Le destin des Ackerman - Tome 1

Chapitre 8 : Perte de contrôle

3892 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 25/03/2020 04:27

Trois coups secs résonnent contre la porte. L'occupant de la pièce lève les yeux en direction du bruit avant de s'éclaircir la voix.


— Entrez !


La porte s'ouvre et deux soldats entrent, portant sur leur veste le blason du bataillon d'exploration. Celui qui pénètre dans la chambre en dernier ferme la porte puis rejoint son camarade, pour qu'ils saluent ensemble en mettant leur poing droit sur le cœur.


— Repos. J'imagine que vous m'amenez un rapport de Hanji ?

— Affirmatif Major, répond une voix féminine alors que son compagnon s'avance vers le lit pour tendre ledit document.

— Merci, soldat Ralle. Vous pouvez disposer, je n'ai pas de directives à vous donner en retour, affirme Erwin Smith qui observe les deux soldats de son air froid et calculateur habituel, je vous serai gré de transmettre mes salutations à Hanji et Livaï.

— Entendu, répond la jeune femme avec un air sérieux et impliqué.

— Merci, Nifa.


Une nouvelle fois ils effectuent le salut. Erwin leur fait un signe de tête en retour, en fixant Thomas d'un regard perçant. Les deux soldats tournent les talons et sortent de la chambre.


— Il a l'air d'aller bien, je ne pense pas que j'aurai une aussi bonne mine trois jours après avoir perdu un bras, commente Nifa qui replace une mèche rousse derrière son oreille.

— Ouais, tu m'étonnes... répond Thomas qui semble distrait, ses yeux furètent un peu partout.


Sa compagne de voyage claque des doigts devant son nez avec un petit sourire. Le jeune homme sursaute et lui lance un regard interrogateur.


— Il est tard, ils dorment, tu pourras les revoir bientôt crois-moi, affirme-t-elle avec toute la compréhension et l'empathie dont elle peut faire preuve, la capitaine nous attend et on aura beaucoup à faire demain.

— Oui tu as raison, pardon.

— T'en fais pas, je suis passée par là aussi.

Elle pose sa main dans le creux du dos de Thomas pour le pousser et ainsi l'encourager à avancer.

Les deux membres de l'escouade Hanji rejoignent leurs chevaux qui ont été nourris et hydratés. Le soldat qui s'en occupait leur tend d'ailleurs à chacun une ration de survie, une sorte de biscuit qui ne tient pas trop à l'estomac mais fournit tous les nutriments nécessaires pour un corps en bonne santé.

Sur le chemin, Thomas repense au regard du Major et au fait qu'il connaisse son nom. Il se fait sûrement des idées, tout le monde a envie de se sentir spécial mais il espère secrètement que ce n'est pas une coïncidence, qu'il aurait en fait des qualités que lui-même ne soupçonne pas, des talents qui justifieraient son transfert dans une escouade d'élite.


— T'es encore perdu dans tes pensées, hein ? l'interpelle Nifa qui devait l'observer depuis une bonne minute.

— Ah, euh, nan-nan je... Ouais, si... finit-il par avouer avec un sourire un peu idiot mais amusé.

— Qu'est-ce qui te tracasse ? s'inquiète-t-elle.

— Rien, rien. Je me questionnais sur ton compte. Tu m'as dit que tu avais connu ça... Tu ne connaissais pas Keiji, Abel et Moblit avant d'intégrer cette escouade ? change-t-il de sujet en mentant.


Un fin sourire fleurit au coin des lèvres de la jeune femme. Avant de répondre elle prend le temps de ranger une énième mèche derrière son oreille.


— Tu as sûrement commencé à le comprendre mais les escouades fonctionnent différemment. Il y en a que quatre pour l'instant. Les chefs de ces escouades sont les bras droits d'Erwin, il veut pouvoir se fier à eux mais aussi et surtout se reposer sur eux.

Thomas acquiesce lentement et attend la suite des explications.

— Alors ces chefs d'escouade sont un peu dans la même optique. C'est pour ça que ce sont des escouades d'élite. Pas forcément parce que ses membres sont des virtuoses du tranchage de nuques, même si être un peu au dessus de la moyenne au combat c'est généralement une constante, mais ils composent réellement des équipes parce qu'ils recherchent des profils particuliers parmi les soldats qui se sont montrés fidèles aux valeurs des bataillons, tu me suis ?

— Oui je crois comprendre.

— Nous avons tous une raison d'être là où on se trouve. Toi, moi, Moblit, Eren, qui tu veux. Ils nous ont choisi pour intégrer leur escouade parce qu'ils ont besoin de quelque chose en nous alors nous devons leur prouver qu'ils ont raison de nous faire confiance, tu ne crois pas ? encourage Nifa qui semble déjà avoir cerné le nouvel arrivant dans l'escouade.

— Mh, je suis d'accord.

— Alors pour te répondre, non je ne les connaissais pas forcément. C'est rare que ça se passe comme pour la nouvelle escouade Livaï mais ils faut dire que ce groupe est spécial lui aussi... nuance Nifa.

— Oui je vois.

Thomas baisse la tête, une nouvelle fois en proie à ses pensées.

— Mais ne te mets pas la pression pour autant. Je sais que tu ne crois pas vraiment en toi mais tu vas devoir apprendre. Parce qu'au fond c'est sans doute ce qui fait la différence entre un bon soldat et un soldat exceptionnel. Je ne te dis pas de te surestimer ni de te comporter comme un parfait connard arrogant. Simplement de savoir quelles sont tes forces et tes faiblesses puis apprendre à les apprivoiser. Il n'y a que comme ça que tu auras une efficacité létale au combat puisque tu pourras prendre les bonnes décisions dans toutes les situations.


Le discours de Nifa est vraiment très inspirant pour le jeune homme qui boit ses mots comme des paroles d'évangile. Il avait commencé à cerner Nifa et ce qu'il pensait se confirme. Elle aime rire, s'amuser, charrier ses compagnons, elle paraît parfois un peu désinvolte mais quand elle est en mission ou que la situation l'y encourage elle sait être sage, réfléchie et sérieuse. Sa maturité impressionne Thomas.


— Merci, je comprends mieux pas mal de trucs.

— Par contre si t'as l'idée de me demander ce qu'il y a chez toi qu'Hanji apprécie tu peux te gratter !

Thomas se marre.

— Haha, de toute façon je doute que tu sois au courant, petite rousse, provoque Thomas pour lui rendre la pareille.

— Quoi, répète un peu voir ? Ne me dis pas que tu vas te mettre à faire comme Moblit ? Sinon...

Il se marre d'autant plus fort.

— ...Sinon tu vas avoir des problèmes pendant un entraînement ! se vexe Nifa qui a les sourcils froncés et l'insulte du regard.

— Pardon, c'était trop tentant !

— Mouais, je n'aurai pas dû te parler de tout ça tu prends la confiance... peste-t-elle.

Elle tire les rênes pour s'approcher du cheval de son compagnon puis se penche pour lui mettre une tape à l'arrière de la tête.

Idiot.


Cette insulte qui met fin à la conversation arrache un sourire aux deux soldats. En arrivant dans cette escouade il était intimidé par ses membres et inquiet pour son intégration. Au final, il sait maintenant qu'il a des compagnons adorables et la complicité qu'il noue déjà avec eux est précieuse. Il doit maintenant garder en tête tout ce qu'elle vient de lui dire et faire tout ce qu'il peut pour répondre aux attentes du capitaine Hanji et même plus, s'il le peut.





Le jour suivant les mots de Nifa se confirmèrent : ils eurent beaucoup à faire. Le matin ce fut un entraînement dur et intensif comme il n'en avait pas encore connu : ils disposèrent des titans en bois dans la forêt mais contrairement aux terrains des brigades d'entraînement, ici les espèces d'arbres sont moins hautes et ont des troncs moins imposants ce qui restreint drastiquement la marge de manœuvre tridimensionnelle. De plus, certains titans artificiels étaient regroupés et cela rendait les attaques d'autant plus compliquées.

Après un repas rapide, ils assistèrent encore aux tentatives d'Eren pour pétrifier son titan et, comme la veille, rien ne fontionna malgré l'acharnement. Suite à cela, Julia et Thomas furent encadrés par les membres plus vieux de leur escouade afin de suivre un entraînement tactique.

C'est en fin de journée qu'ils purent enfin souffler.


— Qu'est-ce que tu lis ? demande Thomas qui s'adosse au mur, à côté du rebord de fenêtre où Julia se trouve le plus clair de son temps libre.


Julia - qui était de dos - se tourne puis lève les yeux vers la personne qui s'intéresse à elle. Lorsqu'elle le reconnait, elle affiche un fin sourire. La jeune femme referme ensuite le livre en laissant son pouce à l'intérieur pour garder la page puis montre la première de couverture à Thomas.


— C'est un manuel scolaire d'histoire, précise-t-elle, tu veux que je te le prête ?

— Non-non, je ne voudrai pas te priver de ta lecture... répond instinctivement le jeune homme qui, face à tant de gentillesse et de générosité se sent ensuite coupable de décliner l'offre, surtout d'une façon aussi grossière. Enfin c'est vraiment sympa de ta part hein, j'veux dire c'est... Bref.


Devant ce numéro, ce cafouillage, Julia se marre doucement en mettant sa main devant sa bouche.

Thomas est attendri par ses manières, par sa façon de rire. C'est la première fois qu'il l'entend glousser. Il s'était déjà fait la remarque la veille en voyant son premier sourire mais il pensait vraiment que c'était une personne triste et discrète qui préfère éviter le contact avec les autres, d'où son isolement avec ses livres. En fait c'est une fille simple, douce, gentille, agréable et généreuse.

Cette nouvelle affectation a tout d'une bénédiction pour monsieur Ralle.


— Ne t'inquiètes pas, ce n'est pas le seul livre que j'ai emmené et puis... Ce n'est pas la première fois que je le lis non plus, rassure la jeune femme.

Ah ?

Elle acquiesce, toujours un sourire aux lèvres.

— Ce que je te propose dans ce cas, pour éviter que tu ne t'en veuilles, c'est de te le prêter une fois que je l'aurai fini.

Un grand sourire s'affiche sur le visage de Thomas qui aime bien cet arrangement. En soi, il ne voit pas vraiment l'intérêt de lire un manuel d'histoire. Par contre, se rapprocher d'un camarade est toujours une bonne chose.

— Ça roule, c'est un marché qui me permet d'avoir la conscience tranquille, accepte-t-il avec un nouveau sourire.


Elle acquiesce une nouvelle fois et sur son visage se lit son bonheur de partager l'une de ses lectures. Julia ouvre de nouveau le manuel.


— Tiens Thomas, c'est ton tour d'aller chercher de l'eau, impose Keiji qui plaque un seau vide contre le torse de son camarade.

— Mais, j'y suis déjà allé tout à l'heure ! proteste-t-il.

— Ah... Bah j'invoque mon joker !

— Ton joker, c'est quoi cette connerie ?

— J'ai gagné aux cartes à l'instant, alors j'ai un joker "puiser de l'eau".

— Mais c'est dégueulasse, je n'ai même pas joué !

— Justement, ça devrait m'en donner deux. Aller, file, conclut Keiji en se marrant, il se redirige déjà vers la table pour continuer la partie.


Thomas ne cherche pas à se défiler mais soupire, il vaut sûrement mieux qu'il s'en charge. Après tout il n'a pas grand-chose d'autre à faire. Il sort en traînant un peu les pieds et se rend au puits qui est plus ou moins à mi-chemin entre les deux chalets.





Après avoir parcouru quelques mètres il se stoppe net en voyant qu'il y a quelqu'un qui puise déjà de l'eau et... Pas n'importe qui. Ayant encore son uniforme, cette jeune femme désagréable est de dos. D'abord hésitant, Thomas se décide quand même à approcher et s'arrête à trois mètres d'elle pour lui laisser de l'air, afin éviter un nouvel accrochage.

Ayant une bonne perception et étant toujours attentive, Mikasa entend quelqu'un arriver et jette tout naturellement un coup d'œil.


Merde... pense-t-elle en dévisageant l'intrus pendant une seconde.


Dans la cabane de l'escouade tactique, Historia et Sasha sont à la fenêtre et observent toute la scène.


— Tu ne m'avais pas dit qu'elle était d'accord pour se reposer ? demande miss patate.

— Si... Je crois que je n'ai jamais vu quelqu'un d'aussi têtu... soupire Historia.

— Ah tiens, voilà le nouveau, remarque Sasha.


Thomas remarque - une fois arrivé - qu'elle vient tout juste de commencer à en juger par la longueur de corde qu'il reste à dérouler et voyant qu'elle va en diminuant. Il patiente tranquillement et essaye de se faire oublier en ne faisant aucun bruit. Malgré tout, il jette de fréquents coups d'œil à la jeune femme et ses mouvements.


Il arrive quand je commence... peste intérieurement Mikasa qui sent déjà le malaise s'installer mais elle fait ce qu'elle peut pour oublier cette présence dérangeante.


Mademoiselle Ackerman augmente donc la vitesse avec laquelle elle tourne la manivelle pour faire descendre le seau mais, même si la charge est loin d'être lourde et que le mécanisme est relativement souple, l'enchaînement répété de ce mouvement commence à la faire souffrir et c'est un cercle vicieux. Plus ça tire sur ses muscles intercostaux encore endoloris, plus elle veut aller vite et accentue donc la gêne.


Quelle tête de mule... se dit Thomas en la voyant faire.


Pourtant son état l'inquiète et, sachant pertinemment que c'est une très mauvaise idée, il compte bien aller l'aider pour la remontée du seau.

Ça y est, toute la corde est déroulée. Mikasa lâche la manivelle un instant pour inspirer un grand coup, se préparant psychologiquement à un retour qui sera difficile.

Ce court instant suffit à Thomas pour s'approcher et, dans le comble de l'inconscience, tend la main pour tapoter deux fois du bout de l'index la jeune femme, la touchant juste en dessous de l'omoplate gauche.


Il ne faut surtout pas qu'il voit que je me re... ses pensées sont coupées par la sensation qu'on la touche.


Elle sursaute et fait volte-face. Mikasa n'avait pas entendu ni senti le jeune homme approcher et... Il l'a touchée ?!

Sa réaction est immédiate : elle le repousse sans ménagement des deux mains contre ses épaules. Son regard est noir, l'expression de son visage donne froid dans le dos. Thomas, qui ne s'attendait pas à cette réaction, se rend compte qu'il aurait dû s'annoncer au lieu de la toucher. Il est forcément surpris par la force qu'elle a. Il manque de tomber sur les fesses et recule de quelques pas en catastrophe.


— Qu'est-ce qui te prend ?! gronde-t-elle.

— Hé du calme ! Désolé de t'avoir fait peur, je sais que ça devient une habitude mais promis je ne fais pas exprès... hasarde-t-il en essayant de calmer le jeu. Bon écoute, vraiment ça sert à rien que tu forces, j'vois bien que t'as du mal. Personne ne t'en voudra si quelqu'un t'aide, laisse-moi faire.

— Je n'ai pas besoin qu'on m'aide.

— Aller fais pas la têtue, je vais remonter ce seau.

Mikasa est en train de bouillir à l'intérieur devant son insistance.

— On parle pas la même langue ? Je te dis que ça va, renchérit la jeune femme sur un ton sec.


Comme la veille - même si là elle a une meilleure raison, à son sens, d'être remontée contre lui - ses émotions commencent à prendre le dessus et ce conflit intérieur s'invite de nouveau.


— Mikasa... prononce le soldat Ralle sur un ton exaspéré.


C'est... Étrange d'entendre son prénom de sa bouche, elle en frissonne mais il ne lui semble pas que c'est par dégoût.


— De quoi tu as peur en fait, que tes potes se foutent de toi parce que quelqu'un t'aide ou parce que t'as pas coupé dix arbres et tué cinq titans aujourd'hui ?


Les yeux de la brune s'écarquillent, elle ne croit pas ce qu'elle entend. Chercherait-il vraiment à la faire sortir de ses gonds ? Il se fout ouvertement d'elle, à son sens. Elle parcourt alors la distance qui les sépare rapidement et le choppe par le col, son regard est furieux.

Dans le chalet, Eren passe dans la salle à manger et remarque que Historia et Sasha sont collées à la fenêtre, apparemment passionnées par quelque chose dehors. Il s'approche donc et se penche pour regarder dans la même direction. Il voit Mikasa choper Thomas par le col et semble le menacer. Ses yeux s'ouvrent aussi grands que sa surprise.


— Attendez je rêve ? Qu'est-ce que...


Il se dirige rapidement vers la porte.

Pendant un court instant, Mikasa serre donc le col du malheureux soldat Ralle avec son regard de furie, presque à le faire décoller du sol.


— C'est quoi ton problème ?! s'écrie-t-elle.


Thomas est sidéré, bouche-bée. La colère de Mikasa l'écrase littéralement tant elle est impressionnante et sauvage. Il ne moufte pas. C'est comme s'il était frappé par la foudre, la voix de Mikasa résonne en lui et le paralyse.

La jeune femme perd soudainement sa pulsion violente lorsqu'elle se rend compte de l'expression que porte le regard de Thomas, quand ses yeux tombent sur ses mains en train de doucement l'étrangler et dont les jointures sont blanches. Elle le lâche dans l'instant et recule de façon hasardeuse de deux pas, le regard effrayé et fixé sur cette gorge que se masse Thomas en toussant.


— Pardon je... commence-t-elle à dire d'une petite voix affolée, parvenant aux oreilles de la personne à un mètre d'elle.

— Mikasa ! appelle Eren qui s'approche en courant.

Il se place immédiatement entre elle et Thomas, fusillant ce dernier du regard. Livaï arrive à sa suite.

— Hoy ! Hoy ! C'est quoi ce raffut ? L'air forestier vous réussit pas c'est ça ?

Eren continue de dévisager le membre de l'escouade Hanji, les dents serrées.

Thomas se tourne vers Livaï et s'incline bien bas devant lui.

— C'est ma faute Caporal-Chef, j'ai beaucoup trop insisté pour l'aider et j'ai eu un geste déplacé, s'excuse platement Thomas.


Livaï le toise un instant puis jette un coup d'œil à Mikasa qui est fixée sur le soldat Ralle avec une expression complexe à déchiffrer. Il trouve cela étrange que Thomas se dénonce aussi facilement, comme s'il voulait couvrir mademoiselle Ackerman.


— Mmmh... Bon, dans ce cas tu vas venir récurer nos chiottes pour apprendre les bonnes manières, punit l'officier, Mikasa tu vas me suivre.


Eren recule d'un pas sans arrêter de fixer son nouveau camarade.

Hanji, Moblit et Nifa sortent à pas rapide de leur chalet pour rejoindre le groupe et essayer de comprendre ce qu'il se passe, après avoir entendu le ton de plusieurs voix monter.


— Qu'est-ce qu'il se passe ici ? demande Hanji qui regarde alternativement les quatre personnes devant elle.

— Apparemment le nouveau a de sales manières, il va venir chez nous pour apprendre le respect.

Le regard que pose Hanji sur Thomas est empreint de surprise et de déception.

On aura une discussion tous les deux quand tu auras purgé ta peine Thomas.


Hanji ne fait pas autant froid dans le dos que Mikasa mais ça fait vraiment drôle qu'elle soit sérieuse et le gronde.

Nifa observe longuement Mikasa et ne comprend absolument rien à part que cette histoire est un peu tirée par les cheveux à son goût.

La jeune femme aux cheveux noirs corbeau n'a pas dit un mot ni n'a bougé et elle semble vraiment affectée par quelque chose. Thomas lui aurait mit la main aux fesses ou quelque chose comme ça ? Elle ne peut pas y croire, elle se persuade qu'elle l'aurait senti s'il était du genre à avoir un comportement absolument déplorable envers les femmes. Quelques minutes plus tôt il était très courtois avec Julia et n'a pas essayé un seul instant de violer son espace vital. Même avec elle et malgré le fait qu'elle soit plutôt tactile, il n'a jamais encore osé faire de même. De toute façon Mikasa est bien assez forte pour se faire respecter et faire regretter un tel comportement, alors pourquoi a-t-elle l'air si effrayée ? Quelque chose cloche.


— Aller, on va te donner notre plus belle brosse mais avant tu vas nous apporter ce seau d'eau, ordonne Livaï à l'intention de Thomas.


Malgré l'énorme coup de pression et cette sueur froide qui coule dans son dos, Thomas a tout de même un sentiment d'accomplissement. C'est un mal pour un bien, Mikasa n'aura pas à remonter ce seau. Lorsqu'il se tourne pour s'exécuter et se retrouve dos à tout le monde, un sourire en coin apparaît sur ses lèvres.

Hanji, Nifa, Moblit et Eren vont quitter les lieux.

Après une minute à tourner énergiquement la manivelle pour remonter le seau d'eau, Thomas attrape ce dernier, le décroche, puis se dirige vers le chalet. Il peut voir qu'à l'entrée de celui-ci Sasha et Historia parlent avec Eren qui a d'ailleurs l'air d'être calmé.


— Bon la taciturne, tu m'expliques ? demande Livaï une fois que l'autre personne impliquée a commencé à s'éloigner.

Ça semble d'ailleurs la réveiller, elle sursaute un peu.

— Ce n'est rien Caporal-Chef, répond-elle évasivement en regardant Thomas se diriger vers un charmant nettoyage.

Il détaille sa subalterne avec un regard perçant et croit comprendre ce qui se joue là.

— Dans le doute, il va en plus éplucher des patates pendant deux jours, je suppose que ça ne te pose pas de problème ?


Elle serre les dents et ne sait pas quoi dire parce qu'il la tient, c'est une question piège. Si elle fait l'indifférente ce serait un vilain mensonge et le soldat Ralle risque d'avoir une mauvaise réputation injustifiée alors que c'est de sa faute à elle. Au contraire si elle proteste elle se sera vendue... Mais éplucher des patates ce n'est pas la mer à boire, ça lui permettra d'avoir la conscience tranquille : le choix est vite fait.


— Si, Caporal-Chef. J'ai réagit comme une idiote alors qu'il voulait juste m'aider. C'est moi qui ai levé la main sur lui, avoue-t-elle.

Bien. Tu éplucheras ces patates avec lui, comme ça vous apprendrez à vous supporter, statue Livaï qui tourne les talons et la laisse en plan.


Le regard de la jeune femme tombe sur ce seau vide qu'a lâché Thomas lorsqu'elle l'a attrapé par le col. Elle s'en veut et regarde les paumes de ses mains, perdue. Elle ne se reconnait pas elle-même ces temps-ci et c'est déroutant. Quand il l'a touchée pour attirer son attention ça a provoqué une sensation qu'elle ne saurait pas décrire. Maintenant qu'elle repense à ce qu'il s'est passé, elle se dit qu'elle devait être trop concentrée sur sa tâche pour ne pas l'avoir entendu s'approcher ou l'appeler. Il aurait donc tapoté son dos pour attirer son attention et en retour elle l'a agressé.


Même Annie n'aurait pas surréagit comme ça, se dit-elle.

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