Étrangère

Chapitre 5 : Nouveau quotidien

2008 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 07/06/2019 14:21

Sur le chemin, j'appris un peu plus à connaître Armin. Il était très calme et très gentil. Il avait vraiment l'air de s'intéresser à ce que je lui racontais.


-Hana, tu habitais dans quel mur avant ? me questionna-t-il innocemment.


Surprise de sa question, je me stoppai. Armin s'arrêta à son tour en m'observant perplexe. Pouvais-je lui dire la vérité ? Le major ne m'avait rien dis à ce sujet.


-Je viens de l'extérieur des murs.


L'expression du blond se transforma. Il avait l'air triste pour moi. Il devait certainement se dire que jamais il n'aurait dû poser une question aussi personnelle. Je lui adressai un grand sourire pour le rassurer.


-Ne te sens pas coupable, ce n'est rien.


Armin regagna un faible sourire. Quelques minutes plus tard, nous arrivâmes finalement au terrain d'entraînement. Livaï était déjà présent. L'atmosphère était lourde. Toutes les têtes se retournèrent vers nous. Je remarquai immédiatement le groupe qui m'avait fixé à la salle de déjeuner tout à l'heure. Armin se détacha de moi pour les rejoindre.


-Bien, grogna le caporal, mettez-vous tous par deux.


Immobile au milieu de la foule, je scrutai les alentours. J'étais terriblement gênée de voir que pratiquement déjà tout le monde était groupé.


-Viens avec moi.


Je me retournai vers mon interlocuteur, le caporal. Sans un mot, je le suivis quelques mètres plus loin. Il me demanda de rester à l'écart pour observer l'entraînement. Docile, je hochai la tête.


Étant tous par groupe de deux, Armin faisait paire avec une fille. Je trouvais que ses cheveux courts la rendait vraiment jolie. Elle avait aussi l'air beaucoup plus forte que lui. Mon hypothèse se confirma en observant la facilité avec laquelle elle le maitrisa. Après l'avoir fait tombé, elle s'excusa puis lui massa l'épaule. À côté d'eux, une paire de garçons. L'un possédait des cheveux bruns et des yeux vert, l'autre était grand et châtain. Inversement, ils n'avait pas l'air de s'apprécier. Ils s'insultaient et se criaient dessus tout en se donnant des coups. Mon regard glissa sur une autre fille, une blonde. Elle avait l'air de s'ennuyer. Peu importe son adversaire, elle réussissait à le mettre au tapis. J'observai un peu plus loin une autre paire. Une fille et un garçon qui préféraient danser et se taquiner plutôt que de se battre. La fille me faisait étonnement penser à Hanji.


Une heure passa puis le caporal regagna mes côtés. Il m'ordonna de le suivre. Après plusieurs minutes de marche, nous arrivâmes sur un autre terrain beaucoup plus petit. J'appréhendais beaucoup.


-Alors, m'interpella-t-il en se mettant devant moi, qu'as-tu retenu de cet entrainement ?


Sa question me laissa perplexe. Je ne pouvais pas vraiment dire que cet observation m'avait appris quelque chose de nouveau. Face à mon manque de réponse, Livaï me tapa à l'arrière des genoux et me balaya sans le moindre effort. Sous le choc, je restai à moitié paralysée sur le sol.


-Trop lente.


Soudainement irritée, je me levai en furie. Sans me laisser le temps de l'attaquer, il me lança son poing droit dans la figure. Par chance, je réussis à l'esquiver au dernier moment. Pensant avoir deviné à l'avance son prochain mouvement, je me positionnai en fonction de mon instinct. Je m'attendais à recevoir son poing gauche. Seulement, je reçus à nouveau le droit et cette fois-ci en pleins dans le nez. Désorientée, je me rattrapai in extremis sur mes jambes.


-Et trop bête aussi.


-Ce n'est pas juste, grognai-je dans ma barbe.


-Les sentiments, prononça-t-il à haute voix. La pitié, la haine, la peur, la surprise, l'amour. Les recrues que tu as vu tout à l'heure sont des novices car leur relation interfère durant le combat.


Plus j'y réfléchissais et plus je me rendais compte qu'il avait raison. Il m'avait prise par surprise, j'avais réagi trop tardivement. Il m'avait énervé, j'avais rétorqué trop vite. Mon nez me faisait mal mais cela n'empêcha pas l'entrainement de continuer. J'arrivais toujours à esquiver ses premières attaques mais pas les suivantes. Je pouvais le remercier d'un certain côté de ne pas utiliser sa vraie force, sinon mon visage ne serait déjà plus le même. Au bout d'un certain temps, j'avais l'impression de pouvoir m'évanouir si une goutte d'eau ne tombait pas tout de suite dans ma bouche.


-Est-ce qu'on peut faire une pause ? lui demandai-je à bout de souffle.


Il hocha la tête. J'étais plutôt étonnée, je m'attendais à une réponse négative. Il m'expliqua ensuite que de toute façon il comptait me montrer autre chose. Du doigt, il m'indiqua la machine qui se trouvait par terre au fond de la cour. Je me rappelai l'avoir déjà vu sur eux. Plus que curieuse, je m'avançai dans sa direction. Le caporal me révéla qu'avec cette machine il était possible de se déplacer dans les airs. Le gaz comprimé dans les deux cartouches permettait de se propulser en avant. Pour atteindre une quelconque cible, il fallait simplement tirer les crochets des grappins et viser.


-D'abord, tu vas devoir réussir à tenir en équilibre.


Il m'ordonna d'ouvrir le sac à côté de la machine et de m'équiper. Plus facile à dire qu'à faire. Mon regard se perdait dans tous ces câbles. J'essayai de mettre ma jambe entre deux câbles mais remarquai plus tard que je l'enfilai finalement à l'envers. Je faillis même trébucher. Le fait de voir le caporal m'observait sans rien faire m'irritait profondément. Au bout de quelques minutes, il daigna enfin se lever.


-Besoin d'aide ? se moqua-t-il.


-Ça ne serait pas de refus, soupirai-je.


Il ramassa l'équipement un peu nonchalant. S'agenouillant face à moi, il commença à me montrer les mouvements que je devais suivre. Après ses explications, je trouvais cela drôlement plus simple. Je réussis finalement à mettre mes deux jambes correctement à l'intérieur du harnais. Il remonta ensuite ses mains sur mes cuisses pour faire passer la suite du système de sécurité et mettre la ceinture autour de ma taille. Je tournai immédiatement la tête pour essayer de cacher mes joues rosies par la gêne.


-Débrouille toi pour le reste, cracha-t-il froidement.


N'ayant pas la moindre envie de l'agacer davantage, je m'exécutai rapidement. Il avait fais la moitié du travail, je n'avais qu'à me concentrer un minimum. Finalement quelques essais plus tard, mon harnais était complètement en place.


J'étais à présent en dessous d'une balançoire, deux câbles étaient attachés. Le caporal les accrocha à ma taille. Mon but était de tenir en équilibre. Il tourna la manivelle pour me soulever du sol. Pendant les premières secondes, je n'eus aucun mal à rester droite. Seulement, d'un instant à l'autre, je basculai complètement en avant.

Avec le choc et le coup de tout à l'heure, mon nez commença à saigner. N'ayant aucun mouchoir sur moi, j'enlevai le sang avec ma main. Cela faisait un mal de chien. Malgré tout, je demandai à recommencer. Comme tout à l'heure, je réussis à rester en équilibre quelques secondes pour finalement tomber une nouvelle fois. Cette fois-ci, j'étais un peu plus sonnée. J'avais vu les étoiles pendant quelques secondes.


-Ton bassin n'est pas droit.


Je pestai mentalement. Il aurait très bien pu me rattraper, il ne voulait simplement pas le faire. Au bout d'une dizaine d'essais et de chutes, je décidai d'abandonner. Essayer de tenir en équilibre était pour l'instant un échec.


Après cette fin d'entrainement catastrophique, je rejoignis les autres recrues. Je croisai Armin, qui en voyant mon visage, me donna aussitôt un mouchoir. Pour me rassurer, il m'indiqua que la journée était bientôt terminée et qu'il était heure d'aller manger.


En entrant dans la salle, le blondinet m'invita à sa table. En soulevant mon plateau pour le rejoindre, je ressentis une nouvelle fois la douleur dans mes muscles. Je n'avais pas eu le temps de vérifier mais j'étais persuadée que mon corps était rempli d'hématomes.


-Je te présente Mikasa, commença Armin en désignant la brune, puis Eren, Sasha et Jean. Les amis, je vous présente Hana.


Ils me saluèrent chacun leur tour d'un petit sourire. Eren et Jean étaient les deux garçons qui s'étaient battus ensemble pendant l'entraînement et Sacha la jeune fille qui me faisait penser à Hanji. J'étais plus que ravie de faire la connaissance de toutes ces nouvelles personnes.


-Ton après-midi a dû être rude, pas vrai ? me lança Armin.


-Pourquoi est-ce que tu ne t'es pas entrainé avec nous ? me questionna le dénommé Jean.


Je restai silencieuse un court instant. Je n'avais pas spécialement envie de raconter ma vie à un garçon que je ne connaissais pas.


-Je viens d'arriver, expliquai-je brièvement. Je dois rattraper mon retard.


Jean resta peu convaincu de ma réponse. Évidemment, le reste de la conversation tourna autour de moi. D'où je venais ? Pourquoi avais-je atterri ici ? Je ne leur répondais qu'à moitié à chaque fois. Une fois mon assiette terminée, je décidai qu'il était temps pour moi de remonter dans ma chambre. Je les saluai un à un avant de définitivement sortir de la salle.


Devant le miroir de la salle de bains, j'enlevai mon haut pour me retrouver en débardeur. Mon corps était vraiment dans un piteuse état. Comme pour vérifier ma douleur, j'appuyai bêtement sur mes hématomes. Tandis que je me plaignais mentalement de mon geste, quelqu'un frappa à la porte. J'ouvris la porte nonchalante, tombant nez à nez avec le caporal. J'étais surprise, assez surprise pour rester la bouche entrouverte devant lui. Il me scruta de haut en bas avant de pointer son regard sur mes blessures.


-Tu devrais aller à l'infirmerie, me conseilla-t-il.


Étant légèrement étourdie par la situation, je me demandai d'abord de quoi il pouvait bien parler. Lorsque je me rappelai enfin de mes hématomes, je rigolai nerveusement.


-Ah oui, dis-je pensive, mais la vérité c'est que je ne sais pas où se trouve l'infirmerie.


Livaï resta stoïque un moment puis se retira sans un mot. Il ne regagna pas sa chambre mais continua sa route le long du couloir. Est-ce que j'étais censé le suivre ? Dans le doute, j'attrapai rapidement une veste puis décidai de le rejoindre.


Nous traversâmes un long couloir avant d'atterrir devant l'infirmerie. Je ne m'attendais pas à voir Hanji. Comme à son habitude surexcitée, elle m'invita à m'asseoir sur un des lits blancs. Elle me demanda de retirer ma veste puis inspecta rapidement mon corps. Je sursautai légèrement lorsque ses doigts froids touchèrent ma peau.


-Tu pourrais te montrer plus tolérant, reprocha Hanji à Livaï en m'appliquant de la pommade, elle est nouvelle.


Sans prendre la peine de lui répondre, il lui lança un regard froid. Il devait s'en ficher pas mal, nouvelle ou non. Comment avait-elle deviné qu'il était la cause de mes blessures ? Après m'avoir aidé, Hanji se leva avant de disparaitre dans son bureau à l'arrière de la pièce. J'avais envie de m'allonger. Le lit semblait plus douillé que le mien. Et puis, j'étais épuisée.


-Si tu commences à t'allonger tu vas finir par t'endormir, grogna le caporal.


Il n'avait pas tort. Je n'avais déjà plus envie de me lever. Fermant doucement les yeux, je me rappelai subitement que je n'avais toujours pas eu l'occasion de le remercier. En plus d'être venu à ma rescousse, il devait s'occuper de moi et me remettre à niveau.


-Merci de m'avoir sauvé, chuchotai-je en me retournant dos à lui.


Je n'eus pas le temps d'entendre sa réponse. Beaucoup trop fatiguée de ma première journée, j'avais déjà rejoint les bras de Morphée.


***

[Chapitre relu et corrigé]

Laisser un commentaire ?