En passant

Chapitre 2 : En passant 2

4080 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 10/11/2016 08:05

Un p’tit peu plus court celui-ci, enjoy

« Tu me suis ou quoi ?

- Je…non, pas du tout !

Je baissai les yeux sur mes pieds, ne pouvant soutenir le regard gris pesant qui me faisait face. Le zoo avait fermé ses grilles, il était dix-neuf heures. Habituellement c'était une trentaine de minutes plus tôt, mais le personnel devait avoir du retard ou je-ne-sais-quoi. En parlant du personnel… à cette heure-ci je serai normalement en train de rentrer chez moi, mais je n'en avais pas envie, je voulais rester en compagnie du jeune, que je trouvais particulièrement intriguant. J'avais beau paraître lourd, je m'en doutais, j'avais une indescriptible envie d'en savoir plus sur lui. Il avait pris le chemin du café, qui se trouvait en face de la rue, et j'avais donc fait mine de rien de m'y rendre aussi.

- Alors qu'est-ce que tu fous là ?

Il respira un grand coup, ferma les yeux un bref instant et repris.

- Tu es gentil, mais j'ai pas besoin d'un pot de colle attitré d'accord ? articula-t-il lentement.

J'ouvris grand les yeux.

- C'est vrai tu me trouves gentil ?

Je crus qu'il allait me pulvériser avec ses yeux glacials. Je me raclai la gorge, décontenancé. Pourquoi est-ce que je l'avais suivi ? Etais-je vraiment obligé de faire tout ce qui me passait par la tête, comme ça, sur le coup ? Pitié, qu'un ange me vienne en aide…

- Oh, Eren ! Comment vas-tu ? me demanda une voix féminine.

Je me tournai vers la jeune fille, Isabelle, une serveuse du café.

- Isabelle…, dis-je d'une reconnaissance éternelle.

Elle me fit un doux sourire.

- Ça fait quelques jours que tu n'es pas venu, je commençais à me demander si il ne t'était pas arrivé quelque chose !

Je lui rendis son sourire.

- Non non, tout va bien !

- Haha, tant mieux, tant mieux.

Elle retourna à son travail. Je regardai le noiraud, qui me fixait d'un air un peu moins soupçonneux. Merci Isabelle, ma sauveuse. Je profitai stupidement de la situation :

- Tu vois, je suis plutôt connu dans le coin.

Je me frappai la poitrine.

- Un véritable habitué ! Tu veux que je te présente ?

Il me fixa d'un air las. Une personne s'approcha à mes côtés : Farlan, le patron, un grand blond à la mine sympathique.

- Bonne journée ?

J'allai lui répondre mais le jeune me devança :

- Bof, comme d'hab.

Je le regardai, les yeux ronds.

- Vous vous connaissez ?

Farlan baissa la tête vers moi.

- Tient, Eren ! Je ne t'avais pas remarqué.

Je vis les lèvres du noiraud frémir, comme s'il retenait un sourire. Je rentrai immédiatement mon arrogance. Je m'étais bien fait avoir.

- Oui bien sûr que nous nous connaissons, Levi est un habitué, il travaille dans le parc juste en face.

- Ca je suis au courant, marmonnai-je.

- Haha, ne t'inquiète pas Eren, s'exclama le blond en m'ébouriffant les cheveux. C'est toi notre plus vieil habitué !

Ce qui me revigora un peu.

- Alors qu'est-ce que je vous sers ?

Le jeune baissa les yeux sur moi, attendant ma réponse. Décidant de prendre les choses en main, je commandai pour nous deux :

- Une grenadine et une bière s'il-te-plaît, Farlan.

Le silence se fit. Puis le blond commença à ouvrir la bouche, mais le noiraud le devança :

- Ouais j'vais prendre ça. A ma table habituelle. »

Il me poussa en avant, vers une des places du fond. Je m'assis sur une chaise tandis que lui s'affaissa sur la banquette en face de moi. Il m'observa sans mot dire jusqu'à ce que Isabelle vienne nous servir. Je me décalai pour qu'elle ait le champ libre afin de poser mon verre sur la table en bois.

« Tiens, tu ne prends pas ton éternel café serré noir ? demanda-t-elle avec un sourire.

- Pas cette fois-ci non, répondit-il. Le mioche en a décidé autrement.

Elle fronça les sourcils sans comprendre, puis son éternel sourire réapparu, et elle retourna au bar. Je me dandinai sur ma chaise, gênée. Au bout d'un moment il en eut marre et craqua :

- Qu'est-ce que t'as encore ?

- Tu aurais pu le dire que tu voulais pas boire ça ! m'offusquai-je.

- Je m'en fous.

- Pff.

Il sortit un portable de sa poche et pianota sur les touches du clavier, puis il le rangea et bu sa bière au goulot sans prendre la peine d'utiliser le verre.

- Pour toi un grand ça boit forcément de l'alcool ? dit-il au bout d'un moment.

Je ne sus que trop répondre. En plus il était pas si grand que ça, que ce soit par rapport à l'âge ou à la taille.

- T'es en fac non ? T'as quel âge au fait ?

Il leva les yeux au ciel.

- Vingt ans, finit-il par dire, la mine vaincue.

- Waaa, la claaasse, fis-je, les yeux illuminés.

- Si tu l'dis.

Je me penchai au-dessus de la table et le fixai en fronçant les sourcils. Dérouté, il recula au maximum que l'espace de la banquette le lui permettait.

- C'est quoi ton problème ? articula-t-il lentement.

- T'as des yeux supers beaux, j'avais pas vu ! Avec le contour plus fon –

- Les tiens ils me font flipper, me coupa-t-il. Alors retourne bien sagement sur ta chaise ou tu te casses.

J'ouvris des yeux ronds.

- T'es malpoli.

- Content pour toi.

Je fis la moue.

- Triste pour moi tu veux dire. » le corrigeai-je.

Je vis une veine apparaître sur son front. Je n'ajoutai rien. Il me faisait un peu peur quand même. J'avais peut-être un peu d'audace, je préférai largement sauver ma peau. J'étais trop jeune pour passer de l'autre côté maintenant. Il eut bientôt terminé sa bière, il avait eu l'air de l'apprécier. C'est alors que je réalisai quelque chose.

« Eh mais tu t'appelles Levi ! m'exclamai-je.

Il sursauta, et je crus un instant qu'il allait casser son verre, puis une sombre aura enveloppa son visage. Avant qu'il n'ait le temps de dire quoi que ce soit, j'avais compris que j'avais gaffé. Je me levai et m'éloignai à toutes jambes. Je revins bientôt un café serré noir entre les mains.

- J'suis désolé, dis-je penaud.

Je lui tendis la tasse.

- Tiens, j'ai même soufflé dessus.

Voyant qu'il n'esquissait aucun geste, je la posai devant lui.

- J'en veux pas de tes microbes, grogna-t-il.

- Allez Levi, steuplait ! le suppliai-je.

- Je vois pas pourquoi tu te permets de m'appeler par mon prénom maintenant que tu le connais, le gosse.

Je me grattai la joue. Il soupira, puis ses yeux descendirent sur la tasse, qu'il lorgna quelques secondes avant de s'en emparer et de boire une longue gorgée.

- J'aime quand c'est bien chaud, me signala-t-il au passage, me faisant remarquer que je n'aurai pas du souffler sur la boisson.

- C'est noté ! » répondis-je du tac au tac.

Il me jeta un regard méfiant, quant à moi je lui souris de toutes mes dents. Pas question de me laisser démonter, j'étais quelqu'un de très entêté en plus ! Nous partîmes du café peu de temps après. Comme la dernière fois nous nous dîmes au revoir, puis j'agitai la main, et il ne répondit pas à mon signe. Je rentrai à la maison en bus, puis courus jusque devant ma porte. Essoufflé, je me reposai deux minutes le temps de reprendre ma respiration, puis enfournai la clé dans la serrure et entrai. Maman arrivait dans dix minutes. Ouf ! Mission réussie. Mon regard papillonna en direction du canapé, puis passa à mon cartable. Bon, il faudrait bien que je m'y mette un jour. Je traînai mon sac jusqu'à la table de la cuisine et sortis mes devoirs.

.

.

« Dis Levi, tu as déjà voyagé à l'étranger ?

J'eus droit à un grognement négatif.

- Moi non plus…

Une idée m'éclaira :

- On aura qu'à faire notre première fois ensemble ! m'exclamai-je.

Il s'arrêta un instant, juste une seconde, puis reprit sa marche.

- Fais gaffe à la manière dont tu dis les choses, ça peut avoir un double sens parfois, marmonna-t-il d'un air blasé, puis il baissa ses yeux sur moi. Tu prends un peu trop tes aises, le mioche. »

Je grommelai dans ma barbe. J'avais pourtant été fier de mon idée, et il m'avait visiblement envoyé bouler, comme d'habitude. Et que diable voulait-il dire par phrase à double sens ? Je ne parvenais vraiment pas à le cerner. C'est simple, je ne le pigeais pas du tout ! Je m'assis brutalement sur le sol, énervé et vexé. Et puis j'avais mal aux jambes. Je me relevai tout aussi vite que je m'étais assis, les fesses trempées. Fichu mois de janvier ! Pendant que je ruminais et shootais dans des cailloux, Levi s'était arrêté et me fixai avec amusement. Il avait sorti une cigarette et la fumotait tranquillement en regardant ma petite mise en scène.

« Chuis pas un spectacle ! lui signalai-je en me postant devant lui, les bras croisés.

Il fit alors un geste qui me prit totalement de court. Il me tapota trois fois la tête.

- Allons allons, gentil garçon.

Ok, il s'était adressé à moi comme à un chien, mais c'était déjà ça. Il jeta bientôt sa cigarette dans la poubelle et repris sa marche. Quant à moi je trottinai à ses côtés en silence pour ne pas le déranger, affectueux.

- Je peux essayer la pince ? demandai-je en désignant ce qui lui servait de ramasse déchets.

- Si tu veux.

Il me la tendit. Elle était super grande par rapport à ma petite taille, ce qui parut d'ailleurs l'amuser. Je ramassai un emballage de kinder maxi et un mégot de cigarette en même temps, puis levai la pince pour mettre les détritus dans la poubelle. Hélas, le maladroit que j'étais ne parvint pas à la lever suffisamment haut, et elle heurta la poubelle, les faisant tomber par terre. Levi se recula d'un coup.

- Non mais t'es pas doué ! T'en fous partout ! T'es encore plus dégueulasse que ces porcs !

Par « porcs » il voulait dire les personnes qui jetaient les déchets sur le sol.

- J'suis désolé Levi j'ai pas fait exprès ! En plus je suis tout petit, tentai-je de me justifier.

Il soupira, m'arracha la pince des mains et ramassa mon carnage avec une mine dégoûtée. Cette fois-ci ce fut moi qui pris une mine blasée.

- Roh ça va, c'est pas si terrible, en plus tu fais ça toute la journée.

- J'aime pas ça. J'ai besoin de thunes, je te l'ai déjà dit.

J'opinai, puis fronçai les sourcils.

- Mais d'ailleurs, tu vas pas en cours ?

- Bien sûr que si ! Je les ai déplacé de manière à y aller jusqu'en début d'aprèm, et avoir du temps pour taffer ici ensuite.

- Mmh, d'accord. »

Ne remarquez-vous pas qu'il s'ouvrait un peu plus qu'au début ? Et le benêt que j'étais en était idiotement heureux.

.

.

Cela faisait maintenant cinq semaines que j'avais rencontré Levi, depuis la première fois où il m'avait hélé dans le parc, pour me signaler qu'il était temps que je parte. Nous avions ensuite bu un coup ensemble, dans mon café attitré, ou devrai-je dire notre café attitré. Puis presque tous les jours j'étais venu le retrouver au zoo, l'accompagnant sans rien dire dans son ramassage de déchets, ou lançant un mot de temps à autre. Cela avait été ardu, je dois l'avouer, et un dur labeur m'attendait encore, mais j'étais parvenu à lui soutirer quelques informations sur lui. Et lui sur moi, mais ça, c'était pas très compliqué, il n'avait rien besoin de me dire pour en savoir plus en général.

« Bon ! Ça va être l'heure gamin !

Il s'étira de tout son long. Il était temps que je parte à présent.

- Oui.

Ce fut tout ce que je trouvai à dire. Je grattai le sol de ma botte en caoutchouc.

- Dis Levi…, commençai-je.

- Crache le morceau, m'ordonna-t-il, aussitôt soupçonneux.

Je me redressai vers lui de toute ma hauteur – à vrai dire de mon petit mètre trente. Surpris, il recula un peu.

- Je t'ai déjà dit que tes yeux me faisaient flipper ?

- Oui, plusieurs fois, dis-je, le fixant toujours.

Puis je baissai la tête et repris mon grattage du sol. Je me lançai à l'eau :

- Ca te dérange vraiment pas… De traîner autant avec un gamin ?

- Nan, répondit-il immédiatement.

Je rougis tant sa réponse avait été rapide, et ne laissant pas de place au doute. Il se rendit sûrement compte qu'il avait été trop gentil, car il ajouta :

- T'es calme et obéissant quand tu veux, ça me convient. La plupart du temps.

Mais moi j'étais trop heureux pour faire attention à sa remarque, qui m'identifiait de nouveau à un chien par ailleurs. Je lui fis un grand sourire, et il plissa les yeux.

- T'es trop éblouissant comme gamin. J'ai l'impression d'être le Diable éclairé par la lumière divine, marmonna-t-il.

Un air malicieux apparut sur mon visage, et il plissa d'autant plus les yeux, mais de méfiance en revanche.

- Attends… C'est moi que tu identifies à Dieu là ?

Il poussa un profond soupir.

- Sans doute. J'ai l'impression que tu es partout.

Ce qui me remémora ce qui me tracassait.

- Du coup… Ça te dérange vraiment pas d'être avec moi ?

- Je t'ai déjà répondu il me semble, soupira-t-il.

- Mh.

Et sa réponse m'avait amplement suffit. J'aimais simplement recevoir des compliments de sa part. Particulièrement de sa part. Sans doute parce que ça n'arrivait jamais. Me souvenant de son « Nan » immédiat, je relevai des yeux brillants sur lui.

- T'es mon ami maintenant, Levi.

Il leva les yeux au ciel.

- Si tu veux gamin, si tu veux.

Je le pris pour un oui, et je ne pus retenir une exclamation de contentement.

- Trop cool ! »

Je levai mon poing en l'air, tandis que le noiraud soupirait derechef.

.

.

Le dimanche soir dans la même semaine, j'étais allongé sur mon lit, les bras croisés sous ma tête. Je passai subitement ma main dans mes cheveux avec frustration. Maman m'avait emmené chez le coiffeur il y a de cela deux semaines, et j'avais encore du mal à le digérer, d'autant plus qu'elle avait décidé de me « rafraîchir la coupe » cette après-midi, chose m'exaspérant au plus haut point. Je n'aimais pas qu'on change la magnifique architecture de ma chevelure, même si elle était monstrueuse d'après ma mère. Ce que j'aimais, justement, c'était de sentir le vent dans mes cheveux, et de pouvoir cacher mon visage derrière lorsque je boudais ou que j'étais gêné.

Je n'étais allé voir Levi ni jeudi et vendredi – ma mère rentrait tôt –, ni samedi, ni dimanche ! Cela m'exaspérait. J'avais besoin de le voir, il me manquait beaucoup. Sans doute que lui il s'en fichait, de toute façon il faisait son travail que je sois là ou non, mais pour moi c'était insupportable. Il était devenu ma petite bouffée d'oxygène me permettant d'échapper à ma solitude quotidienne. Et bien que ma mère ait été là ces derniers jours quand je rentrais à la maison, c'était différent. Maintenant j'avais besoin de sa présence, de son fichu caractère, de ses remarques sarcastiques, de ses moqueries silencieuses et de nos petits moments de silence, ou l'on marchait seulement.

.

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« Tu préfères que je prenne des poireaux ou des aubergines pour ce soir, mon chéri ? me demanda ma mère.

Nous étions allés faire un tour au marché tous les deux le mercredi, deux semaines plus tard, pendant que mon père nous cherchait un film à regarder pour le soir.

- Des aubergines, me décidai-je.

Pendant que maman choisissait deux trois autres légumes et payait le monsieur, je tournai les yeux vers le ciel, rêveur, contemplant les nuages qui s'effilochaient en une longue traînée. Quelqu'un me bouscula et s'excusa, me sortant de mes pensées. Je regardai la personne s'éloigner, il s'agissait d'un couple. Je fronçai les sourcils, remarquant que quelque chose clochait.

- Ca y est Eren j'ai terminé, nous pouvons y aller, fit maman.

Elle me prit la main.

- Dis mam's, pourquoi est-ce que tu me tiens la main ?

Elle baissa les yeux sur moi, étonnée.

- Eh bien parce que tu es encore un enfant, et je ne veux pas que tu te perdes. S'il cela arrivait tu ne pourrais peut-être pas te débrouiller, et un problème, quel qu'il soit, pourrait survenir.

J'hochai lentement la tête.

- Donc quand je serai plus grand tu ne me tiendras plus la main parce que je saurai me débrouiller ?

- Exactement !

- Pourtant il y a des adultes qui se tiennent la main.

Elle soupira.

- Tu sais bien que les amoureux aussi le font.

Mon froncement de sourcil s'accentua, et je tirai sa manche pour attirer son attention, puis pointai du doigt le couple qui m'avait bousculé.

- Alors pourquoi les deux monsieurs ils se la tienne, juste là-bas ?

Elle abaissa rapidement mon bras.

- Ca ne se fait pas de pointer les gens du doigt Eren.

Puis elle soupira de nouveau, et cligna des yeux plusieurs fois, semblant réfléchir.

- Eh bien… Tu sais l'amour c'est grand, et il peut aussi y avoir un homme amoureux d'un autre homme, ou une femme amoureuse d'une autre femme. On les appelle des homosexuels, et…

Elle s'arrêta là, ne sachant pas trop quoi ajouter. J'opinai, concentré à l'extrême sur ses paroles.

- Et ils se font des bisous aussi ?

Elle ouvrit les yeux en grands, puis se mit à rire et m'ébouriffa les cheveux.

- Bien sûr qu'ils se font des bisous mon chéri ! »

.

.

Le lendemain, à l'école, je rejoignis Armin pour la pause du midi.

« Elle est où Mikasa ?

- Avec Annie, me répondit le blondinet. On les retrouve dans la cours.

Annie. Une fille de notre âge, enfin l'âge de mes autres camarades, pas de moi, c'est-à-dire qu'elle avait onze ans. Je les remarquai assises sur des marches, discutant tranquillement. Elles se ressemblaient assez, cela ne m'étonnait pas qu'elles s'entendent bien. Elles étaient toutes les deux calmes, elles ne parlaient que très peu, et avaient une espèce d'aura de puissance qui les entourait. C'est qu'elles allaient bien ensemble ces deux-là, me surpris-je à penser.

Un peu plus tard nous étions tous les quatre assis à une table de la cantine. Je tapai un petit coup dans la chaise d'Armin pour qu'il m'écoute.

« Dis, tu es amoureux de quelqu'un toi ?

Il se mit à rougir.

- N-non, p-pas vraiment, bégaya-t-il. Pourquoi cette question ?

- Rien, juste comme ça.

Puis je repris :

- En fait, ça change quoi les sentiments qu'on a avec nos amis et la personne qu'on aime ?

Ses joues se décolorèrent, et il chercha une réponse à me donner. Il aimait quand je lui donnais des sujets qui suscitaient réflexion.

- Je ne sais pas trop en fait. Sans doute qu'il s'agit des mêmes sentiments mais en plus forts.

Comprenant que sa réponse ne me suffisait pas, il tenta de l'approfondir :

- Tu souhaites protéger cette personne, la garder plus que tout au monde. Je suppose que rien que d'imaginer vivre sans elle serait un véritable supplice.

Il se gratta le menton, et plissa le nez.

- En fait ça serait la personne qui te change de tes habitudes, et rester avec elle deviendrait à la fois une habitude également, mais tout en restant faite de moments extraordinaires et inlassables. Quelqu'un avec qui tu n'as pas besoin de parler pour te sentir bien, ou mieux.

- Pff, t'es vraiment un romantique toi ! » ris-je.

Il rougit un petit peu, et nous reprîmes notre conversation initiale avec Mikasa et Annie.

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