Sunset - Eren x reader (lemon)

Chapitre 1 : Première rencontre

5477 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 22/02/2021 14:23

Un matin d’hiver. La lumière froide de l’extérieur parvient jusqu’à tes paupières clauses. Quelques secondes avant que ton réveil ne sonne, tu ouvres les yeux. Ton corps est encore endormi et lourd de sommeil mais tu parviens à t’asseoir sur le bord de ton lit. Tu soupires lourdement en te frottant les yeux. Ton téléphone affiche 7h08. Un autre soupir s’échappe de tes lèvres tandis que tu te lèves rapidement pour rejoindre la salle de bain. Le petit déjeuner ne sera pas au rendez-vous pour aujourd’hui. - J’aurais qu’à lui demander de s’arrêter à la boulangerie sur sa route - penses-tu. Tu sors de la douche quelques minutes plus tard, enfiles un sweat, un jean et attaches tes longs cheveux bruns encore humides en un chignon décoiffé. Pas le temps de s’apprêter aujourd’hui, tu as cours dans un peu moins de trente minutes. Heureusement, tu habites à quinze minutes à pieds de la fac.


Un bip retentit tandis que tu lace tes converses, annonçant la réception d’un message sur ton téléphone. C’est le signal que tu attendais. Tu enfiles tes bagues, attrape ton portable et ton sac, dans lequel tu glisse rapidement ton mac, et sors de chez toi en verrouillant la porte derrière toi. Le froid sec et pénétrant te surprend - tu n’es même pas encore dehors - et tu songes que tu aurais dû consulter la météo avant de sortir. 

La lourde porte en bois de ton immeuble grince sur ton passage lorsque tu la franchis et tu peux le voir lever les yeux au ciel quand il t’aperçoit. 


  • Hey, c’est pas trop tôt ! Dix minutes que je me caille.


Jean est appuyé contre un poteau, les mains dans les poches ainsi que son sac à bandoulière qui pend négligemment sur son épaule droite. Le col de son manteau ajusté est relevé, lui donnant un air chic mais décontracté. Lui au moins a l’air d’avoir pensé à regarder les températures avant de sortir. 


  • Menteur, lui réponds-tu dans un grognement. Je suis descendu dès que j’ai entendu ton message. 


Il te gratifie d’un sourire taquin en te tendant un café acheté à la boulangerie en bas de la rue. Tu le remercie avec un sourire reconnaissant et vous commencez à marcher en silence. Tu n’es pas du matin, mais ce café te fais du bien et dissipe le brouillard dans lequel tu évoluais depuis ton réveil.


  • Précisément ce dont j’avais besoin, lâches-tu en soupirant de soulagement. Je voulais te demander de prendre des croissants mais j’ai oublié. Ça va toi ?


  • Ça va, répond simplement Jean en baillant.


Tu sors de ton sac tes écouteurs sans fils et lui en tend un qu’il prend par habitude. Les premières notes de Plug in Baby se lancent.


  • Je choisis la prochaine.


  • Oui chef, tu lui réponds en mimant un petit salut militaire.


Dix minutes plus tard vous arrivez enfin sur l’immense campus de la fac de Stohess, la meilleure université de la région. Cette fac est immense, regroupant beaucoup de corps d’enseignements différents. Tu as mis quelques mois à prendre tes marques mais maintenant tu t’y sens bien. Le bâtiment où tu suis tes cours de graphisme et d’animation est un peu à part du reste du campus. Ta filière s’apparentant plus à une école privée. Aussi, tu ne fréquentes que très peu les étudiants des autres branches.

Vos chemins se séparent, Jean ayant cours de management international à l’opposé de toi.


  • On se tient au courant pour ce soir ? te lance-t-il en s’éloignant.


Tu lui répond par l’affirmative en mimant un appel téléphonique avec ton pouce et ton auriculaire. Vous vous retrouvez régulièrement chez l’un ou chez l’autre pour regarder des séries, des films, étudier ou simplement discuter autour d’une bière. C’est d’ailleurs le plus souvent chez toi car Jean dit qu’il aime l’ambiance qu’a ton studio. C’est « cocooning » comme il dit. 


Sur ton chemin tu croises Historia et Ymir qui attendent devant une salle de classe.


  • Hey ! Historia t'interpelle par ton prénom. Ça va ? 
  • Yo, dit simplement Ymir.


Tu les salue et répond avec un sourire. Ces deux là sont inséparables. Tu les connais depuis deux ans, depuis ta première année à la fac où tu avais opté pour une filière littéraire avant de changer radicalement de parcours pour l’animation, et tu t’étonnes encore du choix d’Ymir de faire une licence de littérature. Depuis ton changement de voie vous ne vous voyez que très peu mais tu les croises de temps en temps sur le campus. Vous n’êtes pas particulièrement proches, mais tu apprécie leur compagnie. Historia est profondément gentille et soucieuse d’autrui, tandis qu’Ymir se fiche de tout et de tout le monde. Ce qui crée un équilibre assez étrange mais qui fonctionne. 

Tu regardes ta montre et constates que tu as bien cinq minutes pour papoter. 


  • Comment va Jean ? lance la petite blonde en battant des cils exagérément.
  • Il va bien, tu réponds simplement. 


Comprenant ce qu’elle sous entend tu te mets à sourire.


  • Je t’ai dis mille fois que ce n’est pas comme ça entre nous. On est amis, c’est tout.


Tu continue de lui sourire en haussant les sourcils et Historia comprend qu’elle ne tirera rien d’autre de toi. Peu de gens comprennent la nature de votre relation. Tu admets volontiers que vu de l’extérieur votre relation puisse passer pour amoureuse, mais si Jean et toi étiez du même sexe, personne n’y trouverait à redire. Tu trouves complètement idiot le fait que puisque vous êtes de sexe opposé ET hétérosexuels tout le monde s’attende à ce que vous tombiez amoureux.


  • Maintenant que j’y penses… lance Historia pour changer de sujet, on ne s’est jamais vues en dehors de la fac.
  • Ah oui, c’est vrai, réponds-tu en t’allumant une cigarette.


Tu fais signe à Ymir d’en prendre une, ce qu’elle accepte. 


  • Bah ouais, on à beau l’inviter elle vient jamais chez Jo, la garce, dit cette dernière en te soufflant la fumée au visage avec un air narquois.
  • C’est peut-être parce que j’ai pas envie de voir ta tête plus que nécessaire, tu réponds sur le même ton.


Ymir et toi vous fusillez du regard avant d’éclater de rire. Historia lève les yeux au ciel, pourtant habituée à vos chamailleries. Voyant qu’elle attend toujours une réponse, tu soupire.


  • D’accoooord…. promis la prochaine fois j’accepte ton invitation.


Un sourire illumine son visage et elle promet que cette « prochaine fois » sera pour bientôt. Tu n’es pas contre le fait de passer du temps avec elles en dehors des cours, mais tu sors peu, voir pas du tout le week end. Historia a beau te proposer de temps en temps de la retrouver, elle et ses amis, au bar près du campus, tu n’aimes pas la foule, les gens saouls, la musique trop forte… - Mais bon, je pourrais faire un effort juste une fois j’imagine… - tu penses.

Tu éteins ta cigarette et dis au revoir aux filles, pour te diriger vers ton premier cours.


Ta journée se termine plus vite que tu ne l’aurais cru en te réveillant ce matin. C’est maintenant que la partie la plus pénible de la journée débute. Comme tous les jours tu te rends à ton petit boulot. Tu travailles depuis quelques mois dans un petit supermarché près de la fac. C’est loin d’être un boulot passionnant mais ça paye les factures, et puis c’est temporaire. Tu t’entends bien avec tes deux collègues, tes patrons ne sont pas sur ton dos constamment, alors tu te dis que ça pourrait être bien pire.


A Jean, 17h06 :


Je viens d’arriver au boulot, je t‘écris en sortant. T’as pas intérêt de me poser un lapin. Sinon je continue TWD sans toi je te préviens !



Tu déposes tes affaires dans ton casier, enlèves ton sweat et enfiles ton uniforme - qui se résume juste à une veste courte avec le logo de l’enseigne dans le dos - quand un bip retentit.


De Jean, 17h09 :


Je t’ai déjà posé un lapin ?


A Jean, 17h10 :


Ouais.


De Jean, 17h12 :


C’est moche de mentir. Même si t’as pas besoin de ça pour être moche. A ce soir laideron.



Tu ricanes en glissant ton téléphone dans la poche de ta veste et sors des vestiaires. Tu salue tes collègues et pars t’affairer au fond du magasin. Perdue dans tes pensées, tu remarques à peine les clients qui déambulent autour de toi. C’est le moment de la journée où il y a le plus d’agitation. Tu ranges unes à unes les crèmes et autres shampooings sur les étagères, tout en te demandant si Jean compte commander à manger ce soir ou si tu devra cuisiner. Le connaissant, tu te dis qu’il préfèrerait que tu lui cuisines quelque chose. Pourtant à tes yeux entre un plat que tu cuisines ou une pizza fraîchement commandée, le choix est vite fait. 

Tu attrapes plusieurs produits pour les ranger mais en te retournant tu te heurtes à quelque chose de dur. Horrifiée, tu te rends compte que ce quelque chose était une personne qui tentait d’attraper un objet sur une étagère près de toi. Toute ta cargaison tombe au sol et tu t’agenouilles rapidement pour ramasser.


  • Merde, dis-tu à voix basse, sans relever la tête. Je suis désolée !


Le client s’accroupi lui aussi pour t’aider et tu finis par relever les yeux. Vos regards se croisent et tu t’étonnes de tomber en admiration devant de grands yeux verts. Ils te scrutent, visiblement étonnés eux aussi. 


  • Y’a pas de mal, c’est ma faute.


Sa voix est grave, cassée et quelque peu enrouée. Tu devines au plissement de ses yeux qu’il te sourit derrière son masque chirurgical noir. Subjuguée par ses yeux à la fois sombres mais profondément expressifs, tu mets quelques secondes à te reprendre et parvient à balbutier.


  • Oh euh… non, non, c’est moi !


Il se relève le premier et tu l’observes discrètement en te relevant à ton tour. Sa tenue légèrement débraillée, avec son sweat noir, son jean ajusté remonté sur ses chevilles et ses van’s, lui donne un air négligé parfaitement calculé. Il te surplombe d’au moins 15 centimètres. Après avoir incliné la tête pour t’adresser un dernier sourire, il tourne les talons et tu le regarde s’éloigner malgré toi, un peu chamboulée. Quelques mètres plus loin, il se retourne et te lance une boite que tu attrape au vol.


  • Oh hey, j’allais oublier ! Pas besoin de ça, je suis déjà équipé, merci, dit-il en t’adressant un clin d’oeil indécent.


Tu le regarde s’éloigner sans réellement comprendre. Puis tu ouvre les mains et constate que l’objet de ta magnifique réception n’est autre qu’une boite de préservatifs. - Evidemment - penses-tu. Ton visage s’harmonise d’un sourire du coin des lèvres et lorsque tu relèves la tête il n’est plus là.


Un vent glacial accompagné de quelques flocons t’accueille lorsque tu passes la porte du magasin, trois heures plus tard.


  • Enfin… soupires-tu en regardant le ciel nocturne.


Tu as dû faire une heure supplémentaire et sors finalement à presque 21:00. Tu sors ton téléphone, écris un sms à Jean, enfiles tes écouteurs et prends la route. 


Une fois sous la douche tu te détends enfin et soupires une nouvelle fois. L’eau chaude t’apaise et te réchauffe peu à peu. Ton corps frissonne encore et tu es à fleur de peau. L’eau ruisselant sur tes cheveux, tu fermes les yeux. De grands yeux verts t’apparaissent et tu te surprends à penser à ce jeune homme brun, un peu débraillé, rencontré plus tôt. Si on peut appeler ça une rencontre. Néanmoins, tu serais curieuse de voir ce qu’il y à derrière ce masque. Des pommettes saillantes… des dents blanches mordillants une lèvres inférieure, peut-être…? un sourire à tomber, c’est sûr… pour aller avec ce regard insolent… Tes lèvres se fendent en un sourire coquin alors que tu te laisses aller à tes fantasmes. Soudain, un bruit retentit derrière la porte de ta salle de bain interrompant tes pensées salaces. 


  • Sors pas à poil, je suis là ! lance Jean en toquant à la porte.
  • Parfait timing Jean, grommèles-tu en sortant de la douche.


Après t’être séché, tu enfiles ta tenue préférée : un gros sweat oversize et un legging. Tu attaches tes cheveux et jettes un coup d’oeil dans le miroir, un peu déçue. C’est à ça que je ressemblais aujourd’hui…?


  • Tu veux manger quoi ? dis-tu en arrivant dans le salon.


Jean est allongé sur ton lit - faisant office de canapé pour vos soirées télé -, en jogging et les jambes croisées, une main derrière la tête, la télécommande dans l’autre. 


  • Oh n’importe. On peut commander un truc, si t’es fatigué et que t’as la flemme. J’ai ramené des bières. 
  • Go pizzas alors, pas envie de cuisiner ce soir.


Tu attrapes deux bières et t’affales à ses côtés en prenant ton téléphone. Tu commandes pour vous deux sans demander son avis à Jean, il prend tout le temps la même chose de toute façon.


  • Dans 45 minutes. On a le temps de regarder un épisode, dis-tu en raccrochant avec la pizzeria.


Il lance l’épisode et vous vous installez.


  • Previously on AMC’s The Walking Dead, vous répétez à l’unisson, complices.


Vos rires restent suspendus dans l’air alors que vous vous taisez pour écouter la télé. Tu jette un coup d’oeil à Jean qui est concentré sur la série. Historia te demandait tout à l’heure s’il y avait quelque chose entre vous. Evidemment que non, mais c’est vrai qu’en y réfléchissant tu ne peux nier qu’il est bel homme. Avec ses cheveux rabattus en arrière, ses yeux clairs et son nez fin. Tu secoue la tête. Jamais tu ne pourrais le voir de cette façon. 


Tu poses la tête sur son épaule en baillant. Ton téléphone sonne enfin, à quelques minutes de la fin de l’épisode. Tu réponds, Jean se propose de descendre chercher les pizzas, mais tu enfiles déjà tes chaussures. 

Une voiture noire est en warning devant la porte de ton immeuble. Un son étouffé en provenant parvient jusqu’à tes oreilles. Tu te demandes si ça peut être ton livreur, d’ordinaire il est en scooter. Tout en sautillant sur place pour te réchauffer, tu t’avance vers la voiture. La personne à l’intérieur daigne enfin en sortir et l’espace d’un instant tu ne t’entends même plus penser tellement le son est fort. Il redevient étouffé dès que la portière se referme. 


Un jeune homme aux cheveux longs noués en un chignon négligé en sort. Le regard rivé sur un bout de papier dans ses mains, il prononce ton nom de manière interrogative. Il relève les yeux avant que tu ne répondes et tu réalise que c’est « monsieur sexyness » (surnom que tu viens de lui attribuer). Il hausse les sourcils, attendant une réponse. Visiblement il ne t’a pas reconnu.


  • Euh.. oui, oui ! C’est moi, finis-tu par dire en t’approchant.


Tu te frottes les mains nerveusement pour les réchauffer. 


  • Ce n’est pas vous d’habitude.


Les mots sont sortis plus brutalement que tu ne l’aurais voulu. Tu souris pour tenter de contrebalancer.


  • En effet, s’en amuse-t-il. Je dépanne un ami qui ne pouvait pas venir bosser ce soir.


Tu lui tends la monnaie et vous faites l’échange. Lorsqu’il tend le bras tu remarques que ses manches sont relevées, dévoilant deux avant bras entièrement tatoués. Tu hausses les sourcils, surprise. Il suit ton regard et rit légèrement.


  • Ça fait souvent cet effet, dit-il. Sinon… vous êtes une habituée ?


Tu ne comprends pas tout de suite sa question. Une habituée de ? Des tatouages ?


  • De la pizzeria, précise-t-il en voyant ton incompréhension.


Il me trouve grosse ou quoi ?


  • Euh… ouais. Je commande au moins une fois par semaine.
  • Oh.. d’accord.


Un blanc s’installe mais qui ne semble gêner que toi. Tu te balances d’un pied sur l’autre, tandis que le livreur se gratte l’arrête de l’oreille, dans ses pensées. Tu le regarde du coin de l’oeil et le rose te monte aux joues en songeant à la douche d’il y à une heure. Qui aurait cru que tu le reverrais aussi vite. Que tu le reverrais tout court d’ailleurs. Mais ce n’est pas aujourd’hui que tu découvriras ce qui se cache derrière ce masque. Réalisant que tu te dandines bêtement, tu décides de mettre fin à ce moment gênant. 


  • Bon ben, euh, merci beaucoup ! A bientôt !
  • Je l’espère aussi, répond-il d’une voix suave.


Tu tournes les talons mais alors que tu t’éloignes tu l’entends dire à voix basse, pour lui même :


  • Comme quoi, le hasard fait bien les choses… 


Le son de la musique se fait à nouveau plus fort alors qu’il monte dans la voiture et, avant que tu ne passes le seuil de la porte, tu te retournes pour jeter un dernier coup d’oeil derrière toi. Vos regards s’accrochent et tu constates qu’il te regardait t’éloigner. Il sourit en détournant les yeux et démarre. Tu referme la porte et t’y adosse. Comment peut-on être si hot sans même montrer son 

visage ? 


Lorsque tu remontes chez toi, Jean t’attend, affalé sur le lit.


  • Ha ben c’est pas trop tôt t’en as mis du temps !
  • Ça t’arrive des fois de pas râler, franchement ?
  • Bah… ouais. J’imagine. Enfin ça a déjà dû m’arriver, répond-il tout en scrollant son écran de téléphone.


Tu pouffes et reviens t’installer près de lui avec les pizzas. Il lance l’épisode suivant et vous mangez tranquillement tout en commentant de temps à autre la série.

Tes paupières commencent à se faire lourde et tu regardes l’heure sur ton téléphone. 00h13. Tu bailles longuement et jette un coup d’oeil à Jean qui ne s’est pas plaint depuis plus de dix minutes, ce qui n’est pas dans ses habitudes. La belle au bois dormant est endormi bras et jambes croisées, quelques mèches rabattues sur son visage bougeant au rythme de sa respiration.


  • Raahhh Jeaan… soupires-tu. 


Tu souris devant cet air angélique qu’il n’arbore que quand il dort. Tu décides de ne pas le réveiller et éteins la télé. Tu parviens tant bien que mal à soulever la couette sur laquelle il est allongé et la rabat sur lui. Puis tu te lèves et te dirige vers le balcon pour allumer une cigarette avant d’aller dormir. 

La fumée que tu souffles se mêle à la vapeur qui sort de ta bouche et projette un épais nuage blanc. Accoudée à la rambarde, tu repenses à combien il y avait de chances que tu croises deux fois dans la même journée cet homme dont tu ne connais même pas le nom. Voilà bien longtemps que tu n’avais pas fantasmé comme ça sur un homme. Enfin, une personne réelle du moins. Chris Hermsworth ne compte pas. 


La chaleur de ton sweat t’enveloppe et te réchauffe si bien que tu hésites à le retirer pour dormir. Mais tu sais que tu mourrais de chaud au bout d’un moment. Tu le retires donc et pars te coucher vêtue d’un simple tee-shirt faisant 3 fois ta taille et d’un short de pyjama. D’ordinaire tu dors en culotte mais tu feras l’impasse pour ce soir. Te glissant sous la couette, tu prends soins de ne pas bousculer Jean, te tournes et t’endors rapidement, bercée par la respiration calme et profonde de ton ami. 


Le lendemain matin ton réveil sonne a 6h30 et, comme presque tous les matins, tu le reportes.


  • Tu m’étonnes que t’ai jamais le temps de déjeuner. 


Une voix lointaine te parvient, mais tu te contente de grogner et tente de te rendormir.


- Allez, debout, insiste-t-il en te balançant un coussin. 


Tu soupire bruyamment mais fini par ouvrir les yeux. Il se tient debout à côté du lit, les mains sur les hanches. 


  • Bon j’y vais, je repasses chez moi prendre une douche. Tiens toi prête pour dans…. 


Il regarde sa montre.


-… Une heure grand max, ok ?

  • Tu peux prendre ta douche ici, dis-tu d’une voix ensommeillée.
  • Ouais je sais, mais j’ai pas de fringues propres. Faudrait peut-être que je laisse deux trois trucs ici la prochaine fois, juste au cas où.
  • Déjà que tout le monde pense qu’on couche ensemble, là ils vont croire qu’on est marié.


Vous vous regardez et éclatez de rire devant l’absurdité de la chose. Tu lui renvois le coussin qu’il t’a balancé plus tôt. 


  • Bah merci, je sais pas comment je dois le prendre… réagis-tu à son hilarité.
  • Bah mal, évidemment !


Il s’approche de toi et embrasse ton front dans un élan de tendresse. De temps en temps, avec de simples petits gestes comme aujourd’hui, vous frôlez la ligne entre vous mais sans jamais la dépasser. 

Tu lui rappelles de ne pas oublier son double des clefs et tu l’entends te menacer de ne pas te rendormir avant qu’il ne verrouille la porte derrière lui.


Le reste de la semaine est passé sans que tu ne t’en rendes compte et te voilà déjà à vendredi soir. Malheureusement pour toi ce vendredi est ta soirée « d’astreinte » si on peut dire. Le supermarché dans lequel tu travailles ferme à 23:00 le week-end et cette semaine c’est ton tour de faire la fermeture. Non pas que tu ai prévu quelque chose de particulier mais tu as toujours mieux a faire que d’être là.

Le magasin est désert depuis une bonne demi heure et avant ça tu n’a eu que quelques rares clients. Tu soupire bruyamment, la tête dans les mains accoudée à ton comptoir. Tu regardes ton téléphone et constates qu’il te reste encore une heure à tirer. Il va bien falloir que tu t’occupes pendant cette heure. Tu songes un moment à tirer au flan, mais tu n’aurais jamais assez de batterie sur ton téléphone. Résignée, tu te décides à aller ranger un rayon qui attend patiemment depuis le début de la soirée. Tu prends tes écouteurs et en glisse un seul dans ton oreille, de sorte que tu puisses entendre si quelqu’un entre. La musique se lance et tu commences à ranger la palette qui t’attends. Plusieurs chansons passent, jusqu’à ce que les premières notes de ta musique préférée du moment retentissent. Après un bref coup d’oeil vers la porte vitrée du magasin, tu enfiles le deuxième écouteur. Un sourire se dessine sur ton visage en entendant la douce voix de Yonezu Kenshi. S’il y à bien quelque chose qui te fait craquer chez un homme, c’est sa voix. Fermant les yeux, tu commences à te déhancher. Cette chanson te désinhibe totalement et bientôt tu oublies l’endroit où tu te trouves et tu te mets à danser comme si tu étais seule au monde. Tes hanches ondulent en rythme, tu lèves les bras et balance ta tête doucement d’un côté puis de l’autre. Tu connais les paroles par coeur et tu commences à chanter doucement. Au bout d’un moment la chanson se termine, te ramenant à la réalité. 


  • J’aime bien cette chanson.


Une voix grave brise le silence et tu te fige. Merde, penses-tu. Sentant tes joues s’enflammer, tu te retournes vivement. Un homme se tient devant toi, une épaule appuyée contre une étagère, bras et jambes croisées nonchalamment. Il tente de réprimer un petit sourire, mais en vain. Tu ne le reconnais pas immédiatement, jusqu’à ce que vos regards se croisent. Tu reconnaitrais ces yeux verts entres milles. C’est lui. Cet inconnu que tu croises pour la troisième fois cette semaine. 

Tu restes interdite, trop honteuse pour arriver à articuler quelque chose.


  • Vous dansez bien, ajoute-t-il devant ton silence.
  • Oh, euh… je.. uhm, merci ?


Il expire en souriant et vous restez là face à face sans qu’aucun de vous ne bouge. Tes pensées se bousculent dans ta tête. Tu es terriblement gênée de ce qu’il vient de voir et encore plus que ce soit lui qui ait assisté à cette scène.

Lui, t’observe toujours sans dire un mot, mais il ne semble pas mal à l’aise.


  • Vous êtes là depuis longtemps…? dis-tu pour briser le silence.
  • Assez longtemps pour admirer ce jolie déhanché. 


Tu t’étrangles.


-… et reconnaître Paprika.

  • Oh, vous connaissez cette chanson ?


Personne dans ton entourage ne connaît les artistes japonais que tu écoutes. Tu as bien essayé de convertir Jean, mais rien y fait. « Le japonais c’est pas mon truc » est sa seule excuse. Raisonnement bête, mais la bêtise de cet homme ne te surprend plus.


  • Bien sur, j’aime beaucoup cet album d’ailleurs. Mais ma préférée reste Campanella.
  • Oui, je l’aime beaucoup aussi, dis-tu en souriant.


Tu réalises soudain que s’il est là c’est certainement qu’il a besoin de quelque chose, un renseignement peut-être ?


  • Uhm, et si on oubliait ce moment gênant ? proposes-tu en regardant partout sauf dans sa direction. Je peux faire quelque chose pour vous peut-être ?


Il rit légèrement et dit en baissant la tête :

  • Oh oui j’en suis sur.


Sa voix n’est qu’un murmure suave et tu le regardes toujours, attendant la suite. Il relève la tête et s’approche doucement de toi.


  • Personnellement je n’ai aucune envie d’oublier, dit-il, un sourire en coin.


Tu le regardes s’approcher, le souffle coupé. Maintenant que tu y penses, c’est la première fois que tu le vois sans son masque. Si ses yeux n’étaient pas si particuliers tu ne l’aurais probablement pas reconnu. Comme tu l’avais imaginé, son sourire est à tomber. Toujours coiffé d’un chignon en pagaille, il a quelques mèches qui lui tombent sur le front, d’autres courent dans sa nuque masquant presque un bout de tatouage qui grimpe sur le côté gauche de son cou. Sa beauté est indécente. Insolente même. Il est vêtu d’un simple tee-shirt blanc si fin qu’il laisse deviner les tatouages qui jonchent son torse, d’un jean noir et d’un blouson en cuir pour accompagné le tout. Rajoutant au côté « bad boy » que, visiblement, il cultive.


Il s’arrête à quelques centimètres de toi, bien trop près à ton goût. 


Ou pas assez justement. 


La bouche entrouverte de surprise tu le laisses faire lorsqu’il approche sa main de ton visage. Il marque une pause.


  • Je peux ? dit-il en désignant l’écouteur dans ton oreille droite.


Tu le lui tends sans rien dire et vos mains s’effleurent lorsqu’il le prend. Un long frisson s’empare de tout ton corps, longeant ton échine jusqu’au bout de tes orteils. Tu inspires brusquement et il sourit devant cet aveux à peine voilé. Il cherche ton regard mais tes yeux ne peuvent se détacher de ses lèvres. Tu aspires doucement ta lèvre inférieure, trahissant ton état. Son sourire s’agrandit et il glisse l’écouteur dans son oreille. Comme si tout ceci avait été savamment orchestré, Undisclosed Derires de Muse se lance. Cette chanson au rythme à la fois langoureux, sensuel, mais profondément sombre colle parfaitement à la situation.


  • Parfait, dit il dans un souffle. 


Il fait encore un pas en avant, mais tu ne recules pas. Pourquoi reculer ? Alors que tu ne le trouves pas encore assez près. Tu ne te voiles pas la face. Tu veux goûter à ses lèvres, sentir ses mains et son corps contre le tiens, et ce, depuis la première fois où tu as croisé ce regard émeraude. Il lève un sourcil devant ta réaction, amusé. Il devait s’attendre à ce que tu cherches à le fuir. Tu lui répond par un sourire ambiguë. Son visage se rapproche dangereusement du tiens et ta respiration se fait plus courte. Il n’a même pas encore posé les mains sur toi, que tu sent un noeud se former dans ton ventre. Il lève une main et effleure du bout des doigts ton cou. Un toucher si doux et sensuel que ta peau se hérisse sur son passage. Vos yeux ne se quittent plus et les tiens semblent l’implorer. Lui, a perdu son sourire, mais ses pupilles commencent à se dilater, trahissant son désir. Il se penche un peu plus et tu peux maintenant sentir les effluves de son parfum. Des notes boisées emplissent tes narines, se mêlant à l’odeur caramélisée de son haleine, créant un mélange surprenant. 


  • 3 fois en une semaine, ça commence à faire beaucoup… lâche-t-il dans un murmure à peine audible.


Ses lèvres ne sont plus qu’à quelques millimètres des tiennes et tu sens un fourmillement là, en bas. Tes paupières commencent à se fermer alors qu’un petit sourire se dessine sur ses lèvres. Mais soudain, une sonnerie retentit annonçant l’entrée de quelqu’un dans le magasin. Tu avais complètement oublié où vous vous trouviez. Ce brutal retour à la réalité te fait relâcher l’air que tu avais bloqué dans tes poumons. Il se recule légèrement et colle sa bouche à ton oreille.


  • Dommage…


Sa voix grave résonne au plus profond de ton être alors qu’il fait glisser un doigt le long de ton décolleté, s’arrêtant à la naissance de ta poitrine. De son autre mains il arrache l’écouteur de son oreille pour le remettre dans la tienne, effleurant ton lobe au passage. Puis, il recule d’un pas. Son regard se promène sur ton corps, affamé.


  • A bientôt, mademoiselle, lâche-t-il avec un sourire insolent.


Ton nom dans sa bouche te fait sursauter puis te souviens de votre rencontre quelque jours plus tôt alors qu’il te livrait les pizzas. Il tourne les talons sans un mot, te laissant plantée là, le souffle court. 


Les dernières notes de Undisclosed Desires retentissent et tu ne savais pas encore à quel point les paroles cette chanson vous décrirez si bien. 


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