My Beautiful Beast (LevixEren)
My Beautiful Beast
Chapitre 21: Aftereffects
Cela faisait une semaine et demie depuis. Et Eren n’était pas retourné une seule fois dormir avec Levi.
Il avait l’impression d’avoir été menotté au wagon des montagnes russes émotionnelles les plus tarées du monde. Il pouvait passer de l’euphorie à la déprime en moins de deux minutes. Passer des heures à rêvasser et au moins une éternité à s’apitoyer sur son sort. Il était tantôt joyeux, tantôt frustré, tantôt tout simplement au fond du gouffre.
Il aimait Levi.
S’en être rendu compte lui apportait autant de béatitude que d’abattement.
Levi s’était toujours préoccupé de lui plus que toute autre personne au monde. Et ça, Eren ne pouvait s’empêcher de le voir comme un atout. Un signe encourageant. Une lueur d’espoir qui le poussait à chaque fois qu’ils se retrouvaient seuls tous les deux, à vouloir lui avouer ses sentiments, de but en blanc.
Mais il y avait aussi tout le reste.
Et s’il était honnête avec lui-même, ce reste pesait très largement plus dans la balance.
Petit un, ils étaient du même sexe. Et Levi aimait les femmes, jusqu’à preuve du contraire. Petit deux…il était un adolescent. D’à peine quinze ans. Et Levi avait très clairement signifié son dégoût pour la pédophilie (même s’il l’avait dit dans une conversation informelle) Petit trois…il était Eren. Ce qui était sa plus grande force était aussi sa plus grande faiblesse. Eren était le petit garçon que Levi avait vu grandir, son protégé, son petit frère ( ?). Eren n’avait pas la moindre idée de la façon dont Levi le voyait mais une chose était sûr, il ne l’avait jamais considéré comme un potentiel amant…
A la fin, il en venait toujours à la même conclusion. C’était peine perdue. Jamais Levi ne lui retournerait ses sentiments.
Alors il se taisait.
Et ses émotions bouillonnaient tandis qu’il se murait dans le silence. Seul, dans son coin.
Eren était tellement conscient d’être anormal, qu’il n’arrivait même pas à en toucher le moindre mot à Armin (et encore pire à Mikasa. C’était tout de même de son cousin dont il était question…).
Résultat des courses ?
Bien que Levi de son côté ait réussi l’exploit de ne rien changer à leur routine (même si Eren voyait bien qu’il se montrait un peu plus distant et qu’il était constamment tendu) Eren faisait tout pour l’esquiver. Il était de plus en plus difficile de se retenir de lui hurler ses sentiments à la figure à chaque occasion. Autant éviter de s’en donner l’opportunité. Surtout qu’il était presque certain qu’il n’arriverait pas à supporter d’être rejeté…
Le point le plus positif de toute cette affaire ?
Plus de cauchemars. Plus de crises de somnambulisme.
Maintenant que son esprit était à 150% occupé à ruminer ses problèmes de cœur, il n’avait plus une place pour les remords, la morosité et l’angoisse morbide. A la place ? Les rêves érotiques avaient fait leur apparition. Chaque jour un peu plus osé, un peu plus poussé, un peu plus construit. Son imaginaire avait ouvert la boite de Pandore et il n’était pas prêt de la refermer. Eren était en pleine découverte de lui-même. De son corps. De ses désirs. Des choses qu’il aimait, de celles qui le rebutaient ou ne lui faisaient aucun effet. C’était un jeu de piste aussi passionnant qu’embarrassant. Surtout lorsque son imagination débridée se permettait de lui rappeler certaines de ses sessions solo en plein dîner…
Xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx
Il lui fallut deux jours avant de laisser exploser sa colère.
Sa pauvre victime fut le chef Armon Fritz de l’Escadron Falcon. L’un des rares chefs de la Brigade d’Intervention à ne pas encore l’avoir en travers de la gorge.
Levi ne s’était rendu compte qu’il dépassait très largement les bornes que quand l’homme, pourtant réputé pour son stoïcisme légendaire, essaya de lui décocher un coup de poing en pleine face. Malheureusement pour lui, comme Levi n’attendait qu’une bonne excuse pour s’en prendre à quelqu’un, il ne lui laissa pas le plaisir de l’atteindre.
Il s’esquiva d’un mouvement en arrière avant de se pencher par-dessus son bureau, d’agripper l’avant de la chemise d’Armon et de l’attirer vers lui. L’homme perdit l’équilibre. Levi glissa la main le long de son cou pour lui saisir la nuque d’un geste rapide et précis, avant de lui écraser la figure contre le bois massif de son bureau.
Armon échappa de peu à un nez cassé.
L’homme poussa un cri de douleur avant de grogner, la bouche à demi aplatie contre le bureau : « Ackermann…t’es qu’un petit con… » Levi poussa un soupire : « On m’a déjà dit bien pire…va falloir faire mieux… » Armon repoussa la main qui lui maintenait la tête plaquée contre le bureau d’une main tremblante. Levi desserra sa prise et lui laissa tout le loisir de se redresser. Armon était rouge de colère mais il était bien plus censé que l’était Kyles Uster. Et lui au moins ne témoignait d’aucune fierté mal placée.
Levi regretterait peut-être plus tard, (lorsqu’il ne serait plus qu’une boule de nerfs sur pattes) d’en avoir fait son ennemi. Mais pour l’instant…Ils se toisèrent. Fritz serra la mâchoire : « Je pense pouvoir affirmer avec certitude que notre coopération sur cette mission et sur toutes les missions avenir, ne restera qu’au stade de chimère...
- Ouais. La même. Mais moi avec une phrase qui fasse largement moins péteux. » Armon serra les poings. Levi croisa les bras sur son torse et contracta les muscles comme pour lui signifier qu'il ne voyait aucun problème à régler leurs différends avec les poings. Mais Fritz ne mordit pas à l'hameçon, excédé il préféra tourner les talons. Il ouvrit la porte de la pièce si brutalement qu’il fit trembler tous les murs du bureau alors qu'il hurlait: « Gros con ! »
Levi haussa un sourcil et se dirigea jusqu’à l’embrasure de la porte pour le voir traverser l’Open-space de son Escadron d’un pas rageur, sous les regards ahuris des membres de son équipe. Levi lança avant qu’il ne quitte la pièce : « On ne vous a jamais dit que la taille ne faisait pas tout ? Petit ou gros un con reste un con, Péteux. » Armon claqua la porte derrière lui si fort que sa vitre se fêla. Levi rugit : « Tu vas payer de ta poche les dégâts connard ! Ou j’te jure que je refais la déco de tout ton service à coup de batte de baseball ! » Armon lui hurla depuis le couloir : « Va chier Ackermann ! » Un silence pesant tomba dans la salle.
Ils étaient tous hallucinés et lui lançaient des regards pleins d’incompréhension. Puis Eld demanda : « Je croyais qu’on s’entendait plutôt bien avec le chef Fritz, non ? Qu’est-ce qu’il s’est passé ? » Levi le vrilla du regard : « Si tu as le temps de piailler alors bosse plus vite. » Puis il retourna s’enferme dans son bureau.
A l’écart.
xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx
Cela faisait déjà quatre jours depuis l’incident d'Eren lorsque Levi passa à la seconde phase du processus. Trouver des coupables.
Dans le fond qui avait fourré toutes ces idées au sujet de l'homosexualité dans la tête d’Eren si ce n’était Hanji et Eld ? Il ne cessa de leur tirer des balles de caoutchouc dans le fessier pendant toute la durée de leur entraînement de routine. Il aurait voulu faire bien pire, mais il avait été bien obligé, dégouté de lui-même, de constater que sa conscience professionnelle lui interdisait de trop abîmer son propre personnel. Pour marquer le coup, il avait tout de même continué à les martyriser dès que l’occasion s’en présentait. Si bien qu’Eld avait décidé de prendre des vacances et qu’Hanji avait déclaré refuser de revenir travailler à la Brigade tant qu’Erwin n’avait pas trouvé un moyen d’exorciser le démon qui avait pris possession de Levi.
Xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx
A la fin de la semaine. Il ne lui restait plus que sa confusion.
Il avait beau avoir pris le parti de faire comme s’il ne s’était rien passé, il n’en demeurait pas moins qu’il était incroyablement conscient des sentiments d’Eren à son égard. Surtout que l’adolescent ne faisait absolument rien pour s’en cacher. Levi pouvait sentir peser sur lui la chaleur de son regard avide avant même de savoir qu’il se trouvait dans la pièce, à l’épier. Et il était quasiment impossible de ne pas remarquer tous ces instants, tendus, où Eren semblait sur le point de dire quelque chose, qu’il tremblait littéralement de fébrilité, mais que l’aveu restait en suspens, au bout de ses lèvres…Ce n’était que par fierté que Levi refusait d’être celui qui fuyait le contact. Et qu’il s’acharnait à agir comme si tout ça lui importait peu.
Alors qu’en réalité il n’avait qu’une envie. Prendre ses jambes à son cou.
Pourtant, s’il se contentait d’être rationnel, la réponse à tous ces problèmes était d’une simplicité enfantine.
Il lui suffisait d’attendre qu’Eren se confesse. Et de le rejeter. Proprement. Eren était un adolescent, voire pire, c’était un enfant de huit/neuf ans, dans le corps parfaitement développé d’un adolescent bourré d’hormones en tout genre. Autant dire qu’il n’était pas fiable ou même vraiment conscient de ses actes.
Levi était son pilier. Il représentait tout son univers et c’était peut-être un peu tordu, mais il avait aussi fini par devenir l’objet de ses premiers désirs. Eren avait toujours été un gamin bizarre, à la fois plus mature et plus puéril que les autres enfants de son âge. Mais cette fois-ci, c’était à Levi d’être l’adulte et d’étouffer dans l’œuf toute vaine tentative de rendre leur situation bancale encore plus invivable.
Eren lui en voudrait sûrement pendant quelques jours. Peut-être quelques mois. Et puis ça se tasserait. Quand il aurait fini de questionner sa sexualité et d’explorer ses possibilités, peut-être qu’Eren se rendrait compte qu’il n’était même pas gay.
Levi savait tout ça, il savait aussi qu’il lui suffisait par conséquent de tout simplement attendre l’instant où Eren ne pourrait plus se contenir et lui avouerait tout, pour pouvoir désamorcer la bombe. Voilà pourquoi il aurait dû être plus serein. Davantage maître de lui-même…Puisque oui, tout était simple. Et que la marche à suivre était si évidente…
Mais il y avait eu ce rêve…
Qu’importait le saint, le dieu ou l’entité surnaturelle qui lui avait épargné le trouble supplémentaire d’y avoir reconnu clairement le visage d’Eren, Levi l’en remerciait de tout cœur. Dans ce rêve, il avait embrassé chaque parcelle de peau cuivrée du corps qui frémissait sous ses doigts. Prisonnier des draps et enfoncé dans le matelas par le poids que faisait peser sur lui le corps brûlant de désir de Levi, son partenaire avait laissé échapper des gémissements si érotiques, qu’il aurait sans doute pu jouir juste en l’écoutant. Ses mains avaient parcourus les muscles déliés qui tremblaient d’excitation avec une avidité dévorante sous ses caresses. Mais lorsque son esprit s’était davantage focalisé sur le visage de l’amant mystère…
Levi s’était réveillé en sursaut.
Le cœur battant, la peau moite et le souffle court. Il lui avait fallu un moment pour reprendre pieds dans la réalité. Et un moment supplémentaire avant que son érection matinale se montre bien plus persistante que d’habitude. Il s’était soulagé sans trop y penser. Se rassurant du fait que le corps qu’il avait rêvé d’enlacer était définitivement celui d’un adulte. Mais il était loin d’être stupide. Et il savait très bien que sans son interruption inconsciente, le Levi de son rêve érotique, aurait plongé le regard dans les yeux couleur vert d’eau, les plus envoûtants du monde.
Tout aurait été parfait sans ce foutu rêve de merde.
Levi abaissa son arme. « Levi, Gioni s’enfuit ! » La voix d’Hanji dans l’oreillette. Les grésillements lui tapaient vraiment sur le système…Levi se précipita sans attendre vers sa voiture. Moblit répondit : « Pas la peine de le poursuivre, on sait où sont situées toutes ses planques, une autre équipe ira le cueillir … » Mais Levi ne l’entendait pas de cette oreille. Il balança ses épées sur le siège passager et s’installa devant son volant. Moblit s’écria : « Caporal ?! » Déjà le ronronnement du moteur emplissait l’air. Levi appuya sur la pédale d’accélération et démarra en trombe. Plusieurs voix retentirent dans l’oreillette : « Caporal ! » Celle de Moblit se détacha du reste : « Caporal qu’est-ce que vous faites ? On a déjà capturé au moins une dizaine de membres, Gioni n’est que la cerise sur le gâteau on n’a pas besoin de…
- La ferme ! Je ne vais pas laissez cet enfoiré s’en tirer une minute de plus. Il va comprendre ce que ça fait d’être traité comme du bétail ! Hanji, c’est laquelle sa caisse ? » Un léger silence puis elle répondit : « C’est une Mercedes 560 SEL coupé… » Des clameurs de protestations s’élevèrent de la part des autres membres de l’Escadron. Levi désactiva son oreillette d’une tape nerveuse. Il ne se remerciait jamais assez d’avoir toujours refusé de monter avec le reste de l’équipe en camionnette. Même si au départ, s’il se déplaçait dans sa propre voiture, c’était juste pour trouver un peu de calme avant les interventions.
Les vrombissements de l’Hennessey se répercutaient dans chacun de ses muscles.
La main posée sur le levier de vitesse et le pied enfoncé sur la pédale d’accélération, Levi laissait l’adrénaline emplir chacune de ses cellules. La voiture, sensible, sauvage et nerveuse, réagissait au moindre de ses frémissements. Il dépassa en trombe toute une colonne d’automobilistes effarés qui se mirent à klaxonner. Ils étaient en plein dans la zone industrielle, entourée de voies rapides et non loin de l’autoroute. Si Gioni parvenait à prendre la tangente en empruntant une sortie, il pourrait bien encore s’écouler des mois avant qu’ils ne parviennent à remettre la main sur cette enflure de trafiquant d'organe…Levi changea de vitesse.
Très rapidement, il parvint à rattraper la Mercedes en fuite.
Gioni n’eut aucun mal à se savoir poursuivie. La Venom était tout de même très reconnaissable et c’était de notoriété publique la petite touche personnelle du Caporal Levi Ackermann. Le trafiquant sortit un bras du véhicule et se mit à tirer vers l’arrière, à l’aveuglette. Levi jura et braqua son volant sur la droite pour se placer dans l’angle mort du mafieux. La Mercedes, conduite à une main s’était mise à zigzaguer.
Levi était parti de façon tellement précipité qu’il avait oublié de recharger son arme à feu.
Il jura à nouveau.
Deux choix s’offraient à lui. Le premier, abandonner la poursuite et donner le signalement complet du véhicule ainsi que l’itinéraire présumé de Gioni selon le dernière embranchement autoroutier qu’il l’aurait vu emprunter. Le second…
Levi appuya de toutes ses forces sur la pédale d’accélération.
L’Hennessey fit un bond en avant qui le renfonça dans son siège. Il s’était rapproché de la Mercedes en une fraction de seconde. Il attendit, les yeux rivés sur la route, concentré au maximum, l’instant parfait pour se placer juste à côté de la vitre conducteur.
De peur que son bras ne se fasse arracher par la portière de la Venom, Gioni l’avait rentré à l’intérieur du véhicule. Mais une balle perdue quitta le canon de l’arme, traversa la vitre de l’Hennessey côté passager et vint exploser celle qui se trouvait du côté de Levi. L’Ackermann grogna et sans perdre une minute saisit le manche d’une de ses épées. Il défourailla d'une main et se jeta sur le côté, en lâchant le volant, pour enfoncer la lame dans le bras du trafiquant qui ne se trouvait plus qu’à un siège de lui.
L’homme poussa un hurlement de douleur qui fut étouffé par les rugissements de leurs moteurs. Il perdit le contrôle de son véhicule et alla s’écraser tout droit dans la barrière de sécurité. Levi s’était redressé et avait tenté de reprendre le contrôle de sa voiture en posant les deux mains sur le volant. S’il parvint à s’éviter de finir de la même manière que Gioni, il avait échoué à sauver tout le côté gauche de sa carrosserie qui s’était allègrement raillée contre la barrière de sécurité du terre-plein central alors qu’il corrigeait à tour de bras l’orientation du véhicule.
Levi réussit à déraper de justesse et s’arrêta au beau milieu de la voie, de travers.
La tête rejetée en arrière, il prit le temps de reprendre son souffle. Lorsqu’il rouvrit les yeux, il se rendit compte qu’il saignait. La balle avait dû lui érafler le front. Quelques morceaux de vitre brisée s’étaient enfoncés dans son bras gauche… Il poussa un soupire…même selon les critères de son Escadron, il savait qu’il était allé beaucoup trop loin. Non. Même selon ses propres critères, il avait enfreint toutes les règles…
Il descendit de voiture. Réparer les dégâts allait lui coûter la peau des fesses…sur la droite, elle était complètement raillée parce qu’il s’était bien trop approché de la Mercedes. Sur la gauche, rayures et renfoncement à cause de la barrière et du dérapage…Levi se passa une main nerveuse dans les cheveux et jura à nouveau lorsqu’il se rendit compte qu’il venait de se tartiner le visage de sang.
Il allait devenir fou. Eren le rendait fou.
Il était temps que son Hennessey cesse d’en faire les frais.
Il passa le bras du côté passager pour attraper sa seconde épée et marcha d’un pas nonchalant vers la Mercedes fumante accidentée quelques mètres plus bas. Il pointa sa lame sur la gorge de Gioni alors que celui-ci essayait encore, partiellement sonné, d’extraire la première épée de son bras : « Hey…connard…t’as vraiment cru que t’allais pouvoir échapper aux Ailes de la Liberté ? Bouge encore un muscle et je ferais croire que t’as perdu l’œil pendant l’accident… »
Xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx
«…Dix-sept plaintes de la part d’autres chefs de la Brigade, dans absolument tous les services de l’immeuble. Pour violence, manque de respect, détérioration du matériel…Hanji m’appelle tous les jours pour se plaindre du fait qu’elle ne reviendra pas tant que je n’aurais pas réussi à te faire exorciser tout en précisant que même si tu es, je cite ‘le plus petit enculé du monde’ tu lui manques affreusement. Eld, qui n’avait jamais pris de vacances de sa propre initiative depuis plus de huit ans de service, vient de me téléphoner en disant qu’il avait chopé une gastro-entérite et qu’il souhaitait prolonger son absence. Avant d’avouer lorsque j’ai laissé un silence que Gunther lui avait dit que tu avais encore, je cite ‘le diable au corps’….Et maintenant, ça. » Erwin désigna d’un geste de la tête le bandage qui entourait le bras de Levi, puis d’un regard appuyé celui qu’il portait autour de la tête.
Levi se tenait bien droit sur sa chaise, les bras croisés sur le torse. Il n’avait pas cillé mais il savait qu’il était en tort. Sur toute la ligne. Sauf pour ce qui était du fait qu’il ait fait un croche-pied à Kyles Uster alors qu’il s’engageait dans les escaliers. Ça, il l’aurait sans doute fait même s’il n’était pas complètement à côté de ses pompes.
Erwin poussa un soupire : « Depuis notre rencontre…c’est bien la première fois que tu te blesses… Levi, qu’est-ce qui ne va pas ? » Levi se mura dans le silence.
Après tout, il n’allait certainement pas avouer qu’il ne savait plus où donner de la tête parce qu’Eren était très certainement tombé amoureux de lui, d’une façon ou d’une autre, mais qu’il n’était pas sûr d’être capable de le repousser comme un adulte convenable se devait de le faire… Il n’allait pas non plus ajouter qu’il se réveillait presque tous les matins avec une gaule de taureau parce qu’il rêvait de se taper une version adulte de son protégé dans toutes les positions possibles du Kâma-Sûtra. Même si, après réflexion, il aurait bien voulu voir la tête qu’aurait tirée Erwin s’il le lui avait dit avec ces termes exacts….
Erwin lui laissa l’occasion de répondre pendant un temps considérable avant de soupirer à nouveau, vaincu : « Je ne pensais pas avoir à le dire un jour mais…Levi, il faut que tu prennes des vacances. De toute façon, c’est bientôt la rentrée à l’académie. Profites-en pour te reposer et préparer tes cours… » Levi se redressa. Il s’était attendu à bien pire. Erwin le stoppa alors qu’il s’apprêtait à quitter la pièce : « …Levi. Autant te prévenir tout de suite. Si après cette semaine de vacances tout n’est pas revenu à la normale…je serais obligé de sévir. » Un frisson remonta le long de l’échine du Caporal. Il grogna une vague réponse et s’éloigna le plus rapidement du bureau de son Commandant…
Xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx
Eren était dans tous ses états.
Lorsqu’il avait reçu un appel d’Erwin lui demandant de passer le voir dans son bureau à l’académie, il avait cru à une simple visite de courtoisie… : « Eren, je suis désolé mais à propos de ce dont tu m’as parlé…je ne peux pas t’aider. Tu vois, Levi et moi travaillons sur la base d’une confiance mutuelle qui va bien au-delà de la compréhension d’un tiers. Il y a très peu de choses qu’on ne se pardonnerait pas…surtout si c’est pour qu’à la fin, nos objectifs soient atteints…
- …Je ne comprends pas très bien. Est-ce que ça veut dire que m’aider serait contre-productif ? Vous pensez que je n’aurais aucune valeur ? » Erwin avait agité la tête et sourit : « Grand Dieu, non. Au contraire. Mais perdre la confiance que Levi a placé en moi, ça, ce serait terrible. Catastrophique même. Alors…
- J’ai compris. Ne vous en faites pas, Hanji a déjà accepté de m’aider…
- Hanji ?
- Oui. Elle se portera garante.
-…Tu as réussi à convaincre Hanji de la nécessité de t’aider ? » Il avait l’air sincèrement surpris alors Eren avait répondu : « Elle et moi, nous avons des intérêts communs alors…
- …Je vois… » Erwin était gentil. Contrairement à ce qu’en disait Kenny. C’était un homme très impressionnant, inexpressif et déterminé. Mais il suffisait de le connaitre un peu mieux pour comprendre que la plupart du temps il n’agissait comme un monstre que parce qu’il y était obligé. Par les circonstances, au nom du but ultime qu’il s’était fixé. Le seul souci, c’était qu’il excellait tellement dans son rôle qu’on avait fini par confondre le monstre et l’homme.
Eren craignait le Commandant Smith. Mais il trouvait Erwin Smith rassurant et doux.
Aussi, il était devenu plutôt bon lorsqu’il s’agissait de distinguer les deux facettes de l’homme. Erwin s’était détendu tout à coup et d’un clignement d’œil, il avait paru plus fatigué : « En parlant de Levi…je l’ai mis à pieds aujourd’hui. » Eren en avait laissé tomber sa mâchoire : « Quoi ?!
- Ca m’ennuie de devoir passé par toi pour obtenir des réponses mais…même ses plus proches camarades ont l’air d’ignorer ce qui lui arrive et il refuse de s’expliquer…
-…qu’est-ce qu’il a fait…
- Je ne vais pas entrer dans les détails mais si je devais vraiment décrire le problème je dirais…qu’il a l’air de vouloir fuir un problème. Quelque chose le tracasse, c’est certain. Encore plus que lorsque tu étais dans le coma…ou alors l’équivalent. Est-ce que tu saurais s’il s’est passé quelque chose récemment ? » Le cœur d’Eren était parti au triple galop. Il avait blêmi et détourné les yeux. Erwin l’avait fixé un moment puis il s’était levé de son siège et était venu lui poser une main sur l’épaule : « …Ce n’est pas grave Eren. Essaie juste de le soutenir de ton mieux. Je ne peux rien faire tant qu’il ne se sera pas ouvert à moi… »
Eren était dans tous ses états, parce qu’il savait que tout était de sa faute.
Levi avait été blessé et suspendu par sa faute. Parce qu’il était anormal. Parce qu’il n’avait pas su se faire discret. Garder pour lui tous ses travers. Levi était son tuteur. Levi était inquiet. Pire, Levi ‘fuyait un problème’. Eren n’aurait jamais pu s’imaginer à quel point il pouvait en coûter à Levi de faire comme si de rien n’était, de ne pas le traiter différemment….
Il avait attendu de passer les portes de l’académie et de tourner à l’angle de la rue avant de partir en courant comme un fou.
Lui aussi, il aurait voulu pouvoir fuir. Ses sentiments, le fait qu’il les ait découverts. Le fait que Levi les ai découverts. De la pire façon qui fut. Mais c’était ce qu’il ressentait. Que faire de ces émotions maintenant ? Il n’avait aucune envie de tout détruire. Leur relation. Mais surtout, il n’avait jamais voulu affecté la carrière de l’homme le plus puissant des Ailes de la Liberté, du héros national. Il devait en parler à quelqu’un, il devait en parler à Armin. Tant pis si son meilleur ami le trouvait répugnant ou bizarre, il saurait au moins quoi faire. Quoi faire de ces sentiments tordus et malsains. Il était certain qu'Armin pourrait lui indiquer la marche à suivre, parce que c’était toujours ce que faisait Armin. Même lorsqu’il détestait celui à qui il prodiguait ses conseils.
Eren arriva aux abords de l’internat au crépuscule.
Un mur gigantesque, d’au moins six mètres, le séparait de ses amis.
A l’entrée, les doubles portes en métal, surmontées de fils barbelés, étaient closes. Mardi, bien après le crépuscule…Eren n’avait aucune chance de passer par la voie normale pour leur rendre visite. Le voilà donc debout, face à cet insurmontable mur de brique rouge. Le cœur serré et l’estomac dans les chaussettes. Il devait voir Armin. C’était une question de vie ou de mort.
Ce soir, après avoir réglé les derniers détails urgents qui demandaient son attention, Levi serait en ‘vacances’. Ce qui voulait dire qu’ils allaient se voir très souvent. Mais surtout, qu’il tenterait de régler son ‘problème’ assez vite pour pouvoir retourner travailler l’esprit serein à la fin de sa période probation…
Et Eren était ce problème.
Il fixa le mur avec colère, un chapelet de jurons bien sentis sur le bout de la langue. Il s’apprêtait à donner libre cours à sa fureur lorsqu’il repéra les branchages d’un arbre qui dépassait sur le côté. Il se figea. Pendant qu’il était en rééducation au Labo, Hanji lui avait montré un tas de vidéos pour lui permettre de s’habituer à la nouvelle apparence de Levi.
Eren venait de se souvenir de l’une d’entre elles.
Il la voyait se rejouer dans son esprit comme si elle se déroulait sous ses yeux. Il s’agissait d’un entraînement durant lequel Levi devait traverser un parcours semé d’obstacles en un temps record.
Eren avait toujours été fasciné par sa façon de bouger. Fluide, puissante, rapide et sans un seul geste superflu. Une machine à tuer aussi efficace que précise. Une lame dans le vent. Il avait la légèreté d’une plume et le tranchant de l’acier.
Eren recula de plusieurs pas, le cœur battant. Il ferma les yeux et se représenta les mouvements de Levi comme s’il se trouvait juste devant lui. Ce n’était pas la première fois que ça lui arrivait. C’était juste mille plus fois plus efficace avec Levi qu’avec tout autre personne. Comme pour le coup de pieds retourné qui l’avait sauvé dans cette ruelle et qui pendant des années s’était rejoué dans l’esprit d’Eren.
L’adolescent rouvrit les yeux et dans un souffle s’élança. Il était en plein saut lorsque son regard capta une petite fissure à mi-hauteur du mur. Il se servit des briques pour rebondir à la transversale. Il repositionna son centre de gravité d’une torsion du buste. Le bout de son pied s’emboita dans la fissure. Sans perdre une seconde, Eren se ramassa un peu sur lui-même et se servit de ce nouvel appui pour pousser de toutes ses forces sur ses jambes. Il profita de ce second élan dans les airs pour tenter d’atteindre l’arbre. Il se tendit vers la branche qui se trouvait à présent à portée de mains. Ses doigts se refermèrent sur le branchage, arrachant quelques feuilles et s'écorchant les paumes alors qu'il sécurisait sa prise.
Une fois bien accroché, alors qu'il balançait dans le vide, il se servit de ses deux pieds pour amortir l’impact contre le mur de brique.
Essouflé, il jeta un regard en arrière. Est-ce qu’il venait vraiment de franchir un mur de six mètres de haut ? L’adrénaline lui arracha un sourire. Son corps ne cessait de l’étonner…Ses bras tremblaient, il était grand temps de se hisser.
Xxxxxxxxxxxxxxxxx
Pour le prix que payaient ses parents pour qu'il vive dans ces dortoirs, Jean aurait bien voulu qu’on s’occupe au moins des travaux de sa chambre en priorité.
Cela faisait au moins une semaine qu’on lui promettait tous les jours qu’on viendrait ‘bientôt’ réparer les toilettes. Mais toujours aucune trace d’un plombier, gardien ou toute autre personne capable de réparer les dits WC. Marco et lui, ils entamaient en beauté leur deuxième semaine de galère intense. A chaque fois qu’ils avaient envie de pisser il leur fallait traverser tout l’immeuble pour se rendre dans les toilettes communes.
Encore une semaine de merde qui s’annonçait.
Heureusement, bientôt, ils seraient diplômés et adieu les murs déprimants et la rigidité super chiante du collège. Bonjour lycée ! Bonjour liberté ! Si seulement il savait où Mikasa avait l’intention de s’inscrire l’année prochaine…Une chose était sûre, il n’y avait vraiment aucune chance qu’elle s’enrôle comme lui à l’académie du Survey Corp. Pas une fille aussi discrète et fragile. Elle ne risquait pas d’intégrer une école militaire…
Jean poussa un soupire, s’agitant un peu afin de faire tomber les dernières gouttes d’urine dans la cuvette qui lui faisait face.
Il ne savait pas ce qui l’avait poussé à lever les yeux vers la petite fenêtre du mur à sa droite. Peut-être un mouvement ? Mais il tomba nez à nez avec une silhouette encapuchonnée qui s’y faufilait en toute discrétion. Jean entrouvrit la bouche pour crier, mais dans un mouvement aussi fluide que précis, la silhouette lui fondit dessus et le plaqua contre le mur, une main posée sur sa bouche tandis que l’autre lui attrapait l’engin.
Jean glapit de surprise.
L’intrus murmura : « Chuuut…où alors je t’assure que tu le regretteras. » Et comme pour appuyer ses dires, il resserra sa prise sur son entrejambe, arrachant un nouveau glapissement à sa victime. Une lumière de lampe torche ne tarda pas à illuminer la pièce. Et une voix grave demanda: «Il y a quelqu'un?» L'intrus serra un peu plus et Jean saisit immédiatement le message: «Oui! Jean Kirstein monsieur...
- Ton matricule?
- JK36717...» Un silence. Puis l'agent de sécurité répondit: « Très bien. Kirstein qu'est-ce que tu fiches dans les toilettes à cette heure-là ?
- J'aurais vraiment préféré ne pas être la! Vous n'avez qu'à faire réparer les WC de ma chambre et je jure de ne plus venir ici en pleine nuit!» Le vigile marqua une nouvelle pause avant de répondre: « Oh! Ouais! C'est vrai...Tomoya est absent...courage gamin. Il revient jeudi à ce qu'il paraît !» Jean grogna. Il y eut un bruit à l'extérieur et la lumière de la lampe torche changea de direction: « Maudit chat! Je ne sais pas d'où il sort mais si je l'attrape...Kirstein, dépêche-toi de retourner dans ta chambre. Les caméras on choper la silhouette d'un intrus dans l'enceinte de l'école...» Jean serra les dents et roula des yeux: « Non? Sérieux ? Un intrus?...» D'une pression supplémentaire sur sa verge malmenée, l'encapuchonné le convainquit de se tenir à carreaux.
Le vigile acquiesça: «Ouais. Il s'est introduit dans l'école par le mur arrière comme un maudit ninja!... Oh. Mais ne dit rien aux autres, on voudrait éviter la panique...on va l'attraper avant que ça ne dégénère...» Jean ajouta dans un murmure: « C'est pour ça qu'on vous paie à la base. Pas pour que le dit intrus me tienne par la bite pendant que tu nous racontes ta vie tranquille...» Il ne l'aurait pas juré mais il lui sembla que l'intrus venait de laisser échapper un petit rire. Quel enfoiré !
Un autre vigile rejoint le premier: «Qu'est-ce que tu fous Patrick ?
- J'identifiais un élève. Il est clean.
- Dans ce cas, grouille ! On n'a pas toute la nuit, la zone ne va pas se fouiller toute seule...» Ils s'éloignèrent. L'intrus marmonna : « C'est quoi cette école ? Une putain de prison?» Jean gronda: « S’il y avait moins de pauvre con comme toi qui essayait de nous envahir pour rien, peut-être que la sécurité serait moins chiante, tu ne crois pas ? » L’intrus releva enfin la tête, dévoilant le visage qui se dissimulait jusque-là dans l’ombre de sa capuche : « Tu parles beaucoup pour un type dont la bite est compressé par un autre gars…t’es habitué ? » Ce taré était en train de lui sourire. Quel âge il avait ? Douze ans ? Si ce n’était pas le cas, il se tapait une sacrée baby-face. Jean retint sa respiration. Ce type avait les yeux de la couleur la plus bizarre qu’il ait jamais vu. Vert ? Bleu ? Un peu des deux ?
Troublé, Jean l’écarta en le poussant à l’épaule : « Parles plutôt pour toi tapette ! Je te signale que les vigiles sont déjà loin, pourquoi tu continues de me la tenir ? » L’intrus haussa les épaules et se dirigea avec nonchalance vers les lavabos où il se lava les mains avec soin. Jean ne savait même plus quoi penser. Ce gars venait de s’introduire dans leur collège, de prendre en otage Mini-Jean et se comportait comme si toute cette situation était parfaitement normale. Pourquoi fallait-il qu’il tombe sur un vrai cinglé ?! Jean rangea tout son attirail et remonta sa braguette, tant pis pour son légendaire air menaçant: « Et je peux savoir ce que tu veux le Ninja ? » Il le vit rouler des yeux dans le miroir : « Green Hoodie, le Ninja…je me demande combien de pseudo on va encore me coller…
- Arrête de faire des trucs qui font qu’on n’a pas d’autre choix que de t’en coller… » L’intrus lui fit de nouveau face : « …T’es plutôt censé pour un gars qui en a une si petite…
- T’es sérieux-là ? Je suis monté comme un cheval ! Oh, attends, pourquoi est-ce que je suis en train de parler de la taille de ma bite avec un type louche qui s’est introduit illégalement dans mon dortoir ?!
- Je suis dans les dortoirs des mecs là ? Super…
- Hey ! Attends un peu, où tu vas ? » L’intrus s’immobilisa alors qu’il allait ouvrir la porte puis lui refit face : « Très bonne question…est-ce que tu saurais où je peux trouver Armin Arlert ? » Jean papillonna. Armin ? Le Armin ? Celui qui traînait constamment avec Mikasa ? Son ami, Armin Arlert ? Mais…que diable pouvait bien lui vouloir ce clown ? Il fronça les sourcils : « …Non… » L’intrus imita son expression : « C’est ça, fous toi de ma gueule…je sais qu’il vit dans cet internat. Ecoute, face de cheval…
- Face de...Hey ! Je ne parlais pas de mon visage quand je…
-….je suis un ami d’Armin et j’ai besoin de le voir…
- Pourquoi tu ne lui as pas envoyé de message…
- Je…j’ai oublié mon portable chez moi…
-….
- Je suis vraiment l’ami d’Armin ! Je veux juste le voir quelques minutes… » Jean pesa le pour, le contre. Il analysa la situation et prit une décision. « Okay. Je vais t’emmener voir Armin ? » Le visage du Ninja s’illumina : « Sérieux ? Je retire ce que j’ai dit, même si t’as vraiment une sale gueule, ta bite a une taille tout à fait potable… »
Encore quelques pas et Jean sa B.A du mois.
L’intrus le suivait dans le dédale de couloirs tout en jetant des coups d’œil curieux aux alentours. Jean de plus en plus nerveux ne cessait de se demander d’où pouvait bien sortir ce spécimen et surtout, ce qu’il pouvait bien vouloir à Armin.
Il n’y avait pas moyen d’être aussi naïf…pourquoi est-ce qu’il le suivait à la trace, comme un idiot sans jamais douter du fait qu’il puisse le mener en bateau ? Jean lui jeta un coup d’œil curieux mais l’intrus continuait d’observer les couloirs comme s’il était en pleine visite officielle…Ce ne fut que Lorsqu’ils arrivèrent enfin à quelques pas du lieu que cherchait à atteindre Jean, qu’il sentit que le Ninja commençait à se méfier : « …On n’a pas l’air de se rapprocher des chambres là, non ? » Alors Jean hurla : « Sécurité ! L’intrus est là ! Sécurité ! » L’encapuchonné jura et avant même de comprendre ce qu’il lui arrivait Jean fut sauvagement assommé.
Xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx
Eren était absent.
Aussitôt qu’il eut fait ce constat, Levi se sentit soulagé. Il n’était pas sûr d’être prêt à se retrouver en tête à tête avec l’adolescent pour le moment. D’autant plus qu’il allait devoir lui expliquer pourquoi il portait ces bandages et pourquoi il allait devoir lui traîner dans les pattes pendant les sept prochains jours (ou plus s’il ne parvenait pas à mettre ce délai à profit pour démêler cette situation pourrie). Il profita de l’absence d’Eren pour se mettre à l’aise, douche (maintenant, il n’oubliait plus de fermer à double tour), tenue plus décontractée et un bon café. Bien corsé.
Il devait impérativement se recentrer. S’il fallait pour ça qu’il prenne les devant et fasse comprendre à Eren qu’il ne se passerait jamais rien entre eux, soit. Il acceptait la corvée. Ça allait être l’enfer mais rien ne pourrait être pire que la semaine qu’il venait de passer. En vint lui renifler la jambe avant de s’asseoir à une distance respectueuse et le vriller du regard. Levi gronda : « Sale ingrate ! T’as cru que c’était lui qui était rentré ? Vous faites bien la paire tous les deux… » Comme lui prouver qu’elle avait parfaitement compris son reproche mais se fichait royalement de son avis, En tourna le dos et s’éloigna d’une démarche insolente. Levi marmonna : « La prochaine fois que tu viens me réclamer des croquettes, j’y glisserais de l’arsenic… » Puis sans lui porter plus d’attention, il se replongea dans ses pensées et sa dégustation de café.
Il eut à peine terminé sa première tasse qu’on sonna à la porte.
Intrigué, il se dirigea vers l’entrée en essayant de deviner qui pouvait bien lui rendre visite à cette heure-là. La nuit venait à peine de tomber. Eren avait des clés. Trop tard pour une livraison de facteur…il ouvrit. Et tomba nez à nez avec Petra. Il s’apprêta à lui demander ce qu’elle voulait mais elle affichait un drôle d’air alors il préféra l’inviter à entrer en s’écartant du passage.
Cela faisait au moins une bonne quinzaine de minutes qu’ils étaient assis, tous les deux dans le canapé. Et elle n’avait toujours pas décoché plus de deux mots.
Levi aurait pu comprendre si elle s’était portée volontaire pour être le porte-parole du groupe et venir lui faire part de leur mécontentement et leur inquiétude…sauf que ce rôle-là, il aurait plutôt vu Gunther ou Oluo l’endosser…Soudain, elle se prit la tête entre les mains : « Je n’y arrive pas ! Je…oh ciel…je n’y arriverais jamais. » Levi pinça les lèvres : « Si tu ne bois pas ton café pendant qu’il est encore chaud, il va être dégueulasse.
- Je t’aime. » Gros blanc. Levi avait soudainement très envie d’avoir en sa possession un Desert Eagle. Puissance de feu maximale. Même si la précision restait encore à désirer. De toute façon, il n’y avait pas besoin d’être précis au moment où on se collait une balle dans la cervelle…et au moins avec un Desert Eagle on aurait même du mal à reconnaître les morceaux…
Mais qui avait décidé de programmé tous les étrons de sa vie pour qu’ils lui tombent dessus pendant la même semaine ?!?
Petra tremblait très légèrement et elle avait le visage entièrement rouge : « Je ne sais pas pourquoi est-ce que j’ai eu autant de mal à dire ça…je veux dire, je ne suis plus une petite fille ou une ado alors…enfin bon. Je voulais te le dire. Je crois que je ne me rappelle plus d’un seul jour de ma vie où je n’étais pas amoureuse de toi. Tu m’as sauvé la vie. Puis tu as complètement changé cette vie que tu avais sauvé…sans toi, je serais sûrement morte ou alors je croupirais dans l’une de ces prisons dégueulasses qui bordent la ville d’Hemel…je ne sais pas ce que je serais devenue mais…j’en serais sûrement pas là. Je n’aurais pas accompli tout ce que j’ai accompli et….s’il te plait. Dis quelque chose… »
Levi la fixait. Elle était petite. Plus que lui en tout cas. Un bon point. Elle le connaissait depuis presque toujours. Elle savait à quoi s’attendre. Et il ne savait même pas comment en dépit de tout ça, elle encore capable de dire avec autant de sérieux qu’elle était sincèrement amoureuse de lui. Elle était attentive. Douée en combat. Mignonne, bonne cuisinière. Propre et sympathique…Dans un univers alternatif, ça aurait pu fonctionner. Mais en vérité, Levi savait, depuis ce fameux soir, où ils auraient pu coucher ensemble (parce qu’il était extrêmement bourré et elle extrêmement consentante) mais qu’il ne s’était rien passé, qu’il serait toujours incapable de franchir le pas. Petra était une amie précieuse. Une alliée. Mais il n’allait pas s’engager avec elle dans une relation sérieuse. Parce qu’il allait forcément tout faire foirer. Il ne la chérirait pas. Il savait que ça finirait mal et qu’au final, elle finirait par le détester.
Elle était trop pure.
Petra baissa les yeux comme si elle avait pu lire dans ses pensées. Mais comme Levi savait pertinemment qu’elle n’avait absolument rien d’une foutue ESPER il répondit : « Désolé. Je ne peux pas te considérer autrement que comme…Petra. Tu sais que je finirais par tout faire foirer. Je n’ai pas du tout l’impression que ça vaille le coup qu’on risque ce qu’on a maintenant, pour une relation vouée à l’échec.» Des mèches de cheveux glissèrent devant son visage, masquant à Levi son expression. Peut-être qu’il avait été un peu trop loin ? Peut-être qu’il y avait de meilleurs mots à utiliser ? Elle demanda d’une petite voix : « Tu as toujours su, n’est-ce pas…
-…tu n’étais pas très discrète.
-…mais tu n’as rien dit…
- Je n’allais pas te mettre un râteau alors que tu ne m’avais rien encore dit, non ? …
- Tu n’as même pas essayé d’imaginer, ne serait-ce qu’une seule fois que ça pourrait marcher ?
-…Si. Plusieurs fois. Mais…
- Pas la peine. J’ai compris. » Un nouveau silence. Très pesant. Levi commençait à penser que finalement, même un simple carré de sucre pouvait suffire pour mettre fin à ses jours. Il suffisait qu’il avale de travers…Le silence s’éternisa et il se demanda si elle était en train de pleurer. Il n’était clairement pas d’humeur à supporter des larmes…Et tout à coup elle poussa un cri et rejeta la tête en arrière. Surpris, il fronça les sourcils alors qu’elle éclatait de rire.
« Libre ! Enfin ! »
Elle passa un instant ainsi, la tête en arrière avant de se redresser : « Merci…il était grand temps que je passe à autre chose. Je vais bientôt avec vingt-cinq ans. Je n’ai jamais eu la moindre relation sexuelle –Levi se racla la gorge- Je m’en serais voulue à mort si je n’avais rien tenté. Si j’avais baissé les bras comme ça…sans jamais rien dire… » Levi demeura interdit. Bien qu’il préfère largement ce dénouement, il commençait sincèrement à se demander s’il n’avait ne serait-ce qu’un ami normal…Elle soupira : « Merde…j’en tremble encore…je suppose qu’une part de moi voulait toujours y croire… » Levi détourna les yeux. Elle secoua la tête : « …Ça suffit. Parlons d’autre chose…qu’est-ce qu’a fait Eren cette fois-ci ? »
Levi se figea. Petra laissa fleurir un sourire sur ses lèvres : « …C’est vraiment pour ça que j’ai eu autant de mal à lâcher l’affaire. Je trouve tellement adorable cette façon que tu as de toujours ignorer tes propres sentiments…
- Quel rapport avec le morveux ?
-…S’il existe une chose au monde capable de te sortir de ton armure blindée anti-émotions. C’est Eren. Ca a toujours été Eren. Ce sera sans doute toujours Eren. Mais les choses sont allées très loin cette fois-ci. Et je commence à m’inquiéter. Qu’as bien pu faire notre petit Angel pour te mettre dans cet état ?
- C’est la première fois que tu l’appelles Angel… » Petra marqua une petite pause : « Oui, c’est vrai…mais maintenant je n’ai plus aucune raison de ne pas le considérer comme un petit ange. Ce gosse est aussi adorable que détestable, c’est frustrant…Alors, qu’a-t-il fait cette fois-ci? » Levi hésita. Il n’était pas du genre à se confier. Il n’était pas du genre à s’épancher.
Le problème ? C’était que cette fois-ci, il n’avait aucune idée de la marche à suivre…
Alors contre toute attente, il se livra. Il lui raconta l’incident. Et lui demanda comment elle aurait réagi, ce qu’elle aurait dit ou fait pour que les choses évoluent différemment…Et là, Petra, qui jusqu’ici avait écouté toute son histoire avec un air profondément choqué, explosa de rire. Levi se braqua. Elle tenta tant bien que mal d’arrêter son fou rire et demanda entre deux hoquets : « …Tu prends tout de travers. La vraie question ici, ce n’est pas de savoir comment se dépatouiller avec les sentiments d’Eren, c’est plutôt de savoir ce que tout ça, ça t’a fait à toi… » Levi marqua une pause puis il la regarda comme si elle était complètement devenue folle : « A moi ?
- Oui, qu’est-ce que tu en as pensé ? Je veux dire. Tu viens d’exposer la situation. Et il parait évident qu’en tant qu’adulte responsable et son tuteur, la réponse à tes tourments est simple. Si moi, j’ai pu penser à cette solution, le rejeter, en à peine deux minutes, je suis certaine que toi, tu as eu tout le temps nécessaire pour trouver non seulement la même réponse mais aussi les circonstances parfaites dans lesquelles la lui donner…Mais tu ne l’as pas encore fait. Donc, la vraie question c’est, pourquoi est-ce que tu n’arrives pas à mettre ton plan à exécution ? Qu’est-ce que cet incident t’a fait ressentir ? »
Une grande vague d’irritation le submergea alors qu’il sentait le rouge lui monter aux joues. Le souvenir du visage d’Eren confus, excité et larmoyant lui était revenu en tête avec la force d’un tremblement de terre de magnitude huit. Il grogna : « Je n’ai jamais été un ado aussi chiant ! Ce gosse veut ma mort ? Que veux-tu que je réponde à ça ? Je sais ce que j’ai à faire. Je ne peux pas me permettre de tout foutre en l’air avec Eren, je suis son tuteur légal. Sans moi, ce mioche se retrouve seul au monde. Alors on s’en fout de ce que j’en pense, quand je prends une foutue responsabilité, je la prends jusqu’au bout ! »
Petra pinça les lèvres et lui tapota la jambe : « Si c’est la seule réponse que tu envisages...Je pense que je vais te laisser tout le loisir d’y réfléchir Caporal. » Elle se redressa : « Quant à moi, il faut encore que je rentre chez moi, que je dévalise mon frigo, m’achète un pot de glace géant et m’enroule dans une couverture dégueulasse en pleurant devant des films à l’eau de rose…attends, je n’ai pas un seul film à l’eau de rose… Je vais en emprunter à Oluo. Ce mec est une vraie gonzesse… » Comme il venait d’en ressentir le besoin, Levi s’excusa à nouveau. Elle agita la main : « Ce n’est pas la peine. Je n’ai aucune envie de te faire pitié… »
Il la raccompagna sur le pas de la porte.
Au moment de lui dire au revoir, elle s’était stoppée et l’avait longuement observé. Elle demanda tout à coup : « Si tu avais eu à te mettre en couple avec une femme. Est-ce que j’aurais été ton choix numéro un ?
- Petra…
- Non. Réponds, je t’assure que pour moi, c’est complètement terminé. J’essaie juste de t’aider à démêler tes sentiments...J’aimerais que tu y vois plus clair. C’est sûrement égoïste de ma part mais j’ai l’impression que si on se décide tous les deux à aller de l’avant, ce sera plus facile pour moi de tourner la page, alors…je voudrais vraiment que tu prennes le temps de réfléchir plus longuement à toute cette situation avec Eren….
- Oui.
- Oui, quoi?
- Tu aurais sûrement été en tête de liste. L’une des seules femmes avec qui j’aurais pu envisager de me mettre en couple… » Elle parut songeuse. Puis elle inspira un grand coup : « Ne bouge pas, d’accord ? Je vais te donner un indice supplémentaire… » Elle s’avança d’un coup, lui saisit l’avant du t-shirt et l’attira vers elle. Elle était bien plus forte qu’elle n’y paraissait. Comme on pouvait s’y attendre de la part d’un membre de son Escadron. Leurs lèvres se frolèrent avec plus de douceur que Levi ne s’y était attendu. Leur baiser ne fut ni long, ni même passionné. Il ne lui rappela rien qu’il eut déjà expérimenté. Ce n’était pas le genre de baiser qu’il avait échangé avec toutes ses conquêtes d’un soir. Mais il savait que ce n’était pas non plus le baiser qu’il aurait échangé avec une amante, quelqu’un de spécial.
Pourtant, il n’avait pas menti lorsqu’il avait affirmé que quitte à choisir, c’était avec elle qu’il aurait tenté de construire quelque chose de durable….
Elle s’écarta, les yeux clos et murmura : « J’ai toujours voulu savoir ce que ça faisait… » Elle rouvrit les yeux et demanda : « Alors Caporal, que t’as révélé ce baiser ? » Levi s’apprêtait à répondre lorsqu’un bruit sourd attira leur attention. Debout dans l’allée centrale, Eren livide, venait de faire tomber son sac au sol. En une fraction de seconde, une myriade d’émotions traversèrent ses prunelles miroitantes. Surprise, colère, trahison et enfin…douleur. Il s’enfuit en courant. Levi, sous le choc, resta saisi pendant un instant. Puis il jura et écarta doucement Petra de son chemin alors qu’il partait à sa poursuite. Mais Eren était déjà loin.
Plusieurs heures s’étaient écoulées depuis.
Et personne n’avait de nouvelles de l’adolescent.
Il avait laissé son portable sur la table du salon. Mikasa et Armin étaient à l’internat pendant toute la semaine, ils étaient donc tout naturellement éliminés de la liste d’endroits où Eren aurait pu trouver refuge. Avec l’aide de Petra et Erwin, ils avaient fait le tour du quartier et même été jusqu’à demander l’aide d’Hannes. Mais rien à faire, Eren demeurait introuvable.
Plus le temps passait et plus les idées noires qu’ils gardaient bien à l’abri dans un coin sombre de leur subconscient rampaient vers la surface.
Et s’il lui était arrivé quelque chose ? Et si les Titans avaient fini par découvrir son existence ? Levi faisait les cent pas dans leur salon, de retour à la case départ. Erwin n’était venu que parce qu’il avait été l’un des derniers à avoir vu Eren dans la journée. Et peut-être aussi parce qu’une certaine part de lui était aussi inquiète que l’était Petra. Le blond déclara : « Levi. Tu le connais mieux que quiconque. Je t’ai aidé du mieux que j’ai pu, Petra aussi. Mais si tu ne peux pas trouver un endroit où il aurait pu vouloir se réfugier alors je vais devoir signaler sa disparition à plusieurs de mes hommes…on ne peut pas se permettre de le laisser dans la nature…
- Je sais ! Pas besoin de me le répéter ! Si je savais où il était, je serais déjà allé l’y chercher pour le ramener ici par la peau des fesses !
-…Je ne sais pas ce qu’il s’est passé en détails mais vous m’avez dit qu’il était plutôt secoué, est-ce qu’il y aurait un endroit où il pourrait se rendre pour se calmer ? » Levi se stoppa net. Un endroit. Symbolique. Où il pourrait se rendre pour se calmer. Il partit au quart de tour et avant qu’Erwin et Petra comprennent ce qu’il se passait il enfournait sa moto.
Xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx
Depuis la réforme de la police, il avait connu un changement radical.
Le club d’hôtes de Mama avait fermé. Il n’y avait plus de prostitués au bas de l’avenue. Et les boites de nuit du coin avaient également fermés leurs portes. Tout semblait à l’abandon. Ce bloc qui s’illuminait de nuit de mille néons fluorescents était sombre et silencieux.
Levi traversa l’endroit avec une certaine appréhension.
Arrivé dans la ruelle. Il marqua une pause. Tout avait commencé ici. Quand il y repensait aujourd’hui, s’il avait su aurait-il ramassé ce drôle de gamin ce soir-là ? L’aurait-il raccompagné jusque chez lui ? Ce serait-il proposé en escorte ? Il s’était avancé jusqu’à la porte de service. Il se revit, près de dix ans plus tôt en train de sortir les poubelles du bar…Il releva les yeux vers la sortie. La porte avait été forcée. Son cœur se mit à battre furieusement. Il savait ce qu’il allait trouver à l’intérieur.
Il entra. Heureusement qu’il restait encore de l’électricité dans le générateur de secours. Levi alluma la lumière.
Le bar était dans un état lamentable. Poussiéreux. Infesté de rongeurs. On aurait dit qu’il avait été abandonné du jour au lendemain. En l’état. Avec son mobilier. Kenny le lui avait légué dans son testament. Il fallait vraiment qu’il en fasse quelque chose…Une part de lui se sentait responsable de la désertion du quartier…peut-être qu’il pourrait faire quelque chose pour le dynamiser à nouveau ? Levi avait passé les cuisines et n’avait même pas pris la peine d’aller vérifier la salle. Il savait où Eren avait dû se réfugier.
Et il le trouva effectivement là. Assis, recroquevillé sur le vieux canapé de la salle de repos du personnel. Même lorsqu’il l’entendit très clairement entrer dans la pièce et quand Levi appuya sur l’interrupteur pour y voir plus clair, l’adolescent ne tenta pas de fuir. Il resta là, prostré. La tête dans les bras. Les jambes remontées contre son torse. Levi se sentait soulagé. Un énorme point venait de lui être ôté des épaules. Mais il était également extrêmement en colère : « T’es sérieux ? Tu veux qu’on te considère comme un adulte et tu fugues ? Sans portable, sans argent, sans rien du tout. Tu comptais faire quoi au juste ?! J’ai dû appeler Erwin pour tes conneries ! Est-ce que tu as au moins conscience du merdier dans lequel t’es ? Ceux qui ont tué ta mère pourraient déjà être à ta recherche !...» Bien qu’il soit en train de vertement se faire sermonner, Eren ne bougea pas un muscle.
Levi se tut. A court de mots. Il n’était pas dans les habitudes d’Eren de se laisser crier dessus sans réagir.
Il s’approcha un peu confus et lui posa une main sur la tête : « Morveux…rentrons. Je promets d’empêcher Mono-sourcil de te passer un savon. » La voix d’Eren s’élèva soudain : « Je ne t’ai rien encore dis. Mais tu sais. Tu sais tout et tu as quand même décidé de sortir avec Petra. » Levi poussa un soupire : « Eren. Parlons de tout ça ailleurs. Il fait nuit et cet endroit craint … » Eren hurla : « Tu sais ce que je ressens mais tu as préféré m’ignorer ! Et tu as embrassé Petra ! » Levi marqua une pause. Il y avait une telle souffrance, une telle rage dans les mots d’Eren qu’il ne savait même pas par où commencer. « Gamin..
- Je ne suis pas un gamin ! » Eren redressa la tête. Dans ses yeux luisants brûlaient une flamme plus vive que jamais. Avant que Levi n’ait pu esquisser le moindre geste il lui avait sauté au cou et leurs lèvres étaient entrées en contact.
Levi écarquilla les yeux.
Tout d’abord, la surprise. Puis le feu. Ses veines glacées s’embrasèrent. Son sang était entré en ébullition. Absolument tous ses neurones se déconnectèrent en même temps. Leurs lèvres jointes lui firent courir un courant électrique dans tout le corps. Sans y penser, il avait refermé les bras autour d’Eren.
Comme s’il venait tout juste de prendre conscience de ce qu’il venait de faire, l’adolescent s’était écarté. Il avait rougi jusqu’à la racine des cheveux et son regard s’était fait fuyant. L’image de son visage, pantelant, se superposa à la réalité. Levi eut l’impression de sentir le sol s’effondrer sous ses pieds. Ce visage confus, ses yeux enfiévrés…c’était encore mieux que dans ses fantasmes.
Alors, c’était ça qu’avait voulu dire Petra ? C’était ce qu’elle avait voulu qu’il comprenne en l’embrassant ? Rien ne pourrait jamais égaler ce tourbillon, ce coup de foudre, cette éruption…
Levi remonta la main le long du dos d’Eren. Ses doigts lui glissèrent sur la nuque, effleurant le doux duvet de poils qui s’hérissèrent sous sa caresse. L’adolescent frissonna, son visage pris une teinte de rouge encore plus sombre. Levi resserra sa prise autour de ses hanches. Il se pencha sans crier gare et captura ses lèvres dans un baiser passionné.
Dès que leurs bouches furent à nouveau en contact, l’incendie reprit de plus belle au creux de son ventre.
Bientôt, Eren suffoqua. Levi profita de l’ouverture pour introduire la langue entre ses lèvres. Il sentit son cœur rater un battement lorsqu’il sentit les tremblements d’Eren, prisonnier entre ses bras. Alors il osa aller plus loin et explora avec avidité sa cavité buccale, lui arrachant un gémissement surpris.
Cette sensation était simplement parfaite. Enivrante.
Levi effleura la chair tendre de la langue d’Eren et gouta avec excitation aux soupires étouffés qui lui échappaient de la gorge. Leurs langues se caressèrent pendant quelques secondes. Eren avait les yeux fermés et l’air complètement ailleurs. Levi avait gardé les yeux ouverts, bien décidé à ne pas perdre une miette du spectacle. Comment Eren pouvait-il être devenu aussi sexy sans qu’il ne s’en rende compte ? Cette version de lui avait un il-ne-savait-quoi d’innocent qui donnait envie d’entièrement le pervertir. Ses lèvres étaient gonflées, son visage rougi, ses longs cils humides de larmes.
Tout entier à sa contemplation, Levi laissa le baiser perdre en intensité. Eren était encore trop inexpérimenté pour donner le change. Avoir le total contrôle de la situation, c’était extrêmement plaisant. Levi fit de son mieux pour ignorer les battements furieux de son cœur ou encore l’incendie qui faisait rage au creux de ses reins.
Eren, frémissant, était en train de reprendre pieds. Levi se laissa aller à lui lécher la lèvre inférieure avant de la mordiller doucement et de la sucer encore en plus tendrement. Visiblement l’acte de trop pour ce que pouvait supporter l’adolescent.
Les jambes d’Eren se dérobèrent. Levi le soutint.
Il le serra un peu plus contre lui et glissa le nez le long de son cou. Il savait qu’il ne devait pas aller plus loin. Ce n’était ni le lieu. Ni le moment.
Levi prit une grande inspiration au creux de sa nuque et Eren gémit à nouveau. Tout était là. Ce n’était rien comparé à ce qu’il se passait dans tous ses rêves érotiques, mais c’était à la fois mille fois mieux. Levi n’aurait jamais pu s’imaginer à quel point il pourrait aimer le fait de réellement tenir Eren dans ses bras.
Il savait à présent que ce n’était pas que de la curiosité. Que ce n’était pas que physique. S’il l’avait cru jusqu’à ce qu’ils échangent ce baiser. Maintenant, il comprenait. Il s’était voilé la face… Il n’était pas juste attiré sexuellement par Eren. C’était tout autre chose…quelque chose dont il devait prendre soin…
« Levi… » La voix d’Eren était tremblante presque suppliante…ce qui était très excitant. Plus qu’il n’aurait voulu l’admettre. Levi avait envie de l’embrasser à nouveau, de le toucher, de le palper. De lui faire tellement de bien qu’il ne pourrait plus tenir debout, qu’il se transformerait en vraie gelée, gémissant comme un chat en chaleur…
Eren sentait la menthe et quelque chose d’autre. Un très récent parfum d’adulte. Comme de la cannelle et quelque chose d’extrêmement sexy.
Levi eut une irrésistible envie de lui mordre la nuque.
Mais il ne le fit pas.
Parce que maintenant qu’il avait pris conscience de ce qu’il éprouvait (même si aucun mot n’était encore en mesure de le décrire) tout était encore pire. Le fait qu’il soit son tuteur. Qu’Eren n’ait qu’à peine quinze ans…Il était temps qu’il joue son rôle. Il était temps qu’il se montre adulte.
Il s’écarta d’Eren et le maintint à bout de bras : « Ecoute bien ce que je vais te dire. Eren. Je suis ton tuteur. Pour le monde entier, toi et moi, à part ça, on ne partage absolument rien. Sans ça, je n’ai aucun droit de prendre soin de toi. Nous n’avons aucun droit d’être ensemble. Est-ce que tu comprends ce que j’essaie de te dire ? » Cette discussion allait être très difficile à tenir. Surtout si Eren continuait d’avoir cet air enfiévré…
« Tu n’as que quinze ans. Quinze ans. C’est rien du tout. T’es encore confus. Tout est nouveau. Ce genre de truc en général, on le teste d’abord avec quelqu’un de son âge. Tu n’es même pas sûr d’être gay ! T’as encore des tonnes de trucs à expérimenter. Tu pourrais très bien aimer les filles. Et même si ce n’était pas le cas, tout ce que je t’ai dit à propos de nous deux, du fait que je sois ton tuteur, ça reste vrai. Tu comprends ? … Eren. Si tu veux qu’on reste ensemble toi et moi…comme une famille…tu ne devras plus jamais faire ce genre de chose. » Eren baissa les yeux. Il ne rougissait plus et paraissait être parfaitement redescendu sur terre. Levi lui lâcha les épaules : « Rentrons à la maison. » Eren lui emboita le pas sans dire un mot.
Xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx
Il était serré contre le dos de Levi. Le vent lui fouettait la peau alors que la moto sur laquelle ils se trouvaient tous les deux prenait un nouveau virage.
Ils rentraient à la maison.
Eren savait ce qu’il ressentait. Bien que Levi doute de lui et de ses émotions à cause de son âge, il savait qu’il n’allait pas changer d’avis. Il aimait Levi.
Il l’avait sans doute toujours aimé, à sa façon.
Et maintenant, il pensait aussi savoir ce que ressentait Levi.
Oh bien sûr, il n’était sûr de rien. Et ce baiser renversant pouvait sans doute avoir une centaine d’autres explications. Mais dans le fond, quand on connaissait bien Levi, il était quasiment impossible de se méprendre. Il sortait peut-être avec Petra mais il avait eu envie d’Eren. Il avait pu le désirer, tout comme Eren le désirait.
La plus grande inconnue, la condition la plus improbable de son problème venait de trouver sa réponse.
Oui. Levi pouvait le considérer comme un amant.
Son cœur s’était gonflé de joie alors qu’il enfonçait son visage dans le dos de Levi. Une nuée de papillons s’étaient envolés dans son estomac. Et rien qu’au souvenir de leur baiser il avait l’impression de se liquéfier sur place. Il resserra sa prise sur les hanches de Levi.
Bien entendu, il avait parfaitement compris tout ce qu’il lui avait dit. Levi était responsable de lui, de son éducation, de son bien-être. Aux yeux de la société, du monde entier, ils étaient une famille. Et ça, c’était sacrée. Parce que c’était ce qui leur donnait le droit de vivre ensemble. Sans le nom d’Ackermann qui les reliait tous les deux, aux yeux de la loi, ils n’étaient plus que deux étrangers.
Eren avait donc environ trois ans. Jusqu’à la fin du lycée, pour le faire changer d’avis et lui prouver qu’ils étaient faits pour être ensemble. Il était hors de question qu’il abandonne Levi aux mains de Petra ou de qui que ce soit d’autre….
Pas alors qu’il avait eu un si bel aperçu de ce que pourrait être leur vie en tant que couple.