ℒa Ɗaƞseuse [Ɫ̊evĭ x Ʀėadǝɍ]

Chapitre 2 : La robe écarlate

2006 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 23/05/2018 22:19


11 août 849

Quand fut la dernière fois que j'avais ri de bon cœur déjà ?

J'avais même oublié le son de mon rire.

Aurai-je le courage de rire de nouveau ?

Je l'espérai intimement ...



Je buvais l'intégralité de mon verre d'alcool d'une traite dans ce bar qui occupait mes pensées, j'avais beau boire tout l'alcool que l'on me servait, je culpabilisais encore et toujours. Qu'est-ce qu'il m'arrivait ? Voilà deux ans que je sentais cette lourdeur dans mon cœur qui m'écrasait au sol, je commençais à découvrir mes limites après tout ce temps. Moi. le Caporal Chef Levi du bataillon d'exploration m'autodétruisais à petit feu. J'avais beau boire tout l'alcool que l'on me servait, impossible d'aller mieux. Je cherchais à combler ce vide, moi qui avais grandi trop vite, je me suis vite rendu compte de la cruauté de la vie pendant que les autres enfants découvraient ses bienfaits. On avait arrêté mon enfance brutalement, on m'avait appris à survivre, on m'avait appris que la vie ne sera jamais facile et malgré sa cruauté, seul les moins que riens abandonnaient sans se battre. On m'avait appris que même si la vie était cruelle, il fallait décider de son avenir. Voilà ce qu'on nous apprenait dans les bas fonds.

La musique s'était mise à vibrer dans l'air au plus grand bonheur des hommes dans la pièce, il y avait certainement une danseuse qui avait faite son apparition sur scène. J'étais tellement bien dans mon coin, au fond de la table, seul et loin de tout ce boucan. Mais, au fond de moi, je savais que c'était elle qui était sur scène. Mon état actuel était lamentable, perdu dans mes souvenirs et possédé par la fatigue. Je voulais la revoir, ne comprenant pas pourquoi vivait en moi ces deux opposés qui me torturaient. Pourquoi être ici, je savais que je n'allais jamais lui parler de moi-même, que je ne devais pas l'approcher, je ne voulais pas faire de mal à cette femme, je ne voulais pas qu'elle s'accroche à moi et inversement, néanmoins mon désir de la voir était si fort ... Si j'étais là, c'était avant tout pour elle ...


Je n'étais pas déçu par la beauté qui se trouvait sous mes yeux. Elle avait troqué sa robe blanche pour une autre d'un rouge éclatant, longue et laissant entre-voir l'une de ses jambes par une grande fente, sa robe couvrait sa poitrine, mais découvrais l'entièreté de son dos, elle portait sur sa tête une capeline noire et démesurément grande laissant tout de même apercevoir ses yeux brillants de malices. Ses lèvres ... elles appelaient à la tentation, elle les avait coloré du même rouge que sa robe. Le tout faisait d'elle, la femme la plus élégante que je n'avais jamais vu, elle était complètement métamorphosée en femme fatale. Incroyablement sexy et désirable. À ma plus grande joie, son regard croisa le mien, elle ouvrit légèrement la bouche s'arrêtant de danser un instant continuant de me regarder juste devant ma table, mais très vite elle se remit à danser essayant de couper notre contact visuel. Cependant, elle ne le pouvait pas et moi non plus. J'étais happé par cette femme qui se déhanchait. Je ne pouvais pas vous affirmer ce que je ressentais à ce moment précis, mais j'étais certain d'une chose : c'était réciproque.


La musique s'était arrêtée subitement en même temps que ses pas de danse sans pour autant couper court à notre contact visuel. Elle s'inclina légèrement par respect, saluant et remerciant la foule déchaînée. Puis, une autre danseuse arriva derrière elle, portant presque aucun vêtement sur elle. Alors que cette femme, s'était avancée vers moi lentement et élégamment. Je ne savais pas comment réagir face à son attention pour le moins inattendu, j'avais simplement gardé mon visage indifférent malgré la pointe de joie qui s'était accaparée une place au fond de mon cœur. Elle chopa d'une main, une bouteille de whisky et vint s'asseoir à mes côtés, me sondant de ses yeux. Sans dire un mot, elle se servit un verre qu'elle but d'une traite grimaçant, certainement pas habituée à boire de l'alcool aussi fort. Elle posa le verre sur la table en y laissant une trace de son rouge à lèvres, attisant davantage le feu dans mon corps, je n'avais peut-être pas perdu les pédales avec tous ses verres, cependant ma chaleur corporelle avait grimpé et cette femme n'arrangeait rien.


« Ce n'est pas la première fois que vous venez ici, je me trompe ? »


Comme je l'avais imaginé, le son qui s'était échappé de ses lèvres écarlates fut si doux et avait l'effet d'une caresse pour mes oreilles.


« Non en effet.

- Je vous avez déjà vu, mais vous êtes partis très vite ... »


Ça m'avait surpris, je ne savais même pas quand, ou même où elle avait pu m'apercevoir. Au comptoir ? À table ? Avec Erwin ? Ou bien avec l'une de ses collègues que j'avais remballé. Elle lui avait peut-être parlé de notre brève discussion, enfin si on pouvait appeler cela une discussion. Qu'a-t-elle pu lui dire sur moi ? Définitivement pas quelque chose de glorifiant. Peu importe, cela ne lui avait visiblement pas empêché de venir me parler.

« Je peux passer la soirée à vos côtés ? »


Comprenant son sous-entendu uniquement lorsqu'elle passa l'une de ses mains sur ma nuque et l'autre sur ma cuisse, elle s'approcha de mes lèvres doucement inspectant la moindre de mes réactions et pencha sa tête vers la droite pour éviter que nos nez se touche. Je mourrai d'envie de l'embrasser, ce feu qui était déjà présent en moi s'était embrasé. Cependant, j'en avais pas le droit, je ne pouvais pas. Je ne pouvais pas céder à mes désirs oubliant que je ne méritais pas de prendre du bon temps, bien que j'en mourrai d'envie, mais je n'en avais pas le droit. Je ne voulais plus faire souffrir davantage de personnes. Je posai mes mains sur ses épaules et la repoussa, peut-être un peu trop violemment. Ses yeux s'étaient grandement écarquillés fixant un point invisible derrière moi, elle ne devait pas réaliser tout de suite mon geste. Malgré tout, j'étais rassuré qu'elle m'avait remarqué et qu'elle se souvenait de moi. Mais cela devait se terminer là, je me levai de la chaise sans la regarder, déterminé à partir pour ne pas perdre le contrôle de moi. Elle saisit ma main rapidement.


« Ne me laisse pas. »


Sa voix brisa mon intérieur, elle était entrain de pleurer à chaude larme alors que je ne comprenais pas ce qu'il lui arrivait. Elle semblait si fragile et perdue, bien différente de la danseuse joyeuse et pleine de confiance qui était sur scène quelques minutes avant ... et si elle essayait de fuir un chagrin elle aussi ? Elle n'était pas si joyeuse qu'elle le montrait finalement. Laissant mon instinct agir à ma place, je lui attrapai le bras la faisant sortir du bar, ne voulant pas rester encore ici. Les clients s'étaient tous retournés, nous contemplant sans gène laissant de côtés la performance qui se déroulait sous leurs yeux pour raconter des ragots à notre sujet.


Dehors, je lui avais pris la main avec moins de poigne pour éviter de trop la brusquer et de ne pas attiser la curiosité des passants bien que le manque de luminosité était en notre faveur, c'était surtout une excuse pour la toucher et sentir sa peau sur la mienne. J'étais tellement pris par le dépourvu que j'ai oublié de payer mes verres d'alcools ... et puis c'était pas mon problème. Non, mon esprit était concentré sur cette fille qui continuait de pleurer, en serrant mon bras fortement contre elle. Je ne saurai expliquer ce que qui s'était passé à ce moment-là, mais j'ai ressenti de l'impuissance devant les larmes de cette jeune femme qui cherchait du réconfort ... comme un enfant seul. Je ne savais même pas où aller ou même quoi faire, quoi lui dire, me connaissant j'allais simplement attendre qu'elle se calme et qu'elle reprenne ses esprits. Pourquoi ces galères n'arrivaient qu'à moi ?

Pour être à l'abri des regards, je nous avais fait sortir du centre du district pour privilégier le silence de la verdure et sa beauté naturelle en nous enfonçant dans les champs. Certes, plus personne ne pouvait nous déranger, mais je ne savais toujours pas quoi faire pour cette fille. J'avais simplement, pris l'initiative de l'asseoir sur l'herbe et elle m'incita d'en faire de même, ne lâchant pas mon bras. Je retiens un soupir excédé par cette situation, mais je ne voulais en aucun cas la blesser davantage. Mon cœur s'alourdissait quand je pensais que c'était parce que j'avais refusé de l'embrasser qu'elle s'était mise à pleurer, je ne comprendrais jamais les filles ...


« Excuse-moi d'avoir craquer devant toi, mais j'en peux plus. »


Que dire face à de tels mots ? Je ne savais pas comment m'y prendre, je ne connaissais pas cette fille, j'étais pétrifié ne sachant pas comment lui faire cesser ses larmes, comment la réconforter un tant soit peu et pourquoi je me sentais obliger de prendre soin d'elle, alors que rien ne m'attachait à elle. Je la connaissais ni d'Adam, ni d'Eve. Je ne l'avais vu que deux fois et pourtant ... je restais sensiblement humain, malgré toutes les horreurs que j'avais vu. Les larmes ne me laissaient pas indifférent. C'était réconfortant de prendre conscience que nous restions humain ...


« Ce n'est pas à cause de vous que je pleure ... c'est juste que je me sens seule ... »


Je me permis de la regarder un moment, alors que son regard, était plongé dans la beauté du ciel étoilé, toujours les joues humides à cause de ses pleures. Elle était aussi belle que le ciel malgré la tristesse qui se dégageait d'elle, sa tristesse la sublimait. Néanmoins, mon cœur serait plus léger de la quitter avec un sourire. Je souhaitais rester à ses côtés et l'écouter se confier, mais je n'en avais pas le droit. Pourquoi réconforter cette fille en particulier et non les familles de ses soldats victimes de ses aberrations ? Cette dualité me torturait...


Je pensais avec le temps et l'expérience que le pire sentiment que je n'avais jamais ressenti est sans aucun doute, la dualité. Être déchiré entre deux opposés annihilent la quête du soldat. J'étais déchiré entre deux dualités, l'espoir et le désespoir à l'image de mon âme qui était, elle aussi déchirée. Deux partis en moi essayait de prendre le dessus sur l'autre, s'était effrayant de réaliser que le repos n'existait jamais, même en moi, il y avait une guerre. Je préfère de loin avoir des blessures au corps que dans mon âme, mon cœur dont la lourdeur égalait la douleur qui ne cessait de grandir chaque jour ...


« Pourquoi es-tu si triste ?

- C'est l'anniversaire de ma tendre et bien aimée mère ... mais elle n'est plus là pour que je lui souhaite tous mes voeux d'amours ... Elle s'est faite assassiné. »

La mort ... elle avait rencontré la mort dans son apparence la plus laide. Comme c'était la maladie qui avait emporté la mienne, je ne pouvais que blâmer notre misérable vie, mais elle, elle avait un visage qui martyrisait ses pensées. Elle avait la haine qui s'emparait de son cœur, elle avait les regrets ...


« A cause de mon père. »


Et un chagrin noir ...



~ À suivre ~


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