L'Envol

Chapitre 8 : Résurrection

1620 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 07/07/2019 11:49

Environ un jour plus tôt


La dernière chose que je vis fût la tête horrifiée de Jean avant que le Titan ne me balance dans sa bouche. J'eus juste le temps de replier les jambes avant que ses dents claquent. Je glissais sur sa langue vers le fond de sa gorge et tombait dans son estomac. La première pensée qui me vint fus : Waouh. Je suis vivante, dans l'estomac d'un Titan !

Je plissais le nez. L'odeur était atroce. En même temps, je baignais dans un mélange de sang et de... Liquide ? Où flottaient des morceau d'humains. Par bonheur, je ne repérais aucune tête reconnaissable. Un problème se posa cependant. Certes, j'étais vivante, mais pour combien de temps ? Je ne savais pas si j'allais pouvoir ressortir de ce Titan. Il fallait que quelqu'un le tue. Et même, combien de temps allais-je pouvoir tenir dans ce bain de sang, extrêmement chaud, avec une atmosphère lourde d'odeur sanglante ? Je ne savais pas si l'air allait être renouvelé suffisamment. Heureusement, j'avais pied. La mare de sang m'arrivait à la poitrine, mais j'avais pied.


Au fil des heures, je perdais espoir. Cumulée aux autres conditions, l'attente était insupportable. J'avais envie de dormir, mais je ne pouvais pas. Je courrais le risque de me noyer. Des temps en temps, des corps venaient me rejoindre dans l'estomac. La mare de sang m'arrivait aux épaules. C'était sans doute du sang humain.


J'avais l'impression d'être coincée là depuis une éternité. Je sentais les pas du Titan. À chaque mouvement, le niveau du sang, qui avait monté, me léchait le menton. L'odeur était insoutenable. J'étais épuisée. J'avais tellement chaud. L'air moite, puant et figé me donnait envie de vomir.


À moitié somnolente, une secousse me réveilla brutalement. Le Titan s'était-il fait tuer ? Visiblement non. La mare de sang de souleva brutalement et je me sentie aspirée avec elle. Le Titan vomissait ?! J'étais à bout, physiquement et mentalement. J'allais mourir, ici, vomie par un Titan ! Un rire amer m'échappa. Grave erreur. Le sang m'envahit la bouche. Dégoûtant. J'avais l'impression que le liquide autour de moi se gélifiait, j'allais manquer d'air... Je m'évanouis à la sortie de la bouche du Titan.


Quand je me réveillais, je fus d'abord désorientée. Où étais-je ? Puis les souvenirs me revinrent. J'entrouvris les yeux avec difficulté. Où étais-je ?? Une gelée rougeâtre. Des bouts de cadavres. Du sang. J'étais dans du vomi de Titan, il me semblait. Tordue dans une position étrange. Mon bras droit était également tordu entre deux cadavres. Le silence bourbeux autour de moi. Le sang. L'odeur. J'étais à moitié engourdie. Fatiguée, si fatiguée...


Un bruit de pas attira mon attention. Puis des voix étouffées. Dans un éclair de volonté, leur noms me revinrent. Sacha. Le caporal.


Oh ! Je n'étais pas morte ! Je pouvais bouger. Les rejoindre. Je fouillais des doigts dans la gelée rouge. Non. Dans le sang. Soudain, je trouvais la poignée d'une épée. Était-ce la mienne ? Peu importe. J'enroulais mes doigts autour de la poignée et essayait de faire bouger l'arme. Ça marchait. Il y avait un peu de résistance, mais je pouvais trancher le sang. Je dégageais mon bras. Au fur et à mesure que je bougeais, le sang se désolidifiait. Je pus à nouveau bouger entièrement. Non. J'étais si fatiguée.. mais hors de question de mourir là. Je pris une inspiration dans une petite poche d'air sous une veste de soldat, puis me frayais un chemin vers la membrane blanchâtre. Vers la sortie.


C'était si dur... Pas question d'abandonner. Soudain la pointe de mon épée ne rencontra plus de résistance. J'avais percé la membrane. J'utilisais mes dernières forces pour trancher un grand coup. Dans une éclaboussure de sang, je sortis.


Essoufflée et aveuglée par la lumière, je restais debout un instant. Quand mes yeux se furent habitués, je trouvais Sacha, Jean et Livaï, ainsi que deux soldats que je ne connaissais pas, qui me fixaient avec des yeux écarquillés. Mes jambes cédèrent les premières. Je basculais en arrière. Non ! Il fallait que je tienne debout ! Mais je...


Je sentis des mains me retenir avant que ma tête ne heurte le sol. Puis je vis les têtes penchées sur moi de Sacha, Jean et le caporal.


- Ça va ? me demanda ce dernier.


Je crois qu'il était un peu stupide. Je venais de me faire bouffer puis vomir pas au Titan je n'allais pas péter la forme. Je tentais de répondre : Oui, je ... avant de m'évanouir.


Quand je me réveillais, je ne sus d'abord pas où j'étais. Ma tête me faisait mal, et mon corps aussi d'ailleurs. En observant la pièce aux lits blancs et aux murs peints, je reconnus finalement l'infirmerie du bataillon d'exploration. Ah oui, je me souvenais m'être évanouie après être sortie du vomi de Titan.


À ce moment précis, l'infirmière passa le tête par l'embrasure de la porte, puis quand elle vit que j'étais réveillée, elle s'approcha :


- Bonjour, comment tu te sens ?


- Comme si... Un titan m'avait avalé puis recraché.


- Bon. Ne fais pas trop de bruit, car il y a Hansi qui attends à l'extérieur et elle...


- ADÈLE !!


Hansi se précipita vers moi en parlant à toute vitesse :


- J'ai entendu du bruit. Tu es réveillée ? Dis, raconte moi ce que ça fait d'être dans l'estomac d'un Titan, hein ?


Elle sautillant d'excitation. Oubliant qu'elle était censée être là supérieure, je maugréais :


- Bonjour, déjà...


- Ah oui, bonjour. Alors alors ?


Puis elle parut se souvenir brusquement d'un truc et pencha la tête sur le côté :


- Et toi, tu vas bien ?


L'infirmière se ravança alors et lista :


- Alors, Adèle, tu as : des brûlures superficielle aux mains, au cou et sur le bras droit, plusieurs coupures sans doute dûes à des rencontres avec les épées des autres soldats qui flottaient dans le sang, une bosse à la tête...


- Je me la suis faite quand je me suis évanouie ? demandais-je.


- Non, intervint la voix du Caporal adossé dans l'embrasure de la porte. Je t'ai rattrapé.



L'infirmière le salua :



- Caporal.



Quant à moi, je me contentais d'un simple :



- Merci.



Il s'approcha :



- Tu peux m'expliquer comment tu t'es retrouvée dans ce vomi ?



- En me faisant avaler puis recracher, j'imagine.



Hansi reprit la parole :



- Ça voudrais dire que tu serais restée au moins une journée dans ce Titan ?



Je frissonais. Une journée. Une éternité.


Oui...



Il me scruta sans rien dire, avant de demander :



- Y a t-il des chances pour qu'il y ait d'autres survivants dans des vomis ?



Je secouais la tête :



- Aucune idée. Si j'ai survécu c'est parce qu'il m'a... Gobé. Je n'ai perdu aucun membre...



- Je vois.


 Je demandais brusquement :


- D'ailleurs, qu'est-ce qui s'est passé pendant que j'étais dans le Titan ?


 Hansi m'expliqua tout en détail, depuis le ravitaillement jusqu'au rebouchage de la porte.


- Eren est un Titan ?! Mais comment c'est possible ?!


- Le merdeux peut se transformer en se mordant, répondit Livaï.


- Mais qu'est-ce qui va lui arriver ?


- Je vais à son procès, maintenant. Le bataillon d'exploration va essayer de le garder.


- D'accord.


Hansi dut sentir ma fatigue, car elle dit à Livaï :


- Allons y, on va être en retard.


 Ils sortirent de l'infirmerie. Je m'endormis presque aussitôt.


 Je me réveillais vers la fin d'après-midi. J'avais sans doute dormi une journée depuis ma sortie du vomi.


- Bon, il est temps que je me lève.


 J'avais recouvré assez d'énergie. Je le redressais et attendis qu'un vertige passe avant de poser les pieds par terre. Je grimaçais. Le sang très chaud s'était infiltré dans le bottes et avait transpercé mes chaussettes, causant des brûlures. Les reste de mes jambes avait été relativement épargné. Je réalisais alors que j'étais seulement vêtue d'une sorte de tunique longue d'infirmerie. Mon bras droit était recouvert de bandages, ainsi que mon cou et ma main gauche. 


 Tout en me levant, je cherchais des vêtements normaux autour de moi. Je trouvais un pantalon du bataillon, des bottes mais pas de haut. Sauf un manteau noir qui m'arrivait à mi-cuisse et qui était suspendu à côté de mon lit. Je m'en saisis et l'enfilait. Je poussais la porte de l'infirmerie... Pour tomber sur le major Erwin.


 Je le saluais :


- Major.


- Bonjour, Adèle, me répondit-il. Je suis ravi de voir que tu es debout... Mais tu devrais encore te reposer.


- Non, c'est bon, je vais bien.


Il me désigna le lit de la main :


- Assieds-toi, s'il te plaît. J'ai quelques questions.


 Bien évidemment, il m'interrogea sur ce qui s'était passé et je lui répétais l'histoire. Il me remercia avant de partir. Je me relevais. Il fallait que je sorte de cette infirmerie. Quand je traversais la cour du bâtiment je surpris des regards qui me fixaient. Les gens devaient être au courant de ce qui s'était passé. Pff. Je lançais un regard noir à ceux qui me fixaient et, à ma grande satisfaction, ça marcha car ils détournèrent les yeux.



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