Étrangère

Chapitre 10 : Découverte

3220 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 15/06/2019 18:34


Je me réveillai tout en m'étirant. Autour de moi, j'entendais le chant des oiseaux et le bruit de la nature. J'avais oublié que je n'étais pas dans mon lit. Je m'étais endormie dans la forêt. En ouvrant les yeux, j'aperçus Livaï dans la même position que moi. Il avait lui aussi décider de se reposer contre un arbre. Endormi, il paraissait beaucoup moins menaçant. Je pourrais presque même dire inoffensif.


Je ne savais pas du tout l'heure qu'il était mais je décidai de me lever. Je me positionnai devant lui, me penchant légèrement pour agiter ma main devant son visage. Je l'appelai plusieurs fois tout en lui dictant qu'il était temps de se réveiller. Quelques secondes plus tard, ses yeux s’ouvrirent. Faisant comme si de rien n’était, il se redressa sur ses jambes.


-Il ne doit pas être loin de midi, indiqua-t-il en regardant le soleil, est-ce que tu as faim ?


-Un peu.                 

                                                                                                                                              

-Tu préfères rentrer ou te perfectionner davantage ?


Je n’avais soudainement plus très faim. J'avais envie d'en apprendre plus, de découvrir d'autres techniques et surtout d'avoir le potentiel de vaincre les titans. Hésitante, je lui demandai si il pouvait m'entraîner à manier les épées. À mon plus grand étonnement, il accepta puis m’amena dans un autre recoin de la forêt. D’autres soldats s’entrainaient à cet endroit. L'un d'eux arriva vers nous avant d’échanger quelques mots avec le caporal. Discutant de notre venue soudaine, il lui expliqua qu'il était responsable de moi et qu'il devait m'enseigner quelques bases. Après ce court dialogue, Livaï me demanda de le suivre à l’écart. Il me demanda de sortir mes épées mais m’arrêta aussitôt en remarquant la façon dont je les tenais.


-Pourquoi tu tiens tes épées ainsi ?


En réalité, je tenais mes épées à l'envers. Cependant, cette position était celle avec laquelle j'étais la plus à l'aise. De plus, j’avais directement eu le réflexe de les tenir de cette façon.


-Peu importe la manière dont je les tiens tant que je réussis à tuer les titans, non ? lui répondis-je.


Il me fixa un instant avant de hausser les épaules. Pour commencer, je devais reproduire les mouvements d’épée qu’il faisait. La peau des titans était épaisse. Si je ne la coupais pas assez bien, cela ne lui serait pas fatal. Un instant plus tard, Livaï plaça un leurre. Faisant plusieurs tours pour apercevoir ma cible, je me projetai immédiatement sur elle à son apparition. Je positionnai mes épées correctement puis tailladai sa fausse nuque. Malheureusement, la marque n'était pas assez profonde. Livaï le remarqua aussi, ne se privant pas pour me le reprocher. Il me recommanda une nouvelle fois de tourner mes épées dans l’autre sens. Je ne l’écoutai pas, je voulais absolument réussir à ma manière. Je recommençai une dizaine de fois avant d'obtenir le résultat que j'attendais. À bout de force, je redescendis au sol.


-Tu es vraiment têtue, se plaignit-il. Et tu m’as fait loupé mon déjeuner.


J’étais aussi affamée que lui. D'un autre côté, je me sentais coupable. J’étais celle qui avait proposé cette idée. Idée qu'il avait accepté par simple devoir. D’un sourire crispé, j'essayai tant bien que mal de lui montrer que j'étais désolée, que je me rattraperai plus tard.


-La prochaine fois, tu as intérêt de..


Un énorme bruit le coupa dans sa phrase. Un éclair jaune avait jailli dans le ciel comme s'il s'était écrasé à un endroit très précis. Par réflexe, je regardai Livaï. Il n'était pas aussi choqué que moi, comme si il avait déjà assisté à ce genre de phénomène.


-Qu'est-ce que c'était ? demandai-je paniquée.


-On rentre, m'affirma-t-il sèchement.


Je ne voulais pas rentrer. J’étais trop curieuse de comprendre ce qu’il venait de se produire. Lorsque quelqu’un essayait de me cacher la vérité, j'avais encore plus envie de la découvrir. Sans prévenir mon caporal, je me précipitai vers l’endroit où l’éclair avait frappé. Cela n’avait pas l’air très loin, je pouvais l’atteindre en courant. Sans surprise, Livaï remarqua instantanément ma fuite. Faisant immédiatement demi-tour, il commença à me courser tout en me demandant de m’arrêter. Cependant, il était trop tard. De mes grands yeux bleus, je pouvais à présent observer toute la scène. Hanji et d’autres soldats entouraient un puits. Eren aussi était présent, perché sur quelque chose. Détaillant du regard sur quoi il se tenait, je m’horrifiai instantanément.


-Eren ! cria Hanji surexcitée.


Sa main était collée dans un bras disproportionné et dépourvu de peau. Je n’arrivais pas à mettre de mots sur ce que je regardais. Les soldats autour de lui semblaient paniqués. J'avais l'impression que lui-même ne savait pas ce qui lui arrivait. Peureux, il retira sa main puis tomba en arrière. Tout s’évapora instantanément en fumée, comme si ce bras ne pouvait continuer d'être sans un contact direct avec Eren. Hanji cria à s'en tirer les cheveux. Est-ce que c'était lui qui l’avait fait apparaître ?

La brune se calma lorsque son regard se posa sur ce que tenait la main sans peau, une petite cuillère. Les pas derrière moi me rappelèrent rapidement que Livaï m'avait poursuivi. Néanmoins, il resta immobile. Inspirant profondément, j’attrapai mon courage à deux mains pour me retourner. Il me dévisageait. Les traits de son visage montrait qu’il était profondément en colère. D’une vitesse fulgurante, il m'attrapa par le col avant de brutalement me rapprocher de son visage.


-Qui t’a autorisé à t’éloigner, hein ? cria-t-il. T’es vraiment qu’une idiote !


Je restai tétanisée face au ton qu’il avait choisi de prendre. Je ne l’avais jamais vu aussi énervé. Il me faisait presque peur. Irrité, il me reposa au sol avant de repartir en direction de la forêt. Je regrettais définitivement ce que je venais de faire. Hanji et Eren avaient observé la scène de loin, tout deux me regardaient sans vraiment savoir comment réagir. J'avais l’impression d’avoir pointé mon nez dans une affaire qui ne me regardait pas. Hésitante, j'avançai dans leur direction. Hanji me demanda aussitôt de m'arrêter.


-Tu devrais rejoindre le caporal, Hana.


Ma présence déplaisait fortement. Pour la première fois, Hanji paraissait distante. Un peu déçue, je hochai la tête avant de me diriger vers la base. Sur le chemin du retour, je repensai à Livaï. J'avais vraiment dû le mettre en rogne. D’un côté, je le comprenais. Sa réaction avait cependant été exagérée. Il m’avait presque étranglé.

En arrivant, j’aperçus Annie. Elle était adossée à un arbre, les yeux mi-clos. Il était pourtant l'heure de l'entraînement. Peut-être qu’elle ne comptait y assister. Ne sachant pas quoi faire et voulant me changer les idées, je me dirigeai discrètement vers elle. Elle ne me remarqua pas tout de suite. Son regard se posa sur moi seulement au dernier moment.


-Est-ce que je te dérange ? lui demandai-je hésitante.


Elle bougea sa tête de gauche à droite.


-Je peux me mettre à côté de toi ?


Un nouveau hochement de tête. Annie n'était pas une fille très bavarde. Nerveuse, je m'installai à ses côtés. Il était difficile d’engager la conversation avec elle sans avoir l’impression de l’ennuyer.


-Qu'est-ce que tu me voulais ? me questionna-t-elle en soupirant.


-Juste m’isoler et penser à autre chose, lui répondis-je, comme toi.


Je repensai à ce que je venais de découvrir. Eren faisait bien équipe avec nos supérieurs et Livaï semblait au courant. Cependant, ce gigantesque bras qu’est-ce que c’était ? Est-ce qu'Eren l'avait fait apparaitre ? Si oui, alors comment ? Tandis que je me perdais dans mes pensées, Annie me ramena à la réalité.


-Et qu'est-ce qui te préoccupe ?


Je ne savais pas réellement si je pouvais lui en parler. Après tout, si cela avait été caché jusqu'à présent, ce n’était pas pour le dévoiler aussi facilement. Cherchant un autre sujet de conversation, je décidai d'aborder ma pseudo dispute avec le caporal.


-Je suis une idiote car je fouine dans les affaires des autres, lui répétai-je.


Elle me jeta un coup d’œil avant de soupirer.


-Il faut croire que certaines personnes ne peuvent pas s'en empêcher.


Je grimaçai face à sa réplique. Je ne m’en rendais peut-être pas compte. J’étais intrusive. Ne sachant pas quoi répondre, je lui demandai ce qui me trottait dans la tête depuis la première fois que je l'avais vu. Pourquoi passait-elle la plus part de son temps seule, éloignée du reste des recrues ?


-Je n'aime pas me mélanger, c'est tout.


-Ou plutôt que tu as peur que l'on te rejette ?


J’avais parlé sans réfléchir. Je regrettais immédiatement ce que je venais de lui dire. Annie me dévisagea un instant avant de se relever pour partir.


-Je dois y aller, m'affirma-t-elle.


-Attends, je ne voulais pas..


Elle était déjà beaucoup trop loin pour m’entendre. Qu’est-ce qui ne tournait pas rond chez moi ? Ma journée s’était transformée en catastrophe. Comme pour expulser ma colère, j'attrapai des cailloux à mes pieds avant de les jeter au loin. Je ne regardais même dans quelle direction je visais. Cependant, un cri arriva jusqu’à mes oreilles. En relevant la tête, j’aperçus un garçon entrain de se masser le front.


-Tu ne souhaites vraiment pas que je vienne, ricana-t-il.


C'était le garçon de l'autre fois, celui qui était venu me parler pendant que j'attendais le caporal. Je me recouvrai la bouche, un peu honteuse. Je venais accidentellement de lui jeter les cailloux dessus. Remarquant que son front saignait, je me relevai en panique.


-Excuse moi Marco, dis-je dans la précipitation, je ne te visais pas je voulais juste.. me lâcher un peu.


Sa réaction était l'inverse de ce que je pensais. Il commença à rigoler. Le fait que j'avais pu le blesser lui passait complétement par dessus la tête. Pour me faire pardonner, je retirai un mouchoir propre de ma poche. Je tapotai doucement son front avec. D'un instant à l'autre, ses joues devinrent rose. Il se recula, gêné. Perplexe, j’arquai un sourcil.


-C'est gentille de ta part Hana, me confia-t-il nerveusement, mais préviens-moi avant de t’approcher aussi près.


Je pouffai gentiment de rire. Il avait l’air très mal à l’aise. Je trouvais son comportement mignon. Pour changer de sujet, il me demanda ce que je comptais faire le reste de ma journée. Je lui répondis que je n'avais rien de prévu. Il me proposa de l’accompagner jusqu’aux écuries, pour récupérer quelques affaires. J’acceptai sans hésiter.

Nous arrivâmes rapidement aux écuries. Me faisant signe de le suivre, Marco me présenta son cheval. Je l’observai, tout en le regardant caresser son compagnon. Je pouvais facilement deviner qu'il appréciait réellement les animaux.


-Tu as déjà l'occasion de monter à cheval ? me questionna t-il.


Je n’avais jamais tenté l'expérience. La dernière fois que j’étais monté sur un cheval était lors de ma première rencontre avec le caporal. Il m’avait forcé à monter derrière lui. J’agitai donc négativement ma tête de gauche à droite.


-Je t'apprendrai alors lorsque tu en auras un.


Je le trouvais vraiment aimable. Il me rappelait un certain garçon. Je devais cependant arrêter de penser à Ben, cela me faisait à chaque fois du mal. J’avais l’impression que tout le monde lui ressemblait. Le major m’avait de toute façon informé que j'allais devoir les suivre à l'extérieur des murs. Je trouvais même cela absurde sur le moment de ne pas encore avoir de cheval.


-Enfin si tu le souhaites, dit-il en se grattant le bout du nez, évidemment.


-Merci Marco, souris-je, c'est très sympa de ta part.


Me souriant en retour, il récupéra ses affaires. Je remarquai cependant que son front saignait de nouveau. D'un accord commun, je décidai de l’amener jusqu’à l'infirmerie. Je ne voulais pas que sa blessure s’aggrave. De plus, je me sentais vraiment coupable, il n'avait pas du tout mérité.


Sur notre route, dans un des couloirs, je croisai Livaï. Il marchait droit, impassible. Il ne daigna même pas me regarder. Il était certainement toujours en colère contre moi. Je voulais m’excuser, me faire pardonner mais il était compliqué de le faire lorsque cette personne était complétement indifférente à ma présence.

Je stoppai de penser à lui en entrant dans l’infirmerie. Hanji n’était pas présente. Je pris l’initiative de chercher le désinfectant et de l'appliquer sur le front de Marco. Il était entrain de patienter, assis sur un des lits. Armée d’un coton, je me rapprochai de lui.


-Laisse-moi faire, plaisantai-je.


Il lâcha un rictus. Lorsque je posai le coton sur son front, une voix rauque brisa ma concentration.


-Tu ne devrais pas être entrain de t'entraîner avec ton instructeur ?

i

Je sursautai, tournant la tête en direction de la porte. Livaï, adossé contre le mur, avait les bras croisés. Il ne parlait pas à moi, ses yeux fixaient Marco. Le brun se leva subitement, apeuré. Il se baissa, s’excusant auprès de moi de partir aussi précipitamment. Il bégaya au caporal qu'il comptait y aller de ce pas.


Marco me remercia une nouvelle fois avant de quitter la pièce en courant. Satisfait, Livaï se redressa puis quitta la pièce. Je pestai intérieurement. Pendant combien de temps cela allait durer ? En colère, je commençai à le suivre.


-Et moi ? Je ne dois pas rejoindre l’entrainement ?


Il ne se donna pas le mal de me répondre. À la place, il continua son chemin.


-Vous comptez m'ignorer encore longtemps ? lui demandai-je irritée.


Je parlais à un mur. Descendant les escaliers pour prendre un nouveau couloir, il s’échappa de mon champ de vision. J’étais profondément frustrée. Je regrettais de lui avoir désobéi. Courant vers ma chambre, je m'enfermai à clé. Je me jetai sur mon lit, appuyant mon visage tout en criant contre mon oreiller. À bout de nerf, je m'étalai sur les draps avant de m'endormir.


Lorsque je me réveillai, il faisait déjà nuit dehors. Même si il était tard, mon ventre réclamait son repas. Je sortis de ma chambre avant de partir en direction de la cafétéria. La salle était vide. Je m’installai à une table au hasard. Tout en mastiquant ma nourriture, je repensai à ma journée et à mes découvertes. Soudain, une présence me coupa dans mes rêvasseries.  Quelqu’un venait d’entrer.


-Hana, m’interpella timidement Eren en se rapprochant de moi. Je voulais te parler.


Une situation complétement inattendue. Il me demanda l’autorisation de s’installer à ma table. Sans problème, j'acceptai . Je restai tout de même étonnée et même méfiante de sa soudaine venue.


-Tu m'as vu dans une situation assez particulière tout à l'heure, commença t-il gêné, je préfère te dire la vérité mais je te prie de ne pas me juger.


À cet instant, j'étais toute ouïe.


-Je peux me transformer en titan.


Je restai bouche-bée. C’était impossible, j’avais du mal à avaler cette révélation. Comment un humain était-il capable de cela ? Il continua ses explications en me disant qu'il avait découvert son pouvoir après s'être fait dévoré par un titan. Il était à son tour devenu un des leurs et depuis il s'entrainait pratiquement tous les jours avec Hanji. Devant mon silence, il attendait toujours nerveusement une réponse.


-Si c’est vrai alors c’est farinant, dis-je optimiste, une grande découverte pour l'humanité.


-Quoi ? me demanda-t-il étonné. Tu ne me vois pas comme un monstre ?


-Il ne suffit pas d’avoir l’apparence d’un monstre pour en être un, souris-je.


Je lui confiai que j'avais facilement deviné qu'il était une personne de confiance. Pourquoi me mentirait-il de toute manière ? Tout en ricanant, il me raconta qu'il pensait que j'allais lui jeter mon repas à la figure. Il semblait maintenant plus soulagé, plus délivré.


-Mais pourquoi me l'avoir avoué aussi facilement ?


-Nous avons conclu que cela ne valait pas la peine de te le cacher. C’est une information qui finira obligatoirement dans les oreilles de tout le monde. Et puis apparemment, tu es quelqu'un de très.. de très têtue..


J’arquai un sourcil. Le brun me lança un sourire crispé. Livaï ne s’était apparemment pas gêné. En pensant à lui, je décidai de me confier à Eren. Il m'avait ignoré toute la journée. Eren me rassura, me disant que cela allait rapidement s'arranger. J'espérais vraiment qu'il avait raison. Ne voulant m’attarder sur Livaï, je jouai la carte de l'ironie pour changer de sujet de conversation.


-Nous sommes confidents maintenant, n’est-ce pas ? chuchotai-je en rigolant.


Il se leva subitement, me souriant de toutes ses dents avant de me tendre sa main.


-Soyons amis !


Souriante aussi, je me levai à mon tour. Plus les jours passaient et plus je me faisais d'amis. J’avais l’impression d’enfin réussir à m’intégrer. Je serrai la main d'Eren, joyeuse. J’espérais que lui et moi deviendront, à l’avenir, de véritables camarades.


***

[Chapitre relu et corrigé]


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