses affaires à son bureau et quitter le bâtiment d'un pas léger. Elle marqua un temps d'arrêt avant les escaliers puis les descendit avec enthousiasme. Cela le fit sourire : elle savait qu'il la regardait.


- Vous parliez de quoi ? Marmonna Livaï d'une voix qui trahissait son humeur matinale massacrante.

- De rien. Se hâta de répondre son supérieur, qui ne s'était pas encore remis de la fin de la discussion.


Livaï le jaugea un instant, sceptique. Il ne s'intéressait pas à ce genre d'indiscrétions et commérages mais il n'était pas né de la dernière pluie. Sa profonde amitié pour Erwin lui fit dépasser les conventions sociales et il souffla à son Commandant :


« Ça me parait bien foireux comme plan »

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