Le poids des Apparences

Chapitre 14 : Les héros sans gloire

3828 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 24/04/2020 18:49

Cela faisait quelques heures que le Bataillon galopait allègrement en direction de la forêt des Titans, et Lilith se réjouit de ne pas avoir amené son étalon, qui n'aurait pu tenir la distance comme le faisaient les autres chevaux, entraînés pour.



Le but de cette expédition était simple, il s'agissait de vérifier une hypothèse d'Hanji en effectuant une reconnaissance de la partie Est du mur Rosa. D'après la scientifique, les Titans se concentraient principalement dans la zone autour de Trost. De nombreuses observations avaient été faites avant même la chute du mur, concernant cette étrange position : les Titans semblaient venir du sud de Shiganshina. On en voyait à l'époque très peu à l'Est ou à l'Ouest du mur Maria, et encore moins au Nord. Après la chute du mur, le même phénomène se produisait autour de Rosa : peu de Titans semblaient prendre la peine de faire le tour du mur… Aussi, Hanji voulait simplement recenser le nombre de Titans dans la dite « Forêt des Titans », car ce grand bois se trouvait à une distance raisonnable de la ville Trost, en vérité, à mi chemin entre cette dernière et Karanese. Si ses dires se vérifiaient de manière consécutives, le Bataillon pourrait adapter ses formations en prenant en compte ce facteur non négligeable.



Seuls quelques lanternes et les rayons de la lune éclairaient leur chemin, mais les chevaux semblaient parfaitement habitués à l'obscurité. La formation militaire avançait à une allure très respectable.



- Respire. Souffla Livaï à l'intention de la Duchesse, qui était déjà essoufflée.



Il ne pouvait réellement le voir de son cheval, mais Lilith était complètement euphorique. Bien sûr, c'était la première fois qu'elle sortait en dehors des murs. Elle n'avait eu que très peu d'occasions de contempler l'horizon du mur Maria, à l'époque où il tenait encore, alors galoper ainsi à l'extérieur, même s'il s'agissait en réalité de leur ancien territoire, était pour elle quelque chose d'extraordinaire et d'inédit. Elle essayait de respirer, mais l'excitation mêlée à l'émerveillement lui rendait la chose impossible. De fait, son cheval était plus nerveux que les autres, et cela exaspérait le Caporal. Elle sentait son regard pesant au dessus de son épaule, mais la jeune femme devait bien admettre que c'était aussi très rassurant. Il ne la lâchait pas des yeux, et elle avait une confiance aveugle en ses capacités pour la protéger. Il avait beau ne pas être très aimable, elle était bien contente que ce soit lui.



Lilith n'avait pas la moindre idée de là où ils étaient, mais les soldats semblaient parfaitement se repérer car ils stoppèrent tous leur chevauchée au milieu de nulle part et attendirent le signal d'Erwin pour se séparer en trois groupes distincts, dont un qu'il rejoignit lui même. La jeune aristocrate se retrouva ainsi seule avec le brun, et il l'invita à le suivre à l'orée d'un bois afin de pouvoir en cas de besoin se percher sur le sommet des arbres. Il lui proposa de descendre se dégourdir les jambes, et elle accepta volontiers.



- Les trois groupes sont partis en reconnaissance, ils vont revenir dans une ou deux heures, ici même. Nous on ne bouge pas, on les attend.


- On va pouvoir discuter un peu alors. Lui dit-elle sans grand espoir.


- Non.


- Je peux dormir alors ?


- Non plus.


- Sérieux ? S'étouffa-t-elle.


- Putain. T'as quel âge ? Tu ne peux pas rester tranquille et te la fermer ?



Elle ne prit pas la peine de lui répondre et se mit alors à le détailler. La petite lanterne qu'il avait avec lui n'éclairait pas beaucoup, ce qui lui donnait un air énigmatique et sombre. Le jeune militaire avait des cheveux de la même longueur que ceux du Major, mais ils étaient moins épais, et sa raie centrale lui donnait une toute autre allure que celle d'Erwin. Il possédait des traits de visage fins et marqués. Elle esquissa un sourire. Lui qui était si rude et grossier, avait pourtant un visage délicat et raffiné. Il était certes petit, mais très musclé, sans en perdre une certaine finesse. Elle lui trouvait une démarche presque féline. Ses mains, malgré son travail étaient soignées et ses ongles toujours propres jusqu'alors.



- T'as fini de me mater ? S'impatienta-t-il.


- J'en étais à tes jambes à vrai-dire.



Il la fusilla du regard mais cela n'eut guère le même effet que d'habitude, car Lilith ne voyait pas ses pupilles glaciales dans la nuit.



- Everglow, regarde devant toi.


- Je ne te parlais pas et je ne dormais pas… Je n'ai pas le droit non plus de te regarder ? Pourquoi est-ce que ça te dérange pour commencer.. Râla-t-elle.



Il céda et ne répondit rien. Elle ne fit aucune remarque à voix haute mais se dit avec fierté qu'elle avait réussi à le mettre mal à l'aise et qu'il refusait simplement de l'admettre. Elle continua donc son inspection jusqu'au bout de ses bottes mais ne trouva rien à observer de particulier. Un petit vent se mit à souffler et elle referma instinctivement contre elle la cape verte qu'on lui avait fourni pour l'expédition.



- Si tu acceptes de me parler, je jure solennellement de ne dire que la vérité. Déclara-t-elle dans une dernière tentative.


- Oh ? Ça doit être rare ça non ?


- Plutôt oui. J'ai une image à tenir et des secrets à garder. Admit-elle.


- Toujours pas. Je ne veux rien savoir de toute façon. Tout le monde n'a pas l'empathie et la curiosité d'Erwin. Grommela-t-il.



Sa dernière réplique la blessa quelque peu, mais elle continua tout de même de lui parler.



- Erwin m'aime bien. Ce n'est pas par politesse. Déclara-t-elle.


- Je sais. Souffla-t-il. C'est bien ça le problème.



Elle avait immédiatement regretté sa réplique, pensant que Livaï allait sauter sur l'occasion pour la remettre en place, mais il n'en était rien.



- Oh ? Il ne t'as rien dit ? Lui demanda-t-elle amusée.



À sa dernière remarque, il leva les yeux vers elle. Pour la première fois depuis leurs « échanges » de paroles, il semblait intéressé. Évidemment. Elle soupira.



- Hier avant de rejoindre les commerçants de Trost, Erwin m'a gentiment demandé de prendre mes distances et ne rien attendre de lui.



Il ne réagit pas, mais elle aurait juré qu'il jubilait de l'intérieur. Elle devina qu'il devait aussi se sentir soulagé.



- Ça m'attriste bien sûr, je suis Erwin depuis longtemps, et je me suis beaucoup attachée à lui depuis qu'on s'est « officiellement » rencontrés. Mais je comprends la situation. Je ne me permettrai pas de mettre votre réputation plus en danger qu'elle ne l'est, pour ce que ça vaut. Et aussi, je réalise bien que je ne peux pas vraiment servir Erwin. Je ne peux pas être un pilier pour lui comme toi tu peux l'être par exemple. Si je ne lui sers pas, c'est normal qu'il s'éloigne. Mais je continuerai à vous aider.



Il l'écouta silencieusement sans l'interrompre. Son choix de mots était intéressant. Elle avait dit « servir » : non pas « se tenir à ses côtés », « l'aimer » ou « le soutenir », mais bien « lui servir ». Livaï n'avait pas une grande expérience en la matière, mais il lui sembla clair que ce n'était pas commun de définir le concept d'amour par le fait qu'elle doive lui servir à quelque chose. Derrière ses grands sourires, il considérait Lilith comme quelqu'un de solitaire, et seule. Elle ne semblait pas avoir d'amis dans son cercle, et les seules personnes qui restaient à ses côtés étaient payées pour cela. À part peut-être cette courtisane, mais elle ne la voyait à priori guère souvent, et il ne savait dire si elles étaient réellement proches ou non.


Tout comme il évitait de créer des liens trop forts avec les nouvelles recrues, elle semblait avoir érigé un mur autour d'elle, pour se protéger des autres. Certes, contrairement à lui, elle ne craignait pas de voir ses proches se faire démembrer sous yeux, la laissant ainsi souffrir du vide qu'ils laissaient par la suite ; mais elle avait sûrement dû avoir son lot de trahisons. C'était une aristocrate de pouvoir, à la tête d'un empire après tout, et en plus d'être jeune, c'était une femme. Sans compter qu'elle lui avait tout de même avoué avoir tué le Duc Everglow. Dans sa manière de le dire, il avait compris qu'elle avait probablement dû le faire elle-même, qui plus est.



- Ça nous aide pour Karanese en tout cas. Finit-il par dire.



Lilith allait le remercier ; il était extrêmement rare que quelque chose de gentil sorte de la bouche du brun. Mais la jeune jeune n'eut pas le temps d'articuler le moindre mot que Livaï l'attrapa violemment par le bras. Il lui ordonna quelque chose, mais tout se brouilla dans sa tête lorsqu'elle se retrouva face à un Titan. Une effroyable sensation lui parcourut tout le corps et elle se tétanisa instantanément. Le gigantesque monstre ne se précipita pas sur eux, mais il était tellement grand qu'il fut proche en un rien de temps. Livaï l'avait alors saisi par la taille et s'était élancé dans les airs tout aussi rapidement vers la cime de l'arbre le plus proche. La plupart des arbres dépassaient largement le Titan, mais il n'en demeurait pas moins terrifiant. Une fois stabilisé sur la branche, Livaï déposa délicatement la jeune femme afin qu'elle ne glisse pas. Elle réussit tant bien que mal à s'asseoir et se tenir contre le tronc. Des larmes avaient déjà coulées le long de ses joues.



- Everglow, concentre-toi. Est-ce que tu tiens bien ? Est-ce que je peux te laisser là pour le tuer ? Tu ne bouges pas, est-ce que tu peux faire ça ?



Aucun son ne put sortir de sa bouche mais elle hocha la tête de bas en haut pour lui signifier qu'il pouvait y aller, et qu'elle ne tomberait pas. Livaï fonça alors vers le Titan et lui découpa la nuque d'un geste franc et précis. Le sang de la bête s'évapora peu à peu tandis qu'il rangeait déjà ses deux lames. Il releva ensuite la tête vers la Duchesse et la rejoignit sans effort. Par précaution et au vu de la terreur dans ses yeux, le Caporal décida qu'ils resteraient perchés jusqu'au retour des autres. Les chevaux s'étaient simplement écartés, habitués à ce que les Titans ne leur témoignent le moindre intérêt. Livaï se tenait debout sur la branche, dos à elle. Lorsqu'il sentit qu'elle avait plus ou moins retrouver une respiration normale, il lui fit face. Elle avait également séché ses larmes.



- C'est rare de croiser des Titans en pleine nuit…



Elle le fusilla du regard. Il esquissa un sourire : c'est quelle devait être rétablie. Il s'assit une jambe de chaque côté du tronc tandis qu'elle avait ramené les siennes contre son buste, adossée contre l'arbre.



- Félicitations. Se moqua-t-il. Tu es officiellement la première noble à avoir fait face à un Titan.


- C'est sûrement ça qui nous manque pour vous soutenir davantage… Souffla-t-elle sans réussir à cacher qu'elle était encore remuée.



Ils restèrent ensuite silencieux jusqu'à l'arrivée des autres. Erwin jura en constatant l'immense carcasse du Titan, mais Lilith n'entendit pas ce qu'il avait dit de là où elle se tenait. Il fit signe à son subordonné de descendre. Personne ne manquait à l'appel et le Caporal redescendit avec la Duchesse. Lilith adressa un faible sourire à Erwin, qui semblait s'inquiéter de son état mental. Ils avaient tous l'air fatigués. Peut-être avaient-ils rencontrés d'autres Titans eux aussi. Elle n'osa pas poser la question. Livaï et elle remontèrent à cheval et ils se remirent en route.



Le Bataillon se divisa de nouveaux en deux groupes, afin de vérifier la sureté des lieux aux alentours et choisir un emplacement pour le campement. Il ne restait que quelques heures avant le petit matin, mais il paraissait nécessaire de s'arrêter. Pétra lui expliqua qu'ils transportaient habituellement avec eux une charrette dans laquelle ils mettaient leurs tentes et de la nourriture, mais que cette expédition étant simple et rapide, Erwin n'avait pas jugé nécessaire de s'encombrer. Elle le maudit silencieusement lorsqu'elle comprit qu'elle devrait dormir à même le sol. Encore une chose qu'elle faisait pour la première fois de sa vie. Tout comme tomber nez à nez avec un Titan, elle s'en serait volontiers passée.



Livaï avait tenu à ce qu'elle reste à ses côtés alors que la jeune aristocrate se dirigeait spontanément vers les deux femmes du groupe : Pétra et Nanaba. Elle ne discuta pas, d'autant plus qu'il lui traça une limite à ne pas franchir au sol. Elle éclata de rire, alertant les autres de la scène.



- C'est une blague, tu me traces un périmètre de sécurité ? Tu as peur que je t'attaque dans ton sommeil Ackerman ?


- Ne franchis pas cette ligne, c'est tout.



Elle ria de nouveaux avant de s'installer et saluer les autres. Livaï ne devait ni être frileux, ni bien sociable avec ses camarades car eux seuls se tenaient à l'écart. Le reste du Bataillon formaient un groupe homogène et une partie d'entre eux était blottis les uns contre les autres.



Elle mit du temps à s'endormir, d'autant plus qu'avec ce qui s'était passé plus tôt, le moindre bruit la faisait sursauter et manquer l'arrêt cardiaque. Sa respiration ne cessait de s'emballer, elle était frigorifiée, sans parler de la fatigue. Pourtant, elle entendait les autres ronfler comme s'ils se sentaient en sécurité. Comment faisaient-ils pour se détendre ?



- Everglow.



Elle sursauta violemment et manqua de pousser un cri.



- Je suis désolée, je vais arrêter de faire du bruit, je suis désolée…



Livaï soupira. Même dans l'obscurité la plus totale il percevait qu'elle tremblait comme une feuille. Il fut même étonné qu'elle n'éclate pas en sanglot à la fin de ses excuses tant sa voix trahissait son angoisse. Il inspira profondément et repensa aux ordres de son supérieur. « s'il te plait Livaï, fais un effort pour elle, c'est courageux de sa part de venir, essaie de la mettre à l'aise qu'elle n'en garde pas un trop mauvais souvenir ». Bon, étant donné qu'elle avait faillit se faire dévorer par un Titan, ils pouvaient s'asseoir sur le fait qu'elle raconte à tout le monde que c'était la meilleure expérience de sa vie…Mais il pouvait au moins faire en sorte qu'elle ne meure ni d'une pneumonie, ni d'une crise cardiaque.



- Arrête de trembler, viens-là.



Il la tira vers lui et partagea la moitié de sa couverture avec elle. Il râla lorsqu'elle effleura son bras de ses doigts gelés. À ce stade, on ne pouvait plus appeler ça avoir froid, elle était presque en train de se solidifier… Il constata qu'elle avait pris sa menace très au sérieux car elle tentait de maintenir une distance de sécurité. Ça en devenait ridicule. Il se rapprocha légèrement d'elle jusqu'à ce qu'ils soient coude à coude.



- Ne me bave pas dessus au moins.



Cette fois-ci, elle s'endormit avec une rapidité insolente.



Livaï ouvrit grand les yeux aux premiers rayons du soleil. Pourquoi avait-il chaud ? Lui qui avait toujours su s'adapter parfaitement aux contraintes climatiques extérieures, se prit même à se demander s'il n'avait pas dormi avec deux couvertures par erreur. Ah. Non. Ce n'était pas une deuxième couverture le problème. Il baissa les yeux et dévisagea Lilith d'un air dépité. La jeune femme s'était enroulée autour de son bras. Son visage était blotti contre son épaule, et sa jambe, bien que cachée par la couverture, était à moitié sur lui. Néanmoins, il apprécia qu'elle ne dorme pas la bouche ouverte : elle semblait avoir tenu parole et ne lui avait pas bavé dessus.



Il la dégagea sans ménagement sous les ricanements de ses camarades, hilares. Il les soupçonna de s'être levés plus tôt exprès, car il était habituellement le premier debout. Il ne leur fit pas le plaisir de réagir cependant. Seule Pétra ne semblait guère s'amuser de la situation et les somma de vaquer à leurs occupations.



- C'est elle ou toi qui a franchi la ligne finalement ? Le charria Erwin.


- Tu aurais préféré que je la laisse congeler elle et ses larmes de crocodiles ? Râla le brun.



Le Major laissa échapper un petit rire qui finit de réveiller la jolie noble. Les deux militaires s'installèrent en tailleur et commencèrent à déjeuner, bientôt suivis des autres. Lilith les rejoignit la dernière et accepta le fruit qu'Erwin lui tendit. Elle croqua sans ménagement dans la pomme et bu de l'eau dans la gourde que les soldats se faisaient passer. Elle finit par se retourner vers le Major, qui la fixait depuis un petit moment.



- Quoi ? Ma tête du matin ne te revient pas ? Râla-t-elle.



Il eut un éclat de rire général puis Erwin évinça sa question. Comment aurait-il pu lui répondre qu'il la trouvait belle au naturel ?



Le reste du petit déjeuner leur servit de réunion pour que chaque groupe puisse faire leur rapport. Lilith prit un temps pour s'imprégner de l'ambiance. Contrairement aux Brigades Spéciales qu'elle avait souvent côtoyées, le Bataillon des Forces d'Exploration reposait sur la confiance et l'entraide. « L'union fait la force » prenait tout son sens lorsque les soldats racontaient leurs expériences. Ils assuraient mutuellement leurs arrières. C'était quelque chose dont elle n'avait jamais été témoin dans les Brigades Spéciales, au sein desquelles la devise était plutôt « chacun pour soi ». Elle se laissa bercer par leurs boutades lorsqu'ils eurent fini de débriefer, et reprirent des conversations plus légères.



- Tu veux venir te débarbouiller un peu ? Il y a une source d'eau un peu plus loin, je t'accompagne si jamais ! Lui proposa soudainement Pétra après une énième remontrance auprès de son camarade, Oluo.


- Ça ne serait pas de refus !



La jolie rousse jeta un œil à Nanaba pour lui proposer également, et les trois jeunes femmes partirent en direction du petit étang sous le regard lubrique d'Oluo.



- Ne fais pas attention à lui, il ne fera rien. La rassura Pétra alors qu'elle fusillait le soldat du regard.



Nanaba ne fit aucunement attention à son comportement et invita les deux autres à accélérer le pas pour ne pas retarder le Bataillon. Arrivées au fameux étang, Lilith attendit de voir ce que les deux soldats allaient faire. Allaient-elles se déshabiller entièrement ou simplement se passer un peu d'eau ? Sans perdre de temps, Nanaba se dévêtit complètement et plongea dans l'eau. Lilith s'accroupit pour sentir la température de l'étang et échangea un regard consterné avec Pétra. Comme on pouvait s'y attendre, l'eau était gelée. Elles soupirèrent et imitèrent la grande blonde, qui ne tarda pas à sortir, accompagnée de Pétra, qui sautillait nerveusement en hurlant qu'elle avait froid. Nanaba les salua au loin et regagna le campement, alors que la jolie rousse attendit Lilith, qui sortit rapidement aussi. Elle ne put s'empêcher de laisser échapper un hoquet de surprise en constatant des traces de brûlures sur le corps de la jeune noble. À en voir la régularité, elle comprit immédiatement qu'il ne s'agissait pas d'accidents. Lilith lui adressa un regard glacial et elle détourna le regard en s'excusant maladroitement. Elles regagnèrent à leur tour le campement sans échanger le moindre mot, et Lilith regagna sa couche pour ranger ses affaires alors que Pétra, qui avait déjà tout rangé, rejoignit ses camarades vers les chevaux. Nanaba ne tarda pas à la questionner lorsqu'elle s'aperçut que son amie faisait une tête d'enterrement.



- Je… Je pensais que les nobles avaient une vie confortable, une vie parfaite…


- Pourquoi tu dis ça tout à coup, elle t'as dit quoi ? Demanda Nanaba, sceptique.


- Elle a des marques. Je pense qu'on lui a fait du mal, ça m'a surprise. Répondit-elle tout en se hâtant de préparer son cheval.



Personne ne fit la moindre remarque, probablement parce qu'ils ne trouvèrent rien à répondre.


Oluo débarqua alors, accompagné de Mike. Il ne restait plus que Lilith, qui arriva à son tour, fin prête. Oluo la dévisagea.



- C'est dingue, tes cheveux sont exactement comme hier… S'extasia Oluo. Ça change des filles du Bataillon…


- QU'EST-CE QUE T'AS DIT ? S'étouffa Pétra tout en lui sautant à la gorge.


- C'est ce qui arrive quand on vit dans un château, avec de l'eau chaude, du miel, un lit moelleux et qu'on ne fait rien de ses journées… Plaisanta la jolie brune.



Elle nota que Pétra n'avait pas souri mais ne s'en formalisa pas. Oluo quant à lui avait fait la révérence d'un geste ironique. Cela lui plaisait beaucoup que le Bataillon ne la traite pas comme une membre de la haute société. Elle se sentait plus à l'aise, bien qu'elle savait avoir un traitement spécial. Tout le monde termina d'arnacher son cheval puis ils reprirent la route afin de traverser la fameuse forêt des Titans. Lilith ne lâcha pas Livaï d'une semelle, priant intérieurement qu'ils ne croisent aucun Titan jusqu'à la porte de Karanase dans l'après-midi.



Elle prit alors conscience de la dangerosité de l'extérieur. La veille, avant de faire face à son premier Titan, Lilith ne réalisait guère la réalité du terrain. Maintenant qu'elle avait la boule au ventre, et était devenue paranoïaque au moindre buisson qui bougeait, elle se rendit compte des visages crispés des membres du Bataillon, à l'affut de la moindre ombre, et de manière générale, de cette tension palpable qui flottait dans l'air. C'était très différent de l'imaginer et de le vivre. Elle profita que Pétra soit à proximité pour formuler un remerciement général. Cette dernière ne manqua pas de lui demander pourquoi, et Lilith leur répondit alors :



- De vous battre pour l'Humanité.

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