Étrangère

Chapitre 4 : Mise au point

1985 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 07/06/2019 14:18

-Tu aurais moins mal si tu arrêtais de bouger.


Je bougeais parce que j'avais mal. Une douleur semblable à des milliers d'aiguilles qui s'enfonçaient dans mon corps tout entier.


-Encore une et c'est fini !


J'avais entendu cette phrase des millions de fois, elle ne cessait jamais de se répéter. C'était toujours la dernière fois, la dernière souffrance, le dernier test. Pourtant, j'avais le sentiment de revoir toujours et encore la même scène. Étais-je entrain de rêver ? Je me raidis soudainement lorsque mon bras me brûla sérieusement. J'essayai de regarder ce que cet homme faisait mais je n'apercevais que des tâches noires. Ma vue était complètement brouillée. La personne en face de moi tenait quelque chose dans sa main, je n'arrivais pas à voir quoi. Je regardai son visage, tout était flou. Pourtant, cette voix me rappelait quelque chose ou plutôt quelqu'un.

-Qui êtes-vous ? demandai-je perdue.


-La perte de la mémoire est donc un effet secondaire ? Intéressant, je vais noter ça dans mon carnet.


L'homme se moqua de moi. Sa voix ne me disait rien. Tout ce dont je me rappelais était la voix de ma mère et de mon frère.


-Aller, encore une dernière.


Gesticulant dans tous les sens, je paniquai à l'idée de souffrir une nouvelle fois. Pour me calmer, l'homme m'assena un violent coup en pleins visage. Ma vision se transforma alors en trou noir et ma tête tomba en arrière.


Mes yeux s'ouvrirent subitement, fixant le plafond d'une respiration saccadée. Retrouvant peu à peu mon esprit, je réalisai que je n'étais plus dans la forêt. J'étais à l'intérieur des murs, entourée de soldats. Grand-mère était morte et Ben introuvable. Je me levai en direction de la salle de bain. Je ressemblais à un vrai monstre. Face au miroir, je laissai tomber mes vêtements. Mes yeux longèrent mon corps. Il me restait quelques égratignures mais mon poignet allait beaucoup mieux.


Après ces quelques inspections, j'entrai avec précaution dans mon bain. L'eau sur ma peau me donna automatiquement des frissons. Je repensai soudainement à mon rêve. Qui était cet homme ? Ce n'était pas la première fois que je rêvais de lui. Peut-être qu'il faisait partie de ma famille ? Peut-être que c'était mon père ? Rien n'était sûr puisque je n'avais aucun souvenir de mon père. Je n'avais pas dû passer beaucoup de temps en sa présence. Pourquoi était-il aussi violent avec moi et surtout qu'était-il entrain de me faire ? Je stoppai rapidement mes petites interrogations lorsque j'entendis la porte de ma chambre s'ouvrir. Je me ruai à toute vitesse vers celle de la salle de bain pour la fermer. Qui avait osé entrer sans toquer ?


-Je pensais t'avoir prévenu hier.


-Vous ne connaissez pas l'intimité ici ? demandai-je en reconnaissant la voix du caporal.


Ayant certainement deviné où je me trouvais, de lourds pas se rapprochèrent dangereusement dans ma direction.


-N'entrez surtout pas !


-Écoute, tu as une minute pour sortir sinon je viendrais te chercher personnellement.


Sur ces paroles, il quitta ma chambre et referma la porte. Je décidai de prendre ses menaces au sérieux. Il n'avait pas l'air d'être du genre à plaisanter. D'une vitesse fulgurante, je m'essuyai et m'habillai. Les secondes passèrent puis la poignée grinça. Je me précipitai hâtivement vers la porte puis tomba nez à nez avec ses yeux bleus.


-J'y crois pas, soupirai-je, vous alliez vraiment le faire.


-Sache une chose, me menaça-t-il d'un regard froid, je suis toujours sérieux.


D'un signe de la tête, il m'indiqua de le suivre. Je le trouvais vraiment effrayant. Même sa démarche démontrait que cet homme n'avait rien d'amical. Je descendis des escaliers puis passai devant une salle. Des soldats étaient entrain de déjeuner à l'intérieur. J'étais étonnée de découvrir beaucoup de jeunes de mon âge. Si je restais dans cet endroit, j'espérais pouvoir faire connaissance avec eux. En remarquant un groupe me fixait, je me stoppai. Livaï m'ordonna aussitôt d'avancer.


Une fois devant le bureau de Erwin, Livaï toqua à la porte puis entra sans attendre de réponse. Le blond nous salua d'un hochement de tête puis me pria de prendre place devant lui. Quant au caporal, il resta appuyé contre le mur au fond de la pièce. Tout à coup, sortant de nul part, une femme entra en trombe dans la pièce.

-C'est elle ? C'est elle ? demanda-t-elle surexcitée.


Livaï et Erwin soupirèrent simultanément.


-Calme-toi la binoclarde, râla Livaï.


Faisant mine de n'avoir rien entendu, elle se jeta sur la chaise à côté de moi. Elle m'observait avec un grand sourire sur les lèvres. Reprenant son sérieux de tout à l'heure, Erwin croisa ses mains sur son bureau.


-Bonjour, tu dois certainement te demander qui je suis. Erwin Smith, 13ème major du bataillon d'exploration. Mes soldats t'ont retrouvé dans une forêt accompagnée d'un autre garçon. Vous étiez poursuivis par plusieurs titans, c'est bien ça ? me questionna t-il froidement.


Je hochai la tête. Face à mon manque de réponse, il soupira avant de reprendre la parole.


-J'aimerais que tu te présentes et que tu m'expliques ce que tu faisais dans cette forêt.


J'avalai ma salive pour me préparer à une histoire que je n'avais pas envie de raconter. Allait-il me croire ? Me traiter de menteuse ? Méfiante, j'hésitai un instant. Cependant, je n'étais pas en position de me rebeller. Il était préférable de dire la vérité.


-Je m'appelle Hana. J'ai dix-sept ans et je vivais dans cette forêt avec une dame et le garçon qui m'accompagnait. J'ai été abandonnée lorsque j'étais plus jeune. Ces personnes m'ont adopté et m'ont ainsi hébergé jusqu'à aujourd'hui. Enfin, hier..


-Et les titans comment sont-ils apparus ? demanda la femme à mes côtés.


-Nous avons entendu un énorme bruit, comme un écroulement. Nous sommes donc retournés à notre maison et nous l'avons vu détruite, complètement réduite en poussière. Grand-mère était déjà à moitié morte..


Les images de son corps décapité me revinrent automatiquement en mémoire. Je fermai les yeux en secouant plusieurs fois la tête. Je devais arrêter d'y penser, je me faisais du mal. Je pris mon courage à deux mains puis continuai mes explications.


-Après son décès, deux autres titans sont apparus. Ils ont suivi mon ami. Le troisième a décidé de me poursuivre. C'est ensuite que le caporal m'a sauvé.


La brune à mes côtés perdit peu à peu son sourire. Elle ne semblait plus aussi excitée qu'avant. J'étais sûre qu'elle était capable d'écouter et de ressentir les sentiments des autres. Quant à Livaï, il me surveillait toujours sans expression.


-Pourquoi ta famille t'a abandonné ? me demanda le blond intrigué.


-Je n'en sais rien. Je n'ai aucun souvenir précis de ma famille. Peut être qu'ils comptaient partir sans moi pour une autre destination.


Un silence s'installa. J'étais persuadée de passer pour une menteuse. Je ne connaissais pas les murs mais eux ne connaissait pas l'extérieur. Pourtant, je ne disais que la vérité. J'étais aussi consciente que je ne pouvais pas obtenir leur confiance aveuglement. Je me sentais terriblement seule.


-Je te remercie de ta franchise. Je doute que tu aies un quelconque intérêt à nous mentir. À partir d'aujourd'hui, tu deviendras un soldat. Livaï t'entraineras. Tu suivras aussi les entrainements quotidiens avec les autres recrues. Notre enquête sur toi est loin d'être terminée, conclut Erwin.


Je hochai nerveusement la tête. Ils s'intéressaient à moi et cela me faisait peur. Je n'avais cependant pas d'autres choix que d'obéir. Je n'avais pas besoin de m'attirer des ennuis. Une fois la conversation terminée, le blond nous pria de quitter son bureau. En sortant de la pièce, la femme de tout à l'heure s'arrêta devant moi.


-Bonjour Hana ! Je suis Hanji, ravie de faire ta connaissance ! me dit-elle en me serrant la main plusieurs fois.


-Bonjour Hanji, répondis-je poliment.


-Si tu as besoin d'aide ou que tu ne te sens pas bien, tu peux venir me voir. Mon travail consiste à analyser les titans et faire des recherches sur eux car je suis très..


Livaï ne me laissa pas le temps d'écouter la fin de sa réplique. Il lui coupa la parole, lui disant que nous n'avions pas le temps de l'écouter blablater. Hanji devait être une pipelette. Néanmoins, j'étais sûre que ses intentions étaient purement bonnes.


-Tu vas d'abord aller te nourrir. Une fois rassasiée, tu nous rejoindras sur le terrain d'entraînement. Je dois d'abord t'enseigner le combat individuel et ensuite la manœuvre tridimensionnelle. C'est pourquoi je ne tolérerai aucun retard, me menaça-t-il à nouveau.


Je lui promis que je ne serai pas en retard. Je venais d'entrer dans un tout nouveau monde. Un monde de violence, de guerre et de sang. Je n'avais jamais rien tué de ma vie, mise à part quelques animaux. Serai-je à la hauteur ? Le caporal regagna mon attention lorsqu'il me montra la salle à manger du doigt.


Il se sépara de moi lorsqu'il alla chercher sa nourriture. Je n'avais pas besoin d'un dessin pour comprendre que j'allais manger seule. J'aurais au moins du temps pour réfléchir. Cherchant une table du regard, je m'installai à une table au fond de la salle. En mangeant, j'aperçus Livaï et son escouade. Il s'était installé à côté de la rousse. Elle semblait enthousiasme à ses côtés.


Il ne m'avait fallu que de quelques minutes pour avaler toute mon assiette. J'étais affamée. Une fois terminée, je débarrassai mes couverts puis quittai la salle. Je errai à présent dans les couloirs. Je sursautai de peur lorsque quelqu'un me fonça littéralement dessus.


-Hana ! Qu'est ce que tu fais ici ? Tu as déjà mangé ? Tes cheveux sont roses ! C'est naturel ? me questionna Hanji toute joyeuse.


Je hochai la tête en guise de réponse. Je m'excusai néanmoins sincèrement auprès d'elle. Je n'avais pas vraiment beaucoup de temps à lui accorder. Je lui expliquai que je devais rejoindre le caporal dans très peu de temps.


-Bonne chance Hana !


Je comptais la remercier mais elle avait déjà disparu. Faisant demi-tour, je me dirigeai vers le terrain d'entraînement. Cependant, je me rendis compte de quelque chose. Je ne savais pas où il était. Je passai nerveusement ma main dans mes cheveux, sachant d'avance que j'étais fichue. Paniquée, je scrutai les alentours. Je criai intérieurement victoire lorsque mon regard croisa celui d'un blondinet. Je me ruai immédiatement dans sa direction, remarquant par la même occasion une once de peur dans ses yeux.


-Désolée de t'importuner, lui dis-je d'un sourire gêné, saurais-tu où se situe le terrain d'entrainement ?


Il me fixa stupéfait pendant quelques secondes. Je pensais qu'il n'allait jamais me répondre.


-Nous allons dans la même direction je crois, me sourit-il. Tu peux m'accompagner si tu veux.


Plus que soulagée, je le remerciai infiniment. Il avait peut être l'air d'être timide mais j'étais sûre que sa gentillesse était l'une de ses plus grandes qualités.


-Au fait, moi c'est Armin. Ravi de faire ta connaissance !


-Hana, plaisir partagé !


Je lui serrai la main, sourire suspendu aux lèvres. J'étais contente d'enfin parler à quelqu'un de mon âge. Je me sentais moins seule.


-Je te remercie Armin, soupirai-je, je crois que tu viens de me sauver la vie.


***

[Chapitre relu et corrigé]

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